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  • Tour d'horizon... (121)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur The Conversation, un regard de l'historien Christian-Georges Schwentzel sur le césarisme du XXIe siècle...

    Trump, Poutine, Erdogan : comment expliquer le succès des Césars du XXIᵉ siècle ?

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    - rions un peu avec Libération, qui avec Guillaume Gendron nous ressert pour la nième fois un article sur la renaissance de l'hydre du fascisme international...

    La culture Alt-Right : de l’extrême droite française à «Fight Club»

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  • Feu sur la désinformation... (121)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Pub : la censure à sens unique
      La publicité des Survivants dans le Figaro pour la Marche Pour la Vie choque les bienpensants. Daphné Burki, l’animatrice de la Nouvelle Edition sur Canal +, s’indigne : Pour elle, le message véhiculé par cette publicité est « dangereux ». Y a-t-il une censure dans la publicité ? Décryptage dans I-média
    • 2 : Le zapping d’I-média
      Le Moment Meurice : l’humoriste de France Inter a « honte d’être français ». Une honte toute relative : avec 5300€ par mois pour ses 5 minutes quotidiennes, Guillaume Meurice n’a pourtant pas honte de travailler sur une radio publique française.

      Débat sur le Brexit sur LCI avec Jean-Sébastien Ferjou, directeur de la publication d’Atlantico. Ferjou dénonce une vision « apocalyptique » des experts en économie en cas d’adoption de victoire du Oui. Aujourd’hui, la Grande-Bretagne est le pays qui a les meilleures performances européennes.
      Reportage d’I-télé sur les entreprises en Angleterre qui vivent dans un « climat d’incertitude ». Une incertitude et une peur entretenues par les médias.

    • 3 : Enquête Exclusive à Saint Denis : Tabou médiatique
      Reportage d'Enquete Exclusive à Saint-Denis présenté par Bernard de la Villardière. Enora Malagré, la chroniqueuse de Touche Pas A Mon Poste, s’indigne : Pour elle, le travail journalistique de Bernard de la Villardière est un appel à l’« islamophobie ». Depuis le reportage sur la ville de Sevran, le présentateur de Sans Tabou et d'Enquete Exclusive est dans le viseur de la presse bien-pensante. Décryptage de la construction d’un tabou médiatique.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Le tribunal constitutionnel fédéral allemand rejette la demande d’interdiction du NPD accusé d’être un parti « néo-fasciste ». L’AFP publie une dépêche et une photo du visage du président du tribunal caché par son mortier. Une manière de suggérer que la décision n’est pas acceptable et que le président devrait avoir honte de cette décision.
    • 5 : Météo : le gouvernement fait la pluie et le beau temps
      Les présentateurs de météo convoqués par le ministre de l’environnement Ségolène Royal pour « véhiculer les messages essentiels aux Français ». La météo est-elle indépendante ? Est-elle à l’abri de la propagande de l’Etat ? I-Média réinforme.

     

                                             

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  • Droite/gauche : c'est fini !...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°164, janvier - février 2017) est disponible en kiosque à compter de ce jour, 21 janvier 2017.

    A côté du grand entretien avec Marcel Gauchet et du dossier consacré à la fin du clivage droite/gauche,  on trouvera les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» et les jeunes plumes talentueuses qui font le succès, mérité, de la nouvelle formule de notre revue préférée.

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

     

    L'éditorial d'Alain de Benoist : Deux dynamiques et une question

    Forum          

    L’entretien

    Marcel Gauchet sans tabous

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : L’AF et ses dissidents

    Une fin du monde sans importance par Xavier Eman

    Cinéma : Un coup de tonnerre (de Brest) pour rien

    Champs de bataille : La dernière charge des cuirassés

    Musique : Grand Blanc, avis de tempête

    Sciences

    Le combat des idées

    Les nouvelles têtes à claques du libéralisme

    Éric Brunet, le Père Ubu du libéralisme

    Guy Verhofstadt, alias « Baby Thatcher »

    La France buissonnière de Sylvain Tesson

    Vivre et penser comme des loups

    Littérature : entretien avec Louis Jeanne

    La leçon de Gabriel Matzneff

    Tintin : retour au pays des Soviets

    Or noir : la guerre du Chaco

    À la redécouverte de Thomas Sankara

    Entretien avec Ludovic Maubreuil

    Après nous le déluge ? La réponse de Sloterdijk           

     

    Dossier

    Droite-gauche, c’est fini !

    Fiction : Le Pen-Mélenchon au second tour ?

    L’obsolescence programmée du clivage droite-gauche

    Droite + gauche, et vice versa

    Le moment populiste

    Permanence du clivage droite-gauche

    Pourquoi les vrais socialistes font la guerre à la gauche

    Entretien avec Charles Robin

    Rencontre avec Bernard Langlois

     

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Série télé : Black Sails

    Philosophie : L’esprit dépend-il de la matière ?

    L’esprit des lieux : Venise

    C’était dans Éléments : Pourquoi le terrorisme ?

    Éphémérides

     

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  • L'heure de la realpolitik...

    Le 18 janvier 2017, Elise Blaise recevait, sur TV libertésXavier Moreau pour évoquer la situation internationale et, notamment, le conflit en Syrie ainsi que les perspectives géopolitiques avec la présidentielle française et l’élection de Donald Trump. Saint-Cyrien ancien officier parachutiste et spécialiste des questions géopolitiques, Xavier Moreau est l'auteur de La nouvelle grande Russie (Ellipses, 2012).

     

     

                                            

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  • Soldats de fortune et d'infortune !...

    Les éditions de l'Atelier Fol'Fer viennent de  publier dans leur collection Xenophon un nouvel ouvrage d'Alain Sanders intitulé Mercenaires - Soldats de fortune et d'infortune. Journaliste et ancien professeur de lettres, Alain Sanders est notamment l'auteur de biographies du marquis de Morès et du général Robert E. Lee (Pardès, 2015) ainsi que de Centurions - Trente baroudeurs de l'Indochine française (Atelier Fol'Fer, 2015). 

     

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    " On dit que le métier de mercenaire est, après l espionnage et la prostitution, le plus vieux métier du monde. Avec un grand ancêtre : Xénophon et ses dix mille Grecs qui se mirent au service de Cyrus le Jeune, fils du roi des Perses, et en bisbille avec son frère Ataxerxès II. L'histoire a retenu les sur-noms de ces soldats de fortune et le plus souvent d infortune qui, tout au long des siècles ont guerroyé sous tous les cieux : Frondeurs, Routiers, Grandes Compagnies, Lansquenets, Condottieri, Affreux, etc. La définition courante du mot « mercenaire » est : « Un homme qui se bat pour de l'argent dans une cause qui ne le concerne pas. » C'est très réducteur. D abord parce que ces hommes se sont souvent battus pour des prunes. Mais (presque) toujours pour l'honneur. Et (presque) toujours pour leurs convictions. C est ce que raconte ce livre. Avec le souci fraternel de rendre hommage à ces « Oies sauvages » libres et indomptées ! "

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  • La révolte contre le système médiatique est en marche !...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Ingrid Riocreux au Figaro Vox et consacré aux signes de la révolte du peuple contre les médias du système... Agrégé de lettres modernes, Ingrid Riocreux a récemment publié un essai intitulé La langue des médias - Destruction du langage et fabrication du consentement (Toucan, 2016).

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    Réseaux sociaux contre journalistes : assiste-t-on à une révolution anti-médiatique ?

    FIGAROVOX. - Jean-Luc Mélenchon, critique vigoureux des médias, connaît un succès retentissant sur les réseaux sociaux, notamment sur sa chaîne YouTube. Vous avez écrit un livre à charge contre le langage médiatique. Les réseaux sociaux peuvent-ils être un palliatif pour qui veut débattre et s'informer?

    Ingrid RIOCREUX. - Les réseaux sociaux sont des relais très puissants. En ce sens, on peut dire que désormais, la hiérarchie de l'information échappe en grande partie aux médias officiels. Une information jugée mineure par les journalistes peut prendre une ampleur énorme par le biais des réseaux sociaux. Le problème évidemment, c'est que des informations fausses prennent également une ampleur énorme de cette manière. Mais ce qui est intéressant, c'est que la fameuse, disons, la prétendue «éthique de la responsabilité» des journalistes est totalement à revoir.

    Souvenez-vous des agressions de Cologne. Toute tentative d'étouffer des faits avérés est contre-productive. Les faits en question finissent par être connus parce que les réseaux sociaux propagent les images et les témoignages. Et les médias faisant autorité apparaissent comme des manipulateurs ayant voulu cacher la vérité. Par contrecoup, les médias alternatifs gagnent en crédibilité: ils apparaissent comme ceux qui disent ce que les autres nous cachent. Il faut compléter ce commentaire en remarquant un phénomène corollaire, très compréhensible, sorte de réflexe de défense des grands médias face à la concurrence de la toile: je veux parler de la propension des médias à nous mettre en garde contre ce qui circule sur les réseaux sociaux, et je pense notamment aux épisodes d'attentats. Cet appel à la prudence est légitime, mais ces mêmes médias ne semblent pas se l'appliquer à eux-mêmes. La volonté obsessionnelle d'être le premier à divulguer telle ou telle information les conduit à relayer toutes les rumeurs, en se protégeant derrière l'emploi du conditionnel, ce qui est un peu facile! Sans compter les erreurs liées à la précipitation.

    Le candidat de la «France insoumise» est probablement l'un des derniers hommes politiques à faire usage d'une langue française riche et variée, à la fois populaire et soutenue. Pensez-vous que cela puisse jouer dans sa popularité croissante à gauche?

    Pas uniquement à gauche. La qualité de son expression, support d'un discours clair, capable de subtilité tout en restant très accessible, est un atout majeur qui séduit jusqu'aux gens les plus opposés à son orientation politique. On n'est peut-être pas d'accord avec lui mais on a envie de l'écouter ; et cela constitue une victoire en soi. Sa manière de parler tranche avec l'expression de François Hollande, par exemple. Le président actuel n'a pas seulement laissé massacrer l'enseignement du français dans les programmes scolaires: il a saccagé la langue dans ses propres discours. Débit hésitant, inaptitude à poser sa voix, phrasé sans rapport avec la logique de la phrase, lexique très réduit, syntaxe maladroite, souvent fautive... Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais il a contaminé Manuel Valls, qui s'était mis à scander ses phrases de la même façon que Hollande, avec cette bizarre tendance à hacher le discours qui est très agaçante à l'oreille. Une allocution de François Hollande, on la subit ; et je me surprends parfois à plaindre les journalistes qui sont obligés de l'écouter! Alors qu'on a plaisir à écouter Jean-Luc Mélenchon.

    Florian Philippot, qui critique aussi vertement les médias, est en même temps un fidèle habitué des matinales radiophoniques et des plateaux de télévision. Le vice-président du FN a lui aussi décidé de lancer une chaîne YouTube pour raconter les coulisses de la campagne frontiste. N'est-ce pas un peu inauthentique et artificiel?

    En fait, j'ai l'impression qu'il y a une différence essentielle entre la démarche de Jean-Luc Mélenchon et celle de Philippot. Le vice-président du FN aime les médias. On sent qu'il est à l'aise sur les plateaux. S'il fait une chaîne YouTube, c'est seulement… pour faire une chaîne YouTube, vous voyez ce que je veux dire? L'idée, c'est uniquement «il y en a qui le font et ça marche, alors on va le faire aussi». Bien sûr, cela suscite l'intérêt et la curiosité ; il suffit de voir le nombre d'articles consacrés au lancement, assez pitoyable en effet, de cette chaîne. Philippot ne va pas déserter les plateaux télé: la chaîne YouTube, c'est un petit plus. Mélenchon, lui, sait pourquoi il fait une chaîne YouTube. Ce n'est pas un coup marketing mais le résultat d'une réflexion sur les médias de masse, proche de celle qui a conduit Michel Onfray à lancer sa «Web TV». L'utilisation de YouTube par le président de «la France insoumise» se substitue à sa présence médiatique. Il dit bien que son but est de «contourner les médias officiels». Quand on espère convaincre les électeurs en s'exprimant dans la presse, à la radio, à la télévision, comme c'est l'usage, on accepte de se soumettre à la loi des médias. On leur délègue un pouvoir énorme. On ne dispose pas du temps qui serait nécessaire pour développer une pensée complexe, il faut parler vite et l'on ne peut pas s'accorder le luxe de se reprendre, de chercher le mot juste, on est interrompu sans cesse, les questions sont souvent d'un intérêt très limité, quand elles ne sont pas tout bonnement stupides. Le journaliste traque le «dérapage» ou le scoop, je dirais même qu'il cherche à les provoquer ; le reste ne l'intéresse pas. Et quoi que l'on dise, il faut faire très attention car en définitive, ce qui restera de l'interview, c'est une expression qui tournera dans le bandeau en bas de l'écran toute la journée! Coupée du reste de la phrase, isolée du contexte qui lui apporte sa justification et ses nuances, elle deviendra excessive, brutale ou caricaturale.

    Les candidats dits «populistes» cherchent des plateformes d'expression alternatives face à ce qu'ils ressentent comme une mise au banc, une disgrâce. N'y a-t-il pas aussi une forme de victimisation de la part de ces candidats qui se proclament hors du système?

    J'ai montré dans mon livre comment la sphère médiatique diffuse une espèce de pré-pensée définissant le corpus des préjugés officiels de notre société. Mélenchon désigne les médias comme «le parti de l'ordre». Il est vrai que certains journalistes semblent considérer que leur rôle est de veiller à ce que les pensées dissidentes ne s'expriment pas trop fort et soient publiquement dénoncées comme mauvaises, afin de préserver la paix civile, laquelle repose sur l'adhésion contrainte ou consentie à un corpus de croyances. Évidemment, plus cette adhésion est contrainte, plus la situation est explosive. La majorité du personnel politique se soumet au magistère moral des médias et accepte ce système dans lequel il faut utiliser certains mots et pas d'autres, rappeler sans cesse que l'on soutient pleinement telle idée avant de pouvoir formuler telle autre, un peu plus hardie, etc. Toujours sous l'œil sévère d'un journaliste, qui veille à la rectitude morale du propos. Vous parlez de «victimisation»: ceux que l'on considère comme des «populistes» ont en fait compris que ce dispositif d'inquisition exaspère beaucoup de gens ; et qu'il pouvait être vendeur de se faire détester des médias. On ne peut pas vraiment être un candidat «hors système». Cela reviendrait à ne pas exister du tout. Si on laisse de côté ceux qui se prétendent hors système sans l'être en rien, les candidats «hors système» sont, en réalité, ceux qui arrivent à utiliser le système contre lui-même. Ah, ils traquent les dérapages? Eh bien je vais les accumuler, les dérapages. Et les médias foncent tête baissée dans le piège. Regardez Trump: il a bâti sa victoire quasi exclusivement sur cette stratégie, être le candidat des médias malgré eux.

    Emmanuel Macron, tout conseiller de François Hollande qu'il fut, se proclame lui aussi hors du système. S'appuyant sur une dynamique que les sondages ne démentent pas jusqu'à maintenant, il fait l'objet d'une certaine fascination, notamment médiatique. Lui-même n'hésite pas à tomber dans une forme d'exaltation. Que pensez-vous de la langue politique du candidat d'En Marche?

    Les médias s'intéressent à lui beaucoup moins pour ses idées que pour ce qu'il est: jeune, et nouveau venu en politique. Ce qui est intéressant, c'est que lui-même centre son discours sur sa propre personne plus que sur un programme. Écoutez-le: ses propos en reviennent toujours à «je» plus «vous» égale «nous». Certes, il énumère des mesures économiques concrètes, c'est son domaine de spécialité. Cet excès de technicité sur les questions d'économie cache mal l'absence d'autres aspects, primordiaux dans tout programme présidentiel. Emmanuel Macron désigne souvent son programme en disant «notre projet économique et social» et il greffe dessus, progressivement, des questions de sécurité, d'éducation, d'immigration, etc. mais il manque une vision globale qui établisse la cohérence du projet. Ou alors, on peut considérer ce manque comme symptomatique et en déduire que pour Emmanuel Macron, la force et le prestige d'un pays, comme le bonheur de sa population, se réduisent à sa prospérité économique, sans égard pour le non-quantifiable. En fait, ce qu'il recherche, ce qu'il attend de nous, c'est moins une approbation raisonnée qu'un attachement personnel. Quand il dit: «il y a six mois, personne n'y croyait et pourtant nous l'avons fait», on a l'impression qu'il porte des idées révolutionnaires (il a même écrit un livre qui s'appelle Révolution) ; alors que si personne n'y croyait, c'est justement parce qu'il ne portait pas un discours clair, un projet identifiable. D'une certaine manière, et c'est presque admirable, il a construit sa popularité sur cette image de coquille vide: au lieu d'énoncer les axes d'une politique pour soumettre un projet à notre jugement, il a mis en scène une vaste consultation populaire. Le nom même de son mouvement — d'autres que moi l'ont fait remarquer — traduit cette absence d'orientation: en marche… vers où? quel est l'objectif ou du moins, la direction?

    Loin de l'exaltation, François Fillon choisit une communication minimaliste, un langage précis voire austère, sans effet de manche. N'est-ce pas aussi une forme de rupture dans le langage politique d'aujourd'hui, dominé par les codes de la communication politique?

    Si, c'est certain. On voit bien qu'Alain Juppé, en essayant de rajeunir son image par l'emploi d'un vocabulaire relâché («j'ai la super pêche») voire vulgaire («je les em....e») s'est ridiculisé, comme d'ailleurs un Bruno Le Maire, qui restera comme l'auteur de cette formule mémorable: «être français, p....n, c'est la classe!». Il n'a pas lancé sa chaîne Youtube mais son passage chez un jeune Youtubeur aura été remarqué, peut-être pas comme il l'espérait! François Fillon a joué la carte inverse et, là encore, on voit que cela fonctionne. Ses sourcils, par exemple. On sait que les sujets de l'émission Ambition intime avaient fait l'objet d'une discussion préalable ; il n'est donc pas anodin qu'il ait accepté que Karine Lemarchand lui demande pourquoi il ne s'épilait pas. Il met en scène son choix de l'authenticité: je ne suis pas idéalement photogénique selon vos canons, mais je suis vrai ; voilà l'idée. C'est encore évident dans la manière dont il endosse le rôle de l'homme austère et vieux jeu. Quand il conteste le fait que la conclusion de L'Émission politique de France 2 soit confiée à Charline Vanhoenacker, auteur d'un billet humoristique qui, manifestement, ne le fait pas rire ; alors que d'autres candidats se sentent obligés de paraître cools et branchés en feignant d'apprécier ce procédé. Ou encore quand il affirme: «J'aime mon pays, ça peut paraître ringard sur un plateau télé mais ça ne l'est pas dans le cœur des Français.» Je ne dis pas que François Fillon est plus sincère ou plus crédible que les autres. Il veut, en tout cas, donner l'image de la sincérité, c'est une question d'«éthos» pour reprendre le vocabulaire de la rhétorique. En fin de compte, on en revient actuellement à la base de la rhétorique: la question «à qui est-ce que je parle?» et implicitement, «à qui est-ce que je veux plaire?». Beaucoup d'hommes politiques ont fini par croire qu'il fallait parler aux médias, parler la langue des médias, pour atteindre l'électorat. Les mythes de l'objectivité médiatique, de la liberté de la presse ou du contre-pouvoir salutaire avaient fini par conférer aux médias le statut de caution morale nécessaire. Et l'intermédiaire était devenu l'interlocuteur unique. Aujourd'hui, une méfiance croissante envers les médias traditionnels, qui se répand indifféremment dans l'électorat de droite et de gauche, oblige le personnel politique à revoir sa stratégie. Et l'on voit que, pour un candidat, jouer la carte du rapport conflictuel avec les médias est de plus en plus efficace.

    Ingrid Riocreux, propos recueillis par Alexis Feertchak (Figaro Vox, 16 janvier 2017)

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