Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

post-démocratie - Page 2

  • Chroniques des Temps postmodernes...

    Les éditions Avatar viennent de publier Chroniques des Temps postmodernes, un recueil de textes et d'entretiens de Tomislav Sunic. Intellectuel croate, ancien professeur de sciences politiques au Juniata college de Pennsylvannie et ancien diplomate, déjà auteur de nombreux ouvrages en langue anglaise et en langue croate, Tomislav Sunic a publié deux essais en France, Homo americanus (Akribéia, 2010) et La Croatie: un pays par défaut ? (Avatar Editions, 2010).

     

    Chroniques des Temps postmodernes.jpg

    " Authentique dissident dans un XXIème siècle lourd de menaces multiples et protéiformes, Tomislav Sunic, auteur de plusieurs ouvrages dont deux publiés en français (La Croatie: un pays par défaut ? Avatar Editions, 2010; Homo americanus. Rejeton de l’ère postmoderne, Akribeia, 2010), déploie sa plume acérée dans ce recueil d’études et d’entretiens, pour établir une description clinique et lucide des temps de déraison et des années décisives qui constituent notre présent.

    A l’aune des funestes figures engendrées par les systèmes idéologiques du siècle des grandes conflagrations (homo sovieticus et sa déclinaison balkanique, homo americanus), appréhendées dans un subtil jeu de miroirs, l’essayiste et conférencier américano-croate, nourri des travaux des “nouvelles droites” européennes, des penseurs transversaux et des meilleurs auteurs euro-américains, n’hésite pas à aborder avec courage et sérénité quelques-unes des problématiques essentielles, érigées en tabous de ces temps post-démocratiques d’unidimensionnalité néo-totalitaire, en posant les bonnes questions, avant de proposer de stimulantes pistes de réflexion et d’action. "

     

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • La guerre civile froide ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jacques Sapir, cueilli sur son blog RussEurope et consacré à l'ambiance d'avant-guerre civile qui règne en France en ce début d'année.

     

    Guerre civile.jpg

    La guerre civile froide ?

    Les dernières péripéties, pour ne pas dire les galipettes, de François Hollande ont eu tendance à masquer un instant le sérieux de la situation dans le pays en ce début d’année. Il est vrai que notre Président casqué se rendant à la nuit dans le lit de sa blonde rejoue, mais sur le mode dérisoire et un peu ridicule, les grands mythes de l’Antiquité. Le fait que ce lit soit dans un appartement d’une personne liée au gang de la Brise de Mer ajoute ici ce qu’il faut de sordide à la parodie. L’important n’est cependant pas là ; mais l’important existe bien.

    On peut se demander si, en France, nous ne vivons pas actuellement les prémices d’une guerre civile. Cette question, en apparence absurde, mérite cependant d’être posée à la vue des événements que l’on a connus ces dernières années. Dans une note datant de l’automne 2012, j’évoquais la possibilité de la crise de légitimité du pouvoir. Nous y sommes désormais. L’année 2014 risque fort d’être marquée par une accumulation de mouvement sociaux dont la convergence mettrait directement en cause le pouvoir. Or, la crise de légitimité a ceci de particulier qu’elle pose directement la question non pas de la politique suivie, que l’on peut en fonction de ces opinions considérer comme bonne ou mauvaise, mais du fait que le pouvoir soit habilité à mener une politique. C’est pourquoi il faut s’attendre à ce que la contestation du pouvoir puisse prendre un tour violent dans le cours de cette année.

    En fait, l’exercice du pouvoir, la Potestas, dépend de sa légitimité que lui confère l’Auctoritas. Ces notions, habituelles sous la plume des juristes d’inspiration chrétienne, ne sont pourtant nullement liées obligatoirement à cette sphère. On comprend bien, même intuitivement, la nécessité de séparer la capacité à exercer un pouvoir politique de la légitimité, ou de la justesse, qu’il y a à le faire. Il n’est donc pas nécessaire d’être chrétien, ni même de croire en Dieu, pour remarquer la pertinence de la distinction entre Auctoritas et Potestas.

    Cette question est d’habitude passée sous silence, parce que nul ne conteste la légitimité du pouvoir, surtout d’un pouvoir issu d’institutions qui sont en théorie démocratiques. Mais, force et de constater que l’opposition au pouvoir, qu’elle vienne de la droite ou de la gauche, est désormais moins une opposition à ce que fait ce pouvoir qu’un opposition à sa capacité même à faire.

    La violence politique, fille de l’illégitimité

    La vie politique française est en effet marquée depuis quelques années par une incontestable montée du niveau des affrontements, qu’ils soient verbaux, symboliques, et parfois même physiques. Nous vivons, en réalité, l’équivalent des prémices d’une guerre civile « froide », qui menace à chaque instant de se réchauffer. L’ex-Président, Nicolas Sarkozy, en a fait l’expérience durant son mandat, et en particulier à partir de 2009-2010. Il fut l’objet d’attaques dont le caractère haineux ne fait aucun doute, et qui provenaient – ce fait est à noter – tant de la gauche, ce qui peut être compréhensible, que de la droite. On a mis ces attaques sur le compte du « style » imposé par ce Président, dont les dérapages verbaux et les outrances étaient légions, et qui tendait à ramener toute action, et donc tout mécontentement, à lui seul. Ce n’était pas pour rien que l’on parlait d’un « hyper-président », rejetant – au mépris de la constitution – son Premier ministre dans l’ombre. Cependant, l’élection de son successeur, François Hollande, se présentant comme un Président « normal », n’a rien changé à cette situation. On peut, par ailleurs, s’interroger sur le qualificatif de « normal » accolé à Président. La fonction présidentielle est tout sauf « normale ». Que le style de l’homme puisse se vouloir « modeste » est plausible, surtout après les outrances, et les Fouquet’s et Rolex de son prédécesseur. Mais il faut bien constater que rien n’y fit. L’opinion, jamais charmée par l’homme qui dès son élection n’a pas eu « d’état de grâce » comme les autres Présidents, s’en est rapidement détournée. Le voici au plus bas des sondages, voué aux gémonies sans avoir jamais été encensé. Tout est prétexte, à tort ou à raison, à reproches et critiques. Il se voit désormais contester par certains la possibilité même de gouverner. Comme son prédécesseur, il fait l’objet de critiques dévastatrices parfois même dans son propre camp politique qui vont bien au-delà de sa simple personne. Les mouvements sociaux, qui sont naturels dans un pays et dans une société qui sont naturellement divisés, prennent désormais des dimensions de plus en plus violentes et radicales. Après la « manif pour tous », voici les « bonnets rouges ».

    On a dit, et ce n’est point faux, que la présence de la crise, la plus significative que le capitalisme ait connu depuis les années 1930, expliquait cette tension. Mais, même si cette crise est exemplaire, le pays en a connu d’autres depuis les années 1980. Il faudrait, pour retrouver ce même état de tension, revenir à la fin des années 1950 et à la guerre d’Algérie. Mais l’on sait, aussi, que la IVème République était devenue largement illégitime. De même, on explique souvent, et pas à tort, qu’Internet est devenu un lieu ambigu, entre espace privé et espace publique, qui est particulièrement propice à la libération d’une parole autrement et autrefois réprimée. Cette explication, même si elle contient sa part de vérité, ne tient pourtant pas face à la spécificité de la crise française. En effet, les effets d’Internet sont les mêmes dans tous les pays développés. Or, du point de vue de la violence politique, pour l’instant essentiellement symbolique, mais dont on pressent qu’elle pourrait se développer en une violence réelle, il y a bien une différence entre la France et ses voisins. Il faut donc aller chercher plus en amont les sources de cette radicalisation et surtout voir qu’au-delà de l’homme (ou des hommes) – aussi ridicule voire haïssable qu’il puisse être – elle touche à la fonction et au système politique dans son entier. Nous vivons, en réalité, une crise de légitimité.

    Cette crise se manifeste dans le fait que l’on conteste non plus la politique menée, ce qui est normal en démocratie, mais l’exercice même de la politique tant par l’UMP que par le PS. Désormais la distinction, largement factice la plupart du temps, entre le pouvoir et le pays réel, devient une réalité. Cette opposition n’est pas sans rappeler celle entre « eux » et « nous » (Oni et Nachi) qui était de mise dans les régimes soviétiques lorsque le système a commencé à se bloquer. Toute personne qui a travaillé sur les dernières années du système soviétique, tant en URSS que dans les pays européens, ne peut qu’être sensible à cette comparaison. La perte de légitimité était, là, liée à la combinaison de problèmes économiques (la « stagnation ») et politiques, dont l’origine vient de l’écrasement du réformisme soviétique à Prague en août 1968.

    En France, cette perte de légitimité du système politique et du pouvoir, dont nous voyons les effets se déployer de manière toujours plus désastreuse devant nos yeux, a une cause et un nom : le référendum de 2005 sur le projet de constitution européenne. Les référendums sur l’Europe ont toujours été des moments forts. Contrairement à celui sur le traité de Maastricht, où le « oui » ne l’avait emporté que d’une courte tête, le « non » fut largement majoritaire en 2005 avec 55% des suffrages. Pourtant, ce vote fut immédiatement bafoué lors du Traité de Lisbonne, signé en décembre 2007 et ratifié par le Congrès (l’union de l’Assemblée nationale et du Sénat) en février 2008. De ce déni de démocratie, qui ouvre symboliquement la Présidence de Nicolas Sarkozy, date le début de la dérive politique dont nous constatons maintenant la plénitude des effets. La démocratie dite « apaisée », dont Jacques Chirac et Lionel Jospin se voulaient être les hérauts, est morte. Nous sommes entrés, que nous en ayons conscience ou pas, dans une guerre civile « froide ».

    La souveraineté, la légitimité et la légalité

    Ce déni a réactivé un débat fondamental : celui qui porte sur les empiètements constants à la souveraineté de la Nation et par là à la réalité de l’État. Ces empiètements ne datent pas de 2005 ou de 2007 ; ils ont commencé dès le traité de Maastricht. Mais, le déni de démocratie qui a suivi le referendum de 2005 a rendu la population française plus réceptive à ces questions. Ceci est aussi dû à l’histoire politique particulière de notre pays. La construction de la France en État-Nation est un processus qui remonte en fait au tout début du XIIIème siècle, voire plus loin. On peut prendre comme événement fondateur la bataille de Bouvines (27 juillet 1214), qui a marqué le triomphe d’un roi « empereur en son royaume » face à ces ennemis, les  trois plus puissants princes d’Europe (Othon IV de Brunswick, Jean Sans Terre et Ferrand de Portugal). La culture politique française a intégré ce fait, et identifie le peuple et son État. Plus précisément, le processus historique de construction de la souveraineté de la Nation française n’a été que l’autre face du processus de construction de la communauté politique (et non ethnique ou religieuse) qu’est le peuple français1 . À cet égard, il faut comprendre à la fois la nécessité d’une Histoire Nationale, fondatrice de légitimité pour tous les pays, et le glissement, voire la « trahison » de cette histoire en un roman national. Suivant les cas, et les auteurs, ce « roman », qui toujours trahit peu ou prou l’histoire, peut prendre la forme d’un mensonge (du fait des libertés prises par ignorance ou en connaissance de cause avec la réalité historique). Mais ce mensonge est nécessaire et parfois il est même salvateur en ceci qu’il construit des mythes qui sont eux-mêmes nécessaires au fonctionnement de la communauté politique. Toute communauté politique a besoin de mythes, mais la nature de ces derniers nous renseigne sur celle de cette communauté.

    La souveraineté est indispensable à la constitution de la légitimité, et cette dernière nécessaire pour que la légalité ne soit pas le voile du droit sur l’oppression. De ce point de vue il y a un désaccord fondamental entre la vision engendrée par les institutions européennes d’une légalité se définissant par elle-même, sans référence avec la légitimité, et la vision traditionnelle qui fait de la légalité la fille de la légitimité. Cette vision des institutions européennes aboutit à la neutralisation de la question de la souveraineté. On comprend le mécanisme. Si le légal peut se dire juste par lui-même, sans qu’il y ait besoin d’une instance capable de produire le juste avant le légal, alors on peut se débarrasser de la souveraineté2. Mais, sauf à proclamer que le législateur est omniscient et parfaitement informé, comment prétendre que la loi sera toujours « juste » et adaptée ? Ceci est, par ailleurs le strict symétrique de la pensée néoclassique en économie qui a besoin, pour fonctionner et produire le néo-libéralisme, de la double hypothèse de l’omniscience et de la parfaite information3. La tentative de négation si ce n’est de la souveraineté du moins de sa possibilité d’exercice est un point constant des juristes de l’Union Européenne. Mais ceci produit des effets ravageurs dans le cas français.

    La question de l’identité

    Dès lors, une remise en cause de la souveraineté française prend la dimension d’une crise identitaire profonde mais largement implicite, pour une majorité de français. Dans cette crise, les agissements des groupuscules « identitaires » ne sont que l’écume des flots. Les radicalisations, qu’elles soient religieuses ou racistes, qui peuvent être le fait de certains de ces groupuscules, restent largement minoritaires. Les Français ne sont pas plus racistes (et plutôt moins en fait…) que leurs voisins, et nous restons un peuple très éloigné des dérives sectaires religieuses que l’on connaît, par exemple aux États-Unis.

    Mais, le sentiment d’être attaqué dans l’identité politique de ce qui fait de nous des « Français » est un sentiment désormais largement partagé. La perte de légitimité de ceux qui exercent le pouvoir, qu’ils soient de droite ou de gauche, peut se lire comme un effet direct de l’affaiblissement de l’État qui découle de la perte d’une partie de sa souveraineté. On mesure alors très bien ce que la légitimité doit à la souveraineté. Non que l’illégitimité soit toujours liée à la perte de souveraineté. Des pouvoirs souverains peuvent s’avérer illégitimes. Mais parce qu’un pouvoir ayant perdu sa souveraineté est toujours illégitime. Or, la légitimité commande la légalité. On voit ici précisément l’impasse du légalisme comme doctrine. Pour que toute mesure prise, dans le cadre des lois et des décrets, puisse être considérée comme « juste » à priori, il faudrait supposer que les législateurs sont à la fois parfaits (ils ne commettent pas d’erreurs) et omniscients (ils ont une connaissance qui est parfaite du futur). On mesure immédiatement l’impossibilité de ces hypothèses.

    Pourtant, considérer que le « juste » fonde le « légal » impose que ce « légal » ne puisse se définir de manière autoréférentielle. Tel a d’ailleurs été le jugement de la cour constitutionnelle allemande, qui a été très clair dans son arrêt du 30 juin 2009. Dans ce dernier, constatant l’inexistence d’un « peuple européen », la cour arrêtait que le droit national primait, en dernière instance, sur le droit communautaire sur les questions budgétaires. Il est important de comprendre que, pour la cour de Karlsruhe, l’UE reste une organisation internationale dont l’ordre est dérivé, car les États demeurent les maîtres des traités4, étant les seuls à avoir un réel fondement démocratique. Or, les États sont aujourd’hui, et pour longtemps encore, des États-Nations. C’est la souveraineté qu’ils ont acquise qui leur donne ce pouvoir de « dire le juste ». Bien sûr, un État souverain peut être « injuste », ou en d’autres termes illégitime. Mais un État qui ne serait plus pleinement souverain ne peut produire le « juste ». De ce point de vue, la souveraineté fonde la légitimité même si cette dernière ne s’y réduit pas.

    Ceci permet de comprendre pourquoi il faudra revenir sur ces trois notions, Souveraineté, Légitimité et Légalité, à la fois du point de vue de leurs conséquences sur la société mais aussi de leur hiérarchisation. Ces trois notions permettent de penser un Ordre Démocratique, qui s’oppose à la fois à l’ordre centralisé des sociétés autoritaires et à l’ordre spontané de la société de marché. Il peut d’ailleurs y avoir une hybridation entre des deux ordres, quand l’ordre planifié vient organiser de manière coercitive et non démocratique le cadre dans lequel l’ordre spontané va ensuite jouer. C’est d’ailleurs très souvent le cas dans la construction de l’Union européenne dont la légalité est de plus en plus autoréférentielle. La notion d’Ordre Démocratique assise sur la hiérarchisation des Souveraineté, Légitimité et Légalité aboutit à une critique profonde et radicale des institutions européennes. Mais le problème ne s’arrête pas là. En effet, il nous faut aussi penser ces trois notions hors de toute transcendance et de toute aporie religieuse, car la société française, comme toutes les sociétés modernes, est une société hétérogène du point de vue des croyances religieuses et des valeurs. C’est pourquoi, d’ailleurs, la « chose commune », la Res Publica, est profondément liée à l’idée de laïcité, comprise non comme persécution du fait religieux mais comme cantonnement de ce dernier à la sphère privée. Voici qui permet de remettre à sa juste place le débat sur la laïcité. Cela veut aussi dire que la séparation entre sphère privée et sphère publique doit être perçue comme constitutive de la démocratie, et indique tous les dangers qu’il y a à vouloir faire disparaître cette séparation. Mais, parce qu’il a renié les principes de cette dernière, parce qu’il vit en réalité dans l’idéologie du post-démocratique, notre Président est bien le dernier qui ait le droit de s’en offusquer.

    Jacques Sapir (RussEurope, 12 janvier 2014)

     

    Notes :

    1. On se reportera ici au livre de Claude Gauvart, Histoire Personnelle de la France – Volume 2 Le temps des Capétiens, PUF, Paris, 2013. []
    2. Maccormick, Neil, Questioning Sovereignty, Oxford, Oxford University Press, 1999 []
    3. Sapir, Jacques, Les trous noirs de la science économique, Paris, Albin Michel, 2000. []
    4. M-L Basilien-Gainche, L’Allemagne et l’Europe. Remarques sur la décision de la Cour Constitutionnelle fédérale relative au Traité de Lisbonne, CERI-CNRS, novembre 2009, http://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/art_mbg.pdf []
    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Merci à la Russie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la politique de puissance de la Russie.

     

    Kremlin.jpg


    Merci à la Russie !

    Le Système médiatique occidental diabolise en permanence la Russie contemporaine. Quoi qu’il fasse, le président Poutine est systématiquement présenté dans les médias comme un dangereux autocrate, un mafieux ennemi  des droits de l’homme et des Femen, ainsi qu’un fauteur de guerre froide.

    Par exemple, quand la Russie se trouve elle aussi aux prises avec le terrorisme islamique, on nous dit qu’elle terrorise les gentils Tchétchènes. Quand elle met au pas l’oligarchie économique et financière qui bradait les richesses nationales depuis la chute de l’URSS, on nous dit qu’elle menace les libertés. Quand elle encourage la natalité et la famille, on nous dit qu’elle est homophobe. Quand quelques isolés manifestent contre le gouvernement, on nous dit que la rue est contre Poutine et tout à l’avenant.


    La Russie ? Une résistance bénéfique à l’ordre mondial

    Pareil biais, alors que l’URSS ne subissait pas du tout le même traitement médiatique, ne peut signifier qu’une chose : que la Russie incarne une résistance bénéfique à l’ordre mondial que veulent imposer les Anglo-Saxons et les valets qu’ils recrutent dans l’oligarchie occidentale.

    A l’heure du renversement des valeurs, instrument de cette tentative, on peut sans se tromper affirmer que la Russie reste dans le vrai quand l’Occident sombre dans l’erreur et le déclin. C’est pourquoi l’Occident cultive la haine de la Russie.

    Mais cela veut dire aussi que la Russie redevient un modèle à suivre pour les vrais Européens.


    La Russie fière de son passé comme de son identité

    On a un peu vite oublié en Occident que le peuple russe a payé très cher – par des millions de morts – son entrée dans le XXe siècle, l’instauration du communisme et sa victoire dans la seconde guerre mondiale : un sacrifice qui dépasse de très loin celui supporté par les Occidentaux et notamment les Etats-Unis, bien à l’abri dans leur continent-île.

    Pourtant la Russie a su tourner la page et intégrer ce passé tragique dans son histoire comme dans ses monuments, à la différence d’un Occident déboussolé qui ne cesse de ressasser la repentance instrumentée des « heures-sombres-de notre-histoire » et de nous rejouer les drames de la seconde guerre mondiale.

    La Russie a aussi retrouvé son âme orthodoxe, c’est-à-dire chrétienne, alors qu’en Occident, soumis au culte de Mammon et du Veau d’homme, les églises sont vides et les mosquées se remplissent.

    Merci à la Russie de nous démontrer qu’on peut entrer dans le XXIe siècle en restant soi-même.


    Le cauchemar des Anglo-Saxons

    Les Anglo-Saxons ont un cauchemar : celui d’une Europe puissance, d’une « maison commune » de l’Atlantique à l’Oural à laquelle ont rêvé tant de grands Européens. Toute leur diplomatie depuis deux siècles vise à rendre ce rêve impossible.

    En Europe occidentale, l’instrument de cette diplomatie se nomme aujourd’hui Union européenne. C’est-à-dire une machine (un « machin », disait De Gaulle) destinée à détruire la souveraineté et la liberté des Etats, à détruire leur prospérité et à remplacer leur population ; un empire du néant, qui doit s’ouvrir à tous les vents à la condition de rester prisonnier des « liens transatlantiques », c’est-à-dire de rester vassal des Etats-Unis.

    A l’est, l’instrument de cette diplomatie se nomme diabolisation, affaiblissement et isolement de la Russie. Car la Russie a cher payé aussi l’implosion de l’URSS : un pays ruiné, mis en coupe réglée par les oligarques, entouré d’une ceinture d’Etats plus ou moins artificiels mais dans l’orbite occidentale, une armée détruite face à l’OTAN renforcé et agressif.

    A la chute de l’URSS, les Occidentaux sous la direction américaine se sont immédiatement engagés dans une stratégie d’isolement de la Russie, dont l’affaire du Kossovo a constitué le point d’orgue, après la désagrégation de la Yougoslavie. Sans parler de la tentative de s’approprier ses ressources naturelles et de lui injecter les « valeurs » – c’est-à-dire les vices décadents – des Occidentaux.  En clair, les Occidentaux donneurs de leçons n’ont eu de cesse de profiter et d’amplifier la faiblesse de la Russie.

    Toute l’action de la présidence Poutine vise au contraire à recouvrer la puissance et la souveraineté de la Russie. Voilà qui insupporte nos maîtres.

    Merci à la Russie de faire de la puissance une idée neuve en Europe.


    Un monde multipolaire grâce à la réapparition de la puissance russe

    La chute de l’Union soviétique fut, bien sûr, une bonne nouvelle, marquant la fin de la menace communiste en Europe. On ne la regrettera pas. Mais elle a fait aussi disparaître un contrepoids à l’unilatéralisme yankee et à sa prétention, ridicule mais dangereuse, d’imposer un modèle de société humaine indépassable.

    On a vu ce qu’a donné en quelques années un tel unilatéralisme libéré de tout contrepoids : les conflits et les agressions militaires à répétition, la déstabilisation du Moyen-Orient ou la mise en œuvre d’un libre-échangisme débridé aux effets destructeurs.

    Les vrais Européens ne peuvent donc que se réjouir de voir réapparaître la puissance russe. L’Europe manque désespérément de puissance, en effet, dans un monde de plus en plus dur et concurrentiel, face aux grands blocs de l’Asie, de l’Amérique et de l’Afrique.

    La réintroduction de la puissance russe dans le jeu diplomatique mondial aura nécessairement des effets positifs, comme le montre déjà l’affaire syrienne. La Russie a résisté clairement et patiemment en effet aux fauteurs de « frappes »  en vue d’une solution politique en Syrie. C’est-à-dire qu’elle s’est prononcée en faveur de la stabilisation contre l’aventure.

    Il faut que le pouvoir arrête le pouvoir : merci à la Russie de nous rappeler cette antique loi européenne.


    A l’est la liberté

    Contrairement à ce que nous serinent nos médias, la démocratie – c’est-à-dire le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple – et la liberté sont moins menacées en Russie qu’en Europe occidentale.

    Comme il est curieux qu’un Snowden, qui a dévoilé au monde la réalité de  l’espionnage des communications mondiales par les Etats-Unis et leurs alliés, ne puisse trouver refuge qu’en Russie ! Mais pas en Europe de l’Ouest qui se targue pourtant d’accueillir à bras ouverts les réfugiés du monde entier. Comme il est curieux qu’un acteur français célèbre, lassé du fiscalisme et de la médiocrité ambiantes, préfère rejoindre la Russie plutôt que la côte est des Etats-Unis !

    C’est que l’Occident ne vit plus en démocratie mais en post-démocratie : un régime de totalitarisme mou qui vide la nationalité et la citoyenneté de leur sens, un régime où l’Etat se dresse contre la nation et installe la loi de l’étranger. Car les vrais oligarques ne prospèrent qu’en Occident : en Russie ils sont sous contrôle ou ils vont en prison.

    Merci à la Russie de nous rappeler que le salut du peuple – et non celui des banques ou des lobbys – doit rester la loi suprême des Etats.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 septembre 2013)


    Lien permanent Catégories : Décryptage, Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Chronique d'une haine de la France ordinaire...

    Nous reproduisons ci-dessous ce point de vue de Laurent Pinsolle, cueilli sur le Blog gaulliste libre et consacré au deux quotidiens phares de la bien-pensance et du politiquement correct, Libération et Le Monde...

     

    logo-LIBERATION-monde.jpg

     

    Libération, le Monde : chronique d’une haine de la France ordinaire

     
    Il y a deux ans, face à un journaliste du Monde qui ironisait sur « le protectionnisme dans un seul pays », Jacques Sapir lui avait répliqué que « la haine de la nation, c’est l’internationalisme des imbéciles ». Un propos malheureusement trop souvent applicable à certains journaux…

    La passe de trois de Libération

    A vrai dire, quand je l’avais entendu, j’avais trouvé qu’il y allait un peu fort, mais en prenant de recul, il faut bien constater à quel point il avait vu juste. On peut revenir à l’éditorial rageur de Serge July le lendemain du « non » au TCE, réduit à « des cris de douleur, de peur, d’angoisse et de colère que l’électorat de gauche a poussé dans les urnes », dénonçant la xénophobie contre le « malheureux plombier polonais ». Il assurait alors que « l’Europe est pourtant le seul espace social de la planète que la charte des droits sociaux devrait renforcer » : transmis à Athènes, Lisbonne et Madrid…

    Libération s’était aussi illustré par un détestable appel publié peu après la victoire de François Hollande : « Jeunes de France, votre salut est ailleurs : barrez-vous ». Dans une resucée mal digérée de mai 1968, les « auteurs » appelaient la jeunesse à quitter un pays dirigé par « une gérontocratie, ultracentralisée et sclérosée », où la croissance est trop faible et le chômage trop haut, comme si cela n’était que le cas à Paris et pas à Londres, Tokyo ou Pékin. Ces analphabètes de la politique en venaient même à vanter Tbilissi, en oubliant toutes les limites de la démocratie géorgienne.

    Bien évidemment, ces mercenaires mondialisés appellent à partir « pour améliorer votre niveau de vie ». Ce faisant, ils se ne rendent même pas compte de la vulgarité d’un tel appel, bien illusoire pour 90% des Français, qui n’ont pas les moyens d’aller tenter l’aventure en Chine ou au Brésil, contrairement à eux. Car leur appel n’est pas véritablement destiné à cette jeunesse des banlieues derrière laquelle ils s’abritent pour se donner bonne conscience, mais à leurs amis du show biz et du sport pour qui « ce n’est pas uniquement votre pays de naissance qui est vôtre mais le monde tout entier ».
     
    Car il faut rappeler qu’un des signataires de l’appel, fondateur des dîners de l’Atlantique, dit ailleurs « se sentir américain en Europe et européen aux Etats-Unis ». Cette petite élite ne se sent plus aucun lien avec la nation qui a pourtant fait ce qu’ils sont. Pas étonnant que Libération ait pris une position aussi tranchée et caricaturale dans le débat sur la loi Fioraso, en faisant sa une en anglais. Tout le problème de Libération est qu’à force de détester la France, il n’y a plus beaucoup de français qui aiment le lire, comme le démontrent les chiffres de l’OJD sur sa diffusion.

     

    Au Monde, la sainte Europe et la méchante France

    Au Monde, la haine de notre pays est à peine moins violente. Il suffit de lire le papier de Françoise Fressoz qui évoque « la haine française à l’égard de Bruxelles », qui dénonce « la détestation de l’Europe bruxelloise de la droite et de la gauche ». Elle souligne justement l’hypocrisie qu’il y a à dénoncer les recommandations de la Commission tout en soutenant (PS comme UMP) le « pacte budgétaire européen » (le politiquement correct pour parler de la camisole budgétaire européenne). Néanmoins, elle oublie que la démocratie, c’est aussi la liberté de penser et choisir de ne pas être gouverné depuis Bruxelles.

    Et elle est bien hypocrite en qualifiant cette « délégation de souveraineté » de « décision très politique, et non une revanche de technocrates ». Quel culot de qualifier les recommandations des eurocrates à des gouvernements démocratiques de « décision très politique » ! Où l’on voit que certains sont prêts à dire ou écrire n’importe quoi pour justifier la course folle de cette Europe monstrueuse dans la remise en cause de nos idéaux démocratiques et nos conquêtes sociales. Il faut lire également le papier de Georges Ugeux, qui dénonce « des réactions déplacées » mais aussi la hausse du SMIC !

    En fait, il est difficile de ne pas voir dans ses journaux poindre une forme de haine de la France (et du peuple) qui les poussent dans les bras d’un « rêve fédéraliste européen » aux accents souvent post-démocratique (pour être gentil), néolibéral et étasunien.

    Laurent Pinsolle (Blog gaulliste libre, 4 juin 2013)


    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Bienvenue au XXIème siècle !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré aux braves gens que le système, dans sa grande bonté, s'est chargé de déniaiser au cours des dernières semaines à l'occasion des manifestations contre le mariage homosexuel...

     

    Braves gens.jpg

    Manif pour tous : bienvenue au XXIème siècle !

     

    Les braves gens ont défilé en vain contre la loi Taubira légalisant le mariage des homosexuels, avec force drapeaux et ballons : une vraie kermesse, familiale et bon enfant, comme on les aime dans les patronages et les fêtes de fin d’école maternelle !

    Les braves gens pensaient que, comme leurs parents en 1984 pour la défense de l’école libre, il leur suffirait de défiler en nombre dans les rues pour se faire entendre du gouvernement socialiste. Mais les braves gens ignoraient qu’ils vivent maintenant en post-démocratie. La « manif pour tous » vient de les faire entrer enfin dans le XXIème siècle !

    Les braves gens ont découvert un Etat militant
    Les braves gens pensaient que le Système politico-médiatique reconnaîtrait naturellement l’ampleur de leur mobilisation. Les politiques et les médias n’ont-ils pas habituellement les yeux de Chimène pour les manifestations de sans-papiers, les camps de roms et les défilés d’enseignants ? Mais les braves gens ont eu la mauvaise surprise de voir que les préfectures minoraient systématiquement leur nombre et que les médias emboîtaient servilement le pas, en plaçant sur le même plan les pro et les anti, l’agitation dérisoire des premiers ayant pour fonction de cacher la lame de fond des autres. Et que le gouvernement restait insensible à leur protestation.

    Les braves gens ont découvert la violence d’Etat
    Les braves gens pensaient que les forces de l’ordre se comporteraient comme dans les séries télévisées : féminines et bienveillantes. Les braves gens ont fait l’amère découverte que si la police et la justice se font tout miel vis-à-vis des « jeunes » des banlieues, des agresseurs de RER ou des casseurs de la CGT, elles n’hésitent pas, par contre, à réprimer durement les Français de souche : car vis-à-vis de ces derniers, il n’y a aucun risque de bavures !

    Le port d’un tee-shirt intitulé « Djihad 11-Septembre, je suis une bombe » n’est pas sanctionné quand un jeune Maghrébin l’exhibe (*). Mais, au Jardin du Luxembourg, ceux qui arboraient le tee-shirt de « La Manif pour tous », ont été verbalisés. Bienvenue en post-démocratie !

    Les braves gens n’avaient pas l’habitude des manifs. Certains, dans leur touchante virginité, criaient même :  « La police avec nous » !

    Ils ont été fort surpris d’être refoulés, bousculés, aspergés de gaz lacrymogènes, ou placés en garde à vue comme des délinquants par des « forces de l’ordre » – des forces équipées comme pour soutenir un siège : un siège de poussettes et de bambins.

    Les braves gens, qui en général ne fréquentent pas les préfectures, ne vivent pas en banlieue, n’utilisent pas les transports en commun et voient le monde au travers du journal Le Figaro ou de l’hebdomadaire Le Point, ne connaissent pas bien la police ni les institutions post-démocratiques.

    Ils ne savent pas, par exemple, que de plus en plus de policiers, comme de militaires, d’ailleurs, proviennent des « minorités » ethniques et religieuses : ces policiers et ces policières ont en effet pour fonction principale de dialoguer avec les grands-frères des banlieues et ils se trouvent à cent lieues des préoccupations des autochtones hétérosexuels catholiques blancs. Et ce ne sont pas les commissaires de police francs-maçons qui les aideront à mieux comprendre les Français de souche.

    Les braves gens ont découvert la désinformation d’Etat
    Les braves gens haussaient les épaules quand on leur parlait de désinformation et de diabolisation. Ils n’en reviennent pas aujourd’hui d’avoir à leur tour été accusés, comme de vulgaires militants du Front national, d’homophobie, de violence ou d’extrémisme par tout l’appareil d’Etat et ses chiens de garde médiatiques.

    Les braves gens, si respectueux des lois, ont découvert un appareil d’Etat militant, prêt à tout pour museler leur colère : intervenir au Mali pour détourner l’attention, obtenir la libération opportune d’otages de façon que les médias ne parlent que de cela, organiser et médiatiser des « incidents » ou des « agressions » pour présenter les manifestants comme de dangereux factieux, interdire l’accès aux grandes artères de façon à fractionner les cortèges, etc.

    Bienvenue dans la France « normale », c’est-à-dire normalisée et mise au pas !

    Les braves gens ont découvert qui gouverne
    Les braves gens pensaient que le président de la République entendrait leur appel, comme son prédécesseur en 1984. Les consignes données par les organisateurs recommandaient d’ailleurs poliment de proscrire les slogans politiques. Mais les braves gens ignoraient que nous sommes à l’âge du 1984 d’Orwell, pas du 1984 de François Mitterrand.

    Les braves gens, dont bon nombre étaient des cadres moyens ou supérieurs, n’avaient pas encore compris que le mariage homo, comme toutes les réformes « sociétales » mises en œuvre depuis 30 ans tant par la gauche que par la droite, a pour fonction de déstructurer la population, de lui faire perdre tous ses repères, afin de la transformer en docile « ressource humaine », au service des marchés.

    Ils ne savaient pas non plus que l’Etat, socialiste ou non, méprise le peuple car il obéit désormais aux banques et aux marchés et qu’il n’hésitera pas à faire violence à la société s’il le faut, comme en Grèce ou à Chypre. Aujourd’hui, les gaz lacrymogènes : demain, peut-être les canons à eau, l’Etat d’urgence et les chars pour les faire taire.

    Les braves gens qui avaient oublié de descendre dans les rues quand on adoptait les précédentes réformes sociétales, tout aussi calamiteuses que le mariage des homosexuels pourtant, découvrent un peu tard le processus qui se déploie à leurs dépens. Bienvenue dans le monde néo-libéral !

    Les braves gens ont découvert l’UMPS
    Les braves gens faisaient confiance aux partis politiques de la « droite » raisonnable. Ils comptaient sur elle pour faire barrage à la loi Taubira. Las ! Ils découvrent que les élus de droite, soucieux de ne pas paraître « homophobes » et de complaire aux médias, finassent et ne cessent de prendre leurs distances avec eux. Ces élus leur recommandent le « calme », ce qui veut dire qu’il ne faudrait pas trop contester le pouvoir. Ils mettent en garde contre la « radicalisation », c’est-à-dire contre la contestation des fondements du Système… que les élus de droite ont, il est vrai, contribué à mettre en place ! Au Sénat ces élus n’ont même pas demandé de scrutin public.

    Les braves gens se sentent abandonnés et trahis. Bienvenue dans le monde de l’UMPS !

    Merci à François Hollande !
    Il faut, à vrai dire, remercier François Hollande : car avec son projet de mariage des homosexuels, il vient de raffermir la conscience politique de milliers d’autochtones qui jusqu’à présent vivaient dans la fausse quiétude d’une bulle protectrice.

    Car il a fait découvrir aux manifestants contre la loi Taubira qu’en post-démocratie les minorités dictent leurs lois aux majorités que l’oligarchie réduit au silence. Ils viennent de comprendre que l’Etat et les médias mentent. Ils viennent de découvrir la véritable étendue de la « liberté » dont on leur rebat en permanence les oreilles : une liberté où l’on peut se trouver diabolisé dans les médias ou violenté par la police, du simple fait de ne pas partager l’idéologie du Système.

    Les manifestants ont découvert aussi que la classe politique de droite ne soutenait pas le peuple français et se préoccupait plus de l’opinion des médias que de celle des électeurs. Rassemblés symboliquement avenue de la Grande Armée à Paris, les manifestants ont enfin pris conscience que de nombreux concitoyens pensaient et réagissaient comme eux. A Bordeaux, à Nice ou à Nantes aussi.

    Avec le vote de la loi Taubira, l’oligarchie a encore gagné une bataille. Mais elle vient de déniaiser des centaines de milliers de Français : des centaines de milliers de personnes actives, motivées et de futurs électeurs. Il est désormais de moins en moins sûr qu’elle finisse par gagner la guerre qu’elle mène au peuple français.

    Michel Geoffroy (Polémia, 24 avril 2013)

    (*) Tribunal correctionnel d’Avignon, avril 2013.

    Lien permanent Catégories : Points de vue 2 commentaires Pin it!
  • La « post-démocratie » est là...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à cette post-démocratie qui s'impose partout en Europe...

     

    Barroso.jpg

    José Manuel Barroso, un des visages de la post-démocratie

     

    Feu la démocratie, la « post-démocratie » est bien là

    Les Français ne vivent plus en démocratie mais en « post-démocratie » , comme de plus en plus d’Européens, d’ailleurs. La « post-démocratie »  emprunte les mots de la démocratie : on parle toujours d’élections, de Parlement et de République française. Mais la « post-démocratie »  prend le contrepied de la démocratie car elle programme la disparition de la souveraineté du peuple au profit d’un système oligarchique, qui vise à l’instauration d’un gouvernement mondial utopique.Depuis la fin de l’URSS et l’accession des Etats-Unis au rang de surpuissance mondiale, cette vieille utopie a libre cours car elle ne rencontre plus d’obstacles doctrinaux ; et aussi parce qu’elle sert les intérêts stratégiques américains (notamment pousser les pays à s’ouvrir au commerce international, empêcher l’Europe Puissance, contenir la Russie, etc.).

    La démocratie a été tuée par les idéologues libéraux

    Les vrais assassins de la démocratie ne sont pas les réactionnaires, les factieux ou les partisans de la dictature. Non : ils se recrutent parmi les partisans de la « société ouverte », de la « fin de l’histoire », du « doux commerce », des « droits de l’homme » et du « gouvernement mondial ». Car la « post-démocratie »  pousse jusqu’à ses ultimes limites la logique libérale initiale et pave notre enfer de plein de bonnes intentions affichées.

    L’utopie « post-démocratique » repose sur une anthropologie pessimiste et réductrice : pour éviter à l’homme de faire le mal, il faut lui ôter les moyens institutionnels d’agir sur ses semblables et promouvoir un ordre qui soit le plus axiomatiquement neutre ; il faut donc substituer le gouvernement des choses (économie, marché) au gouvernement des hommes.

    La politique, les frontières, les communautés et l’Etat sont mauvais pour l’homme, tel est le credo « post-démocratique ». Cette idéologie postule aussi que l’homme prélude à la société et dispose pour ce faire de « droits » propres, indépendamment et préalablement à toute organisation politique, voire à toute communauté et à toute famille.

    La « post-démocratie »  découle de l’esprit libéral, dans sa version anglo-saxonne. On ne peut, certes, exclure que les libéraux souhaitaient réellement, à l’origine, protéger l’homme des méfaits de la tyrannie – comme les fondateurs de l’Europe unie voulaient empêcher le retour de la guerre sur notre continent. Mais la morale des intentions ne suffit pas : le système qu’ils ont contribué à mettre en place déroule sa logique implacable.

    La tyrannie du droit

    L’affirmation de droits humains préalables à tout ordre social porte en elle en effet des conséquences politiques majeures : la suprématie du droit sur les lois, celle des juges sur les législateurs et finalement la remise en cause de toute souveraineté politique.

    Comme on le voit tous les jours, l’affirmation des droits de l’homme débouche sur la fin de la citoyenneté, puisque l’étranger – on dit « immigré » – en tant qu’homme dispose désormais des mêmes « droits » que le citoyen : prétendre le contraire reviendrait à le discriminer injustement. Les « droits » ainsi entendus ne garantissent plus vraiment contre la tyrannie, comme on le pensait à l’origine, mais deviennent un moyen de déstructurer tout ordre politique.

    En « post-démocratie »  le droit procédural supplante donc la loi : l’Etat de droit, comme on dit en novlangue, annonce le gouvernement des juges, celui que nos ancêtres justement récusaient.Le droit procédural est de nature libéral car il doit garantir la bonne exécution des contrats et non pas protéger la société. En « post-démocratie » , comme dans les films américains et pour les mêmes raisons, tout se termine donc au prétoire.Les juges s’arrogent le droit de censurer les lois ; on appelle cela le contrôle de constitutionnalité des lois : comprenez le contrôle idéologique des législateurs élus, par des juges non élus et qui revendiquent en outre le droit à l’inamovibilité et à l’impunité.

    Les anciens Grecs hausseraient les épaules si on leur disait qu’un tel régime est démocratique !

    Les valeurs contre la démocratie

    La « post-démocratie »  a hérité du puritanisme anglo-saxon, la mise en place d’un régime de prohibitions et de surveillance généralisé, avec la pénalisation des opinions ou des comportements dissidents (proscription des prétendues « phobies »…) et le retour des procès en sorcellerie : car avec les lois mémorielles et liberticides, les intentions cachées comptent désormais plus, face au juge, que les faits.

    En « post-démocratie »  on considère comme « démocratique » non pas un gouvernement issu d’élections libres et qui applique la politique voulue par la majorité des électeurs, mais un gouvernement qui respecte les « valeurs », c’est-à-dire l’idéologie dominante fondée sur le libéralisme, l’égalitarisme et le cosmopolitisme.

    Le gouvernement hongrois l’a appris à ses dépens : Bruxelles l’a placé au ban de l’Europe parce qu’il voulait réguler l’activité de sa banque centrale. Car en « post-démocratie » , les banques relèvent du sacré !

    Tous ceux qui contestent cette idéologie se retrouvent ainsi placés en dehors de la normalité, sinon de l’humanité. Car les puritains libéraux érigent leurs « valeurs » au rang de nouveau Décalogue !

    La haine des peuples

    Les premiers libéraux se méfiaient de l’Etat et de l’Eglise, qu’ils suspectaient de tyrannie. Mais la « post-démocratie »  a érigé en principe la suspicion à l’égard des peuples autochtones. Elle leur préfère les nomades, les migrants et les minorités.

    Le vote populaire n’est, en effet, un processus valide en « post-démocratie »  que s’il va dans le sens du politiquement correct.La démocratie ne se définit donc plus comme un processus mais comme un programme. Sinon on diabolise le vote en l’accusant de « populisme ». Car quand le peuple veut s’écarter du dogme libéral et cosmopolite, ceux qui haïssent la démocratie y voient la marque du populisme.

    On n’hésite pas non plus désormais à faire revoter le peuple jusqu’à ce que le résultat soit conforme (comme dans le cas de l’Irlande avec les traités européens) : car il ne peut y avoir d’alternative aux fameuses « valeurs ».

    Le plus simple en « post-démocratie »  consiste évidemment à ne tenir aucun compte de ce que souhaite la majorité des électeurs et à ne pas la consulter. L’élection ne sert plus qu’à donner une onction, un label, « démocratique », au pouvoir : mais elle ne sert pas à fixer un cap politique. Le peuple français a rejeté par référendum la constitution européenne ? Pas de problème : on la lui impose via le Traité de Lisbonne, ratifié par les parlementaires. Et puis, le mieux n’est-il pas de ne pas le consulter par référendum sur des sujets qui le concernent ?

    Le principe du consentement, qui fondait la démocratie en Europe et plongeait ses racines au plus profond de notre histoire, cède la place au principe de soumission (on ne doit pas remettre en cause les « valeurs » et ceux qui s’en réclament) comme base du nouvel ordre post-démocratique.

    La fin de la citoyenneté

    La démocratie suppose la participation et l’engagement des citoyens, leur « vertu » : leur désintéressement au service du bien commun et leur solidarité. Mais l’idéologie libérale a détruit tout cela depuis longtemps en le remplaçant par la valorisation du calcul égoïste et la promotion des droits créances, antithèse de la citoyenneté.

    On a aussi abandonné le principe majoritaire au profit de la loi des minorités, approche qui convient parfaitement à la petite oligarchie qui a pris le pouvoir. La « post-démocratie »  se résume à la protection des droits des « minorités », car ce levier peut se retourner ensuite contre la volonté de la majorité. On le voit bien, aujourd’hui, ce processus à l’œuvre dans le cas du mariage homosexuel ou de l’immigration clandestine, par exemple.

    Il s’agit, bien sûr, d’une logique de déconstruction individualiste de la démocratie, fruit naturel mais néanmoins amer de l’idéologie des droits de l’homme et du cosmopolitisme.

    La « post-démocratie »  correspond à un totalitarisme soft (« soft power », comme dit l’Union européenne) car elle repose sur la lente destruction de tout ce qui fonde l’identité, le libre-arbitre et la responsabilité de l’homme. Ce mouvement de destruction (on dit « déconstruction » en novlangue) vise à créer une société d’individus, donc un oxymore, une contradiction dans les termes. Car ces individus déracinés deviennent des atomes sociaux, des sujets et une ressource humaine pour l’oligarchie.

    Le gouvernement mondial relève aussi d’une démarche totalitaire qui revient fatalement à placer une partie de la population hors de l’humanité, car il n’y a pas de politique et donc pas de gouvernement sans une logique d’inclusion et d’exclusion.

    La « post-démocratie »  réalise ainsi les plus sombres prédictions de G. Orwell ou d’A. Huxley.

    L'Union européenne, laboratoire de la « post-démocratie »

    La « post-démocratie »  ne se résume pas à une théorie, aussi fumeuse soit-elle. Elle entre aussi dans les faits : l’Union européenne en constitue le laboratoire.

    La dynamique de l’Union européenne repose en effet sur la dissolution progressive de la souveraineté des Etats-membres, mais sans la création en contrepartie d’un Etat fédéral voire confédéral. L’Union européenne se veut comme un anti-Etat qui a, certes, un drapeau mais pas de tête, pas de constitution, pas de gouvernement, pas de défense, pas de frontières, pas de citoyenneté : elle veut se définir seulement par ses « valeurs », c’est-à-dire par son idéologie.

    Cet ensemble n’a ni centre ni périphérie : des autorités non élues le régissent, que la majorité des Européens ne connaît pas, qui fixent des procédures contraignantes qui s’imposent à tous, dont les juges également non élus contrôlent l’application et que les parlements nationaux doivent seulement « transcrire ».

    L’Union européenne est un modèle de « post-démocratie »  où la souveraineté se dissout dans le néant et, avec elle, la liberté des Européens.Car il n’y a pas de démocratie sans libertés nationales, sans souveraineté et sans politique, donc sans limites.

     La « post-démocratie », symbole de la décadence européenne

    En « post-démocratie » , la démocratie, vidée de son sens, devient un spectacle virtuel : spectacle des élections, spectacle des fausses alternances, spectacle des fausses oppositions gauche/droite au sein d’une oligarchie interchangeable qui conduit sans faiblir le même programme. Car les politiques et les peuples autochtones ne décident plus rien : les marchés, les médias et les juges le font à leur place

    Il ne faut pas s‘étonner si ce spectacle du fantôme de la démocratie intéresse de moins en moins de spectateurs autochtones et si l’abstention politique s’accroît.

    La « post-démocratie »  apparaît de plus en plus comme une curieuse maladie occidentale, d’autant que le reste du monde – donc la majorité de l’humanité – ne se reconnaît pas du tout dans les lubies néolibérales. Le reste du monde s’efforce, au contraire, de retrouver identité, puissance et souveraineté. C’est d’ailleurs pourquoi il vit de mieux en mieux, pendant que le grand hôpital occidental s’enfonce dans le marasme.

    Les pays émergents font aussi de plus en plus obstacle à la toute-puissance américaine et ses « valeurs », tandis que l’islamisme s’affirme comme un universalisme concurrent. L’utopie libérale anglo-saxonne ne fait plus rêver l’humanité. Voilà une vérité que les cosmopolites de la rive gauche, petite minorité ridicule d’enfants gâtés, se gardent bien de révéler !

    La « post-démocratie »  suscite en outre une opposition croissante en Europe même, qu’accentue la persistance de la crise occidentale puisque, en réalité, les deux phénomènes découlent l’un de l’autre.Les peuples veulent en effet des Etats qui les protègent et non pas des ectoplasmes qui démontent les frontières et se soumettent aux banques et aux marchés. Ils veulent que l’on respecte leur volonté et leur identité aussi, au lieu de les diaboliser.La coupure entre pays réel et pays légal et entre peuples autochtones et oligarchies ne cesse donc de s’approfondir en Occident sur fond de montée des tensions ethniques.

    Vers la quatrième théorie politique

    En d’autres termes, la « post-démocratie » , loin de s’inscrire dans la marche triomphale du progrès mondial, peine de plus en plus à s’imposer. Cet échec résulte des principes erronés sur lesquels elle repose et aussi de l’arrogance de l’oligarchie occidentale, qui se croyait légitime à imposer sa vue du monde à toute la terre, au besoin par la guerre.

    Après l’échec du communisme, du fascisme et maintenant du néo-libéralisme cosmopolite occidental, toutes idéologies liées les unes aux autres, il y a besoin d’une nouvelle théorie politique, comme l’écrit l’essayiste russe Alexandre Dougine : une nouvelle théorie qui tienne compte de la vraie nature de l’homme, des vrais rapports entre les peuples et qui soit à son tour universelle, c’est-à-dire dans laquelle une majorité de peuples puisse se retrouver.

    Une nouvelle théorie dont on sent confusément déjà poindre les principales composantes d’une nouvelle Déclaration d’émancipation de l’humanité : droit des peuples à la souveraineté et au maintien de leur culture et de leur identité, égale dignité des cultures, gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, soumission de l’économie au politique, solidarité des ensembles continentaux, refus de l’ingérence, régulation de l’immigration, primauté des lois, etc.

    A l’âge de la sinistre « post-démocratie » , la démocratie redevient une idée neuve en Europe.

    Michel Geoffroy (Polémia, 12 mars 2013)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!