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  • Le prochain et le lointain...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gilles Carasso, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la question de la "solidarité" internationale...

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    Le prochain et le lointain. Sur la solidarité internationale

    La solidarité internationale est un phénomène nouveau qui est apparu d’abord comme une composante de l’opinion publique, autrement dit comme un thème des médias. Ses prémices au XIXe siècle, à l’occasion des insurrections polonaises et de la guerre d’indépendance grecque, sont contemporaines du développement de la presse, du télégraphe et du chemin de fer qui permet de faire « Le Tour du monde en 80 jours ». Mais c’est dans la seconde moitié du XXe siècle qu’elle a pris la place que nous lui connaissons dans le discours politique et qu’elle est devenue, avec les agences de développement et les ONG, un véritable secteur d’activité.

    Elle s’est installée dans le champ politique comme une voix de la conscience humanisant les monstres froids que sont les États, au point que certains politiques en ont fait une des motivations de leur action internationale. C’est particulièrement le cas aujourd’hui avec l’Ukraine et avec la Palestine, mais cela a été aussi vrai de l’internationalisme soviétique comme de de l’aide publique au développement (APD) déployée dans les pays du sud à partir de 19491 avec l’objectif d’y prévenir des révolutions communistes. Dans tous les cas, il est aisé de repérer des motivations moins altruistes, mais la solidarité internationale est devenue un thème obligé. Au point que le parlement français a voté à l’unanimité en 2021 la loi de programmation de l’aide au développement. A l’unanimité signifie avec les voix du RN, parti dont le fondateur avait écrit dans le programme de sa première campagne présidentielle un demi-siècle plus tôt: « La coopération sera supprimée ».

    De l’opinion publique, on est passé à la société civile et aux organisations dites non gouvernementales. A de rares exceptions près (en France Médecins sans Frontières), elles sont financées majoritairement par les pouvoirs publics, qu’il s’agisse des organismes internationaux, des États ou des collectivités locales. Pour les agences internationales et pour les États, les ONG sont devenues des opérateurs dont les coûts sont inférieurs à la mise en œuvre des programmes d’aide par des coopérants bénéficiant du statut d’agents publics. Dans les pays du sud, se sont constituées des ONG locales qui agissent, selon l’expression forgée par J-P Olivier de Sardan, comme des « courtiers en développement ». Un des domaines d’action des ONG, la promotion de la démocratie ou « bonne gouvernance », est devenu un canal d’influence des démocraties occidentales.

    Ces financements ont entraîné une professionnalisation du secteur, avec du personnel permanent, des frais de structure et donc la nécessité de rechercher de nouveaux financements. Un véritable lobby de la solidarité internationale a ainsi obtenu de divers gouvernements français non seulement l’engagement d’augmenter le budget de l’aide Publique au Développement à 0,7% du PIB2 mais aussi d’en attribuer un certain pourcentage aux ONG.

    Laïcisation de la charité

    Toujours dans la seconde moitié du XXe siècle, les collectivités locales ont découvert la solidarité internationale, d’abord sous la forme des jumelages. Ce fut l’occasion de sympathiques voyages qui ne manquèrent pas de dégénérer en avantages en nature des élus, dont le Canard Enchaîné a longtemps tenu la chronique. Aujourd’hui, l’action internationale des collectivités locales se divise essentiellement en deux branches, l’économie (recherche de marchés pour les entreprises locales et d’investisseurs) et le financement d’ONG souvent liées aux diasporas locales.

    La solidarité est une laïcisation de la charité, correspondant à la substitution, à partir du XIXe siècle, de la religion de l’humanité à la religion chrétienne. Mais l’ajout de la dimension internationale n’est pas un simple élargissement, il entraîne un changement de nature. La charité prônée par toutes les religions est un devoir envers son prochain, c’est-à-dire son voisin. Son déclencheur est une perception de la souffrance, une sympathie. Dans le cas de la solidarité internationale, cette perception est médiée. C’est par l’écran de télévision, ou désormais de téléphone, que nous arrive l’image ou le témoignage de la souffrance.

    Cette médiation a plusieurs implications. La première est que la solidarité est devenue un instrument de politique internationale piloté par les médias et ceux qui les contrôlent. Ils choisissent parmi toutes les misères du monde celles qu’ils vont montrer aux téléspectateurs.  A cet égard, les nouveaux médias d’internet ne constituent pas un changement fondamental. Le choix des images revient de plus en plus à des algorithmes, mais ceux-ci ne sont ni neutres ou innocents. Au pouvoir de sélectionner les images s’ajoute celui de les cadrer, c’est-à-dire de les constituer en récit. Les exemples abondent de scènes qui, photographiées en gros plan ou en plan large racontent une toute autre histoire. A l’extrême, il y a le faux récit des images poignantes d’enfants atteints de maladies génétiques censées illustrer une famine à Gaza. Et bien sûr, ces pouvoirs s’exercent également en négatif en choisissant de ne pas montrer des images de drames qui, dès lors n’existent pas dans la conscience publique des pays riches. La solidarité internationale est toujours fabriquée.

    Une misère virtualisée

    La médiation technologique de la souffrance et du sentiment de solidarité a une autre conséquence : l’abolition de la charité. Quiconque a un peu parcouru le monde pauvre hors des mégalopoles sait qu’on y a le souci du prochain, connu ou inconnu. La souffrance du pauvre y est vue comme un phénomène de nature qu’il est normal de côtoyer et qui vous crée une obligation. En Europe, le mendiant était autrefois un personnage normal du parvis de l’église. Aujourd’hui, la place de la misère est sur l’écran de télévision ou d’ordinateur qui nous en livre une forte dose quotidienne. Ce flot de souffrances médiatisées par les écrans entraîne une forme de mithridatisation. Le SDF dans le métro ou couché sous une porte cochère des beaux quartiers n’est pas un objet de sympathie mais de scandale. On passe son chemin en se dispensant de croiser son regard et l’on attend de l’État qu’il le fasse faire disparaître du paysage, comme il l’a fait, sous les louanges, à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris. Cette priorité donnée au lointain sur le voisin comme objet de sympathie est un trait de l’enfermement anomique dans leurs écrans des sociétés développées.

    Si Jean-Marie le Pen s’est acquis le privilège d’incarner le diable sur la scène politique française, ce n’est pas seulement à cause de ses provocations négationnistes, c’est aussi parce qu’il a eu cette phrase dont la gauche a fait une sorte d’anti-totem : « Je préfère mes filles à mes nièces et mes nièces à mes voisines ». Cette formule, qui est censée résumer l’esprit d’exclusion de la droite, énonce en fait une évidence que peu d’entre nous, de gauche comme de droite, renieraient dans leur particulier. Si elle a pu être érigée en repoussoir, c’est parce que, comme la reproduction sexuée par accouplement d’un homme et d’une femme, elle sent trop l’organique3. Gilles Deleuze qui louait « le corps sans organes » avait fait de la capacité à regarder d’un point de vue lointain l’un des marqueurs de la gauche.

    Ce qui s’oppose à l’organique, on le voit chaque jour d’avantage, c’est le technologique, c’est-à-dire la numérisation, c’est-à-dire la déréalisation. C’est vrai du regard qui ne se pose plus sur le monde mais sur l’écran, c’est vrai aussi de l’abolition de la distance par le transport aérien perfectionné par l’électronique. La solidarité internationale est née non seulement de la télévision mais aussi de l’aviation. Pas d’envoyés spéciaux, pas d’humanitaires, pas d’experts en développement sans avions4. Il revient à la médiologie, ce nouveau département du savoir, de décrire le « petit remplacement », comme dirait Renaud Camus, du voyage, lente expérience de la distance, des frontières, apprentissage douloureux de l’altérité, par « le  voyage » , expédition quasi-instantanée d’un colis humain dûment contrôlé, d’un aéroport à un autre aéroport identique, suivie d’un séjour dans un hôtel aux normes occidentales. Le vrai voyage, les œuvres des authentiques voyageurs comme Nicolas Bouvier en témoignent, est une prise de risque qui seule permet d’écarter les voiles de nos préjugés pour parvenir à une forme de sympathie, à un début de compréhension des indigènes.

    La bonne conscience mise au service du « soft-power »

    La solidarité internationale est un mot d’ordre purement occidental. Elle n’est pas une relation, sinon celle que décrit le proverbe africain : « la main qui reçoit est toujours en-dessous de celle qui donne ». Cela est si évident qu’on a récemment vu diverses tentatives de donner de l’aide au développement une formulation moins inégalitaire en la couplant à l’exigence écologique : développement durable, co-développement, Biens publics mondiaux, etc. Elle est pourtant considérée comme un marqueur de démocratie, entendue sans doute comme bénévolence. Les seuls pays qui ont atteint ou dépassé l’objectif des 0,7% d’APD sont les pays scandinaves et l’Allemagne, soit ceux qui semblent le mieux incarner l’idéal démocratique occidental.

    Soulagement facile du remords de l’homme blanc, instrument de « soft power » des États, alibi des paresseux du ciboulot qui prétendent résoudre le problème migratoire en augmentant l’APD, business pour certains, la solidarité internationale est une dimension insécable de la mondialisation libérale dont elle est contemporaine. Lui survivra-t-elle ? Le « capitalisme de la finitude »5 qui est en train de se substituer à la « mondialisation heureuse » sera certainement moins enclin à gaspiller des ressources pour entretenir la bonne conscience des dominants. Dans le nouveau monde inquiet qui émerge sans arbitre hyper-puissant pour y faire régner l’ordre, le « hard power » comptera plus que le « soft power ».

    Pour autant, l’unité du monde scellée par les photographies des astronautes, ne sera pas abolie, les images continueront à circuler d’un bout à l’autre de la planète. Mais quelles images ? L’intelligence artificielle est en train de porter un coup fatal à leur crédibilité. Or, nous l’avons vu, les images sont le moteur principal de la solidarité internationale. La dévalorisation des images, dans une civilisation dominée par le regard, est un phénomène dont on ne mesure pas encore les conséquences. Les optimistes diront que la prise de conscience de ces bidouillages va renforcer l’esprit critique. Les pessimistes y verront l’apparition d’une forme radicalement nouvelle d’iconoclasme – on ne peut plus croire les images – qui va emporter dans un tourbillon de confusion notre représentation du monde, notre confiance dans le discours politique et au-delà, notre croyance dans la Vérité. Le fanatisme s’en accommodera fort bien : il n’a pas besoin de croire à la vérité de ce qu’on lui montre, la vérité n‘est pas nécessaire à la haine.

    Quant à la solidarité internationale, c’était peut-être une ultime tentative du post-christianisme de confondre la Cité terrestre et la Cité de Dieu. L’une des précédentes, l’internationalisme prolétarien, s’est volatilisée le 1er août 1914. La solidarité internationale nous protègera-t-elle mieux d’un nouvel été 14 ? Il est permis d’en douter.

    Gilles Carasso (Site de la revue Éléments, 10 octobre 2025)

     

     

    Notes :

    1 Discours d’investiture de Harry Truman le 20 janvier 1949

    2 Conformément à un engagement des Nations-Unis de 1970, rarement atteint, jamais en ce qui concerne la France.

    3 cf Gilles Carasso, La Solution biotechnologique, in L’Atelier du Roman , n° 99 décembre 2019

    4 Ayant travaillé de 2004 à 2006 au Niger, pays où le tourisme et l’industrie étaient inexistants, j’ai constaté que la majorité des passagers de la ligne Paris-Niamey étaient des blancs.

    5 Cf Marc Orain, Le Monde confisqué, Essai sur le capitalisme de la finitude (XVIe-XXIe siècle), Flammarion 2025

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  • Tour d'horizon... (274)

    ong, guy-alexandre le roux, heidegger, luigi mangione, slobodan despot

     

    Au sommaire cette semaine :

    - sur la Lettre de Comes Communication, un entretien avec Guy-Alexandre Le Roux consacré aux ONG...

    ONG : derrière l'industrie de la bonne conscience, de formidables leviers d'influence des Etats

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    - sur Youtube, la reprise d'un émission de France Culture de 1976 consacrée à Martin Heidegger...

    Hommage à Martin Heidegger (1976)

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    - sur le site d'ultra-gauche Lundi matin, un article consacré à l'affaire Luigi Mangione, à lire en complément de celui de Slobodan Despot sur le même sujet, que les abonnés d'Antipresse ont pu lire dans le numéro du 15 décembre dernier (« Le grand bal (dé)masqué »)

    Une si brutale honnêteté : chronique de la mort d’un CEO

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  • Des ONG, bras armés des états...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°54, novembre - décembre 2024), dirigée par Jean-Baptiste Noé, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré aux ONG.

     

    Conflits 54.png

     

    Au sommaire de ce numéro :

    ÉDITORIAL

    L'industrie de la bonne conscience, par Jean-Baptiste Noé

    CHRONIQUES

    LE GRAND ENTRETIEN

    La Révolution témoigne des déformations de mémoire. Entretien avec Emmanuel de Waresquiel

    IDÉES

    La guerre russe. Constantes et nouveautés, par Pierre Gonneau

    PORTRAIT

    Elon Musk : jusqu'où ne montera-t-il pas ?, par Michel Chevillé

    ENJEUX

    Après le terrorisme : les milices ?, par Daniel Dory

    Indonésie. Entre deux plaques tectoniques de l'islam, par Sylvain Dorlent

    Haïti : l'échec inavouable, par Helena Voukolsky

    BOULE DE CRISTAL

    Libye : l'harmattan apporte la démocratie, par Jean-Baptiste Noé

    L'HISTOIRE MOT À MOT

    « Never […] was so much owed by so many to so few » (1940), par Pierre Royer

    GRANDE STRATÉGIE

    La grande stratégie de l’Écosse, par Olivier Kempf

    HISTOIRE BATAILLE

    Tannenberg (août 1914). Revanche mémorielle et fiasco stratégique, par Pierre Royer

    DOSSIER

    ONG

     

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    CARTE MAÎTRESSE

    EN ARMES

    REPORTAGE

    HISTOIRE

    ART ET GÉOPOLITIQUE

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  • La pitié, arme de destruction massive...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Delcroix, cueilli sur Polémia et consacré à l'invasion migratoire.

    Juriste et ancien avocat, Eric Delcroix a publié notamment Le Théâtre de Satan- Décadence du droit, partialité des juges (L'Æncre, 2002), Manifeste libertin - Essai révolutionnaire contre l'ordre moral antiraciste (L'Æncre, 2005) et Droit, conscience et sentiments (Akribeia, 2020).

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    Immigration. La pitié, arme de destruction massive

    L’invasion de l’Europe par les masses venues du tiers-monde n’est possible que parce que les immigrants indésirables arrivent chez nous armés de notre propre pitié – laquelle, d’ailleurs, ne provoque chez eux que mépris et arrogance. De mémoire, dans Les Sept piliers de la sagesse, T. E. Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, écrivait : « J’eus pitié d’Ali et ce sentiment nous dégrada tous deux ». L’état de déliquescence des Occidentaux est tel qu’ils sont bien incapables, comme l’avait pressenti Jean Raspail, dans le Camp des saints (1973), de s’opposer à un envahisseur venu de pays en pleine explosion démographique. En Occident, sous l’empire des droits de l’homme et de l’antiracisme, les gueux exotiques sont sacrés et suscitent une mauvaise conscience apitoyée. Le cas typique de l’Ocean Viking, au mois de novembre, est à cet égard saisissant. Voilà que le gouvernement français reproche au gouvernement italien de ne pas se comporter comme il conviendrait à un ordre de sœurs de charité… Des organisations puissantes, réputées non gouvernementales (ONG), arment (!) des navires qui vont chercher des immigrants en phase avec les passeurs dont ils sont les complices objectifs. Il s’agit bien d’une politique de destruction de l’homogénéité du tissus civilisationnel et ethnique européen ; il s’agit bien d’une politique de grand remplacement de nos peuples millénaires psychologiquement désarmés par des décennies d’ordre moral anti-discriminatoire.

    État souverain et contrôle des frontières

    Le député RN Grégoire de Fournas a été sanctionné pour s’être exclamé dans l’hémicycle, au sujet des passagers importuns de l’Ocean Viking : « Qu’ils retournent en Afrique. » Pour ce propos d’un bon sens élémentaire, il a été sanctionné par ses pairs, non pas certes pour la substance dudit propos, mais hypocritement pour avoir provoqué le chahut… de ses collègues gauchistes. ! Après les affaires de Jean-Marie Le Pen devant le parlement européen, cette péripétie disciplinaire en dit long sur la décomposition de l’inviolabilité parlementaire.

    Un État qui n’a pas la maîtrise de ses frontières, fût-ce en collaboration avec d’autres, n’est plus souverain.

    Bien sûr, il y a des solutions, énoncées ci-après, pour tarir cette immigration inopportune, mais aucune n’est suffisamment humanitaire pour les droits de l’homme (les solutions 2, 3 et 4 étant en réalité subsidiaires, tant la mesure n° 1 paraît pouvoir éliminer les parasites qui sont légion).

    1. Refus de toute aide publique ou sociale ;
    2. Restauration d’un délit de séjour illégal sur le territoire national pour les expulsés, avec interdiction à vie de solliciter la résidence ou la naturalisation ;
    3. Internement administratif illimité pour ceux qui ne justifient pas de leur pays d’origine ou n’obtiennent pas de passe consulaire de ce pays (nonobstant des mesures de rétorsions contre ledit pays) ;
    4. Refus de tout asile politique pour qui ne justifie pas de façon sûre de son identité (même privés de leurs papiers Assange et Snowden peuvent justifier de qui ils sont).

    Si nous ne sommes plus capables de cela, alors la question se pose de savoir s’il est raisonnable de conserver une armée, incongrue dans un État qui a pour objet principal les droits de l’homme et le droit d’asile universel et illimité (convention de Genève de 1951, dévoyée car caduque), donc la charité universelle.

    Volonté et instruments juridiques

    Depuis 1945, sous influence américaine, les États européens n’ont cessé de s’emberlificoter de liens moraux qui les désarment. Pour ne pas s’enliser dans la multitude de conventions ou traités, nous n’en mentionnerons ici que les trois plus saillants.

    1. La Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et son protocole additif donnant compétence à la cour européenne des droits de l’homme de condamner les États, au profit de n’importe quel individu. La Cour se donne les apparences de dire le droit, mais elle juge en réalité en équité, ce qui lui donne toute licence de faire purement et simplement de la morale (pitié), en rupture avec notre tradition juridique.
    2. La Convention de Genève de 1951 sur le droit d’asile, qui avait un sens à l’époque, savoir garantir à ceux qui fuyaient l’Europe communiste le non refoulement et le droit corrélatif de vivre dans le monde libre. Aujourd’hui la convention de 1951 rend potentiellement éligibles tous ceux qui vivent dans des pays non démocratiques et sûrs, c’est à dire, à la louche, quelques sept milliards d’êtres humains… L’asile politique, comme en bénéficia Victor Hugo aux Îles anglo-normandes, doit rester un privilège rare. Julian Assange ou Edward Snowden auraient dû en bénéficier, mais en aucun cas des quidams improbables. Bien sûr, aucune allocation ne doit être versée à un quémandeur d’asile.
    3. Le Conseil constitutionnel doit être remis à sa place initiale, celle d’avant sa jurisprudence de 1971 et la réforme Sarkozy qui l’a ouvert aux recours individuels (2008) à la manière américaine, ce qui n’avait jamais existé en France.

    Dissolution de la volonté régalienne

    Cela dit, en attendant et bout du compte, face aux bateaux des ONG qui prétendent faire du sauvetage en mer, tels l’Ocean Viking, y-a-il des solutions ?

    Ces bâtiments richement subventionnés (notamment par nos collectivités locales de gauche !) sollicitent objectivement les passeurs et recueillent les passagers volontaires d’embarcations dont 99/100 ne sont pas en naufrage, puis ils refusent de les conduire dans les ports les plus proches. Ces ports, tels Sfax (Tunisie) ne seraient pas sûrs, proposition fausse et raciste (un port de pays musulman serait-il par nature non-sûr?).

    Pour les empêcher de venir exclusivement dans les ports européens, nous avons certes une marine militaire. Mais que vaut-elle en l’état de décomposition apitoyée de notre société et, qui plus est, sous le surveillance menaçante des juges ?

    Dans le Camp des Saints, Jean Raspail imaginait une exercice test, effectué par un commandant dans l’ignorance de l’équipage à la demande du Ministère : approcher un bateau chargé d’envahisseurs désarmés, hommes, femmes et enfants, et faire se préparer les hommes au tir pour l’arrêter. Raspail imagine alors une mutinerie des marins de « l’escorteur 322 » : « Ici la tourelle. Commandant ! Commandant ! Nous ne tirerons pas ! Nous ne pouvons pas !… Ici la mitrailleuse avant. Ce n’est pas possible, Commandant ! Ne donnez pas cet ordre ! Nous refusons d’obéir ! » (chapitre XXVII).

    Sommes-nous capables de résister ? Notre armée a-t-elle encore une justification ? L’empire de la pitié promet à toute nation une déliquescence rapide, impitoyable et honteuse.

    Éric Delcroix (Polémia, 18 novembre 2022)

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  • Feu sur la désinformation... (396)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Les "Phryges", mascottes et poupées inspirées du bonnet phrygien, seront les mascottes officielles des JO de Paris de 2024. Son annonce a provoqué des réactions peu enthousiastes. Pourquoi sont-elles fabriquées en Chine ?
    • 2 - La passe, un business très lucratif pour les ONG
      L'Ocean Viking et son débarquement à Toulon ont été traités par les médias comme un bateau de réfugiés comme les autres. Il s'agit en réalité d'un précédent alarmant dont les coulisses interpellent Jean-Yves Le Gallou. Qui finance SOS Méditerranée ? Leur accueil près de Hyères est-il si précaire que cela ? De nombreux mensonges, approximations et occultations entourent cette affaire.
    • 3 - Revue de presse
      Ne ratez rien de l'actualité de la semaine avec notre revue de presse.
    • 4 - Mélenchon appelle à la violence en toute impunité !
      S'il y a bien un candidat à la présidentielle qui jouit des bonnes grâces médiatiques, c'est Jean-Luc Mélenchon. Le député s'est permis, lors d'un meeting le 14 novembre, un appel à la violence à peine dissimulé à l'encontre de "l'extrême-droite". Derrière cette phrase se cache une proximité inquiétante avec un leader très violent d'une milice d'extrême-gauche.

                              

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  • Tour d'horizon... (225)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site de la revue Jus Politicum, Carlos-Miguel Pimentel s'intéresse au populisme au pouvoir...

    Le populisme couronné, essai sur un jeu de rôles institutionnel

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    - sur la Lettre de Communication & Influence du mois de novembre, Bruno Racouchot interroge Thibault Kerlirzin sur la question de l'influence des ONG...

    Le narratif irénique des ONG, redoutable moteur d'influence : le décryptage de Thibault Kerlirzin

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