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gilets jaunes - Page 8

  • Macron à mi-parcours...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli sur le site d'Antipresse et consacré à un bilan de la présidence d'Emmanuel Macron à mi-mandat.

    Penseur important et trop peu connu, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais marquants comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015), L'après-démocratie (L'Age d'Homme, 2001), Douze voyants (Xénia, 2010), De l'extermination (Xénia, 2013), Le temps d'Antigone (Xénia, 2015) ou Un air de guerre (Xénia, 2017), et de recueils de courtes chroniques comme Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) et Le début de la fin et autres causeries crépusculaires (Xénia, 2012). Il vient de publier dernièrement Légitimité de l'autodéfense (Xénia, 2019).

     

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    Macron à mi-parcours

    Plus de deux ans se sont maintenant écoulés depuis l’élection d’Emmanuel Macron. C’était en mai 2017. En novembre prochain, le président actuel aura donc effectué la moitié de son mandat. Le clair-obscur s’est aujourd’hui assez largement dissipé. Et donc il est temps de dresser un premier bilan.

    On dira d’abord que Macron sait ce qu’il fait et où il va. Il a un agenda et n’en dévie pas. C’est du moins l’impression qu’il donne. Il est là pour exécuter un certain nombre de tâches, il les exécute donc. Tout ne se passe peut-être pas aussi rapidement qu’il le souhaiterait, mais il maintient le cap. Il va toujours jusqu’au bout de ce qu’il a entrepris. C’est certainement en soi une qualité. Sauf qu’il n’a peut-être pas le choix.

    Concrètement, Macron est un néolibéral assumé. Tout ce qu’il peut privatiser, il le privatise. Dernièrement encore certains aéroports. Mais on ne peut pas tout privatiser. Il recourt alors à la sous-traitance. Macron est un grand spécialiste de ces choses. La perception de l’impôt est aujourd’hui sous-traitée aux entreprises. La censure également, vous l’aurez remarqué: avec la loi Avia, qui investit les plateformes numériques de compétences importantes en ce domaine. L’État les sanctionne si elles font mal leur travail, mais ce n’est plus lui-même, l’État, qui le fait, ce travail. Il réduit ainsi ses coûts de fonctionnement. La perception de l’impôt coûte en revanche très cher aux entreprises. Mais l’État s’en moque bien. Ce sont les méthodes néolibérales. Le néolibéralisme est là avant tout pour faire des économies. Que fait-on avec l’argent ainsi économisé? C’est un autre problème.

    Ouvrons grand les portes…

    Macron n’a évidemment jamais dit qu’il était au service de la mondialisation marchande (il préfère se réclamer de l’écologie, qui en est l’antithèse exacte), mais on ne prend pas non plus trop de risques en le qualifiant de libre-échangiste. Le libre-échange, rien que le libre-échange, tout le libre-échange. En ce sens, l’arraisonnement à l’Europe n’est qu’une première étape. Mais importante. On a vu que Macron avait adopté la méthodologie allemande en la matière. Le récent traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle et la transformation concomitante des deux départements alsaciens en «région européenne d’Alsace» en sont une illustration. Les Allemands ont toujours pensé l’Europe comme «Europe fédérale des régions». C’est ainsi qu’ils la pensent, car ils y trouvent leur intérêt. Reste à se demander si la France y trouve elle aussi son intérêt. On laissera également ce point de côté.

    L’ouverture à l’Europe, c’est bien, mais l’ouverture au monde extra-européen, c’est mieux encore. Les accords commerciaux sont du ressort de Bruxelles, mais les parlements nationaux ont la possibilité de les refuser s’ils ne leur conviennent pas. Or, il y a quinze jours, le gouvernement français a adopté le projet de loi de ratification du Ceta, le traité de libre-échange avec le Canada, qui ouvre le marché européen à «l’élevage intensif bourré aux antibiotiques, maltraitant les animaux», selon les mots du député européen Yannick Jadot (Le Figaro, 4.7.19). On pourrait aussi parler du futur traité avec le Mercosur, que certains dénoncent déjà comme une menace majeure pour la simple survie de l’agriculture française. En revanche il devrait profiter à l’industrie automobile. Macron n’a pas initié cette dynamique, rien ne nous dit non plus qu’il serait en mesure, s’il le voulait, de s’y opposer. Pour autant le grief qu’on lui fait volontiers de chercher à accélérer encore les choses n’est pas, reconnaissons-le, complètement infondé.

    Macron est libre-échangiste mais aussi multiculturaliste. On se souvient qu’en décembre dernier, en pleine crise des Gilets jaunes, il avait signé le pacte de Marrakech sur les migrations, pacte qui fait désormais de l’immigration un droit opposable. Plusieurs gouvernements européens ont refusé de signer ce texte. Cela n’aurait pas de sens de dire que Macron veut transformer la France en société multiculturelle: elle l’est déjà. Mais elle pourrait l’être davantage encore. C’est ce que pense sans doute Emmanuel Macron. On entend souvent dire que le multiculturalisme ne fonctionne pas. Mais le but de ceux qui poussent à la roue en ce domaine n’est pas nécessairement qu’il fonctionne. C’est peut-être juste l’inverse. On peut ne pas aimer le chaos. Mais le chaos peut aussi s’apprécier positivement. On joue à qui perd gagne. Diviser pour régner, s’appuyer sur les minorités pour faire pièce à la majorité rétive ou rebelle, tirer prétexte de l’insécurité ainsi créée pour justifier toujours plus de lois dans toujours plus de domaines, il faut reconnaître que l’État français, en la matière, a acquis un certain savoir-faire. Là encore, rien de neuf. Macron ne fait que mettre ses pas dans ceux de ses prédécesseurs.

    …Et faisons-les taire!

    J’ai parlé autrefois de ces choses — dans L’Avant-guerre civile —, je ne vais pas ici les répéter. Ce sur quoi, aujourd’hui, il faudrait peut-être insister, c’est sur le fait que les dirigeants contrôlent assez bien la situation. Je dis aujourd’hui. Il n’en sera peut-être pas toujours de même à l’avenir. Mais les néolibéraux vivent au jour le jour. Mangeons et buvons, etc. Au pire, ils feront appel à l’armée. L’armée française n’est pas exactement une armée de guerre civile, mais elle pourrait très bien, le cas échéant, le devenir. Aujourd’hui déjà, on le sait, elle est partie prenante à toutes sortes de guerres civiles à travers le monde: en Afrique, au Moyen-Orient, dans les Balkans, etc. L’actuel chef d’état-major des armées (CEMA) a lui-même participé, il y a une vingtaine d’années, à un épisode de guerre civile, très exactement en 1995 à Sarajevo. Cela a été rappelé lors de sa nomination, en juillet 2017, au poste qu’il occupe actuellement. Faisant allusion à cet épisode, Macron l’a en effet décrit comme un «héros reconnu comme tel dans l’armée».

    Car, contrairement à ce qu’on croit parfois, le néolibéralisme n’est pas, purement et simplement, le laisser-faire, laisser passer. Ce n’est pas en vain qu’une des premières décisions de Macron, après son entrée en fonction, a été la pérennisation de l’état d’urgence instauré en 2015 par son prédécesseur. On peut en effet parler de pérennisation, puisque les principales dispositions de l’état d’urgence sont passées dans la loi ordinaire. C’est un moment important dans l’histoire récente de la France. Impossible, par exemple, de comprendre ce qui s’est passé l’hiver dernier à l’occasion des manifestations des Gilets jaunes sans prendre en compte le fait que les dirigeants peuvent aujourd’hui se revendiquer de la loi ordinaire pour justifier n’importe quelle action ou presque en matière répressive et de maintien de l’ordre: y compris certaines actions qu’on aurait autrefois considérées comme illégales ou contraires à l’État de droit: les arrestations préventives, par exemple.

    Les violences policières de cet hiver sont également à interpréter dans cette perspective. Les auteurs de telles violences et leurs donneurs d’ordre sont aujourd’hui très à l’aise pour envoyer promener toute personne assez mal avisée pour leur adresser la moindre critique ou remontrance. Ils n’en ont rien à faire, et le disent. Ce n’est même pas qu’ils s’estiment au-dessus des lois. Car ils ont la loi pour eux: celle qu’ils ont eux-mêmes concoctée. Étrange situation, à certains égards inédite, où c’est le droit lui-même qui dit qu’on n’est plus dans l’État de droit. Mais je ne sais pas pourquoi je dis inédite. Les totalitarismes du XXe siècle en fournissent toutes sortes de précédents.

    Macron s’était défini lui-même pendant la campagne présidentielle de 2017 comme «chef de guerre». Chef de guerre, peut-être, mais en guerre contre qui? Contre son propre peuple? Ce ne sont pas des choses qui se disent.

    Eric Werner (Antipresse, 21 juillet 2019)

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  • Feu sur la désinformation... (242)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et présentée par Olivier Frèrejacques et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Des émeutes algériennes bon enfant ?
      Selon les médias qui ont couvert les exactions des supporteurs algériens, il s’agissait de simples incidents. Une occultation médiatique évidente.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      François de Rugy a fini par démissionner après les différentes affaires révélées par Médiapart. Les journalistes n’ont pas manqué de défendre un peu plus l’ancien ministre de l’Ecologie qu’ils ne l’avaient fait à l’époque pour François Fillon.
    • 3 : 14 juillet. Les Gilets Jaunes embastillés
      Dans l’indifférence médiatique presque totale, plusieurs figures médiatiques des Gilets Jaunes ont été arrêtées préventivement. Un silence inquiétant de la part des journalistes.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Au menu de cette semaine, les nombreuses occultations de la part des médias et la persécution de plusieurs figures identitaires à travers l’Europe.
    • 5 : Balance ta porte-parole !
      C’était l’information la plus improbable de la semaine : Laurence Sailliet, porte-parole chez Les Républicains a annoncé rejoindre l’équipe de Cyril Hanouna.

     

                                         

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  • Feu sur la désinformation... (240)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Carole Rackete, capitaine pro-migrant, égérie médiatique
      Après avoir récupéré des migrants en mer, elle a forcé le blocus décidé par Matteo Salvini pour les déposer en Italie. Elle avait donc tout pour plaire aux médias français qui ne se sont pas fait prier pour en faire une héroïne.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Alain Duhamel, zélé relai des discours des pouvoirs en place depuis des décennies s’est attaqué à Marion Maréchal en moquant la qualité de son école et de ses étudiants. La réponse de Marion Maréchal a été cinglante !
    • 3 : « Allahu akbar ! » Les médias minimisent une attaque de commissariat
      Des jeunes ont mené une attaque violente contre un commissariat en Normandie aux cris de «_Allahu akbar ! » Très vite, plusieurs grands médias ont tenté de minorer les faits.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Le médiateur de Radio France devient une femme, la ville de Montpellier publie des affiches sur lesquelles le perturbateur dans les transports en commun est un mâle blanc en costume et Le Monde oublie toute sa couverture du mouvement des Gilets Jaunes pour défendre les manifestants à Hong Kong.
    • 5 : Police contre écolos, les médias plein gaz
      Les médias en font des tonnes sur l’évacuation violente à l’aide de gaz lacrymogène de militants écolos à Paris. Mieux vaut être un militant vert qu’un gilet jaune.

     

                                         

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  • C’était bon d’y croire...

    Nous reproduisons ci-dessous un billet de Bruno Lafourcade, cueilli sur son blog personnel et consacré à la fin du mouvement des Gilets jaunes. Essayiste et romancier, Bruno Lafourcade a publié dernièrement Les Nouveaux Vertueux (Jean-Dézert, 2017), un pamphlet, et deux romans, L’Ivraie (Léo Scheer, 2018) et Saint-Marsan (Terres de l'Ouest, 2019).

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    C’était bon d’y croire

    On y a cru – et c’était bon d’y croire. Tous les samedis, on lisait la consternation sur le visage de Ruth Elkrief – rien que pour ça, ça valait le coup.

    « Ils sont des milliers ! »

    Elle n’en revenait pas, Elkrief : la France des bistrots d’avant Evin et des Grosses têtes d’avant Ruquier, elle vivait encore : non seulement elle avait survécu aux sucres ajoutés et aux graisses saturées, mais elle sautait hors de l’avenir en marche que les Hors-Sols lui promettaient.

    Ça lui a fait un choc, à Elkrief, de revoir la France de Nutella et de Leader Price, la France cul-terreuse du rouge en cubi, la pollueuse pour qui un plein est un vide : dans son quartier, Elkrief, elle ne croise que des retraités à trottinette électrique et des trentenaires à tatouages maoris – et, quand elle rentre tard, le Malien qui passe l’aspirateur dans son bureau. Cette France, elle la croyait morte – jusqu’à ce qu’elle la voit débarquer dans les villes qui ont réussi à s’en débarrasser.

    « Et ils sont au cœur de Paris ! »

    Eh oui, ça s’approche – et pas dans le calme : ça dépave, ça dresse des barricades et ça fout le feu à « la plus belle avenue du monde ». Cette France-là, elle n’a plus de temps ni de dents à perdre : s’il faut casser, elle cassera – elle ne crèvera pas toute seule. Cette France-là, qui ne sait plus à quoi servent ses bras, qui enrage de n’être rien, Castaner l’a matraquée, éborgnée, amputée, fichée, arrêtée, il lui a mis dans les pattes des Foulards-Rouges, des Gilets-Bleus, des Moutons-Noirs – mais, chaque samedi, elle est revenue.

    « Et sur les Champs-Elysées ! Comment on va vendre nos skis et nos doudounes ? Mais que veulent-ils ? Et qui sont-ils ? »

    Dans une vidéo au son coupé, on vit un retraité à lunettes tendre spontanément le bras devant la caméra.

    « L’ultra-droite ? »

    Ce n’était pas un skin avec son svastika tatoué dans le cou, mais plutôt Marcel-le-débonnaire, d’Ambérieu-en-Bugey, venu dire qu’il en avait mal au pis de se faire traire. Ça devait faire l’affaire – seulement on retrouva la bande-son :

    « Avé, Macron ! » disait Marcel, rigolard.

    Un cretinus alpetris de France 2 consulta le Gaffiot :

    « Ave : bonjour en latin, accompagné du salut romain… »

    Un petit journaliste tout seul dans son petit costume demanda à Guillaume Durand :

    « Que va-t-il se passer, Guillaume ? »

    Durand ne savait pas, évidemment : il essaya des phrases, qui se cherchèrent un but et finirent par échouer devant le sens à donner à tout ça.

    « Mais c’est quoi, leur problème ? » finit-il par dire, désemparé.

    Mais c’est vous, Durand, leur problème ! C’est votre mépris, votre propagande, c’est tout ce que vous leur avez volé, et d’abord la vérité. C’est ça ce qu’il vient chercher, Marcel, chaque samedi depuis l’hiver 2018.

    Très vite, évidemment, tout périclita : il y eut le Gilet-Jaune du matin, trépignant de fureur ; l’antifa d’après-midi, cassant des vitrines pour dire que le capitalisme le révolte ; et le pilleur du crépuscule, venu accomplir sa vocation prédatrice. Et bientôt, il n’y eut plus que les deux derniers, contre-feux espérés par le pouvoir et choyés par les cognes.

    « Honte à ceux qui ont violenté les forces de l’ordre et des journalistes », twittait cependant le président.

    C’est l’homme des travestis en bas résille cambrés comme des putains, et de la photo entre deux petites frappes exotiques, qui parlait de honte ; c’est l’homme des mutilés, des éborgnés, des amputés, qui parlait de violence.

    Depuis le début, le président, il ne comprend pas qu’on ne le comprenne pas : lui, il se bat pour sauver la planète.

    « Vous aurez des voitures à l’eau de source ! Du diesel propre ! Du Français dégradable et afro-compatible ! »

    Alors, il s’est mis en bras de chemise et a fait un grand tour de chant pour demander aux pue-la-sueur de le laisser faire leur bonheur.

    « Nous avons reçu le message, a-t-il conclu en terminant son “grand débat national”. Les citoyens nous invitent à aller plus loin. »

    Sur les ronds-points, un dernier brasero brilla comme de l’ironie, il y eut des élections et ce fut la fin.

    On n’y a pas cru, mais c’était bon de faire semblant d’y croire – comme à une rémission après un cancer. Ça nous a fait du bien de la revoir, cette France-là, avec ses pleins de fioul et ces factures de gas-oil. Elle n’a pas gagné ? Elle n’était pas là pour ça, mais pour dire qu’elle survivait, et qu’on ne la remplacerait pas si vite, parce qu’elle est la France qui cogne, et qui cognera les cognes s’ils y viennent. Elle, elle s’en fout : elle n’a plus de dents.

    Bruno Lafourcade (Blog de Bruno Lafourcade, 22 juin 2019)

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  • La légitimité du pouvoir en question...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un court entretien avec Patrick Buisson, cueilli sur Boulevard Voltaire et dans lequel il aborde la crise de légitimité du pouvoir... Politologue et historien, Patrick Buisson est l'auteur d'une étude historique particulièrement originale intitulée 1940-1945, années érotiques (Albin Michel, 2008) et d'un essai politique important, La cause du peuple (Perrin, 2016).

     

                                     

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  • Un petit tour du monde de l'actualité...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'actualité récente... Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « Mon petit tour du monde des actualités… »

    Il y quelque temps que Boulevard Voltaire n’a pas publié d’entretien avec vous. J’aimerais vous poser des questions rapides sur un certain nombre d’événements récents. Et, d’abord, l’incendie de Notre-Dame de Paris.

    Notre-Dame en flammes, frappée au chœur, c’est l’image même de la chrétienté d’aujourd’hui. Que dire de plus qui n’ait déjà été dit ? Je pense à Dominique Venner et je relis Péguy.

    La fin du « grand débat » et la conférence de presse d’Emmanuel Macron, qui n’a semble-t-il pas convaincu deux Français sur trois ?

    Le chef de l’État a eu tort de prendre les Français pour des mougeons (moitié moutons, moitié pigeons). Micron, démission !

    Le mouvement des gilets jaunes, dont on assure régulièrement qu’il est « en train de s’essouffler » et qu’il donne lieu à des « violences inacceptables » ?

    Un mouvement pacifique et « bon enfant » n’aurait pas obtenu le dixième de ce que les gilets jaunes ont obtenu – même si aucune de leurs revendications essentielles n’a encore été satisfaite. La violence (je ne parle pas de celle des « casseurs » professionnels) est parfois la seule façon de se faire entendre. Le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille n’a pas non plus été une promenade de santé ! Relisez les Réflexions sur la violence de Georges Sorel. Cette violence populaire est, de toute façon, peu de choses comparée à la violence systémique des prédateurs en col blanc, des assassins de l’identité, des destructeurs d’acquis sociaux et des maîtres du profit. Quant à l’essoufflement des gilets jaunes, ce ne sera, dans le meilleur des cas, qu’une pause avant les prochaines batailles. Partout en Europe, les classes moyennes sont en voie de disparition et les peuples n’en finissent plus de subir les conséquences des politiques d’austérité. Dans notre société en forme de sablier, la richesse s’accumule en haut de plus en plus tandis que la pauvreté et la précarité augmentent régulièrement en bas. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on se dirige vers une révolte sociale généralisée.

    Le lanceur d’alerte Julian Assange livré par l’Équateur aux autorités anglaises qui l’ont déjà condamné à un an de prison, tandis que les Américains ont lancé un mandat d’arrêt contre lui ?

    Les États-Unis ont acheté Assange pour 10,2 milliards de dollars de crédits par l’intermédiaire du Fonds monétaire international (FMI). Un pays digne de ce nom aurait immédiatement donné asile au fondateur de WikiLeaks. Comme les autres obligés de la Maison-Blanche, la France s’en est, évidemment, abstenue. Elle a d’autres demandes d’asile à traiter…

    La situation qui se dégrade au Venezuela et la reconnaissance par la « communauté internationale » de Juan Guaidó comme président autoproclamé de ce pays en lieu et place de Nicolás Maduro, pourtant deux fois élu président ?

    Maduro a une belle moustache de révolutionnaire mexicain, mais il est sûr qu’il n’a ni le charisme ni les talents de Hugo Chávez. Cela dit, il est encore plus certain que les États-Unis ont fait et continuent de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ruiner et surtout contrôler le Venezuela, pays qui dispose des plus importantes réserves d’hydrocarbures de la planète. Toute la question est de savoir si les Américains se lanceront dans une guerre pour imposer le très libéral Juan Guaidó, putschiste en costume trois-pièces qui devrait être depuis longtemps en prison. Emmanuel Macron a conseillé à Maduro de démissionner pour céder aux « pressions de la rue ». Maduro aurait pu lui répondre que, confronté depuis six mois à la colère du peuple français – tout comme le gang Bouteflika à celle du peuple algérien –, il n’a qu’à donner l’exemple lui-même.

    Les nouvelles sanctions économiques décrétées par Donald Trump, non seulement contre Caracas et Moscou, mais aussi La Havane et Téhéran ?

    Ce sont autant d’actes de guerre dirigés contre les sociétés commerciales françaises et européennes qui commerçaient en dollars avec le Venezuela, Cuba ou l’Iran, ou y ont fait des investissements, et qui sont maintenant tenues de s’aligner sur les diktats de Washington au nom de l’invraisemblable principe d’extraterritorialité du droit américain. En matière de politique étrangère, l’unilatéralisme trumpien s’avère chaque jour plus détestable.

    L’interminable feuilleton du Brexit : la Grande-Bretagne va-t-elle, ou non, sortir de l’Europe ?

    De Gaulle avait raison : pour commencer, elle n’aurait jamais dû y entrer.

    Le pape François embarrassé face au scandale des agressions pédophiles commises par des prêtres ?

    Je vais certainement vous surprendre, mais je pense qu’il n’y a pas de problème de pédophilie dans l’Église. Il y a, en revanche, un sérieux problème d’hébéphilie homosexuelle. La pédophilie se définit comme l’attirance sexuelle pour les enfants impubères, garçons ou filles. Or, plus de 80 % des agressions sexuelles mettant en cause des membres du clergé concernent des adolescents pubères, de 12 à 18 ans, et presque exclusivement des garçons. Ce sont des mineurs, pas des enfants. On n’ose pas le dire pour ne pas être taxé d’« homophobie », mais le livre de Frédéric Martel en apporte la confirmation. Dans ces conditions, mettre fin au célibat des prêtres ne favoriserait guère que le mariage gay ! Je rappellerai aussi que, contrairement à ce que l’on croit souvent, les prêtres ne prononcent pas de vœu de chasteté. Ce vœu est réservé aux moines, c’est-à-dire aux membres du clergé régulier (par opposition au clergé séculier).

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 6 mai 2019)

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