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  • La France vendue à la découpe...

    Les éditions du Toucan viennent de publier, dans leur collection L'Artilleur, une enquête de Laurent Izard intitulée La France vendue à la découpe. Normalien et agrégé de l’Université en économie et gestion, Laurent Izard enseigne en classe préparatoire.

     

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    " En l’espace de quelques décennies, une grande partie du patrimoine économique, immobilier, foncier et même historique de la France a été dispersé, souvent au profit d’investisseurs internationaux. La plupart des entreprises cotées au CAC40 sont aujourd’hui contrôlées par des fonds de pension, des fonds souverains ou des firmes multinationales, principalement originaires des États-Unis, d’Asie ou du Moyen-Orient.

    De nombreuses petites et moyennes entreprises, des terres agricoles, des monuments historiques ou de prestige sont rachetés presque quotidiennement par des personnes physiques ou morales étrangères.

    Quelle est l’ampleur de ce phénomène ? Comment en est-on arrivé là ? Quels sont les risques réels qu’une telle dépossession fait courir au pays ?

    Telles sont les questions auxquelles ce livre tente d’apporter une réponse.

    Au terme d’une enquête de plus de trois ans, l’auteur propose au lecteur de nombreux éléments d’information techniques, factuels ou analytiques, souvent inconnus du grand public. "

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  • Violence : la compétition symbolique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son blog Huyghe.fr et consacré aux enjeux symbolique que recèle la question de la violence dans la révolte des Gilets jaunes... Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

     

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    Qui a dit guerre civile ? (3) - Violence : la compétition symbolique

    Après les déclarations de Luc Ferry (1) (Et alors ? Écoutez franchement, quand on voit des types qui tabassent à coups de pied un malheureux policier qui est par terre. Qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois… On a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies), après des appels à la dénonciation (Madeleine Schiappa contre les gens qui contribuent à la cagnotte dite «du boxeur» que l’on devrait inculper comme complices, Aurore Bergé indiquant qu'elle allait signaler à la justice les propos de cadres de LFI incitant à la violence), après que l’on ait invoqué l’ultra-sécurité et l’ultra-fichage ultra-préventif contre l’ultra-violence… difficile de ne pas ressentir l’ultra-peur des dirigeants face aux classes dangereuses.

    Ou de ne pas penser à la marquise de Sévigné écrivant en 1675 lors de la répression de la révolte dite « du papier timbré » : On a pris soixante bourgeois ; on commence demain à pendre. Cette province est un bel exemple pour les autres, et surtout de respecter les gouverneurs et les gouvernantes, de ne leur point dire d’injures, et de ne point jeter des pierres dans leur jardin.

    La question de la violence, sur fond de dramatisation et de culpabilisation, est devenue décisive pour au moins deux raisons.

    — Cette violence autour des Gilets jaunes ne ressemble pas à celle des vieilles manifs ou émeutes qui répondaient à un schéma territorial connu. Soit on se bagarrait avec la police ou les soldats dans son quartier, devant son université, son usine etc, éventuellement avec occupation illégale des lieux familiers comme l’atelier, le quartier ou la fac. Soit le peuple, ou ceux qui luttaient en son nom, marchait vers la Bastille, le Palais d’Hiver, etc. pour en finir.
    Or dans les affrontements actuels, on voit bien des «territorialisés» se rassembler près de chez eux, aux carrefours (mais le carrefour n’est pas le lieu où l’on habite mais le lieu où ça circule et où l’on peut ralentir métaphoriquement un processus qui vous broie). Il y a aussi les mobiles pendulaires. Ceux qui, neuf semaines de suite, ont fait un long trajet pour affirmer : 1) nous sommes le peuple, nous allons où nous voulons, devant vos boutiques de luxe ou dans vos ministères. Après tout, c’est le peuple le patron 2) Nous voulons être entendus, nous réunir pour nous sentir bien et faire plus de bruit, nous voulons vous défier et vous dire notre colère en face.

    Car qui dit violence dit humiliation et affirmation, lutte de statut et de territoire, compétition symbolique avec l’autre.

    — Cette violence structure complètement le front idéologique.
    La dimension de surenchère symbolique a enclenché un cycle infernal : pas de manif, elle est interdite - mais nous avons bien le droit…- fachos subversifs - mais vous nous gazez - vous être manipulés par des extrémistes, vous allez monter à Paris pour détruire et pour tuer - mais nous sommes pacifiques, nous sommes tout, nous voulons tout - vous menacez la République - mais c’est nous, la République, et maintenant, nous voulons la démocratie directe - vous êtes d’une violence inouïe, il faut vous répondre par une ultra-fermeté, foule haineuse - ben oui, maintenant, on vous déteste, vous et la presse à votre botte qui fait du deux poids deux mesures - vous attaquez la liberté de la presse qui, par ailleurs, vous invite trop à vous exprimer - mais il y a des violences policières, des yeux crevés, des passages à tabac - de pire en prie vous vous radicalisez et maintenant, vous glorifiez Robin des Boxes, au mépris de la République, alors que nous vous proposons un Grand Débat, etc.

    La question de la violence a été traitée en termes de responsabilité :

    Extrême-droite ? les preuves sont peu concluantes quand on en est réduit à prendre le drapeau picard ou celui de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste comme indices d’une infiltration brune.
    Extrême-gauche ? Un dimanche aux Champs-Elysées, certainement. Pour le reste, guère En tout cas, pas mille black blocs comme le 1° mai dernier.
    Racaille ? Pilleurs? Il y en eût certainement et qui n’avaient aucune intention politique.
    Mais il est devenu évident, au fil des semaines, que de « vrais » Gilets jaunes réagissaient fortement souvent en se justifiant : vous nous gazez et nous ne sommes pas des délinquants.

    Du coup la représentation de la violence est devenu déterminante dans le discours.
    Impossible de passer sur un plateau de télévision sans se voir poser la question cruciale de la condamnation : vous condamnez bien les violences ? Vous n’allez pas les justifier ? Vous ne niez pas que cette manifestation était interdite ? Et cette violence inouïe ? Vous êtes bien pour les gentils contre les méchants ? Vous n’allez pas relativiser et mettre sur le même plan maintien de l’ordre et insurrection ? Vous n’avez pas de double discours ? Pas de casier, pas d’objet contondant ? Vous êtes sûr que vous êtes sincèrement indigné ? Vous êtes bien contre Hitler, contre Staline et contre la torture des chatons queers de moins de 50 ans ?

    C’est la compétition au plus moralement légaliste pacifique respectueux des valeurs de la République, sans oublier l’inévitable : vous n’avez pas peur que cela favorise les extrémistes ? Mais évidemment, plus le discours joue dans le registre incapacitant (la haine à laquelle il ne faut pas inciter comme facteur explicatif général), plus la réalité obéit à une autre logique. Les forces de l’imaginaire se sont mises en branle : épopée, batailles, résistance (on ne lâchera pas, voire héroïsation (le boxeur du peuple…).

    Une vision de la violence est en train d’émerger qui n’est pas sans rappeler Sorel côté Gilets jaunes : facteur d’unité de classe, productrice de mythes mobilisateurs, grande révélatrice des fronts. En face, le discours macronien contre la chienlit et pour l’ordre semble (s’il faut en croire le dernier sondage IFOP) l’aider à rassembler une partie de la droit bourgeoise souvent fillonienne autour du parti de l’ordre. Cela peut-il tenir jusqu’à l’irruption du tragique dans le conflit (un mort tué de main d’homme d’un côté ou de l’autre par exemple) ?
     
    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 9 janvier 2019)
    Note :
    (1) Par la suite, Luc Ferry a rectifié en précisant qu’il songeait à des armes non létales.
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  • Surpopulation : l'alerte mondiale...

    Les éditions Dualpha viennent de publier un essai de Jean-Michel Hermans intitulé Surpopulation : l'alerte mondiale, préfacé par Philippe Randa. Ethnologue de formation, Jean-Michel Hermans a beaucoup travaillé sur les populations sahariennes.

     

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    " La Terre abrite aujourd’hui plus de sept milliards d’êtres humains. Ce chiffre peut sembler insignifiant à beaucoup, mais peut sembler affolant pour ceux qui sont confrontés à la surpopulation. Le monde est effectivement surpeuplé. Cette surpopulation entraîne d’innombrables problèmes, notamment dans les pays du Tiers-monde.

    Des dizaines, bientôt des centaines de millions d’hommes vivent dans des bidonvilles. Il y en a six millions de plus chaque année. De nombreuses ressources sont en voie d’épuisement. La déforestation fait des ravages en Asie et en Amazonie. Des centaines de millions d’hommes ne trouvent pas de travail. Des centaines de millions d’enfants grandissent dans des masures insalubres sans eau courante ni électricité. Bientôt il n’y aura plus de pétrole et même l’eau commence à manquer par endroits. La situation est réellement alarmante et il est temps d’en prendre conscience.

    Ce livre nous permet d’avoir une idée plus claire sur la situation. Nous sommes trop nombreux et nous serons de plus en plus trop nombreux sur cette planète qui n’est pas extensible.

    Jean-Michel Hermans, ethnologue, a vécu dans Fas paillotes, le bidonville de Dakar, en 1974. Il a vécu aussi plusieurs années dans le petit village de pêcheurs de son épouse philippine. Ces expériences lui ont permis d’observer directement les problèmes engendrés par la surpopulation. "

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  • Jair Bolsonaro, populiste ultra-libéral ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'arrivée au pouvoir au Brésil de Jair Bolsonaro... Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : le programme de Jaïr Bolsonaro est consternant !

    Élu président du Brésil en octobre dernier, avec plus de 55 % des suffrages, Jaïr Bolsonaro vient de prendre ses fonctions. La gauche, qui multiplie les anathèmes contre lui (homophobe, sexiste, raciste, etc.), parle d’une nouvelle poussée de « populisme » et dit que sa victoire réjouit tout ce que le monde compte de gens « de droite et d’extrême droite ». Vous en faites partie ?

    Pas du tout. Bolsonaro a certainement bénéficié de la vogue actuelle du populisme et capté le vote des classes populaires qui votaient auparavant pour le Parti des travailleurs, mais le populisme, je vous le rappelle, n’a pas de contenu idéologique précis. C’est seulement un style, une manière de faire se répondre l’offre et la demande politiques, et ce style peut se combiner avec des idéologies très différentes (Luiz Inácio Lula, l’ancien président, était lui aussi un « populiste »). La droite frétille toujours de façon pavlovienne quand elle entend dire qu’on va rétablir « la loi et l’ordre ». Le problème est que la loi peut être injuste et que l’ordre n’est souvent qu’un désordre établi.

    Je me garderai, bien sûr, de faire un procès d’intention à Bolsonaro. J’espère de tout cœur qu’il pourra mettre un terme à la corruption et ramener un peu de calme dans un pays où l’on enregistre 64.000 homicides par an (plus d’un demi-million en dix ans). Ce que je constate en même temps, c’est qu’il était avant tout le candidat des marchés financiers (la Bourse de São Paulo a bondi de 6 % au lendemain de son succès), des multinationales, à commencer par Monsanto, et du lobby des grands propriétaires terriens (la bancada ruralista), et que ce sont les églises évangéliques, contrôlées par les télé-évangélistes nord-américains et pétries de messianisme sioniste, qui lui ont apporté le soutien le plus décisif (ancien catholique, il s’est lui-même converti à l’évangélisme en se faisant symboliquement baptiser dans le Jourdain en 2016).

    Mais que lui reprochez-vous essentiellement ?

    J’ai écouté les diverses interventions de Bolsonaro et j’ai lu avec attention son programme, que je trouve à bien des égards consternant. Après avoir décidé de se retirer de l’accord de Paris sur le climat, il a annoncé la construction d’une nouvelle autoroute à travers l’Amazonie, l’ouverture à l’exploitation pétrolière et minière de territoires autochtones dont les habitants seront expulsés, et la promotion systématique de l’agriculture industrielle au détriment de la protection de l’environnement. Pour que les choses soient claires, il a d’ailleurs froidement supprimé le ministère de l’Environnement, dont les fonctions ont été transférées à celui de l’Agriculture, et annoncé la disparition du ministère de la Culture. Sur le plan social, il entend recourir à la privatisation quasi intégrale des entreprises publiques, installer un système de retraite par capitalisation des fonds de pension, alléger la fiscalité des groupes industriels les plus puissants, multiplier les exemptions d’impôts pour les tranches de revenu supérieures et réaliser une large dérégulation du secteur financier. S’il y a des gilets jaunes au Brésil, ils y trouveront difficilement leur compte !

    En politique internationale, Bolsonaro a adopté la même ligne que Donald Trump dans ce qu’elle a de plus contestable : transfert de l’ambassade de son pays de Tel Aviv à Jérusalem, soutien inconditionnel à l’Arabie saoudite et à Israël, méfiance vis-à-vis de l’Europe et hostilité envers la Chine et la Russie. À cela s’ajoute encore sa nostalgie avouée pour la dictature qui a régné au Brésil de 1964 à 1985, ce qui n’a rien pour me plaire. J’ai vu, dans le passé, s’installer un certain nombre de dictatures militaires, des colonels grecs aux généraux argentins en passant par Pinochet et ses « Chicago Boys ». Je les ai trouvées plus lamentables les unes que les autres.

    On présente pourtant Bolsonaro comme un nationaliste…

    Plus qu’un nationaliste, ce personnage, humainement assez creux et dénué de scrupules, est en réalité, tout comme Macron, un libéral. Il suffit de voir son entourage. L’homme fort de son gouvernement, qui cumule à lui seul cinq portefeuilles de ministres, est Paulo Guedes, cofondateur de la banque d’affaires BTG Pactual, un ultralibéral formé à l’école de Chicago, ancien élève de Milton Friedman, qui a également fondé l’Institut Millenium, d’orientation libertarienne et pro-pesticides, avant de sévir sous la dictature militaire chilienne. Le ministre des Affaires étrangères, Ernesto Araújo, est un diplomate anti-écologiste lié aux intérêts de l’agro-business. Le ministre de l’Agriculture, Tereza Cristina, est la représentante de la bancada ruralista. Le ministre de l’Éducation, Ricardo Vélez Rodriguez, un Colombien naturalisé brésilien, est un disciple d’Antônio Paim, ancien intellectuel communiste devenu aujourd’hui ultralibéral. Et leur gourou commun, Olavo de Carvalho, est un « penseur » résidant aux États-Unis où il propose des cours de philosophie « online ».

    Tout cela est, pour moi, rédhibitoire. Par principe, je ne cautionnerai jamais un virage à droite qui s’accompagnerait d’un retour en force du libéralisme.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 11 janvier 2019)

     

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  • Dans la tête des Gilets jaunes...

    Les éditions VA Press viennent de publier un essai de François-Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia intitulé Dans la tête des Gilets jaunes. Spécialiste de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne, Xavier Desmaison enseigne la communication d'influence à Science-Po et Damien Liccia est spécialiste de l'analyse de l'opinion en ligne.

     

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    " La révolte des gilets jaunes a paniqué tous ceux qui font profession de penser ou de diriger. D’une affaire de prix à la pompe, on est passé à des manifestations géantes, à des revendications politiques fondamentales – démocratie représentative versus démocratie directe – à une crise de régime, de croyances et de société.
    Pour saisir l’incroyable changement, il faut nommer les passions qui ont enflammé les masses (refus du mépris « d’en haut », défiance envers les représentants...) : une crise d’identité oppose la France dite périphérique aux élites politiques ou médiatiques.
    Dissipant théories du complot et légendes technologiques, le livre montre aussi comment, hors médias traditionnels voire contre eux, les réseaux sociaux donnent un visage et des armes à ceux qui étaient auparavant invisibles. "

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  • Macron choisit la stratégie de la tension...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la stratégie d'affrontement avec les gilets jaunes décidée par le président de la république. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Gilets Jaunes : Macron choisit la stratégie de la tension

    Le « tournant social » du quinquennat, vanté par les médias de propagande, n’aura finalement duré qu’un court instant : environ un quart d’heure le 10 décembre 2018, lors de l’allocution d’Emmanuel Macron destinée à tenter d’éteindre la mobilisation des Gilets Jaunes. Le temps d’un nouvel enfumage politico-médiatique puisque les mesures annoncées finiront bien par être financées par… la classe moyenne.
    Aujourd’hui l’heure est à la stratégie de la tension, c’est à dire à l’affrontement avec les Gilets Jaunes et ceux qui les soutiennent.

    Changement de style, durcissement politique

    Avec ses vœux de nouvel an, le président de la république a changé de posture, au sens propre comme au figuré.

    Le 10 décembre, il appuyait ses mains sur une table – comme on s’accroche à une bouée de sauvetage – le visage crispé et les yeux fixés sur le prompteur. On sentait qu’il faisait des efforts pour paraître social.

    Mais le 31 décembre, il se tenait au contraire debout, agitant ses mains, volubile : c’était le vrai Macron qui parlait cette fois.

    Un changement de style significatif : Emmanuel Macron a finalement fait le choix de l’affrontement avec ceux qui contestent son action. Cela s’appelle la stratégie de la tension.

    Fuck le peuple !

    Les sondages d’opinion montrent que le président de la république n’a toujours pas regagné la confiance des Français [1] ?
    Mais qu’est ce que cela change pour lui, finalement ?

    Son mandat présidentiel dure jusqu’en 2022 et il peut s’appuyer sur les solides institutions de la Vème république. Il bénéficie en outre d’une « majorité » de godillots à l’assemblée nationale qui vote tout ce qu’il veut. Mais il peut aussi s’appuyer sur les médias, sur le pouvoir judiciaire, sur l’appareil d’Etat, sur les lobbies qui n’existent pas et sur l’abstention des syndicats.

    Alors fuck le peuple !

    Et d’ailleurs, c’est qui le peuple français ? Emmanuel Macron s’est interrogé à son propos lors de ses vœux : Parler au nom du peuple ? Mais « lequel ? d’où ? comment ? ». Une façon de dire que le peuple concret n’existe pas pour lui.

    Emmanuel Macron préfère en effet invoquer des concepts abstraits : la république, l’ordre, les valeurs, la démocratie. Et surtout il préfère le peuple élu par l’oligarchie : celui des banlieues de l’immigration.

    Accélérons la cadence !

    Les Français espéraient que son impopularité conduirait le président à mettre ses « réformes disruptives » en sourdine ?

    Las, le porte-parole du gouvernement a tenu à nous déniaiser : « Le Président est revenu sur trois reproches qu’il nous faut entendre: le fait que les choses n’aient pas réellement changé pour beaucoup de nos concitoyens […], le fait qu’il est indispensable de redonner du sens dans un monde où il faut lutter pour ne pas céder à l’immédiateté du moment, et le fait que nous devons aller encore plus loin dans le changement, et être plus radicaux dans notre manière de faire » [2].

    Traduisons : le président estime avoir répondu le 10 décembre aux revendications des Gilets Jaunes. Donc il est temps de revenir à l’essentiel : amplifier les « réformes ».
    Emmanuel Macron n’abandonnera donc pas le mandat immigrationniste, européiste et libre-échangiste que lui a donné la Davocratie, le seul qui compte vraiment à ses yeux.

    Tel le commandant du Titanic, il décide d’augmenter la vitesse malgré les icebergs…
    En navigation c’est de l’imprudence. En politique c’est de la radicalisation.

    Le diable s’habille en gilet jaune

    Le 27 novembre, Emmanuel Macron affirmait entendre la colère des gilets jaunes. Le 10 décembre il nous prenait même à témoin de la misère sociale qu’il avait découverte en France.

    Mais, le 31 décembre, il ne voyait plus que « les porte-voix d’une foule haineuse [qui] s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels ».

    Et à l’issue du conseil des ministres du 4 janvier dernier, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, reflet de la pensée jupitérienne, estimait d’ailleurs que « le mouvement dit des Gilets jaunes est devenu pour ceux qui restent mobilisés un mouvement d’agitateurs qui veulent l’insurrection et renverser le gouvernement ».

    Après la peste brune que le ministre Darmanin ou BHL affirmaient avoir vu défiler (en jaune donc…) sur les Champs Elysées, après les factieux ou l’ultra-droite que dénonçait le ministre de l’Intérieur, après les beaufs poujadistes et factieux de Jean Quatremer, voici le temps des insurgés qui veulent renverser le gouvernement !

    C’est clair : pour le pouvoir, désormais, le diable s’habille en gilet jaune.

    La stratégie de la tension à l’ordre du jour

    Cette sémantique belliqueuse n’est pas neutre : elle traduit la mise en œuvre consciente d’une stratégie de la tension, orchestrée par le pouvoir et ses soutiens depuis le mois de décembre et qui s’amplifie d’une façon inquiétante.

    Globalement, la mobilisation des Gilets Jaunes est restée bon enfant à l’échelle du pays.

    Mais les médias de propagande nous ont pourtant servi en boucle des images de violences sporadiques pour diaboliser le mouvement, en l’associant systématiquement aux casseurs, comme lors du saccage de l’arc de triomphe le 1er décembre par exemple.

    L’amalgame est devenu la règle. Car, à la différence des violences qui embrasent périodiquement nos charmantes banlieues défavorisées, ou des nuits de la St Sylvestre, le pouvoir et les médias ne diffusaient cette fois aucun des habituels discours d’excuse bisounours.

    Le pouvoir a eu en effet une attitude trouble vis-à-vis de ces violences. Officiellement, il les condamnait, mais, officieusement, il s’en réjouissait. Quand il ne les provoquait pas indirectement par l’attitude agressive de certaines forces de l’ordre, comme si elles voulaient pousser des manifestants à la faute.

    La même stratégie est aujourd’hui appliquée quand les médias donnent la parole au moindre excité invoquant la perspective d’un soulèvement populaire : on nous refait, comme sous François Hollande, le coup de la guerre civile !

    Le but est non seulement de jeter le discrédit sur un mouvement qui reçoit, aujourd’hui encore, un large soutien populaire, mais aussi de détourner l’attention sur les revendications portées par les gilets jaunes. Et de diffuser au surplus la peur dans le pays.

    Salauds de pauvres !

    Les Gilets Jaunes peuvent bien multiplier les manifestations de sympathie naïve à l’égard des forces de l’ordre.

    Cela ne les préserve pas de la répression politique qui s’abat désormais sur eux au nom de l’état de droit. Emmanuel Macron les a d’ailleurs avertis clairement lors de ses vœux : « L’ordre républicain sera assuré sans complaisance ».

    On apprend ainsi que 219 personnes auraient été incarcérées entre le 17 novembre et le 17 décembre 2018, selon les chiffres du ministère de la Justice. Et que sur 4.500 personnes au total placées en garde à vue, seuls 825 dossiers ont été classés sans suite.

    Comme le remarque benoîtement RTL « un chiffre record, inédit dans le cadre d’un mouvement social » [3].

    Inédit en effet, dans un pays où les délinquants multirécidivistes, les fichés S, les racailles de banlieue ou les casseurs d’extrême-gauche bénéficient depuis des années de la clémence, pour ne pas dire plus, des pouvoirs publics.

    Pas de complaisance pour ces salauds de Français pauvres !

    Pas de pitié pour la France périphérique !

    Vis-à-vis de la France périphérique, la ligne est désormais tracée : pas de complaisance, répression !

    Et comme il ne s’agit que de Français natifs, on n’a pas à se gêner. Fiorina n’aura pas le soutien des pleureuses médiatiques dont a bénéficié Théo !

    Aux interpellations préventives et aux gardes à vue de gilets jaunes, aux gaz lacrymogènes, aux tirs directs, aux canons à eau pour disperser des manifestants pacifiques, aux blindés dans les rues et aux fractionnements policiers des cortèges en usage depuis les manifestations de décembre, s’ajoutent désormais les directives données aux préfets d’évacuer les lieux occupés par les manifestants et la multiplication des poursuites et des condamnations : là contre des journalistes de La Charente Libre, là contre un manifestant qui aurait crié  guillotine à l’encontre d’un député LREM parce qu’on « est face à une remise en cause des fondements de la démocratie » selon un procureur de la république [4], là contre Eric Drouet.

    Si on était en Russie ou en Iran, on crierait à la dictature et à la violation des droits humains. Mais en France, on appelle cela du maintien de l’ordre républicain. Nuance.

    Le pouvoir s’entraîne à la répression

    Avec les Gilets Jaunes, La République en Marche et ses idiots utiles sont devenus le parti de l’ordre. Mais de l’ordre progressiste bien sûr, puisque que le camp du bien est au pouvoir. Les méchants ce sont donc les autres et il faut les punir d’être méchants.

    Mais il ne faut pas s’y tromper.

    Alors que se profilent les élections européennes, les Gilets Jaunes expérimentent à leurs dépens ce que le pouvoir peut mettre en œuvre demain contre toute autre dissidence politique. Un pouvoir qui s’habitue dangereusement à la répression.

    Diabolisation, amalgame, censure, intimidation, judiciarisation : le pouvoir gouverne mal mais, en 2019, il saura se défendre !

    Michel Geoffroy (Polémia, 7 janvier 2018)

     

    Notes :

    [1] Pour63% des personnes interrogéesEmmanuel Macron devra retrouver en priorité «la confiance et de la crédibilité auprès des Français» et «prouver qu’il est parvenu à baisser les impôts et à améliorer le pouvoir d’achat» (55%) . Seuls 25% se disent «satisfaits» de l’action du gouvernement depuis l’élection d’Emmanuel Macron, soit 15 points de moins qu’en avril 2018. (enquêteOdoxa-Dentsu Consulting Le Figaro/France Info des 2 et 3 janvier 2019)

    [2] A l’issue du conseil des ministres du 4 janvier 2018

    [3] RTL du 3 janvier 2019

    [4] RT le 3 janvier 2019

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