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  • La forêt sacrée des Celtes...

    Les éditions Yoran viennent de publier un essai de Bernard Rio intitulé La forêt sacrée des Celtes - Du paganisme au christianisme. Écrivain et journaliste, Bernard Rio est l'auteur de plusieurs ouvrages historiques et ethnologiques comme Mystères de Bretagne (Coop Breizh, 2018) ou 1200 lieux de légende en Bretagne (Coop Breizh, 2020) ainsi que d'un roman, Un dieu sauvage (Coop Breizh, 2020). Il tient également la chronique "Un païen dans l'église" dans la revue Éléments...

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    " Les Celtes de l’antiquité se détournaient des cités pour chercher le reflet de la divinité sous les frondaisons des chênes.

    Renouant avec cette attitude, Bernard Rio s’est interrogé sur les mythes et les légendes qui fondent la culture occidentale, il perçoit la forêt comme un lieu d’ensauvagement et d’enseignement. La forêt au milieu du monde et l’arbre au milieu de la forêt comme symbole de l’axis mundi, telle est l’idée maîtresse de cette immersion dans les traditions populaires, les romans médiévaux ou les chantiers archéologiques.

    C’est à la forêt, premier et dernier temple de la divinité, que les peuples d’Europe doivent leur héritage et leur devenir. Aller dans la forêt et se percher dans l’arbre de vie, pour y apprendre l’histoire et bâtir le monde de demain, telle est la leçon conjuguée de Merlin, de Bernard de Clairvaux et de François-René de Chateaubriand ! "

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  • Gérald Darmanin, le voyou de la République...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Camille Galic, cueilli sur Polémia et consacré aux mesures liberticides prises par Gérald Darmanin pour interdire toute expression libre à la droite radicale... Journaliste, Camille Galic a dirigé l'hebdomadaire Rivarol pendant vingt-cinq ans.

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    Gérald Darmanin, le voyou de la République

    Après la scandaleuse interdiction par la préfecture de police de l’hommage national prévu le dimanche 14 mai à 9 h 30 place des Pyramides, à Jeanne d’Arc, sainte de la Patrie, sous prétexte qu’il serait « porté par des groupuscules d’ultradroite » selon la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté Sonia Backès (un référé a été déposé contre cette mesure inique), on peut s’attendre au pire. Le VIIe Forum de la Nation organisé la veille par Jeune Nation dans l’espoir de « rebâtir la nation au milieu des ruines » est-il également menacé ainsi que le banquet de Rivarol annoncé pour le 24 juin et sans doute bien d’autres manifestations. Bien sûr, on peut être d’accord ou non avec tel ou tel courant de pensée ou telle ou telle expression d’une opinion. Mais la liberté ne se divise pas et le principe de la liberté d’expression est précisément de permettre l’expression de ceux avec qui on n’est pas d’accord ! L’attitude du gouvernement est dangereusement liberticide car de proche en proche toute expression qui lui déplaît pourrait être interdite.

    Cette question se pose depuis l’instruction donnée le 9 mai par Gérald Darmanin aux préfets de « prendre des arrêtés d’interdiction » lorsque « tout militant d’ultradroite ou d’extrÊme droite [le ministre ratisse large, Nadine Morano et même Sylvain Tesson ou Michel Houellebecq étant désormais catalogués d’extrême droite !] ou toute association ou collectif, à Paris comme partout sur le territoire, déposera des déclarations de manifestations » semblables à celle qui s’est déroulée le 6 mai. Dans le calme et la dignité et sans provoquer le moindre incident mais qui, en raison des « images choquantes », cf. la Première ministresse, diffusées ad nauseam par les chaînes de télévision, n’en a pas moins provoqué l’indignation générale. D’Éric Ciotti aux plus excités des Insoumis en passant par Mathieu Bock-Côté qui, d’ordinaire mieux inspiré, a flétri sur CNews le 8 mai ce défilé de « néo-fascistes et peut-être même de néo-nazis professant une idéologie détestable ». Mais, comme l’a sévèrement fait remarquer à l’Assemblée l’élue écolo Francesca Pasquini, « ce n’est pas parce que l’ennemi est silencieux et qu’il marche au pas sans déborder qu’il n’est pas dangereux ».

    Loin de Black Lives Matter

    Ces dangereux ennemis de l’humanité en général et de la République en particulier étaient des militants du Comité du 9-Mai créé en 1994, Édouard Balladur étant Premier ministre et Charles Pasqua ministre de l’Intérieur, à la mémoire du jeune Sébastien Deyzieu qui, poursuivi sur un kilomètre par des policiers à la suite d’une manifestation hostile à l’interventionnisme des États-Unis dans les Balkans et au Proche-Orient, s’était, pour leur échapper, réfugié sur le toit d’un immeuble, d’où il fit une chute mortelle. Un drame qui rappelait la mort du diabétique tunisien Malik Oussekine ayant succombé à une charge policière à Paris lors des émeutes anti-Devaquet en 1986 et annonçait celle du truand afro-américain et miné par la drogue George Floyd décédé en mai 2020 à Minneapolis lors d’une arrestation musclée par des flics – pour la plupart non Blancs.

    Mais si Oussekine et Floyd sont devenus des icônes de la gauche qui, dans le cas du second, lança le mouvement Black Lives Matter aussitôt célèbre et suivi dans le monde entier, une indifférence totale prévalut en ce qui concerne Sébastien Deyzieu. En revanche, l’émotion fut profonde dans les milieux nationaux. Le premier cortège d’hommage fut conduit par l’ancien député Roger Holeindre, les conseillers régionaux Jean-Yves Le Gallou, Marie-Caroline Le Pen et Philippe Olivier ainsi que par Samuel Maréchal, directeur du Front national de la jeunesse, et, depuis près de trois décennies, aucun dérapage n’a été observé lors des marches anniversaires.

    Dans son excellent article « Interdiction, répression… Darmanin, l’apprenti sorcier » publié ici, Guillaume Luyt, successeur de Maréchal à la tête du FNJ puis président des Identitaires de 2002 à 2009, déplore que les nationalistes de 2023 aient adopté « les codes de l’ultra gauche, repris il y a 20 ans par les nationalistes autonomes allemands », soit « le parfait look “black block” en y ajoutant, à l’envi, les masques et les cagoules les plus improbables ». Une mise en scène esthétiquement très réussie avec les drapeaux à croix celtique (vue aussi le même jour lors du sacre de Charles III à l’abbaye de Westminster !) mais en effet « parfaite pour les cameramen de Brut ou de Yann Barthès » et idéale pour légitimer tant l’indignation réelle ou feinte des belles consciences que la répression décidée par Gérald Darmanin qui savait ce qu’il faisait en prononçant il y a deux ans la dissolution de Génération identitaire. « Parce que le modèle identitaire avait débordé le cadre de la jeunesse patriote pour inspirer jusqu’aux élus locaux LR, il fallait l’éliminer », estime Guillaume Luyt. Avec cet avantage supplémentaire que, privée de cadre et livrée à elle-même, cette jeunesse ne manquerait pas de céder à certaines outrances et à la provocation (visuelle et non agissante, rappelons-le), ressuscitant ainsi « un spectre bien commode ».

    Ministre exécrable mais manipulateur d’élite

    En tant que ministre de l’Intérieur, Darmanin est au-dessous du médiocre comme il l’a montré face aux banlieues ethniques, aux clandestins (les 230 passagers en majorité africains de l’Ocean Viking refusés par l’Italie mais accueillis à Toulon en novembre 2022 et aussitôt évaporés dans la nature), aux « mineurs étrangers non accompagnés » mais parfois trentenaires qui, munis d’iPhone dernier modèle et frimant sur des trottinettes électriques, tiennent impunément le haut du pavé à Nice, à Marseille ou à Paris où ils participent aux trafics de drogue, aux mafias albanaises, rom ou nigériane, ou aux imams radicaux, assez puissants pour obliger la doyenne de la Sorbonne à annuler la conférence que devait donner le 12 mai l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, auteur aux éditions Odile Jacob du livre Le Frérisme et ses réseaux – L’Enquête. En revanche, celui qui se targue d’un grand-père maternel militant du FLN et d’une mère « femme de ménage » (alors qu’elle était concierge de la Banque de France où elle jouissait récemment encore d’un confortable appartement), est un politicard des plus retors et un manipulateur hors pair, sans foi ni loi et doté d’un formidable culot.

    Qu’on se souvienne de sa condamnation de Marine Le Pen, décrétée par lui alternativement « extrémiste » et « trop molle », puis de Georgia Meloni désormais accusée de « ne rien faire » pour juguler le tsunami migratoire déferlant sur l’Italie pour atteindre la France, accusation le conduisant à affirmer que, parvenue au pouvoir, la présidente du Rassemblement national serait aussi impuissante que Meloni. Reproche peut-être fondé, mais insupportable de la part d’un membre du gouvernement qui, à l’unisson avec la Commission européenne, s’est acharné à saborder, comme non démocratiques, toutes les initiatives prises par la dirigeante italienne pour tenter d’endiguer le Grand Remplacement. Et allégations insupportables surtout dans la bouche d’un ministre qui, après avoir annoncé à son de trompe sa volonté d’en finir avec l’immigration sauvage submergeant Mayotte grâce au déploiement d’importantes forces de l’ordre sur l’île martyre, a brutalement cané en trois jours devant l’obstruction des juges et le chantage du gouvernement comorien exigeant des compensations financières extravagantes pour reprendre ses ressortissants. Si tant est que cette très coûteuse opération se poursuive, le Tartarin de la Place Beauvau n’en parle plus, et les journalistes font montre d’une exquise discrétion.

    Darmanin ? Non, Darmalin

    Suivi par tous les médias de grand chemin, Darmanin a en revanche monté en épingle la présence (du reste traditionnelle et discrète) à l’hommage rendu à Sébastien Deyzieu d’Olivier Duguet, ancien trésorier de Jeanne, le micro-parti créé par Marine Le Pen, et d’Axel Loustau, ancien du GUD mais aussi conseiller régional RN d’Île-de-France jusqu’en 2021 et, lors de la présidentielle de 2017, directeur de la cellule financière de la campagne de la candidate Le Pen. Acculée à une attitude défensive, celle qui a érigé en ardente obligation la dédiabolisation de son parti est ainsi allée jusqu’à affirmer sur Sud Radio que Loustau et Duguet, qu’elle connaît depuis leurs études communes de droit et a si longtemps appréciés, « ne font pas partie de [s]es proches ». Cette assertion l’a fait perdre sur tous les tableaux, l’extrême gauche lui reprochant son « mensonge » et l’« extrême droite » sa « trahison ». Bien joué, Gérald Darmanin !

    Cette dernière péripétie, dommageable en vue des élections européennes, fera-t-elle également reculer Marine Le Pen dans les sondages qui la donnaient tous arrivant en tête au premier tour de la présidentielle de 2027 ? Une chose est sûre : si la tendance se confirme malgré tout, le nouveau Fouché profitera de toutes les occasions (quitte à les susciter) pour l’inverser. Et si Laurent Wauquiez se décide enfin à plonger dans le grand bain, il fera bien de se méfier, lui aussi. De même qu’Edouard Philippe car, nul ne l’ignore, Darmanin ou plutôt Darmalin rêve lui aussi d’un « destin national » et fera tout, y compris les plus sales coups, pour y parvenir.

    Camille Galic (Polémia, 12 mai 2023)

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  • Vercingétorix, stratège et tacticien...

    Les éditions Tallandier viennent de publier une monographie de Yann Le Bohec intitulée Vercingétorix - Stratège et tacticien.

    Professeur à la Sorbonne, Yann Le Bohec est un des meilleurs spécialistes de l'histoire romaine. Il a déjà publié, notamment, César, chef de guerre (Rocher, 2001), une Histoire militaire des guerres puniques (Rocher, 2011), Alésia (Tallandier, 2012), Géopolitique de l'Empire romain (Ellipses, 2014) et Histoire des guerres romaines - Milieu du VIIe siècle avant J.-C. - 410 après J.-C (Tallandier, 2017).

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    " Vercingétorix est le premier des « grands hommes » de l’histoire de France, de la France avant la France. Contrairement aux idées reçues qui le décrivent comme un simple meneur de bandes, il est à la fois un tacticien hors pair et un stratège redoutable. Une lecture fine de La Guerre des Gaules montre sa capacité à organiser tous les types de combats. Il se révèle un chef de guerre d’exception en lutte pour la liberté.

    Par son encadrement et son commandement, Vercingétorix transforme un groupe d’insurgés en une véritable armée opposée à l’impérialisme romain. Pour chasser les légions de la Gaule du Nord, il organise la « terre brûlée », tout en menaçant d’envahir les territoires de la vallée du Rhône, mettant déjà en oeuvre ce que les militaires anglo-saxons appellent aujourd’hui le pull and push, « pousser et tirer ». En 52 av. J.-C., à Gergovie, César, le grand vainqueur de la guerre des Gaules, affronte un adversaire à sa hauteur, qui lui inflige une sévère défaite (5 000 soldats morts). Quelques semaines plus tard, après la défaite d’Alésia, le héros gaulois offre sa reddition au proconsul pour que ses compatriotes arvernes soient épargnés. Après six ans d’une très cruelle captivité, il meurt à Rome, étranglé par ses geôliers.

    Grand spécialiste de l’histoire militaire romaine, à laquelle il a consacré de nombreux ouvrages, Yann Le Bohec s’attache ici à rétablir la vérité sur cet immense chef de guerre gaulois. "

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  • Dominique Venner, un étendard pour les générations...

    Le 12 mai 2023, Martial Bild recevait, sur TV libertés, François Bousquet, directeur de La Nouvelle Librairie, pour évoquer avec lui la journée de célébration des dix ans de la mort de l’écrivain et essayiste Dominique Venner, organisée le 21 mai 2023, salle Wagram à Paris.

     

                                              

    " Dominique Venner avait appelé à des actions « spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences ». Il s’est donné la mort dans la cathédrale Notre-Dame de Paris le 21 mai 2013. Ce geste a évidemment surpris, choqué, bouleversé. Cette mort volontaire n’était pas une renonciation, ni un geste de désespoir mais un germe, « comme une provocation à l’espérance et à l’émeute », un geste accompli "dans une intention de protestation et de fondation » car Dominique Venner se sentait le devoir d’agir « devant les périls immenses pour notre patrie française et européenne ».

    Dominique Venner a voulu mourir en Vieil Européen, suivant l’exemple de Caton d’Utique, de Sénèque, de Regulus. En ces temps où s’affichent des vies qui sont vides de sens, son geste incarne une éthique de la volonté, constituant un appel aux Européens encore lucides, par-delà les masses anesthésiées. De porte-glaive, Dominique Venner devenait une oriflamme, un étendard. Par sa mort, il marquait sa volonté de transmettre une flamme qui ne doit jamais s’éteindre. "

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  • Notre Russie...

    La revue Éléments publie cette semaine son deuxième numéro hors-série consacré à la Russie. Il qui propose une anthologie des textes les plus marquants qui lui ont été consacré dans le magazine depuis 50 ans.

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    Notre Russie
    Une histoire incorrecte
    Hors-série n°2

    Au sommaire du numéro :

    Éditorial
    Le retour du rideau de fer
    Par Alain de Benoist
    Éléments n° 196, mai 2022

    Débat
    La question qui dérange : le salut passera-t-il par la Russie soviétique ?
    Débat Jean Mabire - François Dirksen
    Éléments n° 26, printemps 1978

    Communisme
    Pourquoi nous sommes anticommunistes
    Par Alain de Benoist
    Éléments n° 57-58, mars 1986

    Misère de la kremlinologie : l’énigme soviétique
    Par Robert de Herte
    Éléments n° 57-58, mars 1986

    L’urbanisme soviétique : modèle ou catastrophe ?
    Par Michel de Sablet
    Éléments n° 28-29, mars 1979

    Sciences
    Quand l’URSS planifiait le surhomme : la face cachée de l’eugénisme russe
    Par Charles Champetier
    Éléments n° 92, juillet 1998

    Histoire
    Dominique Venner : une histoire de l’Armée rouge
    Par Philippe Conrad
    Éléments n° 39, juin 1981

    Sovietic Park : les 50 ans du musée militaire de Moscou
    Par Laurent Schang
    Éléments n° 158, janvier 2016

    Octobre 1917, une révolution inconnue
    Par Olivier François
    Éléments n° 159, mars 2016

    La Troisième Rome : la longue mémoire païenne de la Russie
    Par Pierre Vial
    Éléments n° 57-58, mars 1986

    Russie, l’histoire ouverte
    Par Alain de Benoist
    Éléments n° 74, printemps 1992

    Portrait
    Qui es-tu Poutine ? Par Alexandre Douguine
    Propos recueillis par Alain de Benoist
    Éléments n° 163, décembre 2016

    Héléna Perroud : « La notion de repentance est totalement étrangère à Poutine »
    Propos recueillis par Slobodan Despot et Alain Lefebvre
    Éléments n° 171, avril 2018

    Les vérités de Gérard Depardieu : « Il y a une russophobie terrifiante »
    Propos recueillis par François Bousquet
    Éléments n°195, avril 2022

    Qui est Alexandre Douguine ? Anatomie d’une pensée radicale et complexe
    Par Charles Castet
    Éléments n° 192, octobre-novembre 2021

    Cinéma et littérature
    Cinéma stalinien : quand la propagande avait du génie
    Par Pierre Gripari
    Études et Recherches n° 1, novembre 1974

    Vie, mort et résurrection d’un géant : Léon Tolstoï
    Par François Bousquet
    Éléments n° 137, octobre 2010

    Nicolas Gogol : le petit russien devenu grand
    Par François Bousquet
    Éléments n° 140, juillet-septembre 2011

    Jeune littérature russe : les bâtards de Staline et de Limonov
    Par Pascal Eysseric
    Éléments n° 163, novembre 2016

    Edouard Limonov : la rock star du national-bolchevisme
    Propos recueillis par François Bousquet et David L’Épée
    Éléments n° 179, août 2019

    Portrait d’un enragé : Zakhar Prilepine
    Par Slobodan Despot
    Éléments n° 163, décembre 2016

    Rendez-vous avec Zakhar Prilepine : le poète russe préfère les soldats du Donbass
    Propos recueillis par Michel Thibault
    Éléments n° 163, décembre 2016

    Esprit des lieux
    Objectif Sakhaline : la sentinelle de l’extrême Est de l’Empire russe
    Par Pierre Vial
    Éléments n° 39, été 1981

    Voyage en Katastroïka : en route pour Kiev
    Par Armand Grabois
    Éléments n° 163, décembre 2016

    Reconquête
    Au cœur de la maison russe : réflexions au pied de mon poêle
    Par Slobodan Despot
    Éléments n° 192, septembre 2021

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  • «Dans un monde aseptisé et ultra-sécurisé, l'homme moderne a fini par perdre toute liberté»...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julie Girard cueilli sur Figaro Vox et consacré à la perte, chez l'homme d'aujourd'hui, du goût du risque et de la liberté. Julie Girard est doctorante en philosophie à l'Université Paris VIII.

     

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    « Dans un monde aseptisé et ultra-sécurisé, l'homme moderne a fini par perdre toute liberté »

    La vulnérabilité a été le moteur de l'évolution de l'humanité pendant des centaines de milliers d'années. Sans défenses naturelles, l'humain est l'être vivant le plus vulnérable. Pour pallier ses insuffisances, il a développé sa meilleure arme, l'intelligence. Au gré des siècles, il a œuvré à son infaillibilité jusqu'à la confiner dans des programmes informatiques bien plus pérennes que sa boîte crânienne. Ainsi s'est ouverte la voie de l'intelligence artificielle. Ses progrès sont confondants et ses perspectives, infinies. Grâce à elle, des start-up promettent aujourd'hui l'immortalité virtuelle ou, comme l'annonce le slogan de la société DeepBrain AI, «le souvenir sans regret». Se faire consoler par un défunt revitalisé est désormais possible, grâce à sa plateforme dénommée «Re;Memory» qui construit une version numérique des disparus à partir de l'ensemble des données recueillies de leur vivant. On imagine aisément le roi Charles III, sous son épaisse cape d'hermine et auréolé de ses regalia, se recueillir après son couronnement, auprès d'une Elizabeth II reconstituée. «Je crois, Maman, avoir fait, pour une fois, un tabac !» s'enorgueillirait-il, la larme à l'œil. La vanité n'a pas fini de faire pleurer.

    Au XXIe siècle, le souvenir s'émancipe de la douleur car plus rien ne doit perturber nos sens, tant et si bien, qu'à la notion de vulnérabilité siérait davantage celle de vulnérabilisme. La vulnérabilité a, en effet, pris une ampleur considérable dans notre rapport au monde. Le développement du «care» et l'essor des politiques du «prendre soin» le confirment : elle est devenue la pierre angulaire de notre société, une fin plutôt qu'un moyen. Est-ce souhaitable ? Si protéger les plus fragiles est une nécessité, faut-il ériger la vulnérabilité de tout un chacun en matrice de notre pensée ? «Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort» écrit Nietzsche, en 1888, dans Le Crépuscule des idoles (GF Flammarion, 1985). Cette phrase, devenue l'une des plus célèbres maximes philosophiques, semble cruellement d'actualité alors que nous nous employons à anticiper la moindre de nos fragilités. Nous traitons le corps humain en bonne santé comme un condamné. À ce titre, la médicamentation chronique touche une part croissante de la population. Selon l'hebdomadaire The Economist, 20% des 40 à 79 ans vivants aux États-Unis et au Canada, prendraient cinq prescriptions ou plus par jour.

    Et cela, sans compter les nouveaux partisans de la minceur sans effort, heureux consommateurs de sémaglutide, le principe actif d'Ozempic. Une injection, et puis s'en va. Fini les tracas des régimes fastidieux : adieu la faim et bienvenu dans l'air de la miraculeuse satiété injectée. Et tant pis pour les pancréas qui ne suivraient pas. Déliés, les corps peuvent s'adonner aux plaisirs de la chair en toute impunité. Là encore, le sentiment de sécurité doit primer. Le cumul des traitements préventifs aux infections sexuellement transmissibles (IST) devient une pratique de plus en plus courante, comme l'explique le professeur Éric Caumes, infectiologue et ancien chef de service d'infectiologie de l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière. Dans son livre intitulé Sexe, Les nouveaux dangers (Bouquins, 2022), il met en garde contre la promotion tous azimuts de la PrEP, le traitement médicamenteux pris pour prévenir l'infection par le VIH. En effet, le sentiment d'immunité procuré par le traitement n'empêche pas la transmission d'autres IST et, par conséquent, l'augmentation de notre résistance collective aux antibiotiques.

    De quoi se demander si l'invulnérabilité tant recherchée ne serait pas le corollaire d'une soif d'irresponsabilité ? Qu'est-ce qu'être responsable, si ce n'est accepter les conséquences, heureuses ou douloureuses, de ses actes comme de ses paroles ? De ce fait, l'émergence de la «cancel culture» n'a, elle non plus, rien d'étonnant. Comme on immunise le corps, on immunise la pensée. On annule un discours, une œuvre, un film au prétexte d'être affecté : ici les reproductions du David de Michel-Ange, là les réalisations de Jean-Luc Godard… En conséquence, on s'autocensure et on se refuse à toute exposition de peur d'entacher la chimère de l'immaculé. Point de soubresaut, aucun mot de trop comme si, tels des funambules, nous devions avancer sur un fil tendu sans balancier au-dessus du bûcher des moralisateurs. Même les rappeurs aseptisent leur style, misant tout sur le larmoyant. Aurait-on, un jour, imaginé un Fifty-Cent apitoyé ? Gainsbourg sans Gainsbarre ?

    La vulnérabilité s'est imposée comme l'abscisse et l'ordonnée d'un monde qui, par peur de l'inattendu, de ce qu'il ne maîtrise pas, se vautre dans l'inertie au risque d'abîmer le principe cardinal de toute vie en société : l'altérité. Le Narcisse du XXIe siècle n'est malheureusement pas plus insensible au repli sur soi que ne l'était celui d'Ovide. Et les métamorphoses que ce rapport au monde engendre sont profondes. En pénétrant tous les pores du corps sociétal, le vulnérabilisme s'insinue au cœur de notre démocratie. Régime de crise par excellence, la démocratie nécessite, ce que Nietzsche appelle, «une grande santé», un mouvement de dépassement qui permette de résister aux tensions qui la traversent. La liberté a un prix, celui de notre capacité à surmonter l'inattendu, car à vouloir trop protéger le système, on le détruit. Qu'est-ce que la démocratie sans la confrontation d'idées divergentes, qui dérangent, auxquelles on ne s'attend pas et qui ouvrent le débat ?

    Il en va de même dans le secteur financier. D'éminents économistes, à l'instar de Larry Summers, ancien Secrétaire du Trésor américain, estiment qu'en matière financière, l'interventionnisme des gouvernements et le paternalisme des banques centrales montrent certaines limites. Summers déclare ainsi qu'un «objectif d'inflation de 2%» est inenvisageable, «jusqu'à et à moins que l'économie ne ralentisse considérablement.» La persistance de l'inflation serait-elle, elle aussi, la conséquence d'une surprotection d'un système capitaliste qui ne peut se passer sainement d'une dose minimale d'autorégulation ? Le néo-libéralisme ploierait-il, lui aussi, sous le joug de la vulnérabilité, et ce, au détriment des plus défavorisés ? Qu'en disent nos paniers ? Qu'un système en mauvaise santé est un système qui ne peut pas protéger ses foyers.

    Alors, d'où vient ce besoin irrépressible de protection ? De l'idée que le monde est mû par une intention ? Que cette intention serait nuisible à l'homme ? L'humain a toujours tenté de se cramponner à des croyances, celle du progrès notamment, afin d'oublier sa finitude. La science a beau évoluer rapidement, l'horizon cosmologique situé à 13,8 milliards d'années-lumière de la Terre, reste une énigme. La limite de l'univers observable nous rappelle, si besoin était, que le monde est absurde, mais qu'au milieu de cette absurdité, faite d'ordre et d'imprévisibilité, la vie subsiste. Vivre, n'est-ce pas justement admettre l'aléa, autrement dit l'impossibilité de contrôler totalement l'univers que nous habitons ? Qu'il nous affecte positivement ou négativement, l'aléa est aussi ce qui nous rend vivants. Accéder à la «grande santé», ce n'est pas exclure la maladie, mais c'est l'accepter pour mieux la dépasser. Suppléons à notre vulnérabilité, mais condamnons le vulnérabilisme, acceptons de nouveau de prendre des risques mesurés, d'être forts dans notre fragilité. En faisant du vulnérabilisme notre chemin de croix, nous nous enfermons dans un carcan politique et moral de plus en plus étouffant, nous nous condamnons à la stagnation, à l'observation inane et narcissique du même. Car, comme le dit Kafka, «l'important n'est pas d'être, mais de devenir.» Pour devenir, prenons le risque d'exister et d'exister ensemble.

     

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