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Economie - Page 20

  • Vers une ruée sur les banques ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'économiste Jaques Sapir, cueilli sur le site du magazine Marianne, qui évoque le risque d'une véritable ruée des populations grecques et espagnoles sur les banques en vue d'y retirer du numéraire, ruée qui provoquerait immanquablement un effondrement de la zone euro...

     

     

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    «Bank run» en Europe

    La situation économique dans la zone Euro continue de se dégrader rapidement. 

    En Grèce, avec la double annonce de la suspension des négociations avec le FMI et de la suspension des prêts de la BCE aux banques, le « bank run » modéré que l’on connaît actuellement peut à tout moment s’amplifier et devenir incontrôlable. Il faut se souvenir qu’en Russie, en 1998, ce fut un « bank run » qui sonna la fin pour le système économique eltsinien. En 5 jours, les banques étaient exsangues et le gouvernement contraint de déclarer un défaut et de laisser flotter le Rouble, ce qui aboutit à sa dévaluation de 50%. 

    Si le système bancaire grec s’effondre dans les prochains jours, il n’y aura plus d’arguments (autres que politiques) pour refuser un défaut et une sortie – à terme – de l’Euro. 

    En Espagne, l’adjudication aujourd’hui d’une somme de 2,54 milliards d’euros s’est faite dans de mauvaises conditions. Les taux à 4 ans sont montés au-dessus de 5% et les taux à dix ans atteignent 6,3%. Le rapprochement rapide des taux « courts » avec les taux « longs » est un symptôme indubitable d’une crise de liquidité. L’Espagne est, désormais, dans la même situation que début novembre dernier. La dégradation de la note de 16 banques espagnoles est logique quand on sait que le pourcentage de crédits qui ne sont pas remboursés atteint désormais 8,1% de l’encourt total. Encore, ce chiffre est une moyenne. Dans certaines banques, on atteint des taux de plus de 10%. Le pays est coincé entre une récession qui provoque un taux de chômage historique et une crise bancaire massive, qui vient de l’insolvabilité des ménages. Ceci avait été annoncé en septembre dernier. La solution est que l’État prenne à son compte les dettes privées, mais la somme atteint désormais de 170 à 250 milliards. Sous la menace d’un « bank run » qui peut se déclencher très rapidement, le gouvernement ne pourra plus tergiverser et devra demander rapidement à bénéficier de l’aide européenne (FESF). 

    La situation espagnole se traduit par une aggravation rapide de la crise en Italie (ou les taux à 10 ans ont atteint 5,8%), au Portugal (déjà sous perfusion du FESF) mais aussi de la France, dont l’écart des taux avec l’Allemagne a atteint aujourd’hui 1,4% (142 points de base). 

    La mécanique de la crise de l’Euro s’est bien remise en marche (en fait dès la fin du mois de mars). Cette crise s’accélère et devient généralisée avec la concomitance des problèmes grecs et espagnols. Si un « bank run » survient en Espagne, ou si le même mécanisme s’accélère en Grèce, la question d’un effondrement a très court terme de la zone Euro ne pourra plus être éludé. 

    Faute de réponses structurelles, aujourd’hui impossible tant pour des raison politiques qu’institutionnelles, une dissolution ordonnée de la zone apparaît comme la seule solution susceptible de préserver l’avenir et de permettre la survie de mécanismes de coordination monétaire.

    Jacques Sapir (Marianne, 20 mai 2012)

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  • Appel pour un protectionnisme européen !...

    L'économiste Jean-Luc Gréau, qu'on voit peu sur les plateaux de télévision compte tenu de ses prises de position hétérodoxes, soutient l'Initiative citoyenne européenne pour un protectionnisme européen.

    Jean-Luc Gréau est l'auteur de plusieurs essais, dont L'avenir du capitalisme (Gallimard, 2005) et La trahison des économistes (Gallimard, 2008).


    Appel pour un protectionnisme européen soutien... par webtele-libre

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  • Une autre économie est possible !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Le Vigan, cueilli sur Voxnr et consacré aux travaux du groupe des "Économistes attérrés".

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    Une autre économie est possible

    Aberrante, atterrante et néfaste : telle est l’orientation de l’économie actuelle. Une économie qui met l’homme au service de l’accumulation de l’argent. De là une réaction salutaire chez quelques spécialistes de la chose économique. Avec un fil conducteur : ne pas se laisser enfermer dans l’économisme. Ainsi sont nés les économistes atterrés. Ils ont fait irruption en 2010 avec un Manifeste qui a renversé la table. Ils avaient de quoi être atterrés par quelques oublis des libéraux. D’où leurs piqûres de rappel : sans l’Etat, disent-ils justement, l’économie ne fonctionnerait pas ; sans les dépenses sociales, la consommation s’effondrerait. Quant aux prélèvements obligatoires chacun doit savoir qu’ils sont en bonne part redistribués y compris aux entreprises. Il faut aussi prendre en compte l’ambiguïté de la notion de prélèvement obligatoire : ainsi, on ne compte pas, aux États-Unis ou en Chine, les dépenses privées laissées à chacun pour la santé et l’éducation, qui sont en fait des prélèvements quasi-obligatoires, alors que ces dépenses sont comptabilisées en France car elles sont publiques.

    Les économistes atterrés s’invitent maintenant dans le débat de 2012. Avec un constat et surtout des propositions : la réhabilitation du keynésianisme (Henri Sterdiniak), un développement soutenable distinct du dogmatisme de la décroissance (Jean-Marie Harribey), le recentrage des banques sur le financement de l’économie et non sur la finance de marché (Frédéric Boccara), la réhabilitation de l’impôt, la mise en place d’une fiscalité à nouveau progressive comme elle l’était dans les années 60 et 70 sous de Gaulle et Pompidou, des propositions de réduction radicale des possibilités d’activités financières spéculatives nocives à l’économie productive (Frédéric Lordon), la mise en place d’un système socialisé et relocalisé du crédit.

    Les vérités cachées par les libéraux sont rappelées : le poids de la dette publique est moins important que celui de la dette privée, la Sécurité Sociale n’entre que pour moins de 10 % dans la dette publique, la part des salariés qui ne sont payés qu’au SMIC augmente tandis que ce salaire minimum augmente systématiquement moins que la productivité du travail. Les économistes atterrés pointent les tendances de fond : l’individualisation des protections sociales à la place des solidarités collectives, le recours accru aux assurances privées, aux frais de gestion bien supérieurs à ceux des assurances publiques, les entreprises poussées par la financiarisation à se concentrer sur les seuls secteurs à forte profitabilité et à développer la sous-traitance à bas prix, éventuellement dans le tiers monde, brisant ainsi l’unité du collectif de travail. Avec comme conséquence la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée.
    C’est pourquoi les auteurs proposent de faire de l’entreprise un véritable sujet de droit dans lequel seraient représentés salariés et sous-traitants. Ce pourrait être le moyen de mettre en place un grand chantier d’amélioration des conditions de travail, loin des utopies démobilisatrices de la « fin du travail » - et de son corollaire le revenu de citoyenneté . La poursuite, étendue à l’Europe, de la réduction du temps de travail et la mise en place d’un SMIC européen pourraient favoriser l’emploi. Les économistes atterrés engagent donc la lutte des idées pour sortir du mondialisme, de la financiarisation et de l’économisme. Ils laissent toutefois deux points de côté. L’un est la question du protectionnisme européen. Comment ne pas voir que c’est un passage essentiel vers une autre économie ? Même s’il n’est pas suffisant à lui seul. Comment ne pas en faire un productivisme à l’échelle européenne mais un projet neuf ? La deuxième question qui est occultée est le rôle de l’immigration. Comment ne pas voir qu’elle sert à peser à la baisse sur les salaires et à éviter la recherche de gains de productivité ? Comment ne pas voir qu’elle est « l’armée de réserve du capital » ?

    Encore un effort camarades !

    Pierre Le Vigan (Voxnr, 29 mars 2012)

    Notes

    Cf. l’analyse nuancée d’Alain de Benoist, Au bord du gouffre (éd. Krisis, 2012.

    Les économistes atterrés, Changer d’économie, nos propositions pour 2012, Les liens qui libèrent, 246 pages, 18,50 E

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  • Pour le protectionnisme européen !...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une prise de position forte et claire d'Hervé Juvin en faveur du protectionnisme européen. Hervé Juvin a publié en 2010 aux éditions Gallimard  un essai fondamental intitulé Le renversement du monde.

     


    Initiative citoyenne européenne organisée par le... par webtele-libre

     

     

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  • Le protectionnisme et ses ennemis...

    Les éditions Les Liens qui Libèrent viennent de publier un ouvrage collectif intitulé Le protectionnisme et ses ennemis, qui rassemble des articles de Ha-Joon Chang, Serge Halimi, Frédéric Lordon, François Ruffin et Jacques Sapir...

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    "Chômage, précarité, baisse du niveau de vie… Autant de maux que la mondialisation a considérablement aggravés. Veau d’or du capitalisme, le libre-échange passe, aux yeux de ses défenseurs, pour une loi incontournable de l’économie, à l’égal de celle de la gravitation universelle de Newton ou de l’héliocentrisme de Galilée. Et si le protectionnisme n’était pas l’épouvantail agité par les économistes bien-pensants ? Ce deuxième petit livre de la collection « Prendre parti » rassemble ici quelques-uns des articles les plus représentatifs de cette réflexion… Celui du grand économiste américain Chang, fils spirituel de Stiglitz, l'un des premiers à avoir étudié le mythe du libre échange dans l'histoire, celui de Jacques Sapir, auteur de La déglobalisation, qui explique pourquoi aujourd hui le retour du protectionnisme est vital pour nos économies anémiées, celui de Frédéric Lordon, auteur notamment de D'un retournement l'autre (Seuil) qui dénonce la mauvaise foi des thuriféraires du libre échange et les dangers d'une idéologie dominante qui a créé les conditions de la crise, celui de François Ruffin qui raconte comment le mot de protectionnisme est devenu imprononçable alors que nos industries sont sacrifiées, et celui enfin de Serge Halimi qui réinscrit le protectionnisme à l'aube du développement des Etats-Unis."

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  • Une solidarité européenne à sens unique...

    Nous reproduisons ci-dessous le point de vue de l'économiste dissident Jean-Luc Gréau sur le Mécanisme européen de stabilité. Les propos ont été recueillis par Gil Mihaely pour le site Causeur.

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    Gil Mihaely. Le 21 février, à la demande du gouvernement, l’Assemblée nationale a examiné en procédure d’urgence le projet de loi ratifiant le Mécanisme européen de stabilité (MES), sorte de Fonds monétaire européen. Son rôle : soutenir la stabilité d’un État membre dont les difficultés financières risquent de menacer la zone euro. Est-ce un bon outil pour résoudre les problèmes de la dette en Grèce ainsi qu’au Portugal et en Espagne ?

    Jean-Luc Gréau. Je ferai une double observation préliminaire : pourquoi faut-il sauver les pays que l’euro protégeait et favorisait et sauver en même temps cet euro qui paraissait bâti pour durer des siècles ? Pourquoi les dirigeants européens passent-ils désormais l’essentiel de leur temps en négociations interminables alors que leur présence et leur action sont réclamées par ailleurs (au train où vont les choses, ils seront en conclave européen permanent) ?
    Sur le Mécanisme européen de stabilité, nouvelle mouture du Fonds européen de stabilité financière (FESF), nous devons statuer : pouvons-nous sortir de la faillite grecque, irlandaise, portugaise, voire espagnole en surendettant un peu plus les voisins ? Je crois que c’est un contresens. Il fallait, dès mai 2010, accepter le défaut de paiement de la Grèce et sa sortie de l’euro.
    D’ailleurs, l’efficacité du MES sera mise à l’épreuve dès le 20 mars, jour où le Trésor grec devra lever plus de 14 milliards d’euros pour se refinancer, somme qui équivaut à 110 ou 120 milliards pour un pays comme la France ou l’Italie. Les prêteurs accepteront-ils de souscrire sur la base des garanties accordées par l’Europe ? Peut-être avec l’argent que la Banque Centrale Européenne leur prête à un taux d’1%. Mais ce n’est même pas sûr.
    Dans l’immédiat, la Grèce continue de s’enfoncer. Une entreprise sur quatre a mis la clef sous la porte. La moitié des entreprises restantes n’est pas en mesure de payer ses employés à l’échéance. Les salaires du privé ont baissé de 15% en moyenne, ceux du public de plus de 20%. Une économie de troc a commencé à s’installer, qui ne paie évidemment pas d’impôts. Les Grecs des villes commencent à retourner à la campagne pour exploiter des lopins de terre.

    GM. Le MES n’aura de comptes à rendre ni au Parlement européen ni aux parlements nationaux. Et pour avoir accès aux aides du MES, un État devra avoir accepté toutes les dispositions sur l’austérité budgétaire inclues dans le traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance dans l’Union économique et monétaire (TSCG). La solution à l’actuelle crise de l’euro est-elle d’accélérer l’intégration européenne et de renoncer à la maîtrise de notre budget national ainsi qu’à une part importante de notre souveraineté ?

    JLG. Le lien politique entre le MES et le traité de discipline budgétaire crée un imbroglio. Le traité vaut pour tous, même pour les Etats dont la dette n’a pas encore été menacée, c’est-à-dire que même la France devrait faire approuver son budget national par cette instance. Ce point devrait être, avec l’euro et les institutions européennes, au cœur de la campagne électorale. Son absence démontre la faiblesse des politiques. Peut-on croire un seul instant que François Hollande fera amender le traité ?
    Quant à la « gouvernance » européenne, cette question pose un problème technique : sur quels critères apprécier la situation d’un pays ? Il y a quatre ans, l’Irlande affichait une dette publique de 25% du PIB et un excédent budgétaire. L’Espagne, une dette de 40% du PIB et un excédent budgétaire. Y avait-il de quoi les mettre sous surveillance ? Non, mais le problème se situait ailleurs, dans l’immobilier et le crédit bancaire.

    GM. Cette question n’est pas technique mais éminemment politique… Les élections d’avril, mai et juin gardent-elles encore un quelconque intérêt lorsque quand les questions les plus importantes ne sont pas à l’ordre du jour ?

    JLG. Vous avez raison et j’allais y venir. L’autre face de la question de la gouvernance européenne est évidemment politique : si, effectivement, le nombre d’ambassades, de lycées français à l’étranger, d’avions de chasse de la France doit être fixé à Bruxelles, nous n’avons guère de raison de voter. La Grèce et l’Italie sont aujourd’hui gouvernées par des banquiers nommément désignés pour appliquer des programmes « européens » de redressement de leur pays. La démocratie est au bord du gouffre. J’ajoute un point sur lequel nos politiques et nos journalistes sont muets. La Grèce et l’Irlande se sont proclamées « portes d’entrée de la Chine en Europe » pour attirer les capitaux chinois. Or, nous avons subventionné ces deux chevaux de Troie par le biais des fonds structurels européens puis engagé le crédit de la France, de l’Allemagne et des Pays-Bas (entre autres) pour éviter leur défaut de paiement instantané. Pourquoi la solidarité joue-t-elle dans un sens et pas dans l’autre ?

    Jean-Luc Gréau (Causeur, 23 février 2012)

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