Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Notes sur la dissolution du "pouvoir politique"...

    Nous reproduisons ici ces Notes sur la dissolution du "pouvoir politique" publiées par Philippe Grasset sur son site d'analyse De Defensa.

    Philippe Grasset 2.jpg
     

    Notes sur la dissolution du “pouvoir politique”

     

    Face à la structure crisique

    Notre époque a changé la définition de l’événement qu’est une “crise”, en allongeant indéfiniment un phénomène caractérisé initialement par sa briéveté, en l’“institutionnalisant” par la durée, en le structurant en une “structure crisique” qui caractérise la situation du monde. Face à cette situation, le pouvoir politique a perdu ses références et l’on découvre son incapacité complète d’adaptation dans son incapacité de trouver des références nouvelles. Le “pouvoir politique” s’est révélé comme une matière invertébrée et sans substance, dépendant totalement de références extérieures et mettant en lumière sa perte complète d'autonomie créatrice.

    Devant la “structure crisique“, – «Insensiblement, le pouvoir s’est transformé d’une certitude de fer en une liquéfaction accélérée; d’une structure de béton armée en une coulée de sable qui glisse entre les doigts... Insensiblement mais à une confondante rapidité. L’espace de temps pour mesurer ce changement est remarquablement court, – quelques années suffiront, certainement, pour en repérer les bornes, – de la décennie des années 1990 où s’installe ce pouvoir qui semble achevé, à 2006-2008, où les entreprises les plus assurées et les positions les plus affirmées semblent se dissoudre à une vitesse dont nul ne semble se rendre compte dans les palais et les ministères….»

     

    L’emprisonnement de l’âme

    Le problème essentiel qui affecte nos élites et nos directions politiques dans cette situation nouvelle est psychologique. Ces élites sont totalement “sous influence”, incapables de la moindre pensée autonome, privées de la culture générale qui permet de cultiver l’autonomie de la pensée.

    Pour autant, il ne s’agit pas de “robots” sans âme, de mécaniques. Au contraire, il y a dans les élites politiques un désarroi et une incompréhension devant la vacuité et la vanité de leurs actions, lorsque vacuité et vanité apparaissent à l’occasion d’événements de crise de plus en plus nombreux. Il en résulte une fragilité extrême de la psychologie, d’autant que le “devoir” de ces élites leur fait obligation d’applaudir le système dont l’effet de l’action est si catastrophique.«[L]a fragilité de leur psychologie se rapproche de plus en plus dangereusement du point de rupture.»

     

    Le désordre naît de l’impuissance et de la fragilité de la psychologie

    Les deux éléments additionnés, à la fois la perte de références due à la structure crisique révélant l’inexistence de la politique sans ces références, et la fragilité de la psychologie conduisent à l’impuissance complète de la réalisation du sens des événements, et à l’impuissance de toute prévision. Ces conditions créent un désordre rampant qui permet à des situations étranges de se développer, comme, par exemple, la position d’omniprésence d’un Robert Cooper dans la détermination de la politique extérieure de l’UE.

    Il ne s’agit plus ni d’idéologie, ni d’engagement éventuellement extrémiste, ni de complots, ni de corruptions diverses, – sauf, justement, la corruption psychologique qui implique une sorte de pathologie. Pathologie dans le chef de ceux qui ne sont plus capables d’animer la politique, pathologie en sens inverse d’un Cooper qui anime une politique extérieure sans aucune légitimité et au nom de principes totalement dépassés et usurpés.

     

    La psychologie malade de l’idéal de puissance

    Cette situation de la psychologie est clairement née du choix de “la politique de l’idéal de puissance” (ou, dans sa version grossière US, “la politique de l’idéologie et de l’instinct”). Cette politique est liée à une seule conception, à un seul outil, qui est la force elle-même, la “force brute”.

    Devant les déboires et les catastrophes rencontrées ces dernières années, la politique n’a fait que devenir à la fois et parallèlement, de plus en plus extrémiste et de plus en plus impuissante. C’est l’illustration de “la puissance devenue impuissance” et de la psychologie devenue pathologie extrémiste. Ces situations sont de véritables prisons et son inconsciemment subies comme telles, accentuant le malaise.

     

    Le pouvoir face à son néant existentiel

    Des exemples en cours montrent la façon dont le pouvoir politique se trouve complètement à la dérive. Il est faux de dire qu’il ne dispose plus de moyens et de pouvoirs. C’est lui qui a mobilisé des ressources colossales pour sauver le système financier. Quoi qu’on pense de cette opération, il reste que c’est une démonstration de pouvoir. Le résultat en est une aggravation de la crise, une aggravation de la paralysie du pouvoir, comme si la démonstration de l’existence de son pouvoir n’avait eu comme effet que d’accentuer à la fois la sensation et la situation d’impuissance du pouvoir politique.

    Que ce soit BHO face au “oil spill”, Israël face à l’affaire des “flottilles de la liberté”, les pays européens dans le crise de l’euro, on se trouve devant un gâchis systématique de la fonction de responsabilité du pouvoir. On n’y voit aucune action construite mais des réactions à court terme face à des événements par ailleurs prévisibles. Le résultat est un “pouvoir politique” courant derrière l’événement et laissant les événements construire une réalité politique.

    La structure crisique de la situation du monde à réduit le pouvoir politique à une situation proche de l’entropie, à un “néant existentiel”.

     

    Le point de fusion

    Comme on l'a dit, cette quasi disparition du pouvoir politique ne tient nullement à l’absence de pouvoirs ni de moyens mais plus généralement à sa position au point de confrontation des deux forces qui conduisent le système général. La crise de ce système général conduit en effet à un antagonisme de plus en plus constant, de type automatique, entre les deux forces qui le constituent : le système du technologisme, fournisseur de puissance, et le système de la communication, créateur de virtualisme pour habiller cette puissance.

    Cette situation d’antagonisme a commencé en 2004-2005 et s’est institutionnalisé depuis la crise du 15 septembre 2008. Le système du technologisme accumule les échecs et les catastrophes tandis que le système de la communication, répondant à sa fonction primale s’inspirant de la philosophie médiatique du sensationnel qui devait faire la promotion des victoires du technologisme, fait la promotion de ce qui est sensationnel, c’est-à-dire de ses défaites.

    Pris dans cet antagonisme, le pouvoir politique ne sait plus comment agir ni dans quel sens. Sa puissance est devenue inefficiente, et littéralement impuissante. Sa paralysie est complète.

     

    Le cadavre bouge-t-il encore, – en attendant la suite ?

    Aujourd’hui, le pouvoir politique ne peut plus espérer retrouver une quelconque efficacité que dans des situations extraordinaires où il se trouve, d’une façon spectaculaire qui serait mise en évidence par le système de communication, en opposition avec une initiative du système du technologisme.

    On peut envisager l’hypothèse que, dans les événements récents, le comportement du Turc Erdogan face à Israël a été dans ce sens. C’est bien insuffisant pour annoncer le moindre tournant sérieux, mais cela signale l’existence d’une certaine diversité possible dans l’activité du pouvoir politique par rapport au système (contre le système).

    Tout cela reste extrêmement parcellaire. La situation générale est bien de cette paralysie du pouvoir politique pour la cause objective des contradictions du système général en crise. C'est un processus d'autodestruction du système. Effectivement, – «La plus criante [des contradictions du système] est la destruction systématique du pouvoir politique qui, pendant deux siècles, l’a généreusement et scrupuleusement servi. Ces temps heureux où le système de l’idéal de la puissance semblait encore avoir une certaine cohésion, notamment avec des pouvoirs politiques puissants, sont définitivement finis. […] Nous ne [les] regretterons certes pas, occupés à observer ce qui pourrait [le] remplacer…»

     

    Philippe Grasset, De Defensa, 14 juin 2010

     

    Lien permanent Catégories : Textes 0 commentaire Pin it!
  • Portrait d'Eric... Werner !

    Eric Werner, l'auteur de L'avant-guerre civile, de La maison de servitude ou de Ne vous approchez pas des fenêtres, vient de publier chez Xenia Portrait d'Eric, une réflexion sur son parcours personnel et intellectuel :

    Werner Eric 2.jpg

    "Au début de sa carrière d’universitaire et de penseur, Eric Werner s’était fait “tirer son portrait” par le grand peintre polonais Joseph Czapski.
    Incomprise, mal aimée, cette oeuvre était restée dans l’ombre durant des décennies. En la redécouvrant à l’âge mûr, son modèle, l’auteur de ce livre, comprend enfin le message que l’artiste défunt lui avait légué: le miroir de sa propre personne avec trois décennies d’avance!
    Partant de cette révélation, Eric Werner se lance dans une introspection bouleversante, tissant autour d’un tableau la trame de sa propre vie, des époques traversées, des idées épousées, contestées ou combattues.
    Protagoniste de la scène intellectuelle suisse et francophone, philosophe politique audacieux, professeur et témoin, Werner nous livre une réflexion magnifique sur le temps, la fragilité des idées et des convictions, et nous emmène avec lui à la poursuite du noyau même de son être intellectuel et émotionnel. Osant affronter, pour la première fois, des spectres qui ont, consciemment ou non, façonné son existence: l’incompréhension et le conflit avec son père, une conversion religieuse hésitante, des engagements publics motivés par l’éthique plus que par la conviction politique.
    Après cet essai vertigineux et très personnel que fut La Maison de servitude, Eric Werner propose ici un voyage intérieur cruellement lucide, toujours intelligent et étrangement poétique qui est peut-être l’un des chefs-d’oeuvre de l’autoportrait."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • De Gaulle, un inventaire !

    Vous voulez savoir si De Gaulle a lu Eugène Labiche ou a été influencé par Gustave Lebon ou Oswald Spengler... Vous trouverez la réponse dans De Gaulle inventaire - La culture, l'esprit, la foi d'Alain Larcant, publié aux éditions Bartillat, énorme travail de recherche et d'analyse qui se révèle passionnant. Un modèle à suivre pour d'autres auteurs ou personnages historiques !

    De Gaulle inventaire.jpg
    "Découvrez le dernier ouvrage du professeur Alain Larcan, président du conseil scientifique de la Fondation Charles de Gaulle. Une somme précieuse pour comprendre la genèse, la structure et les filiations de la pensée gaullienne. Ce livre cherche à faire comprendre la genèse de la pensée du général de Gaulle, sa structure, ses filiations et ses arborescences, et surtout ses sources directes et ses idées forces.
    La recherche a consisté à partir des textes écrits à repèrer toute trace de référence ou d'allusion littéraire au sens large, à les identifier avec précision et à en suivre le cheminement et l'utilisation.
    On découvre ainsi la prodigieuse culture du Général avec ses principales tendances : fréquentation des classiques, auteurs gréco-latins, écrivains du Grand Siècle et du XIXe. Ses auteurs favoris sont Chateaubriand, Barrès, Péguy, mais aussi Bergson, Boutroux, Psichari, Verlaine, Albert Samain, Gustave Le Bon, et bien d'autres. Les étrangers sont également présents, tels Goethe et Nietzsche. Avec de nombreux contemporains il entretient des relations suivies : Paul Claudel, François Mauriac, Georges Bernanos, Georges Duhamel, Jacques Maritain, sans oublier le lien quasi chevaleresque avec André Malraux.
    Moralistes, philosophes, historiens se retrouvent volontiers sous sa plume guidée par une exceptionnelle mémoire.
    Ce travail qui s'apparente à une somme, au sens théologique, met en évidence la puissance de la réflexion et des thématiques essentielles le plus souvent ébauchés dans les oeuvres d'entre-deux-guerres et l'alliance du style et de la pensée chez ce soldat et ce grand homme politique qui participa à l'histoire et sut l'écrire avec talent. Un index, une bibliographie et des annexes (bibliothèque du Général, géographie historique de la France...) complétent l'ouvrage."
    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Hitler à tous les étages !...

    "Dans le passé la dénonciation du Diable fut souvent pour l'Eglise un moyen d'amener les fidèles à mieux accepter leur sort. Le «nazisme» et  le «fascisme» sont aujourd'hui les Diables qu'on emploie pour détourner l'attention des nouvelles formes du totalitarisme marchand dont la société de l'anonymat de masse, du «bonheur» obligatoire et de l'omniprésence de l'argent, menace l'humanité."

    David Barney, La reductio ad hitlerum, in La nouvelle inquisition, Le Labyrinthe, 1993

    Hitler fait vendre ! Figure du mal absolu de l'époque contemporaine, il suscite manifestement une fascination morbide parmi les lecteurs mais aussi chez les auteurs. Que serait la production littéraire de ces dernières années, des Bienveillantes à HHhH, si l'on en retirait toutes les oeuvres dont le thème concerne la période nazie ?

    Deux exemples parmi d'autres dans les sorties de la dernière quinzaine... D'abord, La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler, de Michel Folco...

    La jeunesse d'hitler.jpg

    « Qu'ils s'appellent Hitler, Capone ou Dillinger, petits ils écoutaient leur mère...
    Ils ont fait leur chemin dans les affaires. »
    Eddy Mitchell, L'important c'est de bien aimer sa maman.


    "Michel Folco, que l'on connaît pour ses romans hauts en couleurs, en inventions, et en trouvailles narratives, rencontre cette fois un personnage bien réel, trop réel. Et quel personnage ! Celui par qui tant d'injustices et de malheurs vont naître, Adolf Hitler.
    Mais Michel Folco n'est pas un biographe, même si ses ouvrages sont minutieusement documentés. Avec toute sa fantaisie, son humour décapant, il s applique à nous conter comment le plus banal des enfants peut receler le plus effrayant des monstres. Le roman, ici, dépasse tous les livres d'histoire.
    L'auteur n avait pas craint de mettre en scène Napoléon ou Freud. Il a choisi de monter la barre d un cran. Mais c'est la face mystérieuse et partiellement inconnue d'Hitler qu il aborde : son enfance et sa jeunesse, dont nous savons peu de choses. La force de l'ouvrage tient à la banalité du personnage. Bien sûr, ses origines furent incertaines. Bien sûr, son talent était médiocre. Bien sûr, sa mère mourut trop jeune. Bien sûr, ses passions n'avaient rien de flamboyant ni d'exceptionnel. Mais, au fur et à mesure qu'on avance dans ce livre étrange grandit un personnage dont la détermination, peu à peu, nous perturbe. Car on ne peut décrypter l'enfance d Hitler sans imaginer son avenir, sa puissance destructrice, la fascination qu'il exercera sur une grande part de son peuple, lui qui est si peu fascinant. Et c'est tout le talent de Michel Folco que de se glisser dans cet interstice : pourquoi le plus ordinaire des hommes en lui recèle-t-il Hitler ?"

    Après la jeunesse, la vieillesse, avec Le dernier dimanche de M.le Chancelier Hitler, de Jean-Pierre Andrevon !...

    Le dernier dimanche du chancelier Hitler.jpg
    "C'est un petit bonhomme grisonnant, aux mains tremblantes, vêtu d'un costume gris étriqué. Il perd ses cheveux, ses yeux faiblissent, mais il a horreur d'être vu avec des lunettes. Il est atteint de la maladie de Parkinson et on lui soupçonne un début d'Alzheimer. Il habite un petit trois-pièces dans South Brooklyn avec sa femme Eva. Autrefois Eva Braun. En cette année 1949, cela fait quatre ans que le petit bonhomme a été accueilli aux Etats-Unis où il vit sous la surveillance constante du FBI. C'est que, jusqu'en mai 1945, il était chancelier du Troisième Reich. Son nom : Adolf Hitler. Son destin ? Pas brillant : bien qu'il soit loin d'en douter, il n'a plus que deux jours à vivre."
    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Ecce Cantona !

    Pour ceux qui n'ont pas encore pris le temps de voir Looking for Eric, l'excellent film de Ken Loach, disponible en DVD, nous publions ici la recension qu'en a fait Mathieu Le Bohec dans la revue Eléments.

    Looking for eEric.jpg
     

    Ecce Cantona !

    Sur le premier plan du dernier film de Ken Loach, Looking for Eric (2009), Eric Bishop (excellent Steve Evets), dans l'espoir inconscient de se tuer, brûle le pavé à plusieurs reprises en sens inverse sur un rond-point. Il est vrai que dans le gris Lancashire, ce postier est dans une mauvaise passe. Ses deux beaux-fils glissent vers le banditisme, sa vie sentimentale est un désert et sa fille lui reproche de ne pas assumer pleinement son rôle de père. Soutenu tendrement par ses collègues de travail, notamment lors d'une hilarante séance de psychothérapie de groupe, il continue néanmoins à chavirer dans la dépression. Et ce jusqu'à l'apparition, issue des vapeurs de l'herbe fumée en solitaire, du mythe qui va le patronner et lui faire reprendre sa vie en main. Il ne s'agit pas de Joséphine Ange-Gardien, mais de l'idole qui tapisse sa chambre, le footballeur français légendaire du grand Manchester United des années 1990, Eric Cantona.

    Réputé dans sa carrière sportive pour ses buts audacieux, mais aussi pour ses douteuses formules philosophiques lors d'interviews et conférences de presse, Cantona parade dans le film en prophète génial et pétri d'autodérision. Au gré des SOS «cannabistiques» du facteur, Eric The King distille pour ce dernier, via des maximes au franglais pimenté, la force nécessaire à sa renaissance sociale et amoureuse. Cette reconquête passera également par la bienveillance désormais très active de ses collègues et amis, jusqu'à la scène finale violente, drôle et triomphante, consacrant l'idée de groupe et de communauté. Ken loach l'évoque ainsi: «C'est un film contre l'individualisme: on est plus fort en groupe que seul. Il est aussi question de l'endroit où vous travaillez et de vos collègues. Même si cela peut sembler banal de dire cela, ce n'est pas dans le vent de l'époque. Ou du moins ça ne l'est plus depuis trente ans. Ceux qui vous entourent ne sont plus vos camarades, ils sont vos concurrents.» Le groupe est donc ici perçu comme une contre-société combattante, qui échafaude ses propres armes pour résister aux estocades incessantes de la société libérale. Le précepte essentiel de cette dernière étant sans nul doute l'accomplissement d'une désocialisation absolue, où l'humble, même s'il se révolte, doit se retrouver seul.

    Ken loach excelle comme à son habitude et signe là une version souriante de Raining Stones (1993), où il était déjà question de la conservation de la dignité malgré tout. Il y aborde avec une poésie truculente les valeurs d'entraide et de solidarité de la common decency orwellienne, ainsi que la dimension christique des mythes populaires, ici un joueur de football, fondements de l'âme du peuple ouvrier anglais. Ces petites gens qui n'ont plus les moyens de s'acheter un billet pour le stade, qui macèrent dans la violence, mais qui tentent de garder la tête haute, le col relevé, comme Cantona après le but.

     

    Mathieu Le Bohec (Éléments n°133, octobre-décembre 2009)

    Lien permanent Catégories : Films 0 commentaire Pin it!
  • Le flinguage des anars...

    Nous publions ici la recension par Alain de Benoist dans la revue Eléments de Quand Marx, Engels, Lénine "flinguaient" les anarchistes, un opuscule de Justhom publié aux éditions du Monde libertaire.

    Justhom.jpg
     

    Le flinguage des anars

    Les communistes n'ont jamais aimé les anarchistes, qu'ils ont accusés régulièrement de tous les maux. Marx tonnait déjà contre Proudhon et ses « phrases creuses », tandis qu'Engels bataillait contre Bakounine (dont la théorie disait-i1est un « mélange de communisme et de proudhonisme»). L'anarchie, assuraient-ils l'un et l'autre dans un texte rédigé en 1873, c'est la «pan-destruction universelle ». Lénine, plus méthodique, reprochait aux anarchistes leur « individualisme bourgeois à l'envers » et leur incompréhension de la lutte des classes et des « causes de l'exploitation ». «Les marxistes, expliquait-il en 1917, tout en se proposant de supprimer complètement l'État, ne croient la chose réalisable qu'après la surpression des classes par la révolution socialiste », tandis que les anarchistes «veulent la suppression complète de l'État du jour au" lendemain, sans comprendre les conditions qui la rendent possible». Ces derniers auront beau jeu, par la suite, de constater que la révolution bolchevique n'a jamais fait qu'instaurer un « capitalisme d'État ». C'est aussi ce que fait l'auteur de cette anthologie, ancien militant communiste converti aux idées libertaires. On n'a pas de peine à partager son avis, tout en se disant quand même que toutes les critiques de Marx ou de Lénine n'étaient pas infondées. L'anarchisme a souvent manqué du plus élémentaire réalisme, que ce soit au sujet de la nature humaine ou des limites sociales du possible. Ce qui n'enlève rien à la pertinence de certains propos de Stirner, Bakounine ou Proudhon.

     

    Alain de Benoist (Eléments n°135, avril-juin 2010)

    Justhom, Quand Marx, Engels, Lénine « flinguaient » les anarchistes, Éditions du Monde (145 rue Amelot, 75011Paris) 100p. 6€.

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!