Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Economie - Page 26

  • La pensée unique contre-attaque !...

    Nous avons cueilli sur le Blog gaulliste libre un texte de Laurent Pinsolle consacré aux réactions furieuses des libres-échangistes et autres défenseurs du système face à l'offensive résolue des économistes et intellectuels hétérodoxes. Les premiers craquements...

     

    euro,georges soros,paul krugman,joseph stiglitz,nouriel roubini,martin wolff,city,barack obama,angela merkel,chine,laurent pinsolle,politiquement correct,gaullisme,souverainisme

     

    Protectionnisme, euro, démondialisation : la pensée unique contre-attaque

    Alors que les intellectuels alternatifs amènent le débat économique sur tous les fronts (sortie de l’euro, protectionnisme, démondialisation), les tenants de l’ordre établi, néolibéral et monétariste, se crispent et refusent de débattre, préférant la caricature et l’outrance à la confrontation des idées.

    Les caricatures du politiquement correct

    Outre une interview de Christian Noyer dans le Figaro, c’est le Monde (qui avait, il est vrai, accueilli une interview de Jacques Sapir), qui mène la charge avec pas moins de trois papiers : une tribune d’Alain Faujas, qui fait du protectionnisme une « ligne Maginot », une autre, d’un professeur de Sciences Po, Zaki Laïdi, qui dénonce « l’absurde démondialisation » et un entretien avec Pascal Lamy pour qui « la démondialisation est réactionnaire ».

    Christian Noyer affirme qu’une « réduction modeste des revenus permet d’obtenir les mêmes effets économiques qu’une dévaluation importante ». Non seulement cela est malhonnête puisque les deux doivent être équivalentes, mais cela montre aussi que les salaires vont devoir baisser. La comparaison entre la zone euro et les Etats-Unis est d’une sacrée mauvaise foi. Enfin, il refuse tout plan B. En revanche, il faut noter la justesse des questions de Jean-Pierre Robin.

    Pascal Lamy ne fait pas dans la dentelle et ose affirmer que la compétitivité salariale indue n’est « pas évidente » tout en évoquant des écarts de salaires allant de 1 à 8 entre France et Chine du fait de la hausse des salaires chinois. Il faut noter qu’il minore volontairement les écarts (qui vont de 1 à 30 en Asie et de 1 à 10 en Europe). Le directeur de recherche de Sciences Po n’est pas moins caricatural en invoquant un « autocentrage économique » rappelant l’Albanie…

    Il évoque le cas de l’Iphone, dont 4% de la valeur ajoutée est réalisée en Chine pour affirmer que les chiffres ne veulent rien dire, feignant d’ignorer que les composants issus des autres pays ont bien été importés dans un premier temps. ! Il ose même affirmer que « en achetant plus d’Airbus, on ne protège pas nécessairement plus l’emploi européen » ce qui est faux puisque 10% des composants de Boeing sont européens, contre 50% pour ceux d’Airbus (et il faut y ajouter le montage).

    Le débat interdit

    Ce qui est assez impressionnant, c’est la faiblesse de l’argumentation des défenseurs de la pensée unique. Quand ils ne réfutent pas tout simplement les chiffres du commerce extérieur, ils recourent à la caricature pour dénigrer tous ceux qui remettent en cause les dogmes libre-échangistes ou européistes. Pire, ils disent tout et son contraire, comme Christian Noyer qui affirme bien miraculeusement qu’une réduction modeste des revenus équivaut à une dévaluation importante.

    Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir des intellectuels de tous bords qui défendent ces idées, y compris des prix Nobel comme Paul Krugman, Joseph Stiglitz, Maurice Allais ou Amartya Sen. En France, des intellectuels de gauche (Jacques Sapir, Emmanuel Todd, Frédéric Lordon) comme de droite (Jean-Luc Gréau, Alain Cotta, Jean-Jacques Rosa, Gérard Lafay) remettent en cause la libéralisation excessive ou le choix d’une monnaie unique en Europe.

    En outre, il devrait tout de même être possible de débattre du degré de libéralisation du commerce. Tous les pays sont un peu protectionnistes et cela ne devrait pas être un drame que de dire qu’il en faut davantage. Personne ne propose l’autarcie, même les plus radicaux. Il est tout de même normal de débattre démocratiquement des grands choix économiques. La crispation des grands partis et de nombreux médias sur la question est franchement révoltante.

    Naturellement, les défenseurs de la pensée unique ne manquent pas une occasion de citer Marine Le Pen pour discréditer les idées alternatives. Cela fait plus peur que Paul Krugman ou Jospeh Stiglitz… Il serait temps de pouvoir avoir un débat sérieux sur ces questions.

    Laurent Pinsolle (Blog gaulliste libre, 5 juillet 2011)

     
    Lien permanent Catégories : Economie, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • La démondialisation, un concept réactionnaire ?...

    "La démondialisation est un concept réactionnaire" déclare Pascal Lamy, directeur de l'Organisation mondiale du commerce dans le Monde daté du 1er juillet 2011. Le petit soldat du mondialisme prendrait-il peur ? Pourtant, comme l'explique avec brio Hervé Juvin, nous ne couperons pas à un débat sérieux sur le protectionnisme...

     

    démondialisation 2.jpg

     

    Du contrôle des échanges au choix du consommateur

    La France est-elle encore une entité stratégique ? L’Union européenne a-t-elle quelques chances d’en constituer une ? Au moment où la multiplication de ses engagements militaires hors frontières pose question à la France, au moment où la perspective de consolidation politique de l’Union européenne semble incertaine, sinon condamnée, la question ne peut plus être évitée. La présentation, jeudi matin 16 juin, à la Maison de l’Amérique latine, d’un sondage réalisé par l’IFOP à l’initiative de Philippe Murer (1), avec notamment Emmanuel Todd, Jacques Sapir et Jean-Luc Gréau, a donné un tour économique et politique précis à la question ; la France, ou l’Europe, sont-elles encore en état de décider de leurs échanges avec l’extérieur ? Si le propre de tout système vivant est bien de gérer ses échanges, c’est-à-dire de prendre de l’extérieur ce qui le nourrit, l’enrichit et le conforte dans son être, de rejeter à l’extérieur ce qui le menace, l’appauvrit ou le contamine, le constat est sévère ; l’Union européenne n’a pas été le moyen pour les peuples européens de s’approprier leur destin, elle a été le moyen de les déposséder, et d’abord en substituant les comités et les experts au débat public et à la volonté collective exprimée par le principe majoritaire. L’histoire du principe de la préférence communautaire, d’abord favorable aux échanges entre pays et régions d’Europe, progressivement vidé de tout sens par la multiplication des accords assurant à des pays extérieurs des conditions  analogues d’accès au marché européen, est significative. L’histoire de l’ouverture aux mouvements de capitaux étrangers est tout aussi significative, le sommet étant atteint par la politique de placement des titres de l’Etat français par l’Agence France-Trésor auprès des investisseurs étrangers, aujourd’hui détenteurs de plus de 70 % de la dette publique, ce qui rend la France plus dépendante que toute autre du bon vouloir des agences de notation. L’histoire des abandons successifs qui ont permis d’ouvrir à tout vent l’espace Schengen, les renoncements progressifs au contrôle et à la gestion des populations résidant à l’intérieur de l’Union européenne, écrivent un autre chapitre de la haine des peuples par ceux qui assoient leur pouvoir sur une dissolution des Nations qui rétablit l’esclavage, qui autorise le trafic des êtres humains comme celui des terres ou de la vie, et qui les mettra à l’abri de la justice, de la colère, ou de la vengeance.

    Le sondage IFOP publié ce jeudi 16 juin marque un moment majeur de la conscience française ; sera-t-il manqué comme tant d’autres l’ont été ? Successivement, la campagne et le débat sur le  traité de Maastricht, le débat et le refus de la Constitution européenne, donnaient au gouvernement de la France la légitimité d’un ressaisissement, et à l’Union européenne, la chance d’un questionnement. La crise des dettes souveraines, dont on ne dira jamais assez combien elle est une opportunité stratégique essentielle pour ceux qui ne veulent pas d’une Europe forte, pour ceux qui veulent laisser l’Europe dans la situation coloniale qui est la sienne depuis 1945, pour ceux qui veulent affermer l’Europe à leurs intérêts et à leurs manœuvres, est une occasion analogue. Si le propre de l’humanité est bien de se constituer en sociétés politiques, singulières, autonomes, diverses, les moyens de cette singularité, de cette autonomie et de cette diversité résident d’abord dans les frontières, matérielles ou morales, qu’elles savent établir et gérer pour s’affirmer dans leur être. Les illusions de la dissolution des entités nationales dans le grand tout mondialisé, et du local dans le marché global, se dissipent à mesure que le spectre de la misère et celui du manque reviennent nous hanter. Et les Français, à plus de 70 %, tous partis et tendances politiques confondus, veulent que s’ouvre le débat sur le protectionnisme. Leur message est clair, il interpelle tous les partis. Pourront-ils s’y dérober, et d’abord ceux qui sont prompts à donner des leçons de démocratie aux autres ? La question à laquelle ils doivent répondre n’est pas celle de la politique idéale des échanges et du commerce extérieur ; la question des Français est celle du moment. Faut-il, alors que tous les pays développés se dirigent vers la croissance zéro, alors que des populations entières vont vivre des baisses de pouvoir d’achat de 10, de 20 ou de 30 % dans les prochaines années, notamment par suppression de services publics qui constituent une part importante du capital collectif européen, alors que les suppressions d’activités industrielles correspondent de plus en plus souvent à la disparition totale du pouvoir faire et du savoir faire, faut-il vraiment aller plus loin dans l’ouverture, dans le désarmement commercial et financier, dans le refus de définir nos intérêts stratégiques et de leur donner la priorité sur tout le reste ? Plus loin dans les mensonges de la concurrence et dans les illusions du sans-frontiérisme ? Plus loin dans la naïveté devant une Chine qui contrôle 75 % de son économie par l’Etat, instrument du parti, devant des Etats-Unis qui n’ont jamais transigé dès que leur intérêt national est en jeu ?

    Les fondements du débat sont limpides. Le pouvoir de l’Union européenne est d’abord celui du premier marché du monde ; l’Union sait le faire valoir, par ses normes et ses règles ; le consommateur informé de la provenance des biens et services qu’il achète saura faire valoir sa préférence pour les entreprises qui respectent l’intérêt collectif, européen ou national. Chacun sait, ou devrait savoir, que les modalités du contrôle des échanges de biens, de services et de capitaux sont complexes. Chacun sait que la hausse des tarifs douaniers remettrait en cause la doxa établie, les ayatollahs de l’OMC et leurs complices de la Commission européenne elle-même, sans parler de leurs maîtres de Washington, mais aussi le pouvoir d’achat des Européens. Chacun a bien compris que les maîtres des marchés sauront employer tous les détours de la calomnie, de l’amalgame et de la falsification pour tenter de disqualifier la volonté populaire. Car celle-ci est explicite, et massive, certes pas sur les modalités du contrôle des échanges, certes pas sur son extension et son niveau, mais sur l’urgence du débat à ce sujet. Et ceux qui n’ont à opposer à l’opinion que les dogmes de leurs intérêts doivent y réfléchir ; refuser le débat, c’est le contraindre à se dérouler ailleurs, autrement, et par d’autres moyens. L’extrémisme des libre-échangistes qui font un dogme d’une pratique économique parmi d’autres, est la vraie menace que dénoncent les Français. Souhaitons-leur de pouvoir s’informer, pour comprendre, et pour choisir. Le temps du débat est venu. Honnête, ouvert et libre, il prévient celui de la colère.

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 16 juin 2011)

    1 – Le sondage est consultable sur le site de l’IFOP, ou sur www.protectionnisme.eu

    Lien permanent Catégories : Economie, Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Vers un retour du protectionnisme ?...

    Dans une intervention en date du 20 juin 2011, enregistrée par Realpolitik.tv, Hervé Juvin, l'auteur de l'essai fondamental intitulé Le renversement du monde (Gallimard, 2010), revient sur la question du protectionnisme et sur son nécessaire retour dans le débat politique...


    Hervé Juvin : l'heure est-elle au retour du... par realpolitiktv

    Lien permanent Catégories : Economie, Géopolitique, Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Le protectionnisme plebiscité par les Français !

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de l'économiste Jacques Sapir, publiée sur le site Pour un protectionnisme européen, consacrée aux résultats sans appel d'un sondage de l'IFOP, réalisé au mois de mai 2011, dans lequel un échantillon représentatif de Français répond à des questions concernant le protectionnisme, le libre-échange et la mondialisation. Intéressant !

     

    Friedrich List.jpg

    Friedrich List, théoricien du protectionnisme

     

     

    Le protectionnisme plebiscité par les Français
     
    L’identification des méfaits du libre-échange sur l’économie française apparaît à une grande majorité de français, à tel point que l’on peut parler d’une prise de conscience massive, dépassant les cadres des partis politiques, et exprimées par quasiment la totalité des couches de la société. L’ancienne opposition entre diplômes et non-diplômés qui avait été mise en avant lors du référendum de 2005 n’existe plus.
    Le peuple français oscille entre révolte et résignation, tel est le premier enseignement de ce sondage.
    • Ainsi 48% des réponses indiquent que les personnes interrogées sont « révoltées » par la situation économique de la France tandis que 30% d’entre elles sont « résignées ». On ne trouve que 14% de confiants et d’enthousiastes.
    • Les catégories sociales où le sentiment de révolte prédomine sont les ouvriers (64%), suivis des artisans et petits commerçants (55%) et des employés (52%). Le sentiment de révolte est le plus faible pour les professions libérales et cadres supérieurs, mais il atteint néanmoins 36%.


    I. Un regard critique et argumenté sur la mondialisation et le libre-échange.

    La question principale porte sur l’appréciation de l’ouverture des frontières aux marchandises de pays comme la Chine et l’Inde et globalement aux pays émergents. Les résultats témoignent d’un rejet massif de la mondialisation.

    Un jugement négatif est partagé par 73% des réponses en ce qui concerne les déficits publics, 78% en ce qui concerne le niveau des salaires et 84% en ce qui concerne l’emploi.

    Notons aussi que le pourcentage de réponses indiquant que ces conséquences ont pu être positives voire très positives n’est que de 7%, soit 12 fois moins que le pourcentage estimant que les conséquences sont négatives voire très négatives.

    Ce jugement est sans appel. Sur les trois grandes questions qui concernent l’économie, l’emploi, les salaires et les déficits, il se trouve une écrasante majorité de français pour considérer que l’ouverture de l’économie a eu des conséquences néfastes. Très clairement, la « mondialisation heureuse » n’existe que dans certains journaux ou sous certaines plumes.


     

    Cette ouverture est aussi considérée comme une mauvaise chose pour les pays développés en général (52%) et pour la France en particulier (57%). C’est aussi une mauvaise chose pour la sécurité des produits distribués en France (71%), pour les salariés (72%) et pour l’environnement (73%). La conscience des résultats négatifs de l’ouverture ne se limite donc pas à la question sociale. Elle touche aussi massivement la question de la sécurité des produits de consommation (et la sécurité alimentaire) ainsi que l’environnement. La prise de conscience qu’il y a une contradiction radicale entre le libre-échange et la préservation de l’environnement apparaît particulièrement massive.

    Quand on demande aux personnes interrogées de se projeter dans le futur, elles sont 75% à répondre que l’ouverture aura des conséquences négatives sur l’emploi dans les dix années à venir. Elles sont donc opposées logiquement à hauteur de 70% à l’absence ou la faiblesse des droits de douane sur les produits provenant des pays émergents, et partisans à 65% d’une hausse de ces droits. Les conséquences d’une politiques protectionnistes sont perçues comme favorables à la protection du savoir faire français (59%), des activités de l’industrie (57%), de l’emploi (55%) et de la croissance (50%).

    Massivement, les personnes interrogées pensent que c’est à l’Europe qu’il revient de mettre en œuvre cette politique protectionniste (80%). Mais, au cas où l’on se heurterait à un refus de nos partenaires européens à appliquer une telle politique, 57% des personnes interrogées répondent qu’il faut que la France fasse cavalier seul. On ne saurait mieux exprimer la formule « avec l’Europe si on le peut, avec la France s’il faut, contre l’Europe si on le doit » !


    II. Un phénomène qui transcende les partis et les positions sociales.

    Cette dernière question est très symptomatique car elle concentre à la fois le problème du protectionnisme et celui d’une possible action unilatérale de la France,

    De manière significative, on ne retrouve cet équilibre que chez les électeurs des Verts. Les électeurs de l’UMP et du PS soutiennent quant à eux de manière importante le principe d’une politique unilatérale (58% et 56%) en dépit des positions proEuropéennes de ces deux partis. Comme on peut s’y attendre, ces positions sont plébiscitées par les personnes qui sont proches du Front de Gauche et du Front National (73% dans les deux cas). Mais, ces résultats s’inscrivent dans une tendance générale. Les chiffres du Front de Gauche et du Front National indiquent qu’ils sont plus dans une position d’influence sur la gauche et la droite modérée que dans une position d’opposition. Les résultats par catégories socioprofessionnelles confirment ce jugement. Si on retrouve 60% d’ouvriers pour considérer que la France devrait appliquer des droits de douane à ses frontières en cas de refus ou d’échec d’une solution concertée européenne, les pourcentages des artisans et petits commerçants (63%), celui des employés (57%), mais aussi – O surprise – ceux des cadres supérieurs et professions libérales (56%) ne sont guère différents.

    Il y a donc une contradiction évidente entre l’électorat et les principaux partis (PS et UMP) sur la question européenne. Par contre, le Front de Gauche et le Front National apparaissent comme bien plus en cohérence avec leurs électeurs. N’en doutons pas : si un référendum devait être organisé demain sur une telle question, il aboutirait au même désaveu de la classe politique, et des grands médias, que celui de 2005. D’ailleurs, 61% des personnes interrogées se prononcent en faveur d’une pétition pour l’organisation d’un débat à l’échelle européenne contre 21% de réponses opposées.

    Ce jugement extrêmement négatif se vérifie si on le ventile par affiliation politique (le pourcentage maximum étant celui des personnes proches du PS avec 90% et le pourcentage minimum celui des personnes proches du MODEM avec 82%). Il en va de même quand on le ventile en fonction du vote pour les candidats de l’élection présidentielle de 2007 (90% des personnes ayant voté pour Ségolène Royal partagent ce jugement négatif contre 86% pour François Bayrou).

    On observe un résultat analogue quant aux conséquences du libre-échange sur le niveau des salaires.Un jugement très négatif est partagé à égalité par les anciens électeurs de Ségolène Royal et de Jean-Marie Le Pen (89%) et ne tombe qu’à 72% avec les électeurs de Nicolas Sarkozy. Les sympathisants du MODEM sont certes les moins convaincus (encore que le pourcentage soit de 72%), mais il est de plus de 80% pour tous les partis de gauche et les Verts et de 86% pour le Front National.

    Enfin, l’impact sur les salariés français de l’ouverture est lui aussi jugé négativement à une très large majorité par les sympathisants de tous les partis et pas les personnes ayant voté pour les cinq candidats pour lesquels les résultats ont été comptabilisés.

    Jamais la divergence entre le discours des états-majors ou des futurs candidats des partis centraux de l’échiquier politique français (PS et UMP) et leurs électeurs n’aura été aussi grande que sur la question des conséquences de la mondialisation.

    Ce protectionnisme les sondés espèrent massivement qu’il pourra se mettre en place à l’échelle européenne. Mais, en même temps, ils ne sont pas dupes. Ils savent pertinemment que la construction européenne est devenue une énorme machine qui produit du règlement mais pas de politique. Alors, face à cette réalité incontournable, ils expriment aussi une forte volonté que ce soit dans le cadre national que soient formulées les solutions.

    Le choix d’une solution unilatérale provoquerait une crise majeure dans l’UE, ce qui est dit et répété là encore par une large partie de la classe politique et des médias. Pourtant, une telle solution semble être acceptée par une large majorité des personnes sondées. Non seulement l’écart entre les partisans et les opposants à une telle solution est considérable (57% contre 31%), mais on ne trouve que 10% du total des personnes interrogées pour dire qu’elles sont tout à fait opposées à une solution unilatérale, autrement dit qu’elles placent l’UE au-dessus des intérêts de la France. Le grand rêve européen, entamé par l’acte unique, s’achève et les Français se réveillent profondément attachés à leur Nation.


    III. Les conséquences politiques.

    La maturité des Français, telle qu’elle se dégage de ce sondage, est assez étonnante. Qu’il s’agisse des causes de la situation économique ou des solutions à y apporter, on trouve dans les réponses la trace d’un argumentaire étoffé.

    Le principal problème vient de la divergence entre les positions politiques affirmées du PS et de l’UMP et le positionnement de leurs électeurs. La contradiction, on l’a déjà dit, est patente et massive. Elle se renforce du fait que 64% des personnes interrogées pensent que la question du protectionnisme devrait être un sujet important lors de la prochaine élection présidentielle. Ils ne sont à l’inverse que 23% à penser que cette question n’est pas vraiment importante et seulement 5% à considérer que l’ouverture économique ne constitue pas un sujet.

    Or, sur ce point, les positions des deux grands partis français sont pour le moins sujettes à caution. Si, à l’UMP, Nicolas Sarkozy avait fait durant sa campagne électorale quelques déclarations laissant à penser qu’il était en faveur d’un certain protectionnisme, elles n’ont pas été suivies d’effets. Au PS on balance entre une référence à des « écluses », voire des droits de douanes (mais uniquement contre des pays ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire et environnementale) et les déclarations récentes de l’un des candidats potentiels, François Hollande, qui a exclu tout recours au protectionnisme. On constate donc qu’aujourd’hui, tant la pratique des uns que le discours des autres sont à l’opposé de ce que réclament les Français.

    Une telle divergence est suicidaire. Elle l’est pour chacun de ces partis qui prend le risque de passer à côté d’un thème majeur de la future campagne électorale, et ainsi de favoriser les partis qui, eux, sont beaucoup plus en phase avec l’opinion des Français, et en particulier le Front de Gauche et le Front National. Mais, cette divergence est aussi, et même avant tout, suicidaire pour la classe politique et pour la démocratie. Elle contribue à asseoir dans l’opinion l’idée que la classe politique, du moins pour ce qui concerne les « grands partis » a des intérêts et des préoccupations radicalement différents de ceux de la population. La vague populiste qui monte dans notre pays comme dans de nombreux pays d’Europe y trouvera certainement un aliment important, et peut-être même décisif dans les mois qui viennent

    Le bon sens voudrait donc que les « grands partis » se saisissent sérieusement d’une question qui, comme l’indique ce sondage, transcende les partis et les positions sociales. Des réponses fortes et positives doivent y être apportées d’urgence, et l’on ne pourra plus s’abriter derrière l’argument d’une inaction européenne pour justifier sa propre inaction.

    À défaut, il faut s’attendre à une montée en puissance des partis qui, eux, auront compris l’importance de la question du libre-échange et de la mondialisation. Il sera trop tard, au soir d’une élection, de venir le regretter.
     
     
    Jacques Sapir (Pour un protectionnisme européen, 16 juin 2011)


     

    Lien permanent Catégories : Economie, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Guerre d'Irak : le sang du pétrole !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article cueilli sur Oil Man - Chronique du début de la fin du pétrole, un excellent blog du journaliste indépendant Matthieu Auzanneau, que nous vous invitons à consulter régulièrement.

     

    Fuel on the fire.png

     

    La guerre d’Irak était BIEN une guerre du pétrole (cette fois, c’est prouvé !)

    On s'en doutait, quelques-uns l'avaient affirmé, mais on n'avait pas vu encore la fumée sortie du canon. C'est désormais chose faite, grâce au militant britannique Greg Muttitt et à son livre d'enquête Fuel on The Fire, publié en avril.

     

    L'accès au brut irakien était bel et bien au coeur de la décision britannique de s'engager aux côtés des Etats-Unis lors de l'invasion de l'Irak en 2003. C'est ce que prouvent des documents confidentiels obtenus par M. Muttitt grâce à la loi britannique sur la liberté d'information, et dont le quotidien The Independent s'est fait l'écho. [Je gardais sous le coude cette info, en attendant de voir si elle allait faire scandale en Grande-Bretagne : loupé, à ma maigre surprise.]

    Cinq mois avant le début de l'invasion lancée en mars 2003, la ministre du commerce britannique, la baronne Elisabeth Symons, déclarait aux représentants des majors britanniques qu'elle ferait en sorte que ces dernières aient accès aux réserves d'hydrocarbures dans l'Irak d'après Saddam Hussein.

    Le compte-rendu d'une réunion avec BP, Shell et BG (British Gas) datée du 31 octobre 2002 indique : « La baronne Symons a reconnu qu'il serait difficile de justifier que les compagnies britanniques puissent sortir perdantes en Irak (...) si la Grande-Bretagne devait être un allié proéminent du gouvernement américain durant la crise. » La ministre a alors promis « de rendre compte aux compagnies avant Noël » du résultat de ses tractations auprès de l'administration Bush à Washington.

    Le ministère des affaires étrangères britannique invitait BP le 6 novembre 2002 à parler des opportunités en Irak « après le changement de régime ». Dans le compte-rendu de la réunion, on peut lire : « L'Irak est la grande opportunité du pétrole. BP est prêt à tout pour y aller, et s'inquiète que des accords politiques ne la privent de cette opportunité. »

    Après une autre réunion, en octobre 2002, le directeur du Moyen Orient au Foreign Office notait : « Shell et BP ne pourraient pas se permettre de ne pas avoir leur part en [Irak], pour le bien de leurs futurs à long terme. (...) Nous sommes déterminés à obtenir pour les compagnies britanniques une part honnête de l'action dans l'Irak post-Saddam. »

    Un mois avant l'invasion de l'Irak, en février 2003, l'ex-premier ministre Tony Blair qualifiait d' « absolument absurde » l'idée que cette invasion puisse être motivée par le pétrole. Le 12 mars 2003, le patron de BP de l'époque, Lord Browne, déclarait : « De mon point de vue, et du point de vue de BP, ce n'est pas une guerre du pétrole. »

    Aux Etats-Unis, l'administration Bush n'a, bien entendu, jamais reconnu le rôle joué par le pétrole. Les mobiles, c'était les armes de destructions massives (inexistantes) de Saddam Hussein et les liens (fictifs) de ce dernier avec l'organisation terroriste Al-Qaida.

    Quelques personnalités liées à l'administration Bush ont pourtant pu révéler le secret de Polichinelle, notamment Paul Wolfowitz (« La plus grosse différence entre la Corée du Nord et l’Irak (...) : l’Irak nage dans une mer de pétrole ! ») et Alan Greenspan (« Je suis attristé qu'il soit politiquement inconvenant de reconnaître ce que tout le monde sait : la guerre d'Irak est largement une histoire de pétrole »).

    Lors des réunions de l'Energy Task Force assemblée par le vice-président Dick Cheney en 2001, dans les premières semaines de l'administration Bush, une carte fut produite, faisant état d'un découpage possible de futures concessions pétrolières en Irak. L'existence de cette carte fut révélée en 2002 par décision de la justice américaine.

    Après avoir quitté le gouvernement, Lady Symons, aujourd'hui âgée de 59 ans, est devenue conseillère de la banque d'affaires MerchantBridge, qui a réalisé d'importants profits dans des contrats de reconstruction dans l'Irak d'après-guerre, précise The Independent. En mars, Elisabeth Symons a rompu les contacts qu'elle entretenait avec le Conseil de développement économique national libyen, auprès duquel elle intervenait en tant que conseillère bénévole.

    L'Irak détient 8,3 % des réserves mondiales de pétrole. C'est aujourd'hui le seul producteur majeur dont les capacités de production semblent pouvoir être accrues de façon substantielle, face à la perspective d'un déclin des extractions de nombreux autres grands producteurs (voir aussi [oil man] 'Peak Oil' : LE DOSSIER).

    Les intérêts britanniques dans le pétrole irakien remontent à la veille de la première guerre mondiale, à l'époque de la Turkish Petroleum Company. Ceux des compagnies américaines remontent à la création de l'Iraq Petroleum Company, en 1929.

    Matthieu Auzanneau (Oil Man, 14 juin 2011)

    Lien permanent Catégories : Economie, Géopolitique 0 commentaire Pin it!
  • Quand les chinois construisent l'Europe...

     Vous pouvez visionner ci-dessous sur Realpolitik.tv un entretien avec Hervé Juvin sur la menace que les entreprises chinoises font peser sur l'Europe et son modèle social à construire. Clair et percutant ! 

     


    Hervé Juvin : quand les Chinois construisent... par realpolitiktv

    Lien permanent Catégories : Economie, Entretiens, Géopolitique, Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!