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  • Les musiciens maudits...

    Les éditions Déterna, diffusées par Francephi, viennent de publier un ouvrage de Paul-Louis Beaujour intitulé Les musiciens maudits. Paul-Louis Beaujour est l'auteur de plusieurs biographies consacrées à des maudits comme Jean Boissel, Nathan Bedford Forrest ou George Lincoln Rockwell...

     

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    " Beethoven, Bruckner, Egk, Graener, Lehár, Mozart, D’Olonne, Orff, Pfitzner, Schmitt, Strauss, Trapp, Wagner, Wolff ont le même point commun : ils ont tous été joués, encensés, voire célébrés durant les «  années les plus sombres » de notre histoire, en particulier par le plus sombre (mais le plus mélomane ?) d’entre tous : Adolf Hitler.

    Quant à Furtwangler, Krauss, Jochum, Böhm, Karajan, Mengelberg, Abendroth, Schwarzkopf, Ney, Gieseking, Backhaus, Kempff, Lubin, Suthaus, Weber, Müller (et les autres), non seulement ils furent, à tort ou à raison, tous des partisans déclarés du IIIe Reich, mais encore, et surtout, les interprètes inoubliables des compositeurs susnommés.

    Car c’est un fait indéniable : les versions unanimement considérées par les « musicologues » comme celles dites « de référence » sont souvent celles qui ont été interprétées par les artistes les plus idéologiquement « nauséabonds » !

    C’est pourquoi Paul-Louis Beaujour a recensé une quarantaine de disques « de légende » encore disponibles (jusqu’à quand ?) que tout mélomane aussi politiquement incorrect qu’un brin nostalgique se doit de posséder dans sa discothèque. "

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  • Toutes les violences ne sont pas destructrices !...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la question de la violence, notamment politique. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « La violence peut être parfois condamnable, mais je ne la condamne pas par principe ! »

    Aujourd’hui, toute action politique peut se trouver disqualifiée, en termes médiatiques s’entend, dès lors qu’elle en vient à s’exprimer de façon violente, que cette violence soit réelle ou supposée. C’est donc l’effet qui se trouve condamné, et non point la cause. Angélisme ou cynisme ?

    Je dirais plutôt : « mécompréhension ». La condamnation sans nuances de la violence est le fait, d’une part, des pacifistes, qui se retrouvent du même coup condamnés à « faire la guerre à la guerre », position inconfortable, d’autre part, de l’éternel parti bourgeois, acquis aux idées libérales, qui s’imagine que la discussion, la négociation, le compromis, voire le « doux commerce », peuvent toujours permettre d’éviter l’affrontement. Les maîtres de l’idéologie dominante capitalisent sur cette condamnation inconditionnelle de la violence pour se prémunir contre les insurrections qu’ils redoutent. Mais une telle attitude est irréaliste. La violence est un caméléon. Non seulement elle est omniprésente et protéiforme, mais elle n’apparaît pas toujours comme telle. Elle est partout, même là où on ne la voit pas.

    À la violence ouverte, explosive, s’ajoute la violence structurelle, systémique et virale. La dérégulation libérale est une violence, le conditionnement publicitaire, la propagande de la pensée unique, l’esclavage du salariat, les aliénations dont le monde moderne est le lieu, la mondialisation elle-même, sont autant de formes de violence. La politique s’apparente elle aussi à la guerre dans la mesure où son critère essentiel est la distinction de l’ami et de l’ennemi. En politique, seul est souverain celui qui décide, et la décision est également une façon de mettre un terme aux parlotes et aux palabres.

    « Une planète définitivement pacifiée », écrit Carl Schmitt, « serait un monde sans politique. » Le droit lui-même ne peut être instauré et garanti que par un rapport de force. Quant aux révolutions, inutile de rappeler qu’elles n’ont jamais été des promenades de santé. Il n’y a tout simplement pas de vie en société sans la possibilité d’une violence.

    La violence, je la condamne personnellement souvent, je dirais même le plus souvent, surtout quand elle est gratuite, stupide et contre-productrice, mais je ne la condamnerai jamais par principe. Tout dépend des circonstances et du contexte. Dans les affaires humaines, il ne faut jamais se prononcer sur des abstractions, qu’il s’agisse de la violence (à quelle fin s’exerce-t-elle ? Par quels moyens ?), de l’immigration (qui immigre ?) ou de l’avortement (qui avorte ?). Toutes les violences ne sont pas destructrices. Elles peuvent aussi être fondatrices. Pendant la guerre, tous les mouvements de résistance ont fait usage de la violence. À l’époque de la décolonisation, tous les mouvements de libération en ont fait autant – et avec succès.

    Une formule canonique, attribuée à Max Weber, réserve à l’État le « monopole de la violence légitime ». Quand on voit l’état actuel des choses, ne peut-on pas dire que l’État a depuis longtemps perdu ce monopole ?

    Notons d’abord qu’on ne peut prétendre avoir le monopole de la violence légitime qu’aussi longtemps qu’on est soi-même légitime. La notion de légitimité est donc centrale, dans cette affaire. Un gouvernement, même régulièrement élu, peut perdre sa légitimité de bien des façons. Il n’est a priori légitime qu’à la condition de servir le bien commun en assurant la paix à l’extérieur et la concorde à l’intérieur. Face à une autorité devenue illégitime, à un État qui ne fait plus son travail, à des dirigeants qui ne se préoccupent plus que de leurs seuls intérêts, le contrat social est rompu et les citoyens doivent prendre leurs responsabilités car, comme l’observe Éric Werner (Légitimité de l’autodéfense), « il est bon en soi de se défendre ».

    Bien entendu, une déclaration d’illégitimité peut être tout à fait arbitraire et injustifiée, j’en suis bien conscient. Mais ce qu’il faut retenir est que, contrairement à ce que prétend le positivisme juridique, la légalité et la légitimité ne sont pas synonymes. D’où l’éternel combat d’Antigone contre Créon.

    Aujourd’hui, le « monopole » dont parlait Weber est effectivement partout battu en brèche. Nombre de guerres opposent désormais acteurs étatiques et non étatiques. Ce n’est pas nouveau : Clausewitz donnait déjà le nom de « petite guerre » à la guerre de partisans, à laquelle se rattache également le terrorisme. Violences sur la voie publique, violences sexuelles, violences conjugales, la violence brutale est partout : elle éclate dans la rue, dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les transports. Dans certaines banlieues, elle est devenue un mode de vie. Cela signifie qu’aux yeux d’un nombre croissant d’individus, elle devient acceptable. Face à cette violence, les « appels à la raison » ne peuvent que tomber dans le vide. Seule la force peut briser la force.

    Quid de la violence que l’on a vue s’exprimer en marge du mouvement des gilets jaunes ?

    Il ne faut pas s’y tromper, la violence qui s’est révélée lors des manifestations des gilets jaunes a d’abord été la violence étatique. Les forces de police n’ont pas été chargées de maintenir l’ordre mais de faire de la répression. Elles l’ont fait avec une violence dont on n’avait pas vu l’équivalent depuis la guerre d’Algérie – et dont les pouvoirs publics n’ont jamais fait usage à l’encontre des racailles des banlieues. Bien des gilets jaunes ont subi de véritables blessures de guerre : mains arrachées, yeux crevés, visages défigurés. Au total, 2.200 blessés parmi les manifestants, dont plus de 200 blessures à la tête, sans oublier les procès devant les tribunaux, là encore beaucoup plus sévères qu’avec les voyous et les bandits : 1.800 condamnations, 1.300 comparutions immédiates, 300 incarcérations. À cela s’est ajoutée la violence provocatrice des Black Blocs qu’il était parfaitement possible d’enrayer, mais qu’on a objectivement encouragée pour discréditer le mouvement. Enfin, il y a eu des actes de violence de la part des gilets jaunes qui, eux, ont au moins servi à faire reculer le gouvernement. S’ils étaient allés plus loin, il aurait peut-être reculé plus encore. Ce n’est, en tout cas, pas moi qui vais pleurer sur l’incendie du Fouquet’s !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 4 décembre 2019)

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  • Il y a toujours un ennemi !...

    Après une semaine largement consacrée à l'affaire Strauss-Kahn, revenons aux fondamentaux avec ce texte d'Alain de Benoist, consacré à la pensée de Carl Schmitt, paru en 1978 dans le Figaro magazine...

     

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    Il y aura toujours un ennemi

    La pensée de Carl Schmitt

    Peu de juristes et de politologues contemporains ont fait l'objet d'autant de jugements contradictoires que l'Allemand Carl Schmitt, disciple de Hobbes, de Max Weber et de Donoso Cortès, mais aussi grand lecteur de Proudhon et de Bakounine, qui fut en relations avec Jacques Maritain et René Capitant, et dont la Revue européenne des sciences sociales vient de saluer le 90e anniversaire – il est né le 11 juillet 1888 – avec un numéro spécial contenant une remarquable présentation de Julien Freund, professeur à l'Université de Strasbourg, et une érudite documentation rassemblée par le professeur Piet Tommissen, de Bruxelles.

    Tandis qu'en France son œuvre n'est encore guère connue que par des hommes comme Julien Freund (qui lui consacre de longs développements dans L’essence du politique, Sirey, 1965) ou Raymond Aron (qui a publié en 1972, dans la collection qu’il dirige chez Calmann-Lévy, deux de ses œuvres, La notion de politique et Théorie du partisan), Carl Schmitt n'en exerce pas moins aujourd’hui dans le monde entier une grande influence, que les critiques souvent absurdes qui lui ont été adressées n'ont jamais pu sérieusement entamer. (Tout récemment encore, Jean-William Lapierre, dans Vivre sans Etat ?, Seuil, 1977, allait jusqu’à le présenter comme un « ancien ministre de Hitler » !).

    Schmitt est d'abord celui qui a établi, de façon aussi définitive que possible, la réalité de l'autonomie du politique. Dans La notion de politique, texte datant de 1927, il montre que le politique ne saurait s’identifier ou être rabattue sur sur l’économie, l’esthétique ou la morale. L'État lui-même n’est pas synonyme de politique : « Le concept d'État présuppose le concept de politique ». Toute société humaine est en effet nécessairement dotée d'une dimension politique. L'homme est un être qui doit faire des choix collectifs pour trancher entre des aspirations et des projets différents. La politique est inévitable parce qu'il faut faire des choix. Certes, l’Etat représente l'instance du politique la plus courante, mais la substance de ce dernier est ailleurs. Si l'État vient à disparaître ou à démissionner de son rôle politique, la substance du politique devient en quelque sorte « flottante ». Elle est la proie des groupes de pression, tandis que les domaines précédemment réputés « neutres » cessent de l'être. Ces domaines « métapolitiques » (culture, art, religion, éducation, etc.) peuvent alors devenir autant de champs d'action de la politique réelle.

    Cela pose évidemment le problème de l'« essence » du politique. Pour Carl Schmitt, le critère d'identification de toute dynamique proprement politique n'est autre que l'aptitude à distinguer l'ami de l'ennemi (Freund-Feind Theorie). Cette distinction caractérise spécifiquement l'ordre politique, de même que la distinction entre le bien et le mal caractérise l'ordre de la moralité; celle entre le beau et le laid, l'ordre esthétique, etc. Le critère politique par excellence, c'est la possibilité pour une opposition quelconque d'évoluer vers un conflit susceptible de « monter aux extrêmes ». Est politique l'action qui implique, même indirectement, une telle distinction : « Dire d'une chose qu'elle est politique, c'est dire qu'elle est polémique » (Julien Freund). Corrélativement, toute politique implique l'exercice d'une puissance. Agir politiquement, c'est exercer l’autorité nécessaire aux conditions de formation de la puissance. La politique n'est pas un rapport d'intelligence, c'est un rapport de forces.

    Dès lors, l'acte politique fondamental devient la désignation de l'ennemi. Un État qui, par « pensée de ruse » ou par simple naïveté, croit pouvoir ignorer ses ennemis, a toutes chances de succomber à l'action organisée de ceux qui, eux, n'ignorent pas qu'il est le leur. Un tel État, qui se refuse à manifester de la puissance pour devenir, par exemple, un simple lieu de concertation ou une instance d'arbitrage à l'image d'un tribunal civil, cesse d'être politique. Et du même coup, la politique passe ailleurs. « En politique, écrit encore Julien Freund, on ne saurait échapper à la décision, sous peine de tomber dans l'irrésolution du libéralisme classique qui refuse tout choix ».

    De là, une théorie nouvelle de la souveraineté. « Est souverain, écrit Carl Schmitt, celui qui décide sur le cas d’exception (ou en cas de situation exceptionnelle) – c'est-à-dire celui qui, lorsqu’éclate une situation de crise rendant obsolètes les règles antérieures, peut effectivement instaurer ou rétablir l'ordre et la sécurité. Ce « souverain » n'est pas nécessairement l'État.

    Carl Schmitt a toujours combattu les théories juridiques normativistes, qui tendent à universaliser ou absolutiser certaines règles formelles. Sa position tend plutôt vers le décisionnisme d'un Hobbes : Auctoritas, non veritas, facit legem (« l'autorité, non la vérité, fait la loi »). Mais il tempère cette position en développant aussi une théorie de l'ordre concret, dont l'idée principale est que l'ordre ne se définit pas par une norme ou une somme de règles, mais que la règle n'est qu'un des moyens de maintenir un ordre historique global dans lequel la pensée juridique peut se développer pleinement. C'est seulement en effet par rapport à cet « ordre concret » global que les normes ont un sens et que l'on peut distinguer entre ce qui est juste et ce qui est arbitraire.

    Critiquant sur le fond tout totalitarisme, Carl Schmitt souligne que la loi ne s'identifie pas à la force. Il y a une autonomie du droit par rapport à la puissance, tout comme il y a une autonomie du politique par rapport au droit. Le droit appartient à la sphère des normes, la force à celle de la volonté. L'État garantit le droit, mais il ne le fonde pas. Ce qui permet de répondre à la question : quand peut-on dire d'une décision de justice qu'elle est juste ? Carl Schmitt récuse l'interprétation légaliste du positivisme juridique, selon laquelle une sentence juste est simplement une sentence conforme à la loi (auquel cas la légitimité se confondrait avec la légalité). Il recherche un critère interne à la pratique juridique : « Seule est juste la décision qui est explicable par la pratique juridique en tant qu'elle est une activité autonome ».

    Il faut souligner que la distinction entre « ami » (public) et « ennemi » (public), distinction dynamique s'il en est, et donc liée aux circonstances, n'implique aucune détestation particulière. L'« ennemi » n'est pas nécessairement mauvais dans l'ordre de la moralité, nuisible ou concurrent sur le plan économique, ou spécialement laid du point de vue esthétique. Il suffit, pour définir sa nature, qu'il soit autre de façon telle qu'un conflit avec lui puisse devenir possible. Mais en même temps, dans ses travaux sur le droit international, Schmitt dénonce avec force le fait qu'aujourd'hui, les guerres idéologiques ayant pris le relais des guerres de religions, la « moralisation » de la guerre aboutit en réalité à des cruautés jamais vues : dans une perspective « morale », pour combattre un adversaire, il faut que celui-ci devienne l'incarnation même du Mal ; en ce cas, tous les moyens sont bons pour le détruire. D’où son refus de criminaliser l’ennemi, qui, chez lui, n’est jamais une figure du Mal, mais bien plutôt un adversaire qui peut un jour se transformer en allié.

    L'État est aujourd'hui contesté parce que déclaré « envahissant ». Une lecture attentive de Carl Schmitt permet de comprendre qu'il n'est envahissant que dans la mesure où, s'occupant de tout, il abandonne sa spécificité propre, qui est l'action strictement politique. Et que la meilleure façon de le remettre à sa place n'est pas de le détruire, mais de recréer les conditions dans lesquelles il pourra se réapproprier pleinement la substance du politique.

     Alain de Benoist (Le Figaro magazine, 29-30 juillet 1978

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  • Douze voyants !

    Les éditions Xenia viennent de publier Douze voyants, un livre d'Eric Werner, consacrés à douze penseurs de la liberté. Certains de ces textes remarquables par leur profondeur ont été publié dans la revue Eléments.

     

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    "Les auteurs réunis dans ce livre sont très différents les uns des autres, mais ils sont reliés par une préoccupation commune: questionner l’homme dans ses rapports à la liberté. Certains sont nos quasi contemporains, d’autres ont vécu à des époques plus anciennes. Ils campent aux confins de divers domaines, la philosophie, la littérature, les sciences humaines. Ils sont à vrai dire inclassables, et c’est ce qui fait leur intérêt. Ils appartiennent à une même famille, celle des « voyants » : ceux qui voient alors que les autres ne voient pas, ou alors très indistinctement, au travers de toutes sortes de voiles. «  Voyants », ou encore témoins. Veilleurs, pourrait-on dire aussi, en référence au prophète Esaïe.
    Sans eux, l’Occident n’aurait peut-être jamais développé, et sauvegardé, cette vision de l’individu et de sa valeur intangible qui constitue l’originalité, la noblesse et la force de cette civilisation.
    Lecteur-interprète passionné, Eric Werner explique ici de manière concise et accessible la contribution de chacune de ces figures à notre vision du monde et de l’être humain."

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