Au sommaire :
- sur Marianne, Laurent Pinsolle revient sur la question du protectionnisme ;
Protectionnisme, une vraie réponse économique ?
- sur Europe solidaire, Jean-Paul Baquiast tire quelques leçons intéressantes de la catastophe de Fukushima.
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Le voyage imaginaire d'Hugo Pratt...
"La Pinacothèque de Paris accueille, du 17 Mars au 21 Août 2011, une exposition des œuvres d’Hugo Pratt. A travers cette grande rétrospective, le public pourra découvrir toute l’étendue du talent du créateur de Corto Maltese.
Cette exposition présente plus de cent cinquante aquarelles, pour la plupart peu connues du grand public, ainsi que des planches historiques, notamment la totalité des cent soixante-quatre planches de la mythique Ballade de la mer salée. Depuis la rétrospective du Grand Palais en 1986, c’est la première fois que Paris accueille une exposition consacrée à l’œuvre de cet artiste hors norme, considéré comme l’inventeur de la bande dessinée littéraire.
La vie d’Hugo Pratt est un véritable roman marqué par une généalogie qui brasse différentes cultures. Son existence et son travail sont influencés par sa culture littéraire –Robert Louis Stevenson, Joseph Conrad, Herman Melville, Jack London, Ernest Hemingway ou encore Antoine de Saint-Exupéry, auquel il consacre un album à la fin de sa vie: Le Dernier Vol– en même temps que par ses voyages aux quatre coins de la planète.
En 1967, après un périple aux Caraïbes, Hugo Pratt crée La Ballade de la mer salée, qui marque la première apparition de Corto Maltese. C’est une véritable révolution dans le neuvième art: jamais l’art du conteur et celui du narrateur n’avaient été à ce point unis."
Exposition "Le voyage imaginaire d'Hugo Pratt" présentée à la Pinacothèque de Paris - 28 place de la Madeleine à 75008 Paris - du 17 mars au 21 août 2011. -
L'enseignement de l'ignorance...
Vous pouvez regarder ci-dessous un extrait de l'émission On n'est pas couché du 26 mars 2011. La journaliste Sophie Coignard, qui a récemment publié Le pacte immoral, livre consacré à la question de l'éducation en France, dont nous avions annoncé la sortie, s'entretient avec Laurent Ruquier, Eric Naulleau et Eric Zemmour. Ce dernier fait référence à L'enseignement de l'ignorance (Climats, 2006), le remarquable essai de Jean-Claude Michéa. A voir !
Coignard Vs Zemmour Naulleau l'Education [ITW]... par peanutsie -
Les épis mûrs...
"Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés..."
Charles Péguy
Les éditions Le dilettante rééditent dans les prochains jours Les épis mûrs, le second roman de Lucien Rebatet, publié initialement en 1954 chez Gallimard. L'auteur d'Une histoire de la musique (Robert Laffont, 1998) a voulu écrire sous une forme romanesque la biographie imaginaire du musicien de génie qui a manqué à la première moitié du XXe siècle. Cette nouvelle édition est préfacée par Nicolas d'Estienne d'Orves.
"Rebatet ! Lucien Rebatet ! On entend déjà les commentaires. À quoi bon exhumer, rendre à la lumière, rehausser sur le pavois éditorial, photo d’époque, préface émue et dossier critique, les œuvres de celui qui fut, après avoir bataillé à l’Action française, le porte-plume le plus incisif et vitriolant de la Collaboration intellectuelle. Celui qui, à côté de la grande et déferlante célinienne, sanieuse, somptueuse, offrit, avec Les Décombres un scanner amer de l’avant-guerre et de la défaite de 40, pointant là ce qui, pour lui, était les signes sombres de la décadence française : les politiciens, la démocratie, les juifs. En effet, pourquoi. Parce qu’il y a, à Rebatet, un autre Rebatet. Au publiciste pronazi répond en effet, dès les années trente, un esthète, un amateur encyclopédique de littérature, peinture, cinéma et, avant tout, un musicologue éclairé, ardemment moderniste. Ce dernier, on le trouvera s’exprimant dans l’opulente Une histoire de la musique, mais également dans ces Épis mûrs que Gallimard publia en 1954 et que réédite aujourd’hui Le Dilettante avec une étude du critique musical Nicolas d’Estienne d’Orves. Ce Doktor Faustus (Thomas Mann) à la française déploie pour nous le destin fracassé de Pierre Tarare, rejeton frondeur d’un chapelier et d’une mère anxieuse et surtout, avant tout, génie musical en herbe. Depuis les premiers tapotis prometteurs sur le piano familial jusqu’à l’adoubement solennel de Fauré et d’Enesco, ce roman nous expose la croissance contrariée, l’expansion douloureuse d’un autre Berlioz ou Wagner, infatigable et conscient de son avant-gardisme génial. Une « courbe de vie » endiguée par la férule imbécile du père, troublée par les soubresauts de la sexualité et le traditionalisme, finalement bienveillant, des professeurs. À l’heure de la reconnaissance et de la célébrité internationale, c’est un autre tonnerre qui attend Pierre Tarare : celui de la Première Guerre mondiale. Chronique d’un gâchis dénoncé, ce roman est également une peinture passionnée, et cocasse, des combats houleux de la modernité musicale des années trente. Comment a-t-il pu y avoir des « maîtres chanteurs » à « Nuremberg » ? Telle est toujours la question."
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La leçon des cantonales...
Nous publions ci-dessous, sous la plume de Pierre Le Vigan, une analyse particulièrement intéressante du résultat des élections cantonales de la semaine dernière.
La leçon des cantonales
Entretien avec Pierre Le Vigan (01/04/20111, propos recueillis par Jean-Marie Soustrade)
Quel bilan des cantonales ?
Au terme des scrutins des 20 et 27 mars 2011, la gauche gagne 2 Conseils généraux de province et en perd un, le Val d’Oise, (département peuplé). La gauche gagne des sièges mais son gain en termes de pouvoirs locaux est donc modeste. De même l’UMP s’effondre mais pas les divers droites. Au second tour il y eu comme au premier 55 % d’abstention. Cela pose la question du vote obligatoire, qui serait une bonne chose, à condition d’instaurer la reconnaissance du vote blanc.
Et le Front national ?
Plus de 15 % au premier tour et en fait plus de 19% si on ne tient compte que des cantons où il était présent (mais par définition le FN n’avait pas choisi d’être présent dans les cantons où il était le plus faible) : c’est un score très élevé. Mais au second tour le bilan est contrasté. Le Front a pu se maintenir, compte tenu de la règle par rapport au pourcentage du nombre d’inscrits, monté à 12,5 % au lieu de 10 % auparavant, dans environ 400 cantons. Il était dans ceux-ci non à 19 %, qui n’était que la moyenne de ses 1500 candidats, mais bien au dessus, à 23 % en moyenne. Or la moyenne des candidats frontistes au second tour est à 35,5 % soit un gain de 12 ou 13 %. Le FN passe de 600 000 à 900 000 voix entre les 2 tours alors qu’il n’est présent au second tour que dans 400 cantons au lieu de 1500.
C’est donc un grand succès du FN. Pourquoi parlez-vous de bilan contrasté ?
Parce que ce succès ne débouche pas sur des élus. Il n’y a que 2 conseillers généraux FN, sur 2000 cantons renouvelables (et 4000 au total). Alors que le FN obtient beaucoup plus de voix à toutes les élections que le PCF allié au Front de Gauche, et que les écologistes (Europe Ecologie Les Verts), contrairement à eux, il n’obtient pas d’élus locaux.
Pourquoi ?
Parce que le FN n’est pas dans une coalition. Beaucoup de gens et un peu partout – c’est ce que l’on appelle la « nationalisation » du vote - votent FN mais il n’y a pratiquement aucune portion du territoire national où 50 % des gens veulent un élu FN. Sur les bases des cantonales, le FN n’aura pas d’élus aux prochaines législatives ou un ou 2 comme dans toute son histoire (Yann Piat en 1988, Marie-France Stirbois en 1993, Jean Marie Le Chevallier en 1997…). Sur ce plan, rien n’a changé.
Le FN espérait mieux. Pourquoi s’est-il trompé ?
Louis Aliot avait espéré entre 10 et 50 élus au second tour des cantonales. Compte tenu des trés bons résultats du premier tour, 10 élus était un objectif effectivement possible sur le papier. Il était difficile de prévoir que, au fond, il y a toujours un profond « blocage mental » au vote FN, avec peut-être la crainte d’avoir des élus qui ne servent à rien localement car ils seraient totalement marginalisés donc pas de subvention aux projets locaux, etc. La révolution Marine est en marche à savoir le changement profond de l’image du Front mais elle n’est pas encore aboutie. Il est certain que la défolklorisation y a sa part, et que cette part est nécessaire. D’autres gestes, comme un voyage en Israël, y contribueront sans doute. Cela pèsera plus vis-à-vis des élites que vis-à-vis du peuple au demeurant. Toute la difficulté est de devenir un parti normal tout en restant non aligné face au nouvel ordre mondial. Pour l’instant le FN manque encore singulièrement de cadres de valeur pour mener cette politique. Mais nous n’en sommes qu’au début d’un processus et le succès appelle les talents – mais aussi les carriéristes, avec ou sans talent ! C’est donc une période délicate pour la nouvelle patronne du Front.
Comment le blocage du Front au second tour peut-il changer ? comment peut-il avoir des élus ?
Par la décomposition, fort possible, de l’UMP et l’éclatement des droites. On peut imaginer un bloc à vocation majoritaire dont le FN serait le pivot. La difficulté c’est que les raisons du succés du FN au premier tour des élections sont les mêmes que les raisons de son échec au second. C’est parce que le FN est « seul contre tous » qu’il monte haut au premier tour, c’est parce qu’il est seul contre tous qu’il ne franchit qu’exceptionnellement le second tour en vainqueur. L’exemple italien est intéressant. Il y a eu un moment où Alliance nationale (l’ex-MSI) a fait de bons scores, de l’ordre de 15 % tout en étant associé à Berlusconi, vers 1995. Puis les électeurs ont cessé de bien percevoir à quoi servait Alliance nationale, assimilé à la coalition berlusconienne. Quitte à soutenir Berlusconi, autant le faire à fond et directement plutôt que de soutenir un parti qui ensuite soutient à fond Berlusconi. Au final Gianfranco Fini (le patron d’Alliance nationale) a fondu son parti dans le parti unique de la droite italienne, le Peuple de la Liberté. Pour se retrouver ensuite en désaccord avec Berlusconi. Mais assez démuni politiquement. Avec une trentaine de députés au lieu de 100 auparavant. Et tenter de refonder un nouveau parti (Futur et liberté pour l’Italie). Cela montre qu’abandonner trop vite sa spécificité peut être désastreux. Des accords minimum de gestion locale sont certainement préférables. A noter que la Ligue du Nord, justement en Italie, a toujours maintenu une distance avec Berlusconi et échappe ainsi à son naufrage.
Au fait, à quoi servirait des élus FN ?
Ils sont indispensables pour être crédibles. Le travail de terrain, ce sont des cadres, et une école de formation de cadres. Des incarnations des idées, des façons de confronter sa doctrine au réel. Il n’y a pas d’avenir pour un parti sans des élus locaux. Quelques députés européens ne suffisent absolument pas. De bons scores aux présidentielles peuvent être illusoires aussi. Ce sont des mairies qu’il faut gagner si on veut exister vraiment quand on est dans la situation du Front c'est-à-dire sur une dynamique de conquête et non de simple « témoignage » de l’ordre de « maintenir la flamme », attitude de la vieille droite antimariniste, et de ceux qui préfèrent être « entre eux » à 3 % (et encore…) plutôt que d’être confrontés à des gens nouveaux, aux motivations parfois nouvelles, aux itinéraires déroutants. Et alors ? La vie c’est aussi l’irruption du nouveau.
Des itinéraires déroutants ? Vous faites allusion par exemple à cette candidate FN dans le Nord qui aurait été escort girl en Belgique ?
Si la diversité des horizons se limitait à cela ce serait voir les choses par le petit bout de la lorgnette, mais toutefois, dans le cas que vous évoquez, je ne vois pas où serait le problème, quoi qu’il en soit du fond de cette histoire. Je suis pour la liberté de faire ce qu’on veut de son corps et d’avoir en même temps les idées politiques que l’on souhaite. Et sans que l’un invalide l’autre.
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Une nouvelle Guerre de Trente ans ?...
Les éditions Le Polémarque, dirigées par Laurent Schang, viennent de publier un court essai de Bernard Wicht intitulé Une nouvelle Guerre de Trente ans ? - Réflexions et hypothèses sur la guerre actuelle. Spécialiste des questions stratégiques, Bernard Wicht est l'auteur de L'OTAN attaque (Georg, 1999) et de Guerre et hégémonie (Georg, 2002) et nous avons récemment mis en ligne un point de vue qu'il a publié dans la presse suisse, intitulé Le « port d’arme citoyen » et le nouvel équilibre de la terreur.
« La crise de la zone Euro est sans doute le chant du cygne de la Modernité occidentale, l'UE représentant l'ultime avatar de la construction étatique moderne avec sa bureaucratie supra-étatique et son centralisme à l'échelle continentale. Et, dans l'immédiat, la crise devrait encore renforcer ce centralisme bureaucratique ; la Commission s'est fait donné le mandat (certes temporairement limité) d'un contrôle économique des États membres et, de facto, un droit de regard dans la politique budgétaire des États membres. Ceci signifie un renforcement considérable du pouvoir supra-étatique de l'UE. Mais, paradoxalement, ce renforcement représente probablement l'épilogue de l'histoire de l'État moderne, le dernier acte d'une pièce qui s'est jouée pendant environ 500 ans, le dernier coup d'éclat d'une institution sur le déclin. »
Bernard Wicht est privat-docent à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne. Ses travaux portent essentiellement sur la stratégie et la pensée militaire. En parallèle, ses activités professionnelles l’ont mis en contact étroit depuis près de vingt ans avec les institutions européennes et les autres organisations internationales présentes en Europe.54 pages sur beau papier, 8 euros + 2 euros de frais de port aux Éditions Le Polémarque, 29 rue des jardiniers, 54000 NANCY