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Métapo infos - Page 973

  • On attendra Victoire...

    Les éditions Auda Isarn viennent de publier un livre d'Arnaud Bordes, composé d'un court roman, intitulé On attendra Victoire, et d'un journal littéraire, Parce que l'automne est faux, qui couvre la période 2004-2015, le tout avec une superbe couverture réalisée par Orick. Editeur, créateur des éditions Alexipharmaque (qu'il évoque dans son journal !...), Arnaud Bordes est l'auteur de plusieurs recueils de nouvelles comme Voir la vierge, Le bazar de Clodagh et La matière mutilée, ainsi que d'un court roman, Pop conspiration, parus, pour l'essentiel, chez Auda Isarn.

     

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    " On attendra Victoire

    Le monde est tombé, tout est fini, mais tout a peut-être recommencé.

    Il y a des flics, des agents secrets, des conseillers occultes.

    Il y a une présence féminine, silhouette qui s'ébauche, pour mieux disparaître.

    ils passent, ont passé; ne sont déjà plus que des noms sans importance, déjà plus que des documents classifiés.

    Et ils se sont entretués, ils ont échangé au milieu des ruines.

    Ils ont parlé de complots, d'officines, d'un peu de littérature, de coucheries, de meurtres et de fleurs.

      Parce que l'automne est faux

    Un journal mêlé de notes et de souvenirs de lectures, de conversations avec des amis, de textes abandonnés. C'est le temps qu'il fait, de très courts voyages, deux ou trois villes : ce sont des terrasses de café, des autodafés, des disques, les automnes d'avant. "

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  • En finir avec la religion des droits de l'homme !...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Louis Harouel au Figaro Vox et consacré au débat sur la question de l’État de droit que les derniers attentas terroristes islamistes ont suscité. Agrégé de droit, Jean-Louis Harouel est professeur émérite de l'Université Panthéon-Assas et vient de publier Les droits de l'homme contre le peuple (Desclée de Brouwer, 2016).

     

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    Pour combattre l'islamisme, en finir avec la religion des droits de l'homme

    Après l'attentat de Nice qui a fait plus de 80 morts et l'assassinat sauvage d'un prêtre en pleine messe de Saint-Etienne-du-Rouvray par des islamistes, le débat politique porte désormais sur la question de l'Etat de droit. C'est justement le thème de votre livre: Les droits de l'homme contre le peuple

    De fait, alors que les droits de l'homme sont la seule identité que nos gouvernants veuillent bien aujourd'hui revendiquer pour la France, ils sont devenus depuis quelques décennies une véritable religion séculière obsédée de non-discrimination et destructrice des nations, qui handicape mortellement notre pays dans sa confrontation avec l'islam de masse installé sur son sol. Longtemps niée par les responsables politiques au pouvoir, cette situation catastrophique est enfin reconnue sous l'effet brutal des récents massacres commis au nom de l'islam.

    Dans un entretien au Monde, Nicolas Sarkozy affirme: «Si les démocratie ne défendent pas les citoyens, les citoyens se défendront de la démocratie». L'Etat de droit est supposé protéger les Français. Aujourd'hui paradoxalement les met-il en danger?

    N'en déplaise à Nicolas Sarkozy, ce qui est en cause ici, ce n'est pas la démocratie, mais au contraire un déficit de démocratie, dont il est d'ailleurs lui-même largement responsable. La démocratie libérale consiste dans la souveraineté du peuple combinée avec les libertés publiques garantissant les citoyens contre d'éventuels excès d'autorité des gouvernants. Or, aujourd'hui, ce n'est plus le peuple qui est souverain, ce sont les dogmes de la religion des droits de l'homme, mortifère pour les peuples européens.

    La fonction de la démocratie est d'assurer à un peuple la maîtrise de son destin, de son territoire, de son identité, de son contenu humain, de ses grands choix de société. Or, sur tous ces points, si l'ont met à part la Grande-Bretagne, il y a belle lurette que les peuples d'Europe occidentale ne sont plus en démocratie, à la notable exception du peuple helvétique.

    De manière fallacieuse, ce que l'on baptise maintenant démocratie, c'est le règne de la religion séculière des droits de l'homme dont les diktats souvent délirants sont imposés aux peuples européens — via leurs élus et leurs gouvernants sans consistance — par la bureaucratie de Bruxelles et par les divers juges nationaux et supranationaux auto-investis d'une fonction prophétique leur permettant de «découvrir» sans cesse de nouveaux «droits fondamentaux» aux effets pro-catégoriels, destructeurs de ce qui reste de cohésion, de sécurité des personnes et des biens, et de valeurs de durée dans les sociétés européennes.

    C'est parce qu'on a traité les peuples européens en mineurs sous tutelle incapables de savoir ce qui est bon pour eux que l'on a laissé se développer une présence islamiste aussi massive, que notre arsenal juridique est aussi inadapté à la réalité et que les autorités françaises sont aujourd'hui si désemparées face au déchaînement de la violence djihadiste. En conséquence, le retour à la protection des citoyens passe par le retour à une démocratie véritable.

    Dans votre livre, vous sous-entendez que les islamistes se servent des droits de l'homme pour mieux accroître leur influence en Europe et singulièrement en France. Comment?

    Longtemps, les droits de l'homme se sont confondus dans la pratique avec les libertés publiques des citoyens au sein des États-nations démocratiques. Avec le passage à la religion séculière des droits de l'homme, il y a eu à partir du milieu du siècle dernier un véritable changement de nature qui se marque dans la langue anglaise par l'antithèse rights of man/human rights, dont le second terme a correspondu en France à ce qu'on appelle les «droits fondamentaux», notion introduite dans les années 1970 et dont les grands bénéficiaires sont les étrangers. L'islam en a profité à plein pour installer en France, au nom des droits de l'homme et sous leur protection, la civilisation musulmane, ses mosquées et ses minarets, ses modes de vie, ses prescriptions et interdits alimentaires, ses comportements vestimentaires, voire ses règles juridiques en violation du droit français: mariage religieux sans mariage civil, polygamie, répudiation unilatérale d'une épouse par le mari, etc.

    À travers une foule de revendications identitaires téléguidées par eux, les milieux islamistes et notamment l'UOIF (Union des organisations islamistes de France) ont instrumentalisé les droits de l'homme pour appesantir leur contrôle sur les populations originaires du nord de l'Afrique et les contraindre au respect de l'ordre islamique, faisant en particulier tout leur possible pour empêcher les jeunes nés en France — auxquels nous avions commis l'erreur d'attribuer massivement la nationalité française — de devenir sociologiquement des Français.

    Dans un communiqué transmis au journal Corse Matin, le mouvement clandestin nationaliste, FLNC, menace les islamistes radicaux d' «une réponse déterminée» et estime que l'État français aurait «si un drame devait se produire chez nous (...), une part importante de responsabilité». Que cela vous inspire-t-il?

    Une certaine inquiétude, car des représailles privées n'arrangeraient sans doute rien, bien au contraire. En même temps, cette mise en garde montre que la force du sentiment identitaire donne à un groupe une combativité indispensable pour gagner une guerre. Or, de manière tragique pour la France, tout a été fait depuis un demi-siècle pour y détruire le sentiment identitaire, pour y interdire tout amour du pays, toute fierté d'être français. Les jeune générations n'ont entendu parler que de culpabilité de la France, de repentance, d'amour de l'autre jusqu'au mépris de soi. Notre Éducation nationale est non seulement médiocre et déculturée: elle impose sur le mode de la propagande une éducation anti-nationale.

    Tous les jeunes Français devraient savoir que l'élément fondateur de l'identité européenne a été historiquement son ancrage dans la chrétienté et son refus obstiné de basculer dans le monde islamique. L'Europe n'a pu exister et avoir le destin brillant qui fut le sien durant des siècles que grâce à son rejet farouche de l'islam. C'est ainsi qu'elle a pu s'arracher aux conceptions théocratiques — dont relève l'islam — et construire non sans peine cette disjonction du politique et du religieux qu'on appelle en France laïcité, dont l'origine se trouve dans la célèbre parole christique: «Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu».

    L'ancien président de la République propose d'adapter l'Etat de droit. Le risque n'est-il pas d'aller trop loin? Comment placer le curseur entre préservation des droits individuels et nécessité de nous défendre collectivement?

    Le problème est que nous ne sommes plus dans le cas d'un État-Nation culturellement homogène, qui est l'organisation politique d'un peuple. Il y a eu pour une part importante changement de peuple. Si bien que la «communauté nationale» dont on nous rebat les oreilles n'est plus qu'une fiction. La vérité est que trop souvent, sur le territoire de la France, nous sommes deux peuples, deux civilisations face à face. Et il est légitime que le peuple autochtone préserve sa survie en restant maître de son pays.

    Certains proposent la mise en place d'un «Guantanamo à la française». On ne peut pas dire que cela a été une réussite pour les Etats-Unis, même d'un strict point de vue sécuritaire…

    Une chose est sûre: un groupe humain ne peut pas se battre efficacement contre un ennemi implacable en tolérant dans son sein la présence d'éléments par lesquels il est en droit de craindre d'être combattu de l'intérieur. Pendant la Seconde guerre mondiale, à la suite de Pearl Harbour, les États-Unis avaient enfermés dans des camps leurs ressortissants d'origine japonaise. La chose est aujourd'hui très critiquée au nom des droits de l'homme, mais dans le contexte de l'époque, elle a paru indispensable et légitime.

    Il y a en outre d'autres pistes telles que l'incrimination de comportements hostiles, les condamnations pour intelligence avec l'ennemi, trahison, l'interdiction de séjour sur le territoire national, la déchéance de nationalité (pas seulement pour des bi-nationaux), le retour à la mort civile, l'expulsion. Il faut pour cela passer outre aux interdits de la Cour européenne des droits de l'homme qui refuse qu'on puisse faire un apatride. À quoi on peut au demeurant rétorquer que les islamistes méprisent les nations particulières et ne se réclament que de la nation musulmane mondiale: l'oumma.

    Le succès de l'islamisme, notamment auprès de jeunes qui sont nés en France, révèle une profonde crise de civilisation. Si à court terme la réponse sécuritaire peut-être une solution, sera-t-elle suffisante à long terme? Que faire?

    Il y a effectivement deux problèmes distincts: d'une part l'horreur spectaculaire des massacres perpétrés par des djihadistes ; et d'autre part le processus silencieux et occulté de la conquête islamiste dont je fais état dans Les droits de l'homme contre le peuple. Il ne fait pas de doute que dans le projet islamiste, l'Europe occidentale est redevenue une terre à prendre, une proie pour l'islam. Les islamistes pensent que le moment est venu pour les musulmans de reprendre une conquête de l'Europe occidentale rejetée il y a un millénaire par la vigoureuse résistance des Européens. Professeur d'histoire du Maghreb contemporain, Pierre Vermeren observe que de nombreuses mosquées créés en France ont reçu un nom évocateur de l'idée de la conquête par l'islam.

    Face à ce processus de conquête, le premier devoir des États européens est d'y mettre enfin un coup d'arrêt. L'Europe se doit de bloquer immédiatement l'immigration et la venue de réfugiés. Le devoir des dirigeants européens est de faire savoir que l'Europe ne peut pas accueillir un seul musulman de plus, vu la dangerosité pour elle de la présence islamiste, qu'il s'agisse des attentats ou de la mécanique conquérante. Les pays européens doivent dire clairement que les réfugié musulmans ont vocation à être accueillis par des pays musulmans, que c'est à l'Arabie saoudite et autres richissimes monarchies pétrolières de les accueillir, ou à défaut de financer leur accueil par d'autres États musulmans.

    Quant aux musulmans déjà présents sur le sol européen, il faut bien qu'ils aient conscience que, malgré la liberté des cultes pratiquée en Europe, l'islam politique n'y est pas légitime. Elle n'est pas légitime car elle est un système politique et juridique qui viole la disjonction du politique et du religieux qui fonde la civilisation européenne. Et elle n'est pas légitime à cause de son refus de la liberté de pensée, de l'infériorité qu'elle inflige aux femmes et aux non-musulmans, de la caution qu'elle apporte à l'esclavage, des appels à la violence qui figurent dans ses textes saints.

    Toutes ces vérités, les dirigeants européens ne sont certes pas prêts à les dire car la religion séculière des droits de l'homme leur défend de le faire. Et pourtant, ils y seront peut-être un jour acculés par la violence djihadiste.

    Tôt ou tard, interviendra sans doute un massacre encore plus terrible commis par des islamistes. Ce sera le massacre de trop. Et alors, les dirigeants français seront bien obligés la démolition des mosquées salafistes, la dissolution des organisations de cette mouvance, l'expulsion des prédicateurs étrangers, la construction de forteresses militaires pour contrôler les quartiers dominés par l'islamisme.

    Étrangement, la monstruosité même du terrorisme dont l'islamisme flagelle aujourd'hui la France lui permettra peut-être d'inverser le processus de la conquête islamique.

    Jean-Louis Harouel, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figaro Vox, 29 juillet 2016)

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  • Les filles au Moyen-Age...

    Les éditions Agnès b. viennent de sortir en DVD le film d'Hubert Viel, Les filles au Moyen-Age. Jeune réalisateur, revendiquant l'influence de Rohmer et Godard, Hubert Viel signe avec ce film son deuxième long-métrage.

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la critique que Ludovic Maubreuil a fait du film d'Hubert Viel dans la revue Éléments.

     

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    Les filles du Moyen-Age

    Un gallo-romain lapide une femme adultère qui ne peut réprimer un sourire complice ; Clovis grelotte sous l’eau de son baptême ; Charles VII rechigne face à l’intransigeance de Jeanne d’Arc, la qualifiant de « Mlle Je-sais-tout » etc… Dans Les Filles au Moyen-Age d’Hubert Viel, au fil de saynètes en noir et blanc, six enfants d’aujourd’hui, âgés d’une dizaine d’années, interprètent pour nous quelques pages de l’Histoire de France. D’ordinaire, les films joués entièrement par des enfants suivent une constante, celle du mimétisme avec le monde adulte. Du Bugsy Malone d’Alan Parker (1976) au Big City de Djamel Bensalah (2006), l’objectif consiste toujours à reprendre une à une, et le mieux possible, les mimiques et les postures du genre. En bout de chaîne, on obtient l’exécrable  Enfants de Timpelbach (2007), inscrivant dans son récit même (des enfants laissés à l’abandon devant organiser la vie d’un village), ce souhait d’atteindre la copie conforme. Chez Hubert Viel au contraire, il ne s’agit nullement de singer les grandes personnes, mais bien de laisser libre cours à ces jeux de rôles enfantins (« on dirait qu’on serait ceci, qu’on ferait cela »), où chacun est à la fois le personnage qu’il s’invente et son propre démiurge, où la règle est de jouer ostensiblement à faire semblant. Dans Les Filles du Moyen-Age, on se chamaille et on se réconcilie, on se moque et on se protège, d’une manière si franche et naïve, si puérile en somme, qu’elle en devient intempestive. En laissant la fantaisie, la fraîcheur et l’humour contaminer des figures historiques, on ne sombre pas nécessairement dans la parodie, car on peut ainsi approcher autrement les délicats dilemmes et les émotions fortes d’une époque si souvent caricaturée. Passer outre le pittoresque des conventions, habituels trompe-l’œil d’un Moyen-Age fossilisé, permet d’appréhender le sens profond de ce qui s’est alors joué. La survenue d’une révélation, l’expression d’une influence, la mise en place d’une relation particulière, toutes ces situations d’autant plus inattendues que notre connaissance de cette période s’avère faussée, deviennent manifestes lorsqu’elles sont ainsi relatées par des cœurs simples. 

    Au-delà même de l’intervention d’enfants, le fait de confronter de la sorte notre époque à son passé, incite à voir en ce dernier non pas une somme d’archaïsmes, un florilège de valeurs périmées, mais bien un héritage vivifiant. C’est au beau film de Franck Cassenti, La Chanson de Roland (1978), que Les Filles au Moyen Age fait alors penser. Au XIIe siècle, des comédiens itinérants y relatent à chacune de leurs étapes, le récit épique ayant pris tragiquement fin au Col de Roncevaux. Le film propose ainsi un dialogue fécond entre cette histoire jouée, datant de trois siècles plus tôt, et celle, tout aussi complexe, qui s’écrit sous les yeux de ses interprètes. De même, Hubert Viel, ne versant ni dans le dispositif distancié ni dans la reconstitution, choisit un espace intermédiaire construit autour de mises en abyme éprouvées par les personnages eux-mêmes, lesquels réalisent ainsi les correspondances et les écarts entre ce qu’ils jouent et ce qu’ils vivent. C’est par leur intermédiaire que le spectateur peut entrer en communion avec l’œuvre, accéder à son tour aux relations entre lois pérennes et vérités d’un jour. C’est en cela que l’on peut qualifier Les Filles de cinéma participatif, car il évite aussi bien le regard surplombant, satisfait de la manipulation des signes, que l’expérience immersive, réduite à la fascination des formes

    Dans Les Filles au Moyen-Age, l’Histoire n’est pas jugée linéaire mais cyclique, comme les métaphores du cercle et de la spirale, dans plusieurs séquences, en témoignent. Cette conception périodique des faits et des actes ne nous paraît pas absolument raccord avec l’eschatologie chrétienne et c’est justement l’une des richesses (l’un des paradoxes ?) du film que de mettre en lien le cercle et la croix. Hubert Viel propose un discours résolument chrétien mais délivre une esthétique laissant une grande place à l’effusion païenne, tout particulièrement grâce à ces mouvements de caméra à la fois minutieux et contemplatifs, célébrant la magnificence du paysage sans pour autant perdre de vue le trajet précis de l’individu qui l’arpente, ne se servant ainsi jamais de l’un comme faire-valoir de l’autre. La beauté du film réside justement dans l’évidence avec laquelle les personnages s’inscrivent dans leur écrin naturel, dans la limpidité de leur présence, telle une émanation littérale, au cœur des prairies, des forêts et des rivières qui les entourent.

    Voici donc un film qui parvient, le plus simplement du monde, sans frime ni ruse, à réunir Pan et Jésus. Au temps du cinéma arrogant et technicien qui ne sachant plus que faire de l’un comme l’autre, s’empresse de les oublier, au temps du règne sans partage de l’assèchement naturaliste comme du formalisme ornemental, c’est sans doute ce que l’on peut appeler une bonne nouvelle.

    Ludovic Maubreuil (Eléments n°159, mars - avril 2016)

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  • Trump et les Etats-Unis...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous l'analyse que fait Alexandre Douguine, sur le site Katehon, de la situation des Etats-Unis à l'approche des élections présidentielles.

    Théoricien politique russe influent, nourri par les penseurs de la Révolution conservatrice des années 30 ainsi que par les idées des nouvelles droites européennes, Alexandre Douguine est la figure principale du mouvement eurasiste. Pour découvrir de façon plus approfondie ses idées, on pourra se reporter à L'appel de l'Eurasie (Avatar, 2013), le texte d'une longue conversation entre lui et Alain de Benoist, mais également à deux de ses œuvres traduites en français, La Quatrième théorie politique (Ars Magna, 2012) et Pour une théorie du monde multipolaire (Ars Magna, 2013).

     

     

    Trump et les Etats-Unis

    Le congrès national du Parti républicain aux États-Unis, qui s’est déroulé à Cleveland, s’est conclu par l’investiture de Donald Trump comme candidat à la maison blanche.
    J'ai déjà beaucoup parlé de Trump. Tant de fois que les démocrates et les néo-conservateurs possédés du National Interest ont utilisé mes déclarations positives à son égard et ses propres sympathies pour Moscou pour le discréditer.
    Puisque Trump est vite apparu comme le leader principal de la campagne pré-électorale, on ne pouvait que prévoir son investiture. Il y a quelques restes de démocratie, même aux États-Unis. Mais nous reviendrons sur Trump plus tard, car je voudrais parler des États-Unis plus généralement.
    Les États-Unis d’aujourd'hui – que sont-ils ? Quel est leur rôle dans le monde moderne ? Ce ne sont pas de vaines questions.
    Nous voyons que les Américains et leurs réseaux globaux sont encore actifs. Ils continuent à s'ingérer dans les affaires intérieures des pays alliés, neutres et surtout hostiles.
    Il y a quelques jours, ils ont tenté de réaliser un coup d'État en Turquie. Ils provoquent des troubles en Arménie et au Kazakhstan. Mais il est évident qu'ils se sont affaiblis. Leurs projets n’aboutissent plus. Washington a tenté d’empêcher le Brexit : Ils ont échoué. De la même manière, la révolte de Gülen a avorté en Turquie. Pouvons-nous donc conclure sans équivoque que le monde unipolaire est passé, que l'hégémonie américaine s'est achevée et que nous vivons dans une nouvelle ère post-américaine ? Je pense qu'un tel optimisme serait prématuré.

    On ne peut pas encore ignorer Washington. La fin du monde américain sera longue. Il est difficile de prédire combien de temps. C'est une période très dangereuse, celle de la chute de l'hégémonie unipolaire. J'appellerai tout ce qui se passe maintenant en Amérique l'état du « dragon blessé ».  Cette métaphore explique beaucoup de choses, presque tout.

    Après l'autodestruction de l'URSS et du bloc oriental est apparu le modèle unipolaire du monde où le dragon américain a atteint l'apogée de sa puissance. Les réseaux des services de renseignements américains ont pénétré les sociétés de presque tous les pays, souvent cachés sous un masque libéral, imitatifs des tendances politiques et idéologiques locales.

    Le dragon a pénétré les élites politiques, l’économie, l’éducation, les médias, et parfois les cercles de sécurité dans les pays européens et asiatiques. En Russie, les forces proaméricaines dominaient presque ouvertement durant les années 90, et c’est dans les années 2000 que Poutine a commencé à repousser peu à peu leur pouvoir. Ces réseaux ont réussi à se répandre dans les pays islamiques, où l'islam radical, serviteur du Dragon américain, est devenu leur outil de combat.
    
Mais à l’apogée de sa puissance, le Dragon a fini par encaisser des coups, probablement même des coups mortels. A partir des années 90 tous les pays qui n'ont pas incliné la tête devant l'hégémonie américaine et qui n'ont pas accepté l'irréversibilité du monde unipolaire ont formé peu à peu le club informel et ont entrepris la résistance au Dragon. La Chine a tenu cette ligne très prudemment en entreprenant sa modernisation et sa libéralisation, tout en garantissant sa souveraineté nationale.

    Au début des années 2000 la Russie a entrepris la même voie. L'Iran a fait de même et l'Inde contemplative a aussi tenté d’éviter le dictat américain.

    L’opposition s’est même formée chez les subordonnés du Dragon dans l'Union européenne, en Turquie et parmi les extrémistes salafistes proaméricains. L’essentiel à retenir: les Américains, ayant reçu la chance historique de gouverner le monde, ont échoué. Peut-être manquaient-ils d’expérience impériale, d'esprit ou de ressources. C’était la surchauffe de l'hégémonie. Le dragon était faible.

    Et voilà qu’aujourd'hui nous avons affaire au monstre blessé. Les États-Unis sont encore puissants, et leurs réseaux efficaces et effectifs. Les libéraux, les extrémistes islamiques, les atlantistes et les agents d’influence sont encore forts dans les différentes sociétés. Mais le pic de la domination américaine a été atteint.

    Le fait que le Dragon est blessé est devenu clair dans les années 2000. C’est à partir de ce moment que l'Amérique a cessé d'imposer son ordre et s'est dirigée vers un modèle de chaos sanglant et contrôlé. Les révolutions de couleurs, les putschs, les révolutions et l’intervention des troupes occidentales au Proche-Orient et dans l'espace postsoviétique en sont la preuve. C’est la preuve que le Dragon est blessé. Il est encore fort, il a encore un semblant de puissance. Cependant, il est affolé par la douleur de voir sa domination s’écrouler. C’est pourquoi il commence à se comporter de manière irrationnelle. Il s’en prend à ses serviteurs, il détruit ce qu'il faudrait garder, il réagit aux attaques de façon irrationnelle.
    
Nous vivons une époque extraordinairement dangereuse car le Dragon agonisant est doté de l'armement nucléaire et sa puissance affolée peut entraîner toute l'humanité dans l’abîme.

    Si Donald Trump devient le président des États-Unis, nous pourrons reprendre espoir et constater que l'ère de l'hégémonie américaine est révolue. Le Dragon blessé aura disparu. Mais si Hillary Clinton, la fille du Dragon, est à la maison blanche, alors l'agonie dangereuse se prolongera encore quelque temps. À Dieu ne plaise.

    Alexandre Douguine (Katehon, 1er août 2016)

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  • Le pagano-christianisme en Bretagne...

    Les éditions Terre de Promesse viennent de publier un recueil d'essais réunis par André-Yves Bourgès et Valéry Raydon et intitulé Hagiographie bretonne et mythologie celtique. Dans l'ouvrage, on trouvera ainsi, notamment, des textes de l'écrivain Bernard Rio, du spécialiste des études celtiques Claude Sterckx et du médiéviste, spécialiste de la légende arthurienne, Philippe Walter.

     

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    " La Matière hagiographique de Bretagne a été soumise à des influences multiples tout au long de son histoire. Un apport vraisemblablement notable, mais difficilement évaluable, concernant la composition des Vies des saints bretons dans ce foyer de langue brittonique, a consisté dans le recyclage d'anciennes traditions orales celtiques, remontant à des mythes et rites pré-chrétiens, qui, toujours plus dépouillées au fil du temps de leur ancienne portée religieuse et culturelle, avaient pu être mises par écrit et toilettées par des lettrés chrétiens, ou continuaient de figurer dans les répertoires des conteurs bretons armoricains, mais aussi corniques, gallois ou bien encore ceux d'Irlande, de Man et d'Ecosse. Le thème Hagiographie bretonne et mythologie celtique est périlleux et a toujours cristallisé bien des débats entre hagiologues sourcilleux et celtisants hyper-spéculatifs. Il n'en demeure pas moins d'un formidable intérêt pour la compréhension de la littérature hagiographique bretonne et la connaissance des anciennes croyances païennes. Il méritait bien qu'un ouvrage tente une mise à jour de l'état de cette question, et peut-être la renouvelle par le biais des approches diverses de la recherche actuelle dans les domaines des sciences sociales et d'histoire des religions. C'est aujourd'hui chose faite avec ce livre collectif rassemblant une série d'essais validés par un comité scientifique. Une bonne occasion de redécouvrir sous un jour nouveau, entre autre, la légende des sept saints de Bretagne, le duo formé par saint Corentin et son anguille, et le bâton merveilleux de saint Goëznou..."

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  • Des noms et des mots...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle chronique de Richard Millet, l'auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), cueillie sur son site personnel et consacrée aux derniers attentats islamistes...

     

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    Des noms et des mots

    Dans un de ses prétendus « débats internes » (et non plus intérieurs, ni de conscience, la vraie conscience et l’intériorité ayant disparu avec la tolérance psychanalytique et l’idée de rachat et de salut), la presse stipendiée fait mine de se demander s’il faut continuer à diffuser le portrait et le nom des terroristes islamistes – cette dernière épithète ayant, remarquons-le une nouvelle fois, disparu sous le tapis de la « radicalisation », le mot musulman étant devenu un oursin dans la bouche des dirigeants socialo-bruxellois et des laquais du grand mensonge médiatique. S’il nous est indifférent, à nous autres, de ne pas voir la tronche de ces dégénérés, il convient de ne pas cacher leurs noms, dût leur accumulation constituer une nébuleuse onomastique révélant la vraie nature, ethnique et religieuse, de l’ennemi, même dans  le cas d’un « métis » comme Abdel Malik Petitjean, qui a prostitué à l’islamisme sa part française. Trop de noms arabes ne risquent-ils pas d’accroître le légendaire « racisme ordinaire » des Français, murmurent les valets de pied ? Le propre du nom de l’ennemi est cependant un élément de la guerre – cela seul, même, qui demeure de la dimension métaphysique de la guerre ? N’est-ce pas ce que je suggérais, en 2011, à l’émission de Finkielkraut, sur France-Culture, en disant qu’un Arabe de la deuxième ou troisième génération se prénommant encore Mohammed ou Rachida ne pouvait être français? Le djihadisme commence dans le multiculturalisme ; on a crié au scandale : on voit où on en est aujourd’hui le pays qui porte encore le nom de France.

                La « cohésion nationale » prônée par Hollande comme riposte aux crimes islamistes a depuis longtemps volé en éclats. Si la décadence d’un pays se jauge à l’état de ses mœurs, de sa langue, de sa littérature, de son système d’enseignement, on a pu en prendre la mesure avec la loi sur le mariage homosexuel, le naufrage de l’enseignement public (à propos de quoi il faut lire les excellentes analyses de Jean-Paul Brighelli dans Causeur et dans Le Point), l’insignifiance de la littérature. On le voit aussi avec la radiation « définitive » de la corrida du « patrimoine immatériel » de la France, le gouvernement obéissant, comme pour le mariage homosexuel, à un lobby de plus en plus puissant, dont la caisse de résonance est la Commission européenne, chargée, on le sait, de préparer un monde meilleur, voire le meilleur des mondes.

    Les réactions à l’assassinat du père Hamel (que la presse athée s’obstine à n’appeler pas ainsi, préférant parler du « prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray ») ont donc été d’une immense fadeur, pour ne pas dire d’une hypocrisie insigne, les commissaires du peuple allant même jusqu’à reprocher à Mgr Vingt-Trois d’avoir rappelé la doctrine de l’Eglise sur le mariage homosexuel. Le pas d’amalgamisme est plus que jamais à l’œuvre, alors que tout montre l’incompatibilité de l’islam avec la civilisation européenne, ou ce qu’il en reste. On ne s’étonnera donc pas de lire sous la plume de Jacques Julliard que « seul un Bernanos aurait su trouver les mots qui conviennent » pour parler de ce meurtre : on lui accordera que ce ne sont pas des légions d’écrivaillons post-littéraires encensés par la presse qu’il sert qu’on peut attendre la vérité, Julliard ne faisant là, sans le savoir, qu’entériner la fin de la France littéraire et catholique : Bernanos, aujourd’hui, serait envoyé par Julliard et ses alliés devant la XVIIe chambre correctionnelle ; et pourquoi aller chercher un mort ? Il est vrai que les écrivains qui pourraient parler n’ont pas accès à la presse officielle. Quant à L’Obs, magazine libéral-gauchiste, il s’est fait l’écho de ce qui ce qui « arrive » à une « élue » de Brest, ville célèbre pour sa mosquée salafiste : une dame Le Goïc s’est trouvée menacée après avoir diffusé sur Twitter une « blague de mauvais goût » et « d’un timing mauvais », selon le magazine. La voici : « Du coup, le prêtre mort en martyr, il a droit à 70 enfants de chœur au paradis ? », a écrit cette chienne de garde, qui n’aurait bien sûr jamais osé « twitter » quelque chose de ce genre à propos d’un imam, la christianophobie n’existant pas, comme on le sait, les prêtres étant évidemment tous pédophiles, et le blasphème toujours à sens unique. Cette « élue », qui ne représente rien, dans l’insignifiance, la déchéance, la prostitution générale des fonctions, se félicite d’avoir réveillé la « fachosphère », dont on se demande d’ailleurs en quoi elle consiste, mais ne regrette pas d’avoir insulté un prêtre égorgé par deux musulmans. Voilà qui est montre bien sur quoi repose la « cohésion démocratique » prêchée par Hollande, lequel n’a plus que neuf mois pour avorter de lui-même, et laisser la place à d’autres avortons politiques qui ne trouveront pas davantage de solutions à l’immigration, à la montée de l’islam en France, non plus qu’à l’abjection morale à quoi œuvre le gauchisme médiatico-politique.

                Que l’Etat français se soit décomposé dans le parlementarisme et le Spectacle, le récent communiqué du FNLC du 22 Octobre le montre à l’envi, malgré une rhétorique anticolonialiste d’un autre âge et une mise en scène kitsch, où il prévient, avec raison, les islamistes installés en Corse contre toute attaque : celle-ci déclencherait « une réponse déterminée, sans état d’âme. » A l’israélienne, donc, ce qu’on ne peut qu’approuver, et souhaiter voir s’exercer dans les autres régions françaises. C’est d’ailleurs ce que je suggérais, il y a quelques jours, en rappelant le rôle du GAL dans la question basque. Au lieu de s’interroger sur les cellules d’aide psychologique à mettre en place pour les terroristes de retour de Syrie et pour leurs émules restés en France, qu’on les abatte discrètement : il n’y aura que leurs mères pour croire que c’étaient des enfants incapables de faire du mal à une mouche.

                Entre le brouillard socialiste, les vapeurs du catholicisme de gauche et l’abjection de l’élue brestoise, comment oublier que la guerre est bel et bien là, et que, contrairement à ce que déclare le Pape, c’est une guerre de religion, si on entend par religion ce qui nourrit l’esprit d’une civilisation. Qu’on demande aux chrétiens d’Orient ce qu’ils en pensent. Nous ne vivons pas dans le même monde que Hollande. Nous sommes déterminés à nommer les choses, témoins jusqu’à la mort, en soldats du Christ, contre la clique culturelle qui fait en sorte que le terrorisme, comme la crise économique et la misère morale, sont devenues une manière d’être, trompant les peuples ou ce qu’on prend encore pour tels.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 31 juillet 2016)

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