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macron - Page 51

  • La défense sous le feu des technocrates...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 13 juillet 2017 et consacrée à la réduction du budget de la défense imposée par Emmanuel Macron et les  technocrates de Bercy et qui a débouché hier sur la démission du Chef d'état major des armées, le général d'armée Pierre de Villiers...

     

                                           

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  • Feu sur la désinformation... (146)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Climat et terrorisme : Macron en surchauffe. Et Hambourg explose lors du sommet du G20.
      Les altermondialistes saccagent la ville et blessent 500 policiers. De son côté, Emmanuel Macron lie le terrorisme au réchauffement climatique, le tout sous le regard béat de la presse française.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média
      Coup de gueule de Denis Demonpion (L’Obs) sur LCI contre Emmanuel Macron. Le président de la république se démène pour obtenir les Jeux Olympiques qui coûteront une véritable fortune. « Les images sont belles, mais attention à l’ardoise ! Et l’ardoise, qui la paiera ? Le contribuable » La campagne autour de la candidature de Paris aux JO 2024 est avant tout une campagne de communication. Un jeu de donnant donnant entre les politiques et les communicants.

    • 3 : Après Alep outragée, Mossoul libérée
      Propagande de guerre au Moyen-Orient : la presse se réjouit de la libération de Mossoul. Quelques mois plus tôt, cette même presse qualifiait Alep « d’outragée ». Deux poids, deux mesures.

    • 4 : Les tweets de la semaine.
      Les plaintes prononcées à l’encontre du Cardinal Barbarin finalement classées sans suite. Les internautes ont déterré les articles à charge contre le cardinal. Après la Une de Libération « Rappelle-toi Barbarin », place au « Souviens-toi Libération ».
      Cyril Hanouna fait son marché dans la "diversité" pour satisfaire les annonceurs. L’animateur de « Touche Pas à Mon Poste » avait été lâché par les publicitaires suite à une blague jugée homophobe. La chaine C8 se devait de donner des gages. Elle les a trouvés avec des animateurs représentatifs de la "diversité".
    • 5 : En marche vers un nouveau média
      Pravda ou coup de communication ? La république en marche veut constituer son propre média. Une manière d’éviter la presse qui l’a pourtant tiré vers le sommet.

     

                                       

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  • Jupiter rend fous ceux qu'il veut perdre..

     Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur son blog A moy que chault ! et consacré à la sidération extatique provoquée par l'élection d'Emmanuel Macron...

    Collaborateur de la revue Éléments, il a récemment publié un recueil de ses chroniques intitulé Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016).

     

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    Jupiter rend fous ceux qu'il veut perdre...

    La Macronite, ce syndrome psycho-pathologique délirant qui, pour le coup, « dépasse les clivages partisans », « annule la dichotomie droite/gauche » et produit sans discrimination des malades de tous milieux et de toutes origines, ne doit pas être pris à la légère, bien au contraire. On pourrait simplement s'en agacer, en être profondément navré et passer à autre chose en se disant qu'il s'agit juste là d'un énième accès d'enthousiasme débilo-béat gaullo-napoléonien dont sont friands les français et qui leur donne des poussées de fièvre quasiment à chaque nouvelle élection... Il y aurait aujourd'hui la Macronite comme il y a eu hier la Sarkozyte... Hélas, ce n'est pas si bénin. Le mal est bien plus grave et plus profond. Tout d'abord parce qu'il touche ceux qui, jusque là, faisaient justement profession de « distance », de « mesure », de réticence aux « emballements  médiatiques » et de défiance vis à vis des « manipulations communicationnelles »... Or, dorénavant, il suffit de lire et de tendre l'oreille pour se rendre compte que même les plus habituellement sceptiques d'entre eux sont touchés par les miasmes macronolâtres... L'ahurissement est général, absolu. Pas un qui ne concède « l'habilité » de l'homme ou honore, même à demis mots, « la stature » du commis bancaire au physique avantageux d'acteur de série B américaine... On parle, sans rire et même sans rougir, de « retour à la verticalité » et de « restauration de la fonction présidentielle »... Quand on ne l'a pas directement rejoint, on affirme « respecter » un adversaire « à la hauteur duquel il va falloir s'élever ».... Concernant un homme qui n'a encore rigoureusement rien fait à part de l'agitation médiatique, c'est tout-à-fait stupéfiant, sidérant même. Oublié le ministre de l'économie du gouvernement le plus catastrophique de la Ve République, l'homme de Rotschild et des lobbys pharmaceutiques, le vendeur d'aéroports aux chinois, le dément hurleur de fin de meeting, le négateur de la culture française, le gérontophile bisexuel... Place à l'homme qui a serré la main de Donald Trump sans se tordre de douleur et se mettre en position foetale, l'homme qui a invité Poutine sans lui cracher à la gueule dans les couloirs de Versailles, le mec qui est trop beau et trop conquérant sur sa photo officiel, le grand stratège, le visionnaire, l'astre du renouveau, le grand marabout ! Et tout le monde de courir avec enthousiasme et avidité au secours de la victoire du Kennedy que l'on n'attendait plus ! Et si « l'imprévu dans l'histoire », c'était Macron ? Ceux qui n'osent pas encore le dire le pensent déjà à moitié... Rien que ça ! Le pire – et c'est en ça que le mal est bien plus tragique qu'on pourrait le penser – est qu'il n'y a pas que de l'opportunisme, de la veulerie ou de la naïveté dans ces attitudes, il y a aussi la révélation d'un profond désespoir, d'une complète déshérence... La vague Marine transformée en clapotis de sentine boueuse, les aspirations révolutionnaires reléguées au rang de pièces de musées pour adolescents attardés, les perspectives sont tellement bouchées, pour ne pas dire totalement nulles, qu'on se raccroche désormais, avec frénésie, à tout ce qu'on peut et, bien sûr, surtout à n'importe quoi... On cherche fiévreusement des « signes », des « lueurs », des « éléments positifs » comme des affamés traquent la noix de coco sur une île déserte... Le ministre de l'Education évoque son intention d'envoyer « Les fables de la Fontaine » aux élèves de CM2 qui peineront a en décrypter le titre et s'épuiseront à en comprendre les trois premières lignes ? C'est le retour des « Hussards noirs de la République », la refondation d'une « école de l'excellence » et l'aube d'une méritocratie « rénovée » ! Le président de « La France arc-en-ciel » met un léger bémol à l'entrain immigrationniste en soulignant qu'il ne faut pas confondre réfugiés politiques et immigrés économiques ? C'est Poitiers 2017 ! Jeanne d'Arc lui chuchote à l'oreille ! On va voir ce que l'on va voir, et même si on ne voit rien, on continue à applaudir !

    La fin du CDI, le détricotage du Code du travail, les atteintes au SMIC, le retrait du patrimoine actionnarial du calcul de l'ISF, le démantèlement des services publics, l'immigration-islamisation, les pesticides, les  vaccins obligatoires... ? Oh, mais ne nous embêtez donc pas avec ces questions de basse intendance ! La justice sociale et le socialisme, l'écologie, l'identité, c'est très bien dans les colloques et les discussions de fin de soirée autour d'un bon cognac, là on parle de choses sérieuses ! De la vraie vie ! Du pognon, des sicav de bon papa, de l'espoir de chacun de se retrouver un jour dans le camp des profiteurs, on ne reviendra pas en arrière, y'a les vainqueurs et les vaincus, c'est comme ça... En fait Macron, c'est Fillon en mieux, le libéralisme sans le côté ringard, étriqué, l'argent décomplexé, plus glamour, version internationale plutôt que provinciale, l'ambition cleptomane sans les poussiéreux vestiges cathos-famille-mes couilles...

    Puisqu'il n'y a plus rien à espérer, plus rien à envisager, à construire, à croire, autant serrer les rangs derrière celui qui rendra l'ultime effondrement plus cotonneux, plus confortable économiquement, celui qui permettra de prolonger un peu ce bien être matériel qui est au fond la seule chose à laquelle on soit véritablement attaché, celui qui permettra – peut-être- de continuer à grapiller quelques miettes... L'obsession du portefeuille a gagné, et finalement cela arrange presque tout le monde.

    Xavier Eman (A moy que chault !, 2 juillet 2017)

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  • Feu sur la désinformation... (144)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Macron Poutine : guerre des propagandes.
      Conversation avec Poutine, le documentaire d’Oliver Stone diffusé sur France 3 fait scandale dans la presse. Les médias ont dénoncé un "film de propagande" montrant un président à l’aise, souriant et blagueur. Pour les inquisiteurs de la pensée unique, ce documentaire « sert la soupe à Poutine » : Oliver Stone ne pose aucune question qui fâche, il apparait comme un fan inconditionnel du président russe.
      Hasard du calendrier ? Dans la même semaine, France info a diffusé une vidéo de propagande pro Macron exemplaire : voix off mielleuse, musique doucerette… pour France Info, à Bruxelles la macromania est en Marche.
      Un parfait « deux poids deux mesures ».
    • 2 : Le Zapping d’I-Média
      Le médiateur de France Culture se croit obligé de réagir après l’invitation de Renaud Camus. Samedi 24 juin, l’essayiste était l’invité d’Alain Finkielkraut. Le philosophe s’est expliqué en début d’émission : « Si j’ai invité Renaud Camus, ce n’était pas pour choquer les auditeurs. J’ai pris le risque de les choquer pour mettre fin à une anomalie. Renaud Camus, qu’on ne voit et n’entend nulle part, a forgé une expression qu’on entend tout le temps et partout : le “Grand Remplacement”. Il s’agissait de le mettre face à un contradicteur ».

    • 3 : « Street pooling », le Bronx en France.
      Ouverture sauvage de bornes à incendies, les médias tombent dans la complaisance paternaliste : « c’est une vilaine habitude » et « une mauvaise idée ». C’est l’aseptisation des délits banlieusards.

    • 4 : Les tweets de la semaine.
      Dérive totalitaire du gouvernement Macron. A l’occasion de la « gay pride », le gouvernement a appelé, sur Twitter, à manifester pour la « cause LGBT ». Un appel qui relève habituellement des syndicats, des partis politiques ou des lobbys. Un procédé rappelant les régimes totalitaires.
    • 5 : Ondes migratoires : journée internationale des réfugiés
      Nicolas Faure revient sur la journée internationale des réfugiés, relayée par les grands médias et les acteurs du net. Problème, les internautes ont massivement rejeté ce qui s’apparentait à une opération de propagande.

                                    

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  • Macron et l'amnésie bienveillante des médias...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Natacha Polony, publiée sur Figaro Vox et consacrée à la bienveillance persistante, et qui plus est amnésique, des médias vis-à-vis d'Emmanuel Macron.

    On notera que Natacha Polony, qui faisait entendre dans les médias du système une voix discordante vient d'être évincée la même semaine de la chaîne Paris Première, où elle dirigeait une émission, et d'Europe 1, où elle était en charge de la revue de presse matinale...

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    Natacha Polony : «Macron et l'amnésie bienveillante des médias»

    Ne sentez-vous pas cet air nouveau, cette fraîcheur qui fait de la France un pays désirable et plein d'élan? Les commentateurs, cette semaine, rivalisaient d'originalité. On vante son «pouvoir d'attraction», cette façon de «secouer une torpeur». Tel ancien ministre de l'Économie semble nous dire, comme Jack Lang en mai 1981, que «la France est passée de l'ombre à la lumière». L'Europe aussi. Oui, même l'Europe, depuis Macron, «pense printemps».

    Ceux qui croyaient que le rôle des médias dans le débat démocratique est de mettre en perspective, de donner les éléments intellectuels et factuels qui permettent de percer la surface des événements, sont de doux utopistes. Intelligence: du latin inter-ligere : relier les choses entre elles (l'imbécile dit «je ne vois pas le rapport»). Mais il y a longtemps qu'on n'exige plus le latin dans le cursus honorum du commentateur professionnel. L'époque est à la séquence. L'une chasse l'autre. La présidence jupitérienne chasse la campagne électorale, la lumière chasse l'ombre du populisme, la célébration du Bien chasse la mobilisation générale et obligatoire contre l'épouvantail du Mal.

    Ainsi, avant, il fallait s'élever contre le risque d'une montée du «protectionnisme» qui allait jeter à bas des décennies de construction européenne. Le candidat Macron célébrait la mobilité des travailleurs en Europe, dont bénéficiaient les Français, et fustigeait la tentation du «repli». Aujourd'hui, le président déclare: «L'Europe est le seul espace qui ne se défend pas. Je ne suis pas protectionniste mais un défenseur de la juste protection.» D'aucun appelleraient cela le «protectionnisme intelligent». Mieux, dans sa première grande interview à plusieurs quotidiens européens, dont Le Figaro , il lance: «On ne peut pas continuer à faire l'Europe dans des bureaux, à laisser les choses se déliter. Le travail détaché conduit à des situations ridicules. Vous pensez que je peux expliquer aux classes moyennes françaises que des entreprises ferment en France pour aller en Pologne car c'est moins cher et que chez nous les entreprises de BTP embauchent des Polonais car ils sont payés moins cher? Ce système ne marche pas droit.» Applaudissements journalistiques. Tant mieux! Mais on réclame le droit de s'étonner.

    De même, avant, il fallait condamner Bachar, l'assassin de son peuple, et dénoncer l'autocrate Poutine qui le maintenait au pouvoir. Quiconque osait suggérer que la France, si elle veut peser, n'a pas vocation à s'aligner sur les faucons américains mais doit discuter aussi avec le maître du Kremlin était considéré par les éditorialistes comme un «ami des dictateurs», un «fan de Poutine et el-Assad». Le candidat Macron s'inquiétait d'ailleurs de cette dangereuse «allégeance». Aujourd'hui, le président reçoit Poutine et invite le président syrien à la table de négociations sans faire du départ d'Assad un préalable parce qu'on «ne (lui) a pas présenté son successeur légitime!». Admiration médiatique. Tant mieux! Mais on s'interroge.

    Que le président adopte une politique aux accents proches de ceux d'un Védrine, d'un Chevènement ou d'un Séguin, est plutôt rassurant. Mais l'amnésie journalistique ne l'est pas. Les mêmes se passionnent pour les affaires d'assistants parlementaires du MoDem mais se gardaient d'y mettre le nez quand l'unique combat était contre un FN dont la malhonnêteté était démontrée par… des affaires d'assistants parlementaires. Les mêmes découvrent une enquête pour favoritisme visant Business France, un organisme dirigé par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Pourtant, le 8 mars, Le Canard enchaîné publiait un petit article sur une soirée à la French Tech Night de Las Vegas organisée sans appel d'offres pour plus de 380.000 euros en janvier 2016 par Havas et Business France pour permettre au ministre de l'Économie de séduire - pardon, rencontrer - les entrepreneurs français du numérique. Mais l'article juste au-dessus, à propos d'un prêt de 50 000 euros accordé à Fillon par un ami, avait mobilisé leur attention.

    On s'amusera de cette amnésie «bienveillante». Surtout si elle permet que soit menée une politique qui serve les intérêts de la France et de ses classes moyennes et populaires. Mais une question subsiste. Est-il possible d'être porté au pouvoir sans professer les dogmes atlantistes et néolibéraux qui ont conduit le pays à la désindustrialisation et les classes populaires dans les bras du FN? Et puisqu'un dirigeant peut tenir un discours et son contraire, ces accents nouveaux mariant régulation et juste mesure diplomatique ne servent-ils qu'à donner des gages aux 60 % d'inscrits qui ont voté blanc ou se sont abstenus lors du second tour des législatives? Le système économico-politique qui impose depuis des décennies le libre-échange et la gouvernance technocratique reprend très vite ses droits face aux combattants de circonstance.

    Natacha Polony (Figaro Vox, 23 juin 2017)

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  • Lénine, Macron et les révolutions orange...

    Nous reproduisons ci-dessous un billet d'Eric Werner, cueilli dans le n°82 d'Antipresse, lettre d'information gratuite, disponible par abonnement et financée par les dons de ses lecteurs.

    Penseur subtil et profond, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais marquants comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) L'après-démocratie (L'Age d'Homme, 2001), Douze voyants (Xénia, 2010), De l'extermination (Xénia, 2013) ou Le temps d'Antigone (Xénia, 2015) et de recueils de courtes chroniques comme Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) et Le début de la fin et autres causeries crépusculaires (Xénia, 2012). Il vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

    On peut également suivre les chroniques de l'auteur sur L'avant-blog - Chronique de la modernité tardive.

     

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    Lénine, Macron et les révolutions orange

    Dans le Figaro, Nicolas Baverez relève : « Appliquant les principes léninistes, Emmanuel Macron, soutenu par un petit groupe d’individus déterminés, a compris que le pouvoir était à prendre » [1]. Le même commentateur parle de « révolution politique ». Révolution d’en haut, forcément, puisqu’elle est le fait « d’un petit groupe d’individus ».

    Emmanuel Macron n’est évidemment pas Lénine. En revanche, on pourrait se demander si le candidat malheureux des Républicains à l’élection présidentielle, François Fillon, était complètement dans l’erreur lorsque, se référant aux actions, à l‘évidence coordonnées, de la justice et des médias officiels à son encontre (actions, en fin de compte, qui lui ont coûté l’élection), il évoquait un « coup d’Etat institutionnel ».

    Nous ne sommes évidemment pas en 1917. Mais on n’en observe pas moins qu’un des tout premiers actes du nouveau pouvoir a été l’élaboration d’un projet de loi ayant pour effet de pérenniser l’état d’urgence actuel, en en transférant les principales dispositions dans le droit commun. On aura ainsi la chose, mais pas le mot. Astucieux, non ? Avec les lois antiterroristes, on était déjà allé très loin. Mais là, carrément, on dépasse toutes les limites. Il est évident que si un tel projet était adopté, ce serait la fin, en France, de l’Etat de droit.

    Baverez évoque le précédent de 1917. Mais une autre comparaison s’impose ici: non plus avec Lénine, mais avec les révolutions orange des deux dernières décennies. Parler de répétition serait bien sûr trop dire. La France n’est ni la Géorgie, ni la Serbie, ni moins encore l’Ukraine. Mais la mondialisation a ses exigences propres, exigences qu’on pourrait résumer en disant que le « monde ancien » s’efface devant le « monde d’aujourd’hui ». C’est ce que disent les médias, et s’ils le disent c’est qu’ils ont de bonnes raisons de le dire. Le monde ancien s’efface, sauf que, parfois, il renâcle à le faire. Et donc le processus se bloque, à tout le moins marque le pas. Comment le remettre en marche ? Parfois les choses se font toutes seules, parfois aussi non : il faut les y aider. Je ne dirais pas, en l’occurrence, que c’est ce qui s’est passé. Une couleur, quelle qu’elle soit (rose, rouge, verte, orange), n’est pas en elle-même une preuve. Mais en l’occurrence, c’est assez coloré orange.

    Machiavel dit dans le Prince que « la fortune est femme» et qu’il est «nécessaire, pour la tenir soumise, de la battre et heurter » [2]. En d’autres termes, il faut savoir saisir la bonne occasion. On peut penser, en l’occurrence, que c’est ce qui s’est passé. Macron et surtout ses soutiens ont su saisir la bonne occasion. Comme le relève Baverez, ils ont compris que le pouvoir, en France, était « à prendre ». Certains leur reprochent aujourd’hui d’avoir détruit l’ancien système des partis en France. Ils ne l’ont pas détruit, car, en fait, il était déjà mort : mort, même, depuis longtemps. C’était une coquille vide. Ils n’ont donc fait que profiter de la situation. C’est aussi ce qu’avait fait Lénine en 1917 : Lénine et ses soutiens (les services spéciaux de Guillaume II). La fortune est femme, dit Machiavel.

    A partir de là on s’interroge: de quoi, au fait, est mort l’ancien système des partis en France ? A quoi cela tient-il qu’une simple chiquenaude ait suffi à le mettre par terre ?

    En simplifiant, on pourrait dire que tant le PS que les Républicains, les deux partis dits de gouvernement, étaient en proie à des contradictions internes. C’est de cela, en fait, qu’ils sont morts. Commençons par le PS. Le PS est essentiellement aujourd’hui un parti pro-immigrés. Citons ici Jacques Julliard : « La gauche a tout misé sur les immigrés, dont elle a décidé de faire un prolétariat de rechange » [3]. Or le PS se présente en même temps comme le défenseur du modèle social européen. Ce n’est pas compatible. On ne saurait à la fois, comme c’est le cas aujourd’hui, laisser entrer tout le monde en Europe et maintenir en vie le modèle social européen. Ce n’est pas possible. A un moment donné on est amené à choisir. Le PS a d’ailleurs choisi : il a choisi l’immigration contre le modèle social européen. Mais il n’assume pas son choix. Il a ainsi perdu toute crédibilité. Quand il parle de justice sociale, de défense des droits acquis, d’autres choses encore de ce genre, personne ne le prend plus au sérieux.

    Quant à l’autre parti de gouvernement, les Républicains, lui aussi est pris dans une contradiction interne. Les Républicains sont les héritiers du gaullisme, à ce titre ils devraient se poser en défenseurs de l’Etat et de la nation. Ce qu’ils font dans une certaine mesure encore, mais en paroles seulement. Car, avec le temps, ils se sont progressivement alignés sur les positions mondialistes. Tout comme les autres partis de droite aujourd’hui en Europe occidentale (à l’exception, il est vrai, des conservateurs anglais, mais depuis peu seulement), les Républicains adhèrent au programme néolibéral d’abolition des frontières. Par là même aussi, ils sont devenu un parti pro-immigrés. Or on ne saurait à la fois ouvrir les frontières au monde entier et dire qu’on défend la nation. Là non plus, ce n’est pas possible. La contradiction n’est plus ici entre l’immigration et la défense du modèle social européen, mais entre l’immigration et la nation. Les Républicains n’ont pas voulu voir cette contradiction, encore moins s’y confronter : ils en payent aujourd’hui le prix fort.

    Le fond du problème est donc l’immigration et ses conséquences. Le double effondrement du PS et des Républicains résulte de l’incapacité de ces deux partis à se confronter à leurs propres contradictions internes en la matière. A contrario, la grande force de Macron et du « petit nombre d’individus déterminés » qui le soutiennent est d’avoir compris tout cela. Eux sont des mondialistes assumés. Ils ont depuis longtemps fait leur deuil de la nation, tout comme ils ont depuis longtemps fait leur deuil du modèle social européen. Ouvrir les frontières au monde entier ne leur pose donc aucun problème. Le « monde ancien » s’efface devant le « monde aujourd’hui » : c’est comme ça, et c’est très bien comme ça. Ils sont sans état d’âme.

    Eric Werner (Antipresse n°82, 25 juin 2017)

    Notes :

    1. Le Figaro, 19 juin 2017.

    2. Le Prince, chapitre 25.

    3. Eléments, mars-avril 2016.

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