Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 10

  • L'invasion de l'Ukraine, une faute cardinale ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard, cueilli sur le site de Geopragma et consacré à la décision de Vladimir Poutine de faire envahir l'Ukraine par l'armée de la Fédération de Russie. Grand reporter au Figaro, Renaud Girard est membre du comité d'orientation stratégique de Geopragma.

    Poutine_Ukraine.jpg

    Les trois erreurs de jugement de Vladimir Poutine

    Quelle dégringolade stratégique !

    A l’été 2021, Vladimir Poutine était au plus haut de sa cote dans la savane des grands fauves de la géopolitique. Il était à la fois craint et respecté dans le monde. Le président américain s’était déplacé au mois de juin jusqu’à Genève pour s’entretenir avec lui. Avec Joe Biden, Poutine avait reconduit pour cinq ans le traité START de limitation des armements stratégiques. Un cessez-le feu dans la cyber guerre avait également été trouvé entre les Etats-Unis et la Russie. Biden avait même fini par accepter l’ouverture du gazoduc North Stream 2, amenant directement, par la Baltique, le gaz russe à l’Allemagne. En Asie, Poutine avait établi d’excellentes relations avec la Chine, tout en maintenant le lien historique de l’Inde et de la Russie. Il n’avait pas de mauvaises relations avec le Japon et la Corée du Sud. Au Moyen-Orient, Poutine n’avait que des amis, son soutien militaire à la dictature syrienne de septembre 2015 ne lui ayant aliéné ni Israël, ni l’Arabie saoudite, l’ex grand argentier de la rébellion syrienne. En Europe, Poutine avait établi une relation presque amicale avec les leaders français et allemand. Juste avant de se retirer de la politique, la chancelière Merkel lui avait rendu visite à Moscou, le 20 août 2021, afin de lui faire ses adieux. Une visite de courtoisie qu’elle ne fera pas au maître de la Chine.

    En reniant ses promesses et en agressant militairement l’Ukraine à l’aube du jeudi 24 février 2022, Vladimir Poutine a commis un acte quasi-suicidaire. Il s’est, tout seul, déplacé du Capitole vers la Roche Tarpéienne. Son invasion d’un pays voisin, pacifique, historiquement frère, reconnu librement par la Russie depuis 1991, est incompréhensible. C’est un acte géopolitiquement irrationnel. Je ne l’avais pas du tout vu venir, je dois le reconnaître humblement.

    Envahir l’Ukraine : pour gagner quoi ? La condamnation du monde civilisé ? La haine définitive des Ukrainiens ? La démotivation puis l’embourbement de son armée ? La mort de jeunes soldats russes par milliers ? L’isolement de la Russie et sa faillite économique ? L’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne ?

    Annexer la Crimée, sans effusion de sang comme il l’avait fait en mars 2014, était un geste qu’on ne pouvait pas légalement entériner (son prédécesseur au Kremlin ayant garanti l’intégrité territoriale de l’Ukraine par le mémorandum de Budapest de décembre 1994) mais qu’on pouvait comprendre : Poutine voulait éviter que Sébastopol, port militaire de la flotte russe en Mer Noire, tombe aux mains de l’Otan. Faire, en 2014 et 2015, couler le sang russe et ukrainien au Donbass, avait déjà été une erreur stratégique de Poutine. Il n’avait fait que consolider le nationalisme ukrainien – en 2010, une moitié des Ukrainiens avait voté pour un président prorusse ; au premier tour des élections présidentielles de 2019, le candidat prorusse n’obtiendra que 11,7% des voix.

    Mais, en envahissant la totalité de l’Ukraine, Poutine a commis une faute cardinale. Il a d’ores et déjà perdu quatre guerres. La guerre morale, en violant la Charte des Nations Unies. La guerre de la communication en traitant Zelensky de nazi : le président ukrainien, courageux et stratège, est devenu un héros pour le monde entier. La guerre économique, car même les banques chinoises se conformeront à la fermeture de l’accès au dollar et à l’euro, imposée aux banques russes. La guerre diplomatique, en effaçant le sentiment de culpabilité qu’avait Berlin envers Moscou depuis l’opération Barbarossa, ainsi que le désir de neutralité de la Finlande et de la Suède. Pourtant Poutine avait été maintes fois averti, notamment par Emmanuel Macron, qu’il courrait au fiasco en passant l’acte.

    Cinq jours après son agression, Poutine est tombé au plus bas de sa cote internationale. Il n’est plus respecté, ni même craint, comme le montre la décision allemande de livrer des missiles antiaériens portatifs Stinger à la Résistance ukrainienne.

    Cette dégringolade est dû au cumul de trois erreurs de jugement, toutes inspirées par le mépris. Poutine a pensé à tort que les Ukrainiens ne se défendraient pas et que son expédition militaire serait une promenade de santé. Son mépris affichée pour l’UE l’a conduit à sous-estimer la capacité d’union des Européens face au danger. Enfin, sa bunkérisation, loin des élites intellectuelles russes (très opposées à cette guerre), l’a empêché de prendre conseil dans son propre pays.

    Le président français continue à parler à son homologue du Kremlin. Macron a raison car la priorité est d’arrêter le bain de sang entre frères ukrainiens et russes. Poutine a exigé la démilitarisation puis la finlandisation de l’Ukraine, ainsi que la reconnaissance de l’annexion de la Crimée. En utilisant ses blindés, il les a rendues plus improbables que jamais.

    Renaud Girard (Geopragma, 1er mars 2022)

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Territoire comanche...

    Les éditions des Belles Lettres viennent de publier un récit autobiographique d'Arturo Pérez-Reverte intitulé Territoire comanche. Journaliste et écrivain espagnol, Arturo Pérez-Reverte est l'auteur de nombreux romans, parmi lesquels on peut citer Le peintre des batailles, le cycle du Capitaine Alatriste ou celui de Folco, et également de récits historiques dont Un jour de colère, consacré au soulèvement du Dos de Mayo.

     

    Perez-Reverte_Territoire comanche.jpg

    " C’est l’adieu aux armes d’Arturo Pérez-Reverte, alors journaliste de guerre. L’écrivain, membre de l’Académie royale espagnole, livre dans Territoire comanche, publié en 1994, et traduit pour la première fois en France, son témoignage sur la guerre dans l’ex-Yougoslavie. À 41 ans, la liste est longue des conflits qu’il a déjà couverts, d’abord pour le journal Pueblo puis comme reporter de la chaîne de télévision TVE : Chypre, guerre des Malouines, Liban, Tchad, Libye, Mozambique, Angola, conflits en Érythrée, au Salvador au Nicaragua, Roumanie, première guerre du Golfe puis éclatement de la Yougoslavie. Arturo Pérez-Reverte, a, pendant vingt ans, sillonné une planète en feu, vu la mort de près et beaucoup fréquenté le territoire comanche.

    Dans le jargon du métier de reporter de guerre, « c’est l’endroit où l’instinct lui dit : arrête la voiture et fais demi-tour, écrit-il. L’endroit où les chemins sont déserts et les maisons des ruines calcinées ; où l’on dirait toujours que la nuit va tomber et où l’on avance en rasant les murs en direction des coups de feu qui retentissent au loin, attentif au bruit de ses pas sur le verre brisé. » Pour Reverte, le territoire comanche se trouvait dans cette Yougoslavie brisée par la guerre. C’est là qu’il a décidé d’en finir avec elle pour se consacrer à sa carrière d’écrivain. Pamphlet contre le journalisme spectacle, réflexion cruelle sur l’éthique de la presse, Arturo Pérez-Reverte dresse aussi une émouvante galerie de portraits du club très fermé des reporters de guerre, ses camarades. 75 d’entre eux périront durant le conflit dans l’ex-Yougoslavie. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • La guerre économique aura-t-elle lieu ?...

    Vous pouvez découvrir un entretien donné le 2 mars 2022 par Olivier Delamarche, homme d'affaires et économiste, à Livre Noir pour évoquer la guerre économique qui vient...

     

                                               

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Contre l'esprit du temps...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un recueil d'entretiens avec Alain de Benoist intitulé Contre l'esprit du temps - Explication. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (Pierre-Guillaume de Roux, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

     

    Benoist_Contre l'esprit du temps.jpg

    " « Qu’on s’explique ! », disait Céline. C’est précisément ce que fait Alain de Benoist dans ce livre. Il s’explique sur son itinéraire, sur ses idées, sur les livres qu’il a publiés. Quand on veut juger la perspective d’une peinture, on prend un peu de recul. Il en va de même de l’actualité : une certaine distance est nécessaire pour saisir la portée d’un événement. Se tenant à l’écart de la politique politicienne, Alain de Benoist observe, analyse, compare – et propose des réponses sur l’essentiel dans ces entretiens d’une actualité brûlante, qui interrogent l’harmonie rompue d’un monde où l’homme, hors-sol, évolue selon le critère de l’indistinction et se voue à la nouvelle religion planétaire : l’économie. Dans cet univers, l’échange marchand régit le moindre des rapports ; et la terre, sacrifiée, devient peu à peu une poubelle. Remplacer, déconstruire, polluer, circuler : où nous conduiront les prédicats de la gabegie mondialiste ? Sans jamais céder aux sirènes du réductionnisme droite-gauche, ni verser dans un manichéisme confortable, Alain de Benoist nous livre sa pensée, incisive et non-conformiste, loin des idées battues de la doxa politico-médiatique. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Guerre en Ukraine, conséquence de l’impéritie des élites occidentales...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli sur le site de l'Institut Iliade et consacré à la guerre russo-ukrainienne. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021) et dernièrement Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021).

     

    Ukraine_Attaque hélicoptères russes.jpg

    Guerre en Ukraine, conséquence de l’impéritie des élites occidentales

    Une guerre entre Européens ne ferait qu’ajouter au suicide démographique et géopolitique de notre continent. A fortiori si elle devait déborder le monde slave, comme semblent le souhaiter certains irresponsables, va-t-en-guerre de plateaux télévisés. Il serait temps que l’Europe sorte de sa dormition.

    Un conflit prévisible

    Le conflit entre la Russie et l’Ukraine était pourtant prévisible : il était même annoncé !

    Car il plonge ses racines dans la politique américaine d’encerclement de la Russie qui s’est traduite par l’extension continue de l’OTAN vers ses frontières, en contradiction avec les engagements pris par les occidentaux lors de la chute de l’URSS. Dans la volonté atlantiste, aussi, d’empêcher à tout prix l’émergence d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural et pour cela, de fractionner durablement notre continent. Dans le renouveau matériel et spirituel de la Russie, enfin.

    Mais les élites d’Europe occidentale se sont enfermées dans le déni : elles ont refusé de voir que nous étions entrés dans un monde polycentrique, où les nations et les civilisations ré-émergentes ont accédé à la puissance et n’entendent plus se plier aux diktats occidentaux.

    Un monde par conséquent de plus en plus instable et de moins en moins occidental, justement, comme l’avait prévu Samuel Huntington.

    Une mortelle illusion

    Le conflit en Ukraine marque le retour du tragique pour une Europe de l’Ouest qui ne s’est préparée à rien car elle a cru que le doux commerce, la communication et le droit procédural suffiraient à tout résoudre.

    Une Europe occidentale qui a cru que sa dormition pourrait rester paisible alors qu’elle laissait se développer les sources d’instabilité non seulement à ses portes, mais sur son sol même. Et qu’elle se complaisait dans la déconstruction maladive de son identité et dans son propre remplacement ethnique.

    Le choc des puissances qui se déroule en Ukraine met fin brutalement à cette mortelle illusion.

    Il démontre l’inexistence de l’Union Européenne, nain stratégique, militaire et diplomatique, simple courroie de transmission d’intérêts ou de lubies idéologiques qui ne sont pas les nôtres.

    Car entre les États-Unis, la Russie, l’Inde ou la Chine, l’Europe marchande, déconstruite et immémorante ne compte plus au 21ème siècle.

    L’impéritie des élites occidentales

    La guerre en Ukraine illustre donc, une nouvelle fois, l’impéritie des élites d’Europe occidentale.

    Celles-ci n’ont pas voulu voir la détérioration de l’état ukrainien ; elles ont fermé les yeux sur ce qui se passait dans le Donbass ; elles n’ont pas réellement veillé à l’application des accords de Minsk ; elles ont ignoré les avertissements répétés de la Russie ; elles ont tout misé sur l’OTAN.

    Et maintenant que la crise est là, voilà que nos bisounours promoteurs d’écriture inclusive, de vivre ensemble et de déplacements en trottinette, tiennent maintenant des discours martiaux, mais au plus mauvais moment.

    Ils jouent aux « chefs de guerre », ils condamnent, ils brandissent des sanctions, ils déplacent des troupes, ils censurent. Ils gesticulent.

    Ils démontrent surtout leur incapacité dramatique à maitriser les évènements qu’ils ont laissé advenir et contre lesquels ils ne nous ont pas préparés au surplus.

    Comme leurs prédécesseurs de 1939 nous ont conduit au désastre.

    Le réveil sera rude

    Le conflit en Ukraine montre enfin que les mots, tabous en Europe occidentale, de souveraineté, de frontière, d’intérêt national, de volonté et de puissance avaient encore tout leur sens au 21ème siècle. Du moins pour ceux qui entendent jouer un rôle dans le nouveau siècle multipolaire qui s’avance.

    Pour les autres, réduits à l’état d’objet de l’histoire, c’est-à-dire à l’état de proie, ce siècle promet d’être bien douloureux.

    Faute de l’avoir compris, notre continent risque une nouvelle fois de devenir le champ de bataille où se rejoue l’affrontement éternel, décrit autrefois par Thucydide, entre puissance émergente et puissance dominante ; mais cette fois, malheureusement à l’âge nucléaire.

    Il serait temps que les Européens se réveillent… au bord du gouffre !

    Michel Geoffroy (Institut Iliade, 1er mars 2022)

    On peut aussi rappeler au passage que les « bonnes consciences » occidentales étaient moins ardentes à dénoncer Moscou lorsque les bolchéviques écrasaient Prague, Budapest et Berlin-Est en 1954 et 1968 (seuls quelques Européens courageux le faisaient à l’époque : dont Dominique Venner).

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Considérations politiques sur le coup d'état...

    Les éditions Pocket viennent de rééditer l'essai de Gabriel Naudé intitulé Considérations politiques sur les coups d'état. Bibliothécaire, lettré, Gabriel Naudé (1600-1653) a été un familier des cercles du pouvoir romain puis parisien, et a notamment été secrétaire du cardinal Mazarin, dont il a constitué la bibliothèque. Il peut être considéré comme un continuateur français de Machiavel.

     

    Naudé_Considérations politiques sur les coups d'état.jpg

    " Publié en cachette au début du XVIIe siècle et imprimé à douze exemplaire seulement, ce livre propose une réflexion extrêmement originale sur le coup d'État entendu comme cette action politique d’exception qui transgresse les lois et les règles pour sauver l'État. Gabriel Naudé (1600-1653), qui fut notamment secrétaire de Mazarin, déploie ici une réflexion stimulante sur cette action décisive, extrême et violente, par laquelle le prince tranche tout en posant les limites de son pouvoir. Ce texte manifeste est annoté et magnifiquement préfacé par Louis Marin qui en montre l’immense portée historique, politique et philosophique."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!