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  • Alain de Benoist : « Arnaud Beltrame, un héros français »...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh Info, dans lequel il évoque l'actualité, avant l'attentat de Trèbes... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Décroissance ou toujours plus ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2018).

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    Alain de Benoist : « Arnaud Beltrame, un héros français »

    Breizh-info.com : Tout d’abord, votre réaction à la mort du colonel Arnaud Beltrame et à l’hommage solennel qui lui a été rendu dans les milieux les plus différents ?

    Alain de Benoist :  Pour ne pas répéter ce que beaucoup d’autres ont déjà dit, je m’en tiendrai à une seule observation. Dès l’annonce de la mort du colonel Beltrame, un mot a surgi qui s’est instantanément propagé sur toutes les lèvres : c’était « un héros », et plus précisément « un héros français ». Jamais comme dans les jours qui ont suivi, on n’avait autant parlé d’héroïsme et de tout ce qui caractérise le héros : le courage, le sens de l’honneur, la fidélité, le don de soi, le sacrifice, le goût de la mission, le service de la patrie. En un instant, le discours de l’idéologie dominante qui, depuis des décennies, fait assaut de dérision sur toutes ces valeurs « ringardes » parce qu’à l’éthique de l’honneur il cherche à substituer une morale humanitaire invertébrée, a paru s’effondrer et devenir à son tour dépassé.

    En outre, à une époque où l’on préfère faire pleurer sur les victimes que célébrer les vertus héroïques, et bien que le colonel Beltrame soit mort égorgé, ce n’est pas d’abord en tant que victime, mais en tant que héros qu’il a été célébré. Je ne me fais évidemment pas d’illusion : l’idéologie dominante va chercher à réaffirmer son emprise dès que l’émotion sera retombée. Les « déconstructeurs », les rigolards et les petits malins vont revenir sur le devant la scène. Mais la façon dont l’opinion, quasiment unanime, a réagi n’en est pas moins profondément parlante, profondément révélatrice. Le peuple aime les héros. Il sait que le culte des héros, dont parlait Thomas Carlyle, lui vient du fond des âges. Instinctivement, il réalise que le bien commun s’ordonne à ce qui est beau, à ce qui est grand et à ce qui est fort. Il attend des exemples plus que de leçons. Merci au colonel Beltrame de nous avoir, grâce à son sacrifice, rappelé aussi cela.

    Breizh-info.com : Avez-vous lu le livre de M. Smith, « La ruée vers l’Europe » ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? La démographie sera-t-elle la clé du XXIe siècle et de la survie des Européens en tant que civilisation ?

    Alain de Benoist : Je n’ai pas eu le temps de lire le livre de Stephen Smith, mais j’en connais le contenu. L’auteur n’est d’ailleurs pas le premier à estimer que les perspectives de croissance démographique de l’Afrique subsaharienne vont exercer dans les décennies qui viennent une pression migratoire d’une ampleur énorme sur les pays européens. Beaucoup plus encore qu’une « maghrébisation » ou une « islamisation », c’est une africanisation de l’Europe par des populations qui sont très loin d’être toutes musulmanes qui se profile à l’horizon.

    Là où le livre de Smith est le plus intéressant, c’est qu’il s’attaque à deux idées reçues. La première est celle qui consiste à croire que les migrants « économiques » viennent des couches les plus pauvres de leurs pays d’origine. En réalité, les plus pauvres n’ont tout simplement pas le moyen d’émigrer, car la migration coûte relativement cher (plusieurs milliers d’euros). Ceux qui émigrent sont ceux qui, sans être riches, ont au moins pu accumuler suffisamment pour tenter de partir.

    Deuxième idée reçue, qui s’articule d’ailleurs à la précédente : s’imaginer qu’on ralentira les flux migratoires en favorisant le « développement » des pays africains, alors que celui-ci ne fait que stimuler le désir d’émigrer en même temps qu’il donne plus de moyens de se déraciner. Stephen Smith le dit explicitement : en faisant ce calcul, les pays riches se tirent une balle dans le pied, car le « développement » revient à aider des pays pauvres à atteindre un seuil de prospérité à partir duquel leurs habitants disposeront en nombre croissant des moyens de partir s’installer ailleurs.

    Mais la démographie n’est pas seule en cause. Il faut aussi prendre en compte les facteurs écologiques. Croire que l’épuisement programmé des ressources naturelles et l’aggravation des dérèglements climatiques n’auront pas d’effet sur les mouvements migratoires est une grande illusion. Certains experts annoncent déjà 150 millions de « réfugiés climatiques » pour le milieu du siècle.

    Stephen Smith estime que la « ruée vers l’Europe » est inéluctable. Cela pose en réalité une question politique : les dirigeants européens ont-ils la volonté et l’esprit de décision nécessaires pour faire face à un tel défi ? Alain Finkielkraut disait récemment qu’une Europe africanisée ne serait plus l’Europe. C’est l’évidence même, mais pour éviter que les rapports démographique relèvent du seul modèle des vases communicants, il faut au moins vouloir s’y opposer. Ceux qui pensent que les cultures comptent pour rien, et que les hommes sont indéfiniment substituables les uns aux autres, ne sont pas les mieux placés pour le faire. Quant aux Européens dont vous parlez, la question qui se pose est moins de savoir s’ils veulent voir survivre leur civilisation que de savoir s’ils ont eux-mêmes la volonté de la faire se poursuivre.

    Breizh-info.com : Que vous inspire la situation à Mayotte ? N’est-ce pas une grave erreur de d’avoir fait de cette île un département français ?

    Alain de Benoist : C’est en mars 2011, donc sous la présidence de Nicolas Sarkozy, que l’île de Mayotte est devenue le 101e département français. Je suis de ceux qui ont estimé dès le départ que c’était une erreur. En moins de dix ans, la gestion de Mayotte est tout simplement devenue impossible. Pourquoi ne pas lui donner son indépendance ?

    Breizh-info.com : La situation internationale semble bouger énormément ces derniers temps entre la réélection de Vladimir Poutine, les tensions avec le Royaume-Uni, la guerre de la Turquie contre les Kurdes, etc. Quel regard portez-vous sur cette évolution ?

    Alain de Benoist : Les choses bougent beaucoup en effet, et d’autant plus que depuis la chute du Mur de Berlin nous vivons dans une époque de transition où tous les repères tendent à s’effacer. Il est difficile dans ces conditions de faire des pronostics qui ne relèvent pas du doigt mouillé. Mon sentiment est que le Proche-Orient reste plus que jamais le foyer de tension principal qui peut demain mettre le feu aux poudres. Dans ce contexte, et singulièrement depuis l’élection de Donald Trump, on voit se développer une campagne russophobe de vaste ampleur qui trahit la peur des Américains de voir la Russie d’abord, la Chine ensuite, les destituer d’une hégémonie qui n’est déjà plus ce qu’elle était autrefois. On est en train de revenir à la guerre froide, mais cette fois-ci sans l’alibi d’un « anticommunisme » qui, chez beaucoup, n’a finalement jamais été que le cache-sexe d’une vieille hostilité visant la puissance continentale russe.

    Les Américains ne reculeront devant rien – fake news, coups montés, désinformation, provocations, etc. – pour empêcher la Russie de redevenir une grande puissance susceptible de leur faire de l’ombre. Vladimir Poutine est devenu le symbole de tout ce qu’ils exècrent. La popularité dont il jouit, la façon dont il a redonné la fierté à son peuple, les succès politiques et militaires qu’il a enregistrés récemment, la montée en puissance de ses forces militaires, sa réélection triomphale enfin dans un pays où les partis « pro-occidentaux » représentent désormais moins 5 % des suffrages, tout cela est pour eux insupportable. La situation compliquée du Proche-Orient, la Syrie, l’Irak, le Yémen, le jeu saoudien, les ambitions de l’Iran, la stratégie israélienne, sont autant d’occasions pour eux de tenter de rétablir la situation à leur avantage. Le problème est que ce jeu peut très bien déboucher sur une nouvelle guerre mondiale. Faut-il s’y attendre ? Disons que si ce n’est pas encore probable, c’est au moins de plus en plus possible.

    Breizh-info.com :  Cinquante ans après Mai 68, si vous deviez dresser un bilan de cette époque et de ses conséquences, quel serait-il ?

    Alain de Benoist :  Essayons de faire bref. D’abord, on l’oublie trop souvent, Mai 68 n’a pas été seulement une révolte étudiante de grande ampleur, mais aussi la dernière grande grève générale que la France ait connue. Il y a sans doute plus de leçons à tirer de la seconde que de la première. Ensuite, d’un point de vue idéologique, deux tendances contradictoires au moins se sont manifestées en Mai 68. La première, sympathique mais minoritaire, mettait en accusation la société de consommation et la société du spectacle, le « système des objets » et le capitalisme libéral, avec des références au situationnisme, à Guy Debord, mais aussi à Jean Baudrillard, Henri Lefebvre, Herbert Marcuse et quelques autres. L’autre, nettement majoritaire, se voulait purement individualiste et hédoniste. Son programme se résumait dans le slogan : « Jouir sans entraves ».

    C’est le Mai 68 des enfants gâtés de la bourgeoisie et des révolutionnaires en peau de lapin, qui allaient rapidement réaliser que c’est en se ralliant à la logique du Capital qu’ils pourraient le mieux satisfaire leurs « désirs ». La seconde tendance l’a malheureusement très vite emporté, engendrant toutes les pathologies sociétales qu’on a pris l’habitude d’attribuer aux « soixante-huitards ».

    Depuis un demi-siècle, j’ai vu se mettre en place tous les dix ans le même train de commémorations obligées des journées de Mai 68. A chaque fois, c’est l’occasion de publier de nouveaux livres, de donner la parole aux « anciens » des barricades, et autres exercices rituels qui ennuient prodigieusement la jeunesse d’aujourd’hui. Mai 68 a pesé sur l’évolution de la société, mais le monde a changé. Les anciennes militantes du MLF ont aujourd’hui dépassé l’âge de l’avortement et les ex-« révoltés » se préoccupent surtout de leur prostate. Il serait temps de passer à autre chose.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh Info, 2 avril 2018)

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  • La vraie histoire des colonies...

    Le magazine Valeurs actuelles publie un numéro hors-série consacré à La vraie histoire des colonies. Le lecteur pourra y retrouver, notamment, des articles de Philippe Conrad, Bernard Lugan, Philippe d'Hugues, Olivier Maulin, Michel Marmin, Laurent Dandrieu et Dominique Venner.

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    L’épopée coloniale de la France commence il y a quatre siècles. Des Amériques à l’Asie, en passant par l’Afrique et surtout l’Algérie, c’est une longue histoire de conquêtes, de fascination et d’amour entre la métropole et son outre-mer. L’air du temps veut que cette aventure soit peinte aux couleurs de l’abomination, voilà pourquoi Valeurs actuelles - la collection le Spectacle du Monde a voulu lui rendre un juste témoignage par un éclairage équilibré, rappelant les bienfaits et les progrès apportés aussi par cette entreprise partout dans le monde. En 130 pages richement illustrées et en remontant aux sources, ce hors-série remet les choses à l’endroit.

    Au sommaire :

    "Conquérir, civiliser, instruire..." par François d'Orcival, de l'Institut

    "Je vous écris des colonies..."

    Quatre siècles de colonisation

    LE TEMPS DES PIONNIERS :

    Aux origines de "la plus grande France" par Philippe Conrad

    Les confettis francophones de la Nouvelle-France par Sophie Mockel

    Les fleurs de lys du Saint-Laurent par Frédéric Barrault

    La Louisiane, au nom de Louis XIV par Georges Langlois

    Brésil : l'épopée de la "France antarctique" et "équinoxiale" par Virginie Jacoberger-Lavoué

    La France de Chandernagor à Pondichéry par Jean-Claude Perrier

    L'INDOCHINE, UNE PASSION FRANCAISE :

    Destination, la "perle de l'Orient" par Erwan Bergot

    Diên Biën Phù, la tragédie héroïque par François d'Orcival

    Angkor, les trésors sauvés par la France par Joséphine de Varax

    Montigny, consul aventurier à Shanghai par Bernard Debré

    AFRIQUE, LA GRANDE EPOPEE :

    Le bilan positif de la France par Bernard Lugan

    Les pères blancs, anges gardiens des colonies par Marie de Greef-Madelin

    Charles de Foucauld, la légende du "marabout blanc" par Claire Dozoir

    Le Sahara, trésor français par Arnaud Folch

    Quand les "Africains" tombaient pour la France par Claude Jacquemart

    "A Biribi, dans l'enfer des bagnes militaires" par Georges Darien

    La "protectrice" de la Syrie et du Liban par François Cote

    L'ALGERIE FRANCAISE, DU REVE AUX LARMES :

    Algérie française, l'histoire  occultée par Arnaud Folch

    Les vérités d'Hélie Denoix de Saint Marc Propos recueillis par Inès de Warren et Guillaume Roquette

    "Sans honte, ni torture..." par Dominique Venner

    Disparus, le dernier Tabou par Arnaud Folch

    "Non, M. Macron, il n'y a pas eu de "crimes contre l'humanité"!" par Thierry Rolando, président du Cercle algérianiste

    Perpignan, le musée du souvenir par Valentin Bonhomme

    Lieux de mémoire par Georges Langlois

    Le Guide des associations de rapatriés

    QUAND LES COLONIES CELEBRENT LEUR LEGENDE :

    Grands voyages sur grand écran par Philippe d'Hugues

    L'honneur de Schoendoerffer par Michel Marmin

    Ecrivains, la colonisation au fil des lettres par Olivier Maulin

    "Négresses à plateau et femmes girafes..." par Jean Dutourd

    Jean-Pax Méfret, pied-noir et fier de l'être! par Arnaud Folch et Cyril de Beketch

    Delacroix, peintre de l'Orient de l'esprit par Laurent Dandrieu

    L'attrait des lointains

    Bibliographie.

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  • La Torche et le Glaive...

    Les éditions Dualpha viennent de rééditer La Torche et le Glaive, un recueil d'articles de Jean Mabire devenu introuvable. Décédé en 2006, Jean Mabire, qui était un des grands écrivains de l'aventure, qu'elle soit historique, mythologique ou politique, a aussi été un combattant pour la cause de l'identité des peuples européens.

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    " Cet ensemble de chroniques politiquement incorrectes (ou quand l’écrivain politique ne peut se séparer du militant politique) – qui s’étendent sur trente années du XXe siècle – constitue en quelque sorte le parfait condensé des opinions de Jean Mabire, homme de culture et de mé­moire.

    La subtilité, la richesse de ses analyses, ses références littéraires et historiques, surprendront sans doute ceux qui ne le connaissent qu’à travers ses livres de guerre !

    Sans tabous, mais avec beaucoup de finesse, Jean Mabire traite des sujets les plus divers et notamment des identités régionales charnelles et de l’Empire européen qu’il nous reste à construire, d’écologie, de la façon dont on est passé d’une fracture activistes/conservateurs à la situation politique plus complexe qui ne favorise plus que les forces capitalistes internationales, mondialistes et cosmopolites.

    Jean Mabire tire les leçons du passé et offre des clés pour l’avenir à qui est prêt à trouver les bonnes serrures. Ce recueil est une référence pour celui qui cherche un corpus à la fois simple et rigoureux et déjà… archéo-futuriste. "

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  • Ce que nous sommes...

    L'Institut Iliade et les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier, sous la direction de Philippe Conrad, un ouvrage collectif intitulé Ce que nous sommes - Aux sources de l'identité européenne. Historien et président de l'Institut Iliade, Philippe Conrad s'est entouré de Jean-Yves Le Gallou, cofondateur de l'Institut et président de la fondation Polémia, ainsi que de François Bousquet, Thibaud Cassel, Édouard Chanot, Jean-François Gautier, Grégoire Gambier, Christopher Gérard, Éric Grolier, Henri Levavasseur, Lionel Rondouin et Jean-Louis Voisin, pour composer ce chant polyphonique d'amour et de combat pour l'Europe de demain.

     

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    " Il y a quelques années, après avoir prophétisé le « choc de civilisations », Samuel Huntington interrogeait ses compatriotes : Qui sommes-nous ? Cette question essentielle se pose aujourd’hui aux Européens sur leur propre sol. Ce que nous sommes, c'est ce que nous déciderons de continuer à être, dans la fidélité à nos héritages, à nos lignages, et à l'enthousiasme d'un avenir toujours possible. L'effort de reconquête suppose une relecture de notre histoire et une réappropriation de nos traditions européennes, conditions nécessaires pour éclairer et affirmer ce qui nous distingue des autres et ce que nous entendons préserver.
    Ce manifeste s'adresse à tous ceux qui refusent la fatalité du déclin de notre civilisation. "

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  • Pour une éthique européenne de la tenue...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte d'Henri Levavasseur, cueilli sur le site de l'Institut Iliade et consacré à la réhabilitation d'une éthique de la tenue, en ces temps de relâchement et d'ensauvagement. Docteur en histoire et linguiste, l'auteur est spécialiste des cultures germaniques anciennes et de la protohistoire de l’Europe septentrionale.

     

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    Pour une éthique européenne de la tenue

    Ouvert par le cataclysme de la Première Guerre Mondiale, le cycle du « sombre vingtième-siècle » a plongé l’Europe dans une crise de civilisation sans précédent, l’amenant à secréter elle-même, à travers les idéaux faisandés d’un universalisme ennemi des nations et des peuples, le poison du « grand effacement » qui menace de détruire jusqu’aux racines de son génie.

    Rien, pourtant, n’est encore joué : il appartient aux jeunes Européens de ne pas se résigner et d’écrire une autre histoire, en accord avec les immenses potentialités d’une culture multimillénaire. C’est en puisant dans leur longue mémoire, en procédant au « grand ressourcement », qu’ils apprendront à se connaître eux-mêmes, à donner sens et forme à leur destin, afin de trouver les ressources morales permettant de relever les défis qui les attendent. Confrontés à la dissolution des institutions et de la cité dans le magma d’une société multiculturelle, multi-ethnique et multi-conflictuelle, cette jeunesse devra se rassembler sur son propre sol en communautés pérennes, organiques et soudées.

    De telles communautés ne reposent pas seulement sur des liens de solidarité mutuelle, mais aussi sur la valeur individuelle, c’est-à-dire sur la capacité de chacun à recevoir, incarner et transmettre l’héritage commun.

    Cette valeur ne se mesure pas seulement à l’aune des capacités intellectuelles et physiques, ou du talent artistique — même si ces qualités sont éminemment précieuses. Ici intervient la notion d’éthique, associée à celle de tenue, qui jouent toutes deux un rôle fondamental dans la vision européenne du monde.

    Comme l’écrivait Pierre Drieu La Rochelle : « on est plus fidèle à une attitude qu’à des idées » (Gilles, 1939).

    Que convient-il donc d’entendre par « éthique de la tenue » ? Quelles sont les formes spécifiques que revêt cette éthique dans l’histoire de la civilisation européenne ? Quels sont enfin les modes d’expression possibles, permettant aujourd’hui d’incarner cette éthique ?

    Qu’est-ce que l’« éthique de la tenue » ?

    Les dictionnaires contemporains définissent volontiers l’éthique comme une réflexion philosophique fondamentale, sur laquelle la morale établit ses normes, ses limites et ses devoirs.

    Dans cette optique, le détail des prescriptions morales, fondées sur la distinction du bien et du mal, est susceptible de varier d’une société ou d’une religion à l’autre, tandis que l’éthique en appelle à la raison pour poser des principes universels, par de-là les contingences historiques et les particularismes de chaque civilisation.

    Cette conception de l’éthique, propre à la tradition philosophique des Lumières, a naturellement peu à voir avec celle dont nous allons nous entretenir.

    Revenons à l’origine du mot. Étymologiquement, éthique et morale renvoient, dans le monde antique, aux mêmes notions. Le mot français « morale » dérive du latin moralis, qui provient lui-même de mos, « mœurs », « coutume », « usage » — le mos majorum, « coutume ancestrale », fondant la morale du citoyen romain de l’époque classique. Le mot « éthique » trouve son origine dans le grec « ἦθος », qui présente les principales significations suivantes :

    1. « séjour habituel, lieux familiers, demeure » (employé au pluriel) : ἦθεα désigne dans l’Iliade les pâturages des chevaux, tout comme νομός (« part », « portion de territoire », « pâturage », qui prend ensuite le sens de « coutume, loi, usage », le verbe νέμειν, « attribuer, répartir, régler selon la coutume ») ;
    2. « disposition de l’âme, manière d’être, caractère » : notamment la célèbre formule d’Héraclite ἦθος ἀνθρώπῳ δαίμων (« la manière d’être, pour l’homme, est empreinte divine ») ; la joie, le courage, la noblesse sont par exemple des ἤθη, que les différents arts s’efforcent d’imiter ;
    3. « coutume, usage, mœurs » (cf. également la forme ἔθος, « coutume, usage ») ; dans sa Théogonie, Hésiode évoque les νόμοι et les ἦθεα des immortels, c’est-à-dire les lois et les usages des dieux. L’ethos d’un peuple trouve ses racines dans la tradition et repose donc sur une transmission.

    Dans le domaine de l’art oratoire, ἦθος prend en outre un sens particulier : les Grecs distinguent en effet entre le logos, qui renvoie à la logique, le pathos, qui renvoie à la sensibilité, et l’éthos qui correspond à ce que nous nommons le « style ».

    On saisit d’emblée que l’ethos ne renvoie pas chez les Grecs à une quelconque morale universelle, fondée sur l’opposition du bien et du mal : il s’agit au contraire d’un concept évoquant le caractère propre d’un être donné, en lien avec le lieu où il séjourne et la manière dont il se comporte habituellement — d’où le sens de « coutume », d’« usage », que l’on retrouve également dans le latin mos.

    Le mot ἔθος est d’ailleurs étymologiquement apparenté à ἔθνος (« famille, clan, peuple »), ainsi qu’à ἔθω (« personne familière », « les siens »). Ce dernier terme, lui même apparenté au latin sodalis (« compagnon », « ami »), dérive d’une racine de indo-européenne *su̯ē̆dh- (« faire sien », « se poser soi-même »), que l’on retrouve dans le sanscrit svádhā (« pouvoir personnel », « autorité naturelle », « usage », « coutume »), le vieil-haut-allemand sito ou l’allemand Sitte, « coutume », « mœurs ».

    Au sens étymologique, l’éthique désigne donc la manière d’être au monde en conformité avec l’usage, la coutume, la tradition en un lieu donné. Elle est la manière dont les êtres se tiennent face au monde, dans leur séjour habituel. On retrouve d’ailleurs ce lien entre les notions de coutume, de séjour et de tenue dans la proximité étymologique entre les termes français « habitation, habitude, habit », apparentés au latin habitus, « manière d’être ».

    Très tôt, le mot « habit » est associé dans notre langue à l’idée de « maintien » de « tenue », au sens de « tenir sa place et son rang ».

    Il est donc tout à fait pertinent de parler d’éthique de la tenue, dans la mesure où cette formule permet de définir une forme d’exigence tournée vers un idéal humain propre à notre civilisation, à nos mœurs, nos traditions et nos coutumes, indépendamment des formes universelles de morale, qu’elles soient d’essence religieuse ou laïque, c’est-à-dire fondées soit sur le dogme et la foi, soit sur une définition abstraite de la raison humaine, détachée de tout enracinement spécifique.

    Comment définir l’éthique européenne de la tenue ? Comme toujours, à partir de l’étude des figures emblématiques que nous livre notre histoire depuis l’antiquité.

    L’éthique de la tenue dans l’histoire européenne

    Sans nier la valeur des exempla légués par la grande tradition classique, nous ne nous réfèrerons pas ici à telle ou telle anecdote édifiante, mais tenterons de saisir l’essence de notre tradition de manière à la fois plus générale et plus profonde, en évoquant quelques « figures archétypiques » qui dessinent les contours d’une éthique propre aux élites européennes.

    Cette éthique renvoie à un certain idéal aristocratique, dont les traits principaux présentent une continuité étonnante depuis l’antiquité, en dépit des particularismes liés à tel ou tel peuple, et malgré les divers bouleversements sociaux, religieux et politiques qu’a pu connaitre l’Europe au fil des siècles.

    Quatre types fondamentaux ont profondément marqué l’imaginaire européen, et constituent en quelque sorte les figures tutélaires auxquelles toute élite authentique doit se référer : le héros homérique, le citoyen romain, le chevalier médiéval, le gentilhomme.

    Le héros homérique évolue dans un univers où le jugement porté sur l’homme ne repose pas sur la dualité du bien et du mal, en tant que critères moraux fondés sur la crainte de dieu, l’amour du prochain, la crainte du châtiment et l’espérance du salut éternel, mais sur la distinction du beau et du laid, de ce qui est honorable et de ce qui ne l’est pas, sur la nécessité de se montrer digne de l’estime de ses pairs, conformément à des règles de comportement fondées sur la coutume ancestrale.

    L’idée de faute originelle est absente : le « bien » (ἀγαθόν, « ce qui bon ») est ce qui conforme au juste ordonnancement des choses et de l’univers (κόσμος, « ordre [de l’univers] », mais aussi « parure, ornement »). L’expression καλὸς κἀγαθός (« beau et bon »), à laquelle se conforme l’aristocratie athénienne, désigne un idéal de perfection humaine où la qualité du paraître rejoint celle de l’être : le philosophe Werner Jaeger évoque à ce propos, dans son ouvrage Paideia, consacré à la formation de l’homme grec, un « idéal chevaleresque de la personnalité humaine complète, harmonieuse d’âme et de corps, compétente au combat comme en paroles, dans la chanson comme dans l’action ».

    A l’inverse, toute manifestation de démesure (ὕϐρις), chez les hommes comme chez les dieux, entraîne une catastrophe. Nous sommes ici aux antipodes de ce que le philosophe Heidegger décèle dans la modernité occidentale, à savoir la « métaphysique de l’illimité » — l’appétit du « toujours plus », auquel nous devons opposer la logique du « toujours mieux ».

    Pour revenir aux textes d’Homère, « toute transgression de l’harmonie, de la mesure, de la conduite droite, se paie au prix fort, ainsi la funeste colère d’Achille, prétexte de l’Iliade. Homère ignore l’intériorisation d’une morale fondée sur la faute et la culpabilité. (…) Il met en action des vertus et leurs contraires, le courage et la lâcheté, l’honneur et la bassesse, la magnanimité et la rancune, la loyauté et la traîtrise. Il montre aussi des caractères, sans rien dissimuler de leurs contradictions, Hector et sa lucidité, Pénélope et sa féminité, Achille et sa vaillance, Ulysse et son habilité, Nestor et sa raison, Pâris et sa faiblesse, Hélène et son extrême sensualité. Les poèmes homériques ne parlent pas en formules conceptuelles ou dogmatiques. Ils donnent pourtant des réponses claires aux questions de la vie et de la mort » (D. Venner, Histoire et tradition des Européens, pp. 108–109).

    Héritière du monde grec, mais aussi d’une tradition propre, fondée en grande partie sur un héritage indo-européen, la civilisation romaine nous a également légué un idéal aristocratique d’une grande valeur : celui du citoyen de l’époque classique. Ce dernier apparait constamment soucieux de sa dignitas, aussi bien personnelle que familiale. Pour la préserver, il est prêt à aller jusqu’au sacrifice de sa vie : la mort volontaire est à Rome un sort toujours préférable au déshonneur.

    La dignitas s’enracine dans la virtus, non pas la vertu au sens chrétien du terme, mais la qualité qui distingue l’homme, vir : l’énergie morale, la force d’âme, la maîtrise de soi (gravitas), qui se situe au cœur de l’enseignement des Stoïciens.

    Ces qualités sont indissociables de la pietas, c’est-à-dire du respect de la tradition (mos majorum), du devoir rendu aux dieux et à la famille, en particulier au père, devoirs auxquels s’ajoute le service de l’état. Avec la virtus, la clementia et la iustitia, la pietas est l’une des quatre vertus impériales reconnues à Auguste sur l’inscription du bouclier d’or (clipeus aureus) placé en son honneur dans la Curia Iulia. Comme chez les Grecs, l’idéal du citoyen romain se fonde sur l’unité de l’être et du paraître. C’est le sens de la formule de Juvénal : mens sana in corpore sano.

    Scipion fait graver sur son tombeau la formule suivante « Ma vie a enrichi les vertus de ma race. J’ai engendré des enfants, j’ai cherché à égaler les exploits de mon père. J’ai mérité la louange de mes ancêtres, qui se sont réjouis de me voir né pour leur gloire. Ma dignitas a rendu fameuse ma race » (cité par D. Venner, id., p. 136).

    La chevalerie médiévale reprend une partie de cet héritage, associé certes aux vertus chrétiennes, mais également au vieil idéal martial et à la conception de l’honneur répandus dans les sociétés celtiques et germaniques. Dominique Venner (id., pp. 178–179) qualifie l’éthique chevaleresque d’« éthique incarnée » : « prouesse, largesse et loyauté sont ses attributs que l’honneur résume. L’élégance de l’âme commande d’être vaillant jusqu’à la témérité ».

    L’exigence de fidélité à la parole donnée pousse à tenir la foi jurée jusqu’à la mort, attitude magnifiquement exaltée dans la Chanson des Nibelungen, de telle sorte que l’idéal du sacrifice héroïque, présent dans toute la tradition épique du monde germanique, a sans doute contribué de façon décisive à l’acceptation du christianisme par les peuples du Barbaricum. Le poème saxon Heliand décrit d’ailleurs le Christ et ses disciples comme un prince germanique entourés de ses vassaux, tandis que les noces de Cana apparaissent comme un festin guerrier.

    A l’époque moderne, la figure du gentilhomme représente la synthèse et l’aboutissement de ces divers héritages, à travers l’équilibre entre les talents de l’homme d’épée et de l’homme d’esprit, alliant élégance morale, distinction, courage et maîtrise de soi. Tel est l’idéal, largement partagé à travers toute l’Europe, que s’efforcent d’atteindre le Junker prussien et le gentleman britannique.

    Une certaine forme de stoïcisme propre à l’homme d’action est commune aux quatre types que nous venons d’évoquer.

    Est-ce à dire, cependant, que l’éthique de la tenue se trouve réservée à une élite sociale fondée exclusivement sur des règles de transmission héréditaire ? Si cette dernière a naturellement toujours joué un rôle central, il convient de rappeler l’importance d’autres formes d’institutions méritocratiques, reposant sur la notion de compagnonnage guerrier. Les concepts de noblesse et de chevalerie, par exemple, ne sont pas strictement identiques.

    Comme le souligne Dominique Venner (Un samouraï d’Occident, p. 294), nos racines « ne sont pas seulement celles de l’hérédité, auxquelles on peut être infidèle, ce sont également celles de l’esprit, c’est-à-dire de la tradition qu’il appartient à chacun de se réapproprier ».

    Quelles leçons concrètes la jeunesse européenne de notre temps, déterminée à s’engager sur la même voie, peut-elle toutefois recueillir de ces exemples si éloignés de notre quotidien ? En apparence, les modèles que nous venons d’évoquer semblent dépassés pour plusieurs raisons : l’environnement social, culturel et politique traditionnel, nécessaire à l’éducation d’une véritable élite, a aujourd’hui été en grande partie balayé ; la noblesse a cessé d’être une institution, d’assurer un rôle politique central et de « donner le ton » ; les valeurs dominantes sont au contraire celles de l’hédonisme individualiste et de l’égalitarisme, même si les inégalités économiques et sociales sont par ailleurs de plus en plus criantes ; la notion d’élite est largement dépréciée, ou se trouve associée à des types humains opposés à ceux de l’ancienne aristocratie européenne ; l’élitisme est même perçu comme un travers ; enfin, un grand nombre de ceux qui sont en mesure de réclamer, en tant qu’héritiers par le sang et par le nom, le patrimoine spirituel de l’ancienne aristocratie européenne, adoptent parfois des comportements assez éloignés des valeurs de leurs aïeux.

    Médiocrité et vulgarité ne constituent pas nécessairement des tares nouvelles, propres à notre époque, mais elles font aujourd’hui l’objet d’une complaisance sans précédent, qui trouve son expression la plus achevée dans les « modèles » imposés aux populations sidérées par les loisirs de masse et le matraquage publicitaire : il s’agit d’une véritable inversion des canons esthétiques et éthiques. L’idéal aristocratique n’a pas nécessairement disparu, mais il ne structure plus la société.

    Pourtant, chacun de nous peut encore choisir d’incarner une part de l’éthique aristocratique européenne, en la déclinant — au féminin comme au masculin — dans des situations et des engagements très divers.

    Cette possibilité revêt une portée qui dépasse les seuls destins individuels. Dominique Venner le rappelle dans le Samouraï d’Occident (p. 296) : « Les ébranlements de notre temps ont des causes qui excèdent les seuls forces de la politique ou des réformes sociales. Il ne suffit pas de modifier des lois ou de remplacer un ministre par un autre pour construire de l’ordre là où sévit le chaos. Pour changer les comportements (…), il faut réformer les esprits, une tâche à toujours recommencer ».

    L’éthique de la tenue est l’expression individuelle et communautaire de cette réforme des esprits, prélude au nécessaire réveil de l’Europe en dormition. Elle est une voie d’excellence, dans laquelle la jeunesse européenne doit aujourd’hui réapprendre à s’engager.

    L’éthique de la tenue pour les Européens d’aujourd’hui

    S’il peut paraître difficile d’établir les critères objectifs de la « tenue », chacun sait instinctivement définir ce qu’il convient de rejeter : le débraillé, la vulgarité, le laisser-aller. Ce dernier peut prendre des formes diverses : laisser-aller du corps (avachissement ou exhibition vulgaire), laisser-aller du vêtement (le modèle « united colors », universel et « unisexe »), laisser-aller du comportement et de l’attitude (manque de maîtrise de soi, oubli des règles élémentaires de la courtoisie et du savoir-vivre), laisser-aller du langage (outrance, approximation ou vulgarité), laisser-aller de l’esprit et de l’intellect (paresse intellectuelle, conformisme), laisser-aller de l’âme (perte du sens de l’honneur et de la parole donnée, de la fidélité à ses principes et à son héritage, absence de courage).

    A toutes ces formes d’abandon de soi-même, il faut précisément opposer la notion de « tenue ». Celle-ci constitue une ascèse — ce qui n’implique pas nécessairement une vie « ascétique » : au-delà de son acception religieuse, passée dans le vocabulaire chrétien par l’intermédiaire du latin chrétien asceta, le mot est apparenté au grec ἄσκησις (« exercice »), qui désigne à l’origine divers types d’activités artistiques ou physiques, en particulier l’athlétisme. L’ascèse est donc avant tout une discipline.

    L’éthique de la tenue se fonde en définitive sur la volonté de vivre en européen, conformément à notre tradition. Fidèle à la « longue mémoire européenne », Dominique Venner nous rappelle à ce propos que « l’esthétique fonde l’éthique » (Un samouraï d’Occident, 2013), et nous incite à nous référer à ce qu’il nomme la « triade homérique » : « la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon ».

    La nature comme socle, c’est non seulement respecter l’ordre naturel et ses grands équilibres, d’un point de vue aussi bien écologique qu’anthropologique (à travers la polarité du masculin et du féminin), mais également assumer et transmettre les caractères spécifiques de notre patrimoine héréditaire européen. C’est savoir s’immerger régulièrement dans la splendeur de nos paysages et s’attacher à la dimension communautaire de nos traditions à travers la célébration des fêtes calendaires traditionnelles, associées au cycle annuel.

    L’excellence comme but, c’est conserver le souci de l’élégance morale, pratiquer une certaine retenue et cultiver l’exigence envers soi-même ; c’est s’efforcer à l’adéquation de la pensée et de l’action, de l’être et du paraître, tendre à se dépasser plus qu’à rechercher son « épanouissement personnel » dans une perspective strictement hédoniste, se soumettre à une discipline librement consentie plus que de revendiquer une liberté totale ; c’est se savoir « maillon d’une chaîne », servir plus que se servir, se montrer exigeant dans le choix de ses pairs tout en étant capable d’affronter la solitude ; enfin et surtout, c’est transmettre cet ensemble d’exigences par l’exemple, en ne se reniant jamais soi-même au profit de la facilité, du confort ou de la sécurité. Le plus sûr moyen d’y parvenir est de construire ce que Dominique Venner appelle notre « citadelle intérieure », par la méditation quotidienne, la lecture, mais aussi la discipline du corps (notamment à travers la pratique sportive, afin d’entretenir le sens de l’effort et le goût de l’action).

    La beauté comme horizon, c’est — à défaut de pouvoir « ré-enchanter » le monde par ses seules forces lorsque les dieux paraissent l’avoir déserté — ne jamais laisser la laideur avoir prise sur soi, se soustraire autant que possible à son emprise (en se gardant de l’accoutumance aux distractions « à la mode », alliant vulgarité, bêtise et inversion des valeurs) ; c’est rechercher au contraire toutes les occasions de nourrir son esprit par la contemplation du beau ; c’est aussi manifester, à la mesure de ses moyens, ce souci de la beauté et de l’élégance jusque dans les moindres occasions du quotidien, dans les objets qui nous entourent, la décoration de notre habitat comme dans la tenue vestimentaire, en conformité avec notre esthétique européenne. Tel est le plus sûr moyen de rayonner, d’éveiller et de transmettre, aux enfants comme aux adultes. L’éthique de la tenue est aussi une esthétique : se « tenir », c’est donner forme à son existence.

    Dominique Venner a résumé l’ensemble de ces préceptes dans le Samouraï d’Occident (pp. 292, 296–297) : « Dans leur diversité, les hommes n’existent que par ce qui les distingue, clans, peuples, nations, cultures, civilisations, et non par ce qu’ils ont superficiellement en commun. Seule leur animalité est universelle (…). Quelle que soit votre action, votre priorité doit être de cultiver en vous, chaque jour, comme une invocation inaugurale, une foi indestructible dans la permanence de la tradition européenne ».

    L’éthique de la tenue, c’est vivre en Européen !

    Henri Levavasseur (Institut Iliade, 28 février 2018)

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  • La ruée vers l'Europe...

    Entre 150 et 200 millions d'Africains en Europe en 2050 ?... Théorie délirante de complotiste d'extrême droite ? Dystopie surgie du cerveau maladif d'un émule de Jean Raspail ou de Michel Houellebecq ?... Non... Simplement, une hypothèse considérée comme crédible par Stephen Smith, ancien responsable des pages Afrique à Libération, puis au Monde, dans son essai intitulé La ruée vers l'Europe - La jeune Afrique en route pour le vieux Continent, publié chez Grasset. Cette fois-ci, nous ne pourrons pas dire que nous n'avons pas été prévenus par cette enquête, que l'auteur veut objective dans ses constats, sinon dans ses conclusions... Stephen Smith avait déjà provoqué la polémique avec son livre Négrologie : pourquoi l'Afrique meurt (Calmann-Lévy, 2003).

     

    Smith_La ruée vers l'Europe.jpg

    " L’Europe vieillit et se dépeuple. L’Afrique déborde de jeunes et de vie. Une migration de masse va se produire. Son ampleur et ses conditions constituent l’un des plus grands défis du XXIe  siècle.
    L’Union européenne compte aujourd’hui 510 millions d’habitants vieillissants  ; l’Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d’Européens feront face à 2,5 milliards d’Africains. D’ici à 2100, trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara.
    L’Afrique «  émerge  ». En sortant de la pauvreté absolue, elle se met en marche. Dans un premier temps, le développement déracine  : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l’exemple d’autres parties du monde en développement, l’Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 millions à l’heure actuelle.
    Une pression migratoire de cette ampleur va soumettre l’Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses élites cosmopolites et ses populistes nativistes. L’État-providence sans frontières est une illusion ruineuse. Vouloir faire de la Méditerranée la douve d’une «  forteresse Europe  » en érigeant autour du continent de l’opulence et de la sécurité sociale des remparts – des grillages, un mur d’argent, une rançon versée aux États policiers en première ligne pour endiguer le flot – corrompt les valeurs européennes.
    L’égoïsme nationaliste et l’angélisme humaniste sont uniment dangereux. Guidé par la rationalité des faits, cet essai de géographie humaine assume la nécessité d’arbitrer entre intérêts et idéaux. "

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