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Métapo infos - Page 1384

  • National-bolchévisme et néo-eurasisme...

    Nous vous signalons la parution cette semaine aux éditions Mare & Martin de National-bolchévisme et néo-eurasisme dans la Russie post-soviétique, un essai de Véra Nikolski. Chercheur en sciences politiques, l'auteur est chargée de cours à l'université Panthéon-Sorbonne à Paris.

     

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    " Si le champ politique russe étonne et fascine, c’est entre autres parce qu’il donne à voir des idéologies exotiques et des mouvements politiques radicaux sans équivalent immédiat en Occident. Dans le sillage de l’histoire sociale des idées politiques, retracer la carrière militante des théories national-bolchevique et néo-eurasiste dans la Russie contemporaine implique de s’intéresser à la genèse des nouveaux clivages au moment de l’effondrement de l’URSS, puis à leur transformation sous la présidence de Boris Eltsine et de Vladimir Poutine.

    C’est à la faveur de la crise qui entoure 1991 – dans laquelle se trouve reconfiguré l’ensemble des positions et des discours idéologiques, notamment nationalistes – que des acteurs aussi atypiques que le philosophe autodidacte Alexandre Dugin et l’écrivain sulfureux Édouard Limonov ont pu devenir des figures politiques, promoteurs d’une doctrine patriotique radicale et hétérodoxe.

    Le jeu de leurs trajectoires croisées dans un contexte d’allégeances fluctuantes explique alors que ces idées se retrouvent, dans les années 2000, mobilisées par deux groupuscules militants – le Parti national bolchevique (NBP) et l’Union eurasiste de la jeunesse (ESM) – au service de deux objectifs contraires : l’opposition et le soutien au pouvoir en place. On suit ainsi sur cet exemple la façon dont se dessinent, dans l’interaction entre destins individuels et changements historiques, les frontières du possible en politique. "

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  • Sur l'individualisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un court entretien donné par Alain de Benoist le 6 juin 2013 au Gruppo Opifice, groupe métapolitique de Cagliari, en Sardaigne, au cours duquel il revient sur la question de l'individualisme...

     

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  • L'antiracisme, prothèse de l'idéologie dominante...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte incisif de Robert Redeker, cueilli sur le blog de cet auteur et consacré à la mascarade antiraciste...

    Professeur de philosophie, essayiste à l'origine classé à gauche, Robert Redeker vit depuis plusieurs années sous protection policière pour avoir publié dans le Figaro un texte hostile à l'islamisme.

     

     

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    L'antiracisme est une prothèse destinée à donner une illusion qui comble le vide politique. Il distille à ses intoxiqués l’illusion de la politique. Ce vide est aussi bien l'effet du temps, de l'usure de l’histoire, que d'une volonté fataliste : en finir avec les idéaux de la gauche et leur substituer une sorte de substitut ludique. L’antiracisme est un opium qui laisse croire qu'il est une réconciliation de la politique et de la morale. Alors qu'il n'est ni l'une ni l'autre, ni bien sûr leur synthèse.
    L'antiracisme permet de rejouer la politique. De la simuler. De jouer à la politique. Mais auparavant la politique aura été vidée de tous ses enjeux. D'un certain point de vue le concept marxiste d'idéologie décrit bien à l'antiracisme. D'un autre point de vue, il faut le compléter par celui, issu des écrits de Jean Baudrillard, de simulation. Chez Marx, l’idéologie – le noir barbu de Trêves vise surtout, à travers ce concept, la religion – est le dispositif par lequel la bourgeoisie masque la réalité de ses intérêts derrière les idées abstraites. Mais à la différence de la religion telle que Marx la perçoit, l'antiracisme masque moins des intérêts, qu'il ne conteste pas, qu'une disparition. Au contraire même, aux temps du triomphe de l'antiracisme, les intérêts sont, parallèlement, proclamés haut et fort. L'antiracisme est à la politique ce que le paintball est à la guerre. Il crée dans l'âme des naïfs et des rêveurs l’illusion que continuent d'exister des concepts, des analyses et des projets et des combats politiques, alors que toutes ces choses ont été jetées par-dessus bord.
    Qu'est-ce que la simulation ? Jean Baudrillard en propose une bonne définition : « L'ère de la simulation est ainsi partout ouverte par la commutabilité des termes jadis contradictoires ou dialectiquement opposés ». C'est l'époque mitterandienne qui a inauguré ces commutations, mères de l'âge de la simulation : capitalisme/gauche, argent roi/gauche, luxe/gauche, gestion/gauche. Il y a évidemment, tant qu'on s'en tient à la rationalité, à la dialectique,  une opposition entre la super-caste privilégiée de la galaxie du show business et du sport, voire de la mode, d'une part, et la misère des cités de banlieue, d'autre part. Or, l'antiracisme, pour assurer sa propagande, les rend commutables, chanteurs, rappeurs, acteurs et sportifs (à l'image de Lilian Thuram, de Djamel Debouze, de Joey Starr) passant sans gêne d'un rôle à l'autre, se régalant d'être pris pour des jeunes de banlieue. Alors que la politique, la gauche, l'horizon révolutionnaire, étaient engendrés par la théorie, la pensée, l'antiracisme est engendré par l'univers du show-business et les industries du divertissent. Alors que les réformes sociales (par exemple celles de 1936) étaient imposées par la pression politique des masses, des luttes, des grèves, qui électrisaient toute la société, bref par l’Histoire, les mesures antiracistes sont imposées par le monde doré de la variété, du show-business, du cinéma, de la télévision et du sport, par les industries du divertissement, autrement dit par la simulation parodique de l'Histoire.
    Dans l'index (qui, sous la forme d'un vocabulaire philosophique occupe une quarantaine de pages) de la classique et monumentale Introduction à la philosophie marxiste due à la plume érudite et militante de Lucien Sève , philosophe communiste français officiel, le mot racisme se signale par son absence. Autrement dit, en 1980, le racisme ne passe pas encore pour un problème majeur du côté des marxistes, sans doute de la gauche en général. Aujourd'hui, il suffit d'écouter un responsable politique d'un parti de gauche, de parcourir les colonnes d'un journal de gauche, Libération ou L'Humanité, pour se rendre à l'évidence: les mot « immigré » a remplacé le mot « prolétariat », le mot « antiracisme » a remplacé le mot « communisme », le mot « racisme » a remplacé le mot « anticommunisme », le mot « islam » a remplacé l'expression « conscience de classe ». A l'insu de tous et de chacun, la gauche s'est dissoute dans l'antiracisme. Les mots « racisme », « antiracisme », « immigré », « sans-papiers » remplissent toutes les pages du quotidien communiste L'Humanité alors qu'il y a trente ans cet honneur était réservé au mot « prolétaire ».
    L'antiracisme simule et parodie les luttes sociales, il simule et parodie la gauche. Mais, si l'on sait ce que remplace l'antiracisme, il faut demander auparavant : que remplace ce à quoi dans l'imaginaire dominant l'antiracisme s'oppose, le racisme ? D'abord il se substitue à une réalité métaphysique dont notre temps, à tout le moins en Europe de l'ouest, se refuse à prononcer le nom : le mal. Plus justement : le mal moral. Les sociétés consuméristes et hédonistes, celles dont Herbert Marcuse et Gilles Lipovetsky ont dessiné les traits les plus remarquables, apparues dans le monde occidental à partir des années 60, refoulent l'usage explicite du concept de mal. « Racisme » est le mot qu'elles ont mis en circulation pour dire ce que jadis on appelait le mal moral. Une grande partie des fautes naguère rangées sous la catégorie de mal sont devenues soit anodines soit des qualités. Voici l'envie vantée par la publicité comme une vertu ! La chanson de geste de la luxure inonde les écrans et les gazettes. La trahison, l'infidélité, la perfidie sont, d'écran publicitaire en spot de réclame, de téléfilm en jeu d'avant prime-time, valorisées. La cupidité – gagnez, gagnez... - est élevée au rang de l'exemplarité morale. L'école elle-même enseigne aux élèves des lycées sous couvert de réussir à savoir ce vendre ; autrement dit impose aux jeunes générations un impératif prostitutionnel. Plus : elle laisse entendre que le bien dans la vie collective se résume à une sorte de prostitution généralisée, où tout le monde se vend. Réussir, voilà la seule misérable ambition qu'elle propose aux nouvelles générations ! La dégradation des mœurs – qu'il faut entendre, insistons sur ce point, dans toute sa force inédite : cette dégradation n'est pas le résultat de vices privés, cachés, recouverts par la honte, qui prendraient le dessus en assumant la réprobation qu'elle s'attirerait, non, cette dégradation est voulue, organisée, dirigée parce qu'elle est le moteur de la société de consommation -  a vidé le mot mal de toute sa substance. C'est le souvenir de cette substance, de ce contenu, qui explique qu'un puissant tabou, plus sociétal que social, plane sur le concept de mal, paralysant son réemploi. Jusqu'ici n'existaient dans les sociétés qu'un seul temps durant lequel des conduites tenues pour vicieuses étaient louées comme vertueuses : le temps de la guerre (transformation du crime en vertu à l'origine de la désillusion de Freud devant l'homme). Tuer, violer, torturer, piller, mentir – ces crimes, en époque de suspension de la paix, deviennent dignes de louange. La société de la modernité tardive a inventé de l'inédit : ce n'est plus seulement de loin en loin que le vice devient officiellement vertu, c'est, sous les formes que nous venons d'exposer, en permanence. Sous l'aspect de la morale, la société de consommation est la guerre en temps de paix, elle entretient chez les hommes un état d'esprit de mercenaire sans foi ni loi en période de paix.
    L'antiracisme s'est substitué à l'engagement, à ce que les générations des décennies cinquante, soixante, soixante-dix, appelaient dans le sillage de Sartre l'engagement. Ce que les contemporains de Sartre désignaient sous ce vocable brisait le consensus social dominant. S'engager revenait à vivre dangereusement. De grands risques accompagnaient l’engagement, en particulier ceux de la mise-à-l’écart, de la marginalisation, de la censure. Des événements historiques – comme la guerre d'Algérie – faisaient planer sur l'engagement les menaces de la torture et d’exécution. La censure cherchait aussi àbâillonner l'engagement. Au contraire, jamais depuis que l'antiracisme s'est substitué àl'engagement politique aucune proclamation antiraciste n'a été censurée. Plus : ces proclamations ont toujours été mises en valeur à la fois par les services de l'Etat et par les médias. Elles ont toujours été relayées dans les écoles. L'engagement sartrien, parce qu'il n'était pas de nature parodique, n'a jamais bénéficié de pareilles largesses de la part du système social dominant. Pour s'engager, il fallait accepter de devenir un pestiféré. Le militantisme antiraciste ne court pas de pareils dangers. S'affirmer antiraciste revient à rejoindre le consensus dominant, adhérer à l'idéologie dominante ; s'engager revenait, inversement, à rompre, à divorcer d'avec cette idéologie dominante. Quand l’engagement des années quarante, cinquante, soixante, était âpre, le militantisme antiraciste contemporain est gratifiant, en procurant l'assurance de recevoir des approbations, voire d'être couvert de lauriers. Dans certaines professions, tout spécialement celles qui touchent à l’univers du spectacle, l’antiracisme est un passage obligé pour éviter de disparaître de l'affiche. De même, l'instituteur et le professeur verront leur enseignement couvert de louanges par les autorités académiques et les parents d'élèves s'il se moule dans de la propagande antiraciste. Le militantisme antiraciste est une parodie de ce que l'engagement a été.
    L'antiracisme est le fantôme décharné de ce que fut l'engagement. L'antiracisme vole aussi la place des luttes sociales. Il en usurpe le souvenir. Dans les années trente du siècle dernier la notion de classe est sortie victorieuse de son affrontement avec la notion de race. Après la seconde guerre mondiale, toute l'attention s'est focalisée sur la lutte des classes, à tel point que le concept de révolution, dans son acception marxiste, régnait sans partage sur les consciences. Les grandes idées de la gauche – transformation de la société à partir de la destruction de l'inégalité liée à la propriété, modification des rapports de production, etc...- ont été portées par des mouvements collectifs, des « masses-en-fusion » aurait dit Sartre, des révolutions (1848, 1917, la Commune de Paris, 1936, Budapest 1956), des partis politiques, des syndicats. L’antiracisme, lui, qui a pris le relais après l’évanouissement du projet révolutionnaire, est porté par le show-business. Avec beaucoup de cynisme, ce dernier s'est installé sans vergogne à la place du peuple. Il aime à parader dans le rôle de moteur du progrès moral, à condition que celui-ci ne risque pas de se muer en revendication de  progrès social. Il lui vole la parole au peuple, il parle à sa place, il donne des leçons à sa place, des leçons de moraline ! Le show-business souffle à l'oreille du peuple ce qu'il faut penser : non que l'inégalité et les privilèges, l'exploitation abusive du travail d'autrui, c'est mal, mais que le racisme est le plus grands de tous les maux. L’antiracisme replace au centre des débats la notion qui avait été, par la gauche, écartée au profit de la notion de classe, la race. C’est pourquoi, viagra politique de la gauche, l'antiracisme occupe, sur un mode aussi parodique que stérile, la place qui fut naguère celle de lutte des classes.
     

    Robert Redeker (Quand Redeker eut les cinquante-neuf ans, 10 août 2013)
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  • Voyage à la Mecque...

    Les éditions Glénat viennent de publier, dans leur nouvelle collection Explora, le deuxième tome d'une série de bande-dessinée intitulée Captain Sir Richard Francis Burton, qui a pour dessinateur Lionel Marty et pour scénaristes Christian Clot et Alexis Nikolavitch. Après Vers les sources du Nil, les auteurs reviennent dans Le voyage à la Mecque sur l'expédition secrète qu'avait entreprise Burton vers la ville sainte de l'islam...

     

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    " Ce volume nous emmène avant l’expédition de Burton aux sources du Nil. Après un scandale au Pakistan, il est contraint de quitter les Indes. Il décide alors d’entreprendre le pèlerinage à La Mecque, pour rapporter à la Société royale de géographie des données alors indisponibles : la localisation même de la ville sainte était encore inconnue en Occident. Burton se fait passer pour un derviche, puis pour un médecin afghan. Il est infiltré en profondeur mais court le risque d’être massacré s’il est reconnu comme Occidental, d’où une franche ambiance de paranoïa... Dans un dessin plus dynamique et caractéristique, voici le deuxième opus relatant l’incroyable vie du capitaine Richard Francis Burton, héros et mouton noir de l’Angleterre victorienne ! "

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  • Quelques idées remises à l'endroit (2)...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Nicolas Gauthier et publié sur Boulevard Voltaire. Alain de Benoist y évoque la solidarité, les valeurs et le totalitarisme...

     

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    Solidarité sans solidarités ? Celle dont tous les médias parlent, mais qui autorise aussi à attendre deux mois avant de s’apercevoir que la voisine d’à côté est en train de pourrir sur son lit…

    C’est que le terme a changé de sens. Les solidarités anciennes étaient des solidarités organiques, qui s’exerçaient avant tout dans un cadre familial et communautaire élargi. Elles se fondaient donc sur la proximité, et aussi sur la réciprocité. Elles relevaient de la logique traditionnelle du don et du contre-don, dont on sait depuis Marcel Mauss que la règle tenait dans un triple impératif de donner, de recevoir et de rendre. La montée de l’individualisme libéral, liée à l’ascension d’une philosophie des Lumières désireuse de faire du passé table rase (en fonction du principe traditions = superstitions), a entraîné la désagrégation progressive des solidarités organiques. C’est ce qui explique la mise en place de l’État-providence, seule structure capable de limiter les dégâts.

    Parallèlement, l’échange marchand s’est substitué au système du don. La « solidarité » est désormais affaire d’opérations relevant du spectacle, comme le Téléthon, ou d’une propagande pour des causes lointaines, c’est-à-dire d’un discours où la langue est mise à disposition sur un mode tout à la fois instrumental et lacrymal. La réciprocité, enfin, tend d’autant plus à s’effacer qu’elle implique entre les auteurs et les bénéficiaires d’un acte de solidarité la claire perception d’une ressemblance, d’une parenté fondée sur des valeurs partagées, qui tend elle-même à disparaître. Pour l’automobiliste, l’autre homme, pris comme passant, n’est qu’un obstacle à la circulation. Pour la forme-capital, les cultures ne sont qu’un obstacle à l’expansion perpétuelle du marché.

    Valeurs sans valeurs ? Comment vilipender en même temps l’« ordre moral » et invoquer les « valeurs morales » à toutes occasions, tel Michel Noir, qui écrivait dans Le Monde qu’« il préférait perdre les élections plutôt que son âme » ?

    Cela nous a au moins appris qu’il avait une âme (ou qu’il croyait en avoir une), ce qui n’était pas évident. Les « valeurs morales » dont on nous rebat les oreilles sont à la mesure des « autorités morales » que sont censés être, par exemple, les membres des comités de réflexion en matière de bio-éthique. Leur autorité est en réalité parfaitement nulle, non seulement parce que la recherche scientifique se développe selon une logique intrinsèque qui rend sa « moralisation » aussi improbable que celle du marché, mais parce que leurs opinions n’ont jamais que la valeur de la philosophie, de l’idéologie ou de la religion dont ils se réclament, auxquelles nul n’est évidemment tenu d’adhérer.

    Ce qui est plus intéressant, c’est de constater comment le moralisme (Nietzsche aurait dit la « moraline ») a remplacé la morale. On pensait autrefois que la société se portait d’autant mieux que les individus s’y comportaient bien. Aujourd’hui, la permissivité gouverne les comportements individuels, mais on ne cesse de répéter que la société doit être toujours plus juste. De ce point de vue, on pourrait également dire que la morale a remplacé l’éthique. Le grand débat qui, en matière de philosophie politique, s’est instauré à partir de 1980 autour des thèses de John Rawls, le plus célèbre sans doute des refondateurs de la social-démocratie contemporaine, opposait ceux qui, comme Rawls lui-même, soutenaient la priorité du « juste » sur le « bien », et ceux qui défendaient au contraire la priorité du « bien » sur le « juste ». Ces deux perspectives sont incompatibles. La première renvoie à Kant, la seconde à Aristote. Ceux qui se réfèrent aux « valeurs morales » dont vous parlez sont des kantiens, conscients ou inconscients. C’est ce qui explique la vogue de l’idéologie des droits de l’homme, par opposition à la pensée du bien commun.

    Totalitarisme sans objet ? Pour un Bernard Antony, l’islam serait un nouveau « totalitarisme ». Pour un Alain Finkielkraut, c’est l’antiracisme qui serait lui aussi un nouveau « totalitarisme ». À force de mettre ce mot à toutes les sauces, la soupe n’aurait-elle pas tendance à devenir de plus en plus fade ?

    C’est un risque, en effet. À voir du « totalitarisme » partout, on risque de banaliser le concept, et donc de ne plus très bien savoir ce que c’est. La plupart des politologues qui, à partir des travaux fondateurs de Waldemar Gurian, Carl Joachim Friedrich et Hannah Arendt, ont étudié les deux grands systèmes totalitaires du XXe siècle, le national-socialisme hitlérien et le système soviétique, ont en général défini le totalitarisme par son recours à un certain nombre de moyens : parti unique, mobilisation des foules, contrôle absolu des médias, déportations et massacres de masse, élimination physique des opposants, monopole idéologique, invasion de la vie privée, etc. Cette définition a permis de distinguer les régimes totalitaires des régimes autoritaires ou simplement dictatoriaux, distinction qu’a très bien explorée le politologue espagnol Juan Linz.

    Mais cela ne répond pas à la question de savoir pourquoi ces régimes ont recouru à de tels moyens, et surtout dans quel but. Or, si l’on définit le totalitarisme, non par ses moyens, mais par ses buts, on constate vite que ceux-ci se résument à un désir de faire disparaître toute diversité politique et sociale, de façon à faire émerger un type d’homme « conforme » qui soit partout le même. Le fond de la pulsion totalitaire, c’est une aspiration à l’homogène – à l’Unique. De ce point de vue, il ne me paraît pas excessif de parler de « tendance totalitaire » pour décrire la façon dont se met en place aujourd’hui, par des moyens évidemment tout différents, une société de surveillance totale régie par la pensée unique. George Orwell est sans doute l’un des premiers à avoir compris qu’il est désormais possible de parvenir en douceur à des buts qu’on ne pouvait atteindre que par la violence autrefois…

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 9 août 2013)

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  • Un tabou français...

    Le dixième numéro de la revue trimestrielle Spécial Céline, publiée par les éditions Lafont Presse, est disponible en kiosque ou sur les sites de vente de presse. Cette revue, entièrement consacrée à l'auteur de Mort à crédit, est dirigée par David Alliot, avec la collaboration, notamment, de Frédéric Saenen et d'Eric Mazet.


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    Au sommaire :

     

    Actualité

    Présence célinienne, par David Alliot

     

    Analyse

    Céline, médecin humaniste ou écrivain raciste, par Jean-François Foulon

    Voyage au bout de l'athéisme ou le pessimisme intégral du docteur Destouches, par Ange-Dieu Mezzadri

    Croquis de Céline, par Eric Mazet

    Le Y chez Céline, par Eric Mazet

     

    Anthologie

    Opinion publique II, par Eric Mazet

    Céline ? Attention, danger ! , par Eric Mazet

     

    Opinion

    Excusez-moi, mais Céline me fait rire, par Pierre-Marie Miroux

     

    Lectures

    Ecrire contre Céline, par Frédéric Saenen

     

    Relecture

    Retour sur « Qu'on s'explique...», par Frédéric Saenen

     

    Témoignage

    Quand Malraux se souvient de L.-F. Céline, par David Alliot

     

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