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Métapo infos - Page 1037

  • Le clivage droite/gauche est-il mort ?...

    A l'occasion de la sortie de son essai Droite - Gauche : pour sortir de l'équivoque (Pierre-Guillaume de Roux, 2016), Arnaud Imatz répond aux questions répond aux questions d'Alexandre Devecchio dans le Figaro Vox quant à la pertinence du clivage droite/gauche dans le champ politique actuel.

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    Le clivage droite/gauche est-il mort ?

    Emmanuel Macron a présenté sa démission à François Hollande, qui l'a acceptée. L'ancien ministre de l'économie va se consacrer à son mouvement «En marche» et préparer une éventuelle candidature à la présidentielle. Il entend dépasser le clivage droite/gauche. Est-ce le début de la fin de ce que vous appelez une «mystification antidémocratique»?

    À l'évidence Monsieur Macron a des atouts dans son jeu. Il est jeune, intelligent, il apprend vite et il n'est pas dépourvu de charisme et de charme. Il a en outre eu la bonne idée de créer une petite structure, En Marche ce que n'avait pas pu, su, ou voulu faire en son temps Dominique de Villepin. Mais si un «mouvement» ou -pour être plus exact - une simple association de notables peut jouer un rôle de parti charnière, et in fine obtenir un ou deux portefeuilles ministériels, je ne crois pas qu'elle puisse suffire pour positionner sérieusement un leader comme candidat crédible à la présidentielle de 2017. Sous la Ve République, seuls les chefs de grands partis, ceux qui en contrôlent les rouages, ont des chances de succès. On voit mal comment dans un parti socialiste aux mains de vieux éléphants un consensus pourrait se dégager spontanément autour de quelqu'un dont le style et les idées ne sont appréciés ni des barons, ni de la majorité des militants. Mais en politique il ne faut exclure aucune hypothèse. Macron est un politicien, sinon chevronné, du moins déjà expérimenté. Il connaît très bien la magie des mots. Il a dit et laisser dire qu'il souhaitait dépasser le clivage droite/gauche et qu'il n'était pas socialiste (après tout il semble qu'il ne l'ait été, comme membre du Parti socialiste, que de 2006 à 2009… à l'époque où il était encore banquier d'affaires). Il s'est réclamé récemment de Jeanne d'Arc flattant à peu de frais un certain électorat de droite toujours sensible aux envolées lyriques devant un des symboles de la nation. Le jour de sa démission, il a précisé qu'il n'avait jamais dit qu'il était «ni de droite, ni de gauche», ce qui d'ailleurs ne lui a rien coûté car cette double négation ne veut pas dire grand-chose. Sans doute eût-il été plus honnête et plus correct d'affirmer devant les français: «je ne suis pas simultanément de droite et de gauche». Cela dit, il s'est aussi déclaré dans le camp des progressistes contre celui des conservateurs. J'imagine sans peine que forcé de nous expliquer ce que sont pour lui les progressistes et les conservateurs, il ne manquerait pas de nous asséner quelques lieux-communs sur les prétendus partisans du progrès, de la raison, de la science, de la liberté, de l'égalité et de la fraternité face aux immobilistes, aux réactionnaires et aux populistes. Je dirai que Macron est un énième remake de Tony Blair, Bill Clinton et Gerhard Schröder. N'oublions pas que ces vedettes politiques de l'époque cherchaient à s'approprier, par-delà les clivages de droite et de gauche, la capacité de mobilisation de la «troisième voie».

    Le système des primaires est-il un moyen de faire perdurer cette «mystification»?

    Oui! bien évidemment. Il y a en fait une double mystification antidémocratique. Il y a d'abord celle de la division droite / gauche, à laquelle je me réfère dans mon livre. C'est celle que José Ortega y Gasset qualifiait de «formes d'hémiplégie morale» dans La révolte des masses déjà en 1929. C'est aussi celle dont Raymond Aron disait qu'elle reposait sur des «concepts équivoques» dans L'opium des intellectuels en 1955 (Je fais d'ailleurs un clin d'œil admiratif à son œuvre dans l'intitulé de mon livre). Cette dichotomie a été également dénoncée ou critiquée par de nombreuses figures intellectuelles aussi différentes que Simone Weil, Castoriadis, Lasch, Baudrillard ou Gauchet et, elle l'a été plus récemment par une kyrielle d'auteurs. Mais il y a aussi une seconde mystification antidémocratique qui affecte directement les partis politiques. Ce sont les leaders et non les militants qui se disputent le pouvoir. À l'intérieur des partis la démocratie est résiduelle, elle exclut la violence physique mais pas la violence morale, la compétition déloyale, frauduleuse ou restreinte. Il y a bien sûr des partis plus ou moins démocratiques qui parviennent à mitiger et à contrôler les effets de leur oligarchie mais s'ils existaient en France, en ce début du XXIe siècle, je crois que ça se saurait.

    L'opposition droite/gauche peut-elle vraiment se résumer à un «mythe incapacitant»? Comme le souligne Denis Tillinac, ces deux courants ne sont-ils pas, malgré tout, irrigués par un imaginaire puissant dans lequel les électeurs se reconnaissent?

    Il ne s'agit pas d'essences inaltérables. Je ne crois pas qu'il y ait «des valeurs permanentes de droite» et des «principes immortels de gauche». Il n'y a pas d'opposition intangible entre deux types de tempéraments, de caractères ou de sensibilités. Il n'y a pas de définitions intemporelles de la droite et de la gauche. Denis Tillinac nous parle de deux courants qui seraient «irrigués par un imaginaire puissant». Mais un imaginaire forgé par qui? Par les Hussards noirs de la République et les Congrégations religieuses? Et depuis quand? Depuis 1870, depuis1900 voire depuis 1930 nous répondent les historiens.

    Je n'ignore pas bien sûr le point de vue des traditionalistes. Je sais que pour les traditionalistes être de droite ce n'est pas une attitude politique mais une attitude métaphysique. Je sais qu'ils considèrent que la gauche s'acharne à réduire l'homme à sa mesure sociale et économique. Que pour eux la droite et la gauche sont caractérisées par deux positions métaphysiques opposées: la transcendance et l'immanence. Ils sont les défenseurs d'une droite idéale, sublime, transcendantale ou apothéotique, celle que les partisans de la religion républicaine, d'essence totalitaire, Robespierre et Peillon, vouent perpétuellement aux gémonies.

    Pour ma part, en me situant sur les plans politique, sociologique et historique, je constate que les chassés croisés idéologiques ont été multiples et permanents. Je peux citer ici le nationalisme, le patriotisme, le colonialisme, l'impérialisme, le racisme, l'antisémitisme, l'antichristianisme, l'antiparlementarisme, l'anticapitalisme, le centralisme, le régionalisme, l'autonomisme, le séparatisme, l'écologisme, l'américanophilie/américanophobie, l'europhilie/europhobie, la critique du modèle occidental, l'alliance avec le tiers-monde et avec la Russie, et bien d'autres exemples marquants, qui tous échappent à l'obsédant débat droite/gauche. Il suffit de s'intéresser un minimum à l'histoire des idées pour se rendre compte très vite que les droites et les gauches ont été tour à tour universalistes ou particularistes, mondialistes ou patriotiques, libre-échangistes ou protectionnistes, capitalistes ou anticapitalistes, centralistes ou fédéralistes, individualistes ou organicistes, positivistes, agnostiques et athées ou théistes et chrétiennes. Un imaginaire puissant dans lequel les électeurs se reconnaissent? Non! je dirais plutôt, avec le marxologue Costanzo Preve, que ce clivage est «une prothèse artificielle».

    Selon vous, un nouveau clivage politique oppose désormais le local au mondial, les enracinés aux mondialisés…

    J'avoue que la lecture de la philosophe Simone Weil m'a profondément marqué dans ma jeunesse. Elle a su brillamment démontrer que la dyade vecteur du déracinement / soutien de l'enracinement, explique la rencontre durable ou éphémère entre, d'une part, des révolutionnaires, des réformistes et des conservateurs, qui veulent transformer la société de manière que tous ouvriers, agriculteurs, chômeurs et bourgeois puissent y avoir des racines et, d'autre part, des révolutionnaires, des réformistes et des conservateurs qui contribuent à accélérer le processus de désintégration du tissu social. Elle est incontestablement une «précurseuse». Depuis le tournant du XXIe siècle nous assistons en effet à une véritable lutte sans merci entre deux traditions culturelles occidentales: l'une, est celle de l'humanisme civique ou de la République vertueuse ; l'autre, est celle du droit naturel sécularisé de la liberté strictement négative entendue comme le domaine dans lequel l'homme peut agir sans être gêné par les autres. L'une revendique le bien commun, l'enracinement, la cohérence identitaire, la souveraineté populaire, l'émancipation des peuples et la création d'un monde multipolaire ; l'autre célèbre l'humanisme individualiste, l'hédonisme matérialiste, le «bougisme», le changement perpétuel, l'homogénéisation consumériste et mercantiliste, l'État managérial et la gouvernance mondiale sous la bannière du multiculturalisme et du productivisme néocapitaliste.

    Le général De Gaulle savait qu'on ne peut pas défendre réellement le bien commun la liberté et l'intérêt du peuple, sans défendre simultanément la souveraineté, l'identité et l'indépendance politique, économique et culturelle. Passion pour la grandeur de la nation, résistance à l'hégémonie américaine, éloge de l'héritage européen, revendication de l'Europe des nations (l'axe Paris-Berlin-Moscou), préoccupation pour la justice sociale, aspiration à l'unité nationale, démocratie directe, antiparlementarisme, national-populisme, ordo-libéralisme, planification indicative, aide au Tiers-monde, telle est l'essence du meilleur gaullisme. Où voyez-vous les gaullistes aujourd'hui? Henri Guaino? qui est peut être l'héritier le plus honnête? Mais combien de couleuvres a déjà avalé l'auteur des principaux discours du quinquennat de «Sarko l'Américain»?

    La chute du mur de Berlin a-t-elle mis fin à ce clivage?

    Souvenez-vous de ce que disait le philosophe Augusto del Noce peu de temps avant la chute du mur de Berlin: «le marxisme est mort à l'Est parce que d'une certaine façon il s'est réalisé à l'Ouest». Il relevait de troublantes similitudes entre le socialisme marxiste et le néo-libéralisme sous sa double forme sociale-libérale et libérale-sociale, et citait comme traits communs: le matérialisme et l'athéisme radical, qui ne se pose même plus le problème de Dieu, la non-appartenance universelle, le déracinement et l'érosion des identités collectives, le primat de la praxis et la mort de la philosophie, la domination de la production, l'économisme, la manipulation universelle de la nature, l'égalitarisme et la réduction de l'homme au rang de moyen. Pour Del Noce l'Occident avait tout réalisé du marxisme, sauf l'espérance messianique. Il concluait à la fin des années 1990 en disant que ce cycle historique est en voie d'épuisement, que le processus est enfin devenu réversible et qu'il est désormais possible de le combattre efficacement. Je me refuse à croire que la décomposition actuelle nous conduit seulement à la violence nihiliste. Je crois et j'espère qu'elle est le signe avant-coureur du terrible passage qu'il nous faudra traverser avant de sortir de notre dormition.

    Arnaud Imatz, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figaro Vox, 4 septembre 2016)

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  • L'Île bleue...

    Les éditions Robert Laffont viennent de rééditer L'Île bleue, un superbe roman de Jean Raspail publié initialement en 1988. Aventurier, journaliste et romancier, Jean Raspail a notamment écrit Le Camp des Saints, grand roman visionnaire, mais aussi Le tam-tam de Jonathan, Septentrion, Sire, Sept cavaliers ou encore La hache des steppes , pour ne citer que ces pièces d'une œuvre dont la richesse ne doit pas masquer la profonde unité.

     

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    " Ne cherchez pas l'Île Bleue sur la carte d'Indre-et-Loire. Ni même la stèle dédiée à Bertrand Carré... J'y suis retourné juste avant cette réédition. Rien. Il n'en restait rien.
    Nous avions quatorze, quinze ans. Notre royaume, c'était l'Île Bleue, mystique univers et secret terrain de jeu où l'imagination nous emportait hors de nous-mêmes. Jusqu'à ce matin lumineux de juin 40 où en un instant, nous sommes entrés dans l'adolescence en basculant dans une vraie guerre, tels que nous étions, jouant pour de bon.
    Trois panzers, surgis du bois, de l'autre côté de la rivière, venaient de stopper en avant du pont. Bertrand jubilait. Maïté irradiait. Debout hors de sa tourelle, tranquille, presque souriant, comme en vacances, un lieutenant allemand qui n'avait pas vingt ans nous observait à la jumelle...
    Et le vent des fantasmes s'est levé ! L'amour, l'honneur, l'orgueil... Le clan, le royaume, le territoire... Le mystère de la vie, de la mort... L'insolence de l'âme et du coeur, le théâtre des grands sentiments, la dévotion charnelle, la beauté... Et la peur, le désespoir, les rêves en miettes, la réalité, le destin...
    Ainsi voulions-nous être, les adolescents de ce temps, ou tout au moins l'avons-nous cru.
    Jean Raspail.
    5 juillet 2016 "

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  • Vous avez aimé le politiquement correct ? Vous allez adorer le narcissisme moral !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Gérald Olivier, cueilli sur Atlantico et consacré au règne du narcissisme moral...

     

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    Vous avez aimé le politiquement correct ? Vous allez adorer le narcissisme moral

    Voici près de quarante ans, dans un brillant essai, l’historien américain Christopher Lasch inventait l’expression "culture du narcissisme" au sujet des "babyboomers"  (les Américains nés entre 1940 et 1965). Paru en 1979, son  texte examinait les ressorts de la société de consommation – l’acte d’achat est un acte narcissique – ainsi que le comportement des enfants de l’après-guerre, génération nantie qui avait voulu changer le monde avant de se lancer dans une quête du bien-être personnel.  

    Pour résumer (schématiquement) son argument, Lasch voyait dans la société de consommation et la culture du "développement personnel" (yoga, bouddhisme, bien être, jeunisme, libération sexuelle, etc)  en plein essor depuis les années soixante, l’expression d’un besoin quasi pathologique d’affirmation et de reconnaissance personnelles au sein d’une société de masse ayant réduit la "poursuite du bonheur" à la satisfaction immédiate de pulsions sans limites. L’effondrement de la structure familiale avait favorisé cette affirmation de l’individu, tout en le rendant plus fragile, de par son isolement.

    Le rejet des valeurs traditionnelles, avait interrompu la transmission des croyances et des savoirs d’une génération à l’autre, coupant le lien avec le passé comme avec l’avenir, et condamnant la jeunesse au culte de l’instant présent, au vide moral et à l’errance spirituelle. 

    Près de trente ans après, la thèse de Christopher Lasch reste d’actualité.  L’avènement des hautes technologies n’a servi qu’à accentuer certains traits d’alors. Les "selfies", les réseaux sociaux et les émissions de téléréalité ne sont que les manifestations contemporaines de cette volonté éperdue d’affirmation de soi, dans un monde encore plus dénué de repères par le relativisme et le multiculturalisme triomphants. 

    La génération du baby-boom est, elle aussi, toujours-là. Certes ses tenants  en sont à l’automne de leur vie – ils ont entre 50 et 75 ans -  mais leur influence reste déterminante car ils sont au sommet de la pyramide économique et sociale. La "culture du narcissisme" n’a donc pas disparue. Au contraire. Elle a même pris une nouvelle dimension que l’essayiste  américain R.L. Simon qualifie de  "narcissisme moral", et dont il dénonce les méfaits dans son essai décapant,  paru cet été aux Etats-Unis, "I know Best". ("I know Best : How moral narcissism is destroying our Republic if it hasn’t already", Encounter Books)

    Pour Roger Lichtenberg Simon, éditorialiste politique, romancier et scénariste hollywoodien, le "narcissisme moral" est la conviction revendiquée d’œuvrer pour le bien d’autrui et du monde. Il s’exprime dans le titre du livre "I Know Best". C’est le fait d’être persuadé de savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux et de vouloir le leur imposer. Motivé par un généreux sentiment de justice sociale, il se manifeste par une éternelle volonté de faire le bien… Et si l’intention est bonne, l’acte qu’elle engendre devient inattaquable. La fin justifie les moyens disaient les bolchéviques. Le problème est que,  comme le dit le proverbe, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Et  justement,  les "narcissistes moraux" nous entrainent tout droit vers cet enfer.

    Le "narcissisme moral" n’est que le dernier avatar du "politiquement correct", et de la "pensée unique", les deux piliers de la conscience de gauche. D’une part, un discours codifié faisant de la liberté d’expression une farce. D’autre part l’inébranlable conviction que les "droits de l’homme" (l’expression anglaise de "human rights" étant fortuitement dénuée de la connotation sexiste de son équivalente française) sont l’aboutissement ultime de l’évolution de l’espèce et constituent une  philosophie de vie à vocation universelle. 

    Bref, le "narcissisme moral" n’est que le dernier nom donné à la dictature de la pensée instaurée par les bonnes consciences de gauche depuis un demi-siècle. Il a la particularité de réduire une personne à ses idées. Pas à ses actes. Vouloir le bonheur de l’humanité fait de soi quelqu’un de bien. Prétendre ne pas s’en soucier vous transforme en paria. 

    Ses tenants sont légions à Washington, où ils hantent les couloirs, et surtout les alentours, du Congrès. Ils sont à la tête des grandes universités et des principaux médias américains. On les croise aussi à Hollywood. Ils ont pour chef de file Barack Obama et Hillary Clinton, mais ils se reconnaissent aussi dans des stars hollywoodienne comme Léonardo di Caprio et Susan Sarandon, le cinéaste engagé Michael Moore, ou  le journaliste Sidney Blumenthal… 

    Le narcissisme moral affecte tous les aspects du débat politique et culturel aux Etats-Unis (et par extension, en occident) : du réchauffement climatique à la lutte contre l’Etat Islamique en passant par les relations raciales, l’immigration et le droit de port d’armes. 

    Pour étayer son analyse R.L. Simons revient entre autres sur le sujet du réchauffement climatique. Particulièrement emblématique. 

    Parce qu’il ne peut exister d’objectif plus généreux et plus noble que de sauver la planète et l’humanité, le narcissisme moral affirme naturellement qu’il convient de lutter, par tous les moyens, contre ce réchauffement, même si sa réalité est contestable, son origine indéterminée et ses conséquences largement inconnues.  Voici, en effet, un phénomène qui n’a jamais été démontré scientifiquement; un phénomène dont les principales données sont des "projections", et non des "faits observés" ; un phénomène dont les conséquences tiennent au domaine de la spéculation ; mais surtout voici un phénomène qui a été globalement accepté et contre lequel il n’est plus possible de s’exprimer sauf à subir l’opprobre collectif.

    Le réchauffement climatique fait l’objet d’un consensus qui n’admet aucune opposition. Le contester équivaut à exprimer son dédain pour le bien être de l’humanité et vous expose à être mis à son ban. Au point d’ailleurs, observe R.L. Simon, qu’au cours des deux dernières décennies, qui ont vu l’émergence de ce consensus, on a assisté à deux glissements sémantiques révélateurs. Dans un premier temps, ceux qui contestaient la réalité du phénomène étaient qualifiés dans les médias de "climat-sceptiques". Aujourd’hui on les appelle en anglais les "climate-deniers", c’est-à-dire les "négationnistes du climat". Ce qui les range dans la même catégorie que les néo-nazis niant l’holocauste ! Dans le même temps, et face à la multiplication de phénomènes dépassant le cadre d’une simple hausse des températures, la presse s’est mise à parler de "dérèglement climatique" (en anglais "climate change", sans préciser la nature du changement). Comme quoi le narcissisme moral a la double faculté de tuer le débat et de s’abstraire des faits. Encore une fois, seules les intentions comptent. 

    L’enjeu du climat c’est la survie de l’espèce humaine, il ne peut y avoir de question plus importante. Tout le monde applaudit Leonardo di Caprio quand il sillonne la planète pour dénoncer les méfaits des émissions de CO2. Même si, le faisant à bord de son jet privé, et non d’une compagnie aérienne, il contribue lui-même à augmenter ces émissions… L’ acteur et "éco-guerrier" est lui-même pollueur, mais qu’importe, c’est l’intention qui compte. Personne ne trouve rien à redire non plus quand le président des Etats-Unis, Barack Obama, et tous les candidats à sa succession (sauf Donald Trump, ndla) affirment comme un seul homme que le réchauffement climatique est le plus important défi de la politique étrangère américaine… Alors même que le climat n’a encore fait aucune victime, mais que les guerres au Moyen-Orient, en Afrique  et jusqu’au cœur de l’Europe en font des centaines, voire des milliers tous les jours… 

    R.L Simon revient aussi sur le traitement de la question de l’islam par le narcissisme moral. Il s’interroge en particulier sur l’absence de débat médiatique et universitaire autour de la religion musulmane, alors que les évènements des 20 dernières années et l’émergence d’actes d’une barbarie atroce de la part de l’Etat Islamique, justifieraient au contraire une étude approfondie. Mais voilà,  au nom de la lutte contre "l’islamophobie" les tenants du "narcissisme moral" empêchent que la question ne soit abordée. Le président Barack Obama lui-même refuse de parler de "terrorisme islamique" mais convoque des sommets sur "les violences extrémistes" (c’était en février 2015) où il fustige les chrétiens pour les croisades de l’an mille… Ce qui tient à la fois de l’équivalence morale douteuse et du non-sens historique.

    Mais qu’importe ! Personne ne lui en tient rigueur. Comment cela serait-il possible ? Barack Obama est la personnification du narcissisme moral triomphant. Sa volonté de changer le monde et le simple fait de dire "c’est possible" (Yes We Can) ont suffi à faire de lui le leader de cette génération. Car, encore une fois, seules les intentions comptent. En 2008, il personnifiait "l’Espoir" (Hope), avec une majuscule mais sans précision quant à la nature de cet espoir. Il était aussi "le reflet flatteur de cette génération". Nombre d’Américains (et beaucoup d’autres par-delà le continent) aimaient l’image qu’il leur renvoyait d’eux-mêmes, (au contraire d’un Bush, ou d’un Romney). Au soir de son élection écrit R.L. Simon "Narcisse était sur scène et dans la salle".

    Huit ans plus tard, Narcisse a pris des rides et des cheveux gris. Mais ses convictions n’ont jamais vacillé. Même si les évènements ont, à maintes reprises, démontré les errements du président américain –son soutien aux Frères Musulmans et à Mohamed Morsi en politique étrangère et les difficultés de sa réforme de santé en politique intérieure – lui-même n’a pas changé ses positions d’un iota. Une inflexibilité qui explique en partie la stérilité de ses deux mandats. Mais c’est le propre du narcissisme moral que d’être persuadé de savoir mieux que les autres. "I know best".

    Gérald Olivier (Atlantico, 2 septembre 2016)



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  • L'école fantôme...

    Les éditions Desclée de Brouwer viennent de publier un essai de Robert Redeker intitulé L'école fantôme. Philosophe, Robert Redeker, qui vit sous protection policière depuis près d'une dizaine d'années en raison des menaces de mort qu'il a reçues à la suite de la publication d'un texte hostile à l'islamisme, est l'auteur de plusieurs ouvrages comme Egobody (Fayard, 2010), Le soldat impossible (Pierre-Guillaume de Roux, 2014) ou Le progrès ? Point final. (Ovadia, 2015).

     

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    " La destruction de l'École peut se dire en quelques mots : notre École est devenue une École-méduse, une École gélatineuse, aux professeurs et instituteurs changés en animateurs socio-culturels et gentils organisateurs du vivre-ensemble, bref en urgentistes du libéralisme. Quel est le sens de ce désastre ?

    Il est un lieu commun de dire que la crise de l'École indexe une crise de la société. Mais il faut prendre au sérieux le propos de Péguy, qui se montre plus profond que les travaux des sociologues et les réflexions des journalistes, en la comprenant comme une crise de vie. C'est moins la société qui est en crise, que la vie. Nous traversons une crise de la vie humaine, une crise de l'homme. Non de la vie sociale, non de la vie biologique, qui à leur façon passent par une crise aussi, mais de la vie en tant que vie humaine. Autrement dit : c'est l'homme, dans l'humanité de sa vie, qui est en question dans la triple crise épinglée par ce livre, crise de l'enseignement, crise de l'École, crise de l'éducation. C'est parce qu'on ne sait plus ce qu'est un homme, ce qu'est la vie humaine, ni non plus ce qu'est la mort humaine, qu'on ne sait plus ce qu'est l'École, ce qu'est l'éducation. "

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  • L’inversion accusatoire : un artifice de propagande aux mains de l’oligarchie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à une technique de désinformation  prisée par le système, l'inversion accusatoire...

     

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    L’inversion accusatoire : un artifice de propagande aux mains de l’oligarchie, qu’il faut dénoncer

    Une défense et une arme

    L’inversion accusatoire est un processus de défense bien connu des prétoires consistant à imputer la cause finale d’un délit non pas au coupable mais… à sa victime.

    Ainsi, par exemple, si un touriste a été victime d’un pickpocket, c’est parce qu’il a été imprudent en faisant étalage de son argent : en quelque sorte il a incité le voleur à passer à l’acte.

    Ne riez pas ! C’est en application de ce processus, par exemple, que dans le métro parisien on vous avertit dans toutes les langues que des pickpockets sont susceptibles d’être présents dans la station. Conclusion : s’ils vous volent ce sera de votre faute car la RATP vous avait prévenu !

    Ce type de défense est très prisé de nos jours puisqu’il correspond à l’idéologie rousseauiste : l’homme est bon par nature et c’est la société qui le corrompt. Il correspond aussi à l’idéologie gauchiste de la Défense Sociale Nouvelle (1), consistant à présenter les délinquants comme des victimes que l’on doit réinsérer au plus vite dans la société. Il fait le lit du laxisme pénal car il génère la culture de l’excuse avec toutes les conséquences que l’on connaît.

    Mais l’inversion accusatoire ne se cantonne pas à la procédure judiciaire. Elle est aussi devenue une arme aux mains de l’oligarchie, d’autant plus redoutable qu’elle s’appuie sur la sidération médiatique. Les oligarques ne cessent, en effet, d’accuser leurs opposants et les peuples européens de leurs propres vices. Quelques exemples.

    Premier exemple : vous jouez sur les peurs !

    Un argument accusatoire habituel de la propagande officielle consiste à affirmer que les populistes joueraient sur les peurs (notamment la peur de l’immigration), ce qui ne serait pas bien.

    Mais que font en réalité les oligarques sinon essayer de provoquer la peur à chaque consultation électorale ?

    Ainsi, que n’ont-ils pas dit avant le vote anglais sur le Brexit ? Par exemple que l’économie anglaise allait s’effondrer, que les marchés allaient s’affoler et que, bien sûr, cela coûterait à la France une diminution de sa croissance.

    De même, s’agissant de l’euro et des traités européens, l’oligarchie ne cesse de jouer sur le registre de la peur : si l’on sort de l’euro, les Français perdront leurs économies… Si l’on sort de l’Union européenne, ce sera la guerre, etc.

    On a vu de même, cet été, le gouvernement socialiste et ses médias diffuser la thématique selon laquelle la France serait au bord de la guerre civile (2) : nouvel exemple d’instrumentalisation de la peur.

    Second exemple : vous êtes des complotistes !

    Autre exemple d’inversion accusatoire : le complotisme, qui serait une maladie d’extrême droite consistant à voir des complots partout.

    Mais en réalité c’est bien l’oligarchie qui complote en permanence contre les peuples européens : contre leur souveraineté et leur identité.

    L’oligarchie ne complote pas mais elle négocie dans le plus grand secret le Traité Transatlantique. Elle ne complote pas mais elle s’efforce par tous les moyens de nous entraîner dans une hostilité croissante vis-à-vis de la Russie. Elle ne complote pas mais elle impose au peuple français, avec le Traité de Lisbonne, un traité européen qu’il avait récusé par référendum.

    Elle ne complote pas mais la fondation Open Society de G. Soros (3) finance partout des mouvements destinés à diffuser l’idéologie libérale/libertaire et à favoriser l’immigration. L’oligarchie ne complote pas mais ses principaux leaders européens sont tous passés par les Young Leaders ou la banque Goldman Sachs.

    Troisième exemple : vous êtes raciste !

    L’accusation de racisme, sans cesse proférée à l’encontre des Européens en général et des Français en particulier, relève également de l’inversion accusatoire.

    Car en réalité la dénonciation obsessionnelle du racisme des autochtones traduit la haine cosmopolite de toutes les identités – et notamment de l’identité européenne – qui anime les oligarques. Les oligarques préfèrent toujours l’homme aux semelles de vent, plus malléable, à l’homme enraciné. Ils préfèrent les immigrants aux autochtones et les étrangers aux citoyens.

    En fait, leur antiracisme ostentatoire cache leur haine de tout ce qui est « terroir, bourrées, binious, bref, franchouillard ou cocardier » (4). Il est d’ailleurs frappant de constater que ces prétendus « antiracistes » professionnels refusent de reconnaître et donc de combattre le racisme antifrançais ou bien la christianophobie : ce qui traduit bien la véritable orientation haineuse de leur posture (5).

    En outre, comme le faisait remarquer Annie Kriegel en son temps, la dénonciation du racisme à tout bout de champ, initiée notamment en France par l’opération SOS-Racisme, a contribué à diffuser « une vision racialiste des rapports sociaux », c’est-à-dire à voir des questions raciales là où il n’y en avait pas. Donc en réalité à diffuser le racisme en France.

     Les oligarques, qui prétendent lutter contre la diffamation raciale, diffament en réalité en permanence et en toute impunité les Français et les Européens en les accusant, et eux seuls, de tous les crimes possibles : croisades, esclavage, colonialisme, militarisme, antisémitisme, xénophobie, racisme, etc.

    Quatrième exemple : vous menacez la démocratie !

    Enfin, dernier exemple, l’accusation portée à l’encontre des mouvements populistes de menacer la démocratie, voire de vouloir imposer un régime dictatorial.

     Il s’agit également d’une belle inversion accusatoire car c’est bien l’oligarchie qui détruit la démocratie en particulier en s’attaquant à la souveraineté des nations, en marginalisant la citoyenneté (6) et en donnant aux juges inamovibles la primauté sur les législateurs. Il suffit aussi de se rappeler ces oligarques vitupérant contre le référendum après le vote anglais sur le Brexit (7) pour mesurer l’étendue de leur esprit « démocratique ». En réalité, ce qu’ils nomment démocratie signifie seulement la soumission des peuples à l’idéologie et aux intérêts de l’oligarchie.

    Il est d’ailleurs significatif que les oligarques aient choisi de donner un sens péjoratif au mot populiste : car dans leur esprit il ne faut surtout pas faire la volonté du peuple, mais au contraire soumettre tous les peuples à leur loi et à leur gouvernement (8).

    Il faut dénoncer l’inversion accusatoire

    Le décryptage de la novlangue nous a appris à distinguer la réalité derrière le masque des mots.

    Nous savons, par exemple, que ce que les oligarques nomment liberté désigne en réalité la nouvelle condition servile qu’ils veulent nous imposer. Comme nous savons ce que veulent vraiment dire des expressions comme un quartier populaire, ou l’acte d’un déséquilibré.

     En ouvrant les yeux sur les pièges de l’inversion accusatoire, nous allons maintenant découvrir que ceux qui jouent en permanence les procureurs des peuples européens les accusent en réalité des crimes qu’ils ont l’intention de commettre contre eux.

    La novlangue est une tromperie sur et par le langage (9). L’inversion accusatoire est une tromperie encore plus grave car elle porte sur la distinction entre le Bien et le Mal. Car avec l’inversion accusatoire, le Mal se pare des couleurs du Bien et du Juste.

    C’est pourquoi il faut dénoncer cette autre forme de désinformation.

    A vous de jouer maintenant !

    Michel Geoffroy (Polémia, 20 août 2016)

     

    Notes :

    1. Voir notamment l’œuvre de Marc Ancel.

    2. A cause de… l’ultra-droite, selon le responsable de la DGSI…

    3. LeMonde.fr du 19 août 2016 présente M. Soros sous les traits d’un « philanthrope »…

    4. « Bien sûr, tout ce qui est terroir, bourrées, binious, bref, franchouillard ou cocardier nous est étranger, voire odieux », Bernard-Henri Lévy, Edito de Globe paru en 1985.

    5. Ce qui ne les empêche pas, dans un autre processus d’inversion accusatoire, de clamer « FN = F Haine » !

    6. En donnant aux étrangers les mêmes droits, voire des droits supérieurs, que ceux des citoyens.

    7. « Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison », Daniel Cohn-Bendit, LeFigaro.fr du 5 juillet 2016.

    8. Les cosmopolites qui préconisent un gouvernement mondial veulent instaurer en réalité une dictature mondiale : la leur.

    9. Pour reprendre l’expression du journaliste Michel Legris.

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  • Les snipers de la semaine... (128)

    Sniper 20160904.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur son site Bouger les lignes, Caroline Galactéros allume l'administration américaine et sa propagande mensongère concernant son action contre L’État islamique...

    Mensonges américains à propos de Daech : plus c’est gros, plus ça passe

    Mac farland.jpg

    - sur son blog Bonnet d'âne, Jean-Paul Brighelli dézingue la tartufferie islamiste que vient bien illustrer l'affaire du burkini...

    Tartuffe et la société du spectacle islamiste

    burkini.jpg

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