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  • La mer, l'Orient, l'opium...

    Les éditions Arthaud viennent de publier un recueil des meilleurs romans et nouvelles de Claude Farrère, rassemblés sous le titre La mer, l'Orient, l'opium. Officier de marine et écrivain, Claude Farrère (1876-1957), de son vrai nom Frédéric-Charles Bargone, est l'auteur d'une vaste œuvre littéraire centrée sur la mer et l'Orient, qui l'a conduit à l'Académie française. En évoquant La Bataille, roman qui figure dans le recueil, Jean Mabire a pu écrire : "Un homme qui a écrit un tel livre pouvait bien, par la suite, signer des romans un peu hâtifs et parfois médiocres."

     

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    " Officier de marine, ami et admirateur de Pierre Loti, révélé en 1905 par un prix Goncourt, Claude Farrère est l’auteur d’une œuvre féconde dont chaque ouvrage résonne comme une invitation romanesque au voyage.
    De ses escales en Chine, au Japon, en Indochine mais aussi en Turquie, Claude Farrère rapporte souvenirs enivrants, apologie de l’opium, récits exotiques mais aussi condamnation de la déchéance et du vice des colons occidentaux. Les Civilisés qui lui valut le prix Goncourt est une charge sans appel contre la politique coloniale de Jules Ferry ; Fumée d’opium un récit poétique à la gloire de la «bonne drogue» dont Farrère fit usage toute sa vie ; La Bataille évoque les deux versants de l’âme japonaise au début du XXe siècle, écartelée entre les principes ancestraux de l’honneur et les nécessités du progrès occidental, tandis que L’homme qui assassina et Nuit turque nous entraînent vers Istanbul, ville chérie entre toutes.
    En s’emparant de ses expériences voyageuses pour nourrir son œuvre romanesque, Farrère prit résolument le «parti de l’ailleurs». "

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  • Crise migratoire : le suicide de l'Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Douglas Murray au Figaro Vox dans lequel le journaliste britannique évoque la crise européenne provoquée par l'afflux de migrants clandestins. Douglas Murray a récemment publié L'étrange suicide de l'Europe (Toucan, 2018).

     

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    Douglas Murray : «Personne n'a donné aux ONG open-borders le droit de dicter l'avenir du continent !»

    FIGAROVOX.-Vous avez consacré un livre à l'étude de ces vagues migratoires successives qui affectent de manière continue les pays d'Europe occidentale. Quelle est votre position sur la crise de l'Aquarius? Comment faut-il analyser une telle crise?

    Douglas MURRAY.- Il est remarquable de voir se perpétuer cette même folie que je décris dans mon livre. Sur notre continent, personne ne semble vouloir apprendre quelque leçon que ce soit ou penser autrement que dans les termes les plus courts. Quelqu'un pense-t-il vraiment qu'une fois que l'Espagne aura accueilli les quelque 600 personnes de l'Aquarius, le problème sera résolu? Qu'il n'y aura personne pour observer ce qui se passe et décider d'en faire autant en suivant le même chemin que l'Aquarius? En réalité, quelle est notre politique? Que quelqu'un qui monte sur un bateau peut faire route vers l'Europe? Que quelqu'un qui arrive ainsi en Europe a le droit d'y rester? Manifestement, c'est là notre politique actuelle. Et elle est intenable.

    Emmanuel Macron a dénoncé la «part de cynisme et d'irresponsabilité» du gouvernement italien dans son refus d'accepter le navire. Que pensez-vous de ce refus italien?

    Je pense que le président Macron devrait donner l'exemple. Il devrait insister sur le fait que le prochain Aquarius, et celui qui suivra, et celui qui suivra encore, pourront tous accoster dans le sud de la France. Je séjourne à Nice en ce moment et il me semble que ce serait une solution très raisonnable. Je suis sûr que la population locale accueillera avec plaisir un grand nombre de personnes d'Afrique subsaharienne. Après tout, le sud de la France est très vaste et tous les nouveaux arrivants pourraient ne pas s'installer définitivement à Nice.

    En réalité, si quelqu'un est cynique, c'est le président Macron. Il dit une chose et en fait une autre. Il réprimande le nouveau gouvernement italien pour avoir refusé de permettre à l'Aquarius d'accoster en Italie. Pourtant, depuis la crise de 2015, le gouvernement français a rétabli les contrôles à la frontière franco-italienne. Si le président français est si partisan de l'arrivée des migrants en Italie, pourquoi oblige-t-il l'Italie à en supporter le poids et à conserver les migrants chez elle? Pourquoi n'ouvre-t-il pas les frontières de la France et ne permet-il aux milliers de migrants illégaux de pénétrer en France? Il devrait le faire s'il déteste à ce point le cynisme. En fait, on pourrait dire que Macron est simplement cynique et responsable.

    Monsieur Salvini, le ministre italien de l'Intérieur a répondu aux critiques qu'il ne faisait qu'appliquer le programme pour lequel il avait été élu. Est-il possible d'apporter une réponse aux craintes des populations tout en menant une politique qui serait humaine et respectueuse des droits humains individuels?

    L'Italie est évidemment dans une situation très sérieuse. Le parti de M. Salvini a promis d'expulser 500 000 personnes qui seraient arrivées illégalement dans le pays. J'aime l'Italie, mais je me demande s'il y a un pays dans le monde qui soit en mesure d'expulser rapidement un demi-million de personnes de manière ordonnée et humaine. En outre, l'Italie n'a qu'une version plus extrême d'un problème que nous avons tous. Où expulsons-nous les gens une fois qu'ils sont arrivés chez nous? Comment les contraignons-nous? Je pense que personne ne fera cela, même si c'est pourtant ce qui devait être fait. Parce que la distinction entre immigration légale et illégale doit tenir. Certaines personnes, qui prônent l'ouverture des frontières, demandent «quelle est la différence?» La réponse est «la loi». Ce qui n'est pas rien.

    M. Salvini ne réussira probablement pas. Il est probable que son parti imputera cet échec au parti 5 étoiles, et à un moment donné (peut-être l'année prochaine) les Italiens devront aller à nouveau aux urnes. Et à ce moment-là, c'est la Ligue qui profitera le plus de la situation.

    Dans votre livre, vous avez consacré un chapitre entier à Lampedusa. L'Italie n'a-t-elle pas déjà eu sa juste part dans l'accueil des nouveaux arrivants?

    C'est juste. Pendant des années, ils - l'Italie et la Grèce - ont porté le poids d'une politique non seulement décidée mais aussi encouragée par Berlin et Bruxelles. Bien sûr, il était prévu un «partage de la charge» en ce qui concerne les frontières extérieures de l'Europe, mais les Italiens et les Grecs étaient seuls à supporter le fardeau. Ainsi, le nord de l'Europe réprimande le Sud pour des politiques dont le Nord est largement responsable.

    Les premiers migrants sont arrivés à Lampedusa dès le milieu des années 2000. Vous rappelez qu'ils ont d'abord été accueillis avec beaucoup de gentillesse et de bonne volonté. Puis vinrent les printemps arabes. Vous dites dans votre livre que l'Italie a supporté cette énorme charge financière et humaine presque seule ...

    Les Italiens et les Grecs ont été extrêmement généreux et gentils. Il n'y a pas eu de troubles civils à grande échelle et, de façon générale, ils ont essayé d'accueillir les gens qui ont débarqué sur leurs rives. Mais êtes-vous en Italie récemment? Les gares et les parkings du pays sont devenus des camps de migrants. Pourquoi cela serait-il positif? Pourquoi cela serait-il souhaitable? Ce phénomène a augmenté pendant de nombreuses années, mais récemment, cela s'est encore accéléré. Et les politiciens ont délibérément laissé à leurs successeurs le soin de s'occuper de cela, parce que le problème est devenu trop complexe pour eux. C'est la même chose en Grande-Bretagne et partout ailleurs en Europe occidentale.

    Mais ce dont les gens doivent prendre conscience, c'est que toutes les prévisions démographiques en Afrique suggèrent que le nombre de personnes qui essaieront de pénétrer en Europe dans les années à venir sera beaucoup plus important qu'aujourd'hui. C'est pourquoi je dis que si nous ne parvenons pas à maintenir nos lois et nos frontières maintenant, alors nous n'avons aucune chance de résister.

    En 2013, le gouvernement italien a lancé l'opération «Mare Nostrum». Quel était le but de cette opération, soutenue à la fois par l'Union européenne et la communauté internationale? Quels en sont les résultats? Cette opération n'a-t-elle pas créé un environnement plus favorable et persuadé de plus en plus de migrants de venir?

    L'objectif était de répondre aux naufrages tragiques de navires hors d'âge, chargés de gens par des gangs de trafiquants désireux de maximiser leurs profits. L'Europe a vu les conséquences horribles et a voulu aider. Mais à la fin, nous avons aggravé le problème. Personne n'est prêt à l'admettre, mais envoyer des navires dans la Méditerranée pour amener les gens en toute sécurité en Europe a créé un «facteur d'attraction». Tout le monde le nie, mais c'est vrai. Les trafiquants mettaient de moins en moins de carburant dans leurs bateaux parce qu'ils savaient que les Européens intercepteraient les bateaux de plus en plus tôt et qu'ils feraient l'essentiel du travail de contrebande pour eux. Ce qui est un excellent modèle d'affaires pour les contrebandiers, mais un système terrible pour l'Europe. Entre autres choses que nous aurions dû faire (une mesure suggérée dans mon livre, et je suis heureux d'entendre que le président Macron commence à y songer), ce serait d'ouvrir des centres de traitement en Afrique du Nord. Cela empêcherait aussi les bateaux de quitter la côte nord-africaine et nous éviterait d'agir comme des partenaires des gangs de contrebande.

    Ce phénomène n'est-il pas aussi partiellement causé par les ONG?

    Bien sûr. Tous ces phénomènes sont largement favorisés par les ONG «open borders», organisations dirigées par des gens qui sont de véritables extrémistes. Ils distribuent des informations aux migrants et aux migrants potentiels pour les aider à contourner les règles existantes et en leur expliquant comment rester définitivement en Europe.

    Ces ONG pensent que le monde ne devrait pas avoir de frontières. Que les frontières sont racistes. Que les frontières causent tous les problèmes du monde. Ils ont pris sur eux d'affaiblir les frontières de l'Europe. Les autorités italiennes ont pris un certain nombre d'ONG en flagrant délit de coopération actrive avec les réseaux de contrebande. Ces ONG ont été surprises au téléphone avec des contrebandiers, arrangeant les points de rencontre et retournant même les bateaux aux gangs. Qui a donné à ces groupes le droit de dicter l'avenir de notre continent? Qui leur a permis d'être nos arbitres de moralité? Ou de décider de notre avenir sociétal à court et à long terme?

    Quel est le rôle joué par les fixeurs des frontières qui planifient les voyages des migrants transfrontaliers?

    Ce sont des barbares. Ils prennent de l'argent à des personnes nécessiteuses et souvent désespérées. Ils les plongent dans la misère et la crise, les torturant souvent afin d'extorquer plus d'argent à leurs familles. Et ce sont souvent ces personnes que nos dirigeants politiques ont jugé bon d'encourager et avec lesquelles les ONG se sont contentées de collaborer. Encore une fois, tout le monde ne pense qu'au plus court terme possible.

    Les hommes et les femmes qui viennent de l'étranger sont tous automatiquement englobés sous le terme de «migrants» ou de «réfugiés». Vous expliquez que leur situation peut être très différente. Comment? Y a-t-il des tensions entre eux?

    On utilise souvent le terme «migrant» et «réfugié» de façon interchangeable. J'ai voyagé partout dans le monde et j'ai vu beaucoup d'endroits terribles. Je ne nie pas qu'il y ait des gens qui fuient la guerre. Particulièrement la guerre en Syrie. Mais la solution la moins traumatisante est le plus souvent de les garder dans le voisinage du pays qu'ils fuient. La plupart des experts de l'aide internationale admettent, comme je l'ai dit dans mon livre, que le coût d'hébergement d'un demandeur d'asile en Europe du Nord est environ 100 fois supérieur à ce qu'il est dans un pays limitrophe du pays fui. C'est déjà là une première raison évidente qui fait du transfert vers l'Europe un déplacement illogique. Avec de tels coûts, nous pouvons aider beaucoup moins de gens. Peut-être faut-il soigner certaines personnes en Europe, mais l'Europe ne peut pas être l'endroit où tous ceux qui fuient la guerre dans le monde se sentent chez eux.

    La situation des migrants économiques est encore pire. Parce qu'il ne faut pas oublier que la majorité des personnes arrivant en Europe ces dernières années - y compris en 2015 - ont été des migrants économiques. Encore une fois, les ONG soutiennent qu'il n'y a pas beaucoup de différence entre les migrants économiques et les demandeurs d'asile. Mais si nous tombons dans ce mensonge (comme c'est souvent le cas), cela signifie que presque tous les habitants de l'Afrique et du Moyen-Orient (sans parler de la majeure partie de l'Extrême-Orient) ont le droit de s'installer en Europe. Ou ne seront pas arrêtés s'ils viennent. Ou ne seront pas renvoyés une fois qu'ils seront ici. Dans ce cas, observez bien les premiers millions. Car il y aura des centaines de millions de plus.

    Une fois arrivés en Europe, les «migrants» peuvent-ils être effectivement renvoyés?

    Oui. Les personnes qui ont menti sur leur pays d'origine, ou qui viennent d'un pays sûr ou qui n'ont pas fait de demande d'asile légale devraient être renvoyées rapidement. On ne devrait pas permettre que le processus d'appel traîne pendant des années.

    Peut-on dire que les pays occidentaux ont malgré tout une part de responsabilité importante dans cette crise de l'immigration, étant donné que leurs guerres en Irak ou en Libye, pour n'en nommer que quelques-unes, ont durablement déstabilisé toute la région?

    C'est un argument que certaines personnes font valoir, et ce n'est pas sans fondement. Les efforts de stabilisation déployés en Irak et en Libye après la guerre se sont avérés totalement insuffisants. Mais qu'avons-nous fait pour déstabiliser la Syrie? Les principaux acteurs impliqués dans la déstabilisation de ce pays ont été l'Iran, la Russie, certains États du Golfe et la Turquie. Pour n'en nommer que quelques-uns. Je montre dans mon livre pourquoi ces pays sont très heureux que l'Europe tombe dans le piège en s'accusant une fois de plus de tous les maux du monde. C'est très confortable pour le reste du monde de nous encourager dans ce travers d'auto-culpabilisation.

    Lors de mes voyages à travers l'Europe pour les recherches nécessaires à mon livre, j'ai rencontré des migrants originaires de la plupart des pays en développement. Si vous croyez que nous sommes responsables des flux de réfugiés en provenance d'Irak et de Libye, qu'en est-il des flux du Pakistan, du Bangladesh, du Myanmar, de l'Erythrée, du Nigeria et de dizaines de pays à travers le monde? Sommes-nous responsables de la situation dans tous ces pays? Est-ce vraiment la bonne solution de permettre à tous ces gens de s'installer en Europe? Ou bien s'agit-il d'un problème auquel personne ne veut sérieusement penser?

    Pour revenir à la crise de l'Aquarius, que dit cette crise particulière à propos de l'Europe? Est-ce le symbole du «suicide de l'Europe» ou peut-elle au contraire conduire à un regain de conscience politique?

    Cela prouve que pour le moment, rien ne va changer. C'est une chose positive que le gouvernement italien ait finalement dit «assez». Mais la réponse cynique des autres pays européens montre que, pour le moment, tout le monde espère éviter les conséquences de cette poussée migratoire historique vers notre continent. Peut-être que certains pays seront en mesure de se tenir éloignés encore un certain temps. Peut-être que la France évitera le pire cette année. Mais ça ne pourra pas durer éternellement. Pour aucun pays.

    C'est pourquoi, au lieu de faire du bruit ou de jouer les uns contre les autres, nous tous en Europe devons reconnaître honnêtement ce qui se passe et y faire face de front. Ce n'est qu'en agissant ainsi que nous avons toutes les chances de trouver des réponses humaines et décentes. Et de garder peut-être notre continent reconnaissable pour la prochaine génération.

    Douglas Murray, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figaro Vox, 19 juin 2018)

     

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  • Célébrations de la nature...

    Les éditions José Corti viennent de publier dans leur collection Biophilia un recueil de textes de John Muir intitulé Célébrations de la nature. Écossais d’origine, John Muir (1838-1914), est le père des Parcs Nationaux américains et l’un des premiers promoteur de la protection de la nature.

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    " Homme d’action avant tout, John Muir n’a, tout compte fait, publié que très peu de livres, et seuls ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse étaient conçus dès l’origine pour former un volume. John Muir a, en revanche, beaucoup écrit. Du corpus important que constituent ses carnets manuscrits, une petite partie seulement a été mise en forme et publiée – par lui-même (Un été dans la Sierra, Voyages en Alaska) ou, de manière posthume, par son exécuteur testamentaire (Quinze cents kilomètres à pied dans l’Amérique profonde, Journal de voyage dans l’Arctique). Et de la même façon, son énorme correspondance n’a fait l’objet que d’éditions très partielles.

    Dispersés dans diverses revues où leur impact sur l’opinion publique et les décideurs politiques était sans doute plus assuré et plus immédiat, les articles de John Muir représentent peut-être l’essentiel de son œuvre. Qu’il s’agisse de portraits de plantes ou d’animaux, de récits de courses en montagne ou d’autres aventures vécues, on y retrouve toujours le passionné de la nature, qui jamais ne se lasse de la décrire, de la louer, de la célébrer. Parler de la nature est pour John Muir un plaisir toujours neuf, toujours renouvelé, un plaisir communicatif. Son enthousiasme lumineux gagne inévitablement son lecteur, qui le voit – et se voit avec lui – plongé dans les paysages grandioses qu’il dépeint, à l’affût d’un oiseau aussi étonnant que discret ou stupéfait devant une fleur jusque-là inconnue.

    Tout, en effet, dans la nature suscite l’admiration, et l’article qui restitue cette merveilleuse expérience vibre d’une intense émotion. Mais pas seulement. John Muir est aussi d’une extrême précision. Précision de l’observateur, précision de l’homme de plume. La sensation de plénitude qu’éprouve le lecteur vient de ce que l’auteur réussit à toucher simultanément le cœur et l’intellect. C’est au moment même où l’information qu’il reçoit est la plus précise que l’impression ressentie est aussi la plus vive, et les deux sont indissociables.

    Ce choix de textes majeurs, qui sont autant d’hymnes à la nature, vient ajouter au portait kaléidoscopique de John Muir, dont disposait déjà le lecteur francophone à travers les ouvrages traduits précédemment, une facette nouvelle et inattendue, celle d’un lyrisme flamboyant allié à l’information la plus rigoureuse. Mais il s’agit aussi de textes de combat, qui, un siècle plus tard, conservent toute leur pertinence. La question de la protection du milieu naturel ne s’est jamais posée avec plus d’acuité qu’à l’heure actuelle. Saurons-nous entendre une voix, qui, dans notre propre intérêt, nous demande d’ouvrir les yeux et de faire preuve de courage ? "

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  • Cette année-là... (7)

    Dans Cette année-là, l'équipe de la revue Éléments, autour de Patrick Péhèle,  nous fait découvrir sur le plateau de TV Libertés des livres, des chansons, des films, des évènements qui ont marqué la société française en bien ou en mal et qui marquent encore notre présent. Un rendez-vous classé par année, sous le signe d’un retour sur notre passé, avec ce qu'il faut de passion et d'impertinence... Et on retrouve sur le plateau Pascal Esseyric, François Bousquet, Olivier François et Christophe A. Maxime...

    Au sommaire ce mois-ci :

    – un livre : Le Camp des Saints, de Jean Raspail (1973) ;

    – un film : Bienvenue à Gattaca, de Andrew Nicoll (1997) ;

    – un événement : la victoire de la France à la Coupe du monde de football (1998).

     

                              

     

     

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  • Le Roi du monde...

    Les éditions Gallimard viennent de rééditer un livre de René Guénon intitulé Le Roi du monde. Principal représentant de la pensée traditionnelle de la première moitié du XXe siècle, René Guénon est l'auteur, d'essais comme La crise du monde moderne (1927), Autorité spirituelle et pouvoir temporel (1929) ou encore Le règne de la quantité et le signe des temps (1945).

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    " Ouvrage unique en son genre, Le Roi du Monde représente également une étude singulière au sein même de l'œuvre de René Guénon (1886-1951). Elle traite en effet de la constitution des «centres spirituels» régissant les religions historiques qui expriment l'ordre cosmique et «traditionnel» (au sens précis que l'auteur donne à ce terme) du monde. À travers les doctrines et symboles communs à toutes les traditions, René Guénon affirme l'existence d'une invisible autorité spirituelle qui culmine avec le «Roi du Monde» et ses deux assesseurs, sommet de la hiérarchie initiatique universelle et médiateurs de la révélation originelle unique qui prend le nom de «tradition primordiale». Loin de toute fantaisie, sur un thème difficile et qui bouscule nos habitudes intellectuelles, René Guénon nous livre ici, avec sa rigueur accoutumée, un exposé sans équivalent sur un ensemble de notions dont la compréhension engage de profonds enjeux traditionnels. Il est permis de penser, de surcroît, que les finalités ayant motivé la publication initiale du Roi du Monde n'ont rien perdu - tout au contraire - de leur pressante actualité. "

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  • Emmanuel Macron, le contre-populiste...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la politique d'Emmanuel Macron... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « Contrairement aux apparences, Emmanuel Macron est un contre-populiste ! »

    Voilà un an qu’Emmanuel Macron, le Président que personne n’avait vu venir, est à l’Élysée. Que sait-on, maintenant, sur lui ? Peut-on dresser un premier bilan de son action ?

    Macron a eu beaucoup de chance. Mais il faut reconnaître qu’il a su forcer la chance. Il a parfaitement mesuré l’envie de « dégagisme », de renouvellement, mais aussi de « verticalité », qui montait dans l’opinion depuis des années. Instruit par l’expérience de ses prédécesseurs, dont il ne veut pas répéter les fautes, il a parfaitement compris que les vieux partis institutionnels ont fait leur temps et que le clivage droite-gauche ne veut plus dire grand-chose dès lors qu’il ne renvoie plus qu’à une « alternance unique ». C’est ce qui lui a permis de réussir là où Giscard et Rocard avaient échoué : regrouper au « centre » les libéraux de gauche et de droite acquis à la mondialisation.

    Sur le plan de la personnalité, Macron est un libéral autoritaire, absolument pas un moraliste « humaniste » (il est aussi dénué de scrupules que Sarkozy, et s’il a fait appel à Jean-Michel Blanquer, c’est avant tout pour adapter l’école aux exigences de l’entreprise). « Agnostique » sur les problèmes de société, c’est un homme qui n’a pas d’amis mais seulement des conseillers techniques, qui a réussi à faire de ses ministres des employés et de sa majorité parlementaire une armée de zombies, simple reflet de son électorat. Le « macronisme », c’est Macron et rien d’autre.

    Sa façon de gouverner est typique du style managérial : apparaître sympathique, ouvert et détendu, aller « au contact », favoriser par principe le « dialogue » et la « délibération », mais sans jamais dévier d’un pouce de ce qu’il a décidé par avance. En d’autres termes, parler avec tout le monde mais n’écouter personne. Main de fer et sourire commercial. C’est ainsi qu’il est arrivé à faire passer sa loi de « moralisation de la vie politique », puis la réforme du Code du travail, puis celle de la SNCF, en attendant celles de l’audiovisuel public, des retraites et de la fiscalité.

    À sa manière, n’est-il pas, lui aussi, un populiste ?

    Je le définirais plutôt comme un contre-populiste. Il a opéré pour la classe dominante le regroupement que les populistes tentent de réaliser à la base. Dans son vocabulaire, le clivage principal est désormais celui qui oppose les « progressistes » aux « conservateurs ». Les premiers sont tout simplement les libéraux, les seconds ceux qui restent attachés à des valeurs ou des principes que l’individualisme moderne n’a pas encore liquidés.

    L’objectif qu’il s’est fixé est simple : réformer la France pour l’adapter aux exigences de la modernité libérale. Et pour ce faire, parier sur les ambitions et les initiatives individuelles des « premiers de cordée » plutôt que sur les énergies et les passions collectives. Cette volonté d’être en phase avec l’idéologie dominante est le cœur même de sa doctrine. « L’article un du macronisme, c’est l’européisme », constatait récemment Marcel Gauchet. L’idée sous-jacente est celle énoncée jadis par Margaret Thatcher : « Il n’y a pas d’alternative. »

    Comme l’a écrit Paul Thibaud, « Macron considère la France de l’extérieur, à partir de l’universalisme direct où il s’est établi. » Il reconnaît, certes, à l’appartenance nationale une valeur sentimentale, mais la réduit à sa capacité d’adaptation au milieu ambiant. La France n’est pas, pour lui, le support d’une identité commune, mais une quasi-entreprise (une « start-up ») qui doit avant tout se tourner vers l’avenir et à laquelle il faut donner toutes ses chances de réussir, fût-ce au détriment des perdants, étant entendu que sa capacité à réussir implique son alignement sur les critères de Maastricht, ce qui ne peut qu’aboutir à toujours plus de précarité, de dévaluation salariale, de difficulté à vivre pour cette partie grandissante de la population qui n’appartient pas aux secteurs compétitifs insérés dans la mondialisation. D’où sa réputation justifiée de « Président des riches » – mais sans doute faudrait-il plutôt dire de « Président des gagnants ». Les nouvelles fractures politico-sociales ne peuvent donc que s’aggraver.

    Quelles sont les chances de l’opposition ?

    Déjà assuré d’une majorité aux ordres, Macron n’a de surcroît aucune opposition crédible face à lui, ce qui est à peu près inédit dans notre histoire. Il gouverne de manière d’autant plus autoritaire qu’il manœuvre dans un champ de ruines. À gauche, le Parti socialiste ne parvient toujours pas à se relever, tandis que La France insoumise se divise de plus en plus entre les lignes d’Alexis Corbière et de Clémentine Autain ; c’est-à-dire entre partisans d’une forme de populisme inspirée de Podemos, qui veulent « fédérer le peuple », et ceux qui veulent surtout ne pas se couper des « forces de gauche ». Mélenchon fait partie des premiers, mais il ne peut aller jusqu’au bout de sa démarche, car cela l’obligerait à un changement de cap radical à propos de l’immigration.

    À droite, la concurrence des appareils de partis ruine toute tentative d’union. Certes, la porosité est plus grande à la base, mais cela reste limité au plan local. À l’échelon national, il manque une figure charismatique nouvelle, susceptible de rallier aussi bien les classes moyennes que les classes populaires, rôle que ne peuvent tenir, pour des raisons différentes, ni Marine Le Pen ni Nicolas Dupont-Aignan ni Laurent Wauquiez. Sans une telle figure, tous les efforts de la « droite hors les murs » resteront vains. Il manque aussi, et peut-être surtout, l’aggiornamento doctrinal qui permettrait à cette droite de congédier une fois pour toutes la tentation libérale qui, de pair avec l’opportunisme, pousse tant de Républicains à rejoindre les rangs macroniens au motif qu’après tout, Macron réalise ce qu’ils voulaient faire eux-mêmes depuis longtemps.

    Certains espèrent que, lorsque le macronisme aura commencé à décliner, le vieux paysage politique bipolaire va renaître de ses cendres après lui. Je ne le crois pas un instant. L’élection de Macron a engagé un processus de recomposition générale sur lequel on n’est pas près de revenir. C’est en cela que réside son caractère historique.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Gauthier, 15 juin 2018)

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