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Points de vue - Page 92

  • Le Green Deal européen et l’effondrement industriel de l’Europe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de William Engdahl, économiste et journaliste américain, cueilli sur le site du Saker francophone et consacré au programme de "Green deal" récemment présenté par la commission européenne.

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    Fit for 55. Le Green Deal européen et l’effondrement industriel de l’Europe

    L’une des rares déclarations honnêtes de Bill Gates a été sa remarque, faite début 2021, disant que si vous pensez que les mesures dues à la Covid sont mauvaises, attendez de voir les mesures prises contre le réchauffement climatique. L’Union européenne est en train d’imposer, du haut vers le bas, les mesures les plus draconiennes à ce jour, qui détruiront effectivement l’industrie moderne dans les 27 États de l’Union européenne. Sous de jolis noms tels que « Fit for 55 » et European Green Deal, des technocrates non élus finalisent à Bruxelles des mesures qui provoqueront le pire chômage industriel et le pire effondrement économique depuis la crise des années 30. Des industries telles que l’automobile ou le transport, la production d’électricité et l’acier sont sur la sellette, tout cela pour une hypothèse non prouvée appelée réchauffement climatique d’origine humaine.

    Alors que la plupart des citoyens de l’UE étaient distraits par les restrictions sans fin mises en place à cause d’une pandémie de type grippal appelée covid19, les technocrates de la Commission européenne à Bruxelles préparaient un programme de désintégration planifiée de l’économie industrielle de l’UE. L’aspect pratique d’un groupe supranational non élu, planqué à Bruxelles ou Strasbourg, est qu’il n’a pas de comptes à rendre à de véritables électeurs. Ils y a même un nom pour cela : Le déficit démocratique. Si les mesures sur le point d’être finalisées par la Commission européenne, sous la direction de la présidente allemande Ursula von der Leyen et du vice-président chargé du réchauffement climatique, le technocrate néerlandais Frans Timmermans, sont adoptées, voici un aperçu de ce qui se passera.

    « Fit for 55 »

    Le 14 juillet, la Commission européenne a présenté son programme écologique nommé « Fit for 55 ». Bien que le titre ressemble à une publicité pour une salle de sport réservée aux cinquantenaires, il s’agit du programme de désindustrialisation le plus draconien et le plus destructeur jamais imposé en dehors d’une guerre.

    Fit for 55 est le cadre central des nouvelles lois et règles établies par Bruxelles pour réduire considérablement les émissions de CO2, en utilisant des systèmes tels que les taxes sur le carbone, les plafonds d’émission et les systèmes de plafonnement et d’échange.

    En avril 2021, la Commission européenne annonçait un nouvel objectif européen en matière de climat : D’ici 2030 les émissions doivent être réduites de 55 % par rapport à 1990, contre 40 % précédemment. D’où le joli nom de « Fit for 55 ». Mais l’industrie et la main-d’œuvre des États membres de l’UE seront tout sauf en forme si ce plan est mis en œuvre. En clair, il s’agit d’un fascisme technocratique imposé sans débat public à quelque 455 millions de citoyens européens.

    C’est la première fois au monde qu’un groupe de pays, l’UE, impose officiellement un programme visant à imposer un absurde « zéro » CO2 d’ici 2050 et une réduction de 55 % du CO2 d’ici 2030. Le tsar du Green Deal de l’UE, le commissaire Frans Timmermans, a déclaré en mai : « Nous allons renforcer le système d’échange de quotas d’émission de l’UE, actualiser la directive sur la taxation de l’énergie et proposer de nouvelles normes de CO2 pour les voitures, de nouvelles normes d’efficacité énergétique pour les bâtiments, de nouveaux objectifs pour les énergies renouvelables et de nouvelles façons de soutenir les carburants propres et les infrastructures pour des transports propres. » En réalité, cela va détruire l’industrie des transports, de l’acier, du ciment ainsi que de la production d’électricité à partir de charbon et de gaz.

    Voici les principaux secteurs concernés par de ce sinistre Fit For 55.

    Voitures et camions

    L’un des principaux objectifs du « Green Deal » de l’UE sera de mettre en place des mesures qui obligeront les véhicules à moteur à combustion interne – voitures et camions à essence ou diesel – à respecter des limites d’émissions de CO2 tellement punitives qu’ils seront contraints de ne plus rouler d’ici 2030, si ce n’est plus tôt. Le plan modifiera l’objectif actuel d’une réduction de 37,5 % des émissions de CO2 des véhicules d’ici à 2030 pour le remplacer par un objectif de zéro émission d’ici à 2035, selon la rumeur.

    Le 7 juillet, une coalition de syndicats, d’entreprises du secteur des transports et de fournisseurs, dont la Confédération européenne des syndicats et l’Association des constructeurs européens d’automobiles, a adressé un appel urgent au tsar de l’écologie, Frans Timmermans. Ils y déclarent : « …nous voulons voir la transformation industrielle et l’innovation en Europe, plutôt que la désindustrialisation et les perturbations sociales. » La lettre souligne que l’UE n’a aucun plan pour une soi-disant « transition juste » pour l’industrie automobile européenne, y compris aucune nouvelle formation de compétences pour les travailleurs débauchés : « Actuellement, il n’existe pas de cadre de ce type pour les 16 millions de travailleurs de notre écosystème de mobilité, et notamment le secteur automobile européen qui est un moteur de l’emploi industriel. »

    Il ne s’agit pas d’un problème mineur, car la transition des voitures et camions à moteur à combustion interne vers les véhicules électriques va entraîner une perturbation sans précédent des chaînes de fournisseurs automobiles actuelles. La lettre souligne qu’à l’échelle de l’UE, le secteur automobile compte 8,5 % de tous les emplois manufacturiers européens et a produit en 2019 près de 10 % du PIB rien que pour l’Allemagne, ainsi que 40 % des dépenses de recherche et développement du pays. L’UE représente aujourd’hui plus de 50 % des exportations mondiales de produits automobiles. Ils soulignent que la transition vers les véhicules zéro CO2 entraînera la perte d’au moins 2,4 millions d’emplois qualifiés et bien rémunérés dans l’UE. Des régions entières seront déprimées. La lettre souligne que Bruxelles n’a même pas encore dressé la carte des conséquences du Green Deal pour le secteur automobile.

    En avril, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, indiquait que le projet « Fit for 55 » pourrait étendre le système draconien d’échange de quotas d’émission de carbone (QEC) au-delà des centrales électriques ou de l’industrie pour couvrir le transport routier et le bâtiment dans le cadre d’un ajout « pollueur-payeur ». Le lien avec le QEC imposera automatiquement des pénalités financières aux conducteurs ou aux propriétaires, au-delà des taxes actuelles sur le carbone, malgré un impact très limité de quelque 3 % sur les émissions. Cette mesure, qui s’ajoute au renforcement des normes d’émission des voitures, portera un coup fatal aux consommateurs et à l’industrie. Lorsque le gouvernement français a imposé une telle taxe carbone en 2018, cela a déclenché les manifestations nationales des Gilets jaunes et a obligé Paris à la retirer.

    Acier

    Le plan drastique de l’UE contient de nouvelles dispositions qui entraîneront des changements radicaux pour les industries européennes de l’acier et du ciment, grandes consommatrices d’énergie. L’acier est la deuxième plus grande industrie au monde après le pétrole et le gaz. Actuellement, l’UE est le deuxième plus grand producteur d’acier au monde après la Chine. Sa production s’élève à plus de 177 millions de tonnes d’acier par an, soit 11 % de la production mondiale. Le plan Timmermans introduira de nouvelles mesures qui pénaliseront ostensiblement les importations d’acier en provenance de producteurs « sales », mais qui, aussi, rendront l’acier européen moins compétitif au niveau mondial. Des fuites du plan de l’UE indiquent qu’il prévoit de supprimer les permis de polluer actuellement gratuits du QEC pour les industries à forte intensité énergétique telles que l’acier ou le ciment. Cela portera un coup dévastateur à ces deux industries essentielles. Ils l’appellent le mécanisme d’ajustement carbone. Comme le souligne le Center for European Policy Network, les exportateurs d’acier de l’UE « ne recevront aucune compensation pour la suppression de l’allocation gratuite. En conséquence, ils subiront des désavantages concurrentiels considérables par rapport à leurs concurrents des pays tiers. »

    Taxes carbone pour le charbon

    Le nouvel objectif écologique de 55 % de l’UE pour 2030 implique une élimination quasi-complète du charbon d’ici à 2030 dans l’ensemble de l’UE. L’Allemagne, qui est de loin le plus gros consommateur d’électricité au charbon de l’UE, sera touchée. Le gouvernement allemand, dont l’électricité est déjà la plus chère au monde en raison de la transition, par Merkel, vers une énergie solaire et éolienne peu fiable et la fermeture de la dernière centrale nucléaire en 2022, vient d’abandonner son projet d’élimination progressive du charbon d’ici 2038. Elle abandonnera le charbon bien plus tôt, mais pour des raisons politiques évidentes en cette année électorale, elle n’a pas révélé sa nouvelle date « zéro charbon ».

    L’absurdité de croire que l’UE, en particulier l’Allemagne, sera capable d’atteindre le zéro charbon d’ici 2030, en ne remplaçant même pas par du gaz naturel, mais plutôt par du solaire et de l’éolien peu fiables, est déjà évidente. Le 1er janvier 2021, dans le cadre du mandat du gouvernement sur la réduction de l’énergie charbon, 11 centrales électriques au charbon d’une capacité totale de 4,7 GW ont été fermées. Cet arrêt n’a duré que huit jours, car plusieurs des centrales au charbon ont dû être reconnectées au réseau pour éviter les pannes dues à une période prolongée de vents faibles. Les centrales au charbon fermées ont reçu l’ordre de fonctionner en mode réserve, aux frais des consommateurs. La commission gouvernementale de Berlin qui a rédigé le plan d’élimination progressive du charbon ne comprenait aucun représentant de l’industrie de l’électricité ni aucun expert en réseaux électriques.

    Avec ce nouveau plan destructeur Fit for 55 de la Commission européenne, le cœur de l’industrie européenne, l’Allemagne, est préprogrammé non seulement pour un chômage industriel sévère dans les secteurs de l’acier, du ciment et de l’automobile. Elle est également préprogrammée pour des pannes d’électricité comme celle qui a dévasté le Texas au début de l’année 2021 lorsque les éoliennes ont gelé. En 2022, en Allemagne, comme nous l’avons indiqué, la dernière centrale nucléaire ainsi que d’autres centrales au charbon seront fermées, ce qui entraînera la perte d’encore 3 % de l’électricité. En outre, 6 000 éoliennes seront également arrêtées en raison de leur âge, soit une réduction totale de 7 %. Pourtant, l’ajout prévu de nouvelles éoliennes et de nouveaux panneaux solaires est loin de remplacer cette baisse, de sorte que d’ici 2022, l’Allemagne pourrait connaître un déficit de capacité de production de 10 à 15 %.

    Grand Reset et Green Deal de l’UE

    Ce qui est difficile à comprendre pour les citoyens ordinaires et sains d’esprit, c’est qu’il s’agit d’un plan technocratique délibéré pour entraîner la désintégration de l’économie, sous l’excuse frauduleuse d’un risque de réchauffement climatique non prouvé qui prétend – sur la base de modèles informatiques douteux qui ignorent l’influence de notre soleil sur les cycles climatiques de la Terre – que nous verrons une catastrophe d’ici 2030 si le monde ne réduit pas les émissions de CO2, pourtant inoffensives et essentielles à la vie.

    Le Forum économique mondial de Davos, toujours actif, joue également un rôle important dans l’élaboration de ce « Green Deal » élaboré par la Commission européenne, dans le cadre de son Grand Reset. En janvier 2020, le Forum économique mondial, lors de sa réunion annuelle à Davos, réunissait des dirigeants de l’industrie et du monde des affaires avec le vice-président exécutif, Frans Timmermans, pour étudier comment catalyser le Green Deal européen. Ce qui a été annoncé le 14 juillet par Bruxelles en est le résultat. Le Forum Economique Mondial soutient le Groupe d’Action des PDG pour le Green Deal Européen afin que les grandes entreprises soutiennent le plan dystopique de Bruxelles.

    William Engdahl (Le Saker, 12 juillet 2021)

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  • Fidélité et persévérance, la force d’orienter le combat...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle vidéo d'Ego Non qui évoque Orientations, le texte de Julius Evola, publié en 1950 et destiné à la jeunesse de droite en Italie...

     

                                            

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  • Afghanistan : l’Union européenne, l’OTAN et nous...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au fiasco américain en Afghanistan.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

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    Évacuation de l’ambassade des États-Unis à Kaboul

     

    Afghanistan : l’Union européenne, l’OTAN et nous

    Les images de l’évacuation du personnel de l’ambassade américaine à Kaboul tournent en boucle sur les écrans. Antony Blinken peut affirmer que les troupes américaines s’en vont mission accomplie, le Président Biden assure qu’il confirme son choix du retrait, les correspondants locaux signalent que bien des Américains resteront présents en Afghanistan, comme « contractors » et agents divers,   il est difficile d’échapper à un triple constat, et d’ en éviter les conséquences.

    Un nouvel échec de la politique US

    D’abord, et selon une leçon maintes fois répétée, le passé ne compte pas pour des Etats-Unis qui se refont en permanence une nouvelle virginité géopolitique. Le Président Obama lui-même avait affirmé qu’il n était pas question que les Etats-Unis s’excusent pour avoir abattu un avion civil iranien avec 250 passagers à bord, pas plus qu’ils n’ont beaucoup interrogé les bombardements sur Hambourg ou Dresde et l’emploi de l’arme atomique sur Hiroshima et Nagasaki, alors même que seules des cibles civiles étaient visées – la victoire sans doute était à ce prix. L’esprit humain dispose de la capacité merveilleuse de l’oubli. Les Nations aussi. Mais ce qui leur assure bonne conscience et assurance collective peut aussi se révéler source d’ignorance et cause d’échec. « Le tombeau des Empires » qu’est l’Afghanistan aura une fois de plus bien mérité son nom.

    Ensuite, et nous en voyons un nouvel exemple, les alliances ne comptent pour les Etats-Unis que pour autant qu’elles servent leurs intérêts. Le mélange du brutalisme réaliste de Théodore Roosevelt et de l’idéalisme moraliste de Wilson est à cet égard redoutable ; les Etats-Unis auront toujours la morale de leurs intérêts. C’est la morale du plus fort ; en est-il une autre ? Et tant pis pour leurs collaborateurs afghans abandonnés aux talibans ! Il ne sert à rien de parler d’ingratitude, mais de rappeler cette leçon sans exception ; les traîtres à leur religion et leur peuple finissent toujours mal. Ceux qui sont tentés de collaborer avec l’occupant américain, en Europe comme ailleurs, contre les intérêts des leurs, doivent s’en souvenir.

    Enfin, la faillite du droit sans la force et même, avec elle, devrait interpeller une Union européenne qui poursuit une hallucinante fuite en avant normative et juridique. Les services de renseignement américains, aveuglés par une idéologie qui interdit de considérer les ethnies, la religion, le genre, la tradition, comme des données fondamentales de l’ordre politique et de l’expérience humaine, ont fait croire à la fiction d’une armée nationale afghane – comment pourrait-il y avoir une armée afghane quand il n’y a pas de Nation afghane ? Pléthores de conseillers, de juristes, de « écontractors » en tout genre, ont vendu pour des milliards de dollars la politique de leurs intérêts ; peu importent les résultats sur le terrain, l’essentiel était que Washington signe les commandes. Docile en façade, Kaboul a vécu sa « gay pride » comme les autres !

    La puissance américaine a choisi de ne pas voir l’indignation populaire qui sautait aux yeux, de ne pas entendre les signes multiples qui disaient que l’armée afghane n’était que château de sable, traversée par les rivalités ethniques séculaires ; a-t-elle été plus lucide en Syrie, en Irak, en Libye, le sera-t-elle en Ukraine et face à l’Iran ?

    L’Europe doit urgemment réfléchir à son indépendance

    Pour l’Union européenne, le devoir d’examen est urgent, il est sans appel. La question n’est plus de constater la mort clinique de l’OTAN, la question est de savoir si les fausses assurances que continue de dispenser l’OTAN ne sont pas en elles-mêmes un risque plus grand que ne le serait l’isolement. Car l’Union européenne continue de dispenser sans compter les dividendes de la paix à l’abri d’un imaginaire parapluie américain. Car l’Union européenne continue de faire l’économie de sa sécurité, en croyant au conte de fées du sauveteur extérieur et du payeur en dernier ressort. Car l’Union européenne se soumet à un ordre financier qui tôt ou tard aboutira au désastre enclenché par la décision de Richard Nixon de rendre le dollar non convertible en or – c’était le 15 août 1971, qui a rappelé cette date dans la presse française ?

    Après d’autres, avant d’autres, la fuite américaine hors d’Afghanistan doit réveiller la conscience européenne. Nul n’attend de l’Union européenne qu’elle vienne se mêler de ses affaires ; l’insolence des jugements moraux du Parlement est étouffante, insultante, et se paiera. Nul ne fera pour l’Europe ce qu’elle ne fera pas pour elle-même. Nul ne fera pour les Nations européennes ce qu’elles ne feront pas pour elles-mêmes en matière de frontières, de défense et de sécurité.

    L’Union a manqué le grand rendez-vous avec l’histoire qu’aurait été le rapprochement avec la Russie d’après Eltsine et la constitution du bloc ouest-eurasiatique, autonome en énergie, en agro-alimentaire, assurant lui-même sa défense, un bloc allié des Etats-Unis, équilibrant la montée de la Chine, succédant légitimement à une OTAN à laquelle la chute de l’Empire soviétique enlevait sa raison d’être. Le rendez-vous a été manqué et ne sera pas reporté. Tout indique que les partenaires contraints que sont la Chine et la Russie resserrent sans cesse leur alliance, sous l’emprise d’une agressivité américaine qui manque son objet – la concurrence entre des systèmes qui chacun prétendent assurer le progrès humain. Tout indique aussi que le fantasme occidental d’une Russie étouffée par la Chine et contrainte de se plier aux exigences de l’Ouest est bien loin de la réalité. A moins que l’Union européenne fasse à la Russie une offre que celle-ci ne pourrait pas refuser – mais laquelle, venant de qui, et portant sur quoi ?

    L’exemple afghan vaut leçon. Il n’y aura pas plus d’armée européenne qu’il n’y a eu d’armée afghane, parce qu’il n’y a pas de Nation européenne ; ce qui ne signifie pas qu’il ne puisse y avoir d’actions de Défense européenne, sur des sujets communs de sécurité et de protection.

    La fausse sécurité de l’OTAN est le premier obstacle que les Nations européennes rencontrent sur la voie de la sécurité commune, avec le détournement de fonds que la commande obligée à l’industrie américaine signifie pour les Etats et les industriels européens de la Défense ; la Pologne laissée à l’écart de l’accord sur Nordstream2 donne à cet égard le lamentable exemple de la sujétion sans contrepartie. Il n’y aura pas plus d’Etat européen qu’il n’y a d’Etat afghan, parce que l’écart des expériences historiques, des appartenances et des intérêts renvoie la rhétorique sur la communauté de destin au vide qu’elle ne dissimule plus; la démission de l’Allemagne face à la Turquie comme la soumission de l’Union aux injonctions américaines d’embargo et de sanctions vaut preuve.

    Et il y aura d’autant moins de Nation européenne que l’inflation du droit et de la norme étouffe le politique, cette conscience politique ; celle identité collective et cette volonté politique qui seules pourraient fonder une Nation. Que l’exemple afghan le rappelle aux peuples oublieux de leur histoire ; il n’est pas donné à tous d’avoir une Nation, et ce trésor qu’est un Etat Nation en pleine possession de son territoire se protège, se défend, et se mérite.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 18 aout 2021)

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  • Ce qui nous arrive...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Fortune, cueilli sur son blog et consacré à la gestion de la crise sanitaire et à ce qu'elle démontre... Paul Fortune est l'auteur de deux romans, Poids lourd et Dérive

     

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    Ce qui nous arrive

    La crise de covidémence est particulièrement perturbante car elle nous laisse en plein désarroi : il est très difficile de comprendre ce qui se passe. De comprendre ce qui nous arrive. Si nous pouvons mieux saisir ce qui la sous-tend, alors nous serons moins angoissés par la situation et nous pourrons y répondre avec un peu plus de sérénité. Ma conviction profonde est que cette crise, au-delà de son aspect profondément liberticide, indique un moment civilisationnel.

    En surface, il est évident que nos dirigeants sont dépassés et se sont engagés dans une voie où seule la surenchère devient possible. C’est très exactement une situation d’hybris, de démesure, à laquelle les Grecs anciens faisaient immanquablement succéder un écroulement par punition divine. Macron et sa bande sont pris dans cette surenchère, et il ne faut pas trop leur prêter de motifs rationnels ou de calculs machiavéliques. Ce ne sont pas des génies du mal, tout au plus des exécutants médiocres et appliqués d’un projet qu’ils ne comprennent pas totalement eux-mêmes. Ce projet, certains le voient comme la tentative du capitalisme de connivence de se transformer en capitalisme de surveillance totale afin de lutter contre la baisse tendancielle du taux de profit. Mieux nous contrôler pour nous faire accepter l’inévitable crise de la surconsommation permanente. Je ne suis pas entièrement en accord avec cela, mais l’explication se défend.

    Au niveau le plus basique, celui de Macron et de ses sbires, je pense qu’il y a eu tout d’abord une panique face à l’inconnu – et les cercles dirigeants savaient probablement dès janvier qu’un virus s’était échappé d’un laboratoire chinois – panique qui les a poussé à se couvrir au maximum, tant ils sont pusillanimes et manquent de vision politique réelle. Ces gens sont dans l’âme des gestionnaires et ne comprennent rien à tout ce qui est grand. De plus, la perspective de pouvoir contrôler les faits et gestes de tous les citoyens n’est pas pour leur déplaire, et c’est d’ailleurs la pente naturelle de tout pouvoir de chercher à s’accroître autant que possible. Ajoutez à cela la personnalité instable, rigide et narcissique de Macron, personnage incapable d’empathie autant que de remise en question, et vous avez la recette idéale pour une folie liberticide déconnectée de toute justification réelle. En embuscade, il y a évidemment l’industrie pharmaceutique, trop heureuse de trouver une bonne occasion d’écouler massivement ses produits et d’engranger de substantiels bénéfices. Ces choses sont très basiques, et cette explication suffit bien souvent : goût du lucre, goût du pouvoir pour le pouvoir. Les puissants ne sont  autre chose que des hommes, après tout.

    Mais il n’y a pas de plan diabolique. Juste à la rigueur un projet des puissants pour devenir encore plus puissants et engranger encore plus de fric pendant qu’il en est encore temps. Parce que ce projet est lui-même un symptôme, au même titre que la crise de covidémence. Ce qu’il y a derrière, c’est tout simplement la modification en profondeur de ce qu’ont été la France et plus largement les pays européens, et dans une moindre mesure les Etats-Unis. L’explication est simple : nos pays sont vieillissants et notre poids démographique relatif dans le monde diminue, alors que notre économie n’est plus à même depuis longtemps de nous assurer une place dominante dans le monde.

    Jamais auparavant dans l’histoire la situation ne s’est présentée. C’est la première fois que des pays ont une population âgée aussi importante en nombre et en proportion. Cela pèse nécessairement sur les mentalités, car les vieux ne souhaitent en général qu’une chose : finir tranquillement en profitant de leur retraite et de leurs économies. La France est un exemple parfait de cette mentalité qui contamine tout projet politique. L’excès de prudence, la terreur face à une maladie en réalité peu dangereuse pour des gens en bonne santé, ne vient que de ce que l’esprit de vieillesse nous domine. Et nous n’y pouvons rien. Une société de vieux est une société peureuse, sans dynamisme ni avenir, qui souhaite seulement préserver un statu quo. De là le deuxième élément : nous n’avons plus les moyens de notre illusion de puissance. Peu à peu, nous déclinons, et ce déclin prend la forme d’une marche forcée à la décroissance sous prétexte d’écologie et de réchauffement climatique. Cette dégringolade organisée n’est pas inéluctable, elle est uniquement le fait de pays qui ont renoncé à tout projet politique justement parce qu’ils sont trop vieux.

    Macron et ses délires ne sont qu’un symptôme. Macron est d’ailleurs littéralement marié à la vieillesse, et son couple est voué à la stérilité, c’est à dire à la mort et à la disparition. Un homme d’une quarantaine d’années peut avoir un projet avec un femme de son âge ou plus jeune, il ne peut strictement rien envisager avec une femme de 68 ans. De même, aucune société ne peut avoir de projet à long terme si elle se concentre sur les desiderata de sa population âgée. La vieillesse était autrefois rare et synonyme de sagesse, elle est devenue pléthorique et synonyme de déclin.

    En tant que pays, nous n’avons plus de projet parce que nous sommes trop vieux pour cela, et c’est ainsi que nos dirigeants ont renoncé à tout. Et face à nous, il y des pays plus jeunes, qui en veulent, et qui même s’ils n’ont pas les moyens intellectuels de domination, finiront par avoir le dessus si nous ne retrouvons pas un esprit de jeunesse, c’est à dire un esprit conquérant.

    Paul Fortune (Blog de Paul Fortune, 8 août 2021)

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  • Contre la société de surveillance : la conception européenne de la liberté...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de Guillaume Travers, cueilli sur le site de l'Institut Iliade et consacré à la mise en place, sous couvert de mesures sanitaires, d'une société de surveillance totalement étrangère aux traditions de liberté des Européens.

    Professeur d'économie, Guillaume Travers est chroniqueur à la revue Éléments et a déjà publié Pourquoi tant d'inégalités ? (La Nouvelle Librairie, 2020), un petit essai de réfutation des thèses de l'économiste Thomas Piketty, ainsi que Économie médiévale et société féodale (La Nouvelle Librairie, 2020), Capitalisme moderne et société de marché (La Nouvelle Librairie, 2020) et Corporations et corporatisme (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    Contre la société de surveillance : la conception européenne de la liberté

    L’introduction du « pass sanitaire » suscite chez beaucoup le sentiment d’une profonde rupture en matière de libertés publiques. Celle-ci a deux aspects. Tout d’abord, une fermeture de l’espace public, donc certains seront exclus en raison d’un critère médical. Ensuite, une privatisation du contrôle, puisque tout le monde contrôlera tout le monde : un employeur, ses salariés ; un restaurateur, ses clients ; un couple de mariés, ses convives.

    Passée la sidération, il est aisé de voir que cette société de surveillance n’est pas si nouvelle. Elle couve et progresse depuis déjà des années. La surveillance accrue de l’expression sur les réseaux sociaux, dont témoigne la hausse exponentielle des comptes et des messages supprimés, obéit à la même logique : fermeture de l’espace public, par la suppression pure et simple des moyens d’expression pour ceux qui dérangent ; privatisation des contrôles, délégués aux plateformes numériques et aux spécialistes des « signalements » en tous genres. Le même mécanisme est encore à l’œuvre dans le mouvement indigéniste, dans celui des « Sleeping Giants » ou dans l’idéologie « woke ». À chaque fois, le mode opératoire repose sur l’action privée de militants pour faire disparaître de l’espace public toute personne qui leur disconvient.

    Un changement de nature de l’espace public

    Lorsqu’elle progresse, la société de surveillance procède fondamentalement d’un changement de nature de l’espace public : la possibilité d’une vie sociale normale y est conditionnée à la conformité à une norme abstraite, plus ou moins arbitraire, de nature juridique ou morale. Et ceux qui ne s’y plient pas sont rendus invisibles, relégués à la marge, là où on ne les voit plus. L’espace public doit devenir un espace d’homogénéité.

    Si cette logique doit inquiéter, c’est parce qu’elle ébranle l’un des héritages plurimillénaires de notre civilisation, à savoir une conception spécifiquement européenne de la liberté. Depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne, des auteurs aussi divers qu’Aristote (dans sa Politique) ou Montesquieu (dans ses Lettres persanes) ont opposé la liberté des terres d’Europe à ce qu’ils nommaient un « despotisme oriental ». Leur sentiment n’était guère différent de celui de nombre d’Européens actuels qui observent avec circonspection le système de « crédit social » mis en place en Chine, par lequel les citoyens sont constamment tracés et notés, en fonction de leur comportement dans les transports, du remboursement de leurs dettes, etc., et peuvent se retrouver sur « liste noire », exclus du domaine public, voire de toute vie sociale. Si elle peut parfois paraître trop simple, l’opposition entre la liberté des Européens et le « despotisme oriental » a au moins un mérite : elle nous dit quelque chose de la manière dont les peuples d’Europe se représentent eux-mêmes depuis leurs origines.

    Quelle est donc cette conception européenne de la liberté ? Le point peut-être le plus fondamental est que la liberté – d’exister dans la vie publique, d’exprimer une opinion – n’est pas définie en fonction de critères juridiques, mais de critères politiques. Ainsi, en Europe, ce n’est traditionnellement pas la conformité à une règle de droit abstraite qui rend libre, c’est toujours l’appartenance à un peuple, et l’attachement à une terre. Dans le monde des cités grecques antiques, la liberté n’est jamais absolue. Elle est le corrélat de la citoyenneté politique : à Athènes, on est libre d’abord parce que l’on est Athénien. Si un Athénien peut participer à la vie publique de sa cité, et y exprimer des opinions fort diverses, ce n’est pas parce que tout est permis à tous, mais parce que le garde-fou est d’une autre nature : non une règle donnée extérieurement, mais un enracinement sensible. En d’autres termes, les attachements proprement politiques sont la condition première de la liberté. La même chose prévaut dans le monde des communautés médiévales, que l’on songe aux libertés des communes ou à celles des confréries religieuses ou des métiers. Les libertés sont toujours relatives à des attaches communautaires particulières : c’est parce que l’on est d’une ville ou d’une corporation que l’on jouit de certaines prérogatives dans l’espace public (exercer un métier, etc.). Liberté et unité de la communauté sont indissociables.

    Un bouleversement civilisationnel qui vient de loin

    À l’époque moderne, deux forces poussent à l’abandon de cette conception politique de liberté. Premièrement, la surenchère dans la « logique des droits », issue des Lumières, reprise par la Révolution française, qui pousse à inscrire dans la loi un nombre toujours croissant de droits abstraits. Cette logique déconnecte l’attribution de droits individuels de toute appartenance politique (ces droits valent « pour tous les hommes ») et, surtout, nous habituent à penser les libertés comme quelque chose qui est accordé par un texte de loi lointain et abstrait, là où nous avions pour habitude de les penser comme résultant d’une pratique politique particulière au sein d’une communauté historique. Deuxièmement, le grand brassage des peuples depuis quelques décennies a tendu à fracturer les sentiments d’appartenance politiques, pour réduire la citoyenneté à un statut juridique, soit là encore un espace corseté par le « droit ».

    La société de surveillance qui se met en place dans le monde post-Covid accélère cette dissociation de la liberté et de l’appartenance communautaire. Certains ont pu écrire qu’il serait désormais plus facile d’être sans-papiers que sans pass vaccinal. Ce n’est peut-être pas là qu’une boutade, mais l’aboutissement d’une logique qui déprécie les appartenances pour ne plus penser la liberté que comme conformité à une norme la plus abstraite possible. Ceux qui seront « libres » en France demain ne seront pas les Français mais ceux – d’où qu’ils viennent – qui auront un code QR dont l’authenticité aura pu être vérifiée. C’est là un bouleversement civilisationnel.

    Guillaume Travers (Institut Iliade, 28 juillet 2021)

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  • En France, pas de passe sanitaire pour les immigrés...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de Paul Tormenen, cueillie sur Polémia et consacrée à la nouvelle vague migratoire que subit l'Europe depuis quelquies mois.

     

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    En France, pas de passe sanitaire pour les immigrés

    Un prêtre à de nouveau été assassiné par un extra-européen en France. Après le père Hamel tué par les terroristes islamistes Adel Kermiche et Abdel Malik Nabil-Petitjean, c’est le père Olivier Maire qui a été assassiné par Emmanuel Abayisenga, clandestin rwandais… qui était sous le coup d’une procédure judiciaire pour avoir voulu incendier la cathédrale de Nantes le 18 juillet 2020. Pendant que les Français sont soumis à une incroyable tyrannie sanitaire, les immigrés extra-européens bénéficient toujours d’un laxisme insupportable. Dans le texte qui suit, Paul Tormenen le démontre de manière implacable.
    Polémia

     

    Il y a quelques mois, en mai 2020, trois organisations internationales soulignaient que le rétablissement des transports internationaux, interrompu momentanément en raison de la crise sanitaire, risquait d’entrainer un afflux de clandestins en Europe (1).
    Les informations disponibles en la matière montrent que ces prévisions étaient totalement fondées : depuis quelques mois, l’émigration clandestine redouble, en particulier vers la France.
    Le gouvernement français, fidèle à la ligne de conduite laxiste tracée par le chef de l’État, apparait incapable d’endiguer cette vague montante. Pendant ce temps, en Europe, d’autres gouvernements prennent des mesures fermes pour contenir l’immigration extra-européenne, en dépit des protestations de la commission européenne et des O.N.G. Alors que la France apparait comme le maillon faible, ils ont compris qu’il y avait urgence à réagir pour éviter le chaos et les conflits communautaires.

    L’Europe plus vulnérable que jamais

    Depuis le rétablissement des traversées clandestines d’Afrique et de Turquie vers l’Europe, les Organisations Non Gouvernementales déplorent de très nombreuses noyades de migrants en mer méditerranée. Ces événements tragiques sont révélateurs de l’essor considérable du nombre de départs de clandestins des côtes africaines et turques.

    Fin juillet, les arrivées clandestines en Europe par la mer et par la terre étaient en augmentation de 53% par rapport à l’année dernière, selon l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) (2).

     

    Nombre d’arrivées clandestines recensées  A fin juillet 2020 Au 28 juillet 2021 Évolution
    IOM  41 440  63 798 + 53%

    Source : OIM. Arrivées en Europe au 31 juillet 2020 et au 28 juillet 2021

     

    Il faut ajouter à ce nombre toutes les arrivées non comptabilisées qui viennent grossir le stock des clandestins, comme les étrangers venus en Europe avec un visa de tourisme ou d’études qui ne repartent pas dans leur pays à l’échéance de leur titre de séjour.

    Plusieurs facteurs concourent à l’importance actuelle de l’immigration clandestine :

    • La crise économique au Maghreb, et plus largement en Afrique, causée par le ralentissement de l’activité, notamment touristique, se traduit par un développement de la pauvreté. La conquête progressive du territoire afghan par les Talibans amène de nombreux Afghans à demander l’asile en Europe ou à y pénétrer clandestinement via la Turquie (3).

     

    • Le retour en mer méditerranée des bateaux des passeurs et autres trafiquants d’êtres humains. Il s’agit d’un secteur florissant de l’économie informelle en Afrique, avec des passeurs qui viennent démarcher les jeunes dans les pays de départ (4).

     

    • Le retour en mer méditerranée des bateaux des O.N.G. et l’accroissement de leur budget grâce à des subventions publiques. SOS méditerranée et son bateau Océan Viking bénéficient ainsi depuis le début de l’année de financements pérennes. En plus de bailleurs de l’O.N.G. comme la Croix rouge et le Croissant rouge, une cinquantaine de collectivités territoriales et locales françaises, dirigées par des élus de gauche, se sont engagées au sein d’une « plateforme des collectives solidaires françaises » à apporter leur soutien financier à SOS méditerranée (5).

     

    • Les contraintes imposées par l’Union européenne. Au travers de ses interventions intempestives, la commission européenne ne cesse d’affaiblir la capacité des pays européens à endiguer l’immigration clandestine.
      Des parlementaires européens ont récemment accusé des agents du corps de garde-côtes Frontex de pratiquer des refoulements de clandestins en haute mer. La commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, a immédiatement demandé au directeur de Frontex d’augmenter sensiblement le nombre d’« observateurs des droits fondamentaux », chargés notamment de veiller à ce que les clandestins puissent faire une demande d’asile en haute mer ( ! ) ou aux frontières terrestres et entrer sur le territoire européen (6).
      Dans le prolongement de cette demande, la commission européenne vient de saisir la cour de justice de l’Union européenne pour faire condamner les autorités hongroises, au motif qu’elles pratiqueraient des refoulements aux frontières, en violation d’une directive européenne (7).C’est ainsi la capacité même des pays européens à contenir l’immigration clandestine qui est remise en cause. Les bureaucrates européens sont par contre beaucoup plus discrets quand des douaniers hongrois se font agresser par des migrants à la frontière avec la Serbie, comme cela s’est passé le 29 juillet (8).

      À défaut de volonté d’endiguer les flux migratoires, la commission européenne organise la répartition des migrants dans les différents pays européens. La « solidarité » avec les pays de premier accueil des clandestins (Espagne, Italie, Grèce) souhaitée par la commission européenne s’exprime en effet au travers des relocalisations des migrants dans les pays européens volontaires. Le gouvernement français y répond toujours favorablement. Pour favoriser ces mouvements de population, la commissaire européenne a annoncé qu’un budget de 300 millions d’euros allait être dédié à la relocalisation de 30 000 migrants d’ici fin 2022 (9). Pendant ce temps, l’organisation du retour des étrangers arrivés illégalement en Europe dans leurs pays semble à peine envisagée, tant les Etats européens ont su avec force traités et directives entraver leur capacité à maitriser l’immigration.

    • L’utilisation de l’immigration comme arme diplomatique. La sous-traitance à des pays tiers du contrôle des frontières extérieures de l’espace Schengen a placé les pays européens dans une situation de très grande vulnérabilité. En mars 2020, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, téléguidait des milliers de migrants à la frontière grecque, afin de faire monter les enchères en vue de la renégociation de l’accord migratoire conclu avec l’Union européenne en 2016. En mai 2021, plusieurs milliers de Marocains ont, parfois en agressant des douaniers espagnols, forcé la frontière pour accéder au territoire espagnol de Ceuta, au nord du continent africain. Depuis le mois de juin, la Lituanie fait face à un afflux de migrants tacitement autorisé, voire organisé, par le gouvernement du pays voisin, la Biélorussie.

    À chaque fois, les gouvernements hostiles ouvrent les vannes à l’immigration clandestine pour faire pression sur l’Union européenne (dans le cas de la Grèce et de la Lituanie) ou sur le pays voisin (dans le cas de l’Espagne) en raison de divergences diplomatiques. A chaque fois, ce sont des flux d’immigration supplémentaires qui arrivent en Europe.

    La France désarmée

    Dans ce contexte, la France apparait particulièrement vulnérable. L’incurie du gouvernement français en la matière se manifeste sous différentes formes :

    • Le nombre de placements en rétention d’étrangers en situation irrégulière en vue de leur éloignement et le nombre d’éloignements effectifs du territoire se sont effondrés, comme en témoigne un rapport paru récemment  (10).
    • Le refus de certains clandestins de faire des tests PCR apparait comme une nouvelle parade, qui s’ajoute à la guérilla juridique, pour faire échouer l’application des Obligations de Quitter le Territoire Français (11).
    • Des associations immigrationnistes prennent l’opinion publique à témoin lors d’occupations de places publiques complaisamment médiatisées, pour que des « mises à l’abri » collectives de migrants soient organisées. Rien qu’à Paris, 9 opérations de ce type ont été menées depuis le début de l’année. A aucun moment les autorités françaises n’évoquent le retour dans leur pays des clandestins, en lieu et place de leur orientation vers des structures d’accueil.
    • La liste des pays sûrs dont les ressortissants ne peuvent se prévaloir du droit d’asile a récemment été réduite sur décision du conseil d’Etat, afin de garantir les droits des LGBT (12).
    • Au lieu de restreindre les conditions d’accès à l’Aide Sociale à l’Enfance, massivement détournée de son objet initial par des jeunes extra-européens, le gouvernement et des départements s’emploient à leur bâtir des parcours d’insertion après leur majorité, au travers notamment de la Garantie Jeunes (13).

    Dans ces conditions, les rares indicateurs qui filtrent en dehors des statistiques annuelles sont au rouge :

    • +40% de demandes d’asile déposées en France en juin 2021 par rapport à l’année dernière (14),
    • chaque mois, plus de 1 000 clandestins supplémentaires bénéficient de l’Aide Médicale d’Etat, en dépit des sorties du dispositif grâce aux très nombreuses régularisations largement accordées par le gouvernement français (15).

    Le gouvernement français regarde ailleurs

    Face à une situation qui va rapidement devenir chaotique, le gouvernement français se fixe comme objectif bien peu ambitieux d’expulser les étrangers en situation irrégulière radicalisés et les délinquants, avec un succès pour le moins mitigé (16). Contrairement à d’autres pays européens, les autorités françaises se refusent à conditionner l’aide au développement et l’octroi de visas à la délivrance de laisser passer consulaires par les pays d’origine des clandestin, le précieux sésame permettant d’organiser leur retour.

    En Europe, des gouvernements ne restent pas inertes face à la submersion migratoire

    Si le gouvernement français apparait tétanisé à l’idée de prendre le problème de l’immigration à bras le corps, d’autres pays européens prennent des initiatives résolues.

    Le Royaume-Uni a récemment annoncé conditionner la délivrance des titres de séjour à la bonne volonté des pays tiers à délivrer des laisser passer consulaires. Les autorités de ce pays rejoignent celles du Danemark pour organiser l’externalisation, notamment en Afrique, des procédures d’asile. L’objectif assumé est d’éviter l’immigration économique subie et que les mesures d’éloignement des étrangers en situation irrégulière s’enlisent dans les méandres administratifs et judiciaires.

    La Suède vient pour sa part d’adopter une loi limitant la durée des titres de séjour accordés aux bénéficiaires de la protection internationale (17). Le gouvernement hongrois exige désormais que les demandes d’asile soient effectuées en dehors du pays, ce qui a contribué à en réduire drastiquement le nombre, qui était déjà très faible (18). Pour stopper la pression migratoire, la Lituanie et l’Autriche déploient des militaires aux frontières (19).

    Pendant ce temps, le ministre de l’intérieur français demande l’aide de Frontex pour…contenir les départs de migrants de France vers le Royaume-Uni ! (20). Chacun ses priorités. Dans le cas présent, le gouvernement français semble faire du pédalo dans une mer agitée.

    En 2017, le mentor d’Emmanuel Macron, Jacques Attali, exprimait sa conception de l’immigration : « Tout pays doit se penser comme un hôtel et ses habitants comme des hôteliers. Recevoir sans cesse des étrangers. Être accueillant » (21). Avec le recul, on peut constater que l’élève a suivi scrupuleusement les préceptes du maitre, « quoiqu’il en coûte » pour la France et les Français. Le réveil sera rude.

    Paul Tormenen (Polémia, 10 août 2021)

     

    Notes

    (1) « Après le confinement, la submersion migratoire ? ». Polémia. 19 mai 2020
    (2) Flow monitoring Europe. Arrivals to Europe. IOM. Requête au 2 août 2021
    (3) « As Taliban advances, Europe fears an afghan migration crisis ». VOA news. 2 août 202
    (4) « Au Sénégal, des passeurs face à la justice ». Jeune Afrique. 30 avril 2021
    (5) « La plateforme des collectivités solidaires ». Site de SOS méditerranée
    (6) « Commissioner Johansson’s remarks at Libe working group on Frontex scrutiny »
    (7) « La commission européenne saisit la cour de justice de l’Union européenne d’un recours contre la Hongrie pour restriction illégale de l’accès à la procédure d’asile ». Commission européenne. 15 juillet 2021
    (8) « Migrants attack guards on Hungarian-Serbian border ». RMX News. 29 juillet 2021
    (9) « EU aims for 30 000 refugees resettlements until 2022 ». Infomigrants. 13 juillet 2021
    (10) « Centres et locaux de rétention administrative ». Rapport 2020. La Cimade.
    (11) « Refuser les tests PCR permet au moins de retarder l’expulsion ». La Voix du nord. 21 mai 2021
    (12) « Immigration : le conseil d’Etat retoque la liste des pays sûrs ». Le Figaro. 2 juillet 2021
    (13) « La Garantie Jeunes doit devenir un droit pour tous les précaires ». 20 minutes. 7 janvier 2021
    (14) « Récapitulatif des indicateurs de l’OFFI en juin 2021 ». Tweet de l’OFII. 20 juillet 2021
    (15) Rapport n°4195 sur le projet de loi de règlement du budget et d’approbation des comptes de l’année 2020. Assemblée nationale
    (16) « Macron demande un tour de vis sur l’expulsion des étrangers irréguliers ». L’Express. 9 juin 2021
    (17) « Entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’immigration ». Euronews. 22 juillet 2021
    (18) « En Hongrie, il n’est actuellement plus possible de demander l’asile ». Infomigrants. 31 août 2020
    (19) « Immigration : l’Autriche mobilise des centaines de soldats à ses frontières ». Valeurs actuelles. 25 juillet 2021
    (20) « Darmanin demande à Frontex de s’occuper du nord de l’Europe ». Euractiv. 26 juillet 2021
    (21) « La Suisse doit se penser comme un hôtel ». Interview de Jacques Attali. 24 heures.Ch. 17 octobre 2017

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