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Métapo infos - Page 839

  • De Vienne à Vienne, naissance et mort de la société ouverte ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur le site de réinformation européenne EuroLibertés, dans lequel il évoque l'émergence d'un illibéralisme d'état en Europe centrale... Philosophe et essayiste, directeur de la revue Krisis et éditorialiste de la revue Éléments, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Ce que penser veut dire (Rocher, 2017).

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    De Vienne à Vienne, naissance et mort de la société ouverte ?

    Assistons-nous au triomphe des idées libérales de Karl Popper ? La société ouverte et ses ennemis paru en 1945 est-il à notre époque ce que Le capital de Karl Marx a été au XXe siècle, l’ouvrage clé par rapport auquel chacun est tenu de se positionner ?

    Vous faites trop d’honneur à Karl Popper ! Non seulement je ne vois pas grand monde se positionner aujourd’hui par rapport à sa Société ouverte, mais je n’ai pas l’impression que ce livre ait encore beaucoup de lecteurs. Traduit en France en 1979, il n’a d’ailleurs pas été réédité depuis le début des années 1990. Ce qui est vrai, c’est que le milliardaire américain George Soros, dont on connaît l’influence délétère qu’il exerce dans les pays de l’Est, a repris cette expression quand il a créé en 1993 sa Fondation pour une société ouverte (OSF) afin de promouvoir un peu partout dans le monde l’idéologie des droits de l’homme et l’économie de marché. Il s’est ainsi placé sous le patronage de Popper, mais je ne suis pas sûr que celui-ci se serait reconnu dans tous les agissements de l’OSF. La « société ouverte » est d’ailleurs une notion qui a d’abord été développée par Bergson.

    Ouvrage rédigé à la fin de la IIe Guerre mondiale, La société ouverte et ses ennemis est en grande partie un livre de circonstance, mais c’est aussi une œuvre de philosophie. Popper, philosophe des sciences, y oppose les sociétés libérales aux sociétés « magiques » (qui ignorent la distinction entre loi naturelle et loi humaine) et collectivistes. L’une des idées qu’il développe est que le grand ancêtre des totalitarismes modernes est Platon, ce en quoi il se trompe lourdement : comme l’a écrit le philosophe Dominique Janicaud, il n’y a guère de sens à « appliquer à la République platonicienne le concept de “totalitarisme”, qui est un produit spécifique du XXe siècle ».

    En outre, il ne faut pas se laisser piéger par les mots. Quand Popper parle de « société ouverte », il a en tête une société ordonnée à la conception libérale de la liberté, pas nécessairement une société ouverte à tous les migrants désireux de s’y installer. La notion de « société ouverte » est à mon avis éminemment critiquable, mais on n’a pas besoin pour la critiquer de se référer à une actualité qui n’existait pas à la parution du livre.

    En Hongrie, le Premier ministre démocrate-chrétien Viktor Orbán (Fidesz) désire réaliser, selon ses dires, une « société illibérale », en opposition à la société libérale prônée par le milliardaire américain originaire de Hongrie George Soros. En quoi consiste cet « illibéralisme » ? Quelles sont les familles politiques françaises qui se rattachent à l’illibéralisme et quels sont les théoriciens en France et dans les autres pays de ce courant d’idées ?

    Apparue il y a peu de temps (elle n’est pas antérieure à la fin des années 1990), la notion d’« illibéralisme » est extrêmement intéressante. Viktor Orbán s’y est référé en 2014 pour défendre l’idée que l’idéologie ne doit pas être l’élément central des jugements que l’on porte sur l’organisation de l’État. Les médias en ont conclu que le Premier ministre hongrois voulait justifier la « dérive autoritaire » de son régime, mais les choses sont beaucoup plus complexes que cela. Pierre Rosanvallon a écrit que le bonapartisme est la « quintessence » de l’illibéralisme. Je pense pour ma part qu’on devrait plutôt se référer au populisme : une démocratie illibérale est une démocratie qui prend la souveraineté du peuple au sérieux.

    Depuis des décennies, on cherche à nous faire croire que libéralisme et démocratie sont une seule et même chose. La démocratie libérale serait donc la seule forme possible de démocratie. Mais en réalité, c’est exactement le contraire. « Une démocratie est d’autant plus démocratique qu’elle est moins libérale », disait Carl Schmitt. Le sujet du libéralisme, c’est l’individu ; celui de la démocratie, c’est le citoyen. Le principe de base de la théorie libérale est la liberté de l’individu, une liberté conçue comme un droit subjectif émancipé de tout ancrage particulier. Le principe de la démocratie, c’est l’égalité des citoyens. Les démocraties libérales sont des démocraties parlementaires et représentatives, qui refusent d’admettre que l’on puisse décider démocratiquement contre le libéralisme. Lorsque le peuple comprend que ceux qui prétendent les représenter ne représentent plus rien, et que la représentation équivaut à une captation de la souveraineté populaire par la souveraineté parlementaire, il cherche à décider par lui-même de ce qui le concerne. Sonne alors l’heure de la démocratie illibérale.

    L’avènement en Autriche d’un gouvernement regroupant les sociaux-chrétiens de l’ÖVP, ayant adopté une nouvelle ligne politique, et le parti patriotique FPÖ marque-t-il l’entrée dans les instances dirigeantes d’un pays d’Europe occidentale des idées illibérales déjà actives au sein des gouvernements de certains pays d’Europe de l’est ? Cette entrée en fonction d’un nouveau gouvernement à Vienne symbolise-t-elle le début de la fin de la société ouverte en Europe occidentale, dont l’idée a été théorisée par le philosophe Karl Popper né à Vienne en 1902 au sein de l’Autriche-Hongrie ?

    Ce qui se passe actuellement en Autriche va bien sûr dans le sens de l’« illibéralisme » au sens que j’ai indiqué, et je pense qu’il y a tout lieu de s’en réjouir. Au-delà de la mise en place de ce nouveau gouvernement, la grande question qui se pose est de savoir si l’Autriche va s’intégrer au groupe de Visegrád, qui associe déjà la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. On verrait alors resurgir quelque chose qui ressemblerait à une nouvelle mouture de l’empire austro-hongrois et qui, surtout, pourrait constituer à terme l’embryon d’une Europe « illibérale », en tous points opposée par ses valeurs et ses principes à l’actuelle Europe de Bruxelles. Le conflit entre les deux entités est déjà perceptible. Une autre question fondamentale, maintenant que l’après-Merkel a commencé, étant de savoir si l’évolution présente de l’Autriche n’annonce pas d’une certaine manière ce qui pourrait se passer dans l’avenir en Allemagne.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Lionel Baland (EuroLibertés, 30 décembre 2017)

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  • États-Unis / Chine : qui sera le premier ?...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°16, janvier-février-mars 2018), dirigée par Pascal Gauchon, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à la rivalité entre les États-Unis et la Chine.

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉCHOS

    ÉDITORIAL

    Le retour de la "Grande idée", par Pascal Gauchon

    ACTUALITÉ

    ENTRETIEN

    François Godement. Chine/USA : être le premier

    ENJEUX

    Un an après au pays de Trump, plus divisé que jamais, par Jean-Eric Branaa

    ENJEUX

    L'Allemagne change-t-elle ?, par Thierry Buron

    ENJEUX

    L'Arctique canadien, par Jonathan Lafontaine

    ENJEUX

    L'Uktraine. Quatre ans après Maïdan, par Fabien Herbert

    ENJEUX

    Etat profond. Le pouvoir derrière le pouvoir, par Tancrède Josseran

    IDÉES REÇUES

    L'ascension de l'économie chinoise est irrésistible, par Jean-Marc Huissoud

    IDÉES

    Une géopolitique de l'épopée, par Andrej Fajgelj

    IDÉES

    La puissance chinoise vue de Washington, par Florian Louis

    GRANDE STRATÉGIE

    Les Provinces unies : l'opulence pour stratégie, par Pierre Royer

    GRANDE BATAILLE

    Afghanistan, le "tombeau des empires", par Pierre Royer

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Tout sauf la Chine et les États-Unis, par David Simmonet

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Entretien avec Pierre Fayard. Sun Tzu vs Donald Trump

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Entretien avec Eric Branca. Au-delà de l'affaire Alstom : une volonté de puissance sans limite

    L'HISTOIRE MOT À MOT

    "Nous avons fait l'Italie, maintenant, nous devons faire les Italiens", par Pierre Royer

    LA LANGUE DES MÉDIAS

    Des médias variablement pro-indépendantistes, par Ingrid Riocreux

    BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

    Catalogne. Quand le rêve européen tourne au cauchemar nationaliste, par Jean-Baptiste Noé

    BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

    D'un aveuglement, l'autre, par Gérard Chaliand

    RECENSION

    Chine, Etats-Unis, le piège de Thucydide, par Michel Jan

    CHRONIQUES

    LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

    GÉOPO-TOURISME

    Barcelone, la schizophrène, par Thierry Buron

     

    DOSSIER : États-Unis / Chine : qui sera le premier ?

    La relation dont dépend le monde, par Pascal Gauchon

    De la Chine impériale à la Chine impérialiste, par Claude Chancel

    Face au défi économique chinois, par John Mackenzie

    Le rapport de force militaire, par Mathieu Duchâtel

    L'affrontement des soft powers, par Frédéric Munier

    Un face à face mondial, par Michel Nazet

    La double impuissance de Pékin et Washington, par Dorian Malovic

    Le Japon et la Corée du Sud à l'épreuve de Trump, par Jean-Marie Bouissou

    Le Pakistan, américain ou chinois, par Sébastien Sénépart

    L'Inde, joker américain, par Michel Nazet

    Démographie. la taille compte-t-elle vraiment ?, par Julien Damon

     

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  • Rencontre avec Jean-Claude Michéa...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une intervention de Jean-Claude Michéa à l'occasion de la Comédie du livre qui s'est tenue à Montpellier le 19 mai 2017. Critique et analyste du système, Jean-Claude Michéa est l'auteur d'essais dont la lecture est indispensable comme Impasse Adam Smith (Flammarion, 2006), Le complexe d'Orphée (Flammarion, 2011), Les mystères de la gauche (Flammarion, 2013) ou dernièrement Notre ennemi le capital (Flammarion, 2017).

     

                                        

     

    « Il est aujourd’hui plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme. » Avec "Notre ennemi, le capital" (Climats), le philosophe Jean-Claude Michéa poursuit son travail de clarification et de démolition entrepris avec des livres aussi importants que "Orwell, anarchiste Tory", "L’Empire du moindre mal" ou "La Double Pensée". Mais est-il encore possible de « rassembler la grande majorité des classes populaires autour d’un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste » ?

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  • Se recueillir et réfléchir...

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    A l'aube d'une nouvelle année, face à un horizon apparemment bouché, se recueillir et réfléchir avant de reprendre la route...

    Et pour la réflexion, Métapo infos vous propose cette courte citation de Laurent Ozon, tirée de France, années décisives (Bios, 2015), un livre à lire, relire et méditer :

    Je terminerai de vous répondre en souhaitant que nous ne soyons pas simplement des conservateurs, mais que nous puissions aussi en quelque sorte briser à nouveau l'histoire, c'est à dire être capable d'un dépassement de forme et d'une créativité qui nous permettent de déplacer les contraintes de l'histoire de façons totalement inédite. Les conditions de cette refondation historique seront le résultat de la pression de l'histoire et de notre capacité à faire vivre des alternatives, prélude à la grande résurrection, à la translation de la civilisation européenne dans de nouvelles incarnations. Ce moment coïncidera probablement avec les temps qui suivront l'éclatement de la société-bulle à laquelle nous avons consacré tant d'énergie, tant de richesses, tant de créativité. Après les bulles, le retour des sphères ? Nous verrons bien, bientôt donc...

    Comme l'écrivait Philippe Jouet, en ces temps comme en d'autres, « les peuples qui survivront (…) sont ceux qui sauront résister aux forces de l'assimilation linguistique, culturelle, génétique et économique. Les autres rentreront dans le néant, c'est la loi du devenir »."

     

    Bonne année 2018 à tous les lecteurs de Métapo infos !

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  • Les snipers de la semaine... (155)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Les carnets d'un promeneur, le journaliste Patrice-Hans Perrier dézingue le Pape François et son œcuménisme, basé sur les tables de la loi mondialiste...

    Noël en goguette

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    - sur Idiocratie, des Idiots allument le laïcisme pavlovien et grotesque qui défraie presque quotidiennement la chronique...

    L'endive de Noël

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  • De Benoist, Levy, Cluzel et Riocreux explorent le féminisme...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Alain de Benoist reçoit Elisabeth Lévy, journaliste et directeur de Causeur, Gabrielle Cluzel, journaliste, et Ingrid Riocreux, agrégé de français et auteur de La langue des médias (Toucan, 2016), pour évoquer la question du féminisme.

     

                                 

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