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  • Origines et fins de l’antiracisme (3)...

    Nous reproduisons ci-dessous la troisième partie de l'exploration de Jean Montalte, cueilli sur le site de la revue Éléments, consacrée aux origines de de la "religion" antiraciste...

    Première partie : Origines et fins de l’idéologie antiraciste (1)

    Deuxième partie : Aux origines de l’antiracisme (2)

    Mitterrand_SOS Racisme.jpg

    Origines et fins de l’antiracisme (3)

    L’État laïque se dote d’une nouvelle religion. À quand la séparation ?

    Il est très important de noter que l’antiracisme est idéologie d’État avant d’être portée par les organisations associatives et les O.N.G.. Il ne faudrait pas croire que le régalien aurait été pris d’assaut, incapable de se défendre contre une agression extérieure, fût-elle idéologique. C’est, non seulement avec son plein concours que cette idéologie s’est mise en place, mais à son initiative. De quoi relativiser les thèses farfelues sur un « racisme systémique d’État » qui reste une allégation improuvée, alors que l’antiracisme comme idéologie d’État est parfaitement documentée. Seul l’antiracisme est systémique, n’en déplaise à nos pourvoyeurs de mensonges professionnels.

    Voici ce que Paul Yonnet écrit dans son Voyage au centre du malaise français :  « Pour ce qui concerne l’exercice du pouvoir par les socialistes depuis 1981, il faut multiplier les observations précises et datées afin d’échapper aux ornières à courte utilité des raisonnements politiciens. Pour la droite, en effet, la cause est entendue. Les socialistes, en difficulté en 1985, se sont ralliés, pour en profiter machiavéliquement, au mouvement antiraciste. Or c’est tout simplement là un contresens historique oublieux : l’antiracisme est idéologie d’État plus d’un an avant la naissance de S.O.S. Racisme (octobre-novembre 1984). S.O.S. Racisme descend de l’idéologie d’État antiraciste développée par le socialisme au pouvoir, avant d’y remonter ».

    À l’automne de 1983 s’est déroulée la Marche des jeunes pour l’égalité et contre le racisme, autour d’un noyau de jeunes Maghrébins (dits « beurs ») en « difficulté d’insertion » originaires des Minguettes, un quartier à problèmes de Lyon. La marche est publiquement encouragée et applaudie par de nombreux ministres (Jack Lang, ministre de la Culture, Raymond Courrière, secrétaire d’État aux Rapatriés, Pierre Bérégovoy, ministre des Affaires sociales et de la Solidarité, Georgina Dufoix, secrétaire d’État chargé de la Femme, de la Population et des Travailleurs immigrés). La chose n’est pas sue, mais un homme de confiance membre du cabinet de Georgina Dufoix aide efficacement les marcheurs à organiser leur progression et à faire face à leurs difficultés financières, matérielles et de sécurité. Le Parti socialiste, le Mouvement des radicaux de gauche et le Parti socialiste unifié ont appelé conjointement à rejoindre la marche pour son arrivée à Paris, le 3 décembre 1983. Une banderole unique surplombe celle-ci : « Vivre ensemble avec nos différences. » Dans la foulée de ce qui reste un succès, le M.R.A.P, (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) lance une campagne sur le même thème en vue d’assises qui se tiennent le 17 et 18 mars 1984 à Paris. Elles sont financées pour moitié par le gouvernement (à hauteur de 900 000 francs) et se déroulent au siège de l’Unesco, où Georgina Dufoix déclare : « Nous devons vivre ensemble avec nos différences. » Cette prescription différentialiste signifie bien évidemment que les Français sont et vont être confrontés à plus de différents et plus de différences qu’auparavant. S.O.S. Racisme n’a donc en aucune manière inventé un discours antiraciste différentialiste. Celui-ci le précède. Il s’y est lové à ses débuts. »

    Nicolas Sarkozy, dans la continuité d’une promotion étatique de l’idéologie antiraciste, a estimé lors de son discours sur la diversité prononcé le 17 décembre 2008 à l’Ecole Polytechnique à Palaiseau que « la France doit relever le défi du métissage ». Pour faire bonne mesure, il a pris soin d’affirmer que « l’universalisme de la France est basé sur le métissage », ce qui fit, on l’imagine sans peine, grincer des dents son conseiller Patrick Buisson. Valéry Giscard d’Estaing, également à droite de l’échiquier politique, avait été précurseur dans ce domaine en promulguant le regroupement familial, réforme mise en place en 1976. Pourtant, une passe d’armes l’opposera à Kofi Yamgnane, né à Bassar au Togo et secrétaire d’État à l’intégration de 1991 à 1993, lorsqu’il évoquera des « risques d’invasions ». Kofi Yamgnane rétorquera : « Giscard d’Estaing a toujours le droit de préférer les Noirs qui distribuent des diamants et concèdent leur chasses à ceux qui nettoient les trottoirs de Paris […]. Ses ancêtres à particule ont arraché à l’Afrique et vendu cent cinquante millions d’hommes, ses esclaves, pour créer leur richesse et leur bien-être. Était-ce invasion ou immigration ? » Il y a lieu, ici, malgré ces accrochages de circonstance, de remarquer que le clivage gauche-droite s’estompe devant les impératifs de cette religion séculière.

    L’antiracisme : l’union de l’Église et de l’État

    Lorsque la psychanalyse était encore en vogue, l’Église envoyait volontiers ses séminaristes faire ausculter leur psyché sur le divan, afin de déterminer quel complexe trouble avait bien pu motiver cette vocation hors d’âge. C’était un substitut branché aux exercices de saint Ignace de Loyola, réputés sentir la naphtaline par un clergé en mal de modernisation. Aujourd’hui, sa soif de ralliement a élu en priorité l’antiracisme et son corollaire l’immigrationnisme. Le Pape François, lors d’un synode sur la réforme de la gouvernance de l’Église, est allé jusqu’à instituer sept nouveaux péchés, très officiellement, dont le « péché contre les migrants ». Toute personne qui mettrait en œuvre des tentatives pour les repousser serait alors coupable de ce péché. En un tournemain, la question est réglée : une ou deux citations relatant la fuite de la sainte famille en Égypte et l’exégèse théologique est bouclée, la caution évangélique scellée. Les confessionnaux devront-ils bruire de ces aveux, dont la chrétienté s’était passée pendant deux millénaires ?

    Le paradoxe, c’est que l’encyclique qui évoque la légitime défense de la race (ce sont les termes de l’époque) n’est autre que l’encyclique Mit Brennender Sorge, écrite le 14 mars 1937, pour mettre en garde contre le national-socialisme. La seule encyclique, à ma connaissance, rédigée en langue vernaculaire, ce qui en dit long sur le prix que lui accordait le Pape. Pie XII manifeste alors – je cite l’encyclique – « une vive inquiétude et un étonnement croissant que depuis longtemps nous suivons des yeux les douloureuses épreuves de l’Église et les vexations de plus en plus graves dont souffrent ceux et celles qui lui restent fidèles par le cœur et la conduite, au milieu du pays et du peuple auxquels saint Boniface a porté autrefois le lumineux message, la bonne nouvelle du Christ et du Royaume de Dieu. »

    Le Pape poursuit et précise l’objet de son inquiétude : « Quiconque prend la race, ou le peuple, ou l’État, ou la forme de l’État, ou les dépositaires du pouvoir, ou toute autre valeur fondamentale de la communauté humaine – toutes choses qui tiennent dans l’ordre terrestre une place nécessaire et honorable,- quiconque prend ces notions pour les retirer de cette échelle de valeurs, même religieuses, et les divinise par un culte idolâtrique, celui-là renverse et fausse l’ordre des choses créé et ordonné par Dieu : celui-là est loin de la vraie foi en Dieu et d’une conception de la vie répondant à cette foi. » Ainsi, « la race » est bien une « valeur fondamentale de la communauté humaine », selon le Pape, et compte au nombre de ces «choses qui tiennent dans l’ordre terrestre une place nécessaire et honorable ». L’inquiétude repose, non sur sa défense, jugée alors légitime car relevant du droit naturel, mais sur un « culte idolâtrique » dont elle pourrait faire l’objet. Sont condamnées, en conséquence, « d’arbitraires  » révélations  » que certains porte-parole du temps présent prétendent faire dériver de ce qu’ils appellent le Mythe du Sang et de la Race ».

    On attend encore la condamnation du mythe antiraciste, du citoyen sans racines et sans identité, qui prétend se substituer à la Révélation évangélique. Non seulement elle ne vient pas, mais cette substitution des révélations est opérée à la tête de l’Église, par son représentant le plus éminent, à savoir le Pape, qui semble voir dans la figure du migrant une nouvelle figure sacrée, messianique pour trancher le mot.  Avec un brin de malice, Laurent Dandrieu n’avait-il pas placé en exergue de son livre Église et immigration, le grand malaise ce tweet du Pape François, daté du 9 août 2016 : « Exigeons que soient respectés les peuples autochtones, menacés dans leur identité et leur existence même » ?

    Jean Montalte (Site de la revue Éléments, 22 avril 2025)

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  • Hérétiques !...

    Les éditions Perrin viennent de publier un ouvrage de Jean-Yves Boriaud intitulé Hérétiques ! - Quand l’Église condamnait au bûcher. Professeur émérite à l’université de Nantes, Jean-Yves Boriaud est spécialiste de la Renaissance italienne. Il est l’auteur, chez Perrin, de biographies de Galilée, de Machiavel et de Léonard de Vinci ainsi que de l’ouvrage Les Borgia. La pourpre et le sang.

     

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    " « Dans une religion morte, il n’y a plus d'hérésies. » (André Suarès)

    L’ambition de ce livre est de retracer l’enchaînement logique qui conduisit une institution aussi solide que l’Église catholique à défendre son dogme au prix des innombrables condamnations à mort qui jalonnèrent son histoire. Il est vrai que ce dogme eut, tout au long des premiers siècles de notre ère, bien du mal à s’élaborer, de concile en concile, face à des « sectes » de toutes tailles surgies de partout et vite déclarées hérétiques dès qu’elles s’avisaient de mettre en cause la fragile construction de la Trinité : s’en prendre à elle, fut-il décidé, c’était s’attaquer directement à l’Église, image du Corps du Christ, ce qui légitimait une riposte punitive à la hauteur de ce crime de lèse-majesté. Partant, si les premiers temps de son existence virent les papes multiplier les « simples » excommunications, à partir des années 300, il fut jugé plus efficace d’impliquer dans les processus de répression des autorités politiques habilitées à prononcer des condamnations à mort. Se mit bientôt en place, avec le concile Latran IV (1215), une arme de guerre antihérétique d’une redoutable efficacité, la Sainte Inquisition, qui fit merveille notamment contre les « Parfaits » cathares, coriaces dissidents contre lesquels il fallut organiser une croisade sur le modèle de celles que l’on envoyait alors régulièrement contre les infidèles.

    La Renaissance, censée représenter une modernisation des esprits, fut loin de ralentir la répression contre des « hérétiques » souvent de haute volée, comme Jean Hus et Jérôme de Prague en Bohême, le dominicain Savonarole brûlé à Florence, le libraire Étienne Dolet exécuté à Paris, le carme Vanini à Toulouse, un autre dominicain, Giordano Bruno, à Rome. Et tant d’autres.

    Jean-Yves Boriaud raconte la naissance et les progrès de l’idée même d’hérésie, et examine les mécanismes partout mis en jeu pour rendre patent et aggraver ce péché mortel : diabolisation du dissident, assimilation de sa déviance à de la sorcellerie ou à des pratiques réputées criminelles… en lui laissant le moins d’espace possible pour une potentielle repentance, entendu que le spectacle même de son châtiment, soigneusement mis en scène, devait dissuader les foules spectatrices de tomber dans son infernale erreur. "

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  • Steve Bannon contre-attaque dans l'Incorrect...

    Le numéro 21 du mensuel conservateur L'Incorrect est arrivé en kiosque. On peut découvrir à l'intérieur un dossier consacré à la place de l'église en France, et des entretiens avec Steve Bannon et Paul Gottfried, ainsi que les rubriques habituelles "L'époque", "Politique", "Reportages", "Monde" "Essais" et "Culture"...

    Le sommaire complet est disponible ici.

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  • Sur la question de l'identité...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Alain de Benoist reçoit Thibault Isabel, essayiste et rédacteur en chef de la revue Krisis, Philippe Forget, auteur d’un essai intitulé L’obsession identitaire (Berg international, 2017) et Laurent Dandrieu, rédacteur en chef des pages culture de Valeurs Actuelles, qui vient de publier Eglise et immigration - le grand malaise (Presses de la Renaissance, 2017). Ils évoquent ensemble la question de l'identité.

     

                                     

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  • Feu sur la désinformation... (19)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 :  Place Vendôme : Art cochon ou art bidon ?

    • 2 :  Le zapping d’I-Média.

    • 3 :  « Europhobie » : La novlangue des médias.

    • 4 :  Football : TF1 en flagrant délit de désinformation.
    • 5 :  Le Synode : Tyrannie médiatique à l’Eglise.

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  • Le pape François, vu d'ailleurs...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré au pape François, qui achève bientôt la première année de son pontificat...

     

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    Le pape François veut une Église plus sobre, plus pastorale que doctrinaire

    Polémique sur notre nouveau pape, qui serait « marxiste » parce que fustigeant ce « libéralisme qui tue »… Retour à la doctrine sociale de l’Église catholique ?

    Dans son exhortation apostolique du 24 novembre dernier, Evangelii Gaudium, le pape François s’en est pris au système du marché en des termes absolument dénués d’équivoque. « Certains défendent encore, écrit-il, les théories qui supposent que chaque croissance économique, favorisée par le libre marché, réussit à produire en soi une plus grande équité et inclusion sociale dans le monde. Cette opinion, qui n’a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant. » Notant que, « pour pouvoir s’enthousiasmer avec cet idéal égoïste, on a développé une mondialisation de l’indifférence », il jette l’anathème sur le « fétichisme de l’argent » et la « dictature de l’économie sans visage ». Il dénonce les « idéologies qui défendent l’autonomie des marchés et la spéculation financière ». Il ajoute qu’on « ne peut plus recourir à des remèdes qui sont un nouveau venin, comme lorsqu’on prétend augmenter la rentabilité en réduisant le marché du travail, mais en créant de cette façon de nouveaux exclus ». « Une telle économie tue », conclut-il. Il n’en fallait évidemment pas plus pour que les Américains le traitent de « socialiste »…

    Il s’agit en fait d’une claire condamnation du libéralisme. Le libéralisme met au centre de sa doctrine un individu fictif, détenteur de droits inhérents à sa propre nature qui le rendraient propriétaire de lui-même. Le mythe du marché autorégulateur et autorégulé n’est que la projection économique de cette conception d’un individu autosuffisant. Le capitalisme financier, qui a pris le relais du vieux capitalisme industriel et marchand, repose tout entier sur la spéculation et le crédit (c’est-à-dire le principe usuraire du prêt à intérêt, que l’Église a longtemps sanctionné). La condamnation qu’en fait le pape François contraste avec l’indulgence pour le « bon capitalisme » (le principe du « marché libre », la capacité des marchés à réguler la vie économique, etc.) que l’on a fréquemment constatée dans les milieux catholiques. Elle va très au-delà de la « doctrine sociale » de l’Église, qui a trop souvent versé dans le paternalisme. Dans son entretien avec le Kölner Stadt-Anzeiger du 20 janvier, le cardinal du Honduras Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga, l’un de ses plus proches collaborateurs, n’a pas eu tort de parler d’une « nouvelle ère » inaugurée par le pape François.

    Le passé péroniste du pape François n’est plus un secret pour personne. Certains s’en inquiètent et d’autres s’en félicitent. Et vous ?

    Pourquoi m’en inquiéterais-je ? À partir de la fin des années 1960, le futur pape François a été en contact étroit avec la mouvance péroniste. Il fut en particulier l’un des compagnons de route de l’Organisation unique du transfert générationnel (OUTG), mouvement péroniste plus connu sous le nom de Garde de Fer argentine, une organisation restée célèbre pour sa rhétorique anticapitaliste fondée par Alejandro Álvarez, dit « el Gallego » (le « Galicien »). En 1975, c’est même l’intervention de Jorge Bergoglio, alors provincial des jésuites, qui permit à Álvarez et ses amis de prendre le contrôle de l’Université jésuite del Salvador. Ce qui le distinguait à cette époque des théologiens de la libération, ce n’était pas l’« option préférentielle en faveur des pauvres », mais son refus d’encourager la lutte armée. Cela dit, sa critique du libéralisme trahit aussi l’influence des écrits du théoricien nationaliste argentin Leonardo Castellani (1899-1981), surnommé le « Chesterton latino-américain », qu’il a également connu.

    Ce pape, de droite ou de gauche ? Progressiste ou traditionaliste ? En matière sociétale, il a fait des ouvertures. En matière de dialogue interreligieux, également. Jésuite un jour, jésuite toujours ?

    Benoît XVI était un professeur, le pape François se veut proche du peuple. Apprécié pour sa simplicité, son style direct, voire son humour, il souhaite de toute évidence une Église plus sobre, dont les représentants donneraient l’exemple d’une vie plus frugale, une Église plus pastorale que doctrinaire, plus en prise avec les « périphéries existentielles », c’est-à-dire les « vrais gens ». Il s’agit, dit-il, d’en revenir à l’« esprit évangélique de sobriété et de pauvreté », ce qui est plutôt sympathique. Beaucoup de catholiques ont oublié que les premiers disciples de Jésus le « Nazôréen » devaient renoncer à toute propriété privée et mettre leurs biens en commun (Actes 2,44). Et l’Église, dans son histoire, n’a pas été la dernière à ignorer l’avertissement évangélique selon lequel « on ne peut servir à la fois Dieu et l’argent » (Matt. 6,24).

    Cela dit, si la popularité débridée dont jouit le pape ne se réduit pas à un phénomène médiatique, elle ne doit pas non plus faire illusion. Les intégristes l’attaquent déjà pour son manque d’intérêt manifeste pour les questions liturgiques, sa volonté de canoniser Jean XXIII ou son « entêtement » à se présenter, non comme pape, mais comme simple « évêque de Rome », au risque de « désacraliser » sa fonction. Mais il décevra aussi les progressistes, qui s’imaginent naïvement qu’il va changer la doctrine catholique. Le pape François se montrera plus bienveillant, plus compréhensif (à propos des divorcés-remariés, par exemple), mais il ne changera rien à la condamnation dogmatique du mariage homosexuel ou de l’avortement. Significative est, en revanche, son intention de convoquer un nouveau Synode sur la famille, alors qu’il s’en était tenu déjà un en 1980, au motif que la famille de cette époque « n’existe plus aujourd’hui ». L’immense travail de réforme qu’il a entrepris pour assainir la Curie et les finances du Vatican va en outre radicaliser une opposition interne qui ne s’exprime pour l’instant que de façon feutrée, mais qui ne manquera pas de lui savonner la planche.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 2 février 2014)

     

     

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