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  • A propos des nouveaux bien-pensants...

    Le 4 mars dernier, Pascal Esseyric et Patrick Péhèle, les animateurs de la revue Eléments, recevaient Michel Maffesoli et Hélène Strohl dans leur émission de Radio Courtoisie, Les Chroniques de la vieille Europe, à l'occasion de la sortie aux éditions du Moment de leur essai Les nouveau bien-pensants.

    Vous pouvez écouter ci-dessous cette émission.

     

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  • Les nouveaux bien-pensants...

    Les éditions du Moment viennent de publier Les nouveaux bien-pensants, un essai polémique de Michel Maffesoli et d'Hélène Strohl. Sociologue, ancien élève de Julien Freund et de Gilbert Durand et penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli est l'auteur de nombreux ouvrages marquants comme La violence totalitaire (1979), L'ombre de Dionysos (1982), Le temps des tribus (1988) ou La part du diable (2002). Hélène Strohl est inspectrice des affaires sociales et auteur d'un essai intitulé L'état social ne fonctionne plus (Albin Michel, 2008).

     

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    " Avant d’être économique, la crise actuelle est morale. Aujourd’hui, les élites - ceux qui ont le pouvoir de faire et de dire - semblent de plus en plus déconnectées de la vie de tous les jours. Le bavardage des journalistes, politiques, hauts fonctionnaires et « experts » n’intéresse plus grand monde. La dévaluation de la parole publique est inquiétante, car c’est elle qui suscite l’émergence des discours démagogiques, ceux des extrêmes, gauche ou droite. À partir de quelques exemples précis et emblématiques (Attali, Minc, Badiou, Plénel…), il s’agit d’analyser et de dénoncer les racines du conformisme propre au dangereux « entre-soi » caractérisant la pensée « officielle ». Il faut chercher les sources de ce décalage et montrer en quoi les « nouveaux bien-pensants », dont le moralisme conforte le politiquement ou le théoriquement « correct », suscitent les multiples incivilités sociales. Un pamphlet virulent et acerbe. "

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  • Zarathoustra 2.0 ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thomas Jamet, cueilli sur le site Influencia. Thomas Jamet est l'auteur de Ren@issance mythologique - L'imaginaire et les mythes à l'ère digitale (Bourin, 2011), un essai très inspiré par les travaux de Michel Maffesoli...

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    Zarathoustra 2.0

    L’époque est à la décadence. Un mouvement marquant la fin de toutes les civilisations. Un moment où le sens est dépassé par la règle. Et où l’imaginaire cherche à renaître à grands cris.

    Rappelons-nous de ce livre fondateur de Nietzsche, « Ainsi parlait Zarathoustra ». Dans cet ouvrage qui se voulait comme un évangile, Friedrich Nietzsche livre une parabole puissante et éclairante toujours valide sur notre rapport au monde. L’ouvrage raconte l’histoire de Zarathoustra qui est resté dix ans reclus à méditer. Quand il se résout à quitter son ermitage et à rompre sa solitude pour s’adresser au peuple, il s’aperçoit avec horreur et consternation que les hommes n’ont qu’indifférence pour son projet et revendiquent et réclament à grands cris leur médiocrité.

    En leur apprenant la fameuse formule de la « mort de Dieu », Zarathoustra entend lutter contre la « décadence » et contre l’essence de la crise mortelle dont le monde est frappé. La célèbre formule, « Dieu est mort » ne signifie pas l’annonce de l’athéisme, elle entend dire que l’angoisse du néant est bel et bien installée. La mort de Dieu dénonce la dévaluation universelle des valeurs, qui plonge l’humanité dans l’angoisse de l’absurde en lui imposant la certitude désespérante que plus rien n’a de sens. La décadence s’est installée et aussi le dérèglement des instincts. La raison a été érigée en despote sous le couvert de l’impératif moral et de la foi. Les faibles ont réussi à contaminer les forts grâce au contrôle de l’éducation et de la raison camouflée sous une soi-disant « amélioration morale » de l’homme. La raison a travaillé à le domestiquer, à transformer des natures énergiques et passionnées en bêtes de somme dociles. 

    La prémonition de Zarathoustra était juste : pendant des siècles le monde a laissé de côté le mythe / muthos (le récit) au profit de la logique / logos (la raison). Enfants de Descartes, fruits de la modernité, disciples de la science, nous avons dévalorisé nos instincts primitifs. En conquérant la technique, nous avons en quelque sorte démythisé nos existences. La science a voulu tout expliquer. La médecine a voulu tout rationaliser.

    Mais le monde change, et l’imaginaire reprend ses droits, grâce au digital. Et c’est là toute l’essence de la transformation actuelle du monde ; un changement de paradigme, un retour à l’émotion, à l’affect. Les technologies digitales, plus centrées sur l’humain, l’imaginaire, et moins la technique sont en train de faire naître de manière accélérée des comportements sociaux centrés sur l’imaginaire et guidés par le non rationnel : émotion, gamification, diffusion de mèmes, tendances culturelles comme le seapunk, communautés, rassemblements…

    La crise accélère certainement ce phénomène en ce qu’elle accélère les mutations, vers un nouveau monde, forcément différent. Le rêve de Zarathoustra est toujours valide : la guerre entre le rationnel et l’émotion fait toujours rage. Mais le digital ouvre un nouveau pan et le XXIème siècle sera émotionnel ou ne sera pas. Nieztsche avait raison.

    Thomas Jamet (Influencia, 19 septembre 2012)

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  • La crise vue par Michel Maffesoli

    Un point de vue de vue du sociologue Michel Maffesoli sur la crise, publié le 16 janvier 2009 par le quotidien La Tribune

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    La crise comme expression d'un nouveau paradigme

    Dépression économique, trouble moral ou physique, situation tendue dans le domaine politique ou institutionnel. On pourrait multiplier les définitions et champs d'application de ce mystérieux ectoplasme qu'est la crise. A travers ce terme, se dit la nécessité d'un retour aux fondements. A certains moments, une société n'a plus conscience de ce qui unit et n'a plus confiance dans les valeurs qui assuraient la solidité du lien social.

    Ainsi, l'évidence amoureuse s'est délitée. Sans que l'on sache pourquoi. Par usure, par fatigue. Et tous les éléments constituant cette relation, d'un coup, s'effondrent. On retrouve ce processus dans bien des domaines : physique, psychologique, culturel. L'économie n'y échappe pas. Il est des moments où, suite à une accélération, voire même une intensification de l'énergie, le corps (physique, social, individuel) atteint son apogée. Lequel, par un curieux paradoxe, s'inverse en hypogée. Retour au souterrain, au tombeau, symboles d'une construction future. Autrement dit, l'époque attend son apocalypse.

    Sur la longue durée, on se rend compte que les mondes finissants prennent des chemins inconnus aboutissant à de nouvelles renaissances. Plus qu'aux événements, il faut être attentif aux avènements, lorsqu'un cycle s'achève, qu'un ensemble de valeurs se saturent.

    Mais c'est difficile, tant prédomine, plus d'ailleurs dans l'opinion savante que dans l'opinion commune, une conception du travail née au XIXème siècle. Certes, chez le vieux Marx, la chose était plus subtile. Mais la mécanique opposition entre infrastructure et superstructure, avec la prévalence de la première, est ainsi devenue la marque de la modernité. En la matière, priorité à l'économie, au travail, au productivisme. Sans le savoir, sans le vouloir, ce simplisme marxiste a contaminé les esprits les plus avisés.

    Ce qui donne une foultitude d'essais, d'articles, de discours, voire de traités savants aux idées convenues n'osant pas remettre en question les lois d'airain d'une économie souveraine. Rappelons que l'expression "valeur travail" (qui vient droit du "Capital" de Marx) est le signe évident de la marxisation des élites. Quel déphasage ! La valeur travail comme valeur essentielle est donc le must incontournable de tous les discours éducatifs, politiques, sociaux, des pensées convenues et dominantes. Aujourd'hui, ne peut-on pas, ne fût-ce qu'à titre d'hypothèse, inverser le problème ?

    La crise est dans nos têtes, pas forcément d'une manière consciente. Mais d'une manière prégnante, un autre imaginaire se met en place. C'est d'abord dans les mentalités que s'opèrent les grandes transformations, que surgit un autre paradigme, que s'élabore une autre façon d'être-ensemble. Avec l'esthétisation de l'existence, avec l'art se capillarisant dans la vie quotidienne, l'accent est remis sur le qualitatif et le refus du saccage productiviste. Au sérieux du productivisme moderne se substitue un ludique ambiant.

    L'ambiance créatrice caractérise, osons le mot, la postmodernité. Ce n'est pas la première fois que la création est le moteur principal de la culture : "Quattrocento", Florence la belle, Vienne fin de siècle, XVIIème siècle français... Pourquoi ne pas admettre qu'un tel idéal de créativité meut en profondeur l'imaginaire social. Après l'usure de l'usage, on verrait revenir le non-nécessaire, le désir du superflu. On retrouverait le sens de l'inutile, l'importance, en son sens fort, du spirituel. L'irrépressible prégnance du luxe qui est, étymologiquement, non fonctionnel. En ce qu'il traduit la "luxation" d'un corps social rechignant à la totale marchandisation du monde.

    Et l'on peut se demander si ce n'est pas parce qu'un tel esprit du temps est là, contaminant tout sur son passage, que la finance est devenue folle, que le ludique des traders grippe la machinerie bancaire, et que personne ne contrôle plus rien dans un système économique s'étant "abstractisé" de la vie réelle.

    Me fais-je bien comprendre ? Le chômage, les faillites, les cataclysmes financiers, les turbulences bancaires ne sont pas les causes d'une économie déréglée qu'il suffirait de réguler à nouveau. Mais bien plutôt les symptômes d'un changement sociétal que notre paresse intellectuelle s'emploie à dénier. Tout cela n'est pas la cause mais l'effet. Effet d'une conception de l'économie comme simple arraisonnement du monde par la technicisation planétaire.

    La crise, dès lors, est l'indice d'un passage de la ligne. Celui du travail vers la création. Celui d'une histoire parfaitement maîtrisable vers un destin plus aléatoire. La crise nous conduit d'un lieu à un autre. De celui d'un homme maître et possesseur de la nature et du social, vers celui d'un environnement que l'on ne peut plus se contenter d'exploiter à merci.

    Milan Kundera nous l'avait montré : "il en est des amours comme des empires, que cesse l'idée sur laquelle ils reposent et ils s'effondrent avec elle." Avec l'idée du progrès indéfini, qui réduit la vie à ce qui se compte, à ce qui se thésaurise, c'est bien l'ordre du quantitatif qui se sature. Les signes annonciateurs sont multiples. Le mot crise ne fait que les cristalliser. Il nous apprend que le tragique est de retour. Mais cet animal domestiqué qu'est l'homme n'aura-t-il pas peur de la sauvagerie que cela annonce ? La sécurisation et l'idéologie du risque zéro n'ont-elles pas annihilé ce qui lui reste d'énergie ? Laissons la question ouverte. Et écoutons le poète : "là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve. "

    Michel Maffesoli, professeur à la Sorbonne (Paris Descartes) (vient de publier "Apocalypse", CNRS Editions, 2009)

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