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thibault mercier

  • Discriminer, la fin d'un tabou ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Thibault Mercier à Ego Non dans lequel il évoque la sacro-sainte lutte contre les discriminations

    Avocat et co-fondateur du Cercle Droit & Liberté, Thibault Mercier est l'auteur de Athéna à la borne - Discriminer ou disparaître ? (La Nouvelle Librairie, 2023).

     

                                            

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  • La dictature en marche !...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°206, février 2024 - mars 2024) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré aux "communs", on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Denys Arcand, Laurent Obertone, Ghislain Benhessa et Thibault Mercier, Gérard Chaliand, Sami Biasoni,  Brendan O’Neill...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non, de Slobodan Despot et de Julien Rochedy...

     

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    Au sommaire :

    Éditorial

    L’Oxydant. Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien

    Denys Arcand : « Quand une civilisation s’écroule, tout s’écroule ». Propos recueillis par Thomas Gerber

    Cartouches

    L’objet disparu : la Facel Vega. Par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance. Par Xavier Eman

    Cinéma : le film de cape et d’épée, invention française ! Par Nicolas Gauthier

    Curiosa Erotica : « Une certaine saleté inhérente à l’amour… » Par David L’Épée

    Champs de bataille : Turenne le destructeur. Par Laurent Schang

    Le filousophe (2e partie). Par Bruno Lafourcade

    Le droit à l’endroit : justice et politique, immunité ou impunité ? Par Aristide Leucate

    Économie Par Guillaume Travers

    Christopher Gérard, la littérature comme contrepoison. Le regard d’Olivier François

    Bestiaire : ouistitis identitaires, des primates pas primaires. Par Yves Christen

    Sciences. Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées

    Essayez la dictature et vous verrez » : Macron et l’anarcho-tyrannie. Par François Bousquet et Julien Lusinchi

    Laurent Obertone : « La dictature est proche ». Propos recueillis par François Bousquet

    Fermeture de comptes en banque : le casse du siècle contre les dissidents. Par Daoud Boughezala

    Ghislain Benhessa et Thibault Mercier : État d’urgence, banalisation de l’exception. Propos recueillis par Daoud Boughezala

    Les habits neufs de Jupiter : quand le roi est nul. Par Anthony Marinier

    Georges Habsbourg-Lorraine : comprendre la Hongrie de Viktor Orbán. Propos recueillis par Laurent Schang

    La maison des Habsbourg : le dernier visage de l’idée impériale ? Par Gérard Landry

    Gérard Chaliand, arpenteur des mondes. Propos recueillis par Hervé Juvin

    Althusius, l’anti-Jean Bodin : vers la souveraineté partagée. Par Alain de Benoist

    Les duellistes : messieurs les souverainistes, tirez les premiers ! Par Xavier Eman et Gabriel Piniés

    Sami Biasoni : comment fonctionne le blanchiment statistique ? Propos recueillis par Olivier François

    Les vérités cinglantes de Brendan O’Neill : un hérétique au Wokistan. Propos recueillis par Thomas Hennetier

    La décivilisation de l’image : de l’urgence d’un nouvel iconoclasme. Par Élie Collin

    L’Univers, mode d’emploi : comment le télescope James Webb remonte le temps. Par Christophe Belleval

    Quand Montparnasse était un phare : le Village Lumière dans la Ville Lumière. Par Olivier François

    Touchez pas à Alphonse Boudard ! L’argot était son patois. Par Thomas Hennetier

    Dossier

    Pourquoi les communs

    Les communs, nouveau paradigme identitaire : un manifeste. Par Guillaume Travers

    Le monde d’après la propriété : la terre n’appartient pas qu’aux vivants. Par Guillaume Travers

    À la découverte d’Elinor Ostrom, la théoricienne des « biens communs ». Par Guillaume Travers

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Reconquête : Homo Goretexus. Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : Edmund Burke. Par Ego Non

    L’esprit des lieux : Tolède-Madrid, Versailles-Chantiers del Sur. Par Christophe A. Maxime

    Rochedytorial : Être ou Êntre, telle est la question. Par Julien Rochedy

    Éphémérides

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  • Thibault Mercier : discriminer, c’est distinguer nous et les autres...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Thibault Mercier au site de la revue Éléments pour évoquer la réédition de son essai, dans une version augmentée, Athéna à la borne - Discriminer ou disparaître ( La Nouvelle Librairie/Institut Iliade, 2023).

     

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    Thibault Mercier : discriminer, c’est distinguer nous et les autres

    ÉLÉMENTS : Il y a bientôt cinq ans, vous publiiez Athéna à la borne, aujourd’hui réédité dans une version augmentée. Quel regard portez-vous sur l’évolution des libertés publiques depuis lors, particulièrement sur la séquence coronavirus ?

    THIBAULT MERCIER. Au-delà du sujet des libertés publiques, longuement abordé dans cet essai, j’ai écrit cet Athéna pour redorer le blason de la discrimination. Dans l’imaginaire collectif « la discrimination c’est mal », mais personne n’est bien capable de donner une définition précise du terme qui fait néanmoins office de repoussoir dans le débat public. Cette discrimination, maniée avec parcimonie, est pourtant un outil primordial de défense de notre culture (et des cultures en générale).

    Depuis 2019, le concept n’a malheureusement pas retrouvé ses lettres de noblesse et la lutte contre la discrimination permet d’ailleurs au Gouvernement de justifier la dissolution d’associations patriotes… Depuis la publication initiale de l’essai, je note tout de même – en feignant l’étonnement – que si la discrimination est toujours condamnée par nos « élites », ces dernières savent en faire très bon usage quand elle sert leurs intérêts. Les citoyens russes n’ont-ils pas fait l’objet de nombreuses mesures à leur encontre depuis le début de la guerre en Ukraine alors que la discrimination fondée sur la nationalité est prohibée ? Le Gouvernement n’a-t-il pas pratiqué une discrimination massive entre les citoyens vaccinés et non-vaccinés durant la crise Covid ? Covid et terrorisme, toutes ces « urgences » ont permis à l’État de favoriser la restriction de nos libertés comme réponse principale à tout problème politique qui se pose. Il suffit de voir les solutions évoquées pour lutter contre le réchauffement climatique ou assurer la sécurité à Paris pendant les Jeux olympiques 2024…

    ÉLÉMENTS : De la même manière, quelles conclusions tirez-vous de l’interdiction du colloque d’hommage à Dominique Venner le 21 mai dernier et de la multiplication des arrêtés préfectoraux visant d’autres événements politiques ?

    THIBAULT MERCIER. Des clandestins ont le droit de défiler dans Paris pour contester la loi immigration démocratiquement votée, mais des Français n’ont pas le droit de rendre hommage à Thomas tué à Crépol et des « historiens à lunettes » ne peuvent organiser un colloque d’hommage à un des leurs. Le Gouvernement pratique l’inverse de la préférence nationale… Malheureusement ces interdictions ne sont que la conséquence de l’affaire Dieudonné de janvier 2014, quand le Gouvernement s’est arrogé le droit d’interdire des spectacles de l’humoriste, car il risquait d’y être tenu des propos contraires à la loi. C’est à cette occasion que le Conseil d’État, ou plutôt le juge Bernard Stirn statuant seul, est revenu sur une jurisprudence vieille de 80 ans et a validé ces interdictions pour protéger un « ordre public immatériel » qui n’est que le faux-nez d’une nouvelle morale étatique, morale diversitaire et inclusive.

    Et désormais, les arrêtés préfectoraux sont par exemple justifiés par « le risque que des slogans ou des propos de nature à mettre en cause la cohésion nationale ou les principes consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et par la tradition républicaine soient exprimés ». On punit donc désormais le « pré-crime » (comme dans la nouvelle « Rapport minoritaire » de l’écrivain de science-fiction Philip K. Dick). Et avec des termes aussi larges (« propos de nature à remettre en cause »), on pourrait interdire quasiment toute manifestation d’opposants politiques.

    ÉLÉMENTS : Que vous inspire la notion de « libéralisme autoritaire » ? Face à sa dérive, pensez-vous qu’il possible de dissocier certains acquis de la philosophie libérale, en premier lieu la liberté d’expression ?

    THIBAULT MERCIER. On considère que le libéralisme est une doctrine politiquement neutre dont le principal but serait de défendre la liberté individuelle. Il me semble au contraire que le libéralisme est une sorte de religion, de monothéisme jaloux, porteur de son dogme intangible et qui ne supporte pas la critique ou la remise en question. Emmanuel Macron et son Gouvernement nous le prouvent régulièrement avec leur politique du « en même temps » qui permet de pratiquer des coupes claires aussi bien à droite qu’à gauche pour avoir les coudées franches au centre. (D’où l’erreur d’une partie de la droite – qui n’a pas vu qu’elle serait la prochaine sur la liste – ayant appelé à la dissolution de la NUPES après ses déclarations relatives aux événements du 7 octobre au Proche-Orient).

    Doit-on pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Alain de Benoist dans un édito d’Éléments de juillet 2010 a pu dire qu’aucune doctrine n’était intégralement fausse et qu’il fallait notamment retenir du libéralisme l’idée de liberté, associée à celle de responsabilité. Cela étant dit, son livre, Au-delà des droits de l’Homme, significativement intitulé « Pour défendre les libertés », montre clairement que le libéralisme est loin d’être la seule doctrine permettant la promotion des libertés. C’est aussi mon point de vue. La rhétorique et la disputatio, qui impliquent une liberté d’expression et d’opinion prononcée, ne nous viennent-elles pas des Anciens, à des époques où le libéralisme n’avait pas encore été inventé ?

    ÉLÉMENTS : Quel rôle accordez-vous à la féminisation accrue du corps judiciaire française dans la mise en place de ce « nouvel ordre totalitaire » de l’anti-discrimination (p. 33) ?

    THIBAULT MERCIER. Plus qu’une féminisation, c’est une tyrannie de la faiblesse – pour reprendre l’expression de Paul-François Paoli – qui s’est développée dans le corps judiciaire, et dans la société en général. On valorise désormais la compassion et l’émotion au détriment de la raison et de la force. Ayant récusé l’ordre naturel des choses, y compris ses aspects tragiques, ses limites, ses fatalités, nous vivons dans un monde rempli d’individus pleurnicheurs, infantiles, envieux et plaintifs qui agissent en justice pour chaque pseudo-humiliation ou blessure de l’ego. À l’opposé de ces « valeurs » contemporaines infantilisantes, c’est plutôt le goût de l’orgueil et de l’honneur que nous devrions retrouver pour vivre en société sans se sentir oppressé, discriminé ou victimisé au moindre désagrément de l’âme.

    ÉLÉMENTS : Alors que les élections européennes approchent, quelles propositions concrètes pourraient être défendues au niveau de l’UE pour œuvrer au droit à l’identité de nos peuples autochtones ?

    THIBAULT MERCIER. Je ne suis pas un spécialiste du droit de l’Union européenne. Quoi qu’il en soit je note que 2024 sera également le 50e anniversaire de l’adhésion de la France à la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales qui nous place sous la juridiction de la Cour européenne du même nom. Il serait utile de profiter de cette occasion pour faire le bilan critique de l’application en France d’un droit qui est devenu universaliste, rempli de moraline, et déconnecté de toutes considérations historiques et culturelles. Sans forcément sortir de la CEDH, il faut rappeler à ses juges qu’une nation doit pouvoir légitimement apporter des limites aux droits de l’homme, par exemple en pratiquant une préférence culturelle. Citons les exemples des maires de Florence et de Vérone en Italie qui ont décidé de prohiber les échoppes de kebab et les enseignes McDonald’s dans leur centre historique pour préserver la beauté architecturale et privilégier la cuisine italienne et les produits locaux. Comme ces maires, il est nécessaire de comprendre que la liberté, notamment économique, n’est pas absolue et qu’elle doit se voir opposer les limites, légitimes, des peuples qui défendent leur identité.

    Thibault Mercier, propos recueillis par Arnaud Varades (Site de la revue Éléments, 29 décembre 2023)

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  • Michel Villey, l'antimoderne ?...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Rémi Soulié, pour évoquer la figure du grand historien et philosophe du droit Michel Villey, reçoit Chantal Delsol, philosophe, professeur à l’Université de Marne-la-Vallée, et Thibault Mercier, avocat, fondateur du Cercle droit et liberté.

     

                           

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  • L'instauration d'un passe vaccinal annonce-t-elle un futur digne d'une dystopie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thibault Mercier, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la mise en place du passeport vaccinal. Avocat et président du Cercle Droit & Liberté., Thibault Mercier est déjà l'auteur de Athéna à la borne (Pierre-Guillaume de Roux, 2019).

     

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    Thibault Mercier: «L'instauration d'un passe vaccinal annonce-t-elle un futur digne d'une dystopie ?»

    Si les Anciens sont de bon conseil en politique comme nous le rappelle Michel De Jaeghere dans son remarquable Cabinet des antiques[1], c'est plutôt du côté de la littérature d'anticipation qu'il nous faut nous tourner ces jours-ci pour tenter de comprendre le nouveau monde qui se dessine sous nos yeux après que Jean Castex a annoncé vendredi dernier que « désormais seule la vaccination sera valable pour le passe ».

    Mettons de côté le fait que cette déclaration soit - s'en étonne-t-on encore ? - en contradiction avec les engagements passés du gouvernement et que l'emploi de l'indicatif dénote le peu de considération que porte le Premier ministre au processus démocratique, car plus graves encore seront les conséquences de cette mesure sur la société française, à rebours de ses principes les plus fondamentaux.

    Dans Demolition Man, film de science-fiction sorti en 1993, Sylvester Stallone se réveille, après 70 ans d'hibernation forcée, dans un monde aseptisé duquel a été éradiquée toute violence. La liberté individuelle y est réduite à la portion congrue, l'argent a été remplacé par des crédits virtuels et l'hygiène est une préoccupation de chaque instant : les gestes barrière s'appliquent avec rigueur, les embrassades et l'acte sexuel ont été mis hors-la-loi, car trop risqués (sauf avec un casque de réalité virtuelle…). Dans ce Meilleur des mondes au sein duquel le Bien est réduit au bien-être et le politique à la seule question des intérêts matériels individuels, les hommes libres ont été contraints à l'exil et vivent désormais sous terre pour avoir le droit de « faire du cholestérol et lire Playboy ».

    Bien que la France de 2021 ne ressemble évidemment en rien à cette dystopie, son auteur nous invite néanmoins à nous interroger sur le sort que nous réserverons, demain, aux non-vaccinés et, après-demain, à ceux qui refusent la médicalisation à outrance de leur vie. Seront-ils eux aussi frappés d'ostracisme dès janvier prochain ? Les laissera-t-on tomber dans la misère ? La question n'est pas qu'hypothétique alors que l'université d'Orléans soumettait la semaine dernière la distribution d'une aide alimentaire d'urgence à ses étudiants à la présentation d'un passe sanitaire valide…

    À l'instar du maire de Nice déclarant que lever l'obligation du passe sanitaire reviendrait à donner aux non-vaccinés le droit d'aller tuer leurs concitoyens, nous assistons depuis plusieurs semaines à des violences symboliques inouïes à leur encontre dont on ne mesure pas encore les effets désastreux qu'ils charrieront sur la concorde nationale. Et ce, alors même que les vaccins n'auraient que peu d'effet sur la transmission du virus et que seules certaines populations bien identifiées risquent de subir des complications en cas d'infection.

    Après la fin de la gratuité des tests en octobre et la réduction de leur durée de validité à 24h au début du mois, toutes deux validées hypocritement par le Conseil d'État refusant d'y voir une obligation vaccinale indirecte, la croisade contre le non-vacciné s'intensifie. Et ce dernier semble être devenu le bouc-émissaire de l'Exécutif, lui permettant de se défausser de l'échec de sa politique sanitaire.

    Sous la menace du variant Omicron, l'instauration d'un abonnement vaccinal devrait donc être débattue prochainement devant la représentation nationale. Ce sont ainsi non seulement la culture, nos visites familiales en dehors de notre région et nos vies sociales qui seront soumises à la vaccination, mais aussi peut-être le droit de travailler[2] ou encore l'accès à l'hôpital public. Oserait-on encore rappeler les principes d'inviolabilité du corps humain et de consentement libre et éclairé aux actes médicaux forgés avec douleur au sortir de la Seconde Guerre mondiale ?

    Si tant l'aveuglement du gouvernement dans une politique du tout vaccinal qui paraît bien en peine à endiguer l'épidémie (le vaccin étant, semble-t-il, partiellement inefficace contre le variant Omicron) que l'énième estocade portée contre nos libertés individuelles et collectives doivent être dénoncés, c'est aussi l'avènement de cette nouvelle société sanitaro-collectiviste qui peut inquiéter.

    Outre la sortie de notre superproduction hollywoodienne, l'année 1993 marque également la parution par Edouard Limonov de son « Grand hospice occidental » dans lequel il brosse le portrait acerbe de l'homo hospitius : malade chronique ayant renoncé volontairement à sa liberté pour se placer servilement sous la coupe de l'Administration. Ayant bien perçu que l'exercice brutal du pouvoir par le contrôle et la coercition décrit dans 1984 n'avait plus la faveur des Gouvernements occidentaux, l'écrivain et dissident russe y remarque que ces derniers lui préfèrent désormais une gouvernance soft, expurgée de toute violence apparente et au contrôle social plus diffus. Dans cet « hospice sagement géré », les « malades sous sédatifs » sont choyés par l'Administration, le plaisir n'est que satiété morne et monotone et la société s'apparente à une ferme où les animaux sont élevés en batterie à la lumière artificielle, à la seule différence que les humains ne sont pas envoyés à l'abattoir, mais la maison de retraite.

    Au-delà de l'outrance de la satire, ne sommes-nous pas en train de sombrer vers cette civilisation de Malades, au vu de notre acceptation docile des mesures les plus contradictoires et farfelues depuis plus de 18 mois imposées « pour notre bien et notre santé » ?

    Et Limonov de s'interroger « si une certaine dose de souffrance, de douleur et de lutte était la condition nécessaire du bonheur d'un être humain ? » Après bientôt deux ans à déléguer aux blouses blanches non seulement la gestion de la maladie, mais aussi celles de nos vies et de notre société, aborder sereinement ces enjeux dans le débat public semble plus que jamais nécessaire.

    Thibault Mercier (Figaro Vox, 20 décembre 2021)

     

    Notes :

    [1] Le Cabinet des antiques, Michel de Jaeghere, Les Belles Lettres, 2021.

    [2] Olivier Véran ayant confirmé samedi que la mise en place du passe était à l'étude pour l'accès au lieu de travail.

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  • Pass sanitaire: «La santé prime désormais sur l'ensemble des vertus traditionnelles de notre civilisation»

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thibault Mercier cueilli sur Figaro Vox et consacré à la décision prise par les autorités gouvernementales d'étendre considérablement l'usage du passeport vaccinal.

    Avocat, Thibault Mercier vient de publier, sous l'égide de l'Institut IliadeAthéna à la borne (Pierre-Guillaume de Roux, 2019).

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    Pass sanitaire: «La santé prime désormais sur l'ensemble des vertus traditionnelles de notre civilisation»

    Le 30 avril 2021, le Président Macron déclarait dans les colonnes du Progrès que le pass sanitaire ne serait «jamais un droit d'accès qui différencie les Français [et] ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas». Deux mois plus tard, brandissant la menace du variant indien (ou Delta pour reprendre le terme désormais imposé), c'est tout l'inverse que le chef de l'État vient de nous annoncer. Ce sont ainsi les théâtres, cinémas, restaurants, trains et tous les lieux de loisir dont l'entrée sera conditionnée à la présentation d'un laissez-passer sanitaire.

    Au-delà de cet énième retournement de veste, il faut déjà pointer du doigt cette pratique inédite du pouvoir qui s'impose à nous depuis le début de la crise et qui veut que le président annonce de nouvelles restrictions sans qu'elles n'aient encore passé le filtre du Parlement ou été soumises au débat démocratique. L'exécutif a-t-il oublié que l'état d'urgence sanitaire a pris fin au 30 juin 2021 ?

    S'agissant de l'extension massive du pass sanitaire annoncé cette semaine, il semblerait que le droit et les libertés n'aient plus grande valeur aux yeux de nos gouvernants. L'exécutif ne peut en effet ignorer que de nombreux juristes renommés ont démontré que ce mécanisme était illégal au vu de la disproportion des atteintes qu'il porte à nombre de nos libertés fondamentales (liberté de commerce, liberté d'aller et venir, droit au respect de la vie privée, etc). Ces considérations semblent pourtant avoir été balayées d'un revers de la main et nous assistons ainsi impuissants à la prise de pouvoir des experts et des technocrates à laquelle le gouvernement a délégué une partie de ses responsabilités.

    Au-delà des atteintes graves à nos libertés, c'est également la logique même de cet outil qu'il est nécessaire de dénoncer tant ses conséquences seront délétères pour nos libertés et notre civilisation. Quel monde résultera de la généralisation d'un tel outil de contrôle ? Notons que jamais dans l'histoire du monde un gouvernement n'a pu imposer de telles restrictions à la liberté de ses citoyens aussi facilement. La technologie de l'Ancien Régime n'aurait ainsi jamais permis à Louis XIV de contrôler aussi aisément ses sujets (et l'aurait-il voulu ?).

    Indifférent à la question, le gouvernement nous indique ainsi naïvement (ou cyniquement ?) que la philosophie de cet outil est de retrouver la liberté. Il nous offrirait donc la clé nous permettant de nous délier de nos chaînes. C'est pourtant oublier un peu rapidement que c'est bien cet exécutif qui a posé ces barrières et que le pass sanitaire nous en imposera d'un autre type : celles d'une société de la vigilance généralisée traçant des milliers de petites frontières internes sur notre territoire et permettant le pistage de l'ensemble des citoyens.

    Ernst Jünger dans son Traité du rebelle nous mettait en garde contre cette société de la surveillance qui menait l'individu à devenir policier de lui-même, ce pass sanitaire ira encore plus loin puisqu'il nous annonce une société où chacun se fera le policier de l'autre. Les restaurateurs et autres établissements qui ne contrôleront pas le laisser passer de leurs usagers risqueront ainsi jusqu'à 45.000 euros d'amende selon l'avant-projet de loi prévu par le gouvernement. A-t-on bien pris la mesure des conséquences sur la cohésion sociale de la Nation ?

    La philosophie cachée de ce laissez-passer sanitaire implique par ailleurs qu'il faudra désormais éradiquer du citoyen tout ce qu'il y a de potentiellement dangereux en lui avant de lui permettre de vivre en société. Un citoyen libre ne peut-il être qu'une personne qui apporte la preuve de sa bonne santé ? Aujourd'hui il s'agit de produire une preuve de non-contamination au Sars Cov2. S'agira-t-il demain de présenter un extrait de casier vierge avant de rentrer dans un stade de foot ? Contrôlera-t-on la température des clients à l'entrée des cinémas : une rage de dents vous interdisant alors d'aller voir le prochain blockbuster hollywoodien ?

    Les thuriféraires du pass sanitaire dénoncent l'égoïsme et l'individualisme des réfractaires à cet outil qui permettrait de sauver la collectivité. Persuadé de son bon droit, le gouvernement prévoit d'ailleurs la bagatelle de 6 mois d'emprisonnement et 10 000 euros d'amende en cas de non-respect de détention de ce laissez-passer.

    Il est pourtant faux de penser que la restriction des libertés individuelles permettra de préserver les libertés collectives : c'est en fait l'ensemble de nos libertés qui sont mises en péril par cette usine à gaz numérico-bureaucratique.

    Car au-delà de cette opposition factice, ce pass sanitaire participe en fait d'une vision du monde «sanitairement correct» faisant primer la santé au-dessus de l'ensemble des libertés et vertus traditionnelles de notre civilisation (le courage notamment). Grâce à ce pass numérique, le gouvernement entre donc de plain-pied dans la stratégie du «Zero Covid» et voudrait, par une volonté quasi démiurgique, réussir à se débarrasser de tout ce qui pourrait causer notre mort. Cet hygiénisme poussé à outrance fait ainsi de notre société contemporaine, comme l'a montré le philosophe Jean-Claude Michéa, la première dans l'histoire qui ait entrepris de faire de la conservation de soi le premier (voire l'unique) souci de l'individu, idéal devenant alors la pierre d'angle de la nouvelle société qu'il formera avec ses semblables (L'Empire du moindre mal, 2007). On ne peut pourtant que s'interroger sur cette société du risque zéro qui pourrait bien anéantir à plus long terme l'ensemble de nos capacités de résilience en tant que Nation.

    C'est donc bien une question philosophique que pose l'extension du pass sanitaire par le gouvernement qui, loin de la liberté promise, nous impose finalement un véritable pacte faustien.

    Thibault Mercier (Figaro Vox, 15 juillet 2021)

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