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Métapo infos - Page 1459

  • Le début de la fin...

    Les éditions Xénia publient cette semaine Le début de la fin et autres causeries crépusculaires, un ouvrage d'Eric Werner, qui reprend la forme adoptée dans Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008). Eric Werner, qui colabore fréquemment à la revue Eléments, est l'auteur de plusieurs essais comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998), L'après-démocratie (L'Age d'Homme, 2001) ou plus récemment Douze voyants (Xénia, 2010). 

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    "Le déclin de la démocratie se manifeste en premier lieu par le recul de la liberté d'expression. De plus en plus de vérités sont réservées à la sphère privée et confidentielle.

    Eric Werner a donc conçu des «microdialogues» exprimant la nature du régime sous lequel nous vivons. C'était tout le propos de son livre Ne vous approchez pas des fenêtres.

    Le début de la fin est la suite de ce projet. Le lecteur retrouve ici la plupart des personnages qui apparaissaient déjà dans le premier volume: l'Ethnologue, bien sûr, mais aussi l'Avo­cate, l'Auteur, le Cuisinier, l'Etudiante, l'Auditrice, le Collé­gien, etc. En fond de tableau, la crise de la gouvernance néolibérale, telle qu'elle se décline aujourd'hui au triple plan économique, écologique, et bien sûr aussi politique.

    Sous cette forme élégante et insidieuse, Eric Werner nous livre une réflexion profonde et inquiétante de lucidité sur le monde tel qu'il est en 2012.

    « Bref, dirais-je, les discussions privées sont la forme que prend aujourd'hui la démocratie. La démocratie, à notre époque, se joue principalement sur les marges de ce qu'on appelait autrefois la démocratie. Sur ses marges, ou encore son pourtour... »"

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  • Zarathoustra 2.0 ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thomas Jamet, cueilli sur le site Influencia. Thomas Jamet est l'auteur de Ren@issance mythologique - L'imaginaire et les mythes à l'ère digitale (Bourin, 2011), un essai très inspiré par les travaux de Michel Maffesoli...

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    Zarathoustra 2.0

    L’époque est à la décadence. Un mouvement marquant la fin de toutes les civilisations. Un moment où le sens est dépassé par la règle. Et où l’imaginaire cherche à renaître à grands cris.

    Rappelons-nous de ce livre fondateur de Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra ». Dans cet ouvrage qui se voulait comme un évangile, Friedrich Nietzsche livre une parabole puissante et éclairante toujours valide sur notre rapport au monde. L’ouvrage raconte l’histoire de Zarathoustra qui est resté dix ans reclus à méditer. Quand il se résout à quitter son ermitage et à rompre sa solitude pour s’adresser au peuple, il s’aperçoit avec horreur et consternation que les hommes n’ont qu’indifférence pour son projet et revendiquent et réclament à grands cris leur médiocrité.

    En leur apprenant la fameuse formule de la « mort de Dieu », Zarathoustra entend lutter contre la « décadence » et contre l’essence de la crise mortelle dont le monde est frappé. La célèbre formule, « Dieu est mort » ne signifie pas l’annonce de l’athéisme, elle entend dire que l’angoisse du néant est bel et bien installée. La mort de Dieu dénonce la dévaluation universelle des valeurs, qui plonge l’humanité dans l’angoisse de l’absurde en lui imposant la certitude désespérante que plus rien n’a de sens. La décadence s’est installée et aussi le dérèglement des instincts. La raison a été érigée en despote sous le couvert de l’impératif moral et de la foi. Les faibles ont réussi à contaminer les forts grâce au contrôle de l’éducation et de la raison camouflée sous une soi-disant « amélioration morale » de l’homme. La raison a travaillé à le domestiquer, à transformer des natures énergiques et passionnées en bêtes de somme dociles. 

    La prémonition de Zarathoustra était juste : pendant des siècles le monde a laissé de côté le mythe / muthos (le récit) au profit de la logique / logos (la raison). Enfants de Descartes, fruits de la modernité, disciples de la science, nous avons dévalorisé nos instincts primitifs. En conquérant la technique, nous avons en quelque sorte démythisé nos existences. La science a voulu tout expliquer. La médecine a voulu tout rationaliser.

    Mais le monde change, et l’imaginaire reprend ses droits, grâce au digital. Et c’est là toute l’essence de la transformation actuelle du monde ; un changement de paradigme, un retour à l’émotion, à l’affect. Les technologies digitales, plus centrées sur l’humain, l’imaginaire, et moins la technique sont en train de faire naître de manière accélérée des comportements sociaux centrés sur l’imaginaire et guidés par le non rationnel : émotion, gamification, diffusion de mèmes, tendances culturelles comme le seapunk, communautés, rassemblements…

    La crise accélère certainement ce phénomène en ce qu’elle accélère les mutations, vers un nouveau monde, forcément différent. Le rêve de Zarathoustra est toujours valide : la guerre entre le rationnel et l’émotion fait toujours rage. Mais le digital ouvre un nouveau pan et le XXIème siècle sera émotionnel ou ne sera pas. Nieztsche avait raison.

    Thomas Jamet (Influencia, 19 septembre 2012)

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  • La bureaucratisation du monde...

    Les éditions La Découverte viennent de publier La bureaucratisation du monde à l'ère néolibérale, un essai de Béatrice Hibou. Directeur de recherches au CNRS, Béatrice Hibou est déjà l'auteur d'un autre  essai intitulé Anatomie politique de la domination.

     

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    "Nos sociétés modernes sont victimes d'un envahissement croissant de la vie professionnelle et quotidienne par la bureaucratie. Comment qualifier autrement l'exigence toujours croissante de papiers, fussent-ils numériques ? Et que dire de la confrontation incessante avec des procédures formelles pour avoir accès au crédit ou à un réseau informatique, pour louer un logement, noter des banques ou bénéficier de la justice ? Ou encore du besoin de respecter des normes pour que les comptes d'une entreprise soient certifiés ou qu'un légume soit qualifié de biologique ? Au point de rencontre entre Max Weber et Michel Foucault, Béatrice Hibou analyse les dynamiques politiques sous-jacentes à ce processus. La bureaucratie néolibérale ne doit pas être comprise comme un appareil hiérarchisé propre à l'Etat, mais comme un ensemble de normes, de règles, de procédures et de formalités (issues du monde de l'entreprise) qui englobent l'ensemble de la société. Elle est un vecteur de discipline et de contrôle, et plus encore de production de l'indifférence sociale et politique. En procédant par le truchement des individus, la bureaucratisation ne vient pas "d'en haut", elle est un processus beaucoup plus large de "participation bureaucratique". Pourtant, des brèches existent, qui en font un enjeu majeur des luttes politiques à venir."

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  • Le retour du diable ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent article de Pierre-André Taguieff, cueilli sur Tak et consacré à la diabolisation systématique de la droite par la gauche...

     

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    Droite : le retour du diable

    Dans le débat public, en France tout particulièrement, on observe une singulière surenchère dans les désignations de « l’extrémisme », du moins lorsqu’on parle de l’extrémisme « de droite ». Ces désignations se sont banalisées : « l’extrême droite radicale », « la plus extrême droite », « à l’extrême droite de l’extrême droite », etc. En un mot : dans le genre du discours de dénonciation, les professionnels du « plus à droite, tu meurs… » se multiplient parmi les commentateurs de « l’actualité politique ». Il semble s’agir pour eux de rivaliser en intensité dans la dénonciation du « pire ». L’extrémisation de l’extrême est la matrice d’un véritable lieu commun du discours politique contemporain, d’un toposde la rhétorique politique ordinaire.

    Mais, soulignons le fait, l’exercice paraît strictement réservé au traitement des habitants malheureux des terres « de droite » ou considérées comme telles – avec leurs invités privilégiés : les « nationalistes »,toujours en passe de devenir ce qu’ils sont (supposés être), des « ultra-nationalistes ». Ce qu’on appelle « l’extrême gauche » fait partie au contraire du paysage politique normal, et n’inquiète personne : le phénomène s’est folklorisé, même s’il peut rapporter de confortables sinécures (au Sénat ou au Parlement européen). L’extrémisation polémique peut s’opérer simplement par l’usage de l’expression stigmatisante : « à droite de la droite »1.

    De la droite à l’extrême

    Dès lors, la « droitisation » de la droite n’est rien d’autre que son extrémisation. Elle reste cependant elle-même : la droite, même radicalement « droitisée », ne sort pas de sa catégorie. Un homme de droite est toujours soupçonné d’être en cours de « droitisation »,nouveau nom de la menace vue de gauche et catégorie attrappe-tout2.

    Rien n’est pire, aux yeux des « paniqueurs » professionnels de gauche, que ce qu’on appelait naguère la « droite décomplexée », c’est-à-dire la droite osant être elle-même. Et, comme le diable, la « droitisation » est « polymorphe », elle multiplie les masques, elle paraît ce qu’elle n’est pas et n’est pas ce qu’elle paraît. Naissance d’un mythe répulsif. Par ailleurs, le passage à droite n’est pas un passage comme les autres : il marque le téméraire voyageur politique d’une tache indélébile. D’un acteur politique ou d’un intellectuel, on rappelle qu’il a été, dans sa jeunesse,« très à droite ». Il devient par là même suspect : on suppose qu’il a été imprégné d’une façon fatalement « durable » par son engagement « très à droite » de jeunesse. Un « très » qui est par nature un « trop ». Ce« péché de jeunesse » demeure comme une souillure. Être à droite, c’est toujours être trop à droite.

    La logique du pire repose ici sur la thèse selon laquelle la droite, par une malédiction tenant à sa nature, est vouée à être toujours plus à droite, à aller toujours plus loin à droite, à dériver toujours plus extrêmement à droite, vers la droite – donc vers elle-même. Être elle-même, pour « la droite », ce serait être extrême. Son être authentique serait son être extrémiste. Soit le summum du politiquement répulsif. Et tout individu « de droite » serait voué à un fatal retour à soi, c’est-à-dire à sa nature intrinsèquement droitière. Appartenir à « la droite », c’est appartenir à une « famille politique » ou « idéologique », comme on dit. Certains experts reconnaissent qu’il s’agit d’une « famille idéologique complexe et diversifiée »3. Mais « l’extrême droite » est aussi, pose-t-on, une « famille idéologique » qui s’inscrit dans un vaste espace « familial », celui des droites ou de « la droite ». Cette catégorisation revient à une malédiction. Il s’agit d’une « famille politique » maudite, qui contamine tout ce qu’elle touche, et souille par simple contact. La contagion est attribuée à « la famille » comme aux « sous-familles ». Dire que « la droite » et « l’extrême droite » ont des points communs, des thèmes communs ou des frontières communes, qu’elles « partagent des valeurs » ou s’imitent l’une l’autre, c’est diaboliser « la droite ».

    Les mythes fondateurs de l’antifascisme

    Pour comprendre la force de cette diabolisation, il faut considérer de près les mythes constitutifs de ce qu’il est convenu d’appeler « l’antifascisme », qui s’est défini vers le milieu des années 1930, à l’initiative de la propagande soviétique, comme machine de guerre idéologique contre le national-socialisme. L’antifascisme d’origine soviétique est devenu banal dans les démocraties occidentales, il s’est diffusé, après la Seconde Guerre mondiale, dans le champ tout entier des opinions et des croyances.

    L’imprégnation antifasciste a modelé l’esprit public, affectant les droites comme les gauches, et, en conséquence, contribuant à effacer le clivage droite/gauche4. C’est là ce qui explique le fait que le comble de l’horreur, dans les représentations sociales des démocraties contemporaines, a un titulaire indétrônable : Adolf Hitler. Si Hitler et le nazisme incarnent l’horreur politique même, l’horreur maximale, et plus précisément le pire dans l’ordre de l’extrémisme de droite, ils peuvent jouer le rôle d’un critère d’identification et de classement : les « extrémistes » vont dès lors être situés selon leur plus ou moins grande proximité vis-à-vis de l’hitlérisme ou du nazisme. Mais certains débatteurs vont plus loin : ils vont au-delà de la simple nazification, et accusent leurs ennemis d’être pire qu’Hitler. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la notion est difficile à concevoir : comment être pire que le Mal absolu ? Et, pourtant, ce qu’il faut bien appeler l’ultra-nazification existe et persiste dans les âmes et dans les mots.

    On a parfois l’impression que les « spécialistes de l’extrême droite », diplômés ou non, sont des disciples du personnage joué par le sémillant Christian Clavier dans le film de Jeannot Szwarc, La Vengeance d’une blonde (1994) : le héros très agité de cette comédie, présentateur de journal télévisé, après avoir été enlevé par une bande de néo-nazis d’opérette, les décrit à son épouse incrédule comme situés « à l’extrême droite d’Hitler ». Donc pire que le pire : l’horizon indépassable de l’horreur contemporaine est ainsi repoussé. On ne saurait dire mieux, ni suggérer pire. Toujours plus fort ! La frénésie polémique est sans limites. Les indignés délateurs s’appuyant sur une historiographie de militants d’extrême gauche, ne voyant l’extrémisme que chez ceux d’en face, l’exercent dans leurs étiquetages du Mal. Il y a là une bouillie conceptuelle engendrée par la rencontre d’une historiographie policière (se contentant de ficher et de dénoncer avec indignation), d’un esprit militant manichéen et d’une formation intellectuelle insuffisante – on hésite entre deux diagnostics : degré zéro de la réflexion méthodologique ou ignorance des problèmes épistémologiques élémentaires. Le moralisme de l’indignation outrancière remplace la réflexion. Au cri d’indignation ou d’horreur s’ajoutent souvent la condamnation morale en guise d’analyse et la dénonciation édifiante en guise d’épistémologie.

    La confusion intellectuelle

    Les formules creuses font bon ménage avec la confusion intellectuelle, dans tous les camps. Dans l’idéologie gauchiste hexagonale, Le Pen étant tenu pour une réincarnation d’Hitler, la reductio ad Lepenum va de soi. Le directeur-adjoint de Libération, Sylvain Bourmeau, dont on regrette qu’il n’ait pas joué un rôle, même mineur, dans La Vengeance d’un blonde, a ainsi jeté l’anathème sur l’écrivain Renaud Camus, en déclarant qu’on pouvait le « classer à la droite de Jean-Marie Le Pen ». Pire que le pire, encore une fois : déjà, en 2000, Laure Adler, alors directrice de France Culture, aurait déclaré que Renaud Camus était « pire qu’Hitler5« .Donc pire que le diable. Il s’agissait bien là d’un acte de baptême sataniste : proférer l’insulte rituelle maximale, une insulte ultra-nazifiante, c’est inventer une nouvelle chimère politique, c’est faire naître un nouvel ultra-extrémiste de droite, un être à peine nommable, mais point du tout pensable. Simplement dénonçable. La diabolisation est ici à son comble.

    Simplifions le tableau de la logique antidroitiste, ultime rejeton de l’antifascisme stalinien, devenu la pensée commune des gauches : l’axiome est que la droite est maudite ; la loi d’évolution est qu’en raison de sa nature, la droite est vouée à se développer sur le mode d’une (auto-)extrémisation sans limites, comme extrême droite, puis extrême extrême droite, à l’infini. Un infini horrifique dont l’expression « à l’extrême droite d’Hitler » donne une idée. « À la droite de Satan » représente une formule alternative, à la Taxil6. Et l’on sait qu’après bien des voyages imprévus, le diable est revenu par « la gauche », au fur et à mesure que celle-ci s’est vidée de son sens, en même temps que la « distinction fossile7«  dans laquelle elle prenait place. Ses projets d’émancipation et de justice sociale s’étant soit banalisés par leur réalisation même (l’État-providence), soit transformés en chimères dangereuses eu égard aux dictatures totalitaires qui s’en sont réclamé, « la gauche » est devenu un champ de non-attraction symbolique. N’ayant rien à proposer qui n’existe déjà ou n’ait déjà échoué, « la gauche » ne peut exister sans se donner des ennemis diaboliques, définis exclusivement par un ensemble de traits négatifs. Elle tient son semblant d’existence des ennemis chimériques qu’elle s’invente et à l’existence desquels, fascinée par ses propres créations, elle finit souvent par croire. Ces ennemis fictifs sont de nature satanique. « L’extrême droite », c’est la droite luciférienne de la nouvelle « Bonne Presse ». Face aux possédés, seul l’exorcisme est de rigueur. Dans un premier temps, l’anathème et l’imprécation sont recommandés.

    Il ne faut pourtant pas s’en tenir au simple constat que la bêtise ou le vide est à gauche, voire de gauche, et, pour retourner le compliment, qu’elle n’atteint ses sommets que dans une gauche devenue pleinement elle-même, c’est-à-dire extrême. La gauche est simplement elle-même dans son imagination polémique, lorsqu’elle fait naître ou renaître des fantômes, se nourrissant pour survivre de récits d’épouvante peuplés de personnages répulsifs, dits « d’extrême droite » ou « de droite extrême ». Face à la menace, elle s’érige en « barrage » : le diable ne passera pas, réaffirme-t-elle. Le plus surprenant dans l’affaire, c’est que l’opération continue de marcher. Le diable reste à la porte. Seuls quelques diablotins pénètrent par le trou de la serrure. La politique n’a point cessé de relever de la magie.

    Pierre-André Taguieff (Tak, 31 juillet 2012)

     

    1. Philippe Vervaecke (éd.), À droite de la droite. Droites radicales en France et en Grande-Bretagne au XXe siècle, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2012. Cet ouvrage collectif vaut mieux que son titre-slogan, et donne à lire quelques excellentes études. 
    2. La catégorie polémique fourre-tout est ainsi présentée par deux jeunes essayistes socialistes, Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin : « Ce que nous appelons “droitisation” n’est pas la victoire des droites d’hier, mais un phénomène autre, nouveau, lié à la peur du déclassement de l’Occident, qu’il soit européen ou américain. Diffus, parfois contradictoire, ce phénomène a pris une ampleur toujours plus grande. Occidentalisme, identitarisme, islamophobie en constituent des traits caractéristiques dont le degré de sophistication évolue évidemment selon les publics » (Voyage au bout de la droite. Des paniques morales à la contestation droitière, Paris, Mille et une nuits, 2011, p. 10). 
    3. Jean-Yves Camus, « L’extrême droite : une famille idéologique complexe et diversifiée », La Pensée et les Hommes, n° 68, juin 2008. 
    4. Voir Pierre-André Taguieff, Les Contre-réactionnaires. Le progressisme comme illusion et imposture, Paris, Denoël, 2007. 
    5. Sur ce qu’il convenu d’appeler « l’affaire Renaud Camus », ou plus exactement la première en date (printemps 2000), provoquée par quelques lignes de son journal de 1994, La Campagne de France (Paris, Fayard, 2000), voir notamment le témoignage de Claude Durand, Avant-propos assorti de quelques matériaux et réflexions pour une étude socio-médiologique de l’“affaire Camus” (juin 2000) ; Pierre Péan et Philippe Cohen, La Face cachée du Monde. Du contre-pouvoir aux abus de pouvoir, Paris, Mille et une nuits, 2003, p. 364-370 ; et l’interview d’Alain Finkielkraut, in Ralph William Sarkonak, Les Spirales du sens chez Renaud Camus, Amsterdam et New York, Éditions Rodopi, 2009, pp. 273-290. 
    6. Docteur Bataille (pseudonyme), Le Diable au XIXe siècle ou les mystères du spiritisme. La franc-maçonnerie luciférienne, Paris et Lyon, Delhomme et Briguet, 1895, 2 vol. 
    7. Jean Baudrillard, De l’exorcisme en politique… ou la conjuration des imbéciles, Paris, Sens & Tonka, 1998, p. 20. 
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  • Les expulsés...

    Les éditions Flammarion viennent de publier Les expulsés, une étude historique de l'historien américain R. M. Douglas consacrée à la gigantesque opération d'épuration ethnique menée entre 1945 et 1947 par les soviétiques, avec la connivence des puissances occidentales, et destinée à débarrasser l'Europe de l'est de toute présence de populations d'origine allemande. Cet ouvrage, qui vient compléter Le livre noir de l'expulsion (Akribéia, 2002), de l'historien allemand Heinz Nawratil, resté relativement confidentiel, permettra au grand public de découvrir un pan de l'histoire contemporaine largement occulté dans les livres d'histoire de la seconde guerre mondiale.

     

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    "Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe a été le théâtre d'un transfert forcé de population à très grande échelle : des millions d'Allemands qui vivaient en Tchécoslovaquie, en Hongrie et en Pologne, devenus indésirables dans ces pays durement éprouvés par les ancrées de domination nazie, ont été délogés de leurs foyers et envoyés vivre parmi les ruines du Reich. Ces expulsions, qui se sont déroulées entre 1945 et 1947, ont été organisées par les autorités des pays concernés, avec l'aide des gouvernements britannique, soviétique et américain qui pilotaient alors la reconstruction de l'Europe. 

    Elles ont concerné entre 12 et 14 millions de personnes, en majorité des femmes et des enfants, et ont été menées avec une telle brutalité qu'elles ont fait de nombreuses victimes : au moins 500 000 expulsés sont morts dans les camps de transit où on les avait rassemblés, pendant les trajets, ou à leur arrivée en Allemagne, épuisés, affamés et sans abri. Cet épisode tragique s'est déroulé au grand jour, sous les veux de dizaines de milliers de journalistes, diplomates, travailleurs humanitaires et observateurs divers.
    Ses répercussions sont encore visibles dans l'Europe et dans le monde d'aujourd'hui. Pourtant, hors d'Allemagne, il est presque complètement oublié. C'est cette lacune historique que ce livre entend combler."

     

     

     

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  • Rideaux de fumée ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Slobodan Despot, cueilli sur son blog Despotica et consacré aux campagnes hystériques contre le tabagisme... Slobodan Despot est le directeur des éditions Xénia, qui ont, notamment, publié les derniers ouvrages d'Eric Werner.

     

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    Rideaux de fumée

    De toute ma vie, je n’ai jamais grillé une seule cigarette. Il m’est répugnant de voir ou de toucher un mégot. A ma connaissance, seul l’ayatollah Khomeiny manifestait une horreur du tabac comparable à la mienne.

    Adolescent, j’ai vu mes camarades se mettre à fumer pour la pire des raisons : le conformisme social. Le tabac n’est qu’une fumigation nauséabonde à laquelle on cède sans plaisir, pour faire comme les autres. Les mille additifs/addictifs concoctés par l’industrie se chargent ensuite de transformer les jeunes moutons en vaches à traire.

    Ceci pour attester que ce qui suit n’est pas sponsorisé par ladite industrie.

    Jusqu’à l’âge de trente ans, j’ai dû endurer la fumée sans piper mot. Cette peine est désormais remplacée par une autre : devoir supporter un conformisme contraire encore plus arrogant.

    Sachez donc, tabagistes traqués, que ma maison vous est ouverte. Personne n’y sera relégué sur le balcon. Les brassards jaunes et les crécelles pour lépreux, très peu pour moi !

    La traque à la fumée est symptôme d’une préoccupante folie. Toutes les dérives totalitaires, sans exception, partent d’un souci d’hygiène et de pureté morale, et prospèrent sur des hallucinations.

    Dans le beau film sur « Le mystère Silkwood » (1983), traitant des crimes de la mafia nucléaire, un Kurt Russell goguenard dit à Meryl Streep, dénonciatrice des empoisonneurs mais qui aligne clope sur clope : « Si tu veux éviter le cancer, arrête plutôt de fumer ». Il y a trente ans déjà, la nocivité du tabac était un lieu commun, mais qu’on traitait sur le mode nonchalant. Sa récente montée en épingle n’est pas une question de santé, mais d’idéologie.

    Tout est affaire de probabilités, ou plutôt de leur interprétation. La généralisation du tabagisme correspond aussi, en Occident, à l’explosion de l’espérance de vie moyenne : en conclura-t-on que le tabac prolonge la vie ? Par ailleurs, même une probabilité de 99,99 % ne vous garantit pas qu’une chose va arriver. Or le principe de précaution, qui transforme notre société en un hospice infantile, traite un risque comme une certitude dès le plus infime degré de probabilité. On en arrive ainsi, par un remarquable obscurcissement mental, à traiter le tabac comme du plutonium. La moindre inhalation serait potentiellement mortelle !

    Le cordon sanitaire tendu autour de ce vice bénin est lui-même un rideau de fumée. Si le tabac était du plutonium, il faudrait l’interdire. Or on en est loin. On l’utilise comme arme pour culpabiliser et conditionner la population. La focalisation sur des enjeux secondaires tels que le tabac ou le terrorisme permet de rogner les libertés sans opposition et sans risque. Pendant ce temps, la dissémination massive d’uranium appauvri, les incidences suspectes de l’électrosmog ou de certains vaccins sur le métabolisme sont totalement ignorés.

    Une consolation toutefois : nous assistons à une prolifération rapide des cancers — sans cause apparente selon les autorités. Lorsqu’ils toucheront plus de la moitié de la population, au moins saurons-nous que ce n’est pas à cause du tabac !

    Slobodan Despot ( Despotica, 22 septembre 2012)

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