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lionel baland

  • La droite identitaire allemande rebat les cartes !...

    Le 22 janvier 2024 sur Radio Courtoisie, le Libre journal "Vivre la civilisation européenne", animé par Romain Petitjean, recevait Lionel Baland et Antoine Dresse (alias Ego Non) pour évoquer l’irruption spectaculaire d’une droite conservatrice et identitaire dans le paysage politique allemand

    Journaliste belge, Lionel Baland anime un blog qui suit de très près l’actualité des partis patriotiques en Europe. Il est l’auteur de Jörg Haider, le Phénix - Histoire de la famille politique et libérale et nationale en Autriche (Éditions des Cimes, 2012).

    Ego Non, spécialiste de philosophie politique, au fait des grandes dynamiques politiques en cours en Europe centrale et occidentale, vient de publier un essai intitulé Le réalisme politique -  Principes et présupposés (La Nouvelle Librairie, 2024), dans la collection Longue Mémoire de l’Institut Iliade.

     

                                            

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  • Georges Sorel contre la bourgeoisie décadente...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Rodolphe Cart à Eurolibertés, dans lequel il évoque la figure de l'auteur de Réflexions sur la violence à l'occasion de la sortie de son essai Georges Sorel - Le révolutionnaire conservateur (La Nouvelle Librairie, 2023).

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    Entretien avec Rodolphe Cart à propos de l’écrivain révolutionnaire conservateur Georges Sorel

    Les opinions politiques de Georges Sorel ont évolué au fil du temps. Quelles sont les grandes étapes de ce processus ? Lors de son rapprochement avec les nationalistes, qui a-t-il fréquenté dans cette mouvance ?

    Tout d’abord, en bon disciple de Proudhon, Sorel est un conservateur en matière de mœurs – notamment concernant ses positions sur le mariage ou sur le rôle de la femme et du père au sein de la famille. En revanche, Sorel est un auteur à phases ; c’est-à-dire qu’il va évoluer sur certaines de ses positions tout au long de sa carrière de penseur politique. Comme le disait très bien Michael Freund – un des premiers biographes –, le Normand fut à tour de rôle marxiste (1893-1897), révisionniste (1898-1901), syndicaliste révolutionnaire (1898-1911), nationaliste (1911-1913) et même bolcheviste (1917-1922). Concernant son lien avec le nationalisme, même s’il a quelques échanges avec Charles Maurras, c’est surtout Georges Valois qui représentera ce « pont » entre Sorel et le mouvement monarchiste. En même temps, grâce à la revue L’Humanité Nouvelle, les deux Georges, Georges Valois, le militant, et Georges Sorel, le penseur syndicaliste, étaient en contact depuis 1898.

    Qu’est-ce que le syndicalisme-révolutionnaire théorisé par Georges Sorel ?

    Faisons simple : Sorel va se poser exactement contre la ligne de Jean Jaurès. Cette ligne jaurésienne consistait à rattacher le socialisme à la République, au parlementarisme et aux Lumières. Comme l’a très bien montré Jean-Claude Michéa, cette jonction se réalisa partiellement lors de l’Affaire Dreyfus. Bref, pour en revenir au syndicalisme révolutionnaire, Sorel plaide pour la scission, puis la sécession, et enfin l’autonomie des classes prolétaires contre l’ensemble des institutions « bourgeoises ». Sorel, en un sens, va donc encore plus loin que la simple lutte des classes marxiste.

    Georges Sorel est avant tout connu pour son ouvrage Réflexion sur la violence paru en 1908. Quel est le contenu de ce livre et pourquoi Georges Sorel est-il favorable à l’utilisation de la violence dans le domaine politique ?

    On ne peut comprendre le rôle qu’entend donner Sorel au concept de violence, si on ne garde pas en tête cet idéal de sécession vis-à-vis du système bourgeois, parlementaire et démocratique. La violence est le point nodal pour qu’émerge ce conflit – on se souvient que Sorel est un lecteur de Karl Marx (lutte des classes) –, car elle représente le phénomène qui permettra aux ouvriers d’entrer dans une pratique journalière du combat contre leurs « oppresseurs ». Pour Sorel, il faut constamment qu’une tension anime le corps social ouvrier pour empêcher l’évanescence de la conflictualité. Toutefois, Sorel distingue nettement la violence de la sauvagerie. Dans le premier cas, la violence possède une idée directrice qui permet aux acteurs d’avoir un but précis à accomplir, et une réflexion sur les moyens pour arriver à leur fin ; dans l’autre, on ne dépasse pas les bas sentiments de la débauche, du pogrom et de la violence aveugle des foules (Gustave Le Bon). Le constat de Sorel est donc clair : oui à la violence, mais seulement à la condition qu’elle soit au service d’un objectif plus haut d’émancipation politique et sociale.

    Le rejet par Georges Sorel de la démocratie parlementaire libérale bourgeoise trouve-t-il ses racines dans le marxisme ? Quelle est la position de Georges Sorel par rapport à ce dernier ? Quelle est la différence entre le socialisme de Georges Sorel et celui de Karl Marx ?

    La découverte de Marx est une révélation pour Sorel. Pour lui, le marxisme demeura longtemps l’unique réponse à l’avènement de la société industrielle et capitaliste, aux transformations sociales sans précédent qui s’annonçaient. Seule la doctrine de Marx pouvait mettre en place l’apparition d’une philosophie nouvelle, d’un droit audacieux et d’une morale inédite. Sorel a même pu dire qu’il voyait dans le marxisme la « plus grande innovation dans la philosophie depuis plusieurs siècles ».

    Pourtant, peu à peu, Sorel va se faire plus critique – notamment après la lecture d’auteurs comme Henri Bergson ou le philosophe italien Giambattista Vico. Comme le rappelle Pierre Andreu – un commentateur de Sorel –, l’auteur des Illusions du Progrès commence, à partir de 1897, à remettre en doute l’enseignement marxiste sur différents points comme la « négligence des facteurs moraux », la « confiance exagérée accordée à la science », l’« interprétation insuffisante ou erronée de l’évolution sociale et du mouvement ouvrier ». En 1898, Sorel n’hésite pas à écrire que Marx a laissé une « œuvre géniale » mais « inachevée ». Sorel devient alors, en préférant les thèses fédéralistes de Proudhon, un antiétatiste rabique contre les positions de Marx – rappelons que ce dernier prévoyait de passer par un État communiste avant son abolition. Aussi, contre la thèse de l’abolition des classes de l’auteur du Manifeste du parti communiste, Sorel ne pense pas que les classes sociales s’effaceront ; au contraire, il pense même que cette opposition tendra toujours plus à différencier les classes, à les séparer.

    Georges Sorel est le fondateur, dans le domaine politique, de la notion de mythe. Qu’en est-il ? La « grève générale » est-elle, pour Sorel, le principal mythe ?

    L’un des objectifs de la pensée sorélienne est de mettre les acteurs sociaux en mouvement. Lorsque Sorel dénonce le parlementarisme, les compromissions de la gauche socialiste et de la démocratie républicaine, il ne le fait jamais de manière gratuite mais toujours dans le but que cette dénonciation trouve un écho dans le corps social prolétarien. Or, Sorel se rend compte que tous les mouvements de masse de l’histoire des sociétés humaines n’ont été possibles que lorsque les individus étaient plongés, et cela avant même la mise en action, dans un univers mental qui les poussait à prendre telle ou telle décision. Ce rôle du mythe consiste à propager des images mobilisatrices dans des groupes humains, pour ensuite les faire réagir lors des évènements.

    Pour en revenir sur le mythe de la grève générale, Sorel mesure, à son époque, que le développement des syndicats les oppose directement, et de manière de plus en plus violente, au cadre de la IIIe République. Tous les « ingrédients » d’une révolte sont présents : une violence qui s’accentue, deux camps qui s’opposent et une fracture qui ne cesse de s’agrandir. En clair, il ne manque plus qu’une idée directrice pour ce conflit désormais inévitable. Pour Sorel, c’est le concept de grève générale insurrectionnelle qui devait être capable d’élaborer le paradigme dans lequel le mouvement ouvrier français doit pouvoir se projeter.

    Sorel a influencé, tant Maurice Barrès et Charles Péguy, que Lénine, Antonio Gramsci et Benito Mussolini. L’Italie fasciste et l’Union soviétique ont proposé d’entretenir sa tombe. Comment expliquer une telle situation, qui voit un théoricien influer sur les tenants d’opinions si différentes ?

    Effectivement, l’attrait des régimes de Mussolini et de Lénine pour Sorel a largement contribué à constituer cette « légende noire ». Après, cet amalgame entre ces régimes et la doctrine sorélienne est largement grossi, voire faux. Comme nous l’avons vu précédemment, Sorel a évolué tout au long de sa vie sur certaines de ces positions. Il n’existe pas de « sorélisme » à proprement parler, sauf quelques grands concepts (le mythe, l’antiparlementarisme, l’antidémocratisme, la violence émancipatrice et héroïque) qui, eux, ont pu être repris par les intellectuels de ces mouvements – et souvent de manière abusive.

    Il est vrai que Sorel, en 1922, a défendu Lénine contre les politiciens « démocrates » ; car, pour lui, le Russe incarnait « le marxisme en action, le marxisme vivant, ressuscité de la décomposition du socialisme parlementaire ». Tandis que les hommes politiques européens représentent l’effacement du sublime et la haine pour les « hommes supérieurs », Lénine se présentait comme la figure qui les ramenait à leur médiocrité, leur bassesse. La reconnaissance entre les deux hommes n’est pas pour autant réciproque, puisque l’auteur de Que faire ? décrit Sorel comme un « esprit brouillon ».

    Concernant Mussolini, la relation est différente. En 1922, Mussolini déclare au journal espagnol ABC : « Pour moi, l’essentiel était : agir. Mais je répète que c’est à Georges Sorel que je dois le plus. C’est ce maître du syndicalisme qui, par ses rudes théories sur la tactique révolutionnaire, a contribué le plus à former la discipline, l’énergie et la puissance des cohortes fascistes. » En règle générale, on peut même dire que c’est en Italie, et même avant la France, que les thèses soréliennes vont être le plus reprises. Déjà bien imprégné de nietzschéisme, tout le mouvement syndicaliste et révolutionnaire italien va s’abreuver de l’éloge de la violence et de la guerre de Sorel.

    En quoi Georges Sorel était-il un révolutionnaire conservateur, en l’occurrence un opposant aux idées des Lumières qui ne désire cependant pas restaurer le monde d’avant, mais seulement trouver dans celui-ci des éléments afin d’instaurer un autre futur.

    La question morale est sans nul doute l’un des rares fils rouges de la pensée sorélienne. Il fut constamment le sujet d’une angoisse profonde quant à l’avenir de son pays, et même du continent européen. Pour lui, la classe dirigeante bourgeoise et républicaine a échoué dans son rôle d’élite, et c’est pour cela qu’il attaque sans cesse l’idéologie du progrès, les idées des Lumières ou la vulgate sur la tolérance et le bien-être, qui ne sont rien moins que la bien-pensance d’avant. Sorel croit donc en l’imminence d’une révolution prolétarienne qui renversera cet ordre décadent.

    Le pire, pour lui, étant sûrement la trahison des élites socialistes envers le peuple – sur ce thème, il écrira un texte ravageur, en 1909, intitulé La révolution dreyfusienne. Cette compromission de la social-démocratie représentait, à ses yeux, une faute d’ordre moral. C’est pour cela qu’il opposa constamment le prolétariat industriel – associée aux valeurs positives d’héroïsme, de conservatisme et de puissance – à la bourgeoisie corrompue et décadente. C’est en s’appuyant sur Proudhon, Renan et Nietzsche, qu’il trouvera une partie de ses arguments pour attaquer la « décadence de la bourgeoisie ».

    Rodolphe Cart, propos recueillis par Lionel Baland (Eurolibertés, 24 juillet 2023)

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (53)

     

     

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Fulgurante analyse de Guy Mettan sur la guerre russo-ukrainienne et ses conséquences prévisibles. Cet ancien rédacteur en chef de La Tribune de Genève rétablit la chronologie des évènements, montre le succès de la gigantesque opération psychologique à laquelle se sont livrée les médias occidentaux et surtout en décrit les conséquences à savoir le déclassement de l’Europe et sa totale servitude aux intérêts américains :

    https://guymettan.blog.tdg.ch/archive/2022/04/01/les-dessus-et-les-dessous-de-la-guerre-en-ukraine-321227.html

     
    Bonne vidéo sur le récent colloque de l’Iliade :
     
     
    Plus une courte vidéo sur les formations dispensées par l’Iliade. N’hésitez pas à la diffuser à vos connaissances :
     
     
    Revenant sans cesse aux étymologies grecques ou latines des mots qui touchent au politique, Michel Maffesoli dans cet entretien avec TV-liberté pour la quatrième réédition de La transfiguration du politique revient aux enseignements de son maître Julien Freund : à l’origine la politique consiste à bien gouverner sa maison. Pour les Grecs seuls méritent d’être élus pour gérer la maison commune ceux qui ont fait leur preuve dans la gestion domestique. Aujourd’hui la politique n’est plus liée au réel, c’est à dire attachée à la gestion de ce que nous vivons concrètement, elle s’est abstraite de tout cela; c’est le sens profond du mot transfiguration. La politique est devenue une théâtrocratie, c’est le mot qu’utilisait Platon pour signifier la dégénérescence de la démocratie. Ce théâtre de la caste politique est de plus en plus éloigné des préoccupations des électeurs, il est déraciné. À ce propos il évoque Guy Debord (« société du spectacle ») et Jean Baudrillard (« simulacre »). L’accent des discours politiques est mis de ce fait sur le « pathos » et non plus sur la « ratio », c’est le règne de l’émotion encourage par un hyper moralisme. Entretien très intéressant :
     
     
    « L’immonde dans lequel nous survivons » par Rémi Soulié. Une excellente vidéo produite par le zoom de TV-Liberté :
     
     
    Le point de vue de François Bousquet à l’issu du premier tour :
    « Quelques considérations politiques en ce lendemain de 1er tour :
    1. La France est un vieux pays, mais c’est surtout un pays de vieux. Si les plus de 65 ans n’étaient pas allés voter, on aurait eu droit à un second tour Marine Le Pen - Jean-Luc Mélenchon. La France est une gérontocratie vaccinale. Elle redemande une dose.
    2. Éric Zemmour s’est trompé de public. Il est revenu à son périmètre de départ : les pics d’audience de Cnews. Or ce n’est pas Médiamétrie qui dépouille les bulletins de vote. Ni le Trocadéro qui fait déplacer le populo. Doit revoir sa copie.
    3. Valérie Pécresse a été élue par défaut à la primaire LR et battu par KO à la présidentielle. Deux tiers Merkel, un tiers Thatcher, zéro de Gaulle. Quand elle donne des coups de menton, elle ne fait trembler que la vaisselle. C’est tout. Qui y a jamais cru ?
    4. Les acquis fondamentaux validés, Marine Le Pen a fait jouer la seule logique en temps de crise : « Qui est le moins cher ? », le comparateur de prix des Leclerc. La marque Repère dans une France sans repère. À deux euros le litre, les GJ votent avec leur voiture.
    5. Terra Nova a gagné à gauche, mais ce n’est pas le PS qui a raflé la mise, c’est LFI. À 49 % dans le 93 et 47 % dans le 20e, l’islamo-gauchisme s’éclaire. Naissance du Mélenchonistan, nouvelle force politique. La Mecque à Paris Plages, la colline du crack en perspective».
     
    Les matins de France culture donnent la parole à François Bousquet qui trace le bilan des dernières élections. Selon lui tous les populistes sont animés par un comportement d’échec et il prévoit en conséquence une défaite de Marine Le Pen au second tour. Par ailleurs il souligne que « lunion des droites » est un mythe sans consistance qui essaie de traduire en terme politique l’énergie qui a surgi de « La manif pour tous », celle d’une bourgeoisie qui se voudrait traditionnelle mais qui a l’arrivée préférera toujours son confort à l’aventure. Bousquet pense que seule est d’avenir une politique qui s’inscrira dans le schéma proposé par Guilluy et Jérôme Sainte-Marie d’une sociologie qui oppose les classes populaires toujours plus appauvries à la couche des privilégiés de moins en moins nombreuse et de plus en plus rapace.
     
     
    Jean-Yves Le Gallou s’entretient avec François Bousquet et se livre à une sorte d’autocritique de la campagne Zemmour à laquelle il a participé. Son appréciation, par ailleurs excellente, note que la campagne Zemmour au delà de ses aléas a contribué de toute évidence à déplacer la fenêtre d’Overton et à imposer le thème du « grand remplacement ». Métapolitiquement c’est un succès. Cette campagne, même si ses retombées électorales apparaissent décevantes, a permis dengranger des dizaines de milliers de militants jeunes, enthousiastes et bien sûr beaucoup mieux éduqués que les maigres phalanges de Marine Le Pen. Cet ensemble est un gage d’avenir, même si toutes les institutions sont rongées par la propagande de l’esprit woke. En fin d’entretien Le Gallou parait croire à une communautarisation des autochtones. Ce pourrait être un débouché face aux procédures électorales qui semblent de plus en plus bouchées :
     
     
    Marcel Gauchet invité sur les ondes d’Europe 1 détaille un bon diagnostic sur le second tour des présidentielles. Pour lui « Marine Le Pen représente une droite autoritaire, nationale et populaire, qui évoque furieusement les débuts du gaullisme. Elle n’est pas d’extrême droite. On gagnerait à le reconnaître » :
     
     
    Lionel Baland résume à gros traits la substance d'un livre de Benedikt Kaiser sur le patriotisme solidaire qui dénonce la dérive d’une partie de la sphère patriotique allemande vers le néo-libéralisme. Benedikt Kaiser est éditeur et membre de la nouvelle droite allemande :
     
     
    Sur le site d’Éléments une belle réflexion de François Bousquet sur Pier Paolo Pasolini et son rapport aux mythes :
     
     
     
     
    I-média du 14 avril. L’émission de Jean-Yves Le Gallou est principalement consacrée à la re-diabolisation de Marine Le Pen. Le paratonnerre Zemmour ne fonctionnant plus la rengaine bien connue du retour du fascisme se détourne sur Le Pen. On nous joue ce tintamarre depuis des décennies. Bien que peu de gens aient une mémoire incluant ce que fut le fascisme réel, aient été forcé de boire de l’huile de ricin et aient été bastonné à coup de manganello. On citera un expert en la matière, monsieur Jospin, qui reconnaissait que le soi disant « fascisme » de 2002 n’était que comédie. Fasciste est une invective commode quand on se refuse à réfléchir sur ce qui nous arrive :
     
     
    Pierre Brochand (HEC, ENA) ancien directeur général de la Direction générale de la sécurité extérieure de 2002 à 2008 a publié dans Le Figaro un article important sur l’immigration de masse et ses conséquences prévisibles. Résultat de ces propos chocs dans les médias : à peu près rien. Analyse de l’OJIM :
     
     
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  • De Vienne à Vienne, naissance et mort de la société ouverte ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur le site de réinformation européenne EuroLibertés, dans lequel il évoque l'émergence d'un illibéralisme d'état en Europe centrale... Philosophe et essayiste, directeur de la revue Krisis et éditorialiste de la revue Éléments, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Ce que penser veut dire (Rocher, 2017).

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    De Vienne à Vienne, naissance et mort de la société ouverte ?

    Assistons-nous au triomphe des idées libérales de Karl Popper ? La société ouverte et ses ennemis paru en 1945 est-il à notre époque ce que Le capital de Karl Marx a été au XXe siècle, l’ouvrage clé par rapport auquel chacun est tenu de se positionner ?

    Vous faites trop d’honneur à Karl Popper ! Non seulement je ne vois pas grand monde se positionner aujourd’hui par rapport à sa Société ouverte, mais je n’ai pas l’impression que ce livre ait encore beaucoup de lecteurs. Traduit en France en 1979, il n’a d’ailleurs pas été réédité depuis le début des années 1990. Ce qui est vrai, c’est que le milliardaire américain George Soros, dont on connaît l’influence délétère qu’il exerce dans les pays de l’Est, a repris cette expression quand il a créé en 1993 sa Fondation pour une société ouverte (OSF) afin de promouvoir un peu partout dans le monde l’idéologie des droits de l’homme et l’économie de marché. Il s’est ainsi placé sous le patronage de Popper, mais je ne suis pas sûr que celui-ci se serait reconnu dans tous les agissements de l’OSF. La « société ouverte » est d’ailleurs une notion qui a d’abord été développée par Bergson.

    Ouvrage rédigé à la fin de la IIe Guerre mondiale, La société ouverte et ses ennemis est en grande partie un livre de circonstance, mais c’est aussi une œuvre de philosophie. Popper, philosophe des sciences, y oppose les sociétés libérales aux sociétés « magiques » (qui ignorent la distinction entre loi naturelle et loi humaine) et collectivistes. L’une des idées qu’il développe est que le grand ancêtre des totalitarismes modernes est Platon, ce en quoi il se trompe lourdement : comme l’a écrit le philosophe Dominique Janicaud, il n’y a guère de sens à « appliquer à la République platonicienne le concept de “totalitarisme”, qui est un produit spécifique du XXe siècle ».

    En outre, il ne faut pas se laisser piéger par les mots. Quand Popper parle de « société ouverte », il a en tête une société ordonnée à la conception libérale de la liberté, pas nécessairement une société ouverte à tous les migrants désireux de s’y installer. La notion de « société ouverte » est à mon avis éminemment critiquable, mais on n’a pas besoin pour la critiquer de se référer à une actualité qui n’existait pas à la parution du livre.

    En Hongrie, le Premier ministre démocrate-chrétien Viktor Orbán (Fidesz) désire réaliser, selon ses dires, une « société illibérale », en opposition à la société libérale prônée par le milliardaire américain originaire de Hongrie George Soros. En quoi consiste cet « illibéralisme » ? Quelles sont les familles politiques françaises qui se rattachent à l’illibéralisme et quels sont les théoriciens en France et dans les autres pays de ce courant d’idées ?

    Apparue il y a peu de temps (elle n’est pas antérieure à la fin des années 1990), la notion d’« illibéralisme » est extrêmement intéressante. Viktor Orbán s’y est référé en 2014 pour défendre l’idée que l’idéologie ne doit pas être l’élément central des jugements que l’on porte sur l’organisation de l’État. Les médias en ont conclu que le Premier ministre hongrois voulait justifier la « dérive autoritaire » de son régime, mais les choses sont beaucoup plus complexes que cela. Pierre Rosanvallon a écrit que le bonapartisme est la « quintessence » de l’illibéralisme. Je pense pour ma part qu’on devrait plutôt se référer au populisme : une démocratie illibérale est une démocratie qui prend la souveraineté du peuple au sérieux.

    Depuis des décennies, on cherche à nous faire croire que libéralisme et démocratie sont une seule et même chose. La démocratie libérale serait donc la seule forme possible de démocratie. Mais en réalité, c’est exactement le contraire. « Une démocratie est d’autant plus démocratique qu’elle est moins libérale », disait Carl Schmitt. Le sujet du libéralisme, c’est l’individu ; celui de la démocratie, c’est le citoyen. Le principe de base de la théorie libérale est la liberté de l’individu, une liberté conçue comme un droit subjectif émancipé de tout ancrage particulier. Le principe de la démocratie, c’est l’égalité des citoyens. Les démocraties libérales sont des démocraties parlementaires et représentatives, qui refusent d’admettre que l’on puisse décider démocratiquement contre le libéralisme. Lorsque le peuple comprend que ceux qui prétendent les représenter ne représentent plus rien, et que la représentation équivaut à une captation de la souveraineté populaire par la souveraineté parlementaire, il cherche à décider par lui-même de ce qui le concerne. Sonne alors l’heure de la démocratie illibérale.

    L’avènement en Autriche d’un gouvernement regroupant les sociaux-chrétiens de l’ÖVP, ayant adopté une nouvelle ligne politique, et le parti patriotique FPÖ marque-t-il l’entrée dans les instances dirigeantes d’un pays d’Europe occidentale des idées illibérales déjà actives au sein des gouvernements de certains pays d’Europe de l’est ? Cette entrée en fonction d’un nouveau gouvernement à Vienne symbolise-t-elle le début de la fin de la société ouverte en Europe occidentale, dont l’idée a été théorisée par le philosophe Karl Popper né à Vienne en 1902 au sein de l’Autriche-Hongrie ?

    Ce qui se passe actuellement en Autriche va bien sûr dans le sens de l’« illibéralisme » au sens que j’ai indiqué, et je pense qu’il y a tout lieu de s’en réjouir. Au-delà de la mise en place de ce nouveau gouvernement, la grande question qui se pose est de savoir si l’Autriche va s’intégrer au groupe de Visegrád, qui associe déjà la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. On verrait alors resurgir quelque chose qui ressemblerait à une nouvelle mouture de l’empire austro-hongrois et qui, surtout, pourrait constituer à terme l’embryon d’une Europe « illibérale », en tous points opposée par ses valeurs et ses principes à l’actuelle Europe de Bruxelles. Le conflit entre les deux entités est déjà perceptible. Une autre question fondamentale, maintenant que l’après-Merkel a commencé, étant de savoir si l’évolution présente de l’Autriche n’annonce pas d’une certaine manière ce qui pourrait se passer dans l’avenir en Allemagne.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Lionel Baland (EuroLibertés, 30 décembre 2017)

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