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paganisme - Page 11

  • L'avenir de la violence...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist au site Ragemag au mois de juillet 2012 dans lequel il évoque, notamment, l'Union européenne, la mondialisation et le recours des peuples à la violence. Un entretien qui a conservé toute son actualité !...

    Alain de Benoist vient de publier aux éditions Pardès Edouard Berth ou le socialisme héroïque.

     

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    L'avenir de la violence

    L’Europe a toujours occupé une position phare dans votre pensée. Comment la définiriez-vous ?

    Comme un continent, une origine, un creuset de culture et de civilisation, une série de paysages qui m’appartiennent et auxquels j’appartiens. Une histoire complexe qui, à partir de racines remontant pour le moins au paléolithique, n’a cessé d’évoluer et de s’enrichir d’éléments nouveaux. Un continent dont les géopoliticiens font le centre du monde. Et aussi le lieu de naissance de la philosophie, ce qui compte beaucoup pour moi.

    Aujourd’hui, n’est-elle pas le joug sous lequel ploient les peuples ?

    Vous confondez l’Europe et l’Union européenne. Telle qu’elle a été mise en œuvre par ses initiateurs et poursuivie par leurs successeurs, la construction européenne s’est faite dès le début en dépit du bon sens. Elle est partie de l’économie et du commerce, au lieu de se faire à partir de la politique et de la culture. Elle s’est opérée par le haut, sous la férule d’une instance technocratique acquise au centralisme jacobin et au principe d’omnicompétence, la Commission de Bruxelles, au lieu de se mettre en place par le bas, en respectant le principe de subsidiarité ou de compétence suffisante à tous les niveaux, du plus local au plus général. Elle s’est faite en dehors des peuples, sans que ceux-ci soient jamais sérieusement consultés sur sa raison d’être ou sur son mode de fonctionnement. Après la chute du système soviétique, au lieu de chercher à approfondir ses structures de décision politique, elle a choisi un élargissement hâtif à des pays qui ne cherchaient qu’à bénéficier de la protection américaine, ce qui a aggravé son impuissance et paralysé ses institutions. Le problème de ses finalités -Europe-puissance ou Europe-marché- et le problème de ses frontières -géopolitiques- n’ont jamais été clairement posés non plus. La mise en place de l’euro dans des conditions totalement irréalistes a de son côté aggravé l’endettement public, dans le contexte de crise financière mondiale que nous connaissons aujourd’hui. Le résultat est que l’« Europe », qui apparaissait naguère comme une solution, n’est plus aujourd’hui qu’un problème parmi d’autres. Loin d’être une puissance autonome, l’Europe actuelle est politiquement dépendante, financièrement victime des marchés financiers, économiquement mise en concurrence dans des conditions de dumping avec la main-d’œuvre sous-payée des pays tiers, socialement en proie à des programmes d’austérité insupportables, bref affaiblie à tous égards. Non seulement l’Union européenne n’est pas l’Europe, mais aujourd’hui elle travaille clairement contre les Européens.

    L’Europe a-t-elle jamais été démocratique ? N’est-elle pas le legs des élites aristocratiques aux élites bourgeoises libérales ?

    Dans l’histoire de l’Europe, la plupart des régimes ont été des régimes mixtes. Des éléments de démocratie y ont toujours été présents, même là où le pouvoir appartenait à des oligarchies. Cela dit, il faut évidemment nuancer selon les époques et les lieux : la démocratie grecque n’est pas la démocratie islandaise du Moyen Age ; la cité-Etat n’a pas fonctionné de la même manière que l’Etat-nation, qui n’a pas fonctionné lui-même à la façon de l’Empire. Quant au remplacement des élites aristocratiques par des élites bourgeoises, il commence très tôt sous l’Ancien Régime, tout particulièrement en France.

    A la faveur de la crise actuelle, ne s’aperçoit-on pas que c’est toujours la même ligne de clivage, le « limes » romain, qui sépare l’Europe en deux mondes (romanisés/barbares, Réforme/Contre-Réforme, etc. ?

    Il y a bien sûr un clivage Nord-Sud, qui a pris dans l’histoire diverses formes politiques ou religieuses. Mais on ne peut pas tout ramener à la confrontation du monde latin et du monde celto-germanique. La Grèce, pour ne citer qu’elle, appartient tout autant à l’Europe « orientale » orthodoxe qu’au monde méditerranéen.

    Qu’est-ce que cela vous évoque, le fait que l’Europe puisse imploser par la Grèce ?

    C’est évidemment un symbole. D’une certaine manière, on pourrait dire que l’Europe est née en Grèce, et que c’est également là qu’elle est en train de mourir. J’ai moi-même écrit souvent qu’on meurt de ce qui vous a fait naître. Mais encore une fois, l’Union européenne n’est pas l’Europe. La première doit disparaître, dans sa forme institutionnelle actuelle, pour permettre à la seconde d’émerger à nouveau. La crise grecque peut aussi être un point de départ, l’occasion d’un nouveau commencement.

    Dans les années 1980, vous avez publié un livre intitulé « Europe, Tiers-monde, même combat ». Il était sous-titré « Décoloniser jusqu’au bout ». Pouvez-vous nous rappeler la thèse qu’il défend ?

    C’est un livre qui a été publié à l’époque de la guerre froide, lorsque le Nomos de la Terre s’identifiait au duopole américano-soviétique. L’idée générale que j’y développais était que la vocation naturelle de l’Europe n’était pas de s’identifier ou de s’aligner sur l’une des deux grandes puissances, mais de rechercher une tierce voie en collaboration avec des pays qu’à cette époque on ne qualifiait pas encore, d’« émergents ». La dette du Tiers-monde, fruit de l’idéologie du « développement », elle-même fondée sur l’ethnocentrisme occidental, l’idéologie du progrès et l’application du principe de Ricardo (la théorie dite des avantages comparatifs, qui pousse un pays à se spécialiser outrageusement et à privilégier ses exportations aux dépens de ses cultures vivrières et de son marché intérieur), y faisait l’objet d’une analyse qui pourrait aussi bien être appliquée aujourd’hui à bien des pays occidentaux.

    Peut-on lutter contre la mondialisation ?

    La mondialisation (ou globalisation) est un fait acquis, mais on ne peut l’analyser et la comprendre qu’en tenant compte de son caractère éminemment dialectique. La mondialisation unifie en même temps qu’elle divise. Elle pousse à l’homogénéisation planétaire mais, par le fait même, provoque en retour des fragmentations nouvelles. D’autre part, la mondialisation ne veut pas dire grand-chose aussi longtemps qu’on n’en a pas déterminé le contenu actuel et les autres contenus possibles. Aujourd’hui, la mondialisation est avant tout technologique et financière. De ce point de vue, le slogan : « Mondialisez-vous ou il vous en coûtera cher ! » n’est qu’un mot d’ordre terroriste. Toute la question est de savoir si la globalisation débouchera sur un monde unipolaire, inévitablement contrôlé par la principale puissance dominante que restent encore aujourd’hui les Etats-Unis d’Amérique, ou sur un monde multipolaire, où les grands ensembles de puissance et de civilisation pourront jouer un rôle de régulation dans le processus de mondialisation en cours. C’est évidemment vers un monde multipolaire (un pluriversum, non un universum) que vont mes vœux. Cette alternative conditionne l’avènement d’un nouveau Nomos de la Terre. Elle détermine aussi un clivage d’opinion beaucoup plus important que l’obsolète clivage droite-gauche.

    Qu’évoque pour vous le mot « universalisme » ? Le paganisme est-il une alternative ?

    Je définis l’universalisme comme une corruption de l’universel. Vous connaissez cette belle formule de l’écrivain portugais Miguel Torga : « L’universel, c’est le local moins les murs ». La singularité est un mode de médiation vers l’universel. L’universalisme consiste à statuer a priori sur la nature de toute réalité particulière, tandis que l’universel part de cette réalité pour s’épanouir et acquérir une portée plus générale. C’est en s’affirmant profondément espagnol, allemand ou anglais, que Cervantès, Goethe ou Shakespeare prennent une dimension universelle. L’universel, pour le dire autrement, ne s’atteint pas par la négation ou le dépérissement des particularités, mais par leur approfondissement. L’universalisme nie l’altérité, il ignore l’Autre en tant qu’Autre. Il considère que les hommes sont en tous temps et en tous lieux les mêmes, et que ce qui vaut pour les uns vaut nécessairement pour les autres. Cette croyance a servi de fondement à l’impérialisme occidental, et on la retrouve aussi au fondement du racisme. Le paganisme est assurément une alternative, d’un point de vue intellectuel et spirituel, puisqu’il se tient par définition à l’écart de l’Unique. Affirmer qu’il y a plusieurs dieux conduit à n’en rejeter aucun. Le « polythéisme des valeurs » (Max Weber) est un principe de tolérance, en même temps qu’une manière de respecter ce qui fait la richesse du monde, à savoir sa diversité.

    Il semble que, de la démocratie représentative, il ne reste plus que la représentation. Les représentants sont parfois ouvertement méfiants envers le suffrage populaire. Comment les peuples peuvent-ils reprendre le pouvoir ?

    Carl Schmitt disait que plus une démocratie est représentative, moins elle est démocratique. C’était aussi l’opinion de Rousseau : lorsque le peuple délègue à des représentants le soin de parler en son nom, il ne peut plus être présent à lui-même. Ce qui fonde la légitimité de la démocratie, à savoir la souveraineté populaire, implique la possibilité donnée à tous les citoyens de participer aux affaires publiques, c’est-à-dire de décider le plus possible par eux-mêmes de ce qui les concerne. La vraie démocratie est donc avant tout une démocratie participative. La crise actuelle de la représentation tient au fait que les citoyens constatent en permanence qu’ils ne sont même plus représentés. La Nouvelle Classe dirigeante redoute de son côté que les classes populaires ne veuillent pas aller dans la direction qu’elle leur assigne. L’idéologie dominante, enfin, place la souveraineté populaire sous conditions : une décision adoptée démocratiquement n’est plus acceptée aujourd’hui que pour autant qu’elle ne contredise pas l’idéologie des droits de l’homme. Un fossé s’est ainsi creusé entre le peuples et les élites. « Reprendre le pouvoir », cela signifie d’abord comprendre que, dans l’espace public, l’individu ne doit pas s’affirmer comme consommateur, mais comme citoyen. Cela signifie ensuite chercher à mettre en place, et d’abord localement, une démocratie de base suffisamment forte pour résister aux injonctions qui viennent d’en-haut.

    On assiste à des scènes quasi insurrectionnelles en Grèce. La violence est-elle une solution pour les peuples ?

    Des scènes quasi-insurrectionnelles ? On n’en est pas encore là, malheureusement peut-être. Pour l’instant, ce que l’on voit le plus en Grèce, c’est la misère, le désespoir et bon nombre de suicides. La violence est la solution lorsqu’il n’y en a plus d’autres. On dit souvent que l’Etat moderne a le monopole de la violence légitime, mais en réalité il n’a que le monopole de la violence légale. Or, légalité et légitimité ne vont pas forcément de pair, sans quoi l’on ne pourrait dire d’une loi qu’elle est injuste.

    La décrédibilisation de la violence comme mode d’expression de soi n’est-elle pas l’une des causes de la perte de pouvoir du peuple ? Les dirigeants ne doivent-ils pas avoir un peu peur du peuple pour garder en tête ses intérêts ?

    Toute société implique un minimum de concorde entre les citoyens. Il s’en déduit que, si violence est parfois légitime, elle ne saurait constituer un « mode d’expression de soi » permanent. Les dirigeants, d’autre part, ne doivent certes pas être préservés de la colère du peuple, mais il y a des institutions qui les obligent plus que d’autres à tenir compte de ses réactions éventuelles. Je pense par exemple au mandat impératif. En cas de conflit, en tout cas, c’est au peuple d’imposer sa loi par tous les moyens qui peuvent le lui permettre.

    La violence est-elle un mal en soi ?

    Je ne sais pas très bien ce qu’est un « mal en soi » rapporté aux affaires humaines. En matière politique et sociale, le bien et le mal sont rarement absolus. Beaucoup de choses dépendent des circonstances. C’est en recourant à la violence que nombre d’anciennes colonies ont recouvré leur indépendance. Durant la Seconde Guerre mondiale, la Résistance avait elle aussi recours à des moyens violents pour lutter contre l’occupant. Face à la violence d’Etat, qui peut aussi être une violence impersonnelle ou structurelle (la violence n’implique pas nécessairement la mise en œuvre de moyens violents), le recours à la violence est souvent la seule arme dont disposent ceux qui sont injustement dominés. Mais la violence n’est pas toujours légitime. Dans ses Réflexions sur la violence (1908), Georges Sorel fait l’apologie de la « violence prolétarienne », mais prend soin de la distinguer de la Terreur. La violence ne doit pas non plus être confondue avec la force. Lorsque l’on dit que la force précède le droit, on ne plaide pas pour la « raison du plus fort ». On dit seulement que le droit est impuissant sans la force nécessaire pour garantir son application.

    Sommes-nous une société pacifiée, une société de lâches, ou les deux ?

    La société dans laquelle nous vivons n’est pacifiée qu’en apparence. Derrière le « cercle de raison » cimenté par la pensée unique, elle est au contraire traversée de contradictions profondes qui, à la faveur d’une crise généralisée, éclateront avec d’autant plus de force qu’on aura longtemps tenté de les dissimuler. « Société de lâches » est peut-être excessif. Là encore, ce sont souvent les conjonctures, les circonstances, qui révèlent d’un côté les lâches et de l’autre les courageux. Si nous sommes aujourd’hui dans une « société de basses-eaux », comme disait Castoriadis, c’est aussi que nous sommes dans une époque de transition, un Zwischenzeit (en Français, un intermède Ndlr). Nous voyons s’effacer un monde qui nous fut familier, mais nous ne percevons pas encore pleinement les enjeux du futur. Plutôt que de lâcheté, je serais tenté de parler de déperdition d’énergie. Amnésiques et culpabilisées, les sociétés européennes actuelles sont comme vidées de leur énergie. A cette fatigue historique s’ajoutent les effets de la « distraction » au sens pascalien du terme, c’est-à-dire les effets de l’industrie du divertissement.

    Un petit recueil de Kantorowicz s’intitule Mourir pour la patrie. Y a-t-il quelque chose qui justifie de se sacrifier aujourd’hui ?

    Il y a toujours quelque chose qui vaut qu’on se sacrifie pour elle, mais cette chose n’est pas forcément perçue dans la claire conscience. Disons qu’il vaut toujours la peine de se sacrifier pour quelque chose qui nous dépasse. La question est de savoir si nos contemporains estiment qu’il y a quelque chose qui excède leur existence individuelle et leurs désirs immédiats ou s’ils jugent que, par définition, rien n’est pire que la mort. Un peuple qui pense que rien n’est pire que la mort est mûr pour la servitude. Le problème est que la notion même de don de soi va totalement à l’encontre d’un climat général dominé par l’utilitarisme, la raison marchande et l’axiomatique de l’intérêt. Anthropologiquement parlant, l’idéologie dominante fait de l’homme un producteur-consommateur uniquement désireux de maximiser son meilleur intérêt. Dans une telle perspective, tout ce qui n’est pas calculable est considéré comme dénué d’intérêt, toutes les valeurs sont rabattues sur la valeur d’échange, et la gratuité ne correspond plus à rien. Réaliser ce pour quoi il vaut la peine de se sacrifier implique une véritable décolonisation de l’imaginaire symbolique.

    Georges Sorel, dans ses Réflexions sur la violence, décrit une élite bourgeoise peureuse, qui cède au moindre froncement de sourcil populaire. Est-ce encore vrai ? Et si oui, qu’est-ce qui fait que les peuples soient si sages, finalement ?

    Je n’ai pas l’impression que Sorel décrive une bourgeoisie si craintive. Il la décrit plutôt comme prête à tout, y compris à la guerre, pour défendre ses intérêts. Il n’en est pas moins vrai que les élites redoutent le peuple, et qu’on peut s’étonner de voir ce dernier accepter si facilement de vivre dans les conditions qui sont les siennes aujourd’hui. La raison principale en est la relative abondance matérielle que nous connaissons. La vie devient de plus en plus difficile, le travail de plus en plus précaire, mais il y a toujours de l’essence à la pompe et les rayons des centres commerciaux sont pleins. Il n’en ira pas toujours ainsi. L’épuisement des ressources naturelles, la détérioration objective des conditions de la croissance, la suppression de fait des acquis sociaux obtenus en un siècle et demi de luttes sociales, aboutiront peu à peu à une prise de conscience qui mettra fin à la « sagesse » – en fait à l’apathie, à l’aliénation du « spectacle » et à la fausse conscience généralisée – dont vous parlez.

     Vous avez dans votre jeunesse été très à droite, vous dites désormais n’être ni de droite ni de gauche. Comment avez-vous dépassé ce clivage ? Pourquoi luttez-vous aujourd’hui ?

    Je n’emploie pas la formule « ni droite ni gauche », qui ne veut pas dire grand-chose. Je dis seulement que le clivage droite-gauche, qui a depuis deux siècles renvoyé aux oppositions les plus différentes, n’a plus guère de sens aujourd’hui. Il devient obsolète. Les notions de droite et de gauche, nées avec la modernité, s’effacent avec elle. Elles ne survivent, péniblement, que dans la sphère étroite du jeu parlementaire, mais tous les sondages montrent qu’elles perdent chaque jour un peu plus de leur clarté. Les grands événements de ces dernières décennies ont fait apparaître de nouveaux clivages qui, chez moi, ont stimulé un désir de synthèse. Dans mon livre de mémoires, Mémoire vive, j’explique dans le détail comment je suis parvenu à ce constat que les notions de droite et de gauche ont cessé d’être opérationnelles pour analyser sérieusement le moment historique que nous vivons. Je dis aussi que je me considère plutôt comme un « homme de droite de gauche » ou un « homme de gauche de droite ». Au lecteur de décider par lui-même ce qu’il peut ou doit en tirer !

    Alain de Benoist (Ragemag, 13 juillet 2012)

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  • L'homme qui cherchait le yéti...

    Nous vous signalons la parution aux éditions Autrement de Histoire vraie de l'homme qui cherchait le Yéti, un récit de Gabi Martinez qui retrace la vie du zoologue, explorateur et aventurier Jordi Magraner, mort au Pakistan, assassiné par les islamistes. L'ouvrage est préfacé par Erik L'Homme, auteur de plusieurs séries romanesques pour les jeunes (et les moins jeunes) qui connaissent un très grand succès, et qui a accompagné Jordi Magraner dans plusieurs de ses expéditions dans les hautes montagnes des confins de l'Afghanistan et du Pakistan. Erik L'homme avait évoqué l'une de ces exploration dans Des pas dans la neige (Gallimard-Jeunesse, 2010).

     

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    " A la fin des années 1980, Jordi Magraner, zoologue franco-espagnol, monte une expédition. Toute scientifique qu'elle soit, elle paraît incroyable : Magraner part à la recherche du 'barmanou ', aussi appelé yéti dans d'autres régions du monde, au coeur des montagnes d'Afghanistan. Gabi Martinez a enquêté sur cet explorateur hors du commun et nous livre le récit palpitant et hautement romanesque de cette histoire vraie.
    Pendant des années, Jordi Magraner arpente les montagnes du nord du Pakistan et d'Afghanistan. Il est convaincu que la théorie de l'évolution de Darwin n'explique pas pourquoi l'être humain parle et a une conscience. Il se dit qu'il existe bien un chaînon manquant, qu'il pourrait s'agir du barmanou. Il est un fervent apôtre de la cryptozoologie, ce courant qui étudie les animaux dont l'existence est sujette à caution.
    En partant à sa recherche, il découvre la fascinante communauté kalash, ces hommes blonds aux yeux bleus, de tradition païenne. Il devient l'un des leurs. En lutte constante avec les institutions françaises et pakistanaises, il travaille pour le Musée d'Histoire Naturelle de Paris, rencontre Massoud, dirige l'Alliance Française de Peshawar... Mais quand les États-Unis envahissent l'Afghanistan, l'atmosphère devient irrespirable.
    Il est accusé de pédophilie et d'espionnage. Assassiné en 2002 au Pakistan, le crime n'a pas été élucidé et son corps n'a pas été rapatrié. Jordi Magraner est un personnage issu d'un autre monde, pareil à ces écrivains explorateurs du XIXe siècle. Un personnage anachronique, résolument romanesque, qui rappelle par moments le Limonov d'Emmanuel Carrère."

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  • Profitez des lumières du ciel ! ...

    Nous vous signalons la réédition en collection de poche du roman d'Olivier Maulin, Les lumières du ciel, initialement publié en octobre 2011. Païen, anar de droite, anti-moderne, Olivier Maulin est l'auteur de trois romans particulièrement réjouissants, En attendant le roi du monde (L'esprit des péninsules, 2006), Les évangiles du lac (L'esprit des péninsules, 2008) et Petit monarque et catacombes (L'esprit des péninsules, 2009), ainsi que d'un polar politique bien ficelé et percutant...

    Nous reproduisons, à cette occasion, l'entretien qu'il avait donné à Novopress lors de la sortie de ce roman.

     

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    Rencontre avec Olivier Maulin

    Novopress : Olivier Maulin, votre nouveau roman s’intitule « Les lumières du ciel », ce titre signifie-t-il que vous cherchez, par votre écriture, à rallumer les étoiles que les rationalistes, les matérialistes et les laïcistes pensaient avoir définitivement éteintes au début du siècle ?
     
    Olivier Maulin : “Nous avons éteint dans le ciel des lumières qu’on ne rallumera plus” clamait en effet fièrement René Viviani à la Chambre des députés en 1906. On croyait alors que l’homme serait plus heureux dans une humanité scientifiquement organisée, sans espérance spirituelle, avec pour seul désir celui de combler les attentes matérielles de l’existence, ce qui est la plus belle illusion des deux ou trois derniers siècles d’histoire, illusion dont on n’est évidemment pas sorti. Qui sait pourtant si tout ça ne va pas exploser dans les prochaines années ? Bientôt, il n’y aura plus I-pod, ni télé-aux-coins-carrés, ni cellules psychologiques, ni rien du tout, rien que des hommes tout nus, tout désarmés. Le projet de ce livre a été, dans un premier temps, d’explorer ce monde “sans lumières”, de montrer comment on vivait sous un ciel vide. Et puis j’ai très vite rencontré des petites lumières que Viviani et sa clique d’enténébrés avaient oublié d’éteindre et j’ai soufflé dessus pour les rallumer. En un sens mon livre est un manifeste antilibéral !
     
    Novopress : Si l’on présente votre nouveau roman comme une sorte de « révolte contre le monde moderne » chez les bras cassés, une épopée chaotique à la poursuite de l’étoile polaire en compagnie des laissés pour compte de la Star Academy ou comme un « road-book » écolo-anarchiste invitant à la rupture avec la déshumanisation du règne de la technique, cela vous parait-il assez fidèle à l’esprit du roman ?
     
    Olivier Maulin : On peut le dire comme ça. Il est vrai qu’il s’agit probablement de mon livre le plus “anarchiste”, encore faut-il s’entendre sur le mot. Quand je dis anarchiste, je ne me réfère évidemment pas aux rats en noir de la CNT qui sortent à la pleine lune pour tout casser et qui ne sont finalement que des nihilistes revanchards. Pour moi, l’anarchisme, c’est un sentiment très médiéval, qui peut du reste coexister avec une fidélité royale. C’est ce que porte dans son cœur l’artisan, le paysan, le curé de campagne, le chevalier sans fortune, le petit peuple de France. Pris dans l’horreur de la révolution industrielle, ce petit peuple a compris très tôt les implications ultimes du nouveau système économique qui exigeait d’abolir tout ce qui entravait l’action des individus dans la libre poursuite de leur intérêt bien compris. Le capitalisme originel porte en lui la destruction de la famille, des coutumes et des mœurs léguées par l’histoire. Il est une révolution permanente, c’est ce que refusent de comprendre certains anticapitalistes de gauche qui l’associent à l’esprit conservateur, voire à la Réaction, ce qui est aberrant. D’une manière générale, je crois que la ligne de crête aujourd’hui se situe entre libéraux et antilibéraux, entre ceux à qui profitent le système et ceux qui en souffrent, entre les élites et le peuple pour aller vite. A nous de nous inspirer de toutes les pensées antilibérales, à l’exclusion de celles qui ont mené au totalitarisme (et qui du reste sortent généralement de la même “matrice” libérale), que ces pensées soient d’origine anarchiste, socialiste, populiste ou réactionnaire à proprement parler. Il faut retrouver l’âme du petit peuple de France.
     
    Novopress : Vous semblez avoir une appétence particulière pour les « bras cassés », les ratés sympathiques, les incompétents lunaires, les simplets poétiques…. Voilà un goût qui n’est pas très à la mode dans la France sarkozyste du « travailler plus pour gagner plus…»
     
    Olivier Maulin : En effet, j’aime réhabiliter les disgracieux, les tordus, les mal-foutus, les fainéants, ceux dont la seule présence physique est une insulte faite à la médecine moderne et à l’organisation rationnelle de la société ! Je trouve qu’ils ont des choses passionnantes à dire. Et puis il y a toujours une dimension carnavalesque dans mes livres. La France d’aujourd’hui étant un grand carnaval triste et permanent (avec des ministres lisant Zadig et Voltaire), lorsque l’on organise un contre-carnaval là-dedans, on retombe forcément sur ses pieds. Les fous deviennent sages, les débiles, intelligents, les disgracieux, gracieux. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire.
     
    Novopress : Tous vos ouvrages sont des récits de tentatives d’évasion hors de la modernité. Olivier Maulin, notre époque contemporaine, que vous a-t-elle faite ? Que lui reprochez-vous ? Pourquoi la « détestez-vous » autant ?
     
    Olivier Maulin : Mais je ne la déteste pas ! Je lui trouve même certains attraits, comme on peut en trouver à une vieille pute éclairée au néon. Les périodes de déliquescence sont des périodes fascinantes, il n’y a qu’à lire les polars américains ou même Henry Miller. D’ailleurs, les années à venir vont probablement être très excitantes, et promettent peut-être quelques beaux livres. Ceci étant, il est vrai que nous vivons probablement l’époque la plus sinistre, la plus vulgaire, la plus idiote et la plus liberticide de l’histoire. Ce que je reproche à notre société ? De vouloir crever dans la honte, de tirer de cette unique volonté sa légitimité morale et d’emmerder ceux qui veulent encore vivre.
     
    Novopress : L’une des originalités de votre dernier ouvrage par rapport aux précédents où les issues à la modernité étaient plutôt d’ordre onirique, poétique ou “dyonisiaques”, cette fois vous évoquez une voie pratique et concrète : le « retour à la terre » et la « néo-paysannerie ». Vous croyez véritablement à ce genre de démarches comme réponse possible à la crise économique, civilisationnelle et humaine que nous traversons ?
     
    Olivier Maulin : Jusqu’à présent, les « retours à la campagne », genre mouvement hippie, ont tous été très idéologiques, sans grande chance de succès. Il fallait forcément qu’il y ait des normes imposées, mettre les femmes en commun, se droguer, vivre en communauté, etc. toutes choses finalement tellement artificielles qu’elles s’achevaient en eau de boudin. Mais aujourd’hui, c’est un peu différent, on a un système qui s’effondre sous nos yeux et, fait unique dans l’histoire, on n’a rien pour le remplacer ! Si dans quelques années, il n’y a plus d’Etat, plus de sécurité, plus de prestations sociales, plus de travail et plus rien à bouffer, il me paraît évident que les gens vont se réfugier là où ils pourront cultiver un potager, nourrir trois poules, élever leurs enfants et les défendre avec un bon fusil. Il n’y aura alors aucune idéologie, ce sera de la simple survie : essayez donc de cultiver un potager rue Lafayette ! Les cartes alors seront rebattues. Deux fermes qui font une alliance, c’est le début d’un nouvel âge féodal.
     
    Novopress : Votre ouvrage déborde d’ironie et d’humour mais n’hésite pas pour autant à évoquer des problèmes graves tels que l’immigration, le nihilisme consumériste ou les dérives d’une vieillesse soixanthuitarde qui refuse son âge et la sagesse qui devrait l’accompagner… Pensez-vous que l’on puisse encore rire de tout ?
     
    Olivier Maulin : On peut rire d’absolument tout, et avec tout le monde par-dessus le marché ! L’humour, quand on sait le manier, est une arme absolument formidable. Sans elle, vu l’état des mœurs, je serais probablement devant la 17e chambre correctionnelle de Paris, comme un cave, avec des vieux juges gaga qui me taperaient sur les doigts…
     
    Olivier Maulin (Novopress, 2011)
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  • Traditions d'Europe...

    Pour redonner du sens à une fête de Noël qui est devenu une fête de la bouffe et de la consommation, nous vous conseillons de vous procurer les deux ouvrages indispensables que sont Les Traditions d'Europe (Labyrinthe, 1996), édité sous la direction d'Alain de Benoist, et Fêtes païennes des quatre saisons, (Editions de la Forêt, 2008), coordonné par Pierre Vial

     

     

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    "Des mythologies aux légendes populaires, des anciens rites religieux aux coutumes rurales encore vivaces aujourd’hui, de la célébration des fêtes traditionnelles à l’origine des prénoms, c’est une véritable encyclopédie de l’Europe païenne qui vous est offerte dans ce livre illustré, prodigieusement documenté et bourré de renseignements pratiques pour ceux qui ne veulent pas perdre la mémoire !"

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    "Le païen, c'est à dire l'homme enraciné, vit en fonction d'une conviction très simple quand on a conscience d'être un élément, parmi tant d'autres, au sein de l'univers, on comprend que l'équilibre et la sérénité, dans sa vie quotidienne, sont le fruit d'un respect des lois naturelles. Autrement dit, chacune et chacun doit s'insérer dans le cycle vital de la nature, rythmé par le déroulement des saisons.

    Ce rythme saisonnier, éternel retour, est marqué par des fêtes ancestrales, traditionnelles, qui sont autant de rappels que, dans la vision païenne du monde, le sacré est sans cesse omniprésent dans la vie de tous les jours et doit donc être pris en compte, respecté et célébré.

    Vous voulez savoir de quel très lointain passé surgissent les fêtes païennes des quatre saisons ? Quelles sont leur signification, leur histoire ? Vous voulez savoir comment, aujourd'hui, perpétuer ces fêtes, en respectant leur sens profond tout en les adaptant à notre temps ? Cet ouvrage, abondamment illustré, est destiné à unir la connaissance historique et les conseils pratiques, pour faire vivre concrètement, dans le cadre familial et communautaire, l'héritage des ancêtres."


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  • Une vision du monde réactionnaire ?...

    Les éditions du Cerf ont publié récemment  L'Écologie politique - Une vision du monde réactionnaire ?, un essai de Stéphane François. Chercheur au CNRS dans le domaine de l'histoire des idées, l'auteur a notamment publié La musique europaïenne (L'Harmattan, 2006), Les Néo-paganismes et la Nouvelle droite (Arche, 2008) et Le néo-paganisme : une vision du monde en plein essor (La Hutte, 2012).

     

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    "L'écologie politique est devenue depuis le milieu des années 1980 une force politique majeure dans notre pays, et dans d'autres pays occidentaux. Cependant, elle recouvre des sensibilités idéologiques très diverses allant du progressisme au conservatisme, voire à une attitude réactionnaire. La diversité du tissu associatif montre la pluralité de l'expression. Le mérite de Stéphane François est de nous aider à saisir ces nuances en donnant une présentation précise, érudite même, et pourtant claire des groupes et courants concernés. Son propos pourra parfois apparaître un peu provocateur : alors qu'il est de bon ton de considérer que l'écologie politique se situe à gauche du spectre politique, il présente des aspects de droite qui animent aussi celle-ci, ou qui même déterminent une part importante de sa conception du monde. Cet ouvrage souligne, en effet, les aspects nostalgiques, technophobes et parfois antilibéraux, qui s'expriment dans les textes et les discours. Il montre aussi l'existence d'une écologie d'extrême droite, voire néo-païenne, assez vivace qui coexiste avec des formations plus établies. Cette approche novatrice permet de comprendre cette configuration droitière de l'écologie politique, sans pour autant porter de jugements sommaires sur les discours analysés."

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  • La figure du sauvage...

    Les éditions Thames & Hudson viennent de publier un superbe ouvrage du photographe Charles Fréger, intitulé Wilder Mann ou la Figure du sauvage. Un voyage fascinant dans les dernières survivances païenne de l'Europe...

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    "Chaque année, dans toute l'Europe, de la France à la Bulgarie, de la Finlande à la Sardaigne, du Portugal à la Grèce en passant par la Suisse et l'Allemagne, des hommes, le temps d'une mascarade multiséculaire, entrent littéralement dans la peau du " sauvage ".
    En devenant ours, chèvre, cerf ou sanglier, homme de paille, diable ou monstre aux mâchoires d'acier, ces hommes célèbrent le cycle de la vie et des saisons. Leurs costumes, faits de peaux de bêtes ou de végétaux, sertis d'ossements ou ceinturés de cloches, chapeautés de cornes ou de bois de cerfs, sidèrent par l'extraordinaire diversité et la prodigieuse beauté de leurs formes. Les portraits photographiques d'hommes sauvages de Charles Fréger subliment cette suspension provisoire de la normalité qu'est la mascarade et révèlent une tradition méconnue d'une étonnante richesse.
    Toutes les figures photographiées sont décrites, en fin d'ouvrage, dans le contexte du rituel auquel elles se rattachent. Ces textes ont été rédigés en collaboration avec le Musée international du Carnaval et du Masque situé à Binche en Belgique, et sont illustrés des silhouettes créées pour l'occasion par Geneviève Gauckler."

     

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