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Livres - Page 583

  • L'équipée du Comandante !

    "Histrion hyperbolique" pour les uns, surhomme nietzschéen pour les autres, le poète italien Gabriele d'Annunzio a marqué les esprits de son époque. Et au sortir de la Grande Guerre au cours de laquelle, il s'est, comme aviateur, comporté en héros, il est devenu la figure de proue des combattants de la péninsule. C'est donc au sommet de sa gloire qu'il se lance à la tête de ses volontaires dans l'extraordinaire aventure de Fiume, qui va lui permettre, de septembre 1919 à décembre 1920, de tenir l'Italie et l'Europe en haleine. Avec L'équipée de Gabriele d'Annunzio, les éditions Arléa publient en collection de poche le reportage que le journaliste Albert Londres a consacré à la conquête de Fiume par le Comandante.

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    "Au lendemain de la Première Guerre mondiale, un homme ébranle l’Italie et fascine les Italiens : Gabriele d’Annunzio, officier de l’armée de l’air et poète. Succombant à cette fascination, Albert Londres suit de très près la brûlante affaire de Fiume, port de l’Adriatique que se disputent les puissances européennes. Avant même que d’Annunzio décrète la cité «Etat libre de Fiume», le grand journaliste rend compte de l’affaire avec tant de force, qu’il sera licencié du Petit Journal sur ordre de Clemenceau."

    * 

    L'aventure de Fiume, c'est certes celle d'une rébellion en arme, mais c'est aussi celle d'un renversement de l'ordre établi au profit d'une expérience politico-lyrique reposant sur une spontanéité vitaliste, qu'a très bien décrite Claudia Salaris dans son livre A la fête de la révolution - Artistes et libertaires avec D'Annunzio à Fiume, publié en 2006 aux éditions du Rocher.  

      

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    "En septembre 1919, le poète italien Gabriele D'Annunzio, à la tête d'une troupe de jeunes anciens combattants - les arditi -, s'empare, sur la côte adriatique, de la ville de Fiume afin de la rattacher à l'Italie. Pendant plus d'un an, Fiume va devenir une petite contre-société expérimentale, exprimant sa sympathie pour la jeune révolution soviétique et les peuples colonisés, nouant des contacts avec les milieux anarchistes mais inaugurant, simultanément, les formes d'expression du fascisme naissant - la chemise noire, le poignard au côté, le dialogue direct entre le tribun et la foule, la liturgie de masse. L'aventure fiumaine est également attentive aux formes de rupture en matière de culture - avec Dada et aussi Marinetti et les futuristes - et de mœurs - elle autorise le divorce et accorde le droit de vote aux femmes, tolère l'homosexualité, l'usage des stupéfiants et le naturisme. Enfin, elle expérimente une " économie pirate ", centrée sur la primauté du don comme valeur fondamentale du lien social. En fait, cet " ordre lyrique " des " artistes au pouvoir " et leur usage politique de la dérision font plus penser à mai 1968 qu'à l'émergence des mouvements et régimes totalitaires. Et Claudia Salaris explore superbement, grâce à une multitude de documents politiques et littéraires, ce qui fut l'un des premiers chapitres de la " culture de la révolte " qui a caractérisé le XXe siècle."

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  • 20 000 milliards de dollars !...

    Analyste financier et observateur lucide des milieux de la bourse, Edouard Tétreau a passé ces trois dernières années aux Etats-Unis et a pu observer aux premières loges le déroulement de la crise. Avec 20 000 milliards de dollars - chroniques de la folie américaine, publié chez Grasset, il nous offre une portrait sans fard d'un pays malade et au bord de l'explosion ...

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    "Vous voulez la bonne ou la mauvaise nouvelle ?
    La bonne : l’Amérique est de retour. Le « Yes we can » de Barack Obama semble avoir galvanisé un pays sous tension, sorti d’une crise sans précédent aucun depuis 1929, et en voie de guérison.
    La mauvaise : l’Amérique aura bientôt (2020) atteint le seuil de 20.000 milliards de dollars de dette publique. Premier créancier : la Chine. D’après Edouard Tétreau, qui conjugue dans ce livre hilarant mais effrayant le talent de l’humoriste et le fiel du pamphlétaire, la première puissance mondiale ne remboursera jamais sa dette. Vous vous en fichez ? Vous avez tort : c’est VOUS qui allez payer.
    Après Analyste, plongée au cœur de la folie des marchés financiers, le nouveau Tétreau nous précipite dans l’œil du cyclone : l’aberration de la puissance américaine, du Kansas à Manhattan, d’une chambre forte à un bureau de lobbyiste. En trois parties, Requiem, Born Again, Apocalypse, c’est l’Amérique dans tous ses états : la religion comme marché, les 75 millions de chiens domestiques sur-nourris, les vautours de Wall Street qui ne savent rien, disent-ils, des produits toxiques, un taux d’intérêt à 79,9 %, la faillite de Lehman Brothers vue d’un balcon privilégié, mais aussi l’immigration galopante, l’hispanisation de la société, le dynamisme de la Silicon Valley, une visite à Detroit ou à Palo Alto, la Californie propre ou le Mexique en surchauffe. « Je ne connais pas de pays où l’amour de l’argent tienne une plus large place dans le cœur de l’homme. » La phrase de Tocqueville n’a pas pris une ride… "

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  • Umberto Eco antisémite involontaire ?...

    Antisémite ?... Umberto Eco, l'auteur du Nom de la rose et du Pendule de Foucault se croyait sans doute insoupçonnable !

    Et pourtant, comme l'indique Marcelle Padovani sur Bibliobs, avec la sortie de son nouveau roman  Il Cimitero di Praga ("Le cimetière de Prague"), dont l'intrigue est centrée sur l'invention des Protocoles des Sages de Sion, le faux le plus célèbre de l'histoire, il est la cible d'accusations d'antisémitisme involontaire...

    Ainsi, lui qui a voulu se confronter aux clichés antisémites «pour les démonter», se trouve accusé par Pagine ebraicha, le mensuel du judaïsme italien, qui lui consacre un dossier de sept pages dans son numéro d'octobre, de semer la confusion et de construire ce qu'il a voulu défaire.

    Du côté de l'Osservatore romano, le quotidien du Vatican, on note avec componction que «les continuelles descriptions de la perfidie des Juifs font naître un soupçon d'ambiguité.»

    Enfin le Rabin de Rome, dans l'hebdomadaire L'Espresso, juge lui aussi que le message d'Eco est ambigu, au terme d'un raisonnement dont on peut apprécier la clarté : «Dans le livre d'Eco, les trois sujets qui sont accusés de complot sont les Juifs, les Maçons et les Jésuites. Les Jésuites sont les premières victimes de Simonini : mais de la narration on comprend que ce sont des gens au fond peu recommandables. Même chose, sur un ton mineur, pour les Maçons : au 19ème siècle, ils participèrent à des jeux de pouvoir. Et si il y a des morceaux de vérité quand on parle de Jésuites et de Maçons, le problème se pose pour les Juifs: seraient-ils les seuls à être des victimes innocentes, ou bien y a-t-il quelque chose de vrai dans leur complot? Voilà où le jeu lancé par Eco devient dangereux.»

    Ambiguïté, confusion, danger... : il ne nous reste plus qu'à espérer qu'Eco trouvera un éditeur en France pour nous permettre de juger son roman sur pièce !

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  • Le bolchévisme à la française !

    Stéphane Courtois, l'homme qui a jeté, il y a treize ans, Le livre noir du communisme comme "un pavé dans l'histoire", publie aux éditions Fayard Le bolchévisme à la française, un ouvrage dans lequel il éclaire les liens étroits qui n'ont eu de cesse d'exister entre le parti communiste français et son modèle soviétique, jusqu'à sa disparition.

     

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    "Treize ans après la publication du Livre noir du communisme et à l’occasion du quatre-vingt-dixième anniversaire du Parti communiste français, Stéphane Courtois s’interroge sur la nature de ce qu’il nomme le « bolchévisme à la française », sur son adhésion au marxisme-léninisme et à l’URSS. Pourquoi et comment a pu prospérer, au cœur de la démocratie française, un parti étroitement associé à l’un des grands mouvements totalitaires du XXe siècle ?
    Pour répondre à cette question, l’auteur revient sur l’historiographie, rappelant combien elle est l’enjeu d’un conflit aigu entre une mémoire glorieuse et une histoire largement renouvelée par l’ouverture des archives de Moscou. Il aborde le rôle fondamental du bolchévisme et de l’URSS dans la création, en décembre 1920, du « Parti » et montre comment le modèle élaboré à Moscou s’est greffé sur le corps du socialisme français pour imposer en France un bolchévisme gallican. Il s’attache à la figure de ces staliniens français – Thorez, Duclos, Marchais entre autres –, membres de la nomenklatura communiste internationale, qui ont construit et dirigé le PCF durant des décennies. Enfin, il met en lien le déclin puis la mort du PCF avec la chute du mur de Berlin et de l’implosion de l’URSS."

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  • Contre les écologistes benêts !...

    Aurélien Bernier et Michel Marchand viennent de publier aux éditons Mille et une nuits, dans la collection Les Petits Libres, un court texte incisif, intitulé Ne soyons pas des écologistes benêts. Les auteurs démontent l'imposture du capitalisme vert et se positionnent contre l'écologie des bobos à la Cohn-Bendit pour prôner une politique offensive de rupture avec le capitalisme mondialisé qui passerait notamment notamment par la mise en place d'un protectionnisme social et écologique au niveau national.

    Un ouvrage dont on ne partagera pas toutes les idées, mais qui témoigne de la pénétration de la thèse protectionniste dans l'opinion...

    On peut lire, par ailleurs, un entretien intéressant avec les auteurs sur le site du Grand Soir...

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    "Militants associatifs ou politiques, les écologistes benêts sont ceux qui voient le mondeà travers la seule crise environnementale, en oubliant la crise sociale. Ceux qui défendent une écologie qui ne serait « ni de droite ni de gauche » (Daniel Cohn-Bendit). Ceux qui prétendent sauver les écosystèmes sans mettre fin au capitalisme (Yann Arthus Bertrand). 
    Pourtant, l'effondrement financier de 2008 aurait du les réveiller… Eh bien non ! Au contraire, ils défendent le capitalisme vert qui permet à l’ordre économique mondiale de se faire une seconde jeunesse. 
    Nous ne devons pas nous laisser berner. C'est bien à une réorganisation politique qu’il faut œuvrer. Cela passe par des prises de position claires : contre l’OMC, pour un protectionnisme écologique et social à l’échelle des États, pour un nouvel internationalisme."

     

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  • La confession négative...

    "J'ai dû tuer des hommes, autrefois, et des femmes, des vieillards, peut-être des enfants. Et puis j'ai vieilli. Nous avons vieilli plus vite que les autres. Nous avons dit ce qu'on dit que nul ne peut regarder fixement : le soleil, la souffrance, la mort. De tout ça, je peux parler à peu près librement : ceux qui m'avaient fait jurer de me taire et me menaçaient de mort, si je racontais certaines choses, ceux-là ne sont plus de ce monde, maintenant, et il y a longtemps que j'ai regagné l'Europe où les hommes ne croient plus à rien et où les ormes sont morts de maladie."

    Publié en 2009, La confession négative, le superbe récit que Richard Millet a tiré de son "expérience intérieure" de la guerre du Liban, reparait en collection de poche chez Folio. Nous reproduisons ici la recension qu'en avait fait la revue Eléments sous la plume de Jean-Charles Personne.

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    La consolation par Richard Millet

    Au cœur de Babel surgit une voix étrange, brisée, toute tachetée léopard, une vraie voix qui brutalise les conventions et se plaît, parfois, à en rajouter à la vilenie humaine. Une voix au diapason de laquelle on redécouvre à pas comptés la clairière des grâces nonchalantes, la vaste et lumineuse prairie des paradis perdus. C'est ainsi, me semble-t-il, que résonne à l'oreille des lecteurs la voix hautaine et envoûtante de Richard Millet. Présents à mon esprit, à l'instant même, se mêlant, une image et un livre. L'image, c'est Richard Millet photographié une coupe à la main au milieu des bulles du Tout Paris littéraire: visage lourd, renfrogné, regard perdu, lippe désabusée. Portrait lumineux qui laisserait penser que seul l'ailleurs, loin des bulles, est désirable. Le livre, c'est La confession négative. Pour l'occasion, je viens de le relire avec la même émotion, la même admiration. Avec, en plus, la conviction réfléchie de participer, comme lecteur attentif et quelque peu averti, au surgissement d'une œuvre pathétique en même temps que jubilatoire: peut-être la dernière cantate de la plus haute prose française, un hymne désolé au pied d'une idole: la langue de Bossuet, de Pascal... et de Haubert.

    Commençons par souligner que La confession négative est précédée de quelques quarante titres dont certains ne cessent d'enrichir la mémoire d'une cohorte d'inconditionnels: La gloire des Pythre (1995), L'amour mendiant (1996), Le sentiment de la langue (1993), Ma vie parmi les ombres (2003), Petit éloge d'un solitaire (2007), etc. Il me semble qu'on ne peut comprendre et le sens, et la portée de La confession si on ne la rattache pas «charnellement» à l' œuvre en construction, à ce qui précède et qui surviendra, ainsi qu'à la formidable ambition littéraire de son auteur.

    Confession négative? Un récit, tout simplement un récit. Celui d'une tranche de vie violentée, cruelle, barbare. Richard Millet, pour des raisons et hasards qui lui appartiennent et qu'il convient de préserver de toute intrusion politico-idéologique, c'est-à-dire subalterne, s'est engagé (1975-1976) dans les milices chrétiennes du Liban dévoré d'horreurs, de cruautés, de massacres. Il a participé: «J'y étais donc à la guerre, et pour rien au monde je ne serais rentré en France». Non seulement il a participé, pas dans l'intendance, ni dans un corps «d'élite» style hussards-gants blancs, mais dans la boue de la vengeance, avec en bruit de fond «la vibration initiale de la roquette sortant du tube avec quelque chose de jouissif, dirais-je, en reprenant une épithète appartenant au vocabulaire en vigueur dans la France contemporaine, mais que je n'aurais pas osé employer, au Liban, ce pays gardant encore au français sa dimension pudique et noble ». La guerre dans toute sa plus terrible violence - pas de règles: «Quel qu'il soit un ennemi n'est pas un homme, mais un animal dangereux; le tuer compte seul et je n'ai jamais repensé aux hommes que j'ai tués en regrettant de l'avoir fait [ ... ] j'ai été plus rapide ou plus habile ou les dieux ont guidé ma main». J'invite tous ceux qui aspireraient à «comprendre» l'incompréhensible, à déjouer l'entreprise de falsification du réel aujourd'hui à l'œuvre, à se reporter au passage qui relate une extraordinaire conversation entre l'auteur et deux journalistes: «Rappelez-vous Nietzsche: encore un siècle de journalisme et les mots pueront... » Si les mots puent, sur le terrain, ce sont aussi les cadavres qui puent: la guerre, quoi, à la manière d'autrefois, celle de Monsieur de Montluc.

    Au milieu de ce désordre sanglant, s'énoncent peu à peu, tandis que s'éclairent et se précisent les visages et les prières - et c'est peut-être la seule leçon de cette mémoire reconstituée -, les retrouvailles avec la vérité et l'essence des choses. La solitude, la violence, l'écriture silencieuse ordonnent un lexique puis une syntaxe, puis un ordre, celui des mots, de la langue de la seule métrique musicale du monde. «J'ai regardé la vallée. J'étais au bord du vide - au-delà du bien et du mal, sans doute nulle part. Je comprenais que tout ça ne me concernait plus, ne m'avait sans doute jamais concerné, sinon par la folie, la pauvreté, la mort, tout ce qui me hantait et dont seule l'écriture me délivrerait. » Le grammairien, c'est ainsi que ses amis de combat l'avaient surnommé, nous quitte, nous laissant bouleversés par la vague très pure et très haute de sa phrase immaculée.

    Pour en terminer, pour aujourd'hui, je renverrai à un roman (cette fois) de Richard Millet, Ma vie parmi les ombres, lequel s'achevait ainsi:

    «Et ceci tu t'en souviens: "Mon ami, je souffre, je vous aime et je vous attends."

    Julie de Lespinasse, une lettre datée" de tous les instants de ma vie". La plus belle phrase de la langue française, disait grand-mère. Elle n'avait pas tort, ai-je dit... et aussi pour ne pas avouer que pour moi, la plus belle phrase de la langue française et même de toute langue, hors toute littérature, une de ces phrases que je ne puis me répéter sans être au bord des larmes, tout en étant aussitôt consolé trouvant d'emblée cette chose si rare qu'est la consolation, cette phrase est prononcée par Jésus, à la fin de l'évangile selon saint Matthieu: "Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde."»

    A bien la lire, La confession négative emprunte la voie sacrée de la consolation! Reconnaissance au grammairien.

    Jean-Charles Personne (Eléments n°133, octobre-décembre 2009) 

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