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Entretiens - Page 132

  • La famille, un refuge menacé ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la famille... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « La famille est certes une valeur-refuge. Mais de quelles familles parlons-nous ? »

    Pour la droite catholique et l’ensemble de la mouvance conservatrice, la famille n’a jamais été aussi menacée. Pourtant, ceux que l’on désigne comme ses ennemis n’ont, eux-mêmes, que le mot de « famille » à la bouche. Comment s’y reconnaître ?

    Tous les sondages montrent, en effet, que la famille reste, dans l’opinion, la valeur la plus sûre, on pourrait dire la valeur-refuge par excellence. Mais c’est vrai, aussi, qu’elle est constamment menacée et attaquée. C’est que, dans les deux cas, on ne parle pas de la même chose. Pour la plupart de nos contemporains, la famille est une sorte de cocon assez égalitaire où se rencontrent avant tout les sentiments affectifs du moment. Pour les défenseurs de la « famille traditionnelle », la famille s’inscrit avant tout dans la durée. C’est une structure hiérarchisée, qui renvoie à l’enchaînement des générations et vis-à-vis de laquelle on a un certain nombre de devoirs. Malgré la résonance carcérale du terme, la famille se définit alors comme la « cellule de base » de la société. Mais c’est précisément ce qu’elle a cessé d’être.

    Dans les pays occidentaux, l’époque actuelle a vu la fin de la civilisation patriarcale, qui est allée de pair avec la disparition de sociétés organisées principalement autour de l’impératif de reproduction et de l’autorité du « chef de famille » (aujourd’hui officiellement supprimée). Quatre autres faits concomitants sont également à prendre en compte : la déconsidération des valeurs « viriles », à commencer par celles du guerrier ou du citoyen-soldat, au profit d’une symbolique féminine-maternelle ; la désexualisation de la procréation, qui est désormais affaire de relations marchandes et de techniques assistées ; la « sentimentalisation », la privatisation et la désinstitutionnalisation du mariage et de la famille, à laquelle il n’est « plus rien demandé du point de vue de la formation du lien de société » (Marcel Gauchet) ; enfin, la consécration du « couple » défini comme une simple association contractuelle entre deux individus égaux en droit qui, en tant qu’association privée, n’exerce elle non plus aucune fonction sociale.

    Le concept de « famille » n’a-t-il pas évolué au fil des siècles ? Et aujourd’hui, est-il forcément le même selon les cultures et les latitudes ?

    La famille est un invariant, mais ses formes sont innombrables. Ce que beaucoup appellent la « famille traditionnelle », le trio papa-maman-enfant(s), est en réalité d’apparition tardive. La vraie société traditionnelle ne conçoit que la famille élargie, souvent jusqu’aux dimensions du clan. À partir d’une typologie rigoureuse des relations de parenté, de la tendance plus ou moins forte à l’endogamie, des normes relatives au choix du conjoint ou au partage de l’héritage, Emmanuel Todd, dont les travaux s’inscrivent dans la ligne de Frédéric Le Play, distingue plusieurs types de structures familiales, qu’il met ensuite en rapport avec les grandes tendances politico-sociales que l’on observe dans la société : la famille nucléaire absolue (libérale et indifférente à l’égalité), la famille nucléaire égalitaire (libérale et égalitaire), la famille souche (autoritaire et inégalitaire) et la famille communautaire (autoritaire et égalitaire). En France, la famille nucléaire égalitaire domine dans la partie nord. La famille souche, restée forte dans le Midi, se retrouve dans beaucoup de pays du tiers-monde, notamment le Maghreb et le Proche-Orient.

    On a souvent l’impression que beaucoup confondent les notions d’« amour » et de « famille ». Comme s’il suffisait de s’aimer pour constituer une famille, alors qu’il existe aussi des familles sans amour, parfois plus solides que d’autres. Y a-t-il là confusion des genres, si l’on peut dire en la circonstance ?

    Ah, l’amour ! « L’infini à la portée des caniches », disait Céline. « L’Hamour avec un grand H » dont se moquait Flaubert. Mais de de quoi parle-t-on ? D’éros, de philia ou d’agapè ? De l’amour pour une ou des personnes concrètes, ou de l’amour de tous, c’est-à-dire de personne ? Il est bien entendu préférable, sinon nécessaire, qu’il y ait de l’amour au sein des familles et au sein des couples. Mais cela ne suffit certainement pas à y faire régner l’harmonie. Concernant le mariage, tout dépend aussi de quelle manière on le considère : comme un contrat entre deux individus ou comme une alliance entre deux lignées. Au Moyen Âge, l’amour courtois est essentiellement dirigé contre l’institution du mariage. Dans la conception moderne des choses, où le mariage n’est qu’un contrat entre deux personnes qui s’attirent mutuellement, l’amour est évidemment l’élément-clé. Mais c’est aussi ce qui le rend fragile : on se marie parce qu’on s’aime, on se démarie parce qu’on ne s’aime plus. Il ne faut pas se le dissimuler : le mariage d’amour, qui privilégie l’intensité sur la durée, est aujourd’hui la première cause du divorce.

    C’est aussi ce primat d’un « amour » mal défini qui est à l’origine de la confusion entre Vénus et Junon. Toute amante d’un homme marié rêve de prendre la place de sa femme, comme si leurs rôles étaient interchangeables. Vous connaissez peut-être ces mots que l’on attribue tantôt à Démosthène, tantôt à Apollodore, prononcés au IVe siècle avant notre ère devant les citoyens assemblés en tribunal : « Les courtisanes, nous les avons pour le plaisir ; les concubines, pour les soins de tous les jours ; les épouses, pour qu’elles nous donnent une descendance légitime et soient les gardiennes fidèles de notre foyer. » Je trouve qu’ils contiennent beaucoup de sagesse. Les Anciens savaient la différence qui existe entre Vénus et Junon.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 8 août 2018)

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  • "La droite hésite toujours à remettre en question l'ordre en place"...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque le pseudo groupe terroriste d'ultra-droite démantelé par la police ainsi que l'affaire Benalla... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « L’ultra-droite en France ? Ne refait pas la Fraction armée rouge qui veut ! »

    L’affaire Benalla l’a un peu fait oublier, mais on a récemment démantelé un « réseau d’ultra-droite » en France. Son meneur est un retraité de plus de 60 ans. Xavier Raufer, spécialiste reconnu des questions de sécurité, assure que ce n’est pas à cet âge qu’on débute une carrière de terroriste. Tout cela est-il bien sérieux ?

    Même sans les remous soulevés par les agissements d’Alexandre Benalla, cette histoire aurait rapidement été oubliée, tant elle manquait de sérieux. Elle n’a été médiatisée que dans l’espoir d’établir une fausse symétrie entre le terrorisme islamiste et les projets fumeux de quelques conspirateurs d’opérette : d’un côté 250 morts en trois ans, de l’autre des propos de comptoir. Personne ne pouvait s’y laisser prendre. Comme le terrorisme, la clandestinité ne s’improvise pas. C’est un choix de vie difficile, où il n’y a pas de place pour les pieds nickelés, les branquignols et les charlots. Elle exige une discipline féroce, des nerfs à toute épreuve, de la rigueur dans tous les domaines, un sens aigu de l’appréciation des situations. Ne refait pas la Fraction armée rouge (RAF) qui veut – surtout à une époque où les moyens de surveillance et d’investigation policières sont plus perfectionnés que jamais.

    Cela dit, il y aura toujours aussi des esprits fantasques, mais surtout un peu limités, pour rêver d’Anders Behring Breivik et de sa logique imparable : je trouve qu’il y a trop d’immigrés en Norvège, donc je tue 70 Norvégiens « de souche ». Mais Breivik a agi seul, ce qui est rarement le cas de ceux qui rêvent de guerre civile sans réaliser qu’ils l’ont déjà perdue. Ce genre de mythomanes paranos, les asiles en sont pleins. Je suis même étonné qu’il y en ait si peu qui passent à l’acte.

    À droite, la tentation de l’« action directe » n’a rien de nouveau. Mais, de la Cagoule au réseau en question, tout en passant par l’OAS, on ne saurait prétendre que tout cela ait véritablement fait un jour trembler qui que ce soit…

    D’une façon générale, la droite est assez légaliste (« la police avec nous ! »), ce qui explique qu’elle hésite toujours à remettre en question l’ordre en place – même si celui-ci, comme le disait Mounier, n’est jamais qu’un désordre établi. On pense à ce que Lénine disait de certains révolutionnaires allemands : quand ils sont chargés de commettre un attentat dans une gare, ils commencent par acheter un ticket de quai. Lorsque la droite s’engage dans l’illégalité, c’est en général sous le coup de l’enthousiasme ou de l’indignation, avec parfois le goût du panache et un certain dandysme, le goût du défi et des beaux « coups », mais surtout avec une imprudence, une naïveté et un amateurisme confondants, bref, sans grand sérieux. Sous l’Occupation, combien de réseaux de résistance ont-ils été démantelés suite à des indiscrétions, des bavardages, des rivalités, des trahisons liées à des histoires de sexe ?

    Vous citez l’exemple de la Cagoule. Il est révélateur. Le 11 septembre 1937, les « cagoulards » font sauter, rue de Presbourg, à Paris, le siège de la Confédération générale du patronat français, l’ancêtre du MEDEF. Deux gardiens de la paix sont tués. Les comploteurs n’ont pas du tout agi par anticapitalisme, mais parce qu’ils pensaient que l’armée, scandalisée par cette attaque contre le patronat, l’attribuerait aux communistes et se soulèverait pour renverser le Front populaire ! On voit le niveau politique de ces gens-là. Quant à l’OAS, comme disait quelqu’un qui savait de quoi il parlait, elle était certes armée, mais très mal organisée et encore moins secrète. Là encore, les Filochard du quai des Orfèvres n’ont pas eu grand mal à ramasser tout le monde, ou peu s’en faut. Allez donc demander à des gens sérieux comme les anciens chefs de l’Armée révolutionnaire irlandaise (IRA) ce qu’ils pensaient de leurs émules du continent…

    Et l’affaire Benalla ?

    C’est le feuilleton de l’été (plus de 25 articles ou billets sur Boulevard Voltaire !), ce qui permet de se désintéresser de tout ce qui se passe d’important dans le monde. Au-delà des démonstrations de vigueur musculaire de l’intéressé, place de la Contrescarpe et sans doute ailleurs, qui ne sont quand même pas l’affaire du siècle, la vraie question qui se pose est de savoir comment Alexandre Benalla a pu, dans l’ombre d’Emmanuel Macron, bénéficier d’une carrière météorique qui lui a donné autant de privilèges exorbitants du droit commun.

    Comment un Rambo de supermarché, apparemment incapable de contrôler ses poussées de testostérone, et aujourd’hui suspecté d’avoir voulu mettre en place un réseau de sécurité indépendant des pouvoirs publics officiels (en clair, une police parallèle), a-t-il pu se rendre indispensable au point de pouvoir injurier et humilier gendarmes et policiers pendant des mois sans s’attirer de sanctions autres que symboliques ? Comment a-t-il pu se sentir couvert aussi longtemps au plus haut niveau de l’État ? Macron est-il totalement incapable d’évaluer ceux qui l’entourent, ce qui serait déjà inquiétant, ou y a-t-il une autre raison ? Question subsidiaire, à laquelle on attend toujours une réponse : qui a fait fuiter cette affaire par le truchement de la presse ? Pour punir qui et pourquoi ? Bien d’autres hommes politiques ont accordé leur confiance dans le passé à des individus douteux, voire à des voyous dont ils appréciaient l’« efficacité » ou les capacités à jouer les « intermédiaires » dans des affaires délicates. Ils s’en sont toujours mordu les doigts.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 7 août 2018)

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  • Une époque absolument épique !...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien avec Slobodan despot, réalisé fin juillet 2018 par Edouard Chanot pour Radio Sputnik, dans lequel il évoque l'actualité avec son œil de romancier... Editeur et essayiste, Slobodan Despot a publié deux romans, Le miel (Gallimard, 2014) et Le rayon bleu (Gallimard, 2017).

     

     

                                       

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  • Le cinéma d'Hollywood, arme de propagande massive...

    Le 3 juillet 2018, Élise Blaise recevait, sur TV libertés, Pierre Conesa pour évoquer avec lui son dernier essai, intitulé Hollywar - Hollywood, arme de propagande massive (Robert laffont, 2018). Chef d'entreprise, ancien haut-fonctionnaire spécialiste des questions de sécurité nationale, Pierre Conesa a publié ces dernières années La fabrication de l'ennemi (Robert Laffont, 2012) ou Dr. Saoud et Mr. Djihad - La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite (Robert Laffont, 2016).

     

                                      

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  • Les « 3 D » de la gauche : déni, délit, délire !...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par François Bousquet, le rédacteur en chef d'Éléments, à Boulevard Voltaire à l'occasion de la sortie du numéro d'été de la revue. Journaliste et essayiste, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015) et La droite buissonnière (Rocher, 2017).

     

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    François Bousquet : "Les « 3 D » de la gauche : déni, délit, délire !"

    Le numéro d’été d’Éléments est en kiosques. Alain de Benoist y signe un papier accablant sur la manière dont la gauche est devenue racialiste. C’est le monde à l’envers, non ?

    En un peu plus d’une trentaine d’années, la gauche est passée du déni du réel (les races n’existent pas) au délit du réel (la pénalisation du racisme), avant de succomber au délire du réel (les races sont partout). Les « 3 D » de la gauche : déni, délit, délire ! Ils symbolisent à eux seuls les contradictions du gauchisme culturel. C’est ce qu’on appelle, en psychologie comportementale, une injonction contradictoire, qui résume assez bien la schizophrénie des progressistes. Ils proclament, comme dans La Ferme des animaux (1945) de George Orwell, que tous les animaux sont égaux, certes, mais certains – en l’occurrence, les minorités visibles – sont plus égaux que d’autres. La vérité, c’est que la gauche est prise au piège de son antiracisme. Elle prêche l’universalisme tout en défendant des pratiques de non-mixité de populations qui promeuvent un ethnodifférentialisme victimaire. Elle qui, hier, voulait abolir les races en est réduite, aujourd’hui, à les exacerber. La non-mixité consacre le grand retour de la ségrégation, mais non plus subie, tant elle est consentie et revendiquée. Cela conduit la gauche à ethniciser les rapports sociaux. Il est loin, le temps de SOS Racisme et de « Touche pas à mon pote ». Il n’y a plus de potes, ici. Les mâles blancs, porteurs d’un privilège inconscient qui leur confère une supériorité indue, doivent en rabattre. Ils ont, d’ailleurs, disparu de l’agenda. C’est le pari de Mélenchon : s’adresser au peuple de substitution – à partir des clivages de genre et d’origine ethnique – au détriment du peuple historique, le peuple français, et singulièrement la France périphérique, les « non-racisés », dans le nouveau jargon diversitaire.

    Bienvenue chez les fous !

    Vous l’avez dit ! C’est la logorrhée des médecins de Molière et des femmes savantes, du docteur Diafoirus et de Trissotin (le trois fois sot), appliquée au multiculturalisme et aux études de genre. Ces dernières années, le glossaire du racial s’est considérablement étoffé. On peut même dire, en effet, qu’il est devenu fou, s’autoreproduisant et s’autoradicalisant sans cesse suivant une logique insensée. Les termes dérivés du mot « race » se multiplient au rythme des colonies bactériennes. Le dernier-né, c’est la notion de « racisation », processus par lequel les « non-racisés » (les Blancs) renvoient les « racisés » (les non-Blancs) à leur assignation raciale. Si, en plus, ces derniers sont multi-discriminés, on parle d’intersectionnalité. Cela fait d’eux des victimes hyperboliques, au carré, au cube : par exemple, en tant que femme, en tant que Noire, en tant que « non-binaire » (sans genre). À ce stade, vous êtes mûr pour intégrer des camps d’été « décoloniaux » ou vous réfugier dans des « safe spaces », des « espaces sécurisés » qui permettent aux malheureux souffrant d’« oppression hétéronormative » de se retrouver dans un entre-soi protecteur. En somme, l’apartheid chez les fous !

    Il y a en a un que vous n’épargnez pas et qui résume assez bien cette folie qui s’est emparée du gauchisme, c’est Édouard Louis. Une « imposture », dites-vous…

    Eddy Bellegueule, de son nom de naissance. À 25 ans, il est déjà l’auteur de trois best-sellers et une vedette sur les campus américains. Mais derrière l’icône rose bonbon du gauchisme chic se cache un mystificateur qui joue habilement de ses multiples identités pour imposer une marque au minimalisme sophistiqué, alors qu’elle n’est qu’une vulgaire contrefaçon misérabiliste. Tout est faux, chez ce « garçon » – mais peut-on encore l’appeler de ce nom ! Faux écrivain, faux élève normalien. Il a tout refait : le visage, l’état civil, le passé, pour se composer une transidentité qui fait de lui un mutant anorexique surmonté d’une tête d’angelot diaphane. Assurément un des plus beaux spécimens de la destruction créatrice chère aux théoriciens du capitalisme. Telle est, du reste, la promesse ultime de ce monde-là : la propriété de soi, le libre usage du corps. La caractéristique première d’Édouard Louis, c’est qu’il passe son temps à fayotter. « La droite est tellement violente », pleurniche-t-il. Oh, le pauvre petit chéri ! Encore une victime ! Je souffre, donc je suis. Je pleure, donc j’existe. Dès la première page de ses livres s’abat sur le lecteur une averse de larmes. La narration se fait vagissante. C’est la rencontre du ressassement durassien et de la sociologie bourdieusienne. Un nouveau genre littéraire en est sorti : le misérabilisme LGBT.

    Ce numéro, c’est aussi l’occasion de fêter un anniversaire, celui de la Nouvelle Droite qui vient de souffler ses 50 bougies…

    1968. L’époque était à la Nouvelle Vague, à la nouvelle cuisine, bientôt à l’impayable nouvelle philosophie. Toutes ont disparu, peu ou prou. Pas la Nouvelle Droite, qui ne répondait pas à un effet de mode. Projet d’emblée inscrit dans la durée. Cinquante ans, déjà, d’une longue aventure intellectuelle, commencée sur les ruines de la FEN (Fédération des étudiants nationalistes) et d’Europe-Action. Alors, de droite, la Nouvelle Droite ? Certes non, ou pas seulement ! Elle qui a toujours voulu en finir avec les hémiplégies partisanes. C’est cependant toujours l’ennemi, à tout le moins l’adversaire, qui vous désigne – des impressionnistes aux Hussards. La Nouvelle Droite n’y échappe pas. Elle a pu se tromper, mais sur l’essentiel elle a vu juste. Le droit des peuples contre les droits de l’homme, le refus de l’universalisme abstrait, la critique de la société marchande et de l’homogénéisation du monde, la défense du multiple, le retour du localisme. Bref, la seule diversité qui compte : celle des identités. Voici, esquissé à grands traits, le portrait des démocraties illibérales qui montent un peu partout en Europe, de la Hongrie à l’Italie.

    François Bousquet (Boulevard Voltaire, 22 juillet 2018)

     

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  • Les racines du fascisme...

    Le 19 juillet 2018, Olivier Frèrejacques recevait, sur TV libertés, Frédéric Le Moal pour évoquer avec lui son livre rècemment publié, Histoire du fascisme (Perrin, 2018). Docteur en histoire et professeur au lycée militaire de Saint-Cyr, Frédéric Le Moal est un spécialiste de l’histoire de l’Italie du XXème siècle.

     

                                      

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