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  • Les mensonges de l'égalité...

    Les éditions de l'Artilleur viennent de publier un essai de Jean-Louis Harouel intitulé Les Mensonges de l'égalité - Ce mal qui ronge la France et l'Occident. Agrégé de droit, professeur émérite de l'Université Panthéon-Assas, Jean-Louis Harouel a, notamment, publié Les droits de l'homme contre le peuple (Desclée de Brouwer, 2016), Libres réflexions sur la peine de mort (Desclée de Brouwer, 2020) et L'Islam est-il notre avenir ? (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    " Imposées par l’écologisme subversif ou l’ultra-gauche anarchiste, notre période contemporaine voit revenir la séduction des théories égalitaires les plus radicales, de l’impôt de captation à la décroissance forcée.
    Juriste et historien, Jean-Louis Harouel montre que l’égalité conduit à la dislocation, en matière économique comme dans les choses de la morale ou de la science.
    A l’inverse, c’est l’inégalité qui est ici analysée en détail pour mettre en valeur ses vertus.
    La suppression de l’inégalité ne peut améliorer le niveau de vie d’une population. En effet, une redistribution égalitaire ne change rien au volume de la production et donc au revenu moyen. Seule une augmentation de la production peut enrichir un peuple. Le problème de la pauvreté ne peut être résolu en détruisant l’inégalité, et cela vaut pour tous les lieux et tous les temps.
    L’amélioration de la production a multiplié par 10 le niveau de vie en France entre 1840 et 1975 et cet enrichissement de la population française s’est accompagné d’une très forte réduction de l’inégalité.
    De même, la question de la connaissance ne peut pas être résolue par l’abaissement des exigences.
    Ce n’est pas l’égalisation mais la croissance économique ou la hausse des exigences qui permet l’amélioration du niveau de vie et, paradoxalement, la réduction des inégalités. "

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  • Les droits de l’homme : une religion obligatoire ?...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Rémi Soulié, pour évoquer la question du conservatisme, reçoit Pierre Manent, philosophe, ancien directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, auteur de La loi naturelle et les droits de l’homme (PUF, 2020), Jean-Louis Harouel, professeur émérite d’histoire du droit à l’université Panthéon-Assas, auteur de Les droits de l’homme contre le peuple (Desclée de Brouwer, 2016) et Alain de Benoist, philosophe, historien des idées, auteur de Au-delà des droits de l’homme - Pour défendre les libertés (Pierre-Guillaume de Roux, 2016).

     

                                                    

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  • « L’islam est plus un projet politique qu’une religion »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Louis Harouel au site de la revue Éléments et consacré à la question de l'islam. Agrégé de droit, professeur émérite de l'Université Panthéon-Assas, Jean-Louis Harouel a, notamment, publié Les droits de l'homme contre le peuple (Desclée de Brouwer, 2016), Libres réflexions sur la peine de mort (Desclée de Brouwer, 2020) et L'Islam est-il notre avenir ? (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    Jean-Louis Harouel : « L’islam est plus un projet politique qu’une religion »

    ÉLÉMENTS : Qu’est-ce qui rend selon vous l’Occident et l’Orient, l’Europe et l’islam si peu compatibles ? Cela tient-il à la façon dont les Européens et les musulmans se représentent la liberté ? Ou à d’autres explications ?

    JEAN-LOUIS HAROUEL : Effectivement, alors que la supériorité intellectuelle, scientifique et technique de l’Occident s’est construite sur la liberté de l’esprit, celle-ci est obstinément refusée par l’islam. Dans la Déclaration sur les droits de l’homme en islam, adoptée au Caire en 1990 par l’Organisation de la coopération islamique (OIC), regroupant 57 États se réclamant de l’islam, il est interdit d’exprimer toute opinion qui serait « en contradiction avec les principes de la charia ». Celle-ci, qui est censée être la loi divine, limite la pensée humaine, laquelle est soumise à un conformisme bigot envers toutes les prescriptions et interdictions édictées par l’islam. Fondamentalement, l’incompatibilité entre l’islam et les sociétés européennes se situe au niveau de la liberté de l’esprit.

    Cette question de la liberté doit être rattachée à un autre clivage majeur entre la civilisation européenne et l’islam, qui concerne la question des rapports du spirituel et du temporel. Autant le principe de la disjonction du politique et du religieux a joué un rôle décisif dans l’essor matériel et intellectuel des populations européennes, autant l’absence d’une telle disjonction dans l’islam explique la grande stase pluriséculaire du monde musulman. Tandis que la tension entre le spirituel et le temporel inhérente au monde occidental a créé un espace où se sont glissés l’esprit de liberté et la curiosité scientifique, inversement, l’intrication musulmane du politique et du religieux a empêché cet esprit de liberté et cette curiosité de se développer. La séparation du politique et du religieux étant étrangère à la logique du système total que constitue l’islam, le déficit de liberté qui en résulte contribue grandement à expliquer le fait que, comme l’observe le célèbre écrivain algérien Boualem Sansal, « les pays musulmans sont à un stade de développement politique, culturel et scientifique très archaïque ».

    ÉLÉMENTS : Diriez-vous de l’islam ce que Clemenceau disait de la Révolution : c’est un bloc ?

    JEAN-LOUIS HAROUEL : Assurément, l’islam n’est pas un bloc. Outre la fracture majeure entre sunnisme et chiisme, il existe un troisième grand groupe, celui des kharidjites. De plus, il y a eu formation au sein de l’islam de sectes dont les plus connues relèvent du courant mystique appelé soufisme. Et puis, au sein même du sunnisme, il existe depuis le VIIIe siècle quatre écoles théologiques : le malikisme, le chaféisme, le hanafisme, le hanbalisme. Ce dernier correspond à une tendance très exigeante, réclamant un respect intégral du Coran et de la Sunna, qui fut illustrée au tournant des XIIIe et XIVe siècles par le théologien syrien Ibn Taymiyya et au XVIIIe siècle par un cheikh arabe du Nadjd, Mohammed ibn Abd al-Wahab, lequel professa un retour à l’islam des premier califes et la suppression de toutes les innovations introduites au cours des temps. Ce qui est l’origine du wahhabisme, promu par l’Arabie saoudite et dont l’hégémonie croissante est source de grandes tensions au sein du monde sunnite.

    Il n’en reste pas moins que l’islam, dans sa version sunnite qui regroupe près de 90 % des musulmans et qui est pratiquement la seule présente sur le sol européen, fonctionne comme un bloc sur un point capital : l’affirmation dogmatique que le Coran n’est pas un livre inspiré mais qu’il est la parole même d’Allah, éternelle et dictée en une descente du ciel. Sur la base de cette certitude officielle, sont rejetés ou même persécutés les groupes musulmans minoritaires jugés hérétiques. C’est ainsi que le Parlement du Pakistan a décidé que le courant de l’islam d’inspiration réformatrice appelé ahamadisme n’était pas musulman. En conséquence, sur la tombe du physicien pakistanais Abdus Salam, décédé en 1996, où il était inscrit « Premier lauréat Nobel musulman », le mot « musulman » a été effacé. Ce reniement par l’islam d’un de ses rares très grands savants de science expérimentale (formé à Cambridge) montre combien il est illusoire d’espérer faire évoluer le monde musulman par la création de courants modernisateurs, voués à être taxés d’hérésies. C’est ce qui ne manquerait pas d’arriver à ce fameux « islam de France » dont nos gouvernants successifs s’obstinent à rêver le miraculeux avènement.

    ÉLÉMENTS : Vous citez Pierre Manent et son livre brillant, mais naïf, Situation de la France (2015), où il appelait de ses vœux une sorte d’aggiornamento avec l’islam. Comment cela serait-il possible au vu des pièces et des arguments que vous réunissez ?

    JEAN-LOUIS HAROUEL : Le généreux projet exposé par Pierre Manent dans ce livre, une sorte d’union ou d’alliance des chrétiens, des juifs et des musulmans au service de la nation France, ne peut que se heurter à de grandes difficultés, voire à une impossibilité. On peut penser qu’il y a pour le moins une part d’irréalisme dans son estimable confiance quant à l’aptitude de l’islam à respecter loyalement les traces symboliques de la matrice chrétienne de la France. Les restes de cette empreinte chrétienne de notre pays ne peuvent être qu’un objet d’abomination et de détestation pour bon nombre de musulmans. Il est vain d’attendre de l’islam qu’il respecte la spécificité d’un pays de « marque chrétienne » alors qu’il peut espérer le transformer en pays musulman. 

    Il n’est pas dans la logique de l’islam de s’astreindre à une « conversation civique » et de collaborer avec d’autres religions pour entretenir un état de choses dans lequel il n’est pas le maître. Il n’est pas dans la logique de l’islam d’obéir ou de négocier là où il peut commander. Il est voué à se saisir du pouvoir là où cela lui est possible. L’islam est voué à s’emparer de nouveaux territoires et à n’y laisser subsister les membres d’autres religions que sur le mode subordonné et humiliant de la dhimmitude. C’est cet esprit de conquête de l’islam qui se déploie actuellement sous nos yeux et à notre détriment. Car l’islam est aujourd’hui lancé dans la conquête de l’Europe en général et de la France en particulier, submergeant des zones entières et y installant avec arrogance sa civilisation, ses minarets, son droit, ses mentalités, ses modes de vie. Car l’islam n’est que très secondairement une religion au sens que l’on donne à ce mot en Europe, à la lumière de deux millénaires de chrétienté. L’islam est aussi et surtout un projet politique, si bien qu’il vise à imposer son code de droit et ses règles de civilisation. De sorte qu’en de nombreux points de son territoire, la France, qui est la nation européenne comptant sur son sol le plus grand nombre de musulmans, s’est aujourd’hui transformée en un autre pays que la France : un pays musulman.

    ÉLÉMENTS : Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que l’islam se lance à l’assaut de l’Europe. Mais comment notre continent, soumis à la « religion » des droits de l’homme, auxquels vous avez consacré un ouvrage, pourrait-il se défendre ?

    JEAN-LOUIS HAROUEL : Cette conquête silencieuse de l’Europe par l’islam se fait effectivement au moyen des droits de l’homme qui, transformés depuis plusieurs décennies en une religion séculière obsédée par la non-discrimination, exposent chaque peuple européen à voir des membres d’autres peuples s’installer chez lui et à mettre à profit ces droits pour travailler à le détruire et à le remplacer. Les droits de l’homme tels qu’on les conçoit maintenant permettent à un groupe identitaire installé au sein d’une nation européenne, étranger à elle par les origines et les sentiments, de la combattre de l’intérieur, cherchant à s’emparer du sol de cette nation et à éliminer son être afin de se substituer à elle. La religion des droits de l’homme – ou religion humanitaire – est aujourd’hui la religion d’État des nations occidentales. Instaurant une morale d’État vertueusement suicidaire, cette religion séculière handicape ainsi la France et les autres pays européens face au déferlement de l’immigration et à la présence sur leur sol d’un islam de masse, car elle interdit aux dirigeants de s’attaquer à ces problèmes et d’y répondre d’un point de vue politique.

    Or, pour combattre efficacement le processus de la conquête musulmane, il faut indiquer clairement aux populations musulmanes que l’accueil bienveillant dont elles bénéficient ne transforme pas pour autant des morceaux de France (et d’autres pays européens) en terre d’islam. Le groupe identitaire politico-religieux résultant de l’immigration musulmane doit être amené à se rapprocher de la conception européenne de la religion en mettant complètement de côté son arsenal de règles juridiques et de normes sociales. Il doit cesser de nous imposer sa civilisation, ses modes de vie, ses règles alimentaires et vestimentaires, ses mosquées triomphalistes de style arabe ou ottoman. L’exemple d’une résistance efficace nous vient de la vieille et exemplaire démocratie helvétique, où il est interdit d’édifier des minarets alors qu’il est toujours possible d’y élever des clochers. Les Suisses ont ainsi signifié aux musulmans vivant sur leur sol qu’ils n’étaient pas en terre d’islam. Ils ont refusé l’islamisation visuelle de leur pays, sa prise de possession symbolique par une civilisation étrangère, sans pour autant restreindre la liberté de culte. La Suisse a assujetti l’islam à un statut particulier, elle a institué une discrimination. Elle a tranché le nœud gordien des droits subjectifs, qui ligotent le pouvoir politique et le réduisent à l’impuissance.

    ÉLÉMENTS : Cette place occupée par les droits subjectifs en Occident n’est-elle pas à la fois ce qui démarque fondamentalement l’Occident de l’Orient – et ce qui, en l’état et aujourd’hui, rend l’Occident incapable de se défendre ?

    JEAN-LOUIS HAROUEL : Au nom des droits subjectifs et en vue de l’extirpation de toute forme de discrimination, nous sommes soumis à un régime disciplinaire qui vise à nous rééduquer. Dans les démocraties occidentales perverties par la religion des droits de l’homme, comme naguère dans la prétendue démocratie qu’était le monde soviétique, les citoyens sont écrasés par des tabous idéologiques dont la transgression est durement punie par le droit pénal : le totalitarisme droits-de-l’hommiste a pris la suite du totalitarisme communiste dans la volonté d’empêcher l’individu occidental de penser et d’agir librement. Pour autant, il faut faire une distinction entre les anciens droits de l’homme – c’est-à-dire les libertés publiques – et les nouveaux droits de l’homme, ceux créés par la religion séculière des droits de l’homme, qui détruisent ces libertés publiques. Tandis que les anciens droits de l’homme visaient à protéger les citoyens contre les excès du gouvernement, le peuple est aujourd’hui victime des nouveaux droits de l’homme, qui le privent de ses libertés et lui interdisent de se protéger contre la présence envahissante d’autres peuples, d’autres civilisations. Pour espérer pouvoir se défendre, l’Occident doit combattre résolument les nouveaux droits de l’homme, et remettre à l’honneur les anciens droits de l’homme, les libertés publiques, au premier rang desquelles la liberté d’exprimer sa pensée ou son opinion.

    Jean-Louis Harouel, propos recueillis par François Bousquet (Site de la revue Éléments, 28 octobre 2021)

     

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  • L'Islam est-il notre avenir ?...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un essai de Jean-Louis Harouel intitulé L'Islam est-il notre avenir ?.

    Agrégé de droit, professeur émérite de l'Université Panthéon-Assas, Jean-Louis Harouel a, notamment, publié Les droits de l'homme contre le peuple (Desclée de Brouwer, 2016) et Libres réflexions sur la peine de mort (Desclée de Brouwer, 2020).

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    " Bataclan, Charlie, Londres, Nice… L’horreur des attentats islamistes a beau frapper périodiquement notre continent, celui-ci affecte trop souvent de ne pas voir ce qui se cache derrière cette explosion de violence : le processus à bas bruit de conquête musulmane. Le pays le plus touché est la France, elle qui abrite la plus grosse communauté musulmane, majoritaire en maints endroits. Or, en terre d’islam, le régime des libertés est conditionné au respect des règles de l’islam, la charia ayant prévu des peines pouvant aller jusqu’à la mort pour ceux qui ne s’y soumettent pas. L’Europe occidentale menace ainsi de redevenir ce qu’elle avait été au Moyen Âge : une terre à prendre. La conquête musulmane avait alors été rejetée, mais la capacité de résistance des Européens, bridée par la religion des droits de l’homme, s’est émoussée. Faute de sursaut, le processus feutré de la conquête musulmane ne peut que se poursuivre et s’amplifier, jusqu’au jour où tout basculera. "

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  • Les droits de l’homme ? Une machine à produire une immigration incontrôlée...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Jean-Louis Harouel à l' Observatoire de l'immigration et de la démographie et consacré à l'impact de la religion des droits de l'homme sur l'immigration.

    Agrégé de droit, professeur émérite de l'Université Panthéon-Assas, Jean-Louis Harouel a, notamment, publié Les droits de l'homme contre le peuple (Desclée de Brouwer, 2016) et Libres réflexions sur la peine de mort (Desclée de Brouwer, 2020).

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    Entretien : Jean-Louis Harouel, l'influence des droits de l'homme sur l'immigration

    OID : Dans un rapport publié en mai 2020, la Cour des comptes souligne que depuis le début des années 2000, les pouvoirs publics tentent sans succès de retrouver une « maîtrise » de l’immigration. Quel lien faites-vous entre le développement des droits de l’homme et cette perte de contrôle du phénomène migratoire dans notre pays ?

    Jean-Louis Harouel : Les pouvoirs publics ont-ils réellement eu à quelque moment au cours cette période une vraie volonté politique de maîtriser le phénomène migratoire ? Il est permis d’en douter. Pour le reste, il est indiscutable que le développement des droits de l’homme a fonctionné comme une machine à produire une immigration incontrôlée.

     C’est une des conséquences de la transformation des droits de l’homme en une religion séculière, au sens que Raymond Aron donnait à ce terme, c’est-à-dire une doctrine qui prend la place des religions et situe ici bas le salut de l’humanité au moyen de l’instauration d’un ordre réputé parfait. François Furet fut le premier à observer que la religion séculière des droits de l’homme avait remplacé le communisme dans son rôle d’utopie censée instaurer le règne du bien. Dans la religion des droits de l’homme, la lutte des classes est remplacée par le combat contre les discriminations, mais au service du même objectif qui est l’émancipation de l’humanité. C’est toujours la même promesse de l’avenir radieux, avec cette différence que l’objectif n’est plus la suppression de la propriété mais la négation de toute espèce de différence entre les humains pour faire naître un monde nouveau entièrement cosmopolite et fondé exclusivement sur les droits des individus. Rien d’étonnant si le thème de la libre migration constitue un des grands axes des droits de l’homme tels qu’on les comprend aujourd’hui.

      OID : L’assassinat de l’enseignant Samuel Paty par un réfugié Tchétchène nous a récemment rappelé que l’immigration pouvait être une source de grande insécurité. Comment analysez-vous cette contradiction apparente entre les droits de l’homme, qui nous conduisent à accueillir sans condition des étrangers parfois hostiles, et les droits du citoyen qui doit assumer les conséquences parfois funestes de cet accueil ?

    Jean-Louis Harouel : L’idéologie des droits de l’homme souffre d’un vice rédhibitoire : l’absence du droit à la sécurité. Or, si on décide qu’il y a des droits de l’homme, la sécurité devrait être le premier d’entre eux : sécurité de sa propre personne et de la personne des siens ; sécurité dans la possession de ses biens. Et pourtant, le droit à la sécurité est absent aussi bien de la déclaration de 1789 que des autres déclarations des droits.

    Devant le caractère évidemment scandaleux de ce déni de justice, d’aucuns affectent de penser qu’il existe quand même parmi les droits de l’homme un droit à la sécurité, et invoquent pour cela l’article 2 de la déclaration du 26 août 1789, lequel dispose que les droits naturels et imprescriptibles de l’homme sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. On entend souvent affirmer que le droit à la sûreté ainsi proclamé en 1789 incluait un droit à la sécurité des personnes et des biens. Or, c’est inexact.

    Illustre juriste ayant marqué la seconde moitié du siècle dernier, le doyen Georges Vedel soulignait que, dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le terme sûreté désignait la liberté au sens de Montesquieu, le fait de ne rien craindre de l’autorité et de pouvoir aller et venir librement : bref, la liberté individuelle. Et le professeur de droit public Jean Morange, un des principaux spécialistes actuels des droits de l’homme, confirme que la sûreté consistait à ne pas risquer de faire l’objet d’une poursuite, d’une détention ou d’une arrestation arbitraire. Cela n’a pratiquement rien à voir avec la reconnaissance d’un droit à la sécurité des personnes et des biens, refusé par l’idéologie des droits de l’homme. Si bien que, comme le constate le professeur de droit privé Patrice Jourdain, il n’existe pas, dans notre système juridique, de droit subjectif à la sécurité. Il n’est donc pas illogique que notre obéissance à l’idéologie des droits de l’homme nous conduise à recevoir ou à conserver sur le territoire national des étrangers qui constituent objectivement un danger pour la population.

    OID : Le regroupement familial est souvent cité comme exemple d’une extension continue et irréversible des droits des étrangers en France. Croyez-vous que cette extension soit irréversible ? Ne pensez-vous pas que le juge et les autres pouvoirs publics pourront réduire ces droits de la même manière qu’ils les ont étendus ?

    Jean-Louis Harouel : Certes, mais à la condition de rompre avec la religion des droits de l’homme. Celle-ci fonde en effet une idéologie farouchement anti-nationale qui a radicalement changé le contenu de la démocratie. Dans cette version qui est aujourd’hui imposée comme seule valide dans les pays d’Europe occidentale, la démocratie est fondamentalement le culte de l’universel, l’obsession de l’ouverture à l’autre. On ainsi abandonné sans le dire le modèle classique de la démocratie libérale pour glisser vers une démocratie nouvelle manière qui se réclame d’un modèle postnational et multiethnique. Dans ce système, la souveraineté du peuple qui fonde traditionnellement la démocratie passe au second plan : elle est remplacée par le règne des dogmes de la religion des droits de l’homme, avec les juges en guise de prêtres omniscients et tout puissants. La religion des droits de l’homme fonde le gouvernement des juges et celui-ci renforce la religion des droits de l’homme. C’est une perversion de la démocratie : la démocratie droits-de-l’hommiste.

    En colonisant notre droit, la religion des droits de l’homme l’a profondément dénaturé. Ce phénomène de dénaturation du droit est très largement orchestré par la Cour européenne des droits de l’homme siégeant à Strasbourg (CEDH), qui raye d’un trait de plume une loi votée par un Parlement et se prétend compétente pour juger d’une disposition constitutionnelle, même adoptée par référendum. L’esprit de sa jurisprudence inspire les plus hautes juridictions françaises (Conseil constitutionnel, Conseil d’État, Cour de Cassation) et l’ensemble des tribunaux, donnant lieu à des décisions infirmant, interprétant ou contournant au besoin la loi pour donner gain de cause à l’étranger ou à la personne d’origine étrangère. De sorte que, sous l’effet d’un système juridique perverti, le droit se retourne contre le peuple dans l’intérêt duquel il a été institué. L’admission de tout individu présent sur le sol d’un pays, fût-ce de façon frauduleuse, à multiplier les revendications et actions en justice donne à cet individu une arme contre le peuple de ce pays. Et cette arme peut servir d’instrument à des groupes identitaires installés sur le territoire national, qui combattent la nation de l’intérieur afin de se substituer progressivement à elle. Affirmant que le flot illimité de l’immigration est inscrit dans le sens de l’histoire, la religion des droits de l’homme condamne sans le dire les Européens et leur civilisation à disparaître.

    Aussi bien le législateur et le pouvoir réglementaire ont-ils apporté leur contribution au règne de la religion des droits de l’homme. C’est par décret que fut institué en 1976 le regroupement familial à l’initiative du premier ministre Jacques Chirac : monumentale erreur que son successeur Raymond Barre a essayé de réparer, ce dont il fut empêché par le Conseil d’État. Et, à l’occasion de la réforme constitutionnelle de 2008, c’est la représentation nationale qui a offert un splendide cadeau au lobby immigrationniste en créant la question prioritaire de constitutionnalité (QPC), qui permet à toute personne partie à un procès de contester la constitutionnalité d’une loi en vigueur. Surtout, la France s’est ligotée elle-même face aux étrangers présents sur son sol, légalement ou non, par tous les traités à portée humanitaire auxquels son gouvernement et son parlement l’on fait adhérer, depuis la Convention de Genève jusqu’à divers pactes onusiens en passant par la Convention européenne des droits de l’homme. Ces traités, et plus encore l’interprétation qu’en donnent les juges, ont grandement favorisé l’essor exponentiel des droits des étrangers. Sans compter que la liberté d’action du législateur et du gouvernement français se trouve bridée par les directives communautaires dont les dispositions ont même valeur qu’une obligation constitutionnelle, et qui font trop souvent passer la distribution de droits et garanties aux immigrés avant les impératifs de la sécurité nationale et la légitime nécessité de contrôler l’immigration. Il ne sera pas possible d’essayer de ramener les droits des étrangers à des proportions raisonnables sans une remise en cause au moins partielle ou temporaire de l’adhésion de la France à ces traités, ni sans une modification du droit européen.

    OID : L’accueil des étrangers est souvent présenté comme une composante essentielle de l’identité de la France. En tant qu’historien du droit, souscrivez-vous à cette analyse ?

    Jean-Louis Harouel : C’est une contre-vérité. La France est un vieux socle humain plurimillénaire. Les recherches de démographie historique ont montré que, jusqu’au milieu du XIXe siècle, la population française était presque exclusivement issue d’une très vieille présence celtique sur ce sol, intégrée par la conquête à la civilisation romaine, et à laquelle s’étaient mêlés les apports numériquement faibles de peuples conquérants : Francs, Burgondes, Wisigoths, sans oublier des Vikings en Normandie. Cela mis à part, la France fut la succession sur la même terre d’une longue suite de générations se perdant dans la nuit des temps. C’est de ce très vieux socle humain qu’étaient nés les millions de paysans français qui sont allés mourir dans les tranchées de la Première Guerre mondiale.

    Surpeuplée sous l’Ancien Régime, la France était de loin le pays le plus peuplé et le plus dense d’Europe. En état d’extrême pression démographique, plein d’hommes à ne savoir qu’en faire, notre pays était alors une terre d’émigration et non d’immigration. Celle-ci était infime et concernait surtout des étrangers de rang social élevé, des artistes, des savants, ou des professionnels apportant des techniques novatrices. La royauté les naturalisait volontiers mais, avant l’enregistrement de leurs lettres de naturalité, la Chambre des comptes vérifiait que les nouveaux venus possédaient des ressources suffisantes et étaient gens de bonne vie et mœurs.  

    Ce n’est qu’à partir du milieu du XIXe siècle que, du fait d’une baisse volontaire de la fécondité intervenue plus tôt que partout ailleurs, la France est devenue une terre d’immigration. Elle a d’abord accueilli surtout des Belges et des Italiens, puis dans la première moitié du XXe siècle des Polonais, suivis par des Espagnols et des Portugais. Il fut exigé de tous ces nouveaux venus une adhésion complète et sans réserve à l’identité française, au modèle français. Ce fut facilité par le fait que ces immigrés étaient issus de pays européens et de civilisation chrétienne, si bien que  leur assimilation s’effectuait en une génération, et même parfois plus vite.

    En revanche, cette exigence d’assimilation a été abandonnée concernant l’immigration extra-européenne et très largement musulmane qui a pris le relais. Cela aurait d’ailleurs été difficile car cette immigration était porteuse d’une civilisation antagoniste de la civilisation européenne, et de plus beaucoup trop nombreuse pour que puisse bien s’opérer le classique processus d’adhésion à l’identité française. De toute manière, on n’a même pas essayé. Les différents gouvernements qui se sont succédés depuis un demi-siècle ont tiré fierté de leur répudiation du principe de l’assimilation des immigrés, au point que le terme est devenu politiquement incorrect.

    OID : Face à l’influence décisive du juge sur l’étendue et le contenu du droit des étrangers, la France peut-elle retrouver le contrôle de sa politique migratoire sans renoncer à sa conception de la séparation des pouvoirs ?

    Jean-Louis Harouel : En fait, il s’agit plutôt de revenir à une vraie séparation des pouvoirs, qui a été mise à mal par le gouvernement des juges. Il s’agit de rompre avec un système qui permet au juge d’exercer une domination sur le législateur en l’obligeant à changer la loi, voire, s’agissant de la CEDH, une domination sur le pouvoir constituant en censurant une disposition constitutionnelle. Le tout au nom des droits de l’homme.

    Indispensable à une maîtrise du phénomène migratoire, le rétablissement d’une vraie séparation des pouvoirs passe par une nécessaire révision de la constitution, d’une part pour éliminer les entraves à l’action gouvernementale envers les étrangers résultant des interprétations du Conseil constitutionnel, et d’autre part pour abolir le système de la question prioritaire de constitutionnalité. Et s’agissant de la Cour européenne des droits de l’homme, la France pourrait avantageusement revenir à la situation d’avant 1981, où elle avait émis une réserve écartant la possibilité d’une saisine directe de la cour de Strasbourg par des recours individuels. En rétablissant ainsi la séparation des pouvoirs, on rétablira du même coup la démocratie représentative fondée sur la souveraineté populaire, aujourd’hui largement supplantée par la démocratie des droits individuels incarnée par la haute magistrature, tant nationale que supranationale.

    Si on veut vraiment maîtriser l’immigration, il faudra nécessairement marquer une nette différence entre d’une part le nouveau venu qui prétend s’incruster et d’autre part la population du pays. Il faudra bien que la France cesse de se comporter comme le bureau d’aide sociale et médicale de l’univers. Il faudra bien se résoudre à changer la constitution, la législation et la réglementation, pour faire en sorte qu’il n’existe plus aucun avantage matériel à pénétrer ou rester de manière illégale sur le sol français. Il faudra bien se décider à rétablir la discrimination juste par excellence dans la logique de la cité, celle que l’on fait entre le citoyen et le non citoyen, entre les nationaux et les étrangers. Et, pour cela, il va falloir libérer le peuple souverain, ses représentants et son gouvernement de la mortelle paralysie que lui infligent les juridictions suprêmes.

    Jean-Louis Harouel (Observatoire de l'immigration et de la démographie, 15 janvier 2021)

     

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  • Le mécanisme pervers des droits de l'Homme...

    Le 23 décembre 2020, Pierre Bergerot recevait, sur TV libertés, Jean-Louis Harouel pour évoquer la question des droits de l'homme. Agrégé de droit, professeur émérite de l'Université Panthéon-Assas, Jean-Louis Harouel a, notamment, publié Les droits de l'homme contre le peuple (Desclée de Brouwer, 2016) et Libres réflexions sur la peine de mort (Desclée de Brouwer, 2020).

     

                                               

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