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michel geoffroy - Page 22

  • Les dissidents du XXIe siècle ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré au nouvelles formes de dissidence en ce début de XXIe siècle...

     

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    France / Occident : les dissidents du XXIe siècle

    Honneur aux dissidents

    Les dissidents soviétiques avaient bonne presse en Occident dans les années 1970, car ils permettaient d’attaquer l’URSS sur les droits de l’homme – dont l’idéologie commençait à prendre sa forme moderne – et en particulier sur le droit d’émigrer (déjà…). Ils révélaient aussi la réalité cachée du communisme, même si en fait on savait déjà tout depuis Victor Kravtchenko (J’ai choisi la liberté, 1946) et même bien avant.

    On se souvient notamment de V. Boukovski, d’A. Zinoviev, d’A. Ginsburg, des frères Kopelev, ou Medvedev, de L. Pliouchtch et, bien sûr, d’A.Soljenitsyne.

    Les dissidents ont cependant commencé à moins intéresser l’Occident quand, ayant quitté l’URSS, ils ont commencé à déclarer que le « monde libre » n’était pas non plus le paradis. Et plus encore quand ils ont préféré revenir en Russie après la chute du communisme, comme Soljenitsyne, par exemple. Mais tant qu’il s’agissait de mettre en accusation l’Union soviétique, l’Occident souhaitait la bienvenue aux dissidents. Mais aujourd’hui les rôles se sont inversés.

    Le phénomène de dissidence marque l’usure d’un système

    L’apparition de la dissidence montre qu’un système touche à sa fin.

    Le phénomène de dissidence correspond au fait qu’un jour, et d’une façon imprévisible, des personnes du système décident de ne plus jouer le jeu en acceptant, en outre, d’en supporter personnellement les conséquences. Ce qui signifie qu’ils ne croient plus au système dans lequel ils vivent et qu’ils n’ont en outre plus peur de vouloir le changer.

    Ainsi, recrutés avant tout parmi les intellectuels et les chercheurs choyés par le régime, les dissidents soviétiques montraient que le mythe communiste ne faisait même plus rêver « l’avant-garde du prolétariat ». Comme le décrit A. Soljenitsyne dans son livre Le Chêne et le Veau, l’existence de la dissidence portait des coups de boutoir répétés sur le régime soviétique d’autant plus redoutables qu’elle provenait de l’intérieur du système lui-même. Comme un jeune veau têtu peut finir par abattre à la longue un vieux chêne.

    Ce phénomène s’est déjà produit dans l’histoire, notamment à la fin de l’Ancien Régime, quand une partie de la noblesse s’est ralliée aux « Lumières ».

    Les dissidents du XXIe siècle 

    La dissidence réapparaît aujourd’hui en Occident.

    Julian Assange, Bradley Manning et Edward Snowden sont en effet des dissidents du XXIe siècle. Et comme leurs homologues soviétiques, ils annoncent que le système occidental se fissure de l’intérieur.

    Bien qu’anglo-saxons, donc issus de la population dominant le système occidental, ces trois dissidents ont décidé un jour, et d’une façon imprévisible, de révéler au monde la réalité cachée de la politique américaine, en faisant la lumière sur les activités secrètes d’écoute des communications mondiales par la NSA auxquelles il participait, pour Snowden, ou en organisant la divulgation de documents diplomatiques ou militaires américains classifiés, pour Assange et Manning, via Wikileaks.

    Ces dissidents ne pouvaient ignorer les risques auxquels ils s’exposaient. Ils les ont pourtant assumés en démontrant par là même qu’ils plaçaient l’exigence de vérité plus haut que leur propre sécurité ou que leur loyauté vis-à-vis du système occidental.

    Leur dissidence porte aussi sur les télécommunications et l’internet : donc sur le cœur du réacteur occidental contemporain et sur le levier principal de sidération des populations.

    Tous les trois sont jeunes, enfin : ce qui montre que la contestation monte des profondeurs du système.

    Comme en URSS

    Le sort des dissidents occidentaux n’a rien à envier à celui des soviétiques. Les dissidents soviétiques ne trouvaient pas asile dans les pays du Pacte de Varsovie. Il en va de même pour les dissidents du XXIe siècle : aucun pays « libre » du bloc occidental – qui croule pourtant sous les « réfugiés » venus de toute la terre – n’a couru le risque de les accueillir et de mécontenter ainsi le « grand frère » américain. Y compris les pays espionnés par la NSA et qui se sont donc montrés pas très rancuniers ! L’oligarchie présente, bien sûr, les dissidents comme des délinquants et des hooligans, comme au temps de l’URSS.

    Manning, qui a déjà passé 1200 jours sous les barreaux, a été condamné à 35 ans de prison, même s’il a évité l’incrimination de « collusion avec l’ennemi » qui lui faisait courir le risque d’emprisonnement à vie. Manifestement, pour la justice militaire américaine le reste du monde s’assimile donc à un territoire ennemi, cela soit dit en passant. Peut-être le retrouvera-t-on un jour pendu dans sa cellule, comme cela arrive parfois en Occident ? Assange, réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres, se trouve sous le coup d’une demande d’extradition et de différentes accusations notamment d’abus sexuel. On a fait aussi circuler la rumeur qu’il se compromettait avec l’extrême droite (Le Monde du 23 août 2013), ce qui correspond en Occident au crime suprême de « contre-révolution » dans le bloc soviétique. Snowden, accusé d’espionnage, de vol et d’utilisation illégale de biens gouvernementaux, n’a pu obtenir que l’asile temporaire en Russie.

    Le goulag médiatique

    Les médias, habituellement si aimables avec les délinquants de toute sorte, n’ont cessé, avec un bel ensemble, de dévaloriser la portée de leurs gestes (ils n’auraient révélé qu’un secret de Polichinelle) ou leur personnalité.

    Manning, que l’on présentait ainsi comme un « jeune homme » un peu dépassé, en a d’ailleurs profité habilement devant le tribunal militaire pour faire adoucir sa peine ! Le goulag médiatique est, certes, plus soft que le goulag soviétique, mais il vise à produire les mêmes effets : réduire au silence et condamner à la mort sociale.

    L’Occident, URSS du XXIe siècle

    Les dissidents se multiplient en réalité en Occident, pour la même raison qu’en Union soviétique. Car on croit de moins en moins aux mensonges idéologiques sur lesquels repose le Système et ses résultats inspirent de plus en plus la défiance.

    Dissidents littéraires qui rejettent la médiocrité et le conformisme, artistes dissidents qui refusent l’art officiel cosmopolite déraciné, dissidents politiques qui ne croient plus aux partis institutionnels, dissidents médiatiques qui ne supportent plus les bobards, dissidents économiques qui préfèrent l’exil au fiscalisme, dissidents moraux qui manifestent contre le mariage homosexuel, dissidents scolaires qui fuient le naufrage de l’école publique, dissidence populaire qui ne fait plus confiance à l’oligarchie, dissidence identitaire contre le grand remplacement programmé des Européens, dissidents contre les fauteurs de guerre occidentaux.

    Malgré la police, malgré le goulag médiatique, malgré la menace économique, la dissidence progresse partout en Occident. Parce que le Système craque de toute part.

    Nous sommes tous des Assange, des Manning et des Snowden !

    Michel Geoffroy (Polémia, 15 septembre 2013)

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  • Merci à la Russie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la politique de puissance de la Russie.

     

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    Merci à la Russie !

    Le Système médiatique occidental diabolise en permanence la Russie contemporaine. Quoi qu’il fasse, le président Poutine est systématiquement présenté dans les médias comme un dangereux autocrate, un mafieux ennemi  des droits de l’homme et des Femen, ainsi qu’un fauteur de guerre froide.

    Par exemple, quand la Russie se trouve elle aussi aux prises avec le terrorisme islamique, on nous dit qu’elle terrorise les gentils Tchétchènes. Quand elle met au pas l’oligarchie économique et financière qui bradait les richesses nationales depuis la chute de l’URSS, on nous dit qu’elle menace les libertés. Quand elle encourage la natalité et la famille, on nous dit qu’elle est homophobe. Quand quelques isolés manifestent contre le gouvernement, on nous dit que la rue est contre Poutine et tout à l’avenant.


    La Russie ? Une résistance bénéfique à l’ordre mondial

    Pareil biais, alors que l’URSS ne subissait pas du tout le même traitement médiatique, ne peut signifier qu’une chose : que la Russie incarne une résistance bénéfique à l’ordre mondial que veulent imposer les Anglo-Saxons et les valets qu’ils recrutent dans l’oligarchie occidentale.

    A l’heure du renversement des valeurs, instrument de cette tentative, on peut sans se tromper affirmer que la Russie reste dans le vrai quand l’Occident sombre dans l’erreur et le déclin. C’est pourquoi l’Occident cultive la haine de la Russie.

    Mais cela veut dire aussi que la Russie redevient un modèle à suivre pour les vrais Européens.


    La Russie fière de son passé comme de son identité

    On a un peu vite oublié en Occident que le peuple russe a payé très cher – par des millions de morts – son entrée dans le XXe siècle, l’instauration du communisme et sa victoire dans la seconde guerre mondiale : un sacrifice qui dépasse de très loin celui supporté par les Occidentaux et notamment les Etats-Unis, bien à l’abri dans leur continent-île.

    Pourtant la Russie a su tourner la page et intégrer ce passé tragique dans son histoire comme dans ses monuments, à la différence d’un Occident déboussolé qui ne cesse de ressasser la repentance instrumentée des « heures-sombres-de notre-histoire » et de nous rejouer les drames de la seconde guerre mondiale.

    La Russie a aussi retrouvé son âme orthodoxe, c’est-à-dire chrétienne, alors qu’en Occident, soumis au culte de Mammon et du Veau d’homme, les églises sont vides et les mosquées se remplissent.

    Merci à la Russie de nous démontrer qu’on peut entrer dans le XXIe siècle en restant soi-même.


    Le cauchemar des Anglo-Saxons

    Les Anglo-Saxons ont un cauchemar : celui d’une Europe puissance, d’une « maison commune » de l’Atlantique à l’Oural à laquelle ont rêvé tant de grands Européens. Toute leur diplomatie depuis deux siècles vise à rendre ce rêve impossible.

    En Europe occidentale, l’instrument de cette diplomatie se nomme aujourd’hui Union européenne. C’est-à-dire une machine (un « machin », disait De Gaulle) destinée à détruire la souveraineté et la liberté des Etats, à détruire leur prospérité et à remplacer leur population ; un empire du néant, qui doit s’ouvrir à tous les vents à la condition de rester prisonnier des « liens transatlantiques », c’est-à-dire de rester vassal des Etats-Unis.

    A l’est, l’instrument de cette diplomatie se nomme diabolisation, affaiblissement et isolement de la Russie. Car la Russie a cher payé aussi l’implosion de l’URSS : un pays ruiné, mis en coupe réglée par les oligarques, entouré d’une ceinture d’Etats plus ou moins artificiels mais dans l’orbite occidentale, une armée détruite face à l’OTAN renforcé et agressif.

    A la chute de l’URSS, les Occidentaux sous la direction américaine se sont immédiatement engagés dans une stratégie d’isolement de la Russie, dont l’affaire du Kossovo a constitué le point d’orgue, après la désagrégation de la Yougoslavie. Sans parler de la tentative de s’approprier ses ressources naturelles et de lui injecter les « valeurs » – c’est-à-dire les vices décadents – des Occidentaux.  En clair, les Occidentaux donneurs de leçons n’ont eu de cesse de profiter et d’amplifier la faiblesse de la Russie.

    Toute l’action de la présidence Poutine vise au contraire à recouvrer la puissance et la souveraineté de la Russie. Voilà qui insupporte nos maîtres.

    Merci à la Russie de faire de la puissance une idée neuve en Europe.


    Un monde multipolaire grâce à la réapparition de la puissance russe

    La chute de l’Union soviétique fut, bien sûr, une bonne nouvelle, marquant la fin de la menace communiste en Europe. On ne la regrettera pas. Mais elle a fait aussi disparaître un contrepoids à l’unilatéralisme yankee et à sa prétention, ridicule mais dangereuse, d’imposer un modèle de société humaine indépassable.

    On a vu ce qu’a donné en quelques années un tel unilatéralisme libéré de tout contrepoids : les conflits et les agressions militaires à répétition, la déstabilisation du Moyen-Orient ou la mise en œuvre d’un libre-échangisme débridé aux effets destructeurs.

    Les vrais Européens ne peuvent donc que se réjouir de voir réapparaître la puissance russe. L’Europe manque désespérément de puissance, en effet, dans un monde de plus en plus dur et concurrentiel, face aux grands blocs de l’Asie, de l’Amérique et de l’Afrique.

    La réintroduction de la puissance russe dans le jeu diplomatique mondial aura nécessairement des effets positifs, comme le montre déjà l’affaire syrienne. La Russie a résisté clairement et patiemment en effet aux fauteurs de « frappes »  en vue d’une solution politique en Syrie. C’est-à-dire qu’elle s’est prononcée en faveur de la stabilisation contre l’aventure.

    Il faut que le pouvoir arrête le pouvoir : merci à la Russie de nous rappeler cette antique loi européenne.


    A l’est la liberté

    Contrairement à ce que nous serinent nos médias, la démocratie – c’est-à-dire le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple – et la liberté sont moins menacées en Russie qu’en Europe occidentale.

    Comme il est curieux qu’un Snowden, qui a dévoilé au monde la réalité de  l’espionnage des communications mondiales par les Etats-Unis et leurs alliés, ne puisse trouver refuge qu’en Russie ! Mais pas en Europe de l’Ouest qui se targue pourtant d’accueillir à bras ouverts les réfugiés du monde entier. Comme il est curieux qu’un acteur français célèbre, lassé du fiscalisme et de la médiocrité ambiantes, préfère rejoindre la Russie plutôt que la côte est des Etats-Unis !

    C’est que l’Occident ne vit plus en démocratie mais en post-démocratie : un régime de totalitarisme mou qui vide la nationalité et la citoyenneté de leur sens, un régime où l’Etat se dresse contre la nation et installe la loi de l’étranger. Car les vrais oligarques ne prospèrent qu’en Occident : en Russie ils sont sous contrôle ou ils vont en prison.

    Merci à la Russie de nous rappeler que le salut du peuple – et non celui des banques ou des lobbys – doit rester la loi suprême des Etats.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 septembre 2013)


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  • Le siècle du déclin européen ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré au déclin de l'Europe...

     

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    Le XXIe siècle, siècle du déclin européen ?

    La XXIe conférence des ambassadeurs, réunie cet été, avait pour thème « La France puissance d’influence » : un choix bien symbolique qui renvoie à l’ambition de l’Union européenne de jouer les « soft power », posture dont on voit une nouvelle fois les piètres résultats dans la crise syrienne.

    Une manipulation sémantique

    Le fait d’accoler les termes puissance et influence constitue une manipulation sémantique, comme le concept de « soft power ».

    Les puissants sont influents en raison même de leur puissance et de leur capacité de nuisance. Les Etats-Unis et Israël sont donc des nations influentes par exemple.

    Par contre, l’inverse se vérifie beaucoup plus rarement : l’influence ne peut produire les mêmes effets que la puissance, en particulier lorsque des enjeux vitaux se trouvent en jeu.

    Car il en va de l’influence diplomatique comme des arts martiaux : il s’agit d’un succédané à l’emploi de la force, donc une technique à l’usage des faibles. Il n’y a qu’au cinéma que les arts martiaux triomphent des hommes d’armes : dans la vraie vie c’est un peu différent.

    On veut donc nous faire croire que notre influence se maintiendrait quand notre puissance et celle de l’Europe diminuent. C’est une tromperie.

    Le déclin européen

    Car le XXIe siècle se caractérise, au contraire par la marginalisation rapide et profonde de la présence, de la culture, de la puissance et de l’influence européennes dans le monde : un déclin plus profond, en tout cas, que lorsque Oswald Spengler publia en 1918 son célèbre ouvrage Le Déclin de l’Occident. Car même après les hécatombes de la Grande Guerre et de la révolution communiste, l’Europe possédait encore de nombreux atouts. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

    Beaucoup de nos concitoyens n’ont cependant pas conscience d’avoir changé d’époque. On leur a, certes, beaucoup parlé de la mondialisation, mais sans en dévoiler la véritable nature.

    La mondialisation ne se réduit pas à l’ouverture des marchés ni à Internet, en effet. Elle se traduit avant tout par une profonde modification des rapports de forces entre les continents et les civilisations, comme l’avait analysé, parmi d’autres, Samuel Huntington, dans son livre Le Choc des civilisations : une modification qui s’effectue à nos dépens.

    Mais l’oligarchie européenne et française n’a eu de cesse de masquer cette dure réalité, afin de cacher sa propre responsabilité dans le déclin européen. Il est temps d’ouvrir les yeux.

    Marginalisation démographique d’abord

    Le XXIe siècle se caractérise d’abord par la réduction de la part relative des Européens – c’est-à-dire des Blancs caucasiens, comme disent les Américains – à l’échelle de la population mondiale et cela sur tous les continents, y compris l’Europe où se produit leur « grand remplacement » programmé du fait de l’immigration. La natalité et la fertilité des Européens ne cessent de chuter, au contraire des autres ethnies, y compris aux Etats-Unis.

    Or, jusqu’au début du XXe siècle l’Europe restait une zone de forte croissance démographique, dans un monde en général moins peuplé (sauf en Chine et en Inde). L’exemple de l’Afrique est édifiant sur ce plan : hier vaste continent peu peuplé, aujourd’hui bombe démographique.

    Ce déclin démographique signifie qu’à l’aune des Nations unies, la voix des Occidentaux se fait déjà et se fera de moins en moins entendre. En outre, le rayonnement d’une culture ne se dissocie pas de la fertilité de la population qui la porte. Comment les Européens peuvent-ils croire au maintien de leur « influence » et de leurs « valeurs » alors que leur régression démographique –tant absolue que relative – est rapide ?

    Marginalisation économique ensuite

    La croissance économique – c’est-à-dire l’augmentation des dépenses et des richesses globales – n’est plus l’apanage des Européens. La France s’enorgueillit d’un « rebond surprise de la croissance » au second trimestre (Le Monde du 15 août 2013) à… 0,5%. On a les succès que l’on peut !

    Mais l’ascenseur social se bloque et les classes moyennes s’appauvrissent, inversant un mouvement bicentenaire, partout en Europe. Sans parler des taux de chômage structurels élevés que connaissent désormais les Européens et qui n’ont rien à envier à ceux de la Grande Dépression des années 1930, même si les systèmes de « traitement social » les masquent en partie.

    Mais pendant ce temps les usines tournent en Chine, en Asie du Sud-Est ou en Inde et encore en Amérique du Nord. On en vient à envier les taux de croissance de l’Afrique !

    L’Europe n’est plus dans la course

    Comme le soulignait le prix Nobel d’économie Edmund Phelps, ce déclin n’a rien d’accidentel car il recouvre un phénomène culturel plus profond : « L’histoire de l’innovation s’est arrêtée à la fin des années 1960 » en Europe (Le Monde du 29 août 2013), phénomène masqué par la bulle Internet et le développement exponentiel des télécommunications (dont les produits ne sont pas construits en Europe au demeurant).

    E. Phelps relève que ces innovations ne concernent en réalité qu’un petit nombre d’industries. Car les grandes entreprises européennes ont axé leur développement sur l’ingénierie financière et la rentabilité à court terme et non pas sur l’innovation. La faible innovation provoque en outre une baisse de la productivité du travail. Il suffit d’ailleurs de voyager en Asie ou en Inde pour se rendre compte qu’il y règne une tout autre ambiance, un tout autre esprit et une tout autre activité que dans la vieille Europe, même si le niveau de vie y est différent.

    Les Européens avaient jusqu’au début du XXe siècle le monopole de l’innovation et de la technique : ils l’ont perdu au profit de la côte Est des Etats-Unis, de l’Asie et de l’Inde, qui se trouvent aujourd’hui dans la même situation que le Japon au XIXe siècle. Après la phase d’appropriation – et de copie – des techniques utilisées par les « diables étrangers » viendra celle de leur développement propre et rapide.

    Comme hier la marine russe de 1905 se croyait à l’abri dans ses vieux cuirassés poussifs, les Européens vont tranquillement au devant d’un futur Tsushima technologique.

    Marginalisation militaire et stratégique aussi

    On aborde rarement ce sujet car il est au surplus masqué par l’activisme médiatisé des Occidentaux qui adorent aller bombarder de loin et de haut (on est « chef de guerre » courageux, que diable !), à des fins « humanitaires », des pays souverains mais démunis des moyens de riposte, sous l’œil attendri des caméras.

    Mais le recours aux armes hightech et aux drones ne modifient pas durablement les données de la géopolitique et de la puissance, d’autant que le reste du monde s’en dote à son tour rapidement, comme le montrent la prolifération nucléaire ou celle des forces navales.

    Plutôt que d’interroger les candidats à l’élection présidentielle française sur le nombre de nos sous-marins, il serait plus judicieux de leur demander de citer les armements dont dispose le reste de la planète, y compris sur le pourtour de la Méditerranée ! Mais les autruches préfèrent regarder ailleurs…

    Les mains molles

    Car plus que les armements, c’est la volonté et la détermination de les utiliser qui compte finalement. Or l’Union européenne ne sait pas se décider sur des enjeux vitaux. Elle reste à la remorque de tous les événements car elle cumule tous les inconvénients : une multiplicité d’Etats et un « machin » bureaucratique central qui détruit toute souveraineté sans la remplacer par quelque chose de solide.

    En outre, qui, en Europe, voudrait mourir pour la Commission européenne ? ou pour le droit à l‘avortement et le mariage des homosexuels ?

    Il n’y a pas plus de martyrs européens qu’il n’y a de guerriers européens, à quelques rares exceptions près : seulement des professionnels en uniforme qui considèrent maintenant le combat comme une sorte d’accident du travail qu’il conviendrait que le commandement empêche (cf. la plainte déposée par les familles des victimes françaises de l’embuscade d’Uzbin en Afghanistan contre… la hiérarchie militaire).

    Car les jeunes Européens ont désappris le sens du sacrifice et le métier des armes. On confie la défense désormais à des armées mercenaires car composées d’une part croissante issue des « minorités ». Les Européens n’osent même plus dire qu’ils font la guerre.

    Rongée par l’individualisme, l’hédonisme, la repentance et la loi de Mammon, la génération européenne Peace and Love actuellement au pouvoir n’a en réalité plus rien à défendre sinon sa médiocre existence.

    Il n’est que d’entendre les lamentations des bisounours européens devant la façon dont évolue la crise en Egypte pour se rendre compte de leur impuissance ridicule. Mon dieu, les militaires égyptiens ont violenté les islamistes en les expulsant de la Mosquée ! Mon dieu, le sang a coulé ! Peut-être, mais les islamistes paraissent mis hors d’état de nuire alors qu’ils prolifèrent en Europe.

    Machiavel n’est plus italien mais égyptien, manifestement…

    Marginalisation morale enfin

    Les Européens ne savent pas non plus qu’ils se sont isolés du reste de la planète en se cramponnant à ce qu’ils nomment leurs « valeurs », un sport dans lequel l’oligarchie française excelle.

    Les Européens présentent ces valeurs comme universelles mais de moins en moins de terriens les partagent ! D’ailleurs les Européens se révèlent déjà incapables de les faire respecter dans leurs propres banlieues et ils voudraient les imposer à toute la terre !

    Car c’était une chose de prétendre incarner des « valeurs » et des « immortels principes » quand on possédait, seul, des canons et des machines à vapeur, c’est-à-dire quand l’idéologie s’accordait avec le nombre et la puissance. Mais lorsqu’on devient minoritaire, curieusement, le caractère « universel » desdites valeurs n’apparaît plus. Comme c’est bizarre…

    Des valeurs méprisées

    En fait, les valeurs que les Européens présentent toujours comme « universelles », pour se rassurer, sont incomprises par la majorité des terriens.

    Par exemple, notre laxisme pénal étonne parce que la plupart des pays autres qu’européens punissent sévèrement les voleurs, les criminels et les délinquants, ce qui en général les dissuade de recommencer, n’en déplaise à Mme Taubira. Ils ne comprennent pas notre attitude bienveillante vis-à-vis de la drogue et des drogués. Pas plus qu’ils ne comprennent que nous gardions si mal nos frontières et notre nationalité : partout ailleurs qu’en Europe la police des frontières et les douaniers font leur travail scrupuleusement, même et surtout dans les pays touristiques. Ni que nous dégradions nos écoles et nos universités, alors qu’ailleurs on les respecte et que l’on conçoit l’accès au savoir comme un privilège.

    Ils ne comprennent pas non plus notre lubie du mariage homosexuel, comme le montre le fait que la France ait dû renoncer à engager la révision des conventions matrimoniales la liant avec des Etats qui ne reconnaissent pas l’homosexualité comme un droit. Bref, ce mariage ne sera pas « pour tous », ce qui en dit long sur la réalité de la « puissance d’influence » dont se targue tant notre oligarchie ! Que dire aussi de la façon dont les pays musulmans et africains perçoivent notre féminisme obsessionnel…

    Incomprises, ces valeurs apparaissent d’autant plus insupportables quand les Européens les invoquent pour s’ingérer dans la politique des Etats voire les agresser militairement. Et les militaires occidentaux de s’étonner de ne pas être accueillis en libérateurs dans ces pays !

    Ces valeurs ne provoquent plus l’envie comme au XIXe siècle, mais au contraire le mépris : le mépris que l’on a pour la jobardise des Européens si généreux vis-à-vis de tous les étrangers, le mépris pour une Europe d’autant plus portée sur la « moraline » qu’elle est impuissante, le mépris que le tribunal de l’histoire a toujours eu pour les peuples décadents.

    Europe, réveille-toi !

    On pourrait multiplier les exemples de la dégringolade de l’Europe, mais rien n’y ferait.

    Une conclusion s’impose : s’ils veulent continuer d’exister dans l’histoire, les Européens doivent percevoir le XXIe siècle comme un défi à relever et non pas comme la morne fatalité d’un déclin repeint aux couleurs du triomphe des « valeurs universelles ». Les bisounours officiels se trompent et nous trompent : le XXIe siècle sera dur et non pas « soft » pour l’Europe.

    Beaucoup d’Européens ressentent les choses comme cela et enragent de voir dans quelle impasse l’oligarchie, l’œil dans le rétroviseur, les conduit.

    Il est temps qu’ils se mobilisent pour réveiller la belle en dormition, avant qu’il ne soit trop tard.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 septembre 2013)

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  • Farce (et) à Trappes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia, qui revient avec brio sur les émeutes de Trappes...

     

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    Farce (et) à Trappes

    Il serait temps de cesser ces farces qui ne nous font plus rire.

    Une nouvelle violence urbaine dans notre douce France estivale. Une violence normale en quelque sorte. Cette fois elle a eu lieu à Trappes, avec pour élément déclencheur la verbalisation d’une femme portant le voile intégral, comme à Argenteuil en juin dernier.
    Résultat : plusieurs jours de violences urbaines. « Un assaut inacceptable, intolérable contre les forces de l’ordre », comme dit le ministre de l’Intérieur le 22 juillet dernier. En effet on apprend que 300 CRS ont dû protéger le commissariat de police lors de ces nuits d’émeutes : la police devant protéger la police, quoi de plus inacceptable, en effet !

    L’ordre règne

    Mais le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, de nous rassurer : les émeutiers n’étaient que 200 qu’il ne faut évidemment pas confondre avec « l’immense majorité de nos compatriotes musulmans ». Et puis les médias nous expliquent que le calme est revenu. Ouf ! On respire : l’ordre règne à Trappes.
    Face à un tel assaut « inacceptable », la réponse de la République outragée se devait d’être exemplaire. On apprend ainsi qu’un « jeune homme de 19 ans » a été condamné à 6 mois de prison ferme. Un autre jeune sous contrôle judiciaire sera jugé selon la procédure du plaider-coupable. Enfin, un autre, qui souffre de problèmes de santé, sera jugé ultérieurement selon la présidente du Tribunal de Versailles. Au total, cela fait donc trois pour le moment dans les griffes de la terrible justice républicaine.
    Avouez que pour 200 émeutiers, cette réponse judiciaire doit certainement impressionner les sauvageons.

    Les experts en renfort

    Mais voilà aussi que la cohorte des « experts » en politique de la Ville vient nous rassurer ; nous endormir, en fait.

    Ainsi, par exemple, Hicham Benaissa, expert du CNRS, nous explique dans Le Monde du 23 juillet que « l’événement ne peut se réduire à son caractère religieux ». Non, pas du tout, surtout en plein ramadan.
    Ce qui est en cause c’est, bien sûr, la République qui n’a pas su donner l’espoir à ces pauvres jeunes gens. Même si on nous dit par ailleurs que la ville de Trappes a été entièrement rénovée et que les cages d’escalier ont été repeintes. Mais cela ne suffisait pas, visiblement.

    Tel est aussi le sens de l’analyse de Claire de Galembert qui office aussi au CNRS (Les Echos du 23 juillet 2013) : « L’islamisation des comportements prospère sur le sentiment d’abandon de la République ». Voilà pourquoi votre fille est muette : les pauvres s’islamisent car la République les abandonne : ce n’est pas de leur faute, pensez-vous ! Le premier ministre reprend d’ailleurs cette analyse, qui déclare le 22 juillet que la République « doit n’abandonner personne ». Nous voilà rassurés.
    Mais notre experte ne s’arrête pas en aussi bon chemin, qui nous explique aussi « qu’il serait plus raisonnable de prendre acte du fait que dans certains quartiers l’islam est devenu un vecteur de communication et de dialogue pour construire un vivre ensemble » ! Bref, les 300 CRS qui protégeaient le commissariat des policiers auraient dû mieux comprendre l’islam pour un meilleur vivre ensemble avec les émeutiers.
    Avec ce genre de diagnostic il est certain que les choses vont s’améliorer rapidement.

    Le chœur des farceurs

    L’UMPS est unanime à trouver inacceptables des violences qu’elle est impuissante à prévenir en s’accusant mutuellement de laxisme, violences qu’elle a en réalité contribué à faire naître en encourageant depuis des années une immigration massive qui fait le lit du communautarisme et de l’islamisme, comme partout en Europe – mais qui répond aux attentes du patronat, ce qui est essentiel à ses yeux.

    Les politiques de la Ville successives n’y ont rien changé, sinon qu’elles coûtent de plus en plus cher au contribuable. Au contraire, la culture de l’excuse qu’elles véhiculent ne peut qu’encourager la violence. L’UMPS ne cesse d’invoquer la laïcité, mais chaque jour elle courtise le vote musulman.

    La loi médiatique voulue par N. Sarkozy sur le voile intégral dans l’espace public est inapplicable et en réalité peu appliquée. En outre, elle ne sert à rien car elle ne s’attaque qu’au symptôme, pas à la cause.
    Les violences urbaines sont inacceptables, tenez-vous-le pour dit. Mais elles prolifèrent néanmoins.
    La loi républicaine sera appliquée partout, nous dit l’UMPS après chaque émeute. Il n’y aura pas de zone de non-droit, nous dit-elle, sur l’air des lampions après chaque abandon.

    Il serait temps de cesser ces farces qui ne nous font plus rire, même dans la chaleur de l’été.

    Michel Geoffroy (Polémia, 30 juillet 2013)

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  • Bienvenue au XXIème siècle !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré aux braves gens que le système, dans sa grande bonté, s'est chargé de déniaiser au cours des dernières semaines à l'occasion des manifestations contre le mariage homosexuel...

     

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    Manif pour tous : bienvenue au XXIème siècle !

     

    Les braves gens ont défilé en vain contre la loi Taubira légalisant le mariage des homosexuels, avec force drapeaux et ballons : une vraie kermesse, familiale et bon enfant, comme on les aime dans les patronages et les fêtes de fin d’école maternelle !

    Les braves gens pensaient que, comme leurs parents en 1984 pour la défense de l’école libre, il leur suffirait de défiler en nombre dans les rues pour se faire entendre du gouvernement socialiste. Mais les braves gens ignoraient qu’ils vivent maintenant en post-démocratie. La « manif pour tous » vient de les faire entrer enfin dans le XXIème siècle !

    Les braves gens ont découvert un Etat militant
    Les braves gens pensaient que le Système politico-médiatique reconnaîtrait naturellement l’ampleur de leur mobilisation. Les politiques et les médias n’ont-ils pas habituellement les yeux de Chimène pour les manifestations de sans-papiers, les camps de roms et les défilés d’enseignants ? Mais les braves gens ont eu la mauvaise surprise de voir que les préfectures minoraient systématiquement leur nombre et que les médias emboîtaient servilement le pas, en plaçant sur le même plan les pro et les anti, l’agitation dérisoire des premiers ayant pour fonction de cacher la lame de fond des autres. Et que le gouvernement restait insensible à leur protestation.

    Les braves gens ont découvert la violence d’Etat
    Les braves gens pensaient que les forces de l’ordre se comporteraient comme dans les séries télévisées : féminines et bienveillantes. Les braves gens ont fait l’amère découverte que si la police et la justice se font tout miel vis-à-vis des « jeunes » des banlieues, des agresseurs de RER ou des casseurs de la CGT, elles n’hésitent pas, par contre, à réprimer durement les Français de souche : car vis-à-vis de ces derniers, il n’y a aucun risque de bavures !

    Le port d’un tee-shirt intitulé « Djihad 11-Septembre, je suis une bombe » n’est pas sanctionné quand un jeune Maghrébin l’exhibe (*). Mais, au Jardin du Luxembourg, ceux qui arboraient le tee-shirt de « La Manif pour tous », ont été verbalisés. Bienvenue en post-démocratie !

    Les braves gens n’avaient pas l’habitude des manifs. Certains, dans leur touchante virginité, criaient même :  « La police avec nous » !

    Ils ont été fort surpris d’être refoulés, bousculés, aspergés de gaz lacrymogènes, ou placés en garde à vue comme des délinquants par des « forces de l’ordre » – des forces équipées comme pour soutenir un siège : un siège de poussettes et de bambins.

    Les braves gens, qui en général ne fréquentent pas les préfectures, ne vivent pas en banlieue, n’utilisent pas les transports en commun et voient le monde au travers du journal Le Figaro ou de l’hebdomadaire Le Point, ne connaissent pas bien la police ni les institutions post-démocratiques.

    Ils ne savent pas, par exemple, que de plus en plus de policiers, comme de militaires, d’ailleurs, proviennent des « minorités » ethniques et religieuses : ces policiers et ces policières ont en effet pour fonction principale de dialoguer avec les grands-frères des banlieues et ils se trouvent à cent lieues des préoccupations des autochtones hétérosexuels catholiques blancs. Et ce ne sont pas les commissaires de police francs-maçons qui les aideront à mieux comprendre les Français de souche.

    Les braves gens ont découvert la désinformation d’Etat
    Les braves gens haussaient les épaules quand on leur parlait de désinformation et de diabolisation. Ils n’en reviennent pas aujourd’hui d’avoir à leur tour été accusés, comme de vulgaires militants du Front national, d’homophobie, de violence ou d’extrémisme par tout l’appareil d’Etat et ses chiens de garde médiatiques.

    Les braves gens, si respectueux des lois, ont découvert un appareil d’Etat militant, prêt à tout pour museler leur colère : intervenir au Mali pour détourner l’attention, obtenir la libération opportune d’otages de façon que les médias ne parlent que de cela, organiser et médiatiser des « incidents » ou des « agressions » pour présenter les manifestants comme de dangereux factieux, interdire l’accès aux grandes artères de façon à fractionner les cortèges, etc.

    Bienvenue dans la France « normale », c’est-à-dire normalisée et mise au pas !

    Les braves gens ont découvert qui gouverne
    Les braves gens pensaient que le président de la République entendrait leur appel, comme son prédécesseur en 1984. Les consignes données par les organisateurs recommandaient d’ailleurs poliment de proscrire les slogans politiques. Mais les braves gens ignoraient que nous sommes à l’âge du 1984 d’Orwell, pas du 1984 de François Mitterrand.

    Les braves gens, dont bon nombre étaient des cadres moyens ou supérieurs, n’avaient pas encore compris que le mariage homo, comme toutes les réformes « sociétales » mises en œuvre depuis 30 ans tant par la gauche que par la droite, a pour fonction de déstructurer la population, de lui faire perdre tous ses repères, afin de la transformer en docile « ressource humaine », au service des marchés.

    Ils ne savaient pas non plus que l’Etat, socialiste ou non, méprise le peuple car il obéit désormais aux banques et aux marchés et qu’il n’hésitera pas à faire violence à la société s’il le faut, comme en Grèce ou à Chypre. Aujourd’hui, les gaz lacrymogènes : demain, peut-être les canons à eau, l’Etat d’urgence et les chars pour les faire taire.

    Les braves gens qui avaient oublié de descendre dans les rues quand on adoptait les précédentes réformes sociétales, tout aussi calamiteuses que le mariage des homosexuels pourtant, découvrent un peu tard le processus qui se déploie à leurs dépens. Bienvenue dans le monde néo-libéral !

    Les braves gens ont découvert l’UMPS
    Les braves gens faisaient confiance aux partis politiques de la « droite » raisonnable. Ils comptaient sur elle pour faire barrage à la loi Taubira. Las ! Ils découvrent que les élus de droite, soucieux de ne pas paraître « homophobes » et de complaire aux médias, finassent et ne cessent de prendre leurs distances avec eux. Ces élus leur recommandent le « calme », ce qui veut dire qu’il ne faudrait pas trop contester le pouvoir. Ils mettent en garde contre la « radicalisation », c’est-à-dire contre la contestation des fondements du Système… que les élus de droite ont, il est vrai, contribué à mettre en place ! Au Sénat ces élus n’ont même pas demandé de scrutin public.

    Les braves gens se sentent abandonnés et trahis. Bienvenue dans le monde de l’UMPS !

    Merci à François Hollande !
    Il faut, à vrai dire, remercier François Hollande : car avec son projet de mariage des homosexuels, il vient de raffermir la conscience politique de milliers d’autochtones qui jusqu’à présent vivaient dans la fausse quiétude d’une bulle protectrice.

    Car il a fait découvrir aux manifestants contre la loi Taubira qu’en post-démocratie les minorités dictent leurs lois aux majorités que l’oligarchie réduit au silence. Ils viennent de comprendre que l’Etat et les médias mentent. Ils viennent de découvrir la véritable étendue de la « liberté » dont on leur rebat en permanence les oreilles : une liberté où l’on peut se trouver diabolisé dans les médias ou violenté par la police, du simple fait de ne pas partager l’idéologie du Système.

    Les manifestants ont découvert aussi que la classe politique de droite ne soutenait pas le peuple français et se préoccupait plus de l’opinion des médias que de celle des électeurs. Rassemblés symboliquement avenue de la Grande Armée à Paris, les manifestants ont enfin pris conscience que de nombreux concitoyens pensaient et réagissaient comme eux. A Bordeaux, à Nice ou à Nantes aussi.

    Avec le vote de la loi Taubira, l’oligarchie a encore gagné une bataille. Mais elle vient de déniaiser des centaines de milliers de Français : des centaines de milliers de personnes actives, motivées et de futurs électeurs. Il est désormais de moins en moins sûr qu’elle finisse par gagner la guerre qu’elle mène au peuple français.

    Michel Geoffroy (Polémia, 24 avril 2013)

    (*) Tribunal correctionnel d’Avignon, avril 2013.

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  • Dix thèses sur la fin probable de la droite et de la gauche

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur le site de la fondation Polémia et consacré à la fin du système politique droite/gauche et à la naissance d'une nouvelle alternative.

     

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    Dix thèses sur la fin probable de la droite et de la gauche

    1/ Les catégories politiques de droite et gauche découlent de l’apparition de la modernité occidentale.
    La dynamique de la modernité a reposé sur trois leviers majeurs :

    - la foi en la science, qui suppose que des lois objectives – que l’on peut découvrir – régissent le monde, et non la volonté aléatoire d’une divinité ou le seul poids des traditions ;


    - l’affirmation de droits qui appartiendraient naturellement et donc également à tous les hommes, indépendamment de tout ordre politique et social ;


    - la croyance qu’en libérant le commerce de toute contrainte on atteindra l’abondance et la paix pour tous.


    Le progrès se définit comme la mise en œuvre coordonnée de ces trois leviers, d’où la notion de mouvement. La gauche se situait du côté du parti du mouvement, c’est-à-dire du changement de la société, face à la droite qui voulait conserver l’état et les traditions existants.

    Cette modernité remonte au XVIIe siècle en Europe et à la crise intellectuelle qui a suivi la Renaissance et les Guerres de religion. Auparavant tout le monde était « droit », en effet, et par conséquent restait fidèle aux principes d’organisation traditionnelle de la société. Les gens « gauches » allaient, eux, en prison ou sur le bûcher puisqu’ils apparaissaient comme des hérétiques, des criminels ou des asociaux.

    2/ Au début du XXIe siècle la dynamique de la modernité touche à sa fin avec l’achèvement de la déconstruction de l’ordre ancien.
    Aujourd’hui triomphent en Occident l’esprit des Lumières, celui du néo-capitalisme et l’implosion individualiste des sociétés.

    En termes politiques cela signifie que la gauche a gagné en imposant ses idées, qui forment la base du politiquement correct aujourd’hui et en transformant – c’est-à-dire en renversant – la société conformément à ses dogmes.

    Au XIXe siècle la gauche s’est scindée en deux composantes : une composante hostile aux dérives du capitalisme naissant et qui a pris la forme du socialisme ; et une composante qui entendait prolonger jusqu’à son terme la logique du capitalisme au nom du progrès. Cette dernière tendance l’a emporté au XXe siècle.

    Comme l’avait bien vu Marx, en effet, le capitalisme a été et reste encore de nos jours, sous sa version néolibérale*, le principal agent destructeur des sociétés. Car, comme la révolution, le capitalisme est une violence faite à la société.

    En prenant la défense du capitalisme face au communisme, ou du libéralisme face au socialisme, la droite a donc achevé de se perdre.

    3/ Avec l’achèvement de la modernité, l’opposition de la droite et de la gauche a perdu sa raison d’être essentielle.
    Il n’y a plus d’enjeu depuis la mort de l’ancienne société.

    La droite n’a donc plus rien à défendre et la gauche, parvenue au pouvoir, n’a plus rien à conquérir.

    Droite et gauche tendent donc à devenir mimétiques car elles n’ont plus de raison de s’opposer : elles adhèrent donc à la même doctrine (post-démocratique, atlantiste, néolibérale, cosmopolite) et conduisent peu ou prou la même politique, au sein d’un système fermé sur lui-même : celui de la modernité post-démocratique.

    4/ Il n’y a donc plus d’alternative politique réelle entre la droite et la gauche aujourd’hui.
    Comme le démontre la situation politique française depuis 1986, il n’y a plus aujourd’hui d’alternative politique réelle entre la droite et la gauche. L’alternance entre la droite et la gauche repose aujourd’hui sur une tromperie électorale permanente car elle ne débouche sur rien d’essentiel. Car le seul « changement » consiste à aller plus ou moins vite dans une même direction.

    Ni la droite ni la gauche n’appliquent leurs programmes électoraux, sauf sur des questions de détail. A chaque fois les discours de « rupture » de droite ou de gauche font long feu : du fait du « virage de la rigueur » pour la gauche, de la peur du politiquement correct pour la droite.

    Malgré ses promesses électorales, la droite n’a jamais d’ailleurs remis en cause les réformes « sociétales » instaurées par la gauche, qui de ce fait deviennent vraiment « irréversibles ».

    5/ La droite et la gauche n’existent plus aujourd’hui que grâce à la perfusion médiatique, qui a pour fonction de faire croire à l’électorat que le spectacle de leur affrontement représente encore un enjeu politique réel.
    Le système que la droite et la gauche ont contribué à créer est de nature post-démocratique : il ne débouche pas sur la souveraineté politique mais sur sa déconstruction.

    Le spectacle de l’affrontement gauche/droite a pour fonction de cacher que la souveraineté a quitté l’orbite du politique.

    Les gouvernements de droite comme de gauche ne font plus que de la communication et les parlements se bornent à transposer les directives de Bruxelles, mais ils ne décident plus. Ils ne décident plus parce qu’ils ont laissé le gouvernement des choses – c’est-à-dire l’économie et le droit procédural – prendre le pas sur le gouvernement des hommes : la politique.

    Les vrais souverains se situent donc désormais du côté des marchés, des médias, du patronat, des juges, des autorités morales et des lobbies. Mais on s’efforce, de moins en moins bien à vrai dire, de cacher aux électeurs que « le roi est nu ».

    6/ La persistance d’une opposition factice entre la droite et la gauche a contribué à l’appauvrissement de la pensée politique en France.
    Car droite et gauche continuent de ressasser des querelles qui ne correspondent plus à l’état réel du monde ni à la situation présente des Européens. Ainsi, par exemple, il n’importe plus de se prononcer pour ou contre le « progrès », mais de savoir comment préserver notre identité dans un monde ouvert, où les civilisations sont en concurrence vitale et où les Européens ont perdu le monopole de la science et de la technique.

    La question n’est plus de savoir s’il faut ou non « privatiser », mais comment constituer un véritable espace économique européen protecteur et comment recréer une société aujourd’hui éclatée ; comment remettre aussi l’économie au service de la société. Elle n’est pas de « redistribuer » alors que nous sommes dans une économie ouverte en phase de désindustrialisation, de vieillissement de la population et qui produit de moins en moins.

    Mais sur toutes ces questions, la droite et la gauche restent sans voix.

    7/ Issues d’un stade aujourd’hui dépassé de l’histoire européenne, la droite et la gauche mobilisent par conséquent une part déclinante de l’électorat.
    C’est ce qui démontre que l’opposition convenue entre ces deux familles politiques ne répond plus à l’attente des citoyens et que chacun s’en rend de plus en plus compte.Les études d’opinion concordent à mettre en lumière une coupure croissante entre l’opinion majoritaire autochtone et la classe politique, sur presque tous les sujets et dans toutes les couches de la population. Au plan électoral cela se traduit dans la progression de l’abstention et la baisse continue du nombre de suffrages exprimés obtenus par les partis de droite et de gauche.

    Il n’y a plus de « majorités » politiques, mais, en réalité, un jeu de pouvoir à somme nulle entre des groupes minoritaires au sein d’un système fermé.

    8/ Les élites de droite comme de gauche représentent des oligarchies corrompues qui commencent à sortir de l’histoire.
    La corruption de ces élites tient au fait qu’elles ont trahi leurs idéaux à la fin du XXe siècle :

    - la gauche a abandonné le peuple (le prolétariat) et la rupture avec le capitalisme, en reniant l’héritage du socialisme (notamment en France) ;


    - la droite s’est ralliée à l’idéologie libertaire, à l’égalitarisme et à la révolution néolibérale, en rompant avec toutes les traditions nationales.


    Ces élites sortent de l’histoire car elles ne peuvent relever les défis majeurs auxquels nous sommes confrontés : chômage, pauvreté, insécurité, effondrement de l’enseignement et de la culture, immigration, endettement massif notamment. Dans aucun de ces domaines la droite n’a fait mieux que la gauche et réciproquement puisque précisément ces fléaux résultent du système qu’elles ont mis en place. En outre, ces phénomènes ne sont des fléaux que pour le peuple et au contraire des opportunités pour l’oligarchie

    9/ Il ne peut plus y avoir de politique, c’est-à-dire d’affrontement et d’alternative réels, au sein du système post-démocratique contemporain qui résulte de l’achèvement de la modernité occidentale.
    C’est pourquoi la concurrence verbale entre la droite et la gauche ne correspond plus à rien de nos jours car elle n’existe qu’à l’intérieur d’un système fini.

    Une politique ne peut réapparaître que sur le fondement d’une opposition au système lui-même.

    Faire de la politique revient donc aujourd’hui à s’opposer au désordre contemporain, fruit de la modernité finissante : une tâche au-dessus des forces des politiciens de droite comme de gauche.

    10/ Une force qui offrira à nouveau une alternative politique supplantera fatalement la droite et la gauche telles que nous les avons connues depuis 1945
    Les élites de droite et de gauche ne subsistent qu’en raison de leur complicité pour se partager les dépouilles du pouvoir et du verrouillage médiatique et institutionnel qu’elles ont imposé pour cela.

    Comme toutes les élites qui ont perdu leur vocation pour se transformer en oligarchies, elles disparaîtront car elles s’illusionnent sur leur capacité à arrêter la marche du monde à leur profit. La « fin de l’histoire » est une vieille utopie destinée à rassurer les futurs perdants. Et, comme dans toutes les périodes de déclin, la chute de ces élites va s’accélérant, comme l’illustre la trajectoire de François Hollande, par exemple.

    Une nouvelle dynamique politique, donc une nouvelle « grande querelle », commence à émerger en Europe avec ce que l’on nomme le populisme, les courants identitaires ou eurasistes, voire écologiques, et les nouveaux clivages qui les accompagnent. L’islamisme contribue aussi, malgré lui, à sa maturation, dans la mesure où il se présente comme une alternative à la modernité occidentale et un défi aux Européens.

    Sur les ruines de la modernité décadente, une nouvelle alternative politique prend actuellement racine partout en Europe. Quand l’occasion se présentera, elle emportera tout.

    Michel Geoffroy (Polémia, 20 avril 2013)

    (*) Le nom donné au phénomène importe peu en vérité : libre commerce, libre échange, capitalisme, libéralisme, néo-capitalisme, néo-libéralisme tous ces termes désignent une même réalité : la libération des forces économiques de toute retenue, de toute contrainte. C’est d’ailleurs pourquoi dans la tradition européenne on a souvent pris l’image de la « démonie de l’économie » pour désigner la victoire de la fonction marchande et des forces telluriques –infernales– qu’elle incarne

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