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Métapo infos - Page 1618

  • A propos des pertes françaises en Afghanistan...

    Nous reproduisons ci-dessous une bonne analyse de François-Bernard Huyghe, cueillie sur son site huyghe.fr, à propos des récentes pertes militaires françaises en Afghanistan et du piège tragique dans lequel se trouve coincée notre armée...

     

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    Pertes françaises en Afghanistan

    Il s'agit sans doute d'une coïncidence : les talibans ont difficilement plus planifier deux attaques qui coïncident si bien avec une visite surprise de Sarkozy et avec le 14 juillet (notion difficile à traduire en pachtou). Il n'empêche qu'ils auraient eu du mal à faire plus spectaculaire ou mieux coordonné. Un soldat français tué dans une embuscade dans la Kapisa le jour de l'unité nationale, cinq autres mardi dans un attentat suicide, dans la même province. Et cela au moment où le président annonce qu'il faut savoir terminer une guerre. Et pendant que celle de Lybie, ne ressemble plus du tout à la glorieuse promenade humanitaire rêvée par BHL.

    Ceci se produit dans un contexte qui est tout sauf encourageant, en dépit des déclarations sur les progrès de la stabilisation ou de l'afghanisation du conflit (vous vous souvenez de la vietnamisation ?).
    Les talibans ont récemment inscrit à leur actif :
    - l'évasion de 541 prisonniers de la prison de Kandahar
    - l'attentat contre des officiers supérieurs à l'hötel Intercontinental de Kaboul
    - peut-être l'assassinat du frère de Karzaï (à moins que celui-ci n'ait été abattu par ses relations d'"affaires"
    - une augmentation des pertes US de plus de 56% en neuf mois par rapport à la même période l'année précédente.
    - le tout en circulant de mieux en mieux avec le Pakistan.

    Tout cela ne démontre pas exactement le succès de la méthode Petraeus, ni ne rend très plausible les propos sur les talibans qui en seraient "réduits" à l'attentat-suicide à cause de la pression alliée sur le terrain.


    Sur le plan politique, la guerre d'Afghanistan décidé conjointement par les socialistes et la droite dans l'enthousiasme du "nous sommes tous des Américains" post 11 septembre, a longtemps été soutenue à peu près unanimement par la classe politique. Cette situation est en train de changer, et pas seulement parce que le PS a besoin de se différencier en période électorale. Il tient à affirmer qu'il faut partir aussitôt que possible, tandis que l'UMP soutient qu'il faut partir, mais en restant autant que nécessaire.

    Ces raisons tiennent à l'ambiguïté initiale de la guerre et de ses buts :

    - lutter contre les terroristes ? Les principaux centres d'al Qaïda ont été détruits dès 2001 par l'alliance du Nord et non par des forces occidentales. Depuis, elles se sont opposées essentiellement aux force des talibans et à des insurgés dont la principale motivation est justement leur présence. Dix ans après, et après la mort de ben Laden au Pakistan, il est difficile de prétendre empêcher un nouveau 11 septembre. Peut-on sérieusement expliquer à un Afghan de vingt ans que l'on est là pour le protéger (ou se protéger) de terroristes étrangers ?

    - assurer la transition avec un régime démocratique ? avec Hamid Karzaï ? après dix ans d'échec ? au moment où les forces afghanes sont moins capables que jamais de tenir le pays ? Encore une décennie pour construire un Afghanistan démocratique et sans drogue, voué à la bonne gouvernance, et, pourquoi pas, au développement durable ? Encore un siècle ?

    - défendre nos valeurs ? aider les petites filles à aller à l'école ? On a beau nous fournir des statistiques encourageantes sur les progrès de la condition féminine dans la vallée du Panchir. On notera pour la petite histoire que le motif invoqué par les Soviétiques pour envahir l'Afghanistan en 1989 était la lutte contre les mœurs féodales de ce pays qui pratiquait le droit de cuissage.

    - soutenir nos engagements avec nos alliés ? Sur ce point, l'annonce du retrait français suivant l'annonce faite par Obama (au fait, lui, a-t-il consulté Sarkozy avant de la faire ?) donne l'impression que nous sommes de simples supplétifs. Mais surtout, ce sont les États-Unis qui portent la responsabilité d'une certaine incohérence. Comment Obama peut-il soutenir en 2010 qu'il faut appliquer à l'Afghanistan un "surge" à l'irakienne, engager massivement des troupes pour un effort lent de reconquête du terrain qui paiera à long terme, et décider de retirer 10.000 soldats en année électorale ?

    - reste une dernière raison : partir ce serait perdre la face. Donner l'impression de perdre en se hâtant serait pire que de continuer à s'enliser. L'objectif serait alors de ne pas faire aussi mal que les Américains au Vietnam et presque aussi bien que les Soviétiques, partis, après tout, en laissant les clefs à un Najiullah qui a tenu jusqu'en avril 1992.

    Difficile pourtant de vendre cet argument - il faut continuer parce que ça va mal - à l'opinion. Et ceci est totalement tragique si l'on songe aux soldats français qui sont tués là-bas en notre nom, qui savent en partant qu'ils risquent leur peau et qui se conduisent de façon parfaitement honorable, avec autant de succès sur le terrain que le permettent les circonstances . Des soldats dont le plus lucides savent maintenant qu'ils se battent pour ne pas être déshonorés et qu'ils le feront sans doute au prix du soutien de l'opinion.

    François-Bernard Huyghe (Le site de François-Bernard Huyghe, 14 juillet 2011)

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  • Refaire l'histoire ?...

    "Quand un événement se produit, nous nous acharnons à en chercher les causes, à en établir les faits à partir des traces, des indices et des témoignages disponibles. En enquêtant, il faut choisir, laisser de côté des éléments, faire silence sur d'autres ou les valoriser. Sachant ce qui s'est passé, nous reconstruisons la marche du temps en oubliant de ce fait combien l'avenir est apparu chaque fois incertain."

     

    Nous vous signalons la réédition en collection de poche, aux éditions Odile Jacob, de Et si on refaisait l'histoire ? des historiens Anthony Rowley et Fabrice d'Almeida. L'ouvrage propose quelques essais d'histoire virtuelle ou contre-factuelle, ou, pour le dire autrement, aborde d'une façon sérieuse et raisonnée les uchronies chères aux auteurs de science-fiction. L'exercice, couramment pratiqué par les historiens dans les pays anglo-saxon - voir la série des What if ? de Robert Cowley, ou le Virtual history (Basic Books, 2000) de Niall Ferguson - est beaucoup plus rarement tenté en France. D'une lecture agréable, l'ouvrage, par rebond, amène à réfléchir sur les choix du présent... L'Histoire est ouverte !

     

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    "Il y a des moments où l'histoire hésite. Alors, la décision d'un homme, le sort d'une bataille, la découverte ou l'accident imprévus représentent autant de carrefours au sortir desquels l'histoire d'un peuple, voire du monde, prend une direction précise. Si Ponce Pilate avait gracié Jésus, si les Arabes avaient gagné la bataille de Poitiers contre Charles Martel, si Louis XVI avait réussi à quitter la France et Napoléon III à empêcher la guerre de 1870, si les Allemands avaient gagné en un mois celle de 1914 et si les Américains n'avaient pas lâché la bombe atomique sur le Japon... Chacun sent bien que la longue durée historique autant que certains aspects de la vie quotidienne en auraient été modifiés. C'est sur ces hypothèses surprenantes que s'écrivent les histoires potentielles ici racontées."

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  • Les touristes au service du mondialisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Michel Geoffroy, cueilli sur le site de Polémia et consacré aux touristes, agents actifs du mondialisme.

     

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    Les touristes, symboles du mondialisme

    C’est en général à l’été qu’ils arrivent. En avion, en train, en bateau, en auto ou encore à pied, chargés comme des baudets. Mais le printemps est aussi propice à leurs déplacements. Ils se répandent partout dans le monde comme des sauterelles. Il y en a des millions chaque année qui franchissent les frontières. On reconnaît facilement ces personnes déplacées à leurs tenues exotiques et bariolées et à leur idiome et leur comportement bizarres. Car partout où ils arrivent, les touristes se font remarquer.

    Les ploucs sont là

    Dans les temps anciens, quand on se rendait en voyage à l’étranger, on s’habillait bien pour honorer ses hôtes et pour donner une bonne image de son pays. On faisait aussi des efforts pour respecter la langue et les usages des pays où l’on se rendait.

    Les modernes touristes, eux, ont pris le parti inverse, à l’exception encore des Japonais. Au prétexte qu’ils sont en vacances à l’étranger, ils adoptent des tenues qu’ils n’oseraient pas porter chez eux. « Slips trop courts et shorts trop longs », comme chantait jadis Gilbert Bécaud, déplorant déjà l’invasion des vacanciers dans sa Provence natale. Depuis, les touristes ont imposé au monde la vêture « décontractée » des Américains. Et, au surplus, ils trouvent souvent que les indigènes « sont bien habillés » : ils ne voient pas que ce sont eux, en réalité, qui sont vêtus comme des ploucs, en arborant des tee-shirts publicitaires comme les hommes-sandwichs de l’ancien temps : sauf que ce sont eux qui payent pour faire la publicité des marques… Nuance.

    Ils visitent le Parthénon ou le Louvre en bermuda, ils exhibent des casquettes de base-ball sur la Grande Muraille de Chine, ils vont en tee-shirt au Kremlin. Et tous portent des sacs à dos comme s’ils allaient faire une course en montagne. Car ils sont « sportifs », n’est-ce pas ?

    Et, bien sûr, pas question de faire l’effort d’apprendre quelques mots de la langue du pays. Le « basic English » suffira. Pas gênés les touristes : n’ont-ils pas tous les droits puisqu’ils ont payé ? All included !

    Une espèce humaine particulière

    Autre signe distinctif : les touristes ont toujours une bouteille d’eau en plastique à portée de main. N’importe où. A croire que les touristes occidentaux sont une espèce humaine à part, toujours à la limite de mourir de soif. Lawrence, quand il était jeune, s’entraînait pourtant à ne pas boire pendant plusieurs jours, expérience qui lui fut précieuse plus tard dans la lointaine Arabie. Mais nos contemporains ne peuvent plus se passer d’avaler un liquide toutes les demi-heures. Il suffit de voir les packs d’eau minérale et de Coca-Cola jonchant les engins blindés de la coalition durant les guerres du Golfe ou de l’Irak, pour se rendre à l’évidence : l’Occidental, militaire ou touriste, est une espèce perpétuellement assoiffée. Evidemment pour le plus grand bonheur des marchands locaux de boissons et de la société Coca-Cola.

    Un monde de voyeurs

    Les touristes ont aussi ceci de particulier qu’ils « prennent » tout en photo, en particulier les indigènes, comme dans un zoo. Avant, la photographie ou le film était un art difficile : il fallait trouver la bonne pose, le bon éclairage et s’encombrer d’un matériel cher et pesant. Mais à l’âge du numérique et du portable tout est devenu plus simple. Alors on mitraille tout, au hasard et à tout instant, comme des pilotes de l’US Air Force. Le touriste occidental ne voit plus le monde qu’au travers de son viseur numérique. J’ai même croisé à Paris des touristes qui photographiaient avec leur portable tout en marchant, sans s’arrêter. Les touristes sont devenus des voyeurs, accros ridicules de l’audiovisuel. Et que font-ils de ces millions de photos banales qu’ils ont « prises » comme autant de trophées dérisoires ? Les regardent-ils le soir en famille à la veillée sur leur micro-ordinateur ? Vous rêvez ! Une fois, peut-être, puis tout disparaît dans le grand néant numérique. Ils ont l’habitude.

    Les glorieuses campagnes

    Et puis, écoutons ces touristes énumérer leurs voyages : ils ne disent pas qu’ils ont visité, ce qui serait encore une marque d’humilité de leur part. Non. Ils disent qu’ils ont « fait » tel ou tel pays, comme autant de glorieuses campagnes à mettre à leur actif. Mais que reste–t-il de ces incessantes pérégrinations ? De vagues souvenirs, où tout finit par se ressembler et se mélanger. Et quelques trucs « exotiques » achetés dans un magasin, rangés maintenant dans un tiroir ou mis à la cave. Il suffit d’ailleurs de regarder ce que l’on vend à Paris dans les magasins pour touristes pour s’imaginer la haute idée que ceux-ci se feront de notre pays, avec ces « souvenirs »-là. Mais c’est partout comme cela maintenant.

    En fait, les touristes modernes parcourent le monde en tout sens et en troupeaux, mais ils ne voient rien et n’apprennent rien.

    Le symbole du bougisme

    Le touriste est un symbole de la mondialisation, l’archétype de l’homme aux semelles de vent vanté par l’oligarchie occidentale. Le symbole d’un homme qui ne fait partout que passer, dans un monde devenu petit et réduit à l’état de spectacle (« folklorique », évidemment), le MP3 dans les oreilles et le Coca-Cola à la main.

    Car, bien sûr, un bon touriste doit consommer. C’est d’ailleurs à cette seule condition qu’on lui adressera des sourires dans les pays qu’il parcourt. Ici comme ailleurs, pas de place ni pour les pauvres ni pour le don. Car le tourisme n’est qu’une marchandise, qui doit procurer des bénéfices dans les pays de départ et les pays d’arrivée. Sans oublier les compagnies aériennes.

    On en vient même à considérer que le tourisme serait un signe de bonne santé économique. Les médias ne présentent-ils pas comme un symptôme de crise qu’un plus grand nombre de Français « vont devoir passer leurs vacances dans l’Hexagone » ? Quelle punition, en effet, de passer ses vacances dans son pays ! Car il faut bouger, n’est-ce pas, surtout vous, les jeunes ? Il vous faut « voir le monde », à défaut, bien sûr, d’avoir le droit de le changer…

    Car le tourisme repose sur un monde de liberté et de facilité factices ; il suffit de regarder la publicité des agences de voyage et des « tour operators » : de grandes plages noyées de soleil, des filles souriantes en maillot de bain, des autochtones gentils et des palaces avec piscine. Bienvenue au pays de Cocagne ! Mais avec votre carte de crédit.

    Une économie parasite

    Mais le tourisme véhicule en réalité une économie parasite : les rivages bétonnés pour construire des hôtels ou des « villages » de luxe, les cultures réduites au rang de folklore ou de produits à vendre, la multiplication des petits jobs saisonniers, les écarts de niveau de vie explosant à la figure des autochtones.

    Il ne faut donc pas s’étonner que le tourisme mondial, même s’il se prétend « vert » ou « équitable » dans les agences de voyage, ne contribue pas à renforcer l’amitié entre les peuples. Il contribue plutôt à susciter l’envie et l’hostilité, ce que ne comprennent pas les croyants dans la religion du « doux commerce ».

    Alors, par pitié, si vous allez à l’étranger, ne vous comportez pas en touristes !

    Michel Geoffroy (Polémia, 7 juillet 2011) 

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  • Hestia sur les rivages de Brooklyn...

    Nous vous signalons la parution aux éditions Avatar d'un ouvrage de Jure Vujic, intitulé Un ailleurs européen - Hestia sur les rivages de Brooklyn. De nationalité croate, Jure Vujic est avocat et chercheur en géopolitique. Il collabore à de nombreuses revues, et a notamment écrit dans la revue Krisis.

     

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    Hestia sur les rivages de Brooklyn

    La tradition est inversée. L’Europe ne raconte plus l’Occident. C’est l’Occident qui conte l’Europe. La marche en avant des proto-iraniens, peuples de cavaliers vers leur foyer « européen », la « hache barbare » du peuple des demi-dieux hyperboréens, Alexandre, Charlemagne, Hohenstaufen, Charles Quint, Napoléon ne font plus rêver. L’Occident hyperréel sublimé, le mirage du « standing », du bonheur à la carte est le songe éveillé et névrotique du quart-monde favellisé, d’un imaginaire tiers-mondiste « bolly-woodisé ». Il n’y a plus de grand métarécit européen faute de diégèse authentiquemment européenne. La « mimesis vidéosphérique » occidentale dévoile, déshabille, montre et remontre dans l’excès de transparence. Loin des rivages de l’Hellade, Hestia s’est trouvé un nouveau foyer sur les bords de Brooklyn, aussi banal et anonyme que les milliers d’« excréments existentiels » qui jonchent les rivages de Long Island.

    Que faire ? Hestia devra-t-elle chevaucher ce nouveau paysage extrême-occidental, c’est-à-dire faire en sorte que ce paysage devienne le centre de l’aventure d’une nouvelle extension métaidentitaire ? Faire l’expérience d’une nouvelle déconstruction identitaire par « l’archipélisation » ? La tâche de Hestia est celle du poète qui s’efforce de diffuser la totalité dans son lieu, trouver et inscrire « l’Ailleurs » dans « l’Ici ». Faire d’un territoire hostile et rival un lieu commun. Le génie « européen » qui avait pensé sensiblement le monde, qui l’avait dompté et conquis en l’accaparant dans la raison instrumentaire et intelligible avait fini par être consumé par la res cogitans occidentale, un « Nouveau monde » qui l’avait pulvérisé dans la sphère de l’intelligible et la surreprésentation excessive. En un mot l’esprit européen avait lui-même enfanté une image criminelle de lui-même. Et si c’était vrai ? Si l’Occident n’avait été que ça : un crime contre l’imaginaire ? S’il n’était rien d’autre qu’une machine à sublimer qui n’a cessé de servir le plus sournois des cultes de la représentation et de la raison discursive ? L’Occident en tant que processus de désenchantement irréversible ?

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  • La candidate du puritanisme éthique...

    La candidate du puritanisme éthique ?... Vous l'avez reconnue, cette candidate aux présidentielles de 2012, c'est Eva Joly... Et Philippe Bilger ne la rate à la suite de sa sortie grotesque sur le 14 juillet... Le texte est tiré de son blog Justice au singulier.

     

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    Eva Joly est dangereuse

    La mort, le deuil et les absurdités.

    J'en veux beaucoup à Nicolas Hulot, qui a fait gagner Eva Joly à force de maladresses politiques tellement ostensibles qu'elles apparaissaient délibérément suicidaires. Puisque la meilleure, Cécile Duflot - encore remarquable il y a quelques jours sur France Inter -, désirait passer son tour, on aurait préféré, pour le combat présidentiel, cet homme plutôt que cette femme, ce Français plutôt que cette Franco-Norvégienne, le maniement de notre langue plutôt par celui-là que par celle-ci, la culture et l'histoire de l'un plutôt que celles de l'autre.

    Parce que Marine Le Pen s'est étonnée à plusieurs reprises de la légitimité de cette candidate - si François Bayrou avait cédé à ses exigences, elle serait aujourd'hui au MoDem ! -, je sais qu'il est interdit d'enfourcher la même monture (jdd.fr). Il n'empêche que la dernière "sortie" d'Eva Joly remet dans le débat cette question lancinante. Ne faudrait-il pas soumettre les candidats à l'élection présidentielle aux mêmes apprentissages et épreuves que ceux qu'on impose aux étrangers désirant séjourner durablement dans notre pays ?

    Eva Joly a annoncé qu'elle supprimerait le défilé militaire du 14 juillet pour le remplacer par un défilé citoyen si la démocratie française tombait sur la tête et l'élisait (lefigaro.fr). Il n'y a pas de quoi s'indigner. C'est plutôt pathétique, comme l'a souligné à juste titre Henri Guaino. Cette intention, qui se veut provocatrice, est surtout ridicule et démagogique. Elle flatte la pente facile du pays et croit jouer sur du velours alors s'elle s'exprime sur du sang versé et un courage au quotidien dont nous ferions bien de nous inspirer dans nos missions civiles. Je ne doute pas une seconde que certains applaudiront Eva Joly, persuadés qu'on est profondément française parce qu'on a su placer en détention provisoire des puissants ou prétendus tels et qu'on a le culot, en pleine tragédie internationale, de lancer, pour voir en quelque sorte, un brûlot bête et méchant.

    Je parie aussi que l'avenir nous confrontera de sa part à d'autres inepties du même type. Il est évident qu'elle ne cessera de nous menacer d'un puritanisme éthique qui est aussi éloigné de la morale publique que j'appelle de mes voeux, que la République d'une authentique liberté d'expression. Je crois également ne pas me tromper en prévoyant des médias aussi enivrés par l'autorité et le simplisme de cette personnalité atypique qu'ils l'ont été dans les portraits qu'ils lui ont consacrés à foison sans que jamais ils aient osé introduire de la réserve et de la critique dans la relation d'un parcours professionnel qui les aurait justifiées.

    Parce que  je ne rêve pas, comme elle, d'une présidence "des accents et du sang mêlé" - quel conformisme rentable !- pas plus qu'ambiguë dans ses choix, ses fonctions ici ou là et ses inclinations, qu'on ne vienne pas m'opposer que je serais un suppôt du racisme. Je ne fantasme sur aucune pureté française ni ne m'enivre d'un quelconque "pétainisme". Je n'ai pas le moindre goût pour les expulsions gratuites. Je ne veux pas vider la France de ceux qui l'aiment et la respectent. Les étrangers, de quelque nationalité qu'ils soient, nous honorent grâce à leur présence quand ils honorent la France et ses valeurs. Je me contente seulement d'aspirer à un président de la République qui serait français sans équivoque ni confusion et dont la première mesure ne serait pas de porter atteinte à une date, à un symbole, à l'histoire de notre pays.

    Ce serait la moindre des choses, non ?

    Philippe Bilger (Justice au singulier, 15 juillet 2011)

     

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  • Arabesque américaine...

    Les éditions Michel Brûlé viennent de publier Arabesque américaine - Le rôle des Etats-Unis dans les révoltes de la rue arabe, d'Ahmed Bensaada, un essai que son auteur a écrit en exploitant uniquement les sources publiques. Docteur en physique, enseignant à l'université d'Oran et à l'école polytechnique de Montréal, Ahmed Bensaada, qui est algérien, collabore aussi régulièrement au quotidien d'Oran.

     

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    "Égypte, Tunisie, Lybie, Maroc, Algérie, Jordanie... Des marées humaines ont défilé dans les rues de plusieurs pays arabes depuis janvier, maniant avec véhémence une parole si longtemps confisquée, arborant une dignité outrageusement bafouée. Ces scènes étaient impensables il y a quelques mois à peine. En peu de temps, des lieux urbains très communs ont servi d'exutoire à une colère si longtemps refoulée que son débordement a provoqué la chute de régimes jugés immuables. S'il n'y a rien de plus émouvant que de voir un peuple recouvrer sa liberté après avoir subi le joug du despotisme et retrouver sa fierté après des années d'humiliation, le modus opérandi de ces révoltes, leurs conséquences sur la vie politique actuelle et la gesticulation singulière de la diplomatie américaine qui les a entourées nous laissent perplexes. Un vent de liberté souffle, mais d'où souffle-t-il donc? Remaniements ministériels, emploi des nouvelles technologies, battage médiatique... Le présent ouvrage se veut une étude, la plus objective possible, sur le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe."

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