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  • Définitions pour une culture non conforme...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie et l'Institut Illiade viennent de publier un recueil de textes de Giorgio Locchi intitulé  Définitions - Les textes qui ont révolutionné la culture non conforme, avec une préface d'Antoine Dresse (Ego Non).

    Philosophe, journaliste et essayiste, Giorgio Locchi (1923 – 1992) fut l’une des figures majeures de la Nouvelle Droite. Ayant rédigé de nombreux articles dans les colonnes de Nouvelle École, d'Éléments, d'Il Tempo, d'Intervento et du Secolo d’Italia, Giorgio Locchi est aussi l’auteur d’ouvrages importants comme Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste, Le mal américain ou L’essence du fascisme. « Sans Giorgio Locchi et son œuvre, écrira Guillaume Faye, la véritable chaîne de défense de l’identité européenne serait probablement rompue.»

     

    Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste.jpg

    " Rassemblant la majorité des articles de Giorgio Locchi pour la revue Nouvelle École ainsi que d’autres textes, cet ouvrage offre au lecteur une voie d’accès privilégiée à la pensée complexe et innovante du philosophe romain. Car si l’on considère généralement que c’est à la philosophie de l’histoire qu’il a apporté sa contribution principale, le lecteur découvrira, à travers ces documents, de nombreuses pistes de réflexion éminemment fécondes qui viendront soutenir philosophiquement la rupture innovante que le « principe surhumaniste » a introduite dans l’histoire de la pensée. Ces multiples Définitions sont autant de mises au point essentielles permettant de penser une alternative à la tendance égalitaire qui domine actuellement la culture occidentale et à sa tentation d’en finir avec l’histoire, et ce en vue d’une véritable renaissance européenne. "

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  • La traîne des empires...

    Les éditions Passés Composés viennent de publier un essai de Gabriel Martinez-Gros intitulé La traîne des empires - Impuissance et religions

    Professeur émérite d’histoire de l’Islam médiéval à l’université de Nanterre, Gabriel Martinez-Gros est l’auteur, notamment, de Brève histoire des empires (Seuil, 2014), de L’Empire islamique (Passés Composés, 2019) et de De l’autre côté des croisades (Passés Composés, 2021), tous succès critiques et publics.

     

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    " Christianisme, islam, bouddhisme, les trois religions aux milliards de fidèles sont des créations de fin d’empire, les traînes des trois empires-mondes que sont Rome, la Chine et l’Islam. De ces religions Gabriel Martinez-Gros ne retient ici qu’un point commun, le moment où elles sont nées, lorsque l’impuissance croissante du pouvoir impérial dissocie son action politique de son système de valeurs, lorsqu’il passe de l’agir militaire et politique au dire religieux.

    La résonance avec le monde moderne est frappante. La fin de l’extraordinaire poussée économique et démographique de la modernité (1800-2050), où l’Occident, empire informel, étendit sa domination, devrait ainsi voir une nouvelle émergence religieuse, de la même façon que l’affaiblissement de Rome aux IIIe-IVe siècles, la disparition des Han à la même époque, le naufrage du califat islamique entre IXe et XIe siècle ont abouti à des éclosions religieuses. Telle est l’idée majeure de ce livre aussi brillant que novateur, porté par une érudition confondante. "

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  • « L'eurasisme de Douguine est incompatible avec le nationalisme »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist au site de la revue Front populaire dans lequel il évoque la vision du monde d'Alexandre Douguine, le penseur eurasiste russe, dont la fille a récemment été assassinée dans un attentat à la voiture piégée qui le visait également.

     

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    Alexandre Douguine et Alain de Benoist à une conférence à Paris, en 2013.

     

    Alain de Benoist : « L'eurasisme de Douguine est incompatible avec le nationalisme »

    Front Populaire : Vous avez déjà rencontré Alexandre Douguine. Pouvez-vous nous expliquer qui il est, notamment sur le plan intellectuel ? Quelles sont ses idées, ses influences philosophiques et politiques, etc. ?

    Alain de Benoist : Alexandre Douguine, que je connais depuis plus de trente ans, est un théoricien de l’eurasisme. Ce courant de pensée est apparu dans les années 1920, tant dans les milieux de l’émigration russe (les « Russes blancs ») que dans la jeune Union soviétique, dans le cadre de la querelle des Slavophiles et des Occidentalistes (Zapadniki) qui divisait déjà les élites russes dans les années 1840.

    Les Occidentalistes considéraient la Russie moderne comme issue d’une « occidentalisation » de la société russe entamée au XVIIIe siècle à l’initiative de Pierre le Grand, tandis que pour les Slavophiles, comme Alexis Khomiakov, Constantin Aksakov ou Ivan Kirevsky (sur le plan littéraire, il faut aussi bien sûr citer Dostoïevski), la « vraie » Russie était celle d’avant les réformes pétroviennes, la Russie du patriarcat de Moscou organisée sur le modèle de l’unité conciliaire de l’Église orthodoxe, et se devait donc de combattre les influences délétères de l’Europe occidentale (rationalisme, individualisme, obsession du progrès technique), considérées comme portant atteinte à la personnalité du peuple russe.

    Les eurasistes, parmi lesquels figurent alors des personnalités comme les linguistes Nikolaï Troubetskoï, auteur de L’Europe et l’humanité (l’« Europe » correspondant à l’Occident), et Roman Jakobson, l’économiste Piotr N. Savitsky, le juriste et politologue Nicolas N. Alexeiev, l’historien et géopoliticien George V. Vernadsky, et bien d’autres, estiment comme les Slavophiles que la Russie et l’Occident constituent des mondes totalement différents, mais ajoutent à cette idée des éléments nouveaux. Selon eux, l’identité russe se fonde sur la superposition, à partir d’un substrat slavo-finno-touranien, d’une culture « kiévienne », née au contact des Varègues et fortement marquée par le christianisme byzantin, et d’une culture « moscovite » largement héritée, notamment quant aux formes du pouvoir, de l’empire tataro-mongole qui domina la Russie pendant trois siècles. Spirituellement, la Russie est byzantine, donc « orientale » (c’est le thème de la « troisième Rome »). Enfin, pour les eurasistes, la Russie n’est ni un « pays » ni une nation, mais une civilisation distincte de forme nécessairement impériale.

    Alexandre Douguine, né en 1962, appartient à la seconde génération eurasiste. Son apport principal à cette école de pensée tient à l’importance qu’il attache à la géopolitique, qu’il a longtemps enseigné à l’Université Lomonossov de Moscou (Fondamentaux de géopolitique, 1997), de pair avec un attachement viscéral à la mystique orthodoxe (il appartient lui-même au courant starovère ou « vieux-croyant » de l’Église orthodoxe, né du refus des réformes introduites au XVIIe siècle par le patriarche Nikon), selon laquelle la religiosité doit se fonder sur la foi, et non sur la raison.

    Le géopoliticien anglais Halford Mackinder, mort en 1947, avait développé l’idée (reprise par bien d’autres après lui, à commencer par Carl Schmitt), d’une opposition fondamentale entre les puissances maritimes et les puissances terrestres, les premières ayant été successivement représentées par l’Angleterre et les États-Unis, les seconds par le grand continent eurasiatique, dont le « cœur », le Heartland, correspond à l’Allemagne et à la Russie. Qui parvient à contrôler le Heartland, estimait Mackinder, contrôle le monde. C’est avec cette conviction présente à l’esprit que Zbigniew Brzezinski, dans Le Grand Echiquier (1997), a pu écrire que « l’Amérique doit absolument s’emparer de l’Ukraine, parce que l’Ukraine est le pivot de la puissance russe en Europe. Une fois l’Ukraine séparée de la Russie, la Russie ne sera plus une menace ».

    On comprend mieux par là les positions politiques d’Alexandre Douguine, qui ne voit pas seulement dans l’affrontement de l’Ukraine et de la Russie une « guerre fratricide », mais aussi une projection militaire d’une guerre idéologique débordant largement les frontières, une guerre mondiale entre les démocraties libérales, aujourd’hui en crise, considérées comme ordonnées à l’idée d’État universel et porteuses de décadence, et les démocraties illibérales ordonnées à l’idée de continuité historique des peuples désireux de maintenir leur sociabilité propre et leur souveraineté.

    Mais pour répondre complètement à votre question, il faudrait aussi parler des nombreux auteurs qui ont influencé Douguine. Celui-ci, qui parle couramment une bonne douzaine de langues (qu’il a apprises seul), s’est très tôt familiarisé avec des auteurs aussi différents que l’historien et géographe Lev Gumilev, fils de la poétesse Anna Akhmatova, théoricien du « lieu-développement » (mestorazvitiye), Arthur Moeller van den Bruck, le « jeune-conservateur » allemand partisan de l’« orientation à l’Est », Vico, Danilevski, Mircea Eliade, René Guénon, Jean Baudrillard, Marcel Mauss, Gilbert Durand, Claude Lévi-Strauss, Louis Dumont, Friedrich List, Heidegger, etc. Mais cela déborde le cadre de notre entretien !

    FP : Dans votre ouvrage Contre l’esprit du temps, vous écrivez avoir de la sympathie pour son idée d’une « quatrième théorie politique ». Qu’est donc cette théorie et en quoi la trouvez-vous intéressante ?

    ADB : Trois grandes doctrines politiques concurrentes ont été successivement engendrées par la modernité : le libéralisme au XVIIIe siècle, le socialisme au XIXe siècle, le fascisme au XXe siècle. Dans le livre qu’il a consacré à ce sujet, Douguine développe l’idée qu’il est nécessaire de faire apparaître une « quatrième théorie politique » qui dresserait un bilan de celles qui l’ont précédée, sans pour autant s’identifier à aucune d’elles. C’est une proposition stimulante pour l’esprit.

    Aux yeux de Douguine, le XXIe siècle sera aussi celui du quatrième Nomos de la Terre (l’ordre général des relations de pouvoir à l’échelle internationale). Le premier Nomos, celui des peuples vivant relativement à l’écart les uns des autres, a pris fin avec la découverte du Nouveau Monde. Le deuxième Nomos, représenté par l’ordre eurocentrique des États modernes (l’ordre westphalien), s’est achevé avec la Première Guerre mondiale. Le troisième Nomos fut celui qui a régné à partir de 1945, avec le système de Yalta et le condominium américano-soviétique. Que sera le quatrième Nomos ? Pour Douguine, soit il prendra la forme d’un monde unipolaire américanocentré, soit au contraire celle d’un monde multipolaire où les « États civilisationnels » et les grands espaces continentaux, à la fois puissances autonomes et creusets de civilisation, joueraient un rôle régulateur vis-à-vis de la mondialisation, préservant ainsi la diversité des modes de vie et des cultures.

    Douguine estime encore que nous sommes entrés dans une quatrième guerre mondiale. La Première Guerre mondiale (1914-18), avait abouti au démantèlement des empires austro-hongrois et ottoman. Les deux grands vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale (1939-45) ont été les États-Unis d’Amérique et la Russie stalinienne. La troisième guerre mondiale correspond à la guerre froide (1945-89). Elle s’est terminée avec la chute du Mur de Berlin et la désintégration du système soviétique, principalement au profit de Washington. La quatrième guerre mondiale a commencé en 1991. C’est la guerre des États-Unis contre le reste du monde, guerre multiforme, aussi bien militaire qu’économique, financière, technologique et culturelle, indissociable de l’arraisonnement général du monde par l’illimitation dissolvante de la logique du capital.

    FP : « Extrême droite », « rouge-brun », « antimoderne », « ultra-nationaliste », « traditionaliste », « néofasciste », sont autant de termes qui servent à qualifier ou renvoient à Douguine. Ces qualificatifs sont-ils pertinents ?

    ADB : Quand les journalistes, dont la culture en matière de philosophie politique et d’histoire des idées est à peu près nulle, sont confrontés à un phénomène auquel ils ne comprennent rien, ils ânonnent la vulgate dominante et récitent des mantras. L’« extrême droite », mot-caoutchouc, est le couteau suisse préféré de ces esprits paresseux. Tous ces qualificatifs, à la possible exception de « traditionaliste antimoderne », mais à condition d’entendre le terme au sens de Guénon, sont tout simplement ridicules. Ils n’apprennent rien au sujet d’Alexandre Douguine, mais en disent beaucoup sur ceux qui les emploient. Le plus grotesque est sans doute le qualificatif de « nationaliste » ou d’« ultra-nationaliste », que la plupart des commentateurs utilisent en permanence à son propos. Douguine, je le répète, est un eurasiste. Or, l’eurasisme est incompatible avec le nationalisme, puisqu’il se réclame de l’idée d’Empire, c’est-à-dire d’un refus de principe de la logique du nationalisme ethnique et de l’État-nation (ce qui explique d’ailleurs les liens étroits qu’entretient Douguine avec les représentants des communautés juives et turco-musulmanes).

    FP : Depuis quelques jours, Alexandre Douguine est beaucoup présenté dans les médias comme le « cerveau » de Poutine en politique étrangère, comme une sorte de Raspoutine un peu mystérieux. Quel est son niveau d’influence auprès de Poutine ? Est-il écouté par la société civile russe ?

    ADB : Le « cerveau » de Poutine ! Quand on sait que Douguine et Poutine ne se sont jamais rencontrés une seule fois en tête-à-tête, on mesure le sérieux de ceux qui emploient cette expression. La réalité est plus prosaïque. Alexandre Douguine, qui a été traduit dans dix ou douze langues différentes, est un auteur connu et lu, tant en Russie qu’à l’étranger. Il a ses réseaux et son influence. Lorsqu’en avril 1992, j’avais eu l’occasion de donner une conférence de presse au siège de la Pravda à Moscou et de parler de géopolitique avec des généraux et officiers supérieurs de l’armée, j’avais déjà pu me rendre compte de l’écho que recevaient dans l’opinion les idées eurasistes. Depuis, Douguine a lancé en 2003 le Mouvement eurasiste international, qui s’est beaucoup développé dans les populations non russes de Russie, et il a même été reçu à Washington par Zbigniew Brezinski et Francis Fukuyama.

    Douguine connaît incontestablement bien l’entourage de Poutine, mais il n’a jamais fait partie de ses intimes ni de ses « conseillers spéciaux ». Il est certes reconnaissant à Poutine d’avoir rompu avec l’atlantisme libéral de Boris Eltsine, mais il pense qu’il n’est qu’un « eurasiste malgré lui ». Le livre qu’il a écrit il y a quelques années sur Poutine est d’ailleurs loin d’être un exercice d’admiration : Douguine y explique au contraire à la fois ce qu’il approuve chez Poutine et ce qui lui déplaît. Mais de toute évidence ceux qui pérorent en France à son sujet n’ont jamais lu une ligne de lui.

    FP : Vous connaissez bien Alexandre Douguine et son œuvre. Vous avez par ailleurs récemment publié un ouvrage critique sur les médias intitulé Survivre à la désinformation (2021). Comment jugez-vous globalement son traitement médiatique et celui du conflit russo-ukrainien ?

    ADB : Le traitement médiatique est celui que vous connaissez. Les grands médias français sont tellement habitués à se faire les relais de l’idéologie dominante, ils trouvent tellement normal qu’il n’y ait plus dans ce pays de débats dignes de ce nom, qu’il leur apparaît tout aussi naturel de ne jamais donner la parole à ceux dont ils ignorent ou caricaturent les idées. C’est vrai dans le cas de Douguine comme dans celui de la guerre en Ukraine : le point de vue ukrainien est omniprésent, le point de vue russe n’est même pas mentionné. On crée ainsi un formidable refoulé. Il faut toujours se méfier du refoulé.

     

    Alain de Benoist, propos recueillis par Maxime Le Nagard (Front populaire, 30 août 2022)

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  • Vers la fin d'un État central qui impose sa norme à tous les citoyens ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Maffesoli, cueilli sur Figaro Vox et consacré aux émeutes en Corse, provoquées par la tentative de meurtre commise en prison sur Yvan Colonna par un détenu djihadiste.

    Penseur de la post-modernité, ancien élève de Julien Freund et de Gilbert Durand, Michel Maffesoli a publié récemment  Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014) , Être postmoderne (Cerf, 2018), La force de l'imaginaire - Contre les bien-pensants (Liber, 2019) ou, dernièrement, La faillite des élites (Lexio, 2019).

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    Michel Maffesoli: «L'autonomie corse ou la fin d'un État central qui impose sa norme à tous les citoyens»

    Les soulèvements, appelés à se développer, soulignent le refus d'une société aseptisée, dans laquelle ce qu'Étienne Balazs nommait la «bureaucratie céleste» impose, d'une manière abstraite, ce qu'elle considère comme étant le bien absolu. La verticalité du pouvoir surplombant n'est plus chose aisément admise. C'est bien ce que nous apprennent les nocturnes révoltes de l'Île de Beauté. Mais pour saisir ces phénomènes, il faut savoir prendre du recul.

    Le soulèvement en Corse a été déclenché selon un scénario maintenant habituel : un évènement tragique, l'agression d'Yvan Colonna par un détenu emprisonné pour terrorisme islamiste. Notons que cette agression d'un «condamné» par un terroriste n'a pas été vraiment relevée par les observateurs. Il montre tout simplement qu'un détenu n'équivaut pas à un autre détenu, il n'y a pas de fraternité entre des détenus issus de communautés aussi différentes. Le monde carcéral est le miroir des différentes tribus qui fragmentent notre société. Le service public de la pénitentiaire, obéissant aux principes du service public issus de la modernité, ne prend pas en compte ces différences, il considère que tous les usagers de la prison sont identiques. Certes il doit y avoir égalité de traitement entre tous les détenus[1], mais la vie en commun en prison doit tenir compte des amitiés et inimitiés possibles entre groupes différents et pas seulement du statut de détenu, dangereux, particulièrement surveillés etc.

    Cette agression d'Yvan Colonna a été le déclencheur d'un mouvement de protestation qui a emprunté les principaux symboles des soulèvements corses, notamment l'extrême violence. Même si les jeunes gens qui se soulèvent, brûlant voitures et bâtiments publics, sont d'une génération qui n'a pas connu les mouvements autonomistes violents et pour qui Yvan Colonna représente plus un héros d'une épopée passée qu'un chef de parti.

    C'est pourquoi ces soulèvements mettent en relief les différentes caractéristiques du changement d'époque que nous vivons, le passage de la modernité à la postmodernité, d'une société d'individus unis par le contrat social et la toute-puissance de l'État central à une société tribalisée dans laquelle le défi est la coexistence de ces différentes tribus dans un consensus à construire.

    Quelles sont les principales caractéristiques de ce soulèvement corse ?

    Tout d'abord, le combat corse est dirigé contre l'État, l'État central, l'État jacobin. Il n'est pas anodin de voir que les soulèvements contre l'État central et contre le pouvoir régalien (police, justice, pénitentiaire) s'exacerbent après deux ans d'une crise sanitaire interdisant tout rassemblement, voire toute mise en relation au-delà du tout petit cercle de la famille nucléaire. On le sait, la Corse est une région dans laquelle les solidarités familiales, avec la famille élargie, le «clan» sont fortes et on imagine que l'isolement des anciens dans les villages, sans visite des plus jeunes, a produit une forte irritation. La gestion autoritaire de cette crise sanitaire, la stratégie de la peur a entraîné de multiples soulèvements.

    Ce n'est pas la France qui est brocardée par les émeutiers, mais l'État central français. Et il importe de bien faire la distinction. L'homme politique Pupponi a dit récemment «l'État central n'a jamais aimé la Corse». On pourrait d'ailleurs dire qu'il n'a jamais aimé non plus l'Alsace, ni la Bretagne comme il n'aime en général pas toute affirmation d'un «idéal communautaire».

    Le nationalisme corse est emblématique de ce qu'est un nationalisme non étatique : nationalisme vient du latin, nascere, naître, on fait partie d'une nation parce qu'on est né ensemble dans ce lieu-ci. Comme je le dis souvent, le lieu fait lien. Mais il ne s'agit pas d'un nationalisme de la race ou du sang, mais bien d'un nationalisme du sol, du sol local. Ce nationalisme-là n'est pas tant un nationalisme individuel (je suis Corse), mais plutôt signe l'appartenance à un lieu, à une histoire, à un destin commun qui dépasse les individus.

    L'autonomisme corse, breton, alsacien, ne sont pas dirigés contre la France, mais contre l'idée que le seul représentant de la France serait l'État central.

    En ce sens la revendication d'autonomie touche l'étatisme centralisateur qui est rejeté par tous les Français, pas seulement ceux issus d'une région traditionnellement autonomiste. Le retour des territoires, du «terroir», de la ruralité participe de la même évolution.

    C'est le retour de l'idéal communautaire. Idéal communautaire largement hybridé : la Nation c'est là où on est né, ou plutôt là où l'on fait souche. Où l'on s'implante.

    Cette revendication de territoires ou de communautés d'appartenance est bien celle d'une autonomie : avoir pour sa communauté ses propres lois, en ce qui concerne la vie quotidienne : la langue parlée et enseignée à côté de la langue française, le respect des coutumes locales, du patrimoine local, le refus du rouleau compresseur d'un universalisme homogénéisant. Mais les territoires autonomes comme les communautés autonomes vivent dans un pays, voire un ensemble de pays qui peuvent former ce qui s'apparenterait à un empire, au sens non pas de l'empire napoléonien ou de l'empire colonial, mais plutôt de l'empire romain ou de l'empire austro-hongrois voire du Saint Empire romain germanique. Une constellation de nations.

    Cette vision rejoint d'ailleurs la question de l'idéal communautaire que j'ai largement développée : car les appartenances aujourd'hui sont multiples, loco-nationales au sens de ces autonomies, mais plus diverses et plurielles, religieuses, culturelles, sportives, altruistes etc. C'est d'ailleurs paradoxalement cette diversité qui pourra donner naissance au-delà de la République Une et Indivisible, à laquelle nous sommes habitués, à une res publica s'exprimant dans une sorte mosaïque. Les communautés diverses apprenant à se côtoyer, à se «frotter» les unes aux autres, à se supporter. Bien sûr, la revendication communautaire ou autonomiste est pour part excluante et le nationalisme corse ne manque pas d'affirmations de ce type d'intolérance à l'autre. Mais la question républicaine aujourd'hui est bien plus de trouver des formes de mise en œuvre de cet «idéal communautaire»[2] que de brocarder le «communautarisme». On peut être Français et Corse, et Alsacien, comme d'ailleurs on peut être musulman et amateur de foot, catholique et fan de tel ou tel groupe musical etc.

    Force est de constater aussi que ce mouvement est largement répandu dans le monde : parlons des Écossais, des Gallois par rapport à la Grande Bretagne, mais aussi des territoires russophones de l'est de l'Ukraine justement. S'opposer à l'autonomie, vouloir brider cette énergie nationaliste risque, on le sait, de nous entraîner dans une spirale agressive voire guerrière. Bien sûr l'État français ne bombarde pas la Corse et celle-ci ne se fait protéger par aucune autre puissance, la comparaison s'arrête là.

    Autre caractéristique donc de ce soulèvement corse : son expression émotionnelle.

    L'expression émotionnelle, fût-ce sous forme violente est aussi dans l'air du temps. Et rien ne sert de vouloir la contenir à jets de satisfactions de pseudo-revendications. Le vouloir-vivre ensemble ne s'achète pas.

    Bien sûr les jeunes Corses peuvent se vanter «d'avoir obtenu plus en cinq jours d'émeutes que les élus autonomistes de l'île en cinq ans». Il n'empêche, comme le mouvement des «gilets jaunes», comme les manifestations contre le passe sanitaire, celles contre le masque, celles contre la politique sanitaire du gouvernement, ce sont des mouvements avant tout faits pour exprimer une énergie de l'être-ensemble, sa puissance, ce que j'appelle la puissance populaire.

    On retrouve les «Jacqueries de la Grande Peur» : alors même que la Révolution avait mis au pouvoir des représentants du Tiers État, le peuple n'a pas eu confiance en cette révolution institutionnelle et s'est imaginé qu'il y avait derrière cela un complot, celui des puissants, des aristocrates, du roi etc.

    La nuit du 4 août pensa y répondre, mais elle n'éteignit pas tout à fait la Grande Peur. Et ces soulèvements, ces émeutes ont été le prélude à une période de plus en plus violente, répression des Chouans, Terreur etc.

    Alors comment répondre à ces mouvements ?

    Sans doute une réponse d'en haut n'est-elle pas opérationnelle. Accorder le statut d'autonomie à l'île, sûrement, mais à condition que celui-ci ne soit pas une coquille vide institutionnelle, mais permette aux forces vives locales, corses d'exprimer ensemble leur puissance, leur créativité.

    Sachant aussi que nous sommes dans un monde mondialisé et nomade et que l'idéal communautaire ne peut pas se réduire à l'exclusion et à la purification des locaux. Doivent être Corses (ou Alsaciens, Bretons, Catalans, ou Occitans etc.) ceux qui symboliquement s'inscrivent dans cette «geste-là, dont l'initiateur en Corse fut Pascal Paoli.

    L'autonomie ne signifie pas seulement donner plus de pouvoir aux régions, aux départements. Elle ne signifie pas seulement leur donner compétence pour décider des lois relatives à l'éducation, à la santé, à tout sujet non régalien. L'autonomie appelle un profond changement de l'État central, du centralisme technocratique. Car ces soulèvements visent autant les hauts fonctionnaires, l'État profond que les représentants politiques. Ils en appellent autant à un changement du mode de gestion des services communs que des institutions. Il s'agit, ni plus ni moins de trouver des modes d'expression à la puissance populaire pour remplacer des élites et un pouvoir largement déphasé. N'est-ce point cela, ce que Vilfredo Pareto nommait la «circulation des élites» ?

    L'autonomie est, comme l'a bien montré Gaspard Koenig la simplification extrême, la discrétion de l'État, l'abolition des multiples normes nationales, européennes. C'est la restauration d'un régime de confiance plutôt que d'un régime de précaution et de défiance.

    L'autonomie c'est la fin d'un État qui dit, pense et impose le bien à tous les citoyens, fût-ce contre leur gré.

    En ce sens ce n'est pas un hasard si la «crise» corse suit la crise sanitaire, c'est-à-dire la gestion d'une épidémie par la peur et l'imposition, ce que j'ai appelé un «totalitarisme doux».

    Michel Maffesoli (Figaro Vox, 16 mars 2022)

    Notes :

    [1] Ce qui n'est d'ailleurs pas le cas d'Yvan Colonna à qui la libération conditionnelle est systématiquement refusée et qui n'a pas pu jusqu'alors être incarcéré au plus proche de sa famille comme c'est la règle pour les longues peines.

    [2] J'emploie ce terme au sens que Hannah Arendt donnait à «l'idéal démocratique» : l'idéal type qui structure une société. Aujourd'hui comme je le dis depuis plus de 30 ans, la société est tribalisée. Cf Le Temps des tribus (1988) 4e édition, La Table ronde.

     
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  • L’Afghanistan, éternel « tombeau des empires »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Conrad, cueilli sur le site de l'Institut Iliade et et consacré à la défaite américaine en Afghanistan.

    Agrégé d'histoire et professeur à l’École de guerre, successeur de Dominique Venner à la tête de la Nouvelle revue d'histoire, Philippe Conrad est l'auteur de nombreux ouvrages dont Histoire de la Reconquista (PUF, 1999), Le Poids des armes : Guerre et conflits de 1900 à 1945 (PUF, 2004), 1914 : La guerre n'aura pas lieu (Genèse, 2014) et dernièrement  Al-Andalus - L’imposture du «paradis multiculturel» (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    L’Afghanistan, éternel « tombeau des empires »

    « Combattre en Afghanistan est très dur pour des raisons géographiques, nationales et religieuses. Avant de lancer une opération militaire, il faut tenir compte de nombreux éléments et prendre une décision mûrement réfléchie, la tête froide. » Auteur de ces lignes, le général Boris Gromov commandait, en février 1989, le retrait soviétique d’Afghanistan. En 2001, au moment où, en réponse aux attentats du 11 septembre, l’Amérique chassait le pouvoir taliban de Kaboul, il avertissait les responsables américains des difficultés qu’ils allaient rencontrer face au régime islamiste installé depuis 1996.

    Ces hautes terres enclavées forment une région difficile que les envahisseurs successifs n’ont jamais pu maîtriser totalement. Voie d’invasion en direction du subcontinent indien et carrefour placé aux périphéries de plusieurs grands espaces de civilisation – l’Inde au sud-est, le monde des steppes d’Asie centrale au nord, le plateau iranien à l’ouest – l’Afghanistan a été convoité par tous les grands empires qui tentèrent de contrôler l’Asie centrale et méridionale.

    Le pays ne fut généralement conquis que de manière éphémère. Les puissances mondiales qu’étaient l’Angleterre au XIXe siècle, l’URSS au XXe et les États-Unis au XXIe y ont même subi de sanglants échecs.

    Une voie de passage et d’invasions depuis la nuit des temps

    Quinze siècles avant notre ère, les Aryens ouvrent la voie. Ils seront suivis par les Perses, les Macédoniens d’Alexandre, les Saces, les Huns hephtalites, les Arabes, les Mongols de Gengis Khan, les Turco-mongols de Tamerlan puis de Bâbur…

    L’Himalaya et les jungles de Birmanie barrant au nord et à l’est l’accès terrestre à l’Inde, c’est par l’ouest que les envahisseurs, les marchands ou les pèlerins bouddhistes chinois se dirigeaient vers les grandes et riches cités du bassin indo-gangétique. À certaines époques, la région – où se développera, au IVe siècle, le royaume d’Avagana (qui donnera leur nom aux Afghans) – apparaît même comme le centre de gravité de la puissance dominante du moment.

    Voie de passage, le pays sera aussi une base de départ pour les envahisseurs qui constitueront, à partir d’elle, des empires plus ou moins durables. Le sultan Mahmoud fait ainsi de Ghazni, au début du XIe siècle, une capitale musulmane rivale de Bagdad. Il peut ainsi lancer depuis l’Afghanistan des razzias répétées et dévastatrices vers l’Inde toute proche.

    Après lui, Bâbur se prétend l’héritier de Gengis Khan et de Tamerlan : il s’empare de Kaboul en 1504 avant de se lancer sur l’Inde pour y anéantir le royaume de Delhi. Repliés un temps sur leur refuge afghan, ses descendants bâtissent le brillant empire moghol. Au XVIIIe siècle, quand s’effondre la puissance de la Perse safavide, c’est Ahmed Shah qui construit le « grand Afghanistan » étendu de l’Iran à l’Inde.

    Vaincre par la terreur et le massacre

    Ce monde difficile fut le théâtre de l’un des épisodes les plus remarquables de l’épopée d’Alexandre. Parvenu dans la région de Kaboul, le conquérant macédonien fait remonter à son armée la haute vallée du Panshir jusqu’au col de Khawak (3548 m). Il le franchit en taillant son chemin dans la glace. En Transoxiane, six jours sont nécessaires pour traverser l’Oxus (l’actuel Amou Daria) en crue. Lors de la marche vers Maracanda (Samarcande), la capitale de la Sogdiane, Alexandre réussit la « pacification » par le massacre systématique des populations rebelles. Faute de pouvoir livrer des batailles rangées, les Macédoniens s’organisent en colonnes mobiles qui traquent et affament l’adversaire pour éradiquer la guérilla. Quand Alexandre marche vers l’Indus en juillet 327, il « nettoie » tout ce qui peut constituer une menace pour ses arrières.

    Seize siècles plus tard, Gengis Khan établit sa domination avec les mêmes méthodes. Balkh, Bamyan, Ghazni et Hérat sont alors rasées. Toute leur population est méthodiquement massacrée. Isolées, les formidables forteresses qui se dressent à proximité de Bamyan sont finalement prises en 1222. Elles étaient pourtant jugées inexpugnables. Un siècle et demi plus tard, Tamerlan sera le digne successeur du conquérant des steppes. Envahi en 1380, l’Afghanistan sort exsangue de ce nouveau cataclysme.

    Échec anglais puis russe aux XIXe et XXe siècles

    Solidement installés aux Indes au XVIIIe siècle, les Britanniques entendent protéger l’ensemble du subcontinent de toute menace venant du nord-ouest et doivent pour cela contrôler la passe de Khaïber (Khyber). Inquiets des visées russes sur la région et soucieux d’interdire aux tsars l’accès aux mers chaudes, les Anglais installent l’un de leurs protégés à Kaboul en 1839, mais une grande révolte éclate deux ans plus tard et le général Elphinstone doit négocier une humiliante retraite.

    L’Armée anglaise va connaître, une semaine durant, un véritable calvaire. Dans l’impossibilité de manœuvrer, elle subit le feu d’adversaires embusqués sur les hauteurs des points de passage obligés. Les pertes sont terribles : sur les seize mille cinq cents hommes (dont douze mille auxiliaires indigènes indiens) partis de Kaboul le 4 janvier 1842, un seul, le chirurgien Brydon, arrivera à Djalalabad une semaine plus tard ! La lenteur de la progression dans la neige épaisse, le froid terrible et les embuscades à répétition des Afghans ont eu raison de l’armée anglaise d’Afghanistan. Les Britanniques reviendront à Kaboul à la fin de la même année mais l’échec reste cuisant. Ils n’en ont pas fini avec les Afghans. Deux autres guerres les opposeront en 1878-1892 et en 1919.

    En décembre 1979, l’intervention soviétique a pour objectif la liquidation d’une fraction du parti communiste local au profit d’une autre, jugée plus apte à maîtriser l’insurrection islamiste qui gagnait de nombreuses régions. L’opération « Bourrasque 333 » va en réalité déboucher sur un terrible enlisement, annonciateur de l’effondrement de l’empire soviétique.

    L’Armée rouge avait choisi de ne contrôler que l’Afghanistan « utile » soit 20% du territoire correspondant  aux zones les  plus riches et les plus peuplées : les régions du nord frontalières de l’URSS (qui exploitait le gaz naturel local pour financer « l’aide » fournie aux Afghans), le tunnel de Salang, la région de Kaboul et les principales autres villes de la route contournant la masse d l’Hindou Kouch et conduisant de Kandahar à Hérat. Des régions entières furent donc abandonnées à l’ennemi. Ce choix facilita la vie et les déplacements de la résistance. Les occupants russes commirent aussi l’erreur de vouloir occuper le terrain avec un contingent permanent de cent vingt mille hommes (environ six cent mille furent ainsi, au fil des années, engagés en Afghanistan). Après dix ans d’occupation, ils auront perdu quatorze mille hommes et compteront trente cinq mille blessés.

    Plusieurs offensives lancées dans la vallée du Panshir contre les troupes du commandant Massoud échouèrent, les unités blindées et mécanisées soviétiques se révélant mal adaptées au combat en montagne. L’emploi des hélicoptères pour contrôler les hauteurs et y déposer des unités d’élite et pour appuyer les colonnes blindées dans les vallées ne connut pas plus de succès. Les bombes à effet de souffle, le napalm, les munitions chimiques, la dispersion massive de mines antipersonnel ne vinrent pas davantage à bout des moudjahidines. La répression mise en œuvre par le Khad (la police politique du régime de Kaboul) dressa encore davantage la population contre les envahisseurs et leurs collaborateurs locaux. L’aide américaine (quinze milliards de dollars d’armements) acheva l’Armée rouge, grâce notamment aux redoutables missiles sol-air Stinger.

    Et les Américains pour finir…

    L’échec subi à l’époque par les Soviétiques aurait dû donner à réfléchir aux responsables américains quand ils décidèrent d’intervenir au sol en 2001 pour favoriser l’émergence locale d’un système démocratique des plus hypothétiques.

    Pour parvenir à leurs fins, ils auraient dû se garder de s’installer au sol pour une longue durée. Ils savaient qu’ils avaient intérêt à faire combattre les Afghans par d’autres Afghans et à tenter de rallier certains chefs de tribus pachtounes pour s’opposer au pouvoir taliban, largement perçu comme étranger par certaines populations.

    Une connaissance insuffisante du terrain et des réalités afghanes, tout comme les illusions entretenues par le projet de nation building auront eu raison des plans concoctés par les officines néo-conservatrices de Washington. Dès 2001, le colonel russe Franz Klintsevitch – qui avait combattu en Afghanistan de 1986 à 1988 – prévenait :

    « En cas d’intervention des troupes terrestres, qu’il faut retarder le plus longtemps possible, les États-Unis doivent s’attendre à une guerre de plusieurs décennies, sauf à supprimer toute la population… »

    N’ayant rien voulu comprendre ni apprendre, comme toujours, les États-Unis subissent aujourd’hui une humiliation majeure.

    Vae victis.

    Philippe Conrad (Institut Iliade, 25 août 2021)

     

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  • Le dernier Romain...

    Les éditions des Belles Lettres viennent de publier un essai de Jacques-Olivier Boudon intitulé Napoléon, le dernier Romain. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, Jacques-Olivier Boudon est professeur d’histoire contemporaine à la faculté des Lettres de Sorbonne Université et président de l’Institut Napoléon.

     

    Boudon_Napoléon, le dernier Romain.jpg

    " Pour comprendre Napoléon, pour comprendre la fascination qu’il exerce sur nous deux cents ans après sa mort, il faut passer par Rome. Stendhal nous l’apprend dès les premières lignes de La Chartreuse de Parme : « après tant de siècles, César et Alexandre avaient un successeur. »
    Quoi ? Nous préférons regarder l’Antiquité comme un aimable decorum, offrir l’image d’Épinal d’un Napoléon costumé en Romain, alors qu’elle pourrait bien être son ADN.
    De la soif de conquête à l’apothéose finale, Napoléon Bonaparte a sculpté sa légende dorée ou noire dans le marbre antique faisant de son gouvernement un précis d’histoire romaine, des fondations de la République jusqu’aux règnes de Constantin et de Justinien, favorisant la paix religieuse, promouvant le Code civil… ou organisant un véritable culte de sa personne, fidèle aux empereurs sanguinaires dépeints par Suétone. Car de la Rome antique, Napoléon retient avant tout la leçon d’immortalité.
    Le premier empereur des Français serait-il le dernier Romain ? La réponse dans cet essai novateur qui recèle bien des surprises. "

     

                               

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