Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 10

  • A table citoyens !...

    Les éditions du Cerf viennent de publier un court essai polémique de Périco Légasse intitulé A table citoyen ! - Pour échapper à la malbouffe et sauver nos paysans. journaliste et critique gastronomique, défenseur d'une cuisine enracinée dans les terroirs, Périco Légasse a déjà publié un Dictionnaire impertinent de la gastronomie (François Bourin, 2012).

     

    A table citoyens_Légasse.jpg

    « Pour s'évader du camp de consommation qui nous soumet à la grande distribution, financiarise notre alimentation, ruine nos artisans, éradique notre agriculture paysanne et empoisonne notre environnement. »

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Le terrorisme : nouvelle guerre totale ou conflit de basse intensité ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue publié sur le site Idiocratie et consacré à l'actuelle menace terroriste...

     

    ira-patrol.jpg

     

    Le terrorisme : nouvelle guerre totale ou conflit de basse intensité ?

    Le terme Conflit de basse intensité (CBI) désigne un large spectre d’affrontements armés opposant de manière multiforme un ou plusieurs États à des acteurs non-étatiques, selon la définition établie par le Général britannique et spécialiste de la guerre contre-insurrectionnelle Frank Kitson. Par opposition à un conflit de haute intensité, dans lequel deux entités étatiques (voire plus) se livrent un combat, dont l’intensité pourra se rapprocher de la définition contemporaine de la guerre totale, les conflits de basse intensité se caractérisent plutôt par leur caractère discontinu, limité et multiforme.

    Le terrorisme international qui a connu un développement spectaculaire à partir des années 1970 jusqu’aux récents attentats de Paris (13 novembre 2015) ou de Bruxelles (22 mars 2016), s’apparente, sous de nombreux aspects, à une forme de conflit de basse intensité, gagnant aujourd’hui les grandes métropoles occidentales, dont l’objectif est de déstabiliser les États et sociétés qui en sont la cible. L’impact médiatique et psychologique énorme des tueries de Paris (plus de 140 victimes entre janvier et novembre 2015) a amené le gouvernement français à développer une rhétorique de la guerre totale répondant à celle qui est développée par l’État Islamique à l’encontre de la France.

    Sommes-nous en guerre ?

    Au lendemain des attentats de novembre, la rhétorique gouvernementale se résumait au leitmotiv inlassablement répété par Manuel Valls : « Nous sommes en guerre », lecture de la nouvelle situation politique d’ailleurs immédiatement mise à profit par François Hollande pour prévenir ses partenaires européens que le pacte de sécurité prévalait désormais sur le pacte de stabilité économique. Le 10 mars dernier, Jean-Yves Le Drian annonçait que le budget militaire de la France devait à nouveau augmenter : en plus de l’ouverture de 15 000 postes supplémentaires dans l’armée de terre et de 7000 dans la gendarmerie, le ministre de la Défense entend augmenter le budget de la réserve opérationnelle de 77% sur quatre ans. La mesure est symbolique. Après la fin de la conscription obligatoire en 1997, on revient à une conception concevant comme une nécessité première d’intégrer les civils à l’outil militaire afin de faciliter la défense du territoire. Ces évolutions significatives, intervenues en très peu de temps, alors que les professionnels et spécialistes étaient encore nombreux à déplorer le déclin de l’appareil militaire, pourraient à elles seules démontrer que la spectaculaire « extension du domaine de la lutte » en matière de terrorisme a effectivement livré l’Europe à un conflit de basse intensité qui a produit des retournements politiques spectaculaires.

    Logique de déterritorialisation

    Cependant, cette rhétorique et ce volontarisme, en accréditant d’une certaine manière la thèse d’un retour à la dialectique schmittienne de l’ami-ennemi, ne sauraient masquer le fait que la menace terroriste exportée en Europe par l’État Islamique s’appuie sur des logiques de déterritorialisation fortes. Bertrand Badie en faisait l’observation en 1995 dans La fin des territoires : essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect : « les apories territoriales se rapprochent du monde occidental et prolifèrent à mesure que se décompose l’ancien Empire soviétique. La démultiplication des échanges et des modes nouveaux d’intégration couvre d’ambiguïté l’idée multisécuritaire de territoire national. » [Fayard. 1995.] Une manière de souligner que la fin de l’Union Soviétique a mis en lumière la remise en question profonde du modèle de l’État-nation dans les régions anciennement situées dans la zone d’influence soviétique. Cette aporie, ou cette impossibilité territoriale, qui se révèle dans le système mondial post-guerre froide touche aussi les États-nations européens. Comme le soulignait le spécialiste des relations internationales Didier Bigo, la capacité à devenir invisible et l’esprit sacrificiel qui garantissent l’efficacité des groupes terroristes islamistes sont favorisés aujourd’hui par le caractère de plus en plus transnational des États européens. « Le problème n’est plus l’affrontement et l’accumulation des forces mais l’identification du groupe qui a commis des actes de violence. » Dans le contexte actuel marqué en Occident par une porosité extrême des frontières et une internationalisation croissante des territoires, ce travail d’identification devient très difficile, voire impossible.

    Ce que veut l’État islamique

    Tout le paradoxe et l’ironie de la campagne de conquête et de terreur initiée par l’État Islamique repose sur ce vaste mouvement de déterritorialisation. La première de ces apories fut largement médiatisée en septembre 2014 lors du franchissement de la frontière Syrie – Irak. Elle symbolisait la remise en cause de l’ordre Sykes-Picot, vieux d’un siècle, et la capacité d’un prosélytisme islamiste à utiliser à son profit les logiques d’oppositions interethniques, religieuses ou claniques dont la vigueur démontrait encore en 2014 la faiblesse de l’implantation du modèle de l’État-Nation au Moyen-Orient. L’État islamique s’est montré capable de tirer profit, pour nourrir son ascension fulgurante, des divisions et de la corruption endémique d’une société irakienne plongée dans le chaos ou des faiblesses d’un pouvoir syrien appuyé lui aussi sur les logiques communautaires. Mais les théoriciens de Daech ont su également utiliser à leur profit le délitement progressif des sociétés européennes et le discrédit relatif de leurs systèmes politiques. L’État Islamique ne fait pas mystère de son intention de mener une véritable guerre de civilisation, une rhétorique qui inspire même le titre du magazine Dabiq, du nom d’une ville syrienne où, selon la propagande de Daech, « brûleront un jour les armées croisées ». La déterritorialisation, sur fond de sécession communautaire et d’immigration massive, autorise désormais l’islamisme à faire appel à un djihadisme européen qui rend plus difficile encore la prévention des attentats.

    Surtout, la répétition des actes terroristes dévoile ce que Bigo analysait déjà il y a vingt ans. Le conflit dans lequel nous plonge le terrorisme international fait voler en éclat l’illusion du monopole de la violence et de l’État protecteur et surplombant. Désormais à peine capable d’assurer les prérogatives du veilleur de nuit, l’État correspond aujourd’hui « à une direction administrative, à une gouvernementalité qui prétend être l’incarnation de la Nation et du Peuple en s’intitulant pour ce faire État. On croit à la monopolisation effective là où il n’y a toujours eu qu’une certaine prétention des gouvernants à revendiquer avec un certain succès seulement ce monopole. »

    Permanence de la logique territoriale

    Il convient cependant de nuancer encore quelque peu cette vision des choses qui nous verrait livrés pieds et poings liés aux exactions d’un islamisme transnational tout autant qu’aux choix hasardeux d’un État administrateur de chaos. Au conflit de basse intensité européen répond un conflit qui prend en Syrie le visage d’un plus classique affrontement territorial entre deux entités : le régime de Bachar-Al Assad, soutenu par la Russie, et l’État islamique qui possède une implantation et des ambitions territoriales qui peuvent être contrées de façon plus classique, sous réserve d’intervention au sol bien sûr. Par ailleurs, en Europe, même si l’on peut souligner le rôle du transnational, on ne peut en revanche que remarquer le caractère territorial de l’implantation salafiste qui a déjà gagné des quartiers dans les grandes métropoles et cherche à en obtenir davantage en appliquant aux zones grises de notre développement urbain un principe de conquête de territoires qui peuvent ensuite servir de base arrière aux actions terroristes.

    Le contexte de plus en plus menaçant confirme la faillite des États européens, incapables d’appréhender le caractère inédit du conflit se déroulant désormais sur leur sol et tout aussi impuissants à assumer leurs responsabilités dans le conflit qui se déroule à leurs portes au Moyen-Orient, avec pour conséquence une crise migratoire qui achève de faire vaciller une Union Européenne en lambeaux. Ceci a permit à la Russie d’achever son équipée syrienne par une splendide opération de communication faisant de Vladimir Poutine le sauveur de Palmyre, joyau gréco-romain pour lequel les Européens n’auront pas levé le petit doigt.

    Des idiots (Idiocratie, 27 mai 2016)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Histoire de l'Afrique du Nord...

    Les éditions du Rocher viennent de publier une Histoire de l'Afrique du Nord signée par Bernard Lugan. Africaniste et historien, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015) et Histoire & géopolitique de la Libye des origines à nos jours (L'Afrique réelle, 2015).

     

    Histoire de l'Afrique du Nord_Lugan.jpg

    L’Afrique du Nord est formée de cinq pays (Égypte, Libye, Tunisie, Algérie et Maroc) que ce livre présente dans leur longue durée historique. À l’est, centrée sur l’étroit cordon du Nil, l’Égypte développa, dès le 5e millénaire av. J.-C., une civilisation aussi brillante qu’originale. À l’ouest, en Berbérie, apparurent au VIe siècle av. J-C., trois royaumes berbères dont les limites correspondaient aux actuels États du Maghreb. Rome imprégna ensuite toute la région de sa marque. L’empire byzantin qui lui succéda s’établit de l’Égypte jusqu’à l’est de l’actuelle Tunisie, renonçant à la plus grande partie du Maghreb où la « reconquête » berbère eut raison du vernis romano-chrétien. Aux VIIe-VIIIe siècles, l’islamisation provoqua une rupture entre les deux rives de la Méditerranée ainsi qu’une profonde mutation des sociétés nord-africaines. Au XVIe siècle, l’expansion turco-ottomane subjugua toute l’Afrique du Nord avant de buter sur le Maroc qui réussit à maintenir son indépendance en s’alliant à l’Espagne chrétienne. Durant la période coloniale, les Britanniques s’installèrent en Égypte, les Italiens disputèrent le vide libyen à la Turquie et, à l’exception de la partie nord du Maroc devenue protectorat espagnol, le Maghreb fut tout entier rattaché au domaine français. L’Égypte recouvrit son indépendance en 1922, la Libye en 1951. Quant au Maghreb, il connut des péripéties sanglantes avec la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962). En dépit d’une « arabité » postulée et d’une islamité commune, les cinq pays composant l’Afrique du Nord eurent ensuite des destins divers illustrés par l’épisode dit des « printemps arabes ». Riche d’une centaine de cartes en couleur, ce livre est l’outil de référence indispensable à tous ceux qui veulent connaître les constantes qui fondent la géopolitique de cette arrière-cour de l’Europe qu’est l’Afrique du Nord.

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Du pape...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle chronique de Richard Millet, l'auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), cueillie sur son site personnel et consacrée au Pape...

     

    Richard Millet Liban 2.jpg

     

    Du pape

    Dans une France où tous les regards sont tournés vers la moustache d’un certain Philippe Martinez qui semble le fruit d’un coït entre Joseph Staline et Francisco Franco, on n’a prêté nulle attention à l’entretien que le pape a donné au journal post-chrétien La Croix, dont la fadeur politiquement correcte est propre à convertir au bouddhisme ou à « Nuit debout » tous les bande mou et les demi-vierges, ménopausées ou en âge de procréer, qui le lisent.

    Il est toujours douloureux de s’opposer au pape, pour un catholique qui n’appartient pas à la répugnante race des cathos de gauche. Celui qui est venu d’Argentine pour transformer le trône de saint Pierre en fauteuil de talk show télévisuel a été élu, on le sait, pour faire oublier Benoît XVI, admirable théologien et pianiste de goût. Le pape François, lui, préfère le football à Bach et à Mozart : le pays d’où il vient et dont il voudrait nous faire croire qu’il fait cohabiter de façon exemplaire les chrétiens et les musulmans, dit-il dans cet entretien, est pourtant moins celui de Maradona que celui de Borges et de Cortazar. S’exprimant sur la dimension chrétienne des « racines » de l’Europe, le pape déclare redouter « la tonalité  qui peut être triomphaliste ou vengeresse » d’une telle expression. Faut-il rappeler à Sa Sainteté qu’en face on ne redoute nullement ce caractère et qu’une des causes du terrorisme islamique est justement dans la réduction du christianisme à l’idéologie des droits de l’homme qui fait de l’Europe le ventre mou du monde occidental ? N’est-ce pas, d’ailleurs, parce que la déchristianisation est en marche que l’Etat islamique et ses alliés ciblent l’Europe et particulièrement l’ex-fille aînée de l’Eglise, devenue la maquerelle en chef de la tolérance multiculturelle ?

    Le passage le plus douteux de la  déclaration papale mérite d’être cité comme il faut : « Il faut parler de racines au pluriel car il y en a tant. En ce sens quand j’entends parler des racines chrétiennes de l’Europe, j’en redoute parfois la tonalité qui peut être triomphaliste ou vengeresse. Cela devient alors du colonialisme. Jean-Paul II en parlait avec une tonalité tranquille. L’Europe, oui,  a des racines chrétiennes. Le christianisme a pour devoir de les arroser, mais dans un esprit de service, comme pour le lavement des pieds. Le devoir du christianisme pour l’Europe, c’est le service. » Quel devrait être un  service, sinon spirituel ? Car pour le service auquel il est fait allusion, il y a belle lurette que l’humanitaire a remplacé les catholiques. Voilà en tout cas qui fait du pape un fourrier de l’aveuglement post-historique qui a abandonné au libéralisme mondialisé toute visée profondément politique pour se cantonner au domaine simplement éthique. Le pape parle comme n’importe quel commissaire européen à la culture ou comme un secrétaire d’Etat aux relations communautaires ; et cela nous est insupportable, à nous qui avons soif d’entendre parler d’Origène, de saint Augustin, de Pascal, de Thérèse d’Avila, de Simone Weil, et non pas d’un alignement sur le conglomérat dirigé par un Juncker dont la tête fatiguée dit assez le degré d’avilissement auquel le dispose sa fonction, voire sa nature.

    Parler de pluralité de racines, c’est donc ouvrir toute grande l’Eglise au politiquement correct, aux migrants, à l’islam, bientôt au mariage homosexuel. On a vu comment le pape a blessé les chrétiens, notamment ceux d’Orient, en ramenant de Lesbos trois familles musulmanes, l’idée de tolérance se mesurant exclusivement à la jauge musulmane, ainsi qu’il est précisé dans la suite de l’entretien : « Chacun doit avoir la liberté d’extérioriser sa propre foi. Si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire. De même, si un catholique veut porter une croix. » A ce compte-là, le pape François est un des plus sûrs soutiens du multiculturalisme effréné de Justin Trudeau, d’Obama ou de Cameron, autrement dit du cancer qui ronge l’Europe et qui consiste à faire accepter par les peuples de souche des cellules qui détruisent leurs racines chrétiennes.

    Que faire donc ? Il est certain qu’il me devient de plus en plus difficile de supporter la messe post Vatican II, avec ses prêches fades, ses chants niais, ses fidèles tendant le cou au couteau islamiste et à l’invasion migratoire, et que je rechercherai davantage les messes traditionnalistes. Mais pour le reste ? Que restera-t-il de l’Eglise après le pontificat de ce jésuite argentin ? Comment confier mon destin spirituel à un homme qui refuse de désigner l’ennemi pour ce qu’il est ?  Notre solitude s’accroît. L’Eglise devient une partie de notre désert et son discours officiel dresse notre croix sur un ciel déjà tourmenté par la guerre, la déchéance morale, la catastrophe écologique, la ruine des nations. Il faut donc vivre cela comme une épreuve qui entre dans le combat politique, puisque c’est aussi en tant que chef d’Etat que parle le pape, en jouant sur les deux tableaux, mais surtout en jouant l’ « éthique » mondialiste contre la dimension spirituelle et judéo-chrétienne de nos racines, qu’il néglige superbement.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 30 mai 2016)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Mensonges politiques et stratégies fatales de l'Occident...

    Les éditions du Rocher viennent de publier un essai de Jacques Baud intitulé Terrorisme - Mensonges politiques et stratégies fatales de l'Occident. Spécialiste des questions stratégiques et colonel dans l'armée suisse, Jacques Baud est notamment l'auteur de La guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur (Rocher, 2003).

    Vous pouvez également découvrir l'entretien donné par Jacques Baud à Breizh infos à l'occasion de la sortie de ce livre.

     

    Terrorisme_Baud.jpg

    " Depuis plus d'un quart de siècle, le terrorisme n'a fait qu'augmenter et se diversifier, malgré les efforts constants de la communauté internationale pour le combattre. La raison principale de cette montée en puissance, très souvent occultée, est une combinaison de la méconnaissance de ce qu'est réellement le phénomène djihadiste et de l'opportunisme politicien occidental. Depuis la fin des années 70, toutes les crises majeures au Proche-Orient, au Moyen-Orient ou ailleurs, sont le résultat d'interventions occidentales (USA, relayée par l'Europe continentale) qui ont toutes été fabriquées selon un processus analogue : - Création d'un "problème", dans un lieu géopolitique "sensible", - Désinformation (afin de créer les conditions d'une intervention), - Intervention elle-même. Cet ouvrage propose d'analyser ces tactiques vouées à l'échec, de déchiffrer les codes de ces stratégies fatales, et de démontrer comment tous ces conflits meurtriers (Afghanistan, Irak, Syrie, Libye... 11 sept. , Paris nov. 2015, etc.) étaient prévisibles et évitables. C'est un livre sans concessions, qui condamne une certaine hypocrisie occidentale, dénonce des impostures commises à l'insu d'opinions publiques mal informées, voire dupées par des arguments fabriqués de toutes pièces dans des officines gouvernementales ou autres, et renvoie dos-à-dos, les violences de nos démocraties aux violences réactives de sociétés aux bases très éloignées des nôtres."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • La « société ouverte », horizon indépassable de notre temps...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré au patriotisme...

    Directeur de la revue Krisis, Alain de Benoist vient de rééditer, chez Pierre-Guillaume de Roux, dans une nouvelle version largement augmentée son essai intitulé Au de là des droits de l'homme.

    Alain de Benoist 2.jpg

    Alain de Benoist : Patriotisme : aimer les siens ne signifie pas qu’il faille détester les autres

    Pour certains patriotes, la ligne de fracture politique se résumerait entre les « nôtres » et les « autres »… Ce concept ne serait-il pas un peu court ?

    Il est surtout équivoque. Veut-on dire que, par principe, il est toujours légitime de préférer les « nôtres », ou que par rapport aux « autres » les « nôtres » ont toujours raison ? Le vieux principe « my country, right or wrong » est souvent mal interprété. Il ne signifie nullement qu’il faut donner raison à son pays même quand il a tort, mais que lorsqu’il a tort il n’en demeure pas moins notre pays, ce qui n’est pas la même chose. En outre, pour admettre que notre pays puisse parfois avoir tort, il faut disposer d’un critère de jugement excédant notre seule appartenance. Faute d’un tel critère, la vérité se ramène à l’appartenance, c’est-à-dire à la pure subjectivité. C’est la conception développée par Trotski dans Leur morale et la nôtre (1938). Ce n’est pas la mienne.

    Sur la préférence, je n’ai en revanche pas d’objection. La commune appartenance nourrit, non seulement chez l’homme, mais aussi chez les autres animaux, un sentiment naturel qui porte à préférer ceux qui nous sont plus proches, qui nous ressemblent et en qui nous pouvons nous reconnaître. Il ne s’ensuit pas que nous devions détester les autres. En règle générale, un homme préfère ses enfants aux enfants des autres. Si son fils est en train de se noyer en même temps que l’un de ses camarades, c’est son fils qu’il cherchera à sauver en premier. Il y a, bien sûr, toujours des exceptions, parfois justifiées, mais elles confirment la règle.

    Le patriotisme n’en est pas moins devenu aujourd’hui, aux yeux de beaucoup, une idée ringarde, digne de cette « France moisie » jadis stigmatisée par Philippe Sollers. Comment en est-on arrivé là ?

    Excellente question. Lactance, qu’on a surnommé le « Cicéron chrétien », disait au début du IVe siècle que « l’attachement à la patrie est, par essence, un sentiment hostile et malfaisant ». Apparemment, il a fait école. Mais comment en est-on arrivé à diaboliser le sentiment naturel de préférence pour les siens ? Esquisse d’une réponse.

    Dans la foulée de l’idéologie du progrès, on a d’abord disqualifié le passé au seul motif que la modernité attribue plus de valeur au présent qu’au passé. Porteur de valeurs et d’exemples révolus, le passé n’a dès lors plus rien à nous dire. Il n’est au pis qu’une erreur, au mieux qu’une annonce imparfaite des catégories modernes. Les grandes idéologies universalistes nous ont ensuite convaincus, d’abord que tous les hommes sont partout les mêmes, ensuite que parmi ces mêmes il y en a quand même qui sont pires que les autres, à savoir les Européens. Cette conviction a ouvert en grand les portes de la repentance : il faut se repentir, voire finalement s’excuser d’exister. Amour de l’autre et haine de soi. Dette infinie à l’égard du reste du monde, rédemption par l’immigration. Comme l’écrit François Bousquet, « le majoritaire est trois fois coupable : en tant que mâle (c’est le procès en misogynie), en tant qu’hétérosexuel (c’est le procès en homophobie), en tant que Blanc (c’est le procès en racisme) ».

    On s’est aussi attaché à discréditer tout ce qui est de l’ordre de la nature, de l’ancrage ou de l’enracinement. Dans son dernier livre, Yann Moix déclare fièrement que « la naissance ne saurait être biologique », car « naître […] c’est s’affranchir de ses gènes [sic] », ce dont ne sont capables que « ceux qui préfèrent les orphelins aux fils de famille, les adoptés aux programmés, les fugueurs aux successeurs, les déviances aux descendances ». « La question se pose de savoir pourquoi une femme devrait préférer ses propres enfants à ceux du voisin du simple fait qu’ils sont biologiquement les siens [sic], alors que tous ont la même valeur morale en tant que personnes humaines », écrit de son côté le philosophe « branché » Ruwen Ogien.

    Enfin, on a désacralisé. Même si elle a finalement été annulée, l’invitation faite au rappeur Black M de venir chanter à Verdun entre dans ce cadre (Prokofiev à Palmyre, Black M à Verdun : deux mondes). Plus remarquables encore sont les paroles prononcées par Najat Vallaud-Belkacem pour justifier qu’on puisse encore chanter « La Marseillaise » : « La Marseillaise est un hymne national tourné vers l’universel [sic]. Sa place au sein de notre école est donc multiple, diverse et variée [sic]. Elle s’appuie sur la voix, l’instrument le plus démocratique qui soit [sic]. » Ce tissu d’imbécillités traduit une véritable contorsion mentale. C’est dans le même esprit qu’on s’applique à représenter les opéras de Wagner avec des mises en scène grotesques, afin de discréditer le contenu idéologique du livret.

    L’antiracisme a aussi joué un rôle…

    Le « racisme » dont on parle aujourd’hui n’a, depuis longtemps, plus rien à voir avec les races. Le terme est devenu un opérateur commode permettant de stigmatiser toute critique dont feraient les frais des minorités dont les revendications s’expriment dans le langage des droits afin de placer la majorité en état de sidération et de la rendre étrangère à elle-même. De la plaisanterie au « harcèlement », tout ce qui est susceptible d’être perçu comme désagréable, déplaisant, humiliant, offensant, par tel ou tel individu à raison de son appartenance à tel ou tel groupe, est considéré comme du « racisme ». On ne cache d’ailleurs pas qu’une définition objective du racisme serait encore de la discrimination : « Une attitude perçue comme raciste par une personne “racisée” doit être considérée comme telle sans discuter. Seules sont légitimes à définir le racisme d’une situation les personnes “racisées” concernées », pouvait-on lire dans un texte récent. Parallèlement, au cinéma, les films de science-fiction ont pris le relais des westerns, parce qu’il n’y a plus qu’avec les extra-terrestres qu’on peut, sans « discriminer », imaginer une lutte sans merci. Le « racisme » en est ainsi venu à regrouper toutes les « phobies » face auxquelles des sensibilités exacerbées exigent des réponses institutionnelles et judiciaires. La loi est plus que jamais appelée à consacrer le sentiment ou le désir. On retrouve là les ravages de la subjectivité.

    Ainsi la figure du nomade, de l’individu hors-sol, désincarné, qui n’est « déterminé » par rien et se crée librement lui-même, s’est-elle peu à peu imposée, tandis que la « société ouverte » s’imposait comme l’horizon indépassable de notre temps.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 25 mai 2016)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!