"Dès qu'un pays a décidé de faire la guerre, il met les forces armées, l'économie du pays et le peuple lui-même à la disposition du chef qui aura à conduire cette guerre. La politique doit servir le haut commandement ; le général en chef devient la seule force dirigeante." E. Ludendorff, La guerre totale
Avec La guerre totale, livre publié en 1935, le général Erich Ludendorff, vainqueur de Tannenberg et quasi-dictateur militaire de l'Allemagne, aux côtés du Maréchal Hindenburg, entre 1916 et 1918, se fait le théoricien d'un certaine hybris militariste, où la guerre devient presque une fin en soi. Les éditions Perrin viennent de rééditer en format poche dans la collection Tempus ce classique de la stratégie avec une copieuse préface de Benoît Lemay, qui a publié chez le même éditeur des biographies de Rommel et von Manstein.
"Inversant la thèse de Clausewitz dans son ouvrage De la guerre, le général Ludendorff, adjoint de Hindenburg pendant la Grande Guerre et vainqueur de la bataille de Tannenberg, affirme que la politique, en cas de conflit, doit être entièrement subordonnée au militaire. Tout en inscrivant la " guerre totale " dans le cadre d'une dictature, il la définit par la mobilisation de tous les moyens de production du pays et par une stratégie largement offensive, quitte à frapper les civils.
Publié en 1935, cet essai rencontra d'emblée un succès important en Allemagne. Il apparaît aujourd'hui prophétique dans la mesure où Ludendorff émet des préconisations qui seront reprises par Hitler quelques années plus tard - à commencer par le concept de guerre totale qui devint, pour le malheur de l'humanité, la vulgate du régime nazi."