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  • Il faut vivre dangereusement...

    Les éditions Le Passeur viennent de publier un recueil de pensées de Nietzsche, rassemblées par Jean-Yves Clément, sous le titre Il faut vivre dangereusement. Jean-Yves Clément est essayiste et spécialiste de Liszt.

     

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    " Cette anthologie présente un Nietzsche à plusieurs facettes. Un Nietzsche moraliste, dans le sens où l'étaient les frappeurs de maximes du XVIIIe siècle que le philosophe appréciait tant : Chamfort, La Rochefoucauld...
    Certaines de ses pensées suggèrent ainsi une ligne de conduite : " Que votre amour de la vie soit amour de votre espoir le plus haut : et que votre espoir le plus haut soit la pensée la plus haute de la vie. " Mais également un Nietzsche psychologue qui, avant Freud et à la même époque que Dostoïevski, jette un regard aigu sur les profondeurs de l'âme humaine. Il affirme par exemple que " ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou".
    Le pourfendeur de la religion laisse ici la place à un créateur inspiré et pénétrant, sage solitaire pour notre temps. Ainsi, à travers de nombreux thèmes – l'amour, la liberté, la santé, l'art, la solitude, la pensée, la vertu –,se dégage la vision, peut-être inattendue, d'un Nietzsche spirituel. "

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  • Le moment populiste vu par Alain de Benoist...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, présenté par Élise Blaise, qui recevait Alain de Benoist pour évoquer la vague populiste en Europe et dans le reste du monde. Philosophe et essayiste, éditorialiste du magazine Éléments, Alain de Benoist dirige les revues Nouvelle Ecole et Krisis. Il a publié en janvier 2017 un essai intitulé Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017).

     

                                        

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  • Histoire iconoclaste de la guerre d'Algérie...

    Les éditions Vendémiaire viennent de publier une Histoire iconoclaste de la guerre d'Algérie et de sa mémoire, de Guy Pervillé. Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Toulouse et spécialiste de l'Algérie coloniale, Guy Pervillé est notamment l'auteur de Oran, 5 juillet 1962 - Leçon d'histoire sur un massacre (Vendémiaire, 2014).

     

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    " La guerre d’Algérie a pris fin officiellement en mars 1962, avec les accords d’Évian qui prévoyaient, notamment, l’amnistie pour tous les combattants. Or force est de constater que, près de soixante ans plus tard, elle se poursuit, à travers des affrontements mémoriels où les historiens ont souvent été sommés de prendre parti.

    Est-il possible aujourd’hui d’écrire une histoire dépassionnée de ce douloureux processus de décolonisation, et des traces qu’il a laissées dans les mémoires collectives ? Est-il possible de ne rien céder aux récits militants, aux récits sélectifs, à la volonté de faire silence autour de certains événements, à l’emportement de la polémique, à l’intime conviction ? Est-il possible de ne pas choisir son camp quand on écrit l’histoire ?

    C’est à ces questions essentielles pour la légitimité même de la discipline que tente ici de répondre Guy Pervillé, spécialiste incontesté d’une période à laquelle il a consacré l’ensemble de ses travaux. Conduit par cette seule certitude qu’il n’y a pas de cause qui puisse prévaloir sur la recherche de la vérité. "

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  • Rubicon en vue pour Paris et Bruxelles...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré au fossé qui se creuse entre les Etats-Unis et l'Europe et à l'occasion offerte à la France d'affirmer sa souveraineté... Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et intervient régulièrement dans les médias. Elle vient de créer, avec Hervé Juvin, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

     

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    Rubicon en vue pour Paris et Bruxelles

    On découvre qui l’on a épousé le jour du divorce… Avec l’Amérique, peut-être en sommes-nous là. Notre président s’embourbe dans un marécage qui semble dissoudre ses initiatives les plus audacieuses. Envolées les illusions d’une complicité hors normes, déçues les espérances d’une connivence puissante restaurant le prestige de l’allié français sur la scène mondiale et transformant une vassalisation de fait en dissonance constructive. L’invocation d’une « armée européenne », quelle que soit le flou de la formule et les interrogations abyssales qu’elle ouvre sur le fond, a déclenché l’ire trumpienne avant, pendant et après le Forum de Paris sur la Paix, lui-même entaché d’oublis historiques dommageables à notre influence résiduelle et sans grand effet probable sur la réalité des équilibres du monde et son éventuel apaisement.

    Pourquoi une telle fureur ? Cette « sortie » du président français a mis le doigt sur la plaie : il est juste hors de question pour l’Amérique ‒ celle de Trump comme celle de tous ses prédécesseurs ‒ que l’Europe ose jamais s’affranchir de sa tutelle stratégique et se prenne à rêver de compter par elle-même sur la carte du monde autrement que comme un appendice docile de l’imperium de notre Grand Allié. Le vouloir supposerait en effet, pour atteindre la masse critique, de souhaiter rapprocher enfin l’Union européenne de la Russie, ne serait-ce que sur le plan sécuritaire. Inadmissible pour Washington. Il y est presque plus impensable encore que l’Allemagne se rapproche de Moscou, un cauchemar outre Atlantique. La dépendance allemande envers le gaz russe doit d’ailleurs cesser et le gaz américain s’y substituer. Dès cet été, l’opposition tonitruante et insultante pour Berlin du président Trump au projet Nord Stream 2 en a témoigné sans équivoque.

    L’Europe politique est donc plus que jamais en morceaux. Ce n’est la faute ni de la Russie ni de l’Amérique. C’est la nôtre, même si Moscou comme Washington y trouvent leur compte, et si l’Alliance atlantique creuse joyeusement les lignes de failles internes de notre Union chaque jour plus désunie, par des invites à consentir à notre dépendance sécuritaire et à notre rançonnement collectif via l’achat d’armement américains et des manœuvres militaires pharaoniques nourrissant les craintes folles de certains membres (Baltes ou Polonais). Les scenarii apocalyptiques de l’OTAN mettent en scène une menace russe de grande échelle face à un ennemi hybride et maléfique qui aurait carrément décidé une invasion des abords les plus vulnérables de l’Alliance. La « guerre froide » fait pâle figure à côté de ces délires otanesques. Moscou a bien d’autres préoccupations et projets qu’une telle lubie. La stratégie russe est défensive, ce qui ne veut pas dire insignifiante, naïve ou dénuée d’opportunisme et d’ambition. Cette « puissance pauvre » mais toujours globale n’a pas renoncé à compter, en Eurasie comme en Afrique, et déploie tous azimuts une diplomatie redoutable de subtilité et d’efficacité, car pragmatique, sans idéologie ni dogmatisme.

    Pour Paris donc, après la dernière volée de bois vert reçue à distance, le Rubicon est en vue. Mais pour le franchir, les mots et les images martiales ne suffiront pas. S’ils ne sont pas adossés aux actes, ils creuseront même notre discrédit moral et politique qui n’a pas besoin de cela. Il suffit d’observer la différence de traitement et de réactions occidentales entre les affaires Skripal et Kashoggi pour comprendre que la messe est dite quant aux préoccupations et intérêts véritables de nos États dits modernes et moraux dans leur conception du monde.

    Comment laver un tel discrédit, comment faire oublier ce cynisme au petit pied qui nous fait mépriser de tous côtés et, plus encore, va à l’encontre de nos intérêts au Moyen-Orient comme à l’échelle globale ?

    Dieu merci, le tragique de la marche du monde offre toujours des occasions de rattraper les bévues, même lourdes. Il y a toujours quelque chose d’important ou d’utile à faire pour préserver l’honneur de la France. En l’espèce, il s’agit d’honorer sa signature apposée au bas du JCPOA de 2015, plus connu comme l’accord nucléaire iranien, qui devait permettre le contrôle des ambitions nucléaires de l’Iran contre le retour de ce grand pays dans le concert des nations et le relèvement de son économie. La sortie unilatérale des États-Unis de l’accord, les sanctions économiques renforcées, les tentatives de déstabilisation politique du régime qui affaiblissement très dangereusement le président Rouhani, la diabolisation croissante de la République islamique rendent vital le maintien de la promesse des autres signataires européens de l’Accord de s’y tenir et d’y maintenir Téhéran, qui jusqu’à présent en respecte scrupuleusement les clauses mais dont la patience s’émousse.

    Le mécanisme européen, promis depuis des mois à l’Iran, notamment par Paris, et devant permettre aux pays membres de l’UE de commercer avec lui sans l’imprimatur washingtonien n’est toujours pas actif. « Pas mûr… », dit-on… La France a pourtant le pouvoir et encore l’influence de pousser à sa mise en œuvre effective rapide. Qu’attendons-nous ? Ce test grandeur nature de notre autonomie de décision par rapport à Washington serait décisif aux yeux de Téhéran mais aussi du reste du monde. Ce serait une démonstration de notre détermination à sauver un multilatéralisme mis à mal sur tous les fronts, depuis deux ans, par les États-Unis. Plus concrètement encore, il en va de la sécurité de l’Europe et du monde. Si l’Iran, en effet, était conduit par notre abandon à se dire légitimement délié de ses obligations au terme de l’Accord, la reprise de ses activités nucléaires deviendrait difficilement évitable (ne serait-ce que pour des raisons politiques internes). Celle-ci pourrait être portée par la venue d’un nouveau leadership extrémiste, dont les outrances verbales ouvriraient la voie à une réaction/provocation militaire américaine ou israélienne. Les conséquences sécuritaires d’une telle séquence ne seraient pas, dès lors, circonscrites à l’Iran mais très rapidement régionales voire mondiales. L’Europe aurait fait la preuve ultime de son insignifiance stratégique et le paierait cher à tous points de vue.

    La crise du monde est une crise de confiance, une crise du respect, une crise de la souveraineté. Notre Histoire comme nos institutions nous donnent plus qu’à d’autres, sans doute, la possibilité mais aussi le devoir de nous affirmer comme un rempart contre ce dangereux ensauvagement.

    Caroline Galactéros (Geopragma, 19 novembre 2018)

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  • Fin du monde ou fin d'un monde ?...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°175, décembre 2018 - janvier 2019) est en kiosque !

    A côté du dossier consacré à la collapsologie, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, des entretiens, notamment avec Stephan Carbonnaux, Jérôme Fourquet et Jérôme Sainte-Marie, les chroniques de Xavier Eman, d'Hervé Juvin, d'Olivier François, de Ludovic Maubreuil, de Fabien Niezgoda, de Laurent Schang, d'Yves Christen et de Slobodan Despot et l'anti-manuel de philosophie de Jean-François Gautier...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Éditorial           

    Mauvaise conscience, par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien

    Stephan Carbonnaux. Pour une école de la diplomatie écologique à la française, propos recueillis par Pascal Esseyric

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : Un diable à visage mesquin

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Le carnet géopolitique d’Hervé Juvin : Utile, respecté, entendu, ou  le retour du politique

    Un peuple et son roi : trop grande révolution , par Ludovic Maubreuil

    Un miracle grec, par Armand Grabois

    Champs de bataille : Solférino. une bataille, deux villages, trois couronnes, par Laurent Schang

    Arto Paasilinna, un fieffé païen, par Anne-Laure Blanc

    Jérémiades, par Pascal Esseyric

    Bestiaires : L'instinct maternel, ce n'est pas du caca. Quoique..., par Yves Christen

    Sciences

    Le combat des idées

    Pourquoi Mélenchon bute sur la question migratoire, l'analyse de Jérôme Fourquet et Jérôme Sainte-Marie

    Populisme : Jean-Claude Michéa persiste et signe, par Thomas Hennetier

    Sahra Wagenknecht, la gauche allemande au défi de l’immigration, par Benedikt Kaiser

    Aux sources de l'Iliade avec Philippe Conrad, propos recueillis par Pascal Esseyric

    En son pays, en sa race. Bâtir, habiter, penser en poète avec Rémi Soulié, par François Bousquet

    Races et antiracismes, critique d'un discours schizophrène, par Alain de Benoist

    Universités sous influence, par Guillaume Travers

    Contre l'éternel retour de Lyssenko, par Pascal Esseyric

    Une histoire mouvementée du rock identitaire français, par Xavier Eman

    La sociologie du hardeur de Lounès Darbois, pour ou contre ?, par Xavier Eman et David L’Épée

    Anarcho-primitivistes fin-de-siècle : les naturiens contre le progrès, par Olivier François

    Relire Walter Scott, un héros de l’Europe romantique, par Fabien Niezgoda

    Saint-Exupéry, le voltigeur foudroyé, par Christophe A. Maxime

    La maison rouge de Malaparte, par Laurent Schang

    Dossier

    Collapsologie

    La fin du monde, une histoire sans fin : impolitique de la catastrophe, par François Bousquet

    Apocalypse now : Quelle alternative à l’économie du désastre ?, par Jean de Juganville

    Déclin de l’Occident : les 100 ans du maître-ouvrage de Spengler, par David Engels

    Halte à la croissance ! L’étrange destin du rapport Meadows, par Eric Maulin

    Là où finissent les étoiles : Isaac Asimov et l’effondrement de la galaxie, par Fabien Niezgoda

    Paul Virilio, guetteur d’apocalypse : l’accélération du monde, par Pierre Le Vigan

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    De l'importance de soigner sa barbe, par Slobodan Despot

    Philo : Éprouver l'injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?, par Jean-François Gautier

    L’esprit des lieux : La Hütte de Todtnauberg, par Rémi Soulié

    C’était dans Éléments : Jean Anouilh contre la télévision

    Éphémérides

     

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  • « Le citoyen est autant fils de la patrie que de la nation »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Vincent Coussedière, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la question des relations entre patriotisme, nationalisme et populisme. Professeur de philosophie et essayiste, Vincent Coussedière a notamment publié Eloge du populisme (Elya, 2012), Le retour du peuple - An I (Cerf, 2016) et Fin de partie - Requiem pour l'élection présidentielle (Pierre-Guillaume de Roux, 2017).

     

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    « Le citoyen est autant fils de la patrie que de la nation »

    L'assurance d'Emmanuel Macron, affirmant que le patriotisme est l'exact contraire du nationalisme, ce dernier en constituant la trahison, mérite pour le moins d'être interrogée, de même que l'assimilation récurrente qu'il a l'habitude d'opérer entre nationalisme et populisme. Il ne s'agit pas ici de réhabiliter le «nationalisme» ou le «populisme» contre le «patriotisme», mais de douter de l'évidence objective sur laquelle reposeraient ces oppositions et distinctions, qui s'entourent trop souvent d'une justification «scientifique» prétendument tirée de la connaissance historique.

    Commençons par le nationalisme, auquel on réserve l'effet péjoratif produit par l'utilisation du «isme» dont on préserve au contraire le patriotisme. Remarquons le bénéfice de l'opération - dont Emmanuel Macron n'est bien évidemment pas l'inventeur, mais qu'il hérite d'une longue tradition - qui est de faire rejaillir sur tout amour ou attachement profond et existentiel à la nation le soupçon d'extrémisme et de fanatisme. L'opprobre jeté sur le «nationalisme» devient un opprobre jeté sur la nation. En opposant à cet amour réputé irrationnel de la nation que constituerait le «nationalisme», le «patriotisme», qui seul serait rationnel, Macron se place sous la protection de son maître Habermas et plus largement de toute la pensée «européiste». En effet l'Europe des «pères fondateurs» s'est construite sur une conception rendant la nation coupable d'engendrer d'elle-même le nationalisme. Reprenant l'opération communiste du «transfert d'exécration» noté par Jules Monnerot, qui passe du nazisme et du racisme au fascisme en général, puis de celui-ci de manière encore plus extensive au «nationalisme», les «pères fondateurs» firent de la nation et du nationalisme les responsables des deux grandes guerres mondiales, faisant ainsi oublier que les deux grands totalitarismes ne firent pas fond sur la nation mais sur la race et sur la classe.

    Opposé à ces extrêmes, le patriotisme européen se voulut un rapport contractuel et libre à la communauté politique, dans laquelle chacun pourrait désormais entrer et sortir, rapport opposé à toute relation d' «appartenance», réputée opprimer la liberté de l'individu et ouvrir ainsi la voie à d'inutiles sacrifices. Le «patriotisme constitutionnel» d'Habermas fut la formule brillante résumant cette entreprise.

    Pourtant cette opposition entre nationalisme belliqueux et patriotisme pacificateur pose de nombreux problèmes. Le premier est historique: ni l'hitlérisme ni le stalinisme, principaux acteurs de la seconde guerre mondiale, ne furent des «nationalismes», mais des racialismes et des «classismes» (réduisant les peuples à la race ou à la classe). On objectera que pour la première guerre mondiale la responsabilité du nationalisme est engagée, mais c'est parce qu'on a préalablement fait de l'impérialisme une composante essentielle du nationalisme, pensé comme un amour de la nation impliquant la haine des autres nations et la volonté de les soumettre. Or comme le faisait remarquer avec humour Alfred Fouillée: aimer sa propre femme n'implique pas de haïr celle des autres ni de la violer.

    En réalité, cette opposition entre «nationalisme» et «patriotisme» est assez arbitraire. Historiquement l'usage confond l'appartenance à la mère patrie et l'appartenance à la nation. Il semble donc difficile de faire du patriotisme et du nationalisme d'exacts contraires alors qu'ils renvoient aux termes de patrie et de nation qui sont si proches. De Gaulle en avait eu l'intuition, qui ne renonçait pas au terme de nation en faisant de son mouvement celui des «nationaux» qu'il distinguait de celui des «nationalistes».

    Il semble qu'une piste pourrait être explorée qui fasse sortir d'une opposition qui profite à ceux qui aimeraient bien enterrer les nations avec le nationalisme. Cette piste qui nous est indiquée par l'étymologie latine, consisterait à ne pas opposer la nation et la patrie comme des contraires, mais à les penser dans leur complémentarité. Patrie renvoie à «pater» c'est-à-dire à la terre des pères. Nation vient de «naissance» et renvoie ainsi plus directement que patrie à une origine maternelle. La nation c'est une origine qui place en situation de passivité et de dépendance, la nation c'est ce que je reçois et qui m'alimente avant toute liberté et toute autonomie, mais qui est en même temps la condition de la liberté et de l'autonomie. La patrie c'est ce qui vient m'affilier à une communauté politique, c'est ce qui vient me reconnaître par le nom du père dans un état civil et préparer ma liberté de citoyen à travers mon appartenance à l'État.

    Loin que la nation et le nationalisme soient d'exacts contraires de la patrie et du patriotisme, il faudrait plutôt penser aujourd'hui leur complémentarité et leur articulation. Le citoyen est fils de la nation et de la patrie et, associé aux autres citoyens, qui sont ses frères, il forme ainsi un peuple politique.

    Ceci nous amène au troisième terme d'une confusion entretenue: le «populisme».

    Le populisme est la protestation d'un peuple politique qui ne veut pas choisir entre sa mère et son père, entre la nation et la patrie, entre l'appartenance et la citoyenneté, mais qui a compris qu'il avait besoin des deux pour se constituer en peuple politique. Le populisme est le refus opposé par un peuple politique au divorce qu'on lui propose entre nation et patrie, héritage et liberté, conservatisme et progrès, communauté et république, nationalité et citoyenneté, démos et démocratie.

    Le populisme ne doit pas être confondu avec de simples mouvements politiques et partisans, il est beaucoup plus profondément «populisme du peuple», c'est-à-dire refus des vieux peuples politiques européens de disparaître. Le message que ces peuples adressent aux politiques, totalement incompris de Macron, est le suivant: cessez d'opposer la nation et la patrie, la nation et la république, l'institution d'un peuple et sa constitution.

    Être un «national», un «patriote» et un «populiste», peut être aujourd'hui une seule et même chose, en refusant d'opposer l'attachement charnel à la nation à l'attachement rationnel aux institutions, en comprenant au contraire leur complémentarité dans l'existence d'un peuple politique dont on veut poursuivre l'aventure.

    Vincent Coussedière (Figaro Vox, 15 novembre 2018)

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