Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

populisme - Page 36

  • Le retour des classes populaires ?...

    Le quotidien Le Monde a publié cette semaine un point de vue du sociologue Christophe Guilluy, qui a récemment publié un essai intitulé Fractures françaises (Bourin, 2010), consacré au retour dans le paysage français des classes populaires.

     

    travailleurs français.jpg

     

    Les classes populaires sont de retour en France

    En quelques décennies le Front national est devenu le porte-voix d'une part croissante des catégories populaires. Cette évolution n'est pas la résurgence d'un populisme ancien ou la conséquence d'une droitisation de l'opinion, mais il s'agit d'un processus contemporain lié à une recomposition sociologique et politique sans précédent. Le retour des classes populaires est ainsi corrélé à l'implosion de la classe moyenne tandis que la dynamique frontiste est d'abord le fruit de la fin de la bipolarisation.

    L'éclatement de la classe moyenne a libéré un nouveau "champ sociologique" qui rend de nouveau visibles les catégories populaires. Le surgissement dans le débat public de catégories, hier oubliées au profit des classes moyennes, est un indicateur essentiel de la nouvelle donne sociale.

    Si les classes moyennes avaient accompagné hier la "moyennisation" de la société française pendant la période des "trente glorieuses", plusieurs décennies de précarisation et de déclassement social favorisent aujourd'hui l'émergence de nouvelles catégories populaires. C'est dans ce contexte qu'il faut analyser la résurgence politique et culturelle des milieux populaires. Désormais, ce sont ces catégories qui reflètent avec le plus d'acuité la réalité sociale du pays. Majoritaires dans la population active, les catégories ouvriers-employés représentent aussi une majorité des retraités. Elles recouvrent ainsi un très large spectre de la sociologie française.

    Si ces nouvelles catégories populaires ne se pensent pas comme une nouvelle "classe sociale", elles subissent néanmoins les effets négatifs de la mondialisation. Ainsi, l'essentiel des chômeurs, travailleurs pauvres et/ou à temps partiel sont issus de ces milieux. Cette insécurité sociale se double d'une nouvelle insécurité culturelle liée à l'émergence d'une société multiculturelle.

    Cette double insécurité explique que des catégories populaires très diverses, et hier parfois opposées, se retrouvent dans une même perception de la réalité sociale. L'employé du lotissement pavillonnaire, l'ouvrier rural, le chômeur du bassin minier ou le petit paysan peuvent ainsi partager une même critique des choix économiques et politiques des classes dirigeantes depuis vingt ans. Tous subissent aussi les mêmes logiques foncières et l'éloignement des marchés de l'emploi les plus actifs, ceux des métropoles.

    Ces nouvelles classes populaires sont-elles de droite ? Après la disparition du "peuple de gauche" au XXe siècle, assiste-t-on à l'émergence d'un nouveau "peuple de droite" ? Rien n'est moins sûr. L'analyse par la "droitisation" occulte une donnée essentielle : la fin de la bipolarisation.

    Désormais persuadée de la vacuité du débat droite-gauche, une majorité de Français ne font plus confiance aux grands partis. En 2010, un sondage Sofres/Cevipof estimait à 67 % le nombre de français qui ne faisaient plus confiance ni à la gauche ni à la droite ; une minorité d'entre eux arrivait encore à se situer sur l'échelle gauche-droite. Ce "ni gauche ni droite", particulièrement fort en milieu populaire, n'exprime pas une vague "protestation" ni la résurgence d'un populisme ancien mais résulte d'une réalité sociale et culturelle pour partie occultée par les grands partis.

    Pire, les responsables politiques continuent à vanter les mérites d'une mondialisation heureuse, alors même que les catégories populaires subissent une précarisation objective de leurs conditions de vie. C'est dans ce contexte que l'inanité de la bipolarisation ouvre un nouveau "champ politique" au FN.

    Mais ce n'est peut-être pas le plus important. Si le FN bénéficie de la fin de la bipolarisation et de la résurgence des catégories populaires, il ne capte qu'une part minoritaire de cette majorité de Français qui ne se reconnaît plus ni à gauche ni à droite. Il existe aujourd'hui un espace considérable pour qui souhaiterait répondre à la demande de protection des classes populaires.

    Dès lors, plutôt que de se faire peur avec la montée du "populisme" ou la droitisation des opinions, il convient de prendre acte d'une bonne nouvelle, celle du retour des classes populaires dans le champ politique. Un retour qui impliquera mécaniquement une recomposition politique qu'une majorité de Français attend.

    Christophe Guilluy (Le Monde, 25 mai 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Vive le populisme !...

    Le nouveau numéro du Choc du mois (n°42, mai 2011), est disponible en kiosque. On pourra lire un premier dossier consacré à la "planète gay", comprenant, notamment, un entretien avec Dominique Fernandez et un autre avec Renaud Camus. Un deuxième dossier est consacré à la mue populiste du Front national de Marine Le Pen, avec, notamment, une analyse du politologue Christophe Boutin. Et on trouvera aussi un entretien avec Alain Soral ainsi qu'un entretien avec Michel Guenaire pour son livre Les deux libéralismes (Perrin, 2011)... Et comme toujours, les rubriques "Monde", "Société" et "Culture"...

    Bonne lecture !

     

    Choc042.gif

    Au sommaire :

    Le bloc-notes de François-Laurent Balssa

    Monde
    Printemps arabe
    La campagne de Lybie de Sarko le Petit
    Le régime de Moubarak devait tomber, il est tombé

    Anti-impérialisme
    Comprendre l’Empire : Entretien avec Alain Soral

    Voyage dans la planète gay
    Tu seras homo, mon fils
    Le look fashion te branche ?
    L’autre promotion canapé
    Quand les homos basculent à droite, très à droite
    Quelques questions à Renaud Camus
    Mariage gay, bonjour tristesse
    Sur l’homosexualité et la fin des Temps
    L’âge d’or de la littérature homosexuelle
    Entretien avec Dominique Fernandez

     

    Société
    L’extrême droite est morte ? Vive le populisme !
    Super Marine
    Les deux hémisphères du cerveau populiste français
    Le populisme face à la haine du peuple : Entretien avec Christophe Boutin
    Le virage à gauche du Front National
    Oskar, Slobodan et les minarets
    Chronique : Simone veille
    Reportage : Facteur dans le 9-3, c’est un apostolat
    Un libéral en guerre contre le néo-libéralisme - Entretien avec Michel Guénaire
    Les dessous de la « grève du zèle » des magistrats
    Le Siècle : des hommes d’influence
    Je suis bi et je t’emmerde : Binationaux une espèce mutante
    L’étrange défaite : De mai 1940 au 11 septembre 2001

    Culture
    Exposition
    Sous l’égide de Mars : Total design
    Littérature
    Les vies de Malaparte
    En hommage à Jaime Semprun
    Le plouc était philosophe…
    Réédition
    Le conseiller sans prince
    Littérature
    Béru, reviens !
    Cinéma
    Tous les soleils
    BD
    Solide
    Au bon goût d’avant
    DVD
    Messagères des dieux
    Cochonneries industrielles

    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 0 commentaire Pin it!
  • Scène de guerre idéologique...

    Vous pouvez visionner ci-dessous un extrait de l'émission Mots croisés, diffusée le 12 avril 2011 sur France 2. A l'occasion d'un débat autour du thème "Le Front national est-il encore d'extrême-droite, on y assiste à l'affrontement verbal de Robert Ménard avec Edwy Plenel et Ariane Chemin.

    On peut ne pas apprécier toutes les idées ou prises de position de Robert Ménard, mais force est de constater qu'il fait partie de ceux qui, depuis un ou deux ans, au sein des médias du système, commencent à s'attaquer sérieusement au discours politiquement correct, jusque là dominant, et à faire rentrer un peu d'air frais...

    Il est possible de visionner l'intégralité de l'émission, à laquelle participait également Philippe Bilger, sur le site de l'émission Mots croisés.

     

     

    Lien permanent Catégories : Débats, Multimédia 2 commentaires Pin it!
  • Le bruit des baskets...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de François Taillandier parue dans le quotidien L'Humanité. Auteur de plusieurs essais, comme Les parents lâcheurs (Rocher, 2001), François Taillandier est aussi romancier et est, notamment, l'auteur d'une magnifique fresque romanesque en cinq volumes, intitulée La grande intrigue, parue chez Stock (mais en cours de publication en poche dans la collection Folio), que nous vous recommandons.

     

    manger bouger.jpg

     

     

    Le bruit des baskets

    Était-ce pour l’anniversaire de sa mort ? Dimanche, à la supérette G 20 de mon quartier, une radio rediffusait le Bruit des bottes, de Jean Ferrat, chanson écrite aux alentours de 1980. Ferrat alertait sur la possibilité d’un coup d’État fasciste, en cas, par exemple, d’arrivée de la gauche au pouvoir. Beaucoup, dont j’étais, partageaient cette crainte, que les faits semblaient justifier : il y avait les précédents de la Grèce, du Chili et d’une bonne partie de l’Amérique latine, où les régimes à képis étaient soutenus à bout de bras par les mêmes Etats-Unis qui avaient martyrisé le Vietnam.

    L’histoire a des cheminements imprévus : trente ans plus tard, il reste à constater que nous étions menacés par tout, sauf par cela. Comme Pasolini l’avait pressenti, le capitalisme multinational a rompu les amarres avec les formes anciennes de domination. L’acceptation empressée des revendications strictement sociétales, la promotion d’un nouvel individualisme hédoniste, la concurrence mondiale du travail, l’endettement permanent et encouragé, s’ajoutant aux désillusions du communisme réel, lui ont fourni des masses atomisées, soumises, peu capables d’une contestation structurée du système. Je ne sais quel ploutocrate américain proclamait récemment : «La lutte des classes existe, et nous sommes en train de la gagner.» Ces gens-là ont compris que la séduction est plus efficace que la violence pour asservir les peuples.

    Il doit être désormais entendu que nos gouvernants nous aiment et ne veulent que nous protéger. Et quand ils se rendent invisibles, c’est pour ne pas être importuns. Les mouchards sont technologiques, le flicage confié au code-barres et à la puce, la traçabilité numérisée ; le collectivisme est celui des marques ; l’enrégimentement est festif. Les ennemis désignés du système sont les fumeurs persistants, les virus virtuels, les misogynes s’il en reste, les déchets non triés et les tapis-puzzles à base de formamide. La propagande organisée n’incite qu’à la consommation, le seul impératif social est de « mangerbouger ». Le bruit des baskets a succédé à celui des bottes. Tout le monde ou presque en redemande.

    Certes, il subsiste quelques « fachos ». Et aussi quelques révolutionnaires. Doctes et médias ont trouvé la parade en les regroupant sous l’appellation infamante de « populistes ». On n’aura même pas besoin de leur faire du mal.

    François Taillandier (L'Humanité, 17 mars 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Marine Le Pen et la gauche paradoxale...

    Nous avons reçu en commentaire de notre note Des lignes qui bougent ?... ce point de vue fort intéressant de Claude Bourrinet.

    marine le pen,claude bourrinet,gauche,peuple,populisme,oligarchie,défense,hédonisme,droite,travail

    Marine Le Pen et la gauche paradoxale

    Les causes du « malaise »
    Le titre de cet article est à double entrée : la copule « et » peut en effet s’entendre comme un signe d’opposition, mais il peut aussi s’interpréter comme un lien d’équivalence. Dans le premier cas, le terme « gauche » fait référence à la mouvance officielle qui le revendique comme un label ; dans le second, il traduit une connivence avec le peuple, contre une oligarchie qui lui est antithétique.
    Le malaise qui travaille au corps la caste politique actuelle, face à la montée d’un populisme contestataire, trouble d’abord les champions historiques, et pour ainsi dire institutionnalisés, des « exploités » et des « opprimés », mais qui gêne aussi la partie adverse, qui leur fait face comme dans un miroir, et qui joue avec eux cette musique en boucle qu’est l’alternance. Il  prend sa source surtout, plus que dans un « danger fasciste » fantasmé, dans la confusion de mots, dans l’usage d’un discours brouillé dont on voit bien qu’il a perdu son efficace.
    La sphère politique étant constituée autant d’images que de discours, il semble évident que le choix des vocables, et les connotations qui y sont attachées sont primordiaux.  En outre, il s’agit là d’un univers éminemment symbolique, à même de motiver des engagements forts, et peut-être plus lisible pour les masses que la pertinence d’intérêts véritables, qu’il est parfois difficile de démêler dans l’embrouillement des évènements. Or, si les mots dénotent, et ont donc une attache avec le réel, il s’en faut parfois de beaucoup pour qu’imaginaire et emblèmes y correspondent et s’y adaptent comme des gants à une main. Le plus souvent, le réel rejoint avec retard l’expression discursive  qui a tendu à le remplacer, parfois même jusqu’à l’invalider, le périmer ou le faire éclater.
    C’est justement ce qui est train de se produire avec l’extension, l’approfondissement et la consolidation du votre Front national, qui est en quelque sorte une immixtion du réel dans le jeu hautement virtuel du politique.

    Une « modernité » conquérante
    A trop user de la terminologie journalistique, qui consiste à donner une certaine crédibilité aux pétitions de principes, on perd la vérité du monde. Il n’est qu’à dire ce qui est, de façon tautologique, comme l’enfant qui clame que le Grand duc est nu. Ainsi la « droite » n’est plus, depuis longtemps à droite, et s’est spécialisée dans la gestion libérale et mondialisée de l’économie, n’ayant plus à cœur que de promouvoir la productivité du pays. Et la « gauche » ne défend plus le peuple.
    Laissons les premiers, qui inspirent pitié par leur pauvreté idéologique, car on ne ferait, en analysant le contenu de leurs propositions « sociétales », que retrouver en substance le programme de la « gauche », à savoir un abandon totale des barrières morales, culturelles et sociologiques, lesquelles avaient le tort d’empêcher la modernité d’exercer les ravages que l’on sait. L’application de la vulgate libérale n’a jamais produit des œuvres de génie dignes d’être retenues par l’Histoire. Le libéralisme, c’est l’homme perçu à travers son estomac et ses parties génitales, et sa réduction démoralisante à ses stimuli animaux.
    La « gauche » a visé plus haut. Elle s’est voulu l’héritière, comme sa sœur libérale, de l’idéologie des Lumières, mais dans une version plus idéaliste, plus rhétorique, plus messianique, bien que le projet libéral promît aussi de son côté l’avènement d’une société d’abondance, seule apte à porter le bonheur chez les hommes.
    L’évolution politique, depuis 89, au-delà du simple positionnement dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, qui a engendré les termes « droite » et « gauche », a été un progressif détachement, marqué par des chocs révolutionnaires, des problématiques attachées à l’Ancien Régime. Une fois que l’hypothèque monarchiste a été balayée, ne sont restés en présence que les partisans de la « modernité », même si on ne plaçait pas exactement la même idée derrière ce vocable. L’essentiel était que la solution aux maux de la société se trouvait devant, dans un avenir qu’on espérait radieux.
    Or, d’un côté comme de l’autre, du côté « libéral » comme du côté « socialiste », la conséquence a été une dépossession quasi complète de ce qu’avait en propre le peuple, c’est-à-dire le sentiment d’une communauté, d’une solidarité qui lui permettait de résister aux assauts de l’industrialisation et de l’urbanisation.

    La dépossession du peuple
    La marche irrésistible de l’industrie a jeté dans la misère et l’acculturation le peuple paysan, qui s’est parfois soulevé contre le progrès, par des révoltes, des grèves ou simplement en cassant les machines. Ces actions ont pris parfois une résonnance « réactionnaire », et ce que Marx a nommé « socialisme utopique » peut se lire comme une nostalgie programmatique d’un passé idéalisé. L’anarchisme, le syndicalisme révolutionnaire ne peuvent se comprendre aussi que comme cette tentative de sauver, dans la classe des artisans le plus souvent, les traditions de corps et une culture populaire mises à mal par la massification d’une économie de plus en plus déracinée et anonyme.
    Ce n’est certes pas un hasard que la « gauche », en se faisant le porte-parole des revendications populaire, n’a eu de cesse de combattre cette mouvance libertaire incontrôlée, que l’on accusait de confusionnisme, et qui du reste connut en son sein, notamment chez d’anciens communards,  la tentation du boulangisme et de l’antisémitisme.
    Le républicanisme avait pour vocation de gommer les frontières de classes. Pour lui, le peuple était un bloc, à l’exception de quelques archaïsants irréductibles. Le notable patriote s’adresse à la Nation, et veut concilier tous les intérêts. Or, bourgeoisie et prolétariat en vinrent à s’affronter. Naquirent alors les « socialistes », militants spécialisés dans la revendication, porteurs de prophétisme grandiloquent, et même lestés d’une doctrine à prétention scientifique, le marxisme. Nous assistons là à la deuxième dépossession des masses populaires, surtout après l’institution, à la suite de l’Affaire Dreyfus, d’une nouvelle caste, d’un clergé laïque, les « Intellectuels »,  qui va porter la parole sainte au milieu des ouvriers, et s’attachera à les éduquer, ou du moins à leur indiquer la bonne direction. Tous les comités qui vont fleurir à la suite du Front populaire, et qui se nourriront du mythe fallacieux et mortifère de l’Union soviétique, ce paradis rouge, confisqueront la parole prolétarienne, pour l’instrumentaliser et en faire une légende. Les « acquis » tant vantés n’ont été conquis que pour être vite récupérés par la classe marchande, et, ce qu’il en resta ne fut toléré que parce que cela correspondait aux nouveaux réquisits keynésiens de la société d’abondance.

    L’ultime dépossession
    Les partis politiques sont des machines à sélectionner une noblesse d’appareil, et à produire, par des slogans et des mots d’ordre, un semblant de discours qui trahit ou étouffe la parole populaire.
    Ce système hégémonique, bien qu’en perte d’influence depuis l’abandon des « grands récits » idéologiques, a permis la persistance d’une bureaucratie de spécialistes, qui se cooptent et contrôlent la société. Cette maîtrise douce et astucieuse de l’opinion, qui s’est donné le luxe d’un semblant de débat, incarné par le jeu de l’alternance, a été très utile quand il s’est agi de préparer, ou plutôt d’imposer au pays le tournant mondialiste, l’intégration au nouvel ordre libéral. Dans les faits, la « gauche » et la « droite » se sont rejoints sur cette cause, notamment par le truchement du projet d’union européenne, qui a été, une fois l’hypothèse de l’Europe puissance abandonnée, la porte de sortie par laquelle toutes les attaches identitaires ont été rompues. De là une difficulté récurrente à marquer des différences, sinon par des étiquettes qu’on agite et auxquelles seuls croient les journalistes.
    La nouvelle classe hégémonique communie dans l’instauration d’une société résolument moderne, moderniste, destructrice, dévastatrice. La famille, la patrie, le syndicalisme, les vieilles revendications de solidarité, de vie en commun, le simple désir de se retrouver sur un terrain civique qui inclut des impératifs de combats, bref, le veux monde, tout cela est non seulement déconstruit comme un témoignage d’un passé méprisé, mais même entaché de soupçon, comme si regarder en arrière en déplorant la perte de l’authenticité était un signe d’appartenance au fascisme. C’est ainsi qu’on a loué les familles recomposées en ignorant la souffrance enfantine, qu’on a promu la permissivité en regrettant hypocritement la violence sexuelle, qu’on a voué aux gémonies l’art ancien au profit d’un art dit « contemporain » qui, quand il n’est pas pure spéculation, n’est qu’une machine à araser les goûts et les imaginations, qu’on a abandonné l’idée de Nation, si antique, au nom d’un magma cosmopolite où seule l’élite « nomadisée » se retrouve, qu’on a prêché un hédonisme de bazar, qui rabaisse l’individu et enlève de son esprit le sentiment de l’héroïsme, du sacrifice, et même toute énergie, qu’on a encouragé, au nom de l’humanité, une immigration de masse, provoquant ainsi la baisse des salaires et la dévastation de vastes territoires de la République, qu’on a vanté la culture « jeune » en ouvrant grand les portes à l’américanisation de la France, en rompant les solidarités générationnelles tout en donnant comme modèle l’individualisme, l’égoïsme et le cynisme. Il faut ajouter à cela le profond mépris dont font l’objet toutes les résistances qui voient le jour, et que des humoristes vendus ont traînées dans la boue en les accusant d’avoir pour auteurs des « beaufs », des « Dupont-la-joie ».
    C’est dans ce qu’il reste du peuple, après ce travail destructeur entrepris par la « gauche » et la « droite » réunies, que gît encore le respect de la famille, de la patrie, de la langue française et de l’autorité naturelle. Pour combien de temps ?
    Ce n’est donc pas un paradoxe d’avancer alors que Marine Le Pen est la seule, dans le monde politique, à se trouver à « gauche », si être à gauche est défendre le vrai peuple.

    Claude Bourrinet (17 mars 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • L'Italie : de la chute de Rome à l'unité...

    La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n°53, mars - avril 2011). Le dossier central est consacré à l'Italie, de la chute de Rome à l'unité de 1861. On peut y lire, notamment, des articles de Jacques Heers, de Michel Ostenc ("L'Eveil du Risorgimento", "Mazzini ou le nationalisme républicain") ou de Philippe Conrad ("Napoléon III, l'acteur essentiel") et un entretien avec Marco Perruzi, intellectuel padanien, proche de la Ligue du Nord ("Vers une partition de l'Italie ?").  Hors dossier, on pourra lire, en particulier, une analyse du dernier ouvrage de Pierre Manent sous la plume de Dominique Venner, un article de François Bousquet sur l'oeuvre de D.H. Lawrence, un entretien avec Bernard Lugan sur le Maroc et un entretien sur le populisme européen avec le conseiller national suisse Oskar Freysinger, ainsi que la chronique de Péroncel-Hugoz.

     

    NRH 53.jpg

    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 0 commentaire Pin it!