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djihadisme - Page 6

  • Libye : allons-nous être contraints de soutenir Al-Qaida contre Daesh ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de l'africaniste et historien  Bernard Lugan, cueilli sur son blog et consacré à la montée en puissance de l'Etat islamique en Libye, à quelques centaines de kilomètres de nos côtes...

     

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    Libye : allons-nous être contraints de soutenir Al-Qaida contre Daesh ?

    En Libye, les interventions de l'Egypte, de l'Algérie et de la France, destinées à limiter les conséquences devenues incontrôlables de la guerre insensée déclenchée contre le colonel Kadhafi, deviennent de plus en plus problématiques. Pour cinq grandes raisons :
     
    1) Cette intervention était subordonnée à la constitution en Libye même d'une force "nationale" susceptible d'être appuyée. Or, le général Haftar a échoué dans sa guerre contre les islamistes.
     
    2) Plus que jamais, le principal objectif algérien en Libye est la fin du chaos en Tripolitaine afin d'assurer la sécurité de la frontière orientale. Englué en Cyrénaïque, le général Haftar n'a aucun pouvoir en Tripolitaine. Voilà pourquoi Alger traite actuellement avec les islamistes hostiles à Daesh qui contrôlent l'ouest de la Libye.
     
    3) L'Egypte se trouve prise au piège. Dans sa lutte à mort contre les islamistes et les Frères musulmans, elle dépend en effet du financement des monarchies sunnites du Golfe. Or, paniquées par le retour de l'Iran chiite sur la scène politique régionale, ces dernières ont décidé de se rapprocher de tous les mouvements sunnites, dont les Frères musulmans et Al Qaida, comme cela vient de se produire au Yémen. Nous sommes en présence d'une politique de simple survie dont le terme est imprévisible, mais qui bouscule l'échiquier régional. Pour deux raisons majeures :
    - Ce rapprochement a affaibli Al Qaida car plusieurs groupes sunnites qui y sont opposés viennent de se rallier à Daesh, notamment en Tunisie et en Algérie.
    - L'Arabie saoudite freine l'interventionnisme du général Sissi afin de ne pas affaiblir ses nouveaux alliés en Libye, ce qui favorise indirectement Daesh, nébuleuse sunnite qui ne la menace pas encore.
     
    4) Dans ce jeu d'échecs, la France est sur l'arrière-main, se limitant à éviter au Sahel une contagion venue de Libye. Or, tous les connaisseurs du dossier savent bien que sans une "pacification" de la Libye, l'opération Barkhane est bancale.
     
    5) La solution libyenne qui était tribale n'est plus d'actualité. Dans les zones conquises, Daesh, dont la force de frappe est composée de non Libyens, a en effet  renversé le paradigme tribal en liquidant physiquement les chefs qui ne voulaient pas lui faire allégeance afin de terroriser les autres. En conséquence de quoi, les ralliements se multiplient...
     
    Face à cette situation, l'Egypte et la Tunisie ont décidé de se retrancher derrière  deux lignes électrifiées. Cette illusoire défense va certes permettre à certaines firmes européennes de faire de fructueuses affaires, mais elle ne stoppera pas la gangrène.
    Alors, comme je ne cesse de le préconiser depuis des mois, il ne reste qu'une seule solution pour tenter, je dis bien tenter, d'empêcher la coagulation islamiste qui s'opère actuellement dans toute l'Afrique du Nord à partir du foyer libyen. Cette solution a un nom: Saif al-Islam, le fils du colonel Kadhafi actuellement détenu à Zenten. Lui seul est en effet en mesure de reconstituer les anciennes alliances tribales de Cyrénaïque, de Tripolitaine et du Fezzan détruites par l'intervention franco-otanienne.  Or, cette solution est impossible puisque, dans l'ignorance bétonnée du dossier et aveuglée par ses principes juridiques européocentrés déconnectés des réalités, la Cour pénale internationale l'a inculpé pour "crimes de guerre".
     
    Dans cette évolution vers le pire que connaît la Libye, poussés à la fois par l'Arabie saoudite et par l'Algérie, Frères musulmans, Al Qaida et diverses milices viennent de s' "allier" contre Daesh.
    Dans cette guerre entre islamistes qui menace notre flanc sud, allons-nous donc être contraints de considérer Al Qaida comme un nouvel "ami"... ? Voilà le scénario apocalyptique auquel le sémillant BHL et l'éclairé Nicolas Sarkozy n'avaient pas pensé...

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 27 juillet 2015)
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  • Attentat en Isère : la question médiatique de la désignation de l'ennemi...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente analyse, signée par l'Observatoire du journalisme et de l'information médiatique, du traitement médiatique de l'attentat commis par le terroriste Yassin Salhi en Isère.

    Nous ne pouvons que vous recommander la fréquentation régulière de ce site dont le travail est particulièrement précieux...

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    Attentat en Isère, la question médiatique de la désignation de l’ennemi

    Avec ce nouvel attentat spectaculaire sur le sol français, les slogans rassurants se trouvent laminés, comme le consensus national de janvier dernier. Se pose désormais d’une manière toujours plus polémique la question schmittienne de désigner l’ennemi. « Padamalgam » ou « Cinquième colonne » ?

    « Il faut terroriser les terroristes ! », s’exclamait il y a une trentaine d’années Charles Pasqua, avec une gouaille, un accent et une emphase qui ont tous trois disparus depuis des discours politiques, lesquels, lissés, oscillent désormais entre « éléments de langage » et incantations automatiques de l’antifascisme d’opérette psalmodiées à n’importe quelle occasion – robots et automates ayant ainsi succédé à ces comédiens du Pouvoir que l’Histoire, parfois, ramenait du moins à la mesure tragique. Justement, tandis qu’on enterrait ces jours derniers le ministre gaulliste, le milieu médiatico-politique paraissait quant à lui – autre temps, autres mœurs -, obsédé par l’exigence non de « terroriser les terroristes », mais de les « désamalgamer » à tout prix. Alors que la menace qui pèse sur la République française est aujourd’hui infiniment plus grave que celle qui faisait rugir Pasqua en 1986, il paraît, étrangement, que l’injonction soit moins de faire peur à l’agresseur que de rassurer ses coreligionnaires afin qu’ils demeurent dans le bon camp. Comme nous le démontrions déjà il y a quelques mois, l’action des médias officiels dans la guerre contre l’Islam terroriste n’a jusqu’à présent abouti qu’à servir les objectifs de ce dernier. Avec ces événements récents, on a cependant assisté à une évolution dans la communication. L’accumulation de faits, sans doute, finit par faire se fissurer la ligne commune. Et c’est la question de la désignation de l’ennemi qui n’a en réalité cessé d’être posée après la décapitation et l’attentat raté auxquels procéda Yassin Salhi, le vendredi 26 juin, à Saint-Quentin-Fallavier. Question fondamentale, ainsi que l’avait énoncé le philosophe Carl Schmitt. La réponse se trouve être stratégiquement décisive. Car si « nous sommes Charlie », qui sont-ils, eux, ceux qui veulent nous égorger ou nous soumettre ? Des déséquilibrés ? Des terroristes ? Des islamistes ? Des Musulmans ? Des barbares ? Des « Français comme vous et moi » auxquels n’ont pas été proposées suffisamment d’opportunités alternatives ? La question, au moins, aujourd’hui fait débat.

    Victimisme radical

    L’une des premières polémiques nées après l’attentat fut lancée, comme toujours, par un tweet, émis par le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France), lequel affirmait que le danger en France « ne réside pas dans les vaines tentatives de groupes armés de déstabiliser la République », mais serait à chercher « du côté de ceux qui utilisent ces événements pour déverser leur haine contre une partie de la population qui est, de fait, celle qui paye le plus lourd tribut face au terrorisme. » Tweet d’une obscénité parfaitement décomplexée qui témoigne qu’au contraire des caricaturistes, les associations musulmanes, en France, osent tout. Le grand recteur de la Mosquée de Paris réclamant pour son culte les églises vides quelques semaines plus tôt, nous avait déjà mis au diapason… Déroulant à n’en plus finir et jusqu’à l’absurde la rhétorique victimaire forgée par la gauche dans les années 80, celle-ci alloue aux musulmans qui décident d’en exploiter toutes les possibilités un blanc-seing à peu près total pour affirmer les choses les plus inouïes. Comme de se désigner comme les premières victimes (comme les seules, permanentes et éternelles victimes) de l’Islamisme radical – fût-ce par retombées secondaires et comme si les crimes initiaux demeuraient anecdotiques. Aucun musulman, en France, n’a été décapité en raison de sa religion ; aucune petite fille musulmane n’a été tuée à bout touchant dans sa cour d’école en raison de sa religion ; aucun journaliste musulman n’a été froidement exécuté dans sa salle de rédaction en raison de sa religion ; aucune mosquée n’a été visée par un attentat un vendredi durant la prière, mais tout cela ne serait que détails de l’Histoire. La seule souffrance à prendre en compte demeure celle des seules victimes légitimes et absolues que représenterait la minorité musulmane en France. Ce qu’il y a de plus choquant, dans une pareille attitude, c’est évidemment le mépris affiché pour les vraies victimes – toutes juives, athées ou chrétiennes – que l’Islamisme radical a réellement assassinées sur le territoire, un mépris qui n’attend même pas que le sang ait séché pour s’exprimer.

    Contradictions des journalistes

    Or, cependant, le communiqué du CCIF a tout de même suscité quelques réactions indignées et a même été vivement critiqué par L’Express. Pourtant, en janvier dernier, qu’affirmait Christophe Barbier dans le même magazine ? Que « Les premières victimes de l’Islamisme sont les musulmans ». Que la foi musulmane, en France, se trouve menacée parce que les attentats « créent du doute, de la suspicion, de la discrimination. » Autrement dit, le directeur de la rédaction de L’Express, n’affirmait pas autre chose que le CCIF, quoi qu’en des termes moins vifs et avec un meilleur à propos. Que les musulmans français soient des victimes collatérales et indirectes des attentats islamistes est évident ; qu’ils soient sciemment pris en otage par l’ennemi islamiste, cela va encore de soi. Mais il n’y a strictement aucune raison d’en faire pour autant les « premières victimes » de l’Islamisme. C’est faux, absurde et injuste vis-à-vis des morts. De peur que se développe dans la population une haine résolue de l’Islam, certains vont donc jusqu’à faire passer pour seules victimes ceux qu’ils craignent de voir assimiler injustement aux bourreaux. Un peu plus de nuance dans la pensée, un peu moins de slogans, un peu moins de réflexe binaire, éviterait que de telles idées fallacieuses se retrouvent ainsi martelées par les musulmans très conquérants du CCIF, usant de cet argument comme une arme, une immunisation morale de l’Islam en France qui participerait à faire progresser la réalisation de l’espoir revendiqué par le porte-parole du Collectif, Marwan Muhammad : que la France devienne terre d’Islam d’ici trente ou quarante ans.

    L’Islam et la République

    Loin de cette scandaleuse manipulation du CCIF, d’autres voix s’élèvent, davantage loyales et pacificatrices, depuis la communauté musulmane. Ainsi celle du philosophe Abdennour Bidar, chargé de la laïcité au ministère de l’Éducation Nationale, qui s’était déjà fait connaître après les attentats de janvier, avec la publication, notamment, de son Plaidoyer pour la fraternité (Albin Michel). Le 28 juin, il accorde un entretien à La Dépêche, dans lequel il expose les nécessités de construire un dialogue. « Pour commencer, il faut s’adresser aux hommes de bonne volonté dans les deux civilisations : il y a côté occidental beaucoup de rejet, et côté musulman beaucoup de ressentiment, par rapport à la colonisation ou l’impérialisme, mais il y a aussi de part et d’autre des hommes et des femmes qui veulent nouer le dialogue, et c’est avec eux qu’il faut élaborer un universel. » À l’international, Bidar a sans doute entièrement raison, mais dans le cadre national ses propositions ont néanmoins un aspect grandement problématique que personne ne relève. En effet, Bidar y présente l’Islam comme un interlocuteur légitime de la République, battant en brèche, de la sorte, deux aspects essentiels de la culture française : premièrement le fait précisément que le religieux est évacué de la sphère publique et donc ne peut pas être reconnu comme légitime dans un débat sur les destinées communes de la Nation ; deuxièmement, la tradition d’assimilation républicaine qui institue le modèle républicain laïc comme absolu, sans rival, et auquel est censé se conformer intégralement le nouvel arrivant. Ainsi, soit qu’il l’agresse par les armes, soit qu’il lui fasse du chantage victimaire, soit même qu’il prétende être en position de dialoguer avec elle, l’Islam se présente dans tous les cas dans une position d’offensive face à une société française moderne totalement démoralisée, désacralisée, voire dépressive. Quant au musulman, il est, dans les exemples précédents, soit désigné comme victime prioritaire à rebours de tout sens commun, soit comme interlocuteur à privilégier.

    À gauche : tenir le choc

    Dans Libération du 26 juin, Nathalie Raulin signe un papier qu’on croirait directement rédigé par les cabinets de l’Élysée. Tout doute, toute inquiétude, toute panique auraient été déjoués par le gouvernement « coupant l’herbe sous le pied » d’un FN pressé, toujours, de recycler les frayeurs. L’unité nationale – y compris sous le prisme droite-gauche – aurait été en outre, comme en janvier, idéalement maintenue et affirmée. Cette analyse, qui n’en est pas une, tient plus de l’incantation et du déni, deux pratiques qui résument en réalité l’essentiel du travail des journalistes de gauche depuis trente ans. Nous le verrons plus loin, mais notons d’emblée que ce qui s’est révélé après cet attentat est au contraire le fait que cette unité nationale a clairement commencé de se fissurer. D’ailleurs, Laurent Joffrin, plus lucide, s’en aperçoit bien, lui, dans son édito. Plutôt que de se masquer la réalité des faits, il appelle donc à tenir le choc. « Mais, de toute évidence, certains souhaitent aller au-delà. A droite ou à l’extrême droite, on parle de “cinquième colonne”, “d’état d’urgence”, “d’action immédiate”. Autrement dit, on plaide pour des mesures d’exception et pour la suspicion générale envers une minorité. C’est faire exactement le jeu des terroristes. » Et Joffrin de conclure en appelant à « Tenir bon sur les principes. » Ce que ne veut pas voir le journaliste, c’est que tout fait le jeu des terroristes, y compris la « Charlie attitude », comme l’OJIM le montrait ces mois derniers. En revanche, à gauche, personne ne semble songer à faire le jeu de la France (quitte, justement, à embarrasser des minorités, si nécessaire). Christophe Barbier, dans L’Express s’il met en garde, comme tous, contre le danger de « surenchère alarmiste », entre néanmoins lui-même dans la surenchère. En effet, le curseur, chez lui, est bien davantage sur le rouge que chez son camarade Joffrin : l’ « union nationale » est à faire, non à préserver ; les alliances internationales doivent assumer un revirement diplomatique majeur ; l’islam de France doit se soumettre à un « concordat » ; enfin, Barbier offre une conclusion franchement martiale : « Qu’elle soit ou non “de civilisation”, selon les mots de Manuel Valls, cette guerre doit être déclarée et menée. Sinon, elle est déjà perdue. »

    Le « padamalgam » en désuétude

    On se souvient que le mot d’ordre de l’après-Charlie avait été : « padamalgam ». Après la décapitation d’Hervé Cornara, ce fut le même slogan qui sortit de la bouche du ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, dès qu’il eut à s’exprimer, exploitant à n’en plus finir les éléments de langage qu’on lui avait forgés six mois plus tôt. Cambadélis tweeta quant à lui : « Pas d’amalgame. Ne jouons pas sur les peurs », renforçant l’impression qu’un seul cerveau était partagé par tout le Parti Socialiste. Goldnadel se moquera férocement de l’expression dans Valeurs actuelles, mot d’ordre également attaqué par Caroline Artus sur Boulevard Voltaire ou par Xavier Théry dans Causeur. Autrement dit, la « réacosphère » n’attendait que sa profération pour tirer sur ce concept sympa et limité. On vit même une page Facebook s’ouvrir sous le titre ironique de « Surtout pas d’amalgame ! ». En réalité, même s’il est évident que la formule est tout simplement exaspérante, contrairement à l’après-Charlie, ce mot d’ordre ne résuma pas un consensus obligatoire dans l’affaire qui nous occupe. Il montra au contraire son épuisement.

    Cinquième colonne ?

    En revanche, une formule qui, en janvier, n’avait été employée que par le député FN Aymeric Chauprade et qui, alors, avait fait polémique au sein-même du parti de Marine Le Pen, celle de la « Cinquième colonne islamiste », finit, cette fois-ci, par s’imposer davantage, notamment dans les discours et les tweets de Christian Estrosi, relayé par Nadine Morano ou encore, en couverture du Valeurs actuelles du 2 juillet 2015, quoi qu’elle fasse encore débat au FN où Philippot la taxe d’ « outrance verbale ». Cette formule implique de désigner l’ennemi intérieur et de le traquer, au sein de l’Islam, au lieu de surprotéger la seconde religion de France sans jamais lui demander des comptes, et de peur de la radicaliser (alors que l’on nous dit qu’elle n’a justement rien à voir avec la radicalité islamiste), toute cette confusion hypocrite ne permettant visiblement pas de faire reculer les offensives islamistes, offensives dont la France est l’une des premières cibles dans le monde occidental, ainsi que l’affirmait The Economist le 29 juin dernier. Plus étonnant, le député PS Malek Boutih, livrant à Manuel Valls un rapport intitulé « Génération radicale », lance un cri d’alarme en allant exactement dans le même sens que ceux qui s’inquiètent d’une cinquième colonne, même s’il n’emploie pas ces termes trop connotés. Pourtant, l’analyse de Boutih l’affirme sans ambiguïté : « Le djihadisme est bien la radicalité qui prédomine aujourd’hui dans l’offensive antidémocratique.» et cette radicalité pourrait bien se transformer en phénomène de masse…

    Progression du curseur

    Ainsi l’écho médiatico-politique de l’attentat du 26 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier aura montré une très nette progression du curseur vers l’alerte rouge d’un grave danger que représenterait un ennemi intérieur, ennemi qu’il s’agirait de circonscrire et de traquer plutôt que de répéter comme un mantra un « padamalgam » révélant toujours davantage soit sa pure vanité, soit l’usage victimaire que peuvent en faire des associations musulmanes qui, sans qu’on puisse les soupçonner de djihadisme, se montrent néanmoins particulièrement conquérantes et décomplexées. Bien sûr, le discours demeure encore très confus et souvent contradictoire mais il faut remarquer également que la recherche de la juste désignation de l’ennemi traverse et clive la plupart des courants politiques. Nous pouvons aussi nous demander pourquoi cet « état d’urgence » progressif ne s’instaure que maintenant quand tant de signaux le laissaient prévoir, et combien il faudra de décapités provinciaux pour que les journalistes parisiens sortent de la langue de bois ?

    Observatoire du journalisme et de l'information médiatique (OJIM, 15 juillet 2015)

     

     
     
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  • Menace djihadiste : un terrorisme innovant et dangereux...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente analyse de François-Bernard Huyghe, cueillie sur son blog, Huyghe.fr, et consacrée aux attentats djihadistes de ces derniers jours.

    Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe est l'auteur de nombreux essais marquants comme La soft-idéologie (Robert Laffont, 1987), La quatrième guerre mondiale (Rocher, 2004), Les maîtres du faire-croire (Vuibert, 2008) ou dernièrement Think tanks - Quand les idées changent vraiment le monde (Vuibert, 2013).

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    Le jihad comme innovation permanente

    Sans trop rajouter aux flots de commentaires qui ont accompagné l'attentat de l'Isère (et en attente de vérification des informations de première heure) essayons de le caractériser par quelques mots.

    SIMULTANÉITÉ : l'attentat près de Lyon, coïncide avec celui de Sousse (d'un style très différent) et avec l'attentat contre un mosquée chiite au Koweït, plus des accrochages avec des jihadistes dans d'autres pays et des attentats suicides un peu partout.Par ailleurs, il suit de peu le surprenant retour de l'État islamique à Kobané et les succès militaire qu'il remporte en dépit des forces déployées contre lui (et de leur variété : des Occidentaux, des sunnites jihadistes ou non jihadistes, des royaumes arabes, des chiites, des Kurdes, etc). Pour un mouvement politique qui coalise contre lui des dizaines de pays riches mobilisant un force de destruction technologique bien supérieure à celle qui a gagné la seconde guerre mondiale, ce n'est pas mal.
    Bien entendu le crime de l'homme à la camionnette ne fait pas partie d'un plan planétaire ordonné par une autorité centrale, mais, tombant un vendredi de Ramadan, un jour où d'autres frères ont voulu, eux aussi, manifester leur piété sanglante, il contribue à une impression de synergie planétaire : ils sont partout, ils frappent où ils veulent.

    RUSTICITE Le suspect qui n'a guère du coûter en entraînement, a utilisé des moyens simples - un couteau pour décapiter son patron, une camionnette de société pour pénétrer sur les lieux, des bonbonnes de gaz disponibles sur place...
    Il n'a pas eu à aller loin de chez lui et a choisi une cible à la fois "molle" (difficile à surveiller, même s'il y a des services de sécurité sur une usine Seveso), et dangereuse s'il avait réussi à provoquer l'explosion. C'est typiquement le genre de méthodes que recommande l'État islamique dans ses textes : une attaque simple, gérée de façon autonome par une base non aguerrie, qui n'a pas demandé de gros moyens, mais rentable en termes de panique qu'elle peut déclencher. Une réaction maximum pour un minimum d'investissement.

    DISPERSION DES FORCES ADVERSES. Après un tel attentat, il va falloir surveiller toute les usines comme on surveille les bâtiments religieux et officiels, les gares etc. Et si demain un jihadiste attaque un bus... Bref un effet de fixation des forces de sécurité, d'où un déploiement coûteux de ces forces en attente de la prochaine attaque, ce qui épuise nos troupes (les soldats seraient bien mieux employés ailleurs) et nos ressources (comment faire plus maximum que l'alerte maximum ?) ; cela coûte, cela porte sur les nerfs, cela peut encourager des mouvements communautaires de radicalisation ou d'anti-islamisme qui, en retour, produiront d'excellents résultats en mobilisant et rendant plus solidaires les "frères" (vieille stratégie de la provocation, répression, conscientisation, mais sauce Coran). Tout bénéfice en termes d'économie stratégique.

    LATENCE : entre le moment (peut-être en 2006) où le suspect a commencé à former un projet jihadiste et celui où il est passé à l'acte, il s'est passé des années. En clair, si nous considérons que les proto jihadistes, bien repérés par nos service mais impossibles à arrêter trop tôt sans commencement d'exécution sont des bombes, ce sont des bombes à retardement très aléatoire. Encore un énorme problème pour le renseignement et la répression. Encore de la dispersion des forces adverses, dans le temps cette fois (comment gérer pendant neuf ans le dossier d'un suspect qui n'est pas passé à l'acte). Toutes choses également expliquées dans les textes en ligne de l'État islamiste : l'attaque sporadique.

    ESCALADE SYMBOLIQUE. La tête coupée en punition, la théâtralisation de l'action, la recherche du scénario de film catastrophe - l'explosion, la pollution - l'insécurité au cœur de ce qui assure la puissance de l'Occident : l'énergie et la richesse économique. Effet psychologique sur les populations renforcé par l'effet de répétition (Merah, Nemouche, Kouachy, Coulibaly, Glam sur trois ans) : Quoi demain ?

    EFFET DE PANIQUE IDÉOLOGIQUE SUR L'ADVERSAIRE. La classe politique française est à l'évidence tétanisée et incapable d'imaginer de faire autre chose que "plus du même"" (une société plus inclusive et si possible plus prospère, plus consciente des valeurs de la République, avec un meilleur renseignement et de meilleures lois, plus de démonstrations que le peuple français vit ensemble unit et ne cédera pas à la peur, plus d'esprit du 11 janvier);
    Dans tous les cas, la lecture des éléments de langage repassés en cycle par nos gouvernants - solidarité, fermeté, responsabilité, prévention, école, valeurs, pas-peur, rassemblement, République, vivre-ensemble, dignité, horreur, terreur abjecte, divisions et amalgames qu'il faut éviter, rien-à-voir-avec-l'Islam-véritable, refuser les fantasmes, les populismes et les complotismes, unité, unité, unité montrent que le logiciel tourne en rond. Plus du même, c'est aussi plus de ce qui a échoué.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 26 juin 2015)

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  • Les médias face à l’Islam, soumission ?...

    Nous reproduisons-ci-dessous une excellente analyse de l'Observatoire du journalisme et de l'information médiatique, consacrée à la question du traitement de l'islam dans les médias français...

     

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    Sujet à la fois périlleux et récurrent entre tous, comment l’Islam est-il traité par les médias français ? Après un mois particulièrement chargé en actualités ayant trait à un certain Islam en guerre contre le Christianisme – profanation du cimetière de Castres, noyades de migrants chrétiens par des migrants musulmans et attentats déjoués contre des églises -, l’OJIM se penche sur cette question critique.

    La guerre que mène contre l’Occident l’Islam radical, du 11 septembre 2001 jusqu’à aujourd’hui, comporte plus qu’à aucune autre époque une dimension médiatique et spectaculaire. On sait depuis Sun Tzu, et davantage encore depuis Clausewitz, que la guerre se mène et se gagne bien au-delà du choc des hommes. Dans un monde à la fois globalisé et hyper-médiatisé, le combat sur le plan de l’image est stratégiquement essentiel. Au point, d’ailleurs, que la destruction des Twin Towers, à New York, fut avant tout, en termes militaires, un attentat visuel. 3000 morts chez l’ennemi, si on les compare aux carnages des guerres classiques, ce n’est pas grand-chose. Mais la diffusion de telles images d’apocalypse hollywoodienne en boucle sur toute la planète, voilà quel était le remarquable succès stratégique de l’attaque. Depuis, Al Quaeda s’est vu supplantée par Daech, et l’État Islamique, quant à lui, mitraille toujours en premier lieu sur le front médiatique. Exploitant le constat publicitaire sordide qu’on pourrait résumer par : « Plus c’est gore, plus ça buzze », leurs atrocités diverses permettent à ces excellents communicants de cumuler les vues sur YouTube. Le piratage de TV5 Monde, le 8 avril dernier, par une branche internet se réclamant de l’État Islamique, témoignait encore de l’efficacité de leurs techniques comme de l’importance allouée à cette dimension du combat. Dans un tel contexte, l’information et son traitement dans nos médias deviennent un exercice très complexe puisqu’ils se jouent désormais sur un champ de bataille : on sort du cercle civil pour se retrouver aux prises avec des problématiques militaires. L’information devient un enjeu stratégique, qu’on le veuille ou non, sauf que le pays n’étant pas non plus soumis à une quelconque loi martiale, une certaine ambiguïté dans la marge de manœuvre vient ajouter encore une difficulté supplémentaire. Ainsi, d’un côté, il serait absurde de reprocher aux médias de traiter des agressions islamiques sans employer un filtre particulier. D’un autre côté, le filtre en question, s’il ne doit pas empêcher la mission d’information du grand public, doit également être jugé pour ses conséquences militaires.

    « Ce que veulent les djihadistes »

    Dans Challenges, le 23 avril dernier, un professeur à Sciences-Po, Jean-Pierre Filiu, s’exprime sur la stratégie djihadiste après les attentats ratés de Sid Ahmed Ghlam (l’expression d’« attentats déjoués » comme l’ont répétée la plupart des médias par réflexe pavlovien, est complètement fallacieuse puisque personne n’a déjoué ces attentats, ils n’ont simplement pas pu être perpétrés parce que le terroriste s’est trahi tout seul). « Leur objectif fondamental est de déclencher une spirale de violence inter-communautaire en France comme dans les pays voisins, en suscitant, par des provocations terroristes, des représailles aveugles contre les populations musulmanes », expose le professeur, avant de continuer : « C’est ainsi qu’ils avaient diversifié leurs cibles de janvier dernier, espérant provoquer les juifs par le massacre de l’Hyper Cacher, les laïcs par l’attentat contre Charlie Hebdo et les forces de l’ordre par le meurtre de policiers. Ce plan a été mis en échec par la mobilisation citoyenne du 11 janvier. Ils se tournent désormais contre les églises. Mais demain, cela pourra être les écoles ou les centres commerciaux, l’objectif étant toujours de prendre les musulmans en otages ». Si l’on voit très bien, en effet, l’intérêt pour l’E.I. de fomenter une radicalisation des musulmans d’Europe afin que ceux-ci leur servent de « cinquième colonne », ce qui reste très étrange dans la rhétorique de Jean-Pierre Filiu, c’est, alors que des Chrétiens sont visés en raison de leur foi, qu’il lui semble que les seules victimes véritables in fine soient les musulmans : « représailles aveugles contre les populations musulmanes », « prendre les musulmans en otages », voici ce qui est conclusif dans son discours. Et le fait que soient ciblées des populations chrétiennes est complètement relativisé – alors même que les chrétiens fournissent actuellement, dans le monde, un terrible contingent de martyrs. En effet, ils ne représentent qu’une catégorie parmi d’autres (Juifs, laïcs, forces de l’ordre, voire scolaires ou commerçants ?) Pourtant les quatre dernières catégories ne sont, bien sûr, résolument pas pertinentes. Le journal satirique a été châtié pour blasphème, les forces de l’ordre représentent l’État français : il n’y a aucune diversification des cibles.

    Presse unanime

    Comme en témoigne la revue de presse de L’Obs du 23 avril, les réactions au lendemain de l’arrestation de Sid Ahmed Ghlam sont à peu près unanimes. S’il est temps de « regarder les choses en face », comme l’affirme Bruno Dive dans Sud Ouest, voire de « mettre hors d’état de nuire des prédicateurs qui sévissent sur notre territoire », tel que le recommande Patrick Chabanet dans le Journal de la Haute Marne, l’essentiel demeure pour tous de ne pas se laisser entraîner dans une guerre de religion ou de laisser « importer une fracture sociétale fondée sur la différence de religion » comme le formule par une périphrase pédante et absurde, Hervé Chabaud dans L’Union. Pour Philippe Waucampt, dans Le Républicain Lorrain, « tuer des fidèles à la sortie de la messe vise à susciter une réaction en chaîne contre les mosquées afin d’en arriver à une radicalisation des musulmans sur notre territoire. » Ainsi, comme pour notre professeur à Sciences-Po, on a la sensation dans cette manière d’appréhender les choses, que les chrétiens sont moins la vraie cible des djihadistes qu’un moyen détourné d’atteindre les musulmans eux-mêmes. Et que ce sont donc ces derniers qu’il faut entourer d’attentions, rassurer, ne pas amalgamer et protéger des représailles aveugles qui pourraient éventuellement s’abattre sur eux après un bain de sang chrétien, et bien que cela soit fort hypothétique et n’ait encore jamais eu lieu, et comme si le possible bain de sang chrétien n’avait en lui-même aucune capacité à susciter la fameuse « indignation » que Stéphane Hessel avait, il y a cinq ans, mise à la mode.

    Le choix stratégique

    Il y a cependant plusieurs objections qui peuvent être faites à cette réaction générale des médias, laquelle, on l’a vu, et c’est en effet opportun, se situe dans un prisme stratégique. La première est qu’elle n’a rien à opposer à la pression symbolique djihadiste, en termes de rapports de force. Des chrétiens sont visés par des musulmans radicaux ? On court au secours… des musulmans modérés. La deuxième objection tient au choix de la ligne de front symbolique. Certes, les djihadistes veulent la porter sur notre territoire en soulevant les nombreuses populations musulmanes qui s’y trouvent par une tentative de radicalisation de toutes les tensions. Or, en proférant comme des mantras les mots de « vivre-ensemble » et de « padamalgam », experts, politiques et médias, optent pour une tactique passive qui consiste à voiler, atténuer, retenir, des tensions suffisamment brûlantes pour que notre pays « forme le plus gros bataillon des volontaires européens. » Une hausse de « vocations » qui fut spectaculaire après les attentats de Charlie Hebdo, ce qui prouve, par ailleurs, que Jean-Pierre Filiu se trompe, et que la politique du « padamalgam » n’aura porté strictement aucun fruit concret, stratégiquement parlant. Ne pouvant faire l’économie d’un combat en interne comme à l’extérieur, nous pourrions au contraire définir nous-mêmes la ligne de fracture, plutôt que de nous la voir imposée. À ce titre, l’injonction de Jacques de Guillebon dans Causeur de février dernier : « Musulmans, désamalgamez-vous ! », correspond à une attitude à la fois moins hypocrite et surtout, plus efficace.

    Objectifs parallèles

    Enfin, et surtout, le scénario de la radicalisation des tensions intercommunautaires comme objectif essentiel des djihadistes, tel qu’il est retenu par les médias, omet un certain nombre d’aspects importants. Comme le fait que d’autres objectifs, en dehors de celui-ci, sont visés et atteints ! On apprend par exemple, ces derniers jours, que Luz ne caricaturera plus Mahomet. Comme on se doute que ce héros de Charlie ne se privera pas de continuer à caricaturer le pape, que peut-on en conclure, si ce n’est que la punition que les djihadistes ont administrée aux caricaturistes aura porté ses fruits ? 130% en un an, c’est la hausse du nombre de volontaires « français » pour le djihad : comment nier que l’objectif de promotion de la cause est également atteint ? Comment ne pas voir que si la plupart des Français sont saisis d’effroi devant les actes terroristes, d’autres, aussi minoritaires soient-ils, en sont galvanisés ? Enfin, les méthodes de ce prosélytisme ont beau être abjectes, il faut reconnaître qu’elles fonctionnent ! Après les attentats de Paris, on enregistrait une hausse de 30% des conversions dans les principales mosquées. Afin d’éviter « l’amalgame », les médias ne cessent, in fine, de chanter les louanges de l’Islam et c’est précisément par « désamalgamisme » qu’Éloïse, à tout juste 18 ans, a épousé la foi musulmane, parce qu’elle « a eu envie de donner une autre image de la religion. » Si la kalachnikov a des retombées, directes ou indirectes, si positives pour la promulgation de la foi, pourquoi changer d’outils ? Or, voilà justement ce dont les médias, au nom d’une lecture totalement biaisée du problème, se rendent très objectivement complices.

    Islamolâtrie

    On finit par se demander si la prétendue volonté de ne pas accentuer les tensions n’est pas en fait simplement une excuse, peut-être inconsciente, pour une grande partie de la presse, afin de pouvoir se laisser aller à une islamolâtrie non dépourvue de relents quasi libidinaux. Parce qu’elle est la religion de l’immigré, prolétaire de substitution pour la gauche passée du socialisme à l’antiracisme après le virage libéral de 1983, l’Islam suscite un soutien instinctif chez la plupart des journalistes. En outre, une étrange convergence de lutte se noue à un niveau encore une fois informel mais pourtant tangible. Car les cibles des djihadistes : la nation française et le christianisme, ne sont-elles pas au fond, les mêmes que celles des médias de gauche qui depuis trente ans n’ont cessé d’attaquer l’une et l’autre ? Sur ce point, comment ne pas voir que les balles des islamistes ne font que succéder aux crachats des journalistes de gauche ? Et comment ces derniers pourraient-ils soudainement retourner leur veste en raison des circonstances ? Alors il leur reste une option pour éviter le reniement : protéger les musulmans modérés des djihadistes, leur allouant le statut envié de victimes d’élection au détriment des chrétiens et de la France. Et au détriment, également, du plus élémentaire bon sens.

    Traitement préférentiel

    Cette « élection victimaire préférentielle » pour l’Islam conduit alors nos journalistes à des distorsions de réactions ou de relations des faits très librement assumées et dont, au cours de ce mois d’avril 2015, les chrétiens furent les victimes systématiques. Selon l’arithmétique odieuse qui veut qu’afin que les musulmans soient davantage désignés comme victimes, il faut que les chrétiens ne le soient pas, ou le soient moins, on arrive à un traitement biaisé de l’information. Si, lorsqu’un enfant palestinien meurt sous les bombes, lorsqu’un migrant se noie après le naufrage de son embarcation, lorsqu’un Noir se fait tabasser par trois Skinheads (ce qui n’arrive plus très souvent, il est vrai…), les éditos « indignés » se succèdent et rivalisent de trémolos, quel silence gêné après que des migrants chrétiens ont été jetés à l’eau par des migrants musulmans ! On relate les faits sobrement, de préférence au conditionnel… On perçoit très clairement qu’il s’agit d’un sujet sur lequel, étrangement, le journaliste n’a vraiment aucune envie de s’épancher, et l’on constate donc que ses « émotions », sa « compassion », sa « grande sensibilité d’humaniste », tout cela est en réalité complètement téléguidé par l’idéologie la plus froide, la plus stricte, la plus obtuse.

    Distorsions/1

    Cette différence de traitement des religions a pu se vérifier encore, ce mois-ci, lors de la profanation du cimetière de Castres. Un musulman, le 15 avril, y profane plus de 200 tombes chrétiennes. « C’est clairement le symbole de la croix, du Christ, qui a été visé », témoigne le maire dans Le Figaro. Les choses paraissent assez limpides, quand une nuance survient, pour le moins surprenante, exprimée dans Libération par la « vice-procureure » de Castres, Charlotte Beluet, laquelle précise que si l’homme interpellé « répète en boucle des prières musulmanes », selon elle, « il n’y a pas de revendication religieuse. » Le Monde confirme : « Mais rien n’a pu venir éclairer les actes dont l’homme, “seul” lors des faits, est suspecté, et notamment pas une revendication religieuse. » En effet : « La piste d’un acte à caractère religieux a cependant perdu de sa pertinence dans l’après-midi, quand le parquet a décidé “d’hospitaliser d’office” un suspect placé en garde à vue à la mi-journée, car il était “dans un état délirant, inaccessible à la communication”». Comme le remarque alors Novopress, les médias, de la même manière que lors des divers « accidents » de janvier dernier, transforment le musulman agressif en « déséquilibré ». Ainsi les gens ne sont-ils pas victimes de l’offensive d’une religion particulière à travers certains d’entre ses fidèles, mais de la démence en général.

    Distorsions/2

    « Où s’arrête la haine, où commence la folie ? La “théorie du fou”, qui consiste à “psychiatriser” les agresseurs… » lit-on dans Les Inrocks, le 23 mars dernier, et l’on s’étonne de lire ensuite : « qui consiste à psychiatriser les agresseurs islamophobes pour gommer la dimension politique, fait bondir les associations musulmanes. » Il s’agit bien entendu d’un autre fait. Un meurtre atroce commis par Thomas sur son voisin Mohammed avec lequel il entretenait de bonnes relations jusque là. Lorsque la compagne de la victime se met à prier en arabe, Thomas déclare qu’il n’y a pas d’Islam mais qu’il est lui-même Dieu. C’est d’ailleurs, ce qu’il répétera ensuite aux policiers, non pas qu’il hait les musulmans, mais qu’il est, lui, le vrai Dieu. On qualifiera alors son acte de crise de démence schizophrène, ce qui paraît tout de même assez manifeste. Pourtant dans ce cas précis, et non dans les autres, on se demande, Les Inrocks se demandent si la folie n’aurait pas bon dos et, vu que la victime est musulmane, si ce n’est pas l’islamophobie qu’il faut incriminer envers et contre tout. Le résultat, c’est que la profanation d’un cimetière chrétien par un musulman n’est pas l’œuvre d’un musulman, mais d’un fou tandis que le meurtre d’un musulman par un fou, en revanche, devient le meurtre d’un musulman par un islamophobe. Toujours dans le même article, l’imam d’une mosquée à Poitiers, se plaint de ne pas bénéficier d’une protection policière pour son édifice religieux. On lui a expliqué que « les mosquées ne seraient pas visées par des menaces “terroristes” mais par des menaces de “droit commun”, souvent le fait de “gens stupides mais qui ne tuent pas vingt personnes d’un coup” ». Et le journaliste de relever : « en dépit du précédent créé par Anders Behring Breivik en Norvège. » Sauf qu’Anders Breivik n’a pas tué un seul musulman ! En somme, des attentats meurtriers sont organisés par des islamistes pour décimer des chrétiens en pleine messe ; des enfants juifs se font tuer à bout portant dans leur école par les mêmes islamistes, mais il faudrait s’offusquer qu’on ne déploie pas des militaires autour des mosquées afin de défendre celles-ci de quelques tags et de trois tranches de jambon !

    Relativisme

    Enfin, l’autre grand moyen rhétorique utilisé est celui du relativisme envers et contre tout. Sur France Inter, le 4 avril, Abdallah Zekri affirme, par exemple, que « La radicalisation n’est pas à sens unique. Il y a ceux qui se radicalisent pour devenir terroriste et d’autres qui se radicalisent contre l’islam et les musulmans. » – « Ah oui ? Combien de morts, de ce côté là ? », a-t-on envie de demander. Et surtout, quelle invraisemblable mauvaise foi que de mettre sur le même plan la violence meurtrière des agresseurs et celle, verbale, des victimes ! Alors qu’on serait en droit d’attendre, et même d’exiger, que Zekri se « désamalgame » en condamnant fermement la radicalisation de certains de ses coreligionnaires, le voilà qui la relativise. Et pour bien relativiser, le mieux est encore d’accuser les chrétiens – aujourd’hui qu’ils se font exterminer comme jamais – d’être tout aussi susceptibles de violence que leurs frères musulmans.

    Dommages collatéraux

    Le 23 avril, Daniel Cohn-Bendit, dans sa chronique matinale sur Europe 1, associe l’idée de vengeance à la civilisation judéo-chrétienne. Manière de suggérer, à l’heure où l’Islam djihadiste, tous les jours, empile les cadavres que ce doit bien être la faute de chrétiens, encore, tout cela, depuis le début. Idée que le père Mathieu Rougé a balayé dans Le Figaro en donnant par la même occasion une leçon d’histoire et de théologie à celui qui aurait peut-être dû suivre quelques cours à la Sorbonne au lieu de se contenter d’y animer les grèves. Mais le pire aura sans doute été le journaliste Paul Moreira, lequel arguera d’appels au meurtre soi-disant présents dans les discours du Christ, encore une fois dans le but affiché de relativiser la violence islamique. Il persistera et signera, après que de nombreuses réactions eurent tenté de lui faire entendre raison. « J’ai toujours vu Jésus comme une sorte de hippie sympa qui venait rabibocher tout le monde. Et il est vrai que c’est le texte de loin le moins violent. Mais, à ma grande surprise, j’ai découvert deux épisodes des Évangiles où le Christ convoquait une violence meurtrière. » N’ayant jamais eu la curiosité d’ouvrir la Bible, à son âge, ne comprenant rien aux subtilités de l’exégèse et s’exprimant comme un ado sur son mur Facebook, Moreira divulgue donc sans honte des idées fausses dans le seul but de servir un but idéologique : relativiser la violence islamique en salissant, au besoin, le christianisme.

    Soumission

    Le roman de Michel Houellebecq, Soumission (Flammarion), paru en librairie le jour même des attentats à Charlie Hebdo, décrit des élites françaises usées et mûres pour collaborer à une islamisation du pays si d’aventure un parti musulman se trouvait en position de former un gouvernement. Tous les événements ayant trait aux différentes offensives islamiques en France depuis lors – meurtres, profanations de cimetières chrétiens, noyades de chrétiens en chemin pour l’Europe, projets d’attentats dans les églises –, tous ces événements n’ont fait que donner raison à l’écrivain. En effet, empêtrés dans leurs réflexes idéologiques, les réactions des médias n’ont cessé de servir objectivement la cause des djihadistes, lesquels convertissent, embrigadent, défendent les intérêts de l’Islam, terrorisent les chrétiens et mettent au pas les journalistes. Mieux, depuis quelques mois, il semble qu’à chaque fois qu’un musulman commet un crime, un journaliste se met à cracher sur les chrétiens, fussent-ils en première ligne. Si le scénario de Houellebecq s’avérait plausible, on finirait par se demander si ces crachats sont une vieille habitude redécouverte à la faveur des événements, ou bien de discrets signes d’allégeance aux possibles futurs maîtres.

    Observatoire du journalisme et de l'information médiatique (OJIM, 12 mai 2015)

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  • Un nouveau bobard : l’islamo-fascisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'islamo-fascisme, la dernière innovation sémantique du système destinée à masquer la réalité...

     

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    Un nouveau bobard : l’islamo-fascisme

    Nos médias avaient déjà testé depuis quelque temps l’appellation « islamo-fascisme », de préférence à celle de djihadisme, trop ciblée à leurs yeux. Ainsi «Le Monde» du 16 octobre 2014 avait-il déjà titré par exemple que « les islamo-fascistes prennent en otages l’Afrique et le Proche-Orient ». Mais l’expression a pris un sens désormais officiel dans la bouche du premier ministre Manuel Valls après l’attentat islamiste de Copenhague. Ce n’est pas neutre puisque l’acte politique essentiel consiste à désigner l’ennemi.

    Avec la désignation de l’islamo-fascisme, la gauche tente en effet un nouveau tour de passe-passe sémantique à son profit .

    Une assimilation trompeuse

    Pourtant l’assimilation du djihadisme au fascisme ne peut sérieusement être invoquée, sauf à la réduire à la haine des juifs.

    D’abord le djihadisme se réclame à l’évidence de l’islam – même si ce serait à tort, selon l’oligarchie et les représentants de l’islam officiel.

    Mais le fascisme européen ne s’est jamais réclamé de l’islam, ni d’aucune religion particulière, d’ailleurs, même si en son temps Mussolini se présentait comme le protecteur de l’islam… pour essayer de faire accepter par les autochtones musulmans sa tentative de recréer l’empire romain d’Afrique !

    Le fascisme fut historiquement un phénomène européen : on nous l’a assez rabâché pour nous culpabiliser ! Mais il est bien difficile de prétendre sérieusement que le djihadisme serait, lui aussi, d’essence européenne.

    Le fascisme fut un dérèglement de la fonction guerrière, transformant la société en caserne, et c’est pourquoi il fut détruit par la guerre. Le djihadisme est certes brutal, cruel et violent mais il constitue surtout une entreprise théocratique : c’est donc un dérèglement de la fonction spirituelle.

    Enfin, le fascisme est mort en 1945 – alors que le djihadisme est en plein essor.

    Le communisme du XXIe siècle ?

    Si l’on voulait vraiment trouver des analogies historiques, c’est d’ailleurs plutôt du côté du communisme que du fascisme qu’il faudrait se tourner.

    Le professeur Jules Monnerot disait que le communisme était « l’islam du XXe siècle ». L’islamisme ne serait-il pas, lui, le communisme du XXIe siècle ?

    Car, comme le communisme des origines, il utilise systématiquement la terreur pour sidérer les populations. Comme le communisme, il se veut « de tous les pays », comme l’EI refuse les identités, les traditions et les frontières. Comme le communisme, il s’affirme en rupture radicale avec les valeurs occidentales. Comme le communisme des origines, il veut un strict respect du dogme : le Coran ou le Capital, censés être lus à la lettre.

    Padamalgam, les fascistes sont de retour

    Désigner l’islamo-fascisme ne repose donc sur aucune analogie historique sérieuse. Mais cela sert avant tout à renouveler le « padamalgam » officiel pour le plus grand profit du pouvoir.

    L’expression ne se borne pas à suggérer, en effet, que l’islamisme n’aurait rien à voir avec l’islam. Elle va plus loin puisqu’elle est destinée à nous faire croire que l’islamisme ne serait en réalité qu’un fascisme, qui nous « renvoie aux heures les plus sombres de notre histoire ».

    Ainsi la singularité de la montée en puissance mondiale de l’islamisme – entorse manifeste et sanglante au mythe cosmopolite de la mondialisation heureuse – se trouve réduite par la magie des mots à une sorte de remake de la seconde guerre mondiale. Sauf que les Russes ne sont plus cette fois dans le camp des bons : ce qui est bien commode pour ceux qui ont décidé de miser électoralement, une nouvelle fois, sur les votes des électeurs musulmans, et aussi de masquer leurs propres responsabilités dans le drame.

    Un fascisme bien commode

    En exhumant le fascisme, nous revoilà en terrain connu, donc rassurant, puisque cela fait au moins plus de 80 ans que la gauche prétend lutter contre – surtout d’ailleurs depuis qu’il a disparu politiquement, militairement et moralement en Europe.

    En outre, on n’oubliera pas que dans l’historiographie dominante le fascisme est de droite.

    Donc, suivez bien le regard de notre premier ministre : les méchants islamistes sont évidemment de droite et précisément d’extrême droite. La preuve : c’est qu’ils sont antisémites.

    C’est déjà ce qu’on nous suggérait de l’identité du tueur de Toulouse, jusqu’à ce que l’on découvre, avec consternation à gauche, qu’il s’appelait Merah. Comme en son temps l’attentat de la rue Copernic fut imputé à la droite extrême par la gauche, jusqu’à ce qu’on découvre qu’il était l’œuvre d’un Palestinien du FPLP.

    Et si l’islamisme est fasciste cela signifie que la gauche n’en est pas responsable. CQFD.

    D’ailleurs, M. Valls dit « islamo-fascistes » et non pas « facho-islamistes », la dernière partie de l’expression mettant bien l’accent sur sa cible principale : le « fâââchisme » que l’on doit, bien sûr, tous ensemble, combattre de Nation à République, conformément à « l’esprit du 11 janvier », comme dit le président de la République. Et si possible encore en 2017.

    Envolée la responsabilité de l’oligarchie !

    Evoquer l’islamo-fascisme évite évidemment d’aborder la question de l’immigration et de l’islam, puisque les méchants ne sont plus des musulmans, mais seulement des fascistes à barbe.

    Cela permet d’effacer, par un coup d’éponge magique, la responsabilité écrasante de l’oligarchie dans l’importation du djihadisme en Europe, d’effacer sa responsabilité dans l’immigration de peuplement, sa responsabilité dans la complaisance vis-à-vis du communautarisme et vis-à-vis des Etats qui soutiennent l’islam radical, sa responsabilité dans la destruction des Etats laïcs du Moyen-Orient, sa responsabilité dans le désarmement moral et militaire des Européens, sa responsabilité dans le laxisme judiciaire et pénal enfin.

    Mais tout cela est fort opportunément occulté par l’invocation de l’immonde fascisme, éternellement renaissant. Ce qui est pour le moins curieux, d’ailleurs.

    Une nouvelle manœuvre contre les droites

    Invoquer l’islamo-fascisme permet une nouvelle fois d’intimider la droite, du moins ce qu’il en reste, et de placer sur le même plan le djihadisme criminel, la critique populiste du Système ou le refus de l’immigration et de l’islamisation. Au nom de la préservation du « vivre ensemble », bien entendu : un bel amalgame, hautement revendiqué celui-là !

    Notre ministre de l’Intérieur n’entend-il pas poursuivre « l’extrémisme » ou « les discours de haine », notamment sur Internet où, paraît-il, les candidats au djihad s’autoradicaliseraient ?

    La liberté d’opinion dans le collimateur

    Mais ces concepts très flous renvoient en réalité à la théorie du « milieu intellectuel » dont la gauche a toujours abusé lorsqu’elle voulait neutraliser l’ascension de la droite populiste. Car la gauche nous a toujours fait croire que les mots pouvaient tuer.

    Ainsi, lors de l’affaire de Carpentras, la gauche au pouvoir n’a cessé d’accuser le Front national d’avoir créé, avec ses « idées nauséabondes », un climat antisémite propice à la commission de la profanation. Ce n’est d’ailleurs pas une spécialité française puisqu’aux Etats-Unis la théorie du « climat intellectuel » a aussi été utilisée pour réduire au silence, par de lourdes peines, des mouvements suprémacistes en les rendant instigateurs indirects de crimes ou d’attentats racistes pourtant commis par d’autres.

    En Europe aussi, l’accusation « d’incitation à » la haine est largement utilisée contre ceux qui dénoncent l’immigration ou l’islamisation, comme aux Pays-Bas ou en Allemagne par exemple, alors même qu’on ne peut leur imputer d’actes criminels précis – à la différence notable des djihadistes qui, eux, ont du sang sur les mains.

    Mais quand il s’agit de protéger le Système, le « padamalgam » ne vaut plus !

    Par un habile retournement, le combat contre l’islamo-fascisme va permettre de fourbir de nouvelles armes… contre ceux qui refusent l’islamisation et la soumission de l’Europe – et que le Système traite de fascistes…

    Les djihadistes doivent penser que ces roumis sont décidément trop stupides.

    Michel Geoffroy (Polémia, 22 février 2015)

     

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  • Chaos mondial, psychose et menaces réelles...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous l'intervention du criminologue Xavier Raufer lors du colloque organisé le 8 décembre 2014 à l'Assemblée Nationale par le Club Participation et Progrès, sur le thème « 2014 : Notre monde est-il au bord du gouffre ?». L'image bouge un peu... mais le propos est intéressant !


    Xavier Raufer : « Chaos mondial, psychose et... par Super_Resistence

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