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Métapo infos - Page 1723

  • Debord et la question des immigrés

    A l'heure où les medias s'agitent autour du pseudo-débat sur l'identité nationale, il paraît intéressant de se pencher sur cette note de Guy Debord, figure de proue du situationnisme et auteur de La société du spectacle, consacrée à la "question des immigrés", et écrite en 1985.

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    "Tout est faux dans la « ques­ti­on des im­mi­grés », ex­ac­te­ment comme dans toute ques­ti­on ou­ver­te­ment posée dans la société ac­tu­el­le ; et pour les mêmes mo­tifs : l’éco­no­mie — c’est-à-dire l’il­lu­si­on pseu­do-​éco­no­mi­que — l’a ap­portée, et le spect­a­cle l’a traitée.

    On ne di­s­cu­te que de sot­ti­ses. Faut-​il gar­der ou éli­mi­ner les im­mi­grés ? (Na­tu­rel­le­ment, le véri­ta­ble im­mi­gré n’est pas l’ha­bi­tant per­ma­nent d’ori­gi­ne étrangère, mais celui qui est perçu et se perçoit comme différent et de­s­tiné à le res­ter. Beau­coup d’im­mi­grés ou leurs en­fants ont la na­tio­na­lité française ; beau­coup de Po­lo­nais ou d’Es­pa­gnols se sont fi­na­le­ment per­dus dans la masse d’une po­pu­la­ti­on française qui était autre. Comme les déchets de l’in­dus­trie ato­mi­que ou le pétrole dans l’Océan — et là on définit moins vite et moins « sci­en­ti­fi­que­ment » les seuils d’intolérance — les im­mi­grés, pro­du­its de la même ges­ti­on du ca­pi­ta­lis­me mo­der­ne, res­te­ront pour des siècles, des millénai­res, tou­jours. Ils res­te­ront parce qu’il était beau­coup plus fa­ci­le d’éli­mi­ner les Juifs d’Al­le­ma­gne au temps d’Hit­ler que les maghrébins, et au­tres, d’ici à présent : car il n’exis­te en Fran­ce ni un parti nazi ni le mythe d’une race au­to­ch­to­ne !

    Faut-​il donc les as­si­mi­ler ou « re­spec­ter les di­ver­sités cul­tu­rel­les » ? In­ep­te faux choix. Nous ne pou­vons plus as­si­mi­ler per­son­ne : ni la jeu­nesse, ni les tra­vail­leurs français, ni même les pro­vin­ci­aux ou vi­eil­les mi­no­rités eth­ni­ques (Cor­ses, Bre­tons, etc.) car Paris, ville détrui­te, a perdu son rôle his­to­ri­que qui était de faire des Français. Qu’est-​ce qu’un cen­tra­lis­me sans ca­pi­ta­le ? Le camp de con­cen­tra­ti­on n’a créé aucun Al­le­mand parmi les Européens déportés. La dif­fu­si­on du spect­a­cle con­centré ne peut uni­for­mi­ser que des spec­ta­teurs. On se gar­ga­ri­se, en lan­ga­ge sim­ple­ment pu­bli­ci­taire, de la riche ex­pres­si­on de « di­ver­sités cul­tu­rel­les ». Quel­les cul­tu­res ? Il n’y en a plus. Ni chréti­en­ne ni musul­ma­ne ; ni so­cia­lis­te ni sci­en­tis­te. Ne par­lez pas des abs­ents. Il n’y a plus, à re­gar­der un seul in­stant la vérité et l’évi­dence, que la dégra­da­ti­on spec­ta­cu­lai­re-​mon­dia­le (améri­cai­ne) de toute cul­tu­re.

    Ce n’est sur­tout pas en vo­tant que l’on s’as­si­mi­le. Démons­tra­ti­on his­to­ri­que que le vote n’est rien, même pour les Français, qui sont élec­teurs et ne sont plus rien (1 parti = 1 autre parti ; un en­ga­ge­ment élec­to­ral = son con­trai­re ;
    et plus récem­ment un pro­gram­me — dont tous sa­vent bien qu’il ne sera pas tenu — a d’ail­leurs enfin cessé d’être déce­vant, de­puis qu’il n’en­vi­sa­ge ja­mais plus aucun problème im­portant. Qui a voté sur la dis­pa­ri­ti­on
    du pain ?). On avouait récem­ment ce chiff­re révéla­teur (et sans doute ma­ni­pulé en baisse) : 25 % des « ci­toy­ens » de la tran­che d’âge 18-25 ans ne sont pas in­scrits sur les lis­tes élec­to­ra­les, par sim­ple dégoût. Les abs­ten­ti­on­nis­tes sont d’au­tres, qui s’y ajoutent.

    Cer­tains met­tent en avant le critère de « par­ler français ». Ri­si­ble. Les Français ac­tu­els le par­lent-​ils ? Est-​ce du français que par­lent les an­alphabètes d’au­jourd’hui, ou Fa­bi­us (« Bon­jour les dégâts ! ») ou Françoise Cas­tro (« Ça t’ha­b­i­te ou ça t’eff­leu­re ? »), ou B.-H. Lévy ? Ne va-​t-​on pas clai­re­ment, même s’il n’y avait aucun im­mi­gré, vers la perte de tout lan­ga­ge ar­ti­culé et de tout rai­son­ne­ment ? Quel­les ch­an­sons écoute la jeu­nesse présente ? Quel­les sec­tes in­fi­ni­ment plus ri­di­cu­les que l’islam ou le ca­tho­li­cis­me ont con­quis fa­ci­le­ment une em­pri­se sur une cer­tai­ne frac­tion des idiots in­struits con­tem­porains (Moon, etc.) ? Sans faire men­ti­on des au­tis­tes ou débiles pro­fonds que de tel­les sec­tes ne rec­rutent pas parce qu’il n’y a pas d’intérêt éco­no­mi­que dans l’ex­ploi­ta­ti­on de ce bétail : on le laisse donc en char­ge aux pou­voirs pu­blics.

    Nous nous som­mes faits améri­cains. Il est nor­mal que nous trou­vi­ons ici tous les miséra­bles problèmes des USA, de la dro­gue à la Mafia, du fast-​food à la pro­liféra­ti­on des eth­nies. Par ex­emp­le, l’Ita­lie et l’Es­pa­gne, améri­ca­nisées en sur­face et même à une assez gran­de pro­fon­deur, ne sont pas mélangées eth­ni­que­ment. En ce sens, elles res­tent plus lar­ge­ment européennes (comme l’AIgérie est nord-​af­ri­cai­ne). Nous avons ici les en­nuis de l’Amérique sans en avoir la force. Il n’est pas sûr que le melting-​pot améri­cain fonc­tion­ne en­core long­temps (par ex­emp­le avec les Chi­ca­nos qui ont une autre lan­gue). Mais il est tout à fait sûr qu’il ne peut pas un mo­ment fonc­tion­ner ici. Parce que c’est aux USA qu’est le cent­re de la fa­bri­ca­ti­on du mode de vie ac­tu­el, le cœur du spect­a­cle qui étend ses pul­sa­ti­ons jusqu’à Moscou ou à Pékin ; et qui en tout cas ne peut laisser au­cu­ne indépen­dance à ses sous-​trai­t­ants lo­caux (la compréhen­si­on de ceci mont­re mal­heu­reu­se­ment un as­su­jet­tis­se­ment beau­coup moins su­per­fi­ciel que celui que vou­d­rai­ent détrui­re ou modérer les cri­ti­ques ha­b­i­tu­els de « l’impéria­lis­me »). Ici, nous ne som­mes plus rien : des co­lo­nisés qui n’ont pas su se révol­ter, les béni-​oui-​oui de l’aliéna­ti­on spec­ta­cu­lai­re. Quel­le préten­ti­on, en­vi­sa­ge­ant la pro­liférante présence des im­mi­grés de tou­tes cou­leurs, re­trou­vons-​nous tout à coup en Fran­ce, comme si l’on nous vo­lait quel­que chose qui se­rait en­core à nous ? Et quoi donc ? Que cro­yons-​nous, ou plutôt que fai­sons-​nous en­core sem­blant de cro­ire ? C’est une fierté pour leurs rares jours de fête, quand les purs es­cla­ves s’in­di­g­nent que des métèques me­na­cent leur indépen­dance !

    Le ris­que d’apart­heid ? Il est bien réel. II est plus qu’un ris­que, il est une fa­ta­lité déjà là (avec sa lo­gi­que des ghet­tos, des af­fron­te­ments ra­ci­aux, et un jour des bains de sang). Une société qui se décom­po­se entière­ment est évi­dem­ment moins apte à ac­cu­eil­lir sans trop de heurts une gran­de quan­tité d’im­mi­grés que pou­vait l’être une société cohérente et re­la­ti­ve­ment heu­reu­se. On a déjà fait ob­ser­ver en 1973 cette frap­pan­te adéqua­ti­on entre l’évo­lu­ti­on de la tech­ni­que et l’évo­lu­ti­on des men­ta­lités : « L’en­vi­ron­ne­ment, qui est re­con­struit tou­jours plus hâti­ve­ment pour le contrôle répres­sif et le pro­fit, en même temps de­vi­ent plus fra­gi­le et in­ci­te da­van­ta­ge au van­da­lis­me. Le ca­pi­ta­lis­me à son stade spec­ta­cu­lai­re rebâtit tout en toc et pro­du­it des in­cen­diai­res. Ainsi son décor de­vi­ent par­tout in­flamma­ble comme un collège de Fran­ce. » Avec la présence des im­mi­grés (qui a déjà servi à cer­tains syn­di­ca­lis­tes sus­cep­ti­bles de dénon­cer comme « gu­erres de re­li­gi­ons » cer­tai­nes grèves ouvrières qu’ils n’avai­ent pu contrôler), on peut être assurés que les pou­voirs exis­tants vont fa­vo­ri­ser le déve­lop­pe­ment en gran­deur réelle des pe­ti­tes expéri­en­ces d’af­fron­te­ments que nous avons vu mises en scène à tra­vers des « ter­ro­ris­tes » réels ou faux, ou des sup­por­ters d’équi­pes de foot­ball ri­va­les (pas seu­le­ment des sup­por­ters ang­lais).

    Mais on com­prend bien pour­quoi tous les re­s­ponsa­bles po­li­ti­ques (y com­pris les lea­ders du Front na­tio­nal) s’em­plo­i­ent à mi­ni­mi­ser la gra­vité du « problème im­mi­gré ». Tout ce qu’ils veu­lent tous con­ser­ver leur in­terdit de re­gar­der un seul problème en face, et dans son véri­ta­ble con­tex­te. Les uns feig­nent de cro­ire que ce n’est qu’une af­fai­re de « bonne vo­lonté an­ti-​ra­cis­te » à im­po­ser, et les au­tres qu’il s’agit de faire re­con­naître les droits modérés d’une « juste xéno­pho­bie ». Et tous col­la­bo­rent pour con­s­idérer cette ques­ti­on comme si elle était la plus brûlante, pres­que la seule, parmi tous les ef­fra­yants problèmes qu’une société ne sur­mon­te­ra pas. Le ghet­to du nou­vel apart­heid spec­ta­cu­lai­re (pas la ver­si­on lo­ca­le, folk­lo­ri­que, d’Afri­que du Sud), il est déjà là, dans la Fran­ce ac­tu­el­le : l’im­men­se ma­jo­rité de la po­pu­la­ti­on y est en­fermée et ab­ru­tie ; et tout se se­rait passé de même s’il n’y avait pas eu un seul im­mi­gré. Qui a décidé de con­strui­re Sar­cel­les et les Min­guettes, de détrui­re Paris ou Lyon ? On ne peut cer­tes pas dire qu’aucun im­mi­gré n’a par­ti­cipé à cet infâme tra­vail. Mais ils n’ont fait qu’exécuter stric­te­ment les ord­res qu’on leur don­nait : c’est le mal­heur ha­b­i­tu­el du sala­ri­at.

    Com­bi­en y a-​t-​il d’étran­gers de fait en Fran­ce ? (Et pas seu­le­ment par le sta­tut ju­ri­di­que, la cou­leur, le faciès.) Il est évi­dent qu’il y en a tel­le­ment qu’il faud­rait plutôt se de­man­der : com­bi­en res­te-​t-​il de Français et où sont-​ils ? (Et qu’est-​ce qui ca­ractérise main­ten­ant un Français ?) Com­ment res­terait-​il, bientôt, de Français ? On sait que la na­ta­lité baisse. N’est-​ce pas nor­mal ? Les Français ne peu­vent plus sup­por­ter leurs en­fants. Ils les en­vo­i­ent à l’école dès trois ans, et au moins jusqu’à seize, pour app­rend­re l’an­alphabétisme. Et avant qu’ils aient trois ans, de plus en plus nom­breux sont ceux qui les trou­vent « in­sup­por­ta­bles » et les frap­pent plus ou moins vio­lem­ment. Les en­fants sont en­core aimés en Es­pa­gne, en Ita­lie, en Algérie, chez les Gi­t­ans. Pas sou­vent en Fran­ce à présent. Ni le lo­ge­ment ni la ville ne sont plus faits pour les en­fants (d’où la cy­ni­que pu­bli­cité des ur­ba­nis­tes gou­ver­ne­men­taux sur le thème « ou­vr­ir la ville aux en­fants »). D’autre part, la con­tra­cep­ti­on est répan­due, l’avor­te­ment est libre. Pres­que tous les en­fants, au­jourd’hui, en Fran­ce, ont été vou­lus. Mais non li­bre­ment ! L’élec­teur-​con­som­ma­teur ne sait pas ce qu’il veut. Il « choi­sit » quel­que chose qu’il n’aime pas. Sa struc­tu­re men­ta­le n’a plus cette cohérence de se sou­ve­nir qu’il a voulu quel­que chose, quand il se re­trou­ve déçu par l’expéri­ence de cette chose même.

    Dans le spect­a­cle, une société de clas­ses a voulu, très systéma­ti­que­ment, éli­mi­ner l’his­toire. Et main­ten­ant on prétend reg­ret­ter ce seul résul­tat par­ti­cu­lier de la présence de tant d’im­mi­grés, parce que la Fran­ce « dis­pa­raît » ainsi ? Co­mi­que. Elle dis­pa­raît pour bien d’au­tres cau­ses et, plus ou moins ra­pi­de­ment, sur pres­que tous les ter­rains.

    Les im­mi­grés ont le plus beau droit pour vivre en Fran­ce. Ils sont les représen­tants de la dépos­ses­si­on ; et la dépos­ses­si­on est chez elle en Fran­ce, tant elle y est ma­jo­ri­taire. et pres­que uni­ver­sel­le. Les im­mi­grés ont perdu leur cul­tu­re et leurs pays, très no­toire­ment, sans pou­voir en trou­ver d’au­tres. Et les Français sont dans le même cas, et à peine plus secrète­ment.

    Avec l’éga­li­sa­ti­on de toute la planète dans la misère d’un en­vi­ron­ne­ment nou­veau et d’une in­tel­li­gence pu­re­ment men­songère de tout, les Français. qui ont ac­cepté cela sans beau­coup de révolte (sauf en 1968) sont mal­venus à dire qu’ils ne se sen­tent plus chez eux à cause des im­mi­grés ! Ils ont tout lieu de ne plus se sen­tir chez eux, c’est très vrai. C’est parce qu’il n’y a plus per­son­ne d’autre, dans cet hor­ri­b­le nou­veau monde de l’aliéna­ti­on, que des im­mi­grés.

    Il vivra des gens sur la sur­face de la terre, et ici même, quand la Fran­ce aura di­s­pa­ru. Le mélange eth­ni­que qui do­mi­ne­ra est imprévi­si­ble, comme leurs cul­tu­res, leurs lan­gues mêmes. On peut af­fir­mer que la ques­ti­on cen­tra­le, pro­fondément qua­li­ta­ti­ve, sera cel­le-​ci : ces peu­ples fu­turs au­ront-​ils dominé, par une pra­tique éman­cipée, la tech­ni­que présente, qui est glo­ba­le­ment celle du si­mu­la­c­re et de la dépos­ses­si­on ? Ou, au con­trai­re, se­ront-​ils dominés par elle d’une manière en­core plus hiérar­chi­que et es­cla­va­gis­te qu’au­jourd’hui ? Il faut en­vi­sa­ger le pire, et com­batt­re pour le meil­leur. La Fran­ce est assurément reg­ret­ta­ble. Mais les reg­rets sont vains."

    Guy De­bord 1985 (in Guy Debord, Correspondance, volume 6  janvier 1979 - décembre 1987)

     

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  • Les lettres de Céline dans la Pléiade !

    Les éditions Gallimard publient dans les prochains jours un fort volume (plus de 2000 pages) dans La Pléiade consacrés à la correspondance de Louis-Ferdinand Céline. Voilà qui ne pourra que ravir les inconditionnels de l'auteur de Voyage au bout de la nuit qui attendaient ce livre annoncé depuis plusieurs années !

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  • Les nouveaux dangers planétaires

    Spécialiste des questions de sécurité, Xavier Raufer publie ces jours-ci, aux éditions du CNRS, Les nouveaux dangers planétaires - Chaos mondial, décèlement précoce, un ouvrage consacré aux nouvelles formes de menaces qui pèsent sur les sociétés organisées dans un monde placé sous le signe d'Arès, le dieu de la mort violente et du crime...

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    "Par son ambition théorique, cette somme sans équivalent renouvelle en profondeur la connaissance des processus qui déterminent notre sécurité. Cybercriminalité, guérillas reconverties dans le narcotrafic, méga-gangs, États voyous, terrorisme transnational…

    À l’heure du chaos planétaire, comment lutter efficacement contre la multiplication des dangers ? Face à la re-tribalisation du monde, comment prévenir, contrôler, réprimer ou attaquer ?
    Toute stratégie de sécurité globale cherchant ses références dans les règles et les normes du passé est vouée à l’échec. Pour répondre aux défis du nouveau désordre mondial, l’État souverain doit optimiser la collecte et l’analyse de l’information stratégique, la rendre moins coûteuse, et concevoir une doctrine fondée sur l’alerte précoce. Or, cette doctrine ne peut aller sans puiser dans
    la philosophie politique.
    Une étude fondamentale pour comprendre la face noire de la mondialisation et lutter contre les fléaux du troisième millénaire."

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  • Enquête sur les réseaux pro-israëliens en France

    L'historien Paul-Eric Blanrue a publié en juin dernier, chez l'éditeur belge Oser dire, une passionnante enquête consacrée aux agissements des réseaux pro-israëliens en France et à leur influence sur la politique étrangère de notre pays. Intitulé Sarkozy, Israël et les juifs, l'ouvrage est désormais distribué assez largement en France et a réussi à percer le mur du silence médiatique qui avait été construit autour de lui.

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    "Aujourd'hui, en France, parler d'Israël avec sérénité et franchise est devenu impossible. La question est taboue. Quiconque se permet de critiquer l'État juif risque d'être qualifié d'antisémite. Dans la « patrie des Droits de l'Homme et de la liberté d'expression », un délit d'opinion, en politique et en histoire, est établi. En lieu et place de la discussion libre, une dictature de la pensée unique a été instaurée... C'est en 1967, par la voix du président Charles De Gaulle, que la France prit pour la première fois ses distances avec Israël. Sous le régime précédent, ce pays avait bénéficié de grands privilèges, puisque c'est grâce à la IVe République que l'État juif avait acquis la bombe atomique. Les présidents français qui succédèrent au Général s'efforcèrent, à son image, de maintenir l'équilibre entre les parties en présence, palestiniennes comme israéliennes. Mais tout changea soudain en 2007, avec l'élection à la présidence de la République de Nicolas Sarkozy. Celui-ci avait longtemps été à la tête d'un parti qualifié de « gaulliste ». Mais, sur la question d'Israël, il tourna résolument le dos à la position défendue par le Général. Prônant désormais la défense quasi inconditionnelle d'Israël, Sarkozy met aujourd'hui en oeuvre une politique qui est l'image inversée de celle du fondateur de la Ve République. Pour lui, toute critique d'Israël serait un signe d'antisémitisme. Historien spécialisé dans les mystifications, Paul-Éric Blanrue refuse de verrouiller sa pensée. L'objectif de son livre est de participer à la prise de conscience du danger que représente la nouvelle politique étrangère française. Paul-Éric Blanrue nous ouvre les yeux sur les aspects déjà périmés des choix étranges de Nicolas Sarkozy. Il dévoile pourquoi le président français s'est engagé dans une voie qui va contre les intérêts de son pays et risque d'entraîner bientôt la France dans des conflits majeurs, au Liban, en Iran ou ailleurs. Il décrit un par un les réseaux pro-israéliens qui servent cette stratégie, démontre leur puissance, signale leur aveuglement et fournit les noms des principales personnalités qui en font partie. Il récuse l'assimilation faite systématiquement entre judaïsme et sionisme. Il appelle les juifs de France à se défaire d'urgence de leurs porte-voix officiels, qui ne représentent tout au plus qu'un sixième d'entre eux, et les encourage à se rebeller contre une politique qui, à terme, se révélera désastreuse pour eux comme pour tous les Français. L'auteur avance enfin des propositions qui font revivre la hardiesse traditionnelle de la pensée critique française et qui peuvent à nouveau souder les Français dans un projet généreux, pour en finir avec le communautarisme imprudemment importé des États-Unis."
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  • Kriegspiel 2014

    Laurent Schang, déjà auteur d'une biographie de Maître Morihei Ueshiba, le fondateur de l'Aïkido, aux éditions Pygmalion (2004) ainsi que d'un excellent recueil de nouvelles, Le constat d'Occident, aux éditions Aléxipharmaque, a récemment publié aux éditions Le Mort-Qui-Trompe, un roman de géopolitique-fiction intitulé Kriegspiel 2014 - Un livre dont Vladimir Poutine est le héros...

     

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    "Décembre 2014. Une escadrille de bombardiers stratégiques chinois pénètrent dans l’espace aérien taïwanais et survolent T’ai-pei à basse altitude. La Chine et le Japon sont à couteaux tirés. Au même moment, à des milliers de kilomètres, un commando russe s’apprête à prendre le pouvoir au Turkménistan. Le 26 décembre, les Supergrands en viennent aux mains sans préambule diplomatique ni coup de semonce.
    En quelques jours, le pourtour du continent eurasiatique - « l’arc d’instabilité » des géopolitologues du 21e siècle -, Ukraine, Caucase, Asie centrale, Sud-est asiatique, est devenu le théâtre d’un conflit mondial aux multiples enjeux (énergétiques, ethniques, politiques et économiques).
    La Quatrième Guerre mondiale vient de commencer. Qui en sortira vainqueur ?"

     Il est possible de télécharger un extrait du livre pour se faire une idée du style de l'auteur :

    " [...]Takeo Terasaki, 21 ans, dont quatre passés au collège militaire d’Edajima, était assis aux commandes de son chasseur F-2A. Absorbé par la danse des aiguilles sur les cadrans, son visage poupin bruni sous le casque ne trahissait aucune expression. Il lui semblait avoir attendu cet instant toute sa vie. Les formidables tirs de barrage n’entameraient pas sa détermination. Enfin, après onze minutes de vol, les côtes de Taiwan se découpèrent dans le lointain. Tout en étirant ses jambes, Terasaki releva la manchette de son gant de cuir noir pour voir l’heure à sa montre. « Descente à 500 pieds / vitesse 450 noeuds maintenue. »

    Midi. Le destroyer n’allait pas tarder à apparaître au radar. La cible dessinait un point lumineux grandissant sur l’écran. Il vérifia une dernière fois les données du tableau de bord. Pour mener sa mission à bon terme, il fallait que l’exercice de simulation fût calculé au chiffre près. « Check. »

    Bourré d’électronique, ses quatre missiles antinavires ASM-2 arrimés, un dilettante aurait dit du Junichi Sasai, un Mitsubishi F-2 de la classe A, la copie conforme du mythique chasseur F-16. Sauf qu’un seul de ces appareils coûtait trois fois plus cher en dollars et qu’avec ses onze mètres d’envergure, ses quinze mètres de longueur et ses cinq mètres de haut, le volume du F-2 était de 25 % supérieur à celui de son homologue états-unien.

    Cloué au sol, le F-2A tenait moins du cygne sauvage, qu’on voit l’hiver descendre des monts de Sibérie en direction des tropiques, que du grand albatros, disgracieux et empesé. Mais là-haut, une fois libéré de la pesanteur, ses 22 200 kilos de poussée faisaient de lui le plus redoutable des prédateurs volants. Le soleil avait maintenant atteint son zénith. D’une main, le pilote rabaissa la visière de son casque ; de l’autre, il arma le système de tir optique, les 250 obus de son canon de 20 mm Vulcan au bout de la gâchette.

    Ainsi, serait-ce donc

    que j’appartiens aux cieux ?

    Rester concentré : économie de gestes, pléthore de moyens, sa volonté ne devait fléchir sous aucun prétexte, la trajectoire de son jet tendue vers un unique objectif, celui qui l’avait guidé jusqu’ici, à l’intérieur de ce cockpit blindé, ce 12 décembre 2014 demain historique. Il n’aurait pas droit à un second passage, il le savait, sa déjà solide expérience lui ayant démontré que, malgré toutes les heures d’entraînement, les ordinateurs les plus sophistiqués, les événements ne se déroulent jamais comme prévu. Rien du kamikaze fantasmé par nos esthètes femelles chez le sous-lieutenant Takeo Terasaki, fan des films de Wesley Snipes et amateur de soccer dans le civil, non, juste une raideur, un certain port de tête, qu’on attribuera tantôt à la fierté de l’uniforme, tantôt aux séances de kendo.[...]"

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  • Pour la réconciliation européenne !

    Un bon article de Philippe Randa, publié sur Voxnr, le site des résistants au nouvel ordre mondial, en faveur d'une fête de la réconciliation des Européens.

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    Et si on commémorait plutôt la réconciliation européenne ?
    Après l’armistice de 1914-1918 dont les conditions s’apparentaient davantage pour l’Allemagne à une défaite aux conditions tellement draconniennes qu’elles en furent criminelles, un souhait était largement répandu dans la population française : « Plus jamais ça ! »

    « Ça », rappelons-le, c’était tout de même « près de 10 millions de pertes militaires, 9 millions de pertes civiles et… près de 21 millions de blessés militaires(auxquelles s’ajouteront) vingt-et-un ans plus tard près de 24 millions de victimes parmi les militaires, 41 millions parmi les civils (…) puisqu’il semble au moins entendu pour la quasi-totalité des historiens que la Deuxième (Guerre) ne fut que la suite inévitable de la Première », comme rappelé dans le bi-mensuel Flash du 8 octobre dernier qui osait titrer ce que beaucoup pensent tout bas : «Et si on tournait la page ? » C’est sans doute la question que s’est posée, lui aussi, Nicolas Sarkozy, à propos des commémorations du 11 novembre : « À quoi bon encore tout cela ? »

    À quoi bon, oui, continuer de fêter ainsi, certes la fin des hostilités entre deux peuples, mais surtout la défaite de l’un sur l’autre, à l’heure où l’entente franco-allemande est une chose entendue pour tous ?

    Et surtout, en ce début de XXIe siècle où l’Union européenne, malgré toutes les critiques que l’on peut formuler à son égard – et elles sont nombreuses – est une autre incontestable réalité.

    « Nicolas Sarkozy souhaite, après la mort du dernier poilu, que le 11 novembre devienne une journée de réconciliation franco-allemande, pour bâtir un avenir partagé », indique la présidence française.

    Fort bien, mais pourquoi s’en tenir « seulement » à cette commémoration-là et continuer d’honorer celle du 8 mai 1945 qui, certes, mit fin aux hostilités militaires, mais scella la fracture entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest pour près d’un demi-siècle et plongea le Monde dans une autre guerre, pudiquement appelée « froide », jusqu’à un certain jour d’automne de 1989 ?

    Dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989, le « mur de Berlin » chuta après 28 années d’existence, entraînant peu après la fin des régimes communistes d’Europe centrale et mettant un terme à l’indécent partage de notre continent à Yalta.

    Cette chute du Mur de Berlin, voilà vingt, ans, est actuellement amplement rappelée. Elle se fit dans l’ivresse ou la stupéfaction de millions d’Européens sans mort aucun.
    Plutôt que « d’amitié », mot trop souvent galvaudé et qu’il est tout de même incongru d’appliquer sur une victoire pour certains mais forcément une défaite pour d’autres, ne serait-il pas plus enthousiasmant de fêter ce qui a été une incontestable réalité : la réconciliation non pas seulement de deux peuples, mais de tout un continent ?
    Philippe Randa (5 octobre 2009)
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