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  • Re(ma)niements...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Jacques Sapir, cueilli sur son site RussEurope et consacré aux objectifs visés par François Hollande à l'occasion de la constitution du nouveau gouvernement...

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    Re(ma)niements

    Le « nouveau » gouvernement, issu du remaniement ministériel annoncé ce mercredi 2 avril, pose un problème du rapport de la forme et du fond. Que ce problème soit à ce point évident que nombre de commentateurs l’évoquent est un symptôme de la crise de démocratie que nous connaissons aujourd’hui.

     

    Ce gouvernement a une apparence…

     

    Dans la forme, ce gouvernement pourrait laisser espérer un changement de politique. Certes, il y a une (grosse) dimension de jeu des chaises musicales, avec seulement deux entrants. Certes, il y a eu beaucoup de dosage et un gros souci de préserver les équilibres internes au Parti Socialiste et l’on comprend que, derrière les coups de menton et les déclarations tonitruantes, le gouvernement de Manuel Valls est en réalité plus proche de la IVème République que de la Vème. Il n’en reste pas moins que, sur le papier, ce gouvernement est intéressant. Après tout, la dimension de volontarisme politique et économique est bien mise en évidence par la présence non seulement d’Arnaud Montebourg à un porte-feuille renforcé, la promotion de Benoît Hamon, mais aussi la présence de Mme Ségolène Royal. On peut aussi remarquer que le Premier ministre avait en son temps longuement hésité à approuver le projet de Traité Constitutionnel, et n’avait voté « oui » au référendum de 2005 que par « discipline de Parti ». Son ministre des Affaires Étrangères, M. Laurent Fabius avait quant à lui voté « Non », ainsi qu’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Il est donc vrai que, sur le papier, on peut considérer que ce gouvernement est bien préparé à la négociation.

     

    C’est même pourquoi il a donc été constitué. On va donc (et l’on a commencé dès mercredi 2 avril) à nous « vendre » ce gouvernement comme un gouvernement de combat par rapport à Bruxelles qui, soit dit en passant avec le départ de Pierre Moscovici, devient de plus en plus un dépotoir pour Ministres remerciés… Il faudrait donc inventer un néologisme, ne plus dire « limoger» [1] mais « bruxelliser ». C’est l’un des paradoxes actuels de la politique française qui veut que plus on est soumis aux différentes décisions de l’Union Européenne plus ces institutions ne servent qu’à recaser les bras cassés. Chacun appréciera, à sa façon, ces pratiques.

     

    D’ailleurs, le Ministre des Finances, dont le portefeuille est désormais séparé de celui de l’Économie, M. Michel Sapin, a tout de suite affirmé qu’il irait « négocier » le rythme de retour aux grands équilibres avec la Commission. Mais, en réalité, on voit bien qu’après quelques joutes verbales relevant plus de la posture que du fond, après l’obtention de quelques miettes tout au plus, le gouvernement s’inclinera. D’ailleurs, Bruxelles peut agiter d’autres dossiers, et ne manquera pas de la faire : qu’il s’agisse du statut de la RATP et de la SNCF ou de ce que l’on prétend être des « subventions indues » de la Poste… S’il était question de réellement négocier avec Bruxelles, ce gouvernement, et le Président, commencerait par construire un rapport de force, par exemple en indiquant ce qui se passerait si la France n’obtenait pas satisfaction.

     

    Mais il a une réalité…

     

    En fait, derrière les mots il y a une réalité : ce gouvernement n’est là que pour la mise en scène, le spectacle. Il va s’agiter (faisons confiance pour cela à Manuel Valls) tandis que va se mettre en place un « pacte de responsabilité » qui se traduira par un démantèlement un peu plus poussé de la sécurité sociale pour des avantages tout à fait marginaux pour les entreprises. On parlera beaucoup du nouveau « pacte de solidarité » évoqué par le Président de la République dans son allocution du lundi 31 mars. Mais, compte tenu de l’ampleur des économies que l’on se propose de faire, pas moins de 50 milliards d’euros, on peut franchement douter qu’il soit autre chose qu’un leurre. Et, dans la réalité, c’est bien de cela qu’il s’agit. Il faut leurrer les Français, pour les élections européennes et même après, leur faire prendre les vessies de la politique austéritaire pour les lanternes d’une politique de lutte contre le chômage qu’ils ont pourtant appelé de leurs vœux en votant, et même en ne votant pas, aux élections municipales.

     

    Ce gouvernement va donc chercher à nous faire croire qu’il est critique par rapport à l’Europe, voire qu’il serait peut-être même eurosceptique. Balivernes ! La vérité est que le Président est incapable de penser en termes d’un rapport de force. Nous le savons depuis l’élection de 2012. S’il avait voulu, comme il le prétendait à l’époque « renégocier » ce qui devint le TSCG, ce que l’on appelle le Pacte Budgétaire Européen ou le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance, il aurait procédé à un référendum et se serait appuyé sur son résultat pour négocier. Mais, c’était prendre le risque d’une rupture européenne, ce dont il ne voulait, et ne veut encore, à aucun prix. Il a donc su se présenter à Bruxelles en position de faiblesse, la tête sur le billot, et n’a obtenu qu’un ridicule codicille dont nous pouvons mesurer depuis 18 mois toute l’inanité. Bien entendu, il arrive que la France obtienne sur des points mineurs quelques satisfactions. Mais, elles sont rapidement vidées de leur sens par des mesures européennes ultérieures.

     

    L’enjeu démocratique.

     

    C’est là que gît le problème politique. Non pas tant dans le sens donné à la politique du pays, même si cette politique est suicidaire, même si la seule solution – et chaque jour des voix nouvelles le reconnaissent et la réclament [2] – serait une sortie de l’Euro. Ce point a déjà été largement développé sur ce carnet, et dans un livre datant de 2012 [3]. Le point est essentiel, et une sortie de l’Euro est la condition nécessaire tant pour une relance immédiate de l’économie française que pour un changement d’orientation bien plus général, mais ce n’est pas ici celui qui nous occupe. Le problème politique vient de ce qu’un Président choisisse consciemment d’avancer masqué sur un point absolument essentiel de la politique du pays, et qu’il se soit trouvé 8 femmes et 8 hommes, dans ce gouvernement, pour être connivents de cette pratique. Que François Hollande soit intimement persuadé que les mérites supposés et potentiels de l’Euro l’emportent sur ses inconvénients bien réels est son droit. Qu’il pense que pour sauver l’Euro il faut infliger à la France, et aux pays de l’Europe du Sud une dramatique austérité qui brise leur économie et qui condamne des millions de personnes au chômage et à la misère est son droit. Qu’il pense qu’une structure technocratique, la Commission européenne, est plus à même de décider des orientations économiques que le Parlement français est son droit. Mais, son honneur d’homme politique voudrait qu’il défende ses orientations en pleine lumière. Au-delà de la question d’honneur personnel, il y a un principe intangible de la démocratie. Celle-ci suppose que, de manière récurrente, il soit procédé à des vérifications par l’intermédiaire d’un vote. Ce vote ne porte pas sur des personnes, mais sur des politiques, même si ces dernières s’incarnent, bien entendu, dans des femmes et des hommes, à la condition qu’ils prennent et assument leurs responsabilités. Or, rien de tout cela n’est mis en place. Avec un gouvernement-leurre, on cherche sciemment à tromper les Français, et ce faisant on brise le cadre même de la démocratie.

     

    Tel est le reproche que l’on doit faire au Président de la République, et à son Premier Ministre. Qu’ils ne soient, ni l’un ni l’autre des hommes de gauche n’est pas en question. Ils ont tout à fait le droit d’avoir leur conviction et leurs opinions ; ils ont même en réalité le devoir de les défendre si l’on pense que la démocratie est, justement, une bataille de convictions. Mais, ce dont ils n’ont pas le droit, c’est de tromper le peuple souverain, c’est de se réfugier dans ces formules profondément anti-démocratiques de « pédagogie » et de « déficit d’explication » pour outrepasser leurs échecs électoraux. Ils auront beau se lamenter sur l’abstention et la crise de la démocratie, ils en sont à la source, ils en sont l’origine même. C’est par leur pratique haïssable de la politique qu’ils détruisent pierre à pierre l’édifice qui s’est construit depuis 1789 et qui fut, de multiples fois, refondé, la dernière étant par la Résistance et lors de la libération du territoire en 1944, il y aura cette année soixante-dix ans.

     

    Ils attirent sur leur tête, et sur les nôtres par voie de conséquence, la foudre du désordre civil et de l’insurrection. Qu’ils cessent de s’étonner du climat de guerre civile froide qui règne aujourd’hui en France : ils en sont la cause. L’alliance d’une crise de légitimité et de pratiques manipulatrices à grande échelle, combinées à des injustices sociales criantes, est le chemin le plus court et le plus sur vers des révoltes de grande ampleur, et à terme vers une révolution. Il nous reste peu de temps pour tenter d’éviter les désordres qui immanquablement accompagneront une telle issue. Il faudra pour cela sanctionner à nouveau, et avec toute la force et la détermination possible, ce gouvernement lors des élections européennes du 25 mai prochain.

    Jacques Sapir (RussEurope, 3 avril 2014)

     

    Notes :

    [1] Expression qui date du premier conflit mondial où, en 1914, le maréchal Joffre assigna à résidence des généraux et des officiers d’état-major qu’il avait relevés de leur commandement et dont l’incompétence était trop criante…

    [2] Comme par exemple quatre journalistes économiques, Franck Dedieu, Benjamin Masse-Stamberger, Béatrice Mathieu et Laura Raim. Casser l’euro pour sauver l’Europe, Les liens qui libèrent, Paris, 232p.

    [3] Sapir J., Faut-il sortir de l’Euro ?, Le Seuil, Paris, 2012.

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  • Tour d'horizon... (65)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site de la revue Défense nationale, Alain Corvez souligne avec brio la faiblesse de l'Europe et sa soumission aux États-Unis dans la crise ukrainienne...

    Crise ukrainienne et impuissance européenne ?

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    - sur le site du Monde diplomatique, Régis Genté analyse les conséquences de l'exploitation du gaz de schiste sur la géopolitique de l'énergie...

    Le gaz de schiste chamboule la géopolitique

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  • Google ou la route de la servitude...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'économiste Pascal de Lima, cueilli sur le site du quotidien Le Monde et consacré à la stratégie de domination de Google...

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    François Hollande et Eric Schmidt, président de Google

     

    Google ou la route de la servitude

    Le numérique pénètre peu à peu tous les aspects de notre existence, accroissant de fait une dépendance de plus en plus absolue à ses outils et à ceux qui les fournissent : après avoir relié les gens aux savoirs, puis les gens entre eux, ce seront demain les objets qui pourront communiquer.

    La masse formidable des données désormais collectées ne concerna plus seulement les comportements de l'internaute sur Internet, mais bien les comportements réels dans le monde physique. A terme, rien ne sera plus inconnaissable : votre utilisation du réfrigérateur, les lumières que vous allumez, la musique que vous écoutez dans votre salon, vos moindres déplacements (à pied ou en voiture), etc. L'interconnexion entre les mondes numérique et physique qui est la phase à laquelle nous assistons désormais est évidemment riche de promesses pour notre confort.

    Mesurons-nous cependant suffisamment toute la menace que représente un monde entièrement connecté ? Il ne s'agit pas ici d'une crainte diffuse de l'innovation, mais d'un constat rationnel que tout observateur peut formuler. La menace porte en effet un nom et des couleurs : Google. L'objectif de la firme californienne est de mettre la haute main sur ce monde connecté, qui est en train de devenir notre monde tout court. Le faisceau d'indices est à cet égard particulièrement clair.

    Passons sur la politique délibérée de la firme visant à échapper à l'impôt, qui traduit simplement l'état d'esprit d'une organisation qui ne se reconnaît aucun maître et aucune dette vis-à-vis de la société. Le projet hégémonique de Google est exposé avec cynisme : selon les propres termes de son fondateur et dirigeant, Larry Page, il s'agit « d'organiser toute l'information du monde ». Il est mis à exécution avec méthode. A partir de son quasi-monopole sur les moteurs de recherche, 95 % en Europe, Google parvient à faire monter en puissance ses propres services aux dépens des autres entreprises.

    DOMINATION ET CONTRÔLE

    Google s'impose ainsi comme le médiateur universel dont il va être impossible de se passer : les entreprises ne pourront vendre sans elle, les consommateurs pas accéder aux offres. Le verrouillage est total, enjambant sans difficulté les institutions et les régulations. Les entreprises doivent se soumettre et verser leur redevance, ou accepter de voir leur marché se réduire ; les consommateurs doivent passer par les services du géant californien en échange de toutes leurs données personnelles, ces dernières renforçant une puissance de ciblage publicitaire ensuite revendue aux entreprises.

    En investissant massivement dans les outils liés à la localisation, en développant les outils mobiles de demain (Google glass par exemple) ou en équipant les voitures avec son logiciel d'exploitation Android, Google cherche à préempter dès maintenant toutes les interfaces connectées que nous utiliserons pour nous repérer et agir dans le monde physique.

    La firme veut ainsi reproduire dans le réel la domination qu'elle possède déjà dans le monde numérique : à terme, elle cherche à contrôler le restaurant qui nous sera indiqué quand nous marcherons dans la rue, le mode de transport que nous choisirons, les monuments que nous visiterons, etc. Nous ne verrons ainsi du réel que ce que Google voudra bien nous montrer, exactement comme la société ne nous montre d'internet que ce que son algorithme veut bien nous montrer.

    Certains s'inquiètent de cette domination grandissante, Google n'a cure des menaces et des reproches, poursuivant sa route en véritable rouleau-compresseur repoussant méthodiquement les limites de l'admissible. Abus de position dominante, fiscalité, vie privée, droit d'auteur, contribution à la création, pluralisme : toutes les règles sont piétinées avec insolence. Et le Commissaire Almunia vient de céder de façon spectaculaire face au lobbying intense de la firme de Mountain View.

    LE POUVOIR DE FAIT

    Sacrifiant les intérêts des entreprises européennes obligées de subir le droit de vie ou de mort détenu par le géant californien, l'homme de la concurrence prompt, à défaire les champions industriels de notre continent, aura montré sa terrible méconnaissance des enjeux politiques à l'œuvre et fait plié l'échine à l'Europe devant une force géopolitique d'une puissance inédite.

    Google sait que bientôt il n'aura même plus à faire semblant de répondre aux autorités, car il aura le pouvoir de fait. Un pouvoir dont aucun Etat ni groupe d'Etats ne peut aujourd'hui rêver.

    Alors que la firme a fait en janvier 2014 l'acquisition de Deep Mind, une société dont le but est de créer une intelligence artificielle supérieure à l'homme, il est devient réellement urgent d'engager une réflexion collective sur les conditions de défense de notre liberté contre cette tyrannie qui vient.

    L'axe Franco-allemand qui se renforce actuellement autour d'un Internet responsable et créateur de dynamisme entrepreneurial devrait en toute logique trouver là un de ses thèmes de travail fécond pour une Europe conquérante.

    Pascal de Lima (Le Monde, 3 avril 2014)

     

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  • Contre la justice laxiste !...

    Les éditions de l'Archipel viennent de publier un essai polémique de Philippe Bilger intitulé Contre la justice laxiste. Ancien magistrat, animateur du blog Justice au singulier, Philippe Bilger est un chroniqueur et un polémiste talentueux, auteur de nombreux essais consacrés aux questions judiciaires. On lui doit également 20 minutes pour la mort (Rocher, 2011), un ouvrage consacré au procès de Robert Brasillach.

     

     

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    " Durant sa vie professionnelle, notamment à la cour d’assises de Paris, Philippe Bilger a affronté et aussi tenté de comprendre les criminels. Face à la montée d’une délinquance de plus en plus juvénile, il ne supporte plus la mansuétude perverse de la gauche, les explications sociologiques hypocrites, la culpabilisation des élites. Non, estime-t-il, ce n’est pas la prison qui crée le crime, c’est le criminel ! La justice selon Mme Taubira, obsédée par la surpopulation carcérale et qui ne pense qu’à vider les prisons, oublie juste un détail : les victimes !
    Peines de substitution, probation : du vent, de la démagogie, de l’idéologie. L’actuelle Garde des Sceaux pratique la politique du verbe. Elle incarne toutes les tares d’une gauche morale qui fait fi des réalités.
    Cet essai dresse un tableau sans concession de notre justice… qui n’est d’ailleurs pas l’apanage de la seule gauche et qu’une certaine droite a parfois essayé de copier. "

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  • Sur la théorie du genre...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, réalisé par Kontre Kulture et consacré à la théorie du genre , à l'occasion de la sortie récente de son essai intitulé Les démons du Bien (Pierre-Guillaume de Roux, 2013).

     


    Entretien avec Alain de Benoist sur la théorie... par kontrekulture

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  • Le plus beau but est une passe...

    Les éditions Flammarion viennent de publier dans leur collection Climats un essai de Jean-Claude Michéa intitulé Le plus beau but est une passe. Philosophe, Jean-Claude Michéa est un de ceux qui ont produit au cours des quinze dernières années une des critiques les plus brillantes et les plus radicales du système, au travers d'essais comme Impasse Adam Smith (Flammarion, 2006), Le complexe d'Orphée (Flammarion, 2011) ou Les mystères de la gauche (Flammarion, 2013). Passionné de football, il a également écrit un essai consacré à ce sport et intitulé Les intellectuels, le peuple et le ballon rond (Flammarion, 1998).

     

     

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    " Le souci du beau jeu a progressivement cédé la place à l'idée jugée plus « réaliste » selon laquelle une équipe doit d'abord être organisée pour ne prendre aucun but. La nécessité de marquer des buts, elle, ne repose plus sur une culture spécifique et sur des phases construites et apprises à l'entraînement, mais seulement sur les erreurs de l'adversaire, sur l'exploit individuel et sur les coups de pieds arrêtés. C'est ce refus a priori de privilégier la construction du jeu qui explique que tant de matchs soient, de nos jours, si ennuyeux à regarder. Et pourtant, les admirateurs du beau jeu ne manquent pas, comme en témoigne l'auteur de ce livre, lequel doit son titre à l'une des répliques cultes du film de Ken Loach, Looking for Eric. Comme Eric Bishop (le working class hero du film) lui demandait quel était le plus beau but de sa carrière, Éric Cantona avait répondu : « Mon plus beau but ? C'était une passe ! » Boutade de génie, qui constitue assurément le plus bel hommage à ce passing game qui définit, depuis la fin du xixe siècle, l'essence même du football ouvrier et populaire, autrement dit, construit et tourné vers l'offensive. "

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