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etats-unis - Page 17

  • Tour d'horizon... (220)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur la Lettre de Communication & Influence du mois de novembre, Bruno Racouchot interroge Cynthia Picart, avocate et cheville ouvrière du rapport de l’École de guerre économique sur l'influence américaine en France...

    Etats-Unis vs France/Europe : influence et méthodes d'encerclement cognitif

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    - sur le site de la Fondation Identité et Démocratie, Xavier Raufer revient sur les émanations idéologiques toxiques qui proviennent de la Silicon Valley...

    La peste californienne

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  • Guerres d'influence...

    Les éditions Odile Jacob viennent de publier un essai de Frédéric Charillon intitulé Guerres d'influence - Les états à la conquête des esprits. Professeur des universités en science politique, Frédéric Charillon a dirigé l'institut de recherche stratégique de l'Ecole Militaire.

     

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    " Quoi de commun entre les panda kissers (les zélateurs de la politique chinoise), la « Poutine mania », les « réseaux » turcs ou qataris, la K-pop (musique pop coréenne), les fondations allemandes, les Instituts Confucius ou les programmes d’invitation « Young leaders » aux États-Unis ? Dans tous les cas, il s’agit d’afficher, de séduire, de convaincre, de trouver des relais, dans une stratégie d’État plus globale qui vise à conquérir les esprits.
    Car – c’est la thèse de ce livre – l’influence, et non plus la puissance, est la nouvelle clé pour déchiffrer le jeu des relations internationales. L’influence mobilise des ressources croissantes de la part des États. Elle leur permet de modifier le rapport de force mondial, de contrôler des pays tiers ou d’y prospérer sans entrave.
    On peut dénoncer ces stratégies d’influence comme autant de manipulations inacceptables, pointer du doigt leurs commanditaires, en particulier quand ils pratiquent la nuisance et l’intimidation. Mais elles sont devenues la norme géopolitique.
    La France et plus largement l’Europe sont-elles bien armées pour mener ces guerres d’un autre type ? "

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  • Et le virus américain ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré aux origines du coronavirus.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

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    Laboratoire P4 de Wuhan

     

    Et le virus américain ?

    Les informations contradictoires qui nous viennent du Kazakhstan mélangent allègrement revanche du clan Nazarbaiev, complot d’un escroc qui aurait détourné 3 milliards de dollars et bénéficié de l’aide du MI6, et conjuration de la CIA, d’Endowment for democracy, de la Rand Corporation et des habituels suspects des « révolutions orange »…

    La guerre bactériologique

    Au moment où l’ordre règne à Astana et s’en vont les Spetsnaz de la 3è brigade, une information suscite encore le trouble ; qu’est-il advenu du laboratoire de recherche biologique financé par les États-Unis au Kazakhstan, et qui aurait pu subir les conséquences des troubles récents quand les chercheurs s’en sont enfuis précipitamment ? Si certains s’en inquiètent, c’est qu’ils ont de quoi s’inquiéter. Tout laisse en effet penser que, selon une pratique dont l’ampleur apparaît seulement, les États-Unis font réaliser et financent dans des pays lointains, à l’abri des regards, des expérimentations impossibles à conduire sur leur sol ou sur celui d’alliés plus regardants, ou plus méfiants — dans probablement pas moins de 40 sites dans le monde.

    La Russie n’a pas tardé à dénoncer des essais de guerre biologique ciblant les particularités génétiques des différentes populations russes et aussi chinoises — chacun pouvant vérifier à cette occasion que l’affirmation ; « les hommes sont tous les mêmes » est biologiquement aussi fausse  que celle qui prétendait définir des races différentes. La science décidément sert à tout, et souvent au pire.

    Et si le virus de la pandémie qui fait trembler l’Occident, promet aux participants des Jeux olympiques d’hiver l’enfermement dans des « bulles sanitaires » et referme les villes chinoises était américain ?

    Et si c’étaient les expériences américaines visant à développer des armes biologiques de destruction massive loin des regards et hors de tout contrôle des autorités scientifiques qui étaient responsables de la pandémie qui paralyse nos économies, renverse toutes les prétentions libérales, et révèle la face d’ombre des démocraties saisies de la peur de mourir ?

    Les auditions du Docteur Anthony Fauci, officiellement directeur du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), prétendu spécialiste des pandémies et conseiller successif des Présidents Trump et Biden, sont à cet égard du plus grand intérêt. Interrogé sous serment par le sénateur Roger Marshall, comme il l’a été par Ron Paul, lors d’échanges tendus, le Docteur Fauci paraît avoir ouvertement et délibérément menti sur ses revenus et son patrimoine, malgré… 2500 pages de documents communiqués à ce sujet par ses avocats ! Peu importe.

    Le point décisif est que le Comité de Surveillance de la Chambre des Représentants (House oversight comittee) a rendu public plusieurs mails indiquant que le docteur Fauci était au courant depuis le début que le COVID19 était issu d’une fuite de laboratoire, et que ce virus avait été volontairement manipulé afin d’obtenir le fameux “gain de fonction” le rendant plus virulent que le virus naturel, sans doute issu de chauves-souris. Le biologiste chinois dirigeant ces manipulations aurait été spécialement formé dans une Univerité américaine, et son unité de recherche aurait reçu quelques 189 millions de dollars pour stimuler ses recherches. Et le docteur Fauci a tout fait pour que la vérité ne sorte pas.

    Le point décisif est la mise en évidence des financements apportés par le NIAID dont Fauci est directeur, et deux autres organisations américaines, le NIH et Ecohealth Alliance, au fameux laboratoire de Wuhan d’où le virus serait issu (Tyler Durden, sur le site Zerohedge, a publié le détail de ces investigations le 12 janvier 2022).

    Pas par hasard ! Alors qu’un moratorium international aurait été décidé sur les recherches de “gain de fonction” des virus du SARS-COVID, les unes destinées à préparer des vaccins ou des traitements efficaces, les autres destinées à préparer des virus tueurs pour des opérations de guerre biologique ciblant des populations génétiquement distinctes, ou des territoires entiers, les unes et les autres jugées trop dangereuses pour être poursuivies, le financement du laboratoire de Wuhan aurait permis à Ecohealth Alliance de contourner le moratorium. Selon la logique même de la globalisation, les capitaux américains auraient permis à une unité de recherche américaine de faire en Chine au secret de Wuhan ce qu’elle ne pouvait pas faire aux États-Unis, en Europe, ou ailleurs.

    Le biais individuel

    A ce niveau d’interrogation, la pente est aisée. Dénoncer Fauci et ses complices, accuser la cupidité de chercheurs cherchant la fortune au risque de la santé humaine et de pandémies ravageuses… Certes. Tout le système tend à imputer d’écrasantes responsabilités aux individus, pour mieux s’immuniser lui-même contre les critiques. Désignons au plus vite des coupables, pour que rien ne change et que tout continue comme avant ! Les bûchers des sorcières ont servi la cause de la science. Les écologistes sont experts d’une manipulation qui rend chacun coupable d’un bain trop chaud ou d’une entrecôte, mais n’interroge jamais les fondements du libre-échange, des mouvements de population et de la sanctuarisation du capital, et ignore les règles comptables et l’emprise du droit de propriété qui vident de leur portée toutes les dispositions écologiques — hormis celles qui culpabilisent les individus !

    Bien sûr, le maintien en fonction du Docteur Fauci est un mystère ; sera un jour éclairé, comme le sera le suicide en prison de Jeffrey Epstein ? La question évitée est simple ; qu’est-ce qui a permis que dans ce laboratoire de Wuhan, ait lieu l’insertion dans un virus de chauve-souris ou son équivalent, exactement au même moment, de 4 acides aminés et de 12 nucléotides, seule capable de déclencher le gain de fonction recherché — rendre le virus beaucoup plus rapidement transmissible à l’homme (selon un échange de mails entre Mike Farzann découvreur du porteur du SARS, et le chercheur Bob Garry) ?

    Elle est rendue plus simple encore par les multiples pressions, intimidations et opérations de désinformation qui ont pendant plusieurs mois interdit à tout chercheur de faire part de ses doutes sur l’origine naturelle du virus ; du Lancet au Nature Médicine, des dizaines d’articles ont été retirés de la publication, pendant que d’autres sans comité de lecture ni sources scientifiques, interdisant d’évoquer une fuite de laboratoire, notamment ceux de Peter Daszak, étaient publiés sans recul, sans contradiction, ou simplement débat.

    Voilà qui dépasse de loin la culpabilité d’un homme ou de quelques complices. Le système des publications scientifiques, ces fameuses revues à comité de lecture, a failli. L’intérêt a fait loi ; les financements des Big Pharma sont si confortables ! Le système de financement de la recherche a lui aussi failli. Comment admettre que des capitaux privés puissent financer en Chine des recherches interdites aux USA et en Europe parce que trop dangereuses ? Et comment ces capitaux pouvaient-ils espérer tirer bénéfice d’opérations interdites, potentiellement criminelles, voire génocidaires ?

    Et, à la fin, comment tolérer que la santé humaine, et plus encore la peur de la mort, puissent constituer des sources de revenus pour les entreprises des “Big Pharma” qui jouent de la vie comme de la mort, et savent faire payer ce qu’il faut pour accorder à ceux qui ont peur de mourir “encore une minute, Monsieur le bourreau” ?

    Un fait aurait du alerter les oreilles fines ; la rapidité avec laquelle l’accusation américaine désignant la Chine comme responsable du “virus chinois” s’est dissipée. Pas par hasard, ni par générosité face à l’ennemi désigné. Faut-il en conclure que l’administration américaine si bien renseignée était au courant de la compromission de capitaux américains, de chercheurs américains et d’entreprises américaines dans le chaudron des sorcières de Wuhan ? Faut-il en déduire que beaucoup ont su, qui ont jugé plus prudent de se taire, et de ne pas poursuivre des accusations qui à tout moment pouvaient se retourner contre leurs accusateurs ?     

    La question reste ouverte. En l’état actuel des auditions au Sénat et à la Chambre des Représentants, beaucoup incite à conclure que le virus de Wuhan est un virus financé, développé, préparé par les chercheurs américains. Beaucoup d’éléments incitent donc à affirmer que le virus qui ravage le monde est un virus américain, le fruit empoisonné du vertige technologique, de l’appât du gain et de la fuite en avant d’une recherche que plus personne ne contrôle vraiment.

    A ce stade, une question demeure. Que faisaient à l’inauguration de laboratoire de Wuhan l’ancien Premier ministre français M. Cazeneuve, et le mari de la ministre de la Santé, M. Buzyn ? Aux côtés de l’éminent Docteur Fauci, du tourisme sans doute. Il est vrai que Wu Han étant l’un des sites de repos hivernal du Président Mao, c’est là que l’on déguste le meilleur gras de porc de toute la Chine. Et cela vaut bien un voyage chez les sorciers du vivant.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 14 janvier 2022)

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  • Tour d'horizon... (216)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur son site, l’École de guerre économique publie un rapport d'alerte consacré à la manière dont les États-Unis ont affaibli la France sur le plan économique, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. 

    Comment les États-Unis contribuent-ils à affaiblir l'économie française ?

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     - sur le site de la Fondation Identité et Démocratie, Xavier Raufer publie un rapport d'alerte sur l'entrée de l'Amérique dans une phase de bas-empire...

    États-Unis : la perspective du bas-empire

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     - sur le site de Theatrum Belli, le général Vincent Desportes en appelle à une forte évolution de notre modèle pour l’adapter à la réalité géopolitique actuelle.

    Reconstruire la défense opérationnelle du territoire pour crédibiliser la dissuasion

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  • Requiem pour le monde occidental...

    Les éditions Eyrolles viennent de rééditer au format poche, dans une version actualisée, un essai de Pascal Boniface intitulé Requiem pour le monde occidental - Etats-Unis/Europe : partenaires ou vassaux ?, publié initialement en 2019. Directeur-fondateur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), Pascal Boniface est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés aux relations internationales et à la géopolitique.

     

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    " Durant la guerre froide, le bloc occidental, opposé au bloc communiste dont il craignait l'expansionnisme asservissant, était une entité géopolitique cohérente qui menait un combat justifié pour préserver sa liberté.

    Mais aujourd'hui, le concept de monde occidental est-il encore pertinent ? Continuons-nous à être guidés par les mêmes valeurs que les États-Unis ? L'OTAN a-t-elle pour objectif de nous préserver contre la menace ou de l'entretenir artificiellement, afin de maintenir l'Europe dans un état de dépendance à l'égard de Washington ? Par leur comportement hégémonique, les États-Unis ne sont-ils pas autant source d'insécurité que de sécurité ?

    Cet ouvrage salutaire appelle à revisiter les liens transatlantiques, historiquement dépassés, mais savamment entretenus par suivisme et par aveuglement. Après les outrances de Trump, Biden, en se retirant d'Afghanistan sans prévenir ou en cassant le contrat des sous-marins australiens obtenu par la France, a montré qu'il ne considérait pas les alliés comme de vrais partenaires. Les

    Européens vont-ils se réveiller ou vont-ils demeurer dans un état de somnambulisme stratégique ? "

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  • Europe, Ukraine, Biélorussie, Caucase, Moyen-Orient : la France hors-jeu...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré à la médiocrité de la politique étrangère française.

    Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

     

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    Europe, Ukraine, Biélorussie, Caucase, Moyen-Orient : la France hors-jeu

    A quelques semaines de l’inauguration de la présidence française de l’Union européenne, force est de constater que notre politique étrangère est plus mal en point que jamais. C’est le résultat d’une posture entêtée de déni du réel, d’une persistance suicidaire dans une vision vassalisée et dogmatique des nouveaux équilibres du monde, et d’une réduction de l’activité diplomatique à de la gestion d’image. Nous pratiquons une diplomatie purement virtuelle, d’une insigne faiblesse, qui s’imagine que la parole vaut action, et se réduit en conséquence à des déclarations, discours et conversations téléphoniques dont le seul résultat est de nous rassurer -bien à tort- sans jamais modifier utilement les rapports de force. Aucune vision, aucune ambition, aucun projet, aucun plan d’action. Pas d’anticipation. Aucune intelligence du monde, encore moins des hommes qui le dirigent. On se contente de réagir, de manière purement verbale, aux évènements qui nous surprennent, nous contournent et nous dépassent invariablement. Pour masquer cette impuissance consentie, on exploite à fond le leurre européen, autour d’une sémantique ronflante sur la « souveraineté stratégique européenne », comme si celle-ci avait une quelconque chance d’advenir. La dernière trouvaille est celle d’une « boussole stratégique européenne » dont on se gargarise, faisant mine de croire que la mise en place d’une force de… 5000 hommes en 2025 manifesterait l’autonomie militaire des Européens ! L’éléphant accouche d’une souris : 5000 hommes pouvant être projetés contre… les « ennemis » russe, chinois et même turc ; les deux premiers étant – comme par hasard – les ennemis identifiés par Washington pour justifier les futurs déploiements de l’OTAN. Quant à la Turquie, on sait bien que l’Amérique lui laissera toujours les coudées franches, surtout contre les faibles Européens puisque l’armée turque – 2ème de l’OTAN – demeure indispensable sur « le flanc sud » pour contrer la Russie… Bref, on nage en pleine utopie. La « boussole », ce nouveau hochet, nous est autorisé pour complaire à la France qui prétend sérieusement retrouver son leadership sur l’Europe… un leadership dont personne ne veut. Mais Washington ne voit aucun risque à laisser les Français jouer un peu avec leur rêve de souveraineté même pas nationale, dans une cour d’école hostile remplie de leurs chevaux de Troie, du moment qu’ils n’ouvrent pas les yeux sur une carte du monde ni ne sont prêts à se souvenir de ce que signifie véritablement l’expression « intérêts nationaux ».

    La triste vérité est que nous avons renoncé à toute volonté de recouvrer notre indépendance, ne serait-ce que de jugement, et tout autant à être utiles au monde. Nous cherchons juste à faire semblant de compter, sans risquer un pas hors du parc d’enfants sages où nous barbotons pathétiquement. Il est certain que réfléchir par et pour soi-même et se faire respecter est beaucoup plus difficile que de gesticuler sans jamais sortir de l’alignement. Mais se mentir ne peut marcher éternellement. Ce sont les autres qui nous le rappellent cruellement. Qui n’avance pas recule. Nous sommes immobiles et nos rodomontades narcissiques et enfantines ne trompent plus personne. On ne nous craint pas le moins du monde et on ne nous respecte pas davantage. Pendant ce temps, les puissances assumées, que nous croyons gêner en les stigmatisant comme i-libérales ou populistes, avancent leurs pions.

    La Russie fait désormais reconnaitre sans équivoque ses lignes rouges en Ukraine en déployant des troupes à sa frontière. Elle regarde avec amusement la crise entre l’UE et la Biélorussie par Pologne interposée. Le chantage aux migrants du président Loukachenko n’est qu’une réponse du berger à la bergère après les ingérences politiques européennes et les tentatives de déstabilisation américaines lors du récent scrutin présidentiel. Dans le Caucase, Moscou a aussi clairement démontré son influence et son utilité. Seule la présence militaire russe en interposition a empêché l’Azerbaïdjan de poursuivre sa dernière incursion en territoire arménien et l’a contraint à geler ses positions dans le Haut Karabakh. La France, pourtant co-présidente du Groupe de Minsk, n’a une fois encore rien vu venir et ne sert pour l’heure à rien sur ce front-là non plus. Pourtant, le sud Caucase est une zone de déstabilisation importante, où se mesurent les ambitions américaine et russe mais aussi, turque, azérie, iranienne et israélienne. Chacun y a son agenda et les enjeux économiques, mais aussi énergétiques et sécuritaires, y sont considérables.  Les dossiers syrien et libyen sont aussi en train de bouger sensiblement, et là aussi ce sont la Turquie et la Russie qui mènent désormais la danse. La Syrie a survécu au dépècement programmé et la Libye, stupidement écartelée par nos soins, doit, elle aussi, résister à la fois aux ambitions d’Ankara – qui se conjuguent avec la promotion d’un islamisme violent – et à celles de Moscou, qui cherche à imposer une alternative. Dans ces deux États, nos postures prétendument démocratiques, qui visaient surtout à déboulonner des autocrates dérangeants pour les intérêts occidentaux, n’ont abouti qu’à nous compromettre gravement en soutien à des islamistes radicaux, et certainement jamais à favoriser la moindre évolution démocratique. Par charité, je ne parlerai pas de notre égarement au Yémen. Ni de l’Iran que nous sommes incapables d’aider à sortir de sa diabolisation de plus en plus contreproductive.

    Les faits sont têtus. Les peuples résilients, les cultures historiques aussi bien que les équilibres communautaires et confessionnels, ne cessent de nous rappeler leur irréductibilité à la seule logique démocratique telle que nous l’envisageons tantôt ingénument, tantôt cyniquement. Il est clair que l’ethnocentrisme occidental a, depuis plus de 25 ans, fait des ravages humains et qu’il ne suffit pas de pérorer sur le « devoir d’ingérence » et les dictateurs infréquentables pour se donner bonne conscience ni surtout pour contribuer à l’apaisement de la violence du monde.

    Plus personne ne supporte les leçons de morale ni l’interventionnisme éruptif (mais très sélectif) de l’Occident. Au lieu de confondre mouvement désordonné et progrès humain, il faudrait sans doute se souvenir que le multilatéralisme de la Guerre froide comme la Charte des Nations Unies, sur laquelle nous nous sommes assis depuis 30 ans, avaient quelques vertus. Et la non-ingérence politique ou militaire dans les affaires intérieures des États aussi. Il faut y revenir. Il faut que la France ouvre les yeux sur la décrépitude avancée de son influence mondiale, sur sa crédibilité enfuie, avant de reconstruire une doctrine internationale adaptée à ses intérêts comme à sa nature de puissance d’équilibre. Il faut qu’elle réapprenne à respecter les États par principe, au lieu de lancer des anathèmes stériles contre des régimes au nom des droits des individus. Ces derniers n’en sortent jamais gagnants. La ficelle est bien trop grosse. Le retour admis et négocié par les États-Unis du peuple afghan dans les ténèbres de l’ordre taliban démontre, si besoin était, combien les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Nous pouvons être bien plus utiles à nous-mêmes et meilleurs aux peuples par une approche pragmatique des rapports de force et des ressorts profonds de la conflictualité dynamique du monde qui n’est jamais que son état permanent.

    Caroline Galactéros (Geopragma, 22 novembre 2021)

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