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soft power

  • La France est-elle devenue une extension des Etats-Unis ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique de Xavier Eman dans l'émission Ligne Droite sur Radio Courtoisie, datée du 8 novembre 2024, dans laquelle il évoque l'américanisation croissante de notre pays...

    Rédacteur en chef de la revue Livr'arbitres et rédacteur en chef adjoint de la revue Éléments, Xavier Eman est l'auteur de deux recueils de chroniques intitulés Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016 et la Nouvelle Librairie, 2019), d'un polar, Terminus pour le Hussard (Auda Isarn, 2019) et, dernièrement, d'Hécatombe - Pensées éparses pour un monde en miettes (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

     

                                            

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  • Le soft power, une arme de destruction massive...

    Le nouveau numéro de la revue Réfléchir & agir (n°78 - Été 2023) est paru. Le dossier est consacré au soft power...

    La revue n'est plus disponible que par abonnement.

     

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    Au sommaire :

    En bref

    Antipasti

    Leiji Matsumoto présent !, par Fabrice Seldon

    Scènes et rustines du nationalisme

    DOSSIER 

    Le soft power, une arme de destruction massive

    Le concept de soft power, par Klaas Malan
    Les dimensions visibles du soft power, par Klaas Malan
    La culture, du soft power au smart power, par Pierre Gillieth
    Les grandes puissances et le soft power, par Scipion de Salm

    Le soft power low cost des puissances moyennes, par Scipion de Salm

    Les outils non-étatiques, par Klaas Malan

    L'UE face au soft power américain, par Klaas Malan

    Grand entretien

    Adolf

    Aventure

    Un aventurier oublié, le marquis de Morès, par Sylvain Roussillon

    Fascisme

    Graffiti de l'Epuration, par Pierre-Denis Boudriot

    Ces lieux où souffle l'esprit

    A la claire fontaine d'Apollon, par Pierre Gillieth

    Notes de lecture

    Les crimes du mois

    Jeux

    Le jeux à travers les âges, par Pierre Gillieth

    Disques

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  • Wakanda...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue publié sur le site Idiocratie et consacré à Black Panther - Wakanda forever la dernière production en date des studios Marvel, instruments du soft power américain...

     

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    Wakanda

    Le ridicule ne tue pas, sauf entre les mains des Etats. Là, il devient assurément une arme létale, d’autant plus mortelle qu’elle se confond avec un instrument de divertissement, partagé par la planète entière. En 1990, le politologue Joseph Samuel Nye théorise le concept de softpower et le définit comme la capacité d’un Etat à obtenir ce qu’il souhaite d’un autre Etat, ou à faire en sorte que cet autre Etat veuille la même chose que lui sans le contraindre. A la différence de la propagande, qui ne s’embarrasse pas de subtilité et qui est le fait d’un gouvernement, le softpower prend les formes les plus diverses et est construit par de multiples acteurs, étatiques ou non. A l’ère de l’information de masse, le cinéma est un instrument privilégié du softpower et la franchise de films MCU – pour Marvel Cinematic Universe – produite par les studios Marvel, propriété de Walt Disney, constitue sans nul doute le navire amiral de la flotte de guerre culturelle hollywoodienne. En un peu plus de vingt ans et plus de trente films, la franchise Marvel a rapporté plus de trente milliards de dollars et rendu la planète accro aux super-humains bodybuildés en collants. Après avoir essoré les superstars comme Spiderman ou Iron Man, les studios Marvel doivent désormais aller piocher parmi les seconds couteaux, tout en s’efforçant d’être dans l’air du temps. Depuis quelques années déjà, la mode est à la cancel culture et le fond de l’air est woke. La Panthère noire (« Black Panther » en version originale), super-héros créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Jack Kirby et apparu pour la première fois dans le 52e opus des aventures des Fantastic Four en juillet 1966, était donc le candidat parfait pour incarner le nouveau super-symbole conscientisé de l’ère Trump. 

    Le softpower américain est un instrument économique, géopolitique et idéologique, soigneusement calibré pour répondre aux attentes du public américain. En 1954, quand le magazine de comics Jungle Tales présente le héros « Waku, le prince Bantu », son éditeur, Atlas Comics (nom utilisé par Marvel Comics à l'époque), suit avec précision l’actualité du moment et le combat pour les droits civiques. En 1966, l’héritier de Waku, rebaptisé « Black Panther », s’adresse directement aux lecteurs noirs américains en mettant en scène ce super-héros qui règne sur le Wakanda, royaume imaginaire situé en Afrique, très avancé technologiquement, seul endroit au monde possédant des mines de vibranium, métal extrêmement rare aux propriétés fantastiques. Dans les années 1960, cette Panthère Noire rencontre un tel succès auprès du lectorat afro-américain qu’elle aurait même inspiré le nom du Black Panther Party, créé en octobre 1966. Cinquante ans plus tard, la Panthère noire a donc logiquement repris du service pour coller à une autre actualité, celle de #metoo et Black lives Matter. Et le pari de Marvel a été payant. Le film Black Panther, sorti en 2018, a été un succès planétaire. Il a coûté 200 millions de dollars et en a rapporté 1,3 milliard et son protagoniste principal est devenu une icône pop culture du nouveau combat pour les droits civiques dans le climat de tensions ethniques et de violences qui a marqué le mandat de Donald Trump.

    En 2022, Marvel tente de rééditer l’excellente opération commerciale du premier film. Malheureusement, l’acteur principal, Chadewick Boseman, interprète du roi T’Challa, souverain du Wakanda, alias The Black Panther, est tragiquement décédé en août 2020 d’un cancer du côlon. Qu’à cela ne tienne, le nouvel opus de Black Panther sera non seulement un film de super-héros afro-américains mais également dominé par les femmes. Et les nouveaux ennemis du Wakanda sont les anciennes puissances coloniales qui tentent de lui voler son vibranium. Nous ne gâcherons pas la surprise des quelques lecteurs qui n’auraient pas encore vu Black Panther : Wakanda Forever (c’est le titre) en révélant que l’on apprend dès le début du film le nom de cette odieuse nation sans foi ni loi : la France. La toute première scène du film montre les forces spéciales françaises qui tentent de s’attaquer à une base avancée du Wakanda… au Mali. Confrontés aux fières guerrières wakandaises, les soldats de l’ancienne puissance coloniale sont facilement vaincus et capturés et amenés pieds et poings liés face à l’assemblée des Nations-Unies devant laquelle ils sont forcés de se mettre à genoux. 

    Avec beaucoup de cynisme et fort peu de nuance, les studios Marvel s’efforcent de séduire un public soucieux de saupoudrer la bûche de Noël hollywoodienne d’une pincée de conscientisation ethno-différentialiste et soi-disant anticoloniale. L’industrie du cinéma a la mémoire courte évidemment et on se souviendra qu’il y a vingt ans, en 2003, c’est un autre héros de comics, Captain America, qui traitait les Français de lâches, pour avoir eu l’audace de refuser de soutenir l’intervention de l’Oncle Sam en Irak. Bien sûr, en refourguant aussi grossièrement leur clinquante camelote, les studios Marvel insultent la mémoire des 58 soldats français, tués au cours des opérations Serval et Barkhane au Mali, dont le sacrifice a permis d’éviter la contagion islamiste dans toute l’Afrique de l’ouest et au Mali de conserver son intégrité territoriale, mais Marvel estime peut-être que la présence des mercenaires de Wagner est préférable à celle des soldats français au Mali…Le softpower des studios Marvel n’est, certes, pas directement responsable de la mort de 58 soldats français au Mali mais pour des raisons bassement mercantiles, dissimulées derrière le politiquement correct le plus lourdaud qui soit, il insulte la mémoire de ceux qui sont morts entre autre pour que les films de merde de la Marvel puissent être projetés dans les salles de cinéma de Tombouctou, tant que les islamistes d’AQMI n’ont pas encore mis la main dessus. Souhaitons aux maliens de trouver leur bonheur avec les miliciens de Wagner maintenant que l’odieuse ex-puissance coloniale a plié bagage.

    Des idiots (Idiocratie, 21 janvier 2023)

     

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  • Entre séduction et manipulations, le soft power américain...

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    La revue Conflits, dirigée par Pascal Gauchon, vient de sortir en kiosque son septième numéro hors-série consacré au soft power américain. A lire !

    Au sommaire

    Éditorial : Méfiez-vous des rêves, par Pascal Gauchon

    Entretien avec Régis Debray : comment nous sommes devenus “gallo-ricains”

    Le pouvoir feutré par Gérard Chaliand

    Le soft power, un concept taillé pour les États-unis par Frédéric Munier

    La puissance du rêve et du marketing

    Pourquoi sont-ils si bons par Pascal Gauchon

    Le rêve américain : la quête du bonheur par Lauric Henneton

    Art. Ce que le monde doit aux États-unis par Jean Baptiste Noé

    Moderne et intemporel : la force du design américain par Jean Baptiste Noé

    Ces objets ont-ils un âme par Julien Damon et Jean Baptiste Noé

    Un soft power en séries par Didier Giorgini

    Le cinéma : le dernier pré carré de l’hyperpuissance par Didier Giorgini

    Séduction et manipulation par François-Bernard Huyghe

    Internet, une colonie sous administration américaine par Olivier de Maison Rouge

    États-unis, ils ont confiance en dieu par Jean Baptiste Noé

    Trouver des relais, par John Mackenzie

    Des élites conformes par François-Bernard Huyghe

    Quand le soft power rafle la mise

    Les très riches effets du soft power par Pascal Gauchon

    Le soft power économique américain par Christian Harbulot

    Fixer les règles du monde…par Frédéric Munier

    Brain drain et attractivité par Julien Damon

    De l’impérialisme au puritanisme par Xavier Raufer

    Les révolution de couleur par François-Bernard Huyghe

    Les Serbes peuvent-ils aimer l’OTAN par Andrej Fajgelj

    Georges Soros. On ne prête qu’aux riches par Mériadec Raffray

    Quand Washington voulait “détruire” De Gaulle par Éric Branca

    Jusqu’où la France est-elle devenue américaine ? par Christophe Réveillard

    Pouvoir doux ou pouvoir faible

    Les nouvelles fragilités du soft power américain par Olivier Zajec

    Le soft power en dehors de sa patrie par Frédéric Munier

    L’antiaméricanisme, revers du soft power ? par Florian Louis

    La fin de l’hypocrisie par Pascal Gauchon

    Le soft power parle américain par François-Bernard Huyghe

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  • Trump : la fin du soft power U.S. ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son blog Huyghe.fr et consacré à la fin de la suprématie des Etats-Unis dans le domaine du soft power. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information et directeur de recherches à l'IRIS, François Bernard Huyghe a publié récemment La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et, dernièrement, Daech : l'arme de la communication dévoilée (VA Press, 2017).

     

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    Trump : la fin du soft power U.S. ?

    Trump peut-il détruire le soft power américain ? Dans tous les cas, il suffit d’ouvrir un journal ou une télévision n’importe où dans le monde pour être au courant de sa provocation quotidienne, des manifestations ou des déclarations qui se déchaînent contre lui, des indignations qu’il suscite. Nixon au moment des bombardements du Vietnam ne provoquait pas plus de rejet, ou, pour employer un mot à la mode, n’était pas plus clivant. Et le contraste entre les mois Trump et les années Obama, dont le passage en France vient de montrer l’incroyable popularité hors frontières souligne le contraste.

    Bien entendu, que l’image d’un homme ou d’une politique repousse n’implique pas que l’on parle moins anglais à travers le monde, que l’on porte moins de Nike ou que l’on programme moins de blockbusters, ni même que nos mœurs politiques ou autres s’américanisent moins en profondeur comme le montre Régis Debray dans Civilisation. Mais, si l’on considère que le soft power comprend un volet d’attraction spontanée, celle d’un mode de vie, d’une culture, des goûts des populations(au sens du mainstream, de ce qui plaît à tout le monde, sur toute la planète) mais aussi une part de stratégie délibérée de séduction, de réseaux et de persuasion, le second volet fait singulièrement défaut.

    Au-delà du caractère d’un homme ou de l’image d’une politique, l’influence ne se réduit pas au fait d’être gentil ou de bien communiquer.
    Comme on le sait, le terme « soft power » a été « inventé », ou au moins popularisé, par Jospeh Nye dans un livre de 1990, Bound to Lead.

    L'émergence de ce concept-valise dans cette période s'inscrivait dans un contexte de soulagement (disparition de l’ennemi) et d'optimisme (la mondialisation heureuse). Il fait la synthèse d'une pluralité d'éléments :

    - l'assimilation des industries culturelles américaines à un modèle universel : l'irrésistible attirance du contenu "mainstream" prolonge la prédominance politique et économique de l'hyperpuissance

    - l'exemplarité du mode de vie US, que l'on cherche à imiter partout sur la planète, l'admiration pour une société ouverte et prospère

    - plus largement encore, la notion qu'une sorte de sens de l'histoire qui menait l'humanité à adopter un même modèle politique, économique et culturel, favorisé par la fin de la grande confrontation Est Ouest et par l'émergence des nouvelles technologies

    - le triomphe des valeurs occidentales confirmé par leur victoire contre le communisme

    - et la stratégie qui semblait en découler : chercher le plus possible à obtenir le consensus, l'alliance et le soutien de autres nations. Bref, ne pas se montrer autoritaire pour rester séduisant.

    Le tout repose sur deux éléments : l'absence de réelle compétition face à un modèle présumé triomphant, et la fin inéluctable de l'hostilité. Contrairement à la vision volontariste et agressive de la diplomatie publique antérieure (la lutte idéologique contre le communisme menée depuis les années 60 sous l’étiquette « diplomatie publique »), il ne s’agissait plus de gagner une compétition entre deux visions du monde ou de déstabiliser l'autre, mais d'assurer paisiblement une transition heureuse sur fond de pax americana. De ne pas contrarier un mouvement auquel tendent les lois de l'économie et de la technique (via la révolution de l'information ). Et d'attirer encore davantage vers ce que tous tendent naturellement à admirer.

    Le 11 septembre bouleversa tout. Autant que la révélation de sa fragilité, l'Amérique fut frappée par le retour du tragique et du conflit. La figure de l'Ennemi revient et avec elle le principe de compétition idéologique. Dans un réflexe presque pavlovien, l'une de premières réactions de l'administration Bush fut de recréer un sous secrétariat d'État à la Diplomatie Publique. Ses missions : répondre à l'angoissante question "Mais pourquoi nous haïssent-ils ?", rétablir l'image de l'Amérique en lançant de nouveaux médias arabophones cette fois (et, modernité oblige quelques sites Internet), mener une politique de séduction envers le monde arabe en séparant ceux avec qui l'Amérique a "des valeurs communes" de "ceux qui haïssent notre liberté et notre mode de vie". Plus tard, on s’essaiera au contre-discours et à la déradicalisation comme réponse psychologique à un problème géopolitique. On commencera aussi à pratiquer quelques interventions pour soutenir des mouvements politiques de type révolutions de couleurs qui devaient liquider les derniers autocrates de la planète, avec de l’argent, des médias et une formation à l’activisme non violent.

     Les schémas de guerre froide trouvent une nouvelle jeunesse dans une perspective de guerre au terrorisme (que l'administration Obama rebaptisera pudiquement "combat contre l'extrémisme violent"). Avec la même notion sous-jacente d'un malentendu : si les gens nous connaissaient vraiment, ils nous aimeraient. L'anti-américanisme est évoqué en termes de "misperception", comme si tout était affaire de mauvaise compréhension. Une bonne communication « basée sur les faits », qu’elle passe par des chaînes internationales ou par les réseaux sociaux (où va se déployer une diplomatie numérique) doivent y porter remède.

    Durant les années Obama, l’image du personnage - celle qui lui permet, par exemple, d’avoir été le président américain qui a fait le plus de guerres et le plus longtemps pendant ses mandats tout en ayant la réputation d’être l’archange de la paix - occulte bien des choses.

    D’abord la multiplicité des acteurs qui s’essaient au jeu du soft power. Les autres grandes Nations qui adoptent des stratégies d'image (on parle désormais de "Nation branding") et de communication. La prolifération des chaînes internationales d'information (y compris qatarie, saoudienne, vénézuelienne, russe...) en est un bon symptôme. La Chine, la Russie adoptent les mêmes méthodes : développement de médias internationaux, réseaux d’influence, protections de leur espace Internet et intervention sur celui des autres.

    Mais les États ne sont pas seuls à jouer le nouveau jeu : les lobbies internationaux, les mouvements d'idées, les ONG, les groupes activistes transnationaux, etc. sont aussi entrés en lice avec des moyens de dénonciation, d'inspiration, de mobilisation jusque là inconnus. Ils sont désormais à même d'imposer leur thématique, leurs débats, leurs exigences à des États courant souvent derrière l'évolution de l'opinion pour reprendre le contrôle de leur agenda et l'initiative politique. Même les mouvements terroristes (après tout le terrorisme, "propagande par le fait" est aussi un moyen d'influence) fonctionnent avec des moyens d'expression nouveaux que ce soit sur le Net ou à travers des médias classiques (voir le Hezbollah se dotant d'une chaîne de télévision par satellite).

    - Les réseaux numériques perturbent la donne. En interne, ils affaiblissent le contrôle des États : la critique venue de l'extérieur ou de l'intérieur, l’appel à la résistance et à l’action se développent avec le Web 1.0 puis 2.0. Tandis que dans le camp des démocraties, le discours officiel est contredit par le journalisme citoyen, la fuite ou le "whistle blowing" (de la circulation des images de sévices à Abou Graibh aux révélations à très grande échelle de Wikileaks). La tendance lourde d'Internet s'est exaspérée (une capacité de communiquer avec la planète entière à la portée de chacun, pourvu qu'il parvienne à mobiliser les réseaux de l'indexation, de la citation, de la recommandation etc, qui permettront à son message d'émerger et d'attirer l'attention de l'opinion en situation de surinformation). Du coup, ce qui enchantait l’Occident au moment du printemps arabe - l’État ne peut contrôler l’expression, les réseaux se jouent des frontières, l’information est produite par tout un chacun, émetteur et prescripteur à la fois - change de signe au moment de l’Ukraine et surtout de l’année de l’élection présidentielle US. C’est désormais la subversion 2.0 que l’on craint.

    Avec la propagande djihadiste, les États-Unis ont découvert la résistance de croyances « archaïques » face aux effets sophistiqués des machines à produire du consensus global. En clair le fondamentalisme islamique se renforce du spectacle de nos démocraties et de nos modes de vie. Et, surprise, voilà que se développent des courants populistes, des idéologies « illibérales », assumées à l’est de l’Europe, et que la Russie recommence à exercer attraction et influence hors de ses frontières.

    Le phénomène arroseur arrosé culmine en 2016 et 2017 quand l’appareil d’État américain se met à dénoncer la désinformation et les manipulations que subiraient les U.S.A. L’ingérence venue du froid est devenue une machine à expliquer la conduite des peuples qui votent mal (Brexit, Trump, Catalogne)... Moscou utiliserait conjointement les réseaux humains (sa cinquième colonne) et les réseaux virtuels pour répandre théories conspirationnistes et fake news. Pire, les Russes attaquent sur tous les fronts (cela s’appelle la guerre hybride) : interventions militaires et soutiens à des gouvernements ou mouvements armés, propagande par des médias internationaux (Russia Today et Radio Spoutnik), trolls et pirates en ligne, intrusions dans les ordinateurs du Parti démocrate ou de Macron pour faire fuiter des informations compromettantes, alimentation des réseaux de fausses nouvelles...

    Que Trump se fiche du soft power, c’est une évidence. Il s’adresse bizarrement à son électorat, à des gens qui hurlent de joie chaque fois qu’il choque les médias et les élites, des gens qui l’ont, après tout, élu sur un programme isolationniste. Mais derrière Trump cause, il y a Trump symptôme. Celui d’une Amérique qui avait déjà perdu le monopole des moyens et de l’ambition de séduire la planète. Idéologiquement, en tout cas.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 6 décembre 2017)

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  • Tour d'horizon... (87)

    bernard lugan, algérie, 1945, sétif, laurent obertone, soft power, dressage

    Au sommaire cette semaine :

    - sur Communication & Influence, Laurent Obertone, en réponse aux questions de Bruno Racouchot, décortique la "machine à dresser les peuples".

     Big Brother et le dressage des peuples via le soft power

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    - A l'occasion d'une visite de repentance en Algérie du Secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants, Bernard Lugan revient sur son blog sur les violences qui se sont déroulés à Sétif le 8 mai 1945 et sur la répression qui s'en est suivie...

    Sétif (mai 1945): encore une provocation socialiste

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