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  • Les snipers de la semaine... (101)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur RTL, Zemmour dézingue Alain Juppé, l'ancien techno raide qui est devenu un bobo cool...

    La malédiction du "meilleur d'entre nous" continue

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    - sur Polémia, Michel Geoffroy flingue l'oligarchie et son indécence hédoniste...

    L'indécence commune en spectacle

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  • Les snipers de la semaine... (100)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Minute, Jean-Marie Molitor flingue Christiane Taubira et son projet de loi liberticide destiné à instaurer une censure administrative de la presse sous prétexte de lutter contre le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie...

    La liberté de la presse en très grand danger

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    - sur Nouvelles de France, André Pouchet rafale ceux qui poussent des cries d'orfraies après les déclarations de Roland Dumas sur Manuel Valls...

    Ce qui est vraiment choquant

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  • Faut-il voir "Welcome to New York" ?...

    La sortie de "Welcome to New York" le film d'Abel Ferrara, inspiré de l'affaire DSK, a suscité une violente polémique dans la presse et donné lieu à nombre de commentaires outrés... Le blog Eléments a publié le point de vue de Ludovic Maubreuil, bien connu des lecteurs de la revue... 

     

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    Welcome to New York : un grand film d'Abel Ferrara, Gérard Depardieu époustouflant

    Depuis quelques jours, la presse généraliste, quasi unanime, s’emploie à descendre « Welcome to New York », le dernier film d’Abel Ferrara, et l’on se prend à espérer que la critique cinématographique, une fois le scandale promotionnel retombé (scandale auquel tout le monde aura participé avec délectation, même en se bouchant le nez), saura se démarquer de ce mouvement de foule à la fois grossier et grotesque. Anne Sinclair vomit, DSK porte plainte pour monstruosité, les avocats s’indignent et les amis s’étranglent, y allant les uns après les autres de leur tribune indignée. Mais les arguments sont tellement pitoyables, tellement malhonnêtes, tellement absurdes surtout, qu’on en vient à penser qu’il est impossible que l’on ait vu le même film. Il est vrai que Didier Péron, l’envoyé spécial de Libération au festival de Cannes commence par se plaindre (ici) que « la qualité de la séance est mauvaise, notamment parce qu’à l’extérieur les fêtes battent leur plein et que la bande-son est doublée par les basses qui cognent dehors », avant de regretter que le film soit « cheap, objectivement sous-financé par rapport à ce qu’il conviendrait d’investir pour rendre crédible un tel séisme politico-médiatique». De toute évidence, il a manqué à ce cinéphile certifié une belle salle avec accueil personnalisé, ainsi que des plans en hélico de Manhattan, un haletant montage alterné entre salles de presse et chancelleries, quelques courses-poursuites signifiantes, et puis des flash-backs aux couleurs chaudes dans le village natal de Nafissatou… « Cheap », le mot qui revient aussi chez Etienne Sorin du Figaro (ici), l’insulte suprême qui en dit long sur une époque avide de surcharges, de rajouts, de dorures.

    Une chose au moins est certaine : les apôtres du dérangeant, les fans du « malaise », les aficionados de la provoc’, qui se félicitent d’ordinaire qu’un film bouscule ou qu’une séquence choque, se retrouvent cette fois embarrassés pour de bon ! Et soudain, voilà que ce n’est plus très cool d’être chahuté ! Voilà que c’est scandaleux d’être scandalisé alors que c’est d’habitude une salutaire nécessité! Bien sûr que le cinéma doit gêner, mais pour de vrai! Il n’est pas là pour entériner ce qui va de soi, ce que tout le monde répète, ce qui est médiatiquement admissible. Il est aussi là pour brouiller les perspectives, disséminer les points de vue, montrer l’innommable. Et cela n’est pas forcément jubilatoire. Les films, contrairement à ce que pense Luc Besson et une partie de la critique, ne sont pas des « objets gentils ». Et quand Dan Franck s’insurge contre un film « mensonger et donc nul » (ici), cette relation de cause à effet dit tout de l’effrayante conception du cinéma de Dan Franck. Un film qu’il qualifie en outre de « néfaste » !  Mais au nom de quoi le cinéma est-il sommé de dire la vérité ? Et depuis quand un film doit-il avant tout rasséréner ?

    Deveraux, un anti-héros digne de  Bad Lieutenant

    Le malaise ressenti devant Welcome to New York est incontestable, et c’est justement là que réside sa force cinématographique, mêlant le réel (du moins sa recréation journalistique) à l’extrapolation fictionnelle, alternant le vertige du vrai aux puissances du faux, entrelaçant et confondant les portraits (DSK, Depardieu, Ferrara) jusqu’à obtenir ce golem phénoménal : Deveraux. Celui-ci, en droite ligne de l’anti-héros de Bad Lieutenantou de l’Eddie Israël de Snake eyes, toutes deux magnifiquement interprétés par Harvey Keitel, est comme eux un homme à la dérive, s’enfonçant toujours plus loin dans le mal, c’est-à-dire la méconnaissance de lui-même (ce qui est bien entendu l’ultime péché). Il garde la plus froide lucidité sur ces actes. « Comment imaginer sous les traits de cet homme au corps si lourd, à l’anglais si mauvais, l’ancien maître du monde qui dirigeait le FMI ? Le spectateur ne peut sérieusement y croire », se désole ingénument Sophie des Déserts dans Le Nouvel Observateur (ici), sans réaliser l’énormité de sa sentence. Comment peut-on à ce point méconnaître l’essence même du cinéma ?

    Depardieu : son plus grand rôle depuis quinze ans.

    Quant à l’accusation d’antisémitisme, elle est proprement insensée, allant jusqu’à faire dire à Bruno Roger-Petit sur son blog, que « Welcome to New York n'est pas un film de cinéma. C'est un spectacle de Dieudonné, sans Dieudonné, mais avec des dialogues de Dieudonné, des procédés de Dieudonné, des sous-titres de Dieudonné et des idées de Dieudonné » ! Le recours systématique à la reductio ad dieudoneam, déjà passablement stupide, devient maintenant complètement délirant ! Il suffit pour s’en convaincre de connaître un peu la filmographie de Ferrara (tout particulièrement The Addiction ouSnake eyes), ce qui est sans doute trop demander, ou tout simplement de savoir regarderWelcome to New York.  La première scène qui dégoûte tout le monde (enfin, plutôt le petit monde des pigistes-copains) est celle où Simone, le personnage inspiré d’Anne Sinclair, est félicitée pour son action envers Israël. Or cette scène est clairement là pour présenter ce personnage comme philanthrope, à l’inverse donc de son époux défini depuis 40 minutes comme jouisseur égoïste, et nullement pour l’incriminer ! Cette action serait-elle donc honteuse et répréhensible aux yeux de ceux qui y voient une accusation ? D’autant que pour le coup, malgré les nombreuses modifications existant entre Anne Sinclair/Simone ou DSK/Deveraux, cette caractéristique est commune à Simone et Anne Sinclair, cette dernière ne s’en étant jamais cachée ! Quant aux remarques désobligeantes de Deveraux à Simone concernant sa famille et la façon dont celle-ci aurait amassé sa fortune, ce sont avant tout des remarques désobligeantes de Deveraux à Simone. Elles témoignent de la pauvre défense d’un homme acculé, enrageant d’être à la merci de l’argent de sa femme. Elles ne sont certainement pas là pour établir une vérité historique ! WTNY n’est pas du cinéma d’investigation !

    WTNY est un grand film pour au moins trois raisons. D’abord parce qu’il nous prend tels que nous sommes devenus, à savoir des consommateurs avides d’images irreliées, et qu’il nous redonne la chance d’être des spectateurs de cinéma, c’est-à-dire aptes à affronter la complexité de leurs rapports, à s’extraire de leurs pièges emboîtés. En interrogeant le voyeur et le juge que tout spectateur porte en lui, il parvient au fil des séquences à le faire plusieurs fois changer d’avis sur ses deux personnages principaux, sans jamais leur donner d’autres circonstances atténuantes que leur nature, leur « character » selon la fable wellesienne du scorpion et de la grenouille. Il y a ensuite, sous les parades, les grognements et les rires étouffés, dans un clair-obscur effaçant les traits et adoucissant la mécanique des gestes, cette peinture saisissante d’une sexualité  sombre et mélancolique, comme dans le magnifique Go Go Tales, complètement à rebours de la production pornographique courante. Et puis enfin, il y a Depardieu qui trouve là, avec le Serge Pilardosse de Mammuth, le plus grand rôle de ces quinze dernières années, époustouflant de bout en bout, tout particulièrement dans ces longs moments de solitude qu’il traverse d’emportements en rictus, le souffle court et le regard effaré ; ces grands moments de solitude que sont paradoxalement les coïts, le passage avec les gardiens de prison, les dialogues avec son épouse, où il apparaît tour à tour attendri comme un enfant, violent comme une bête, exténué comme un vieil homme.

        Au temps du cinéma lisse et moralisateur, qui commence toujours par plastronner avant de finir en sermon sinon en procès-verbal, tout cela fait décidément désordre !

    Ludovic Maubreuil (Blog Eléments, 21 mai 2014)

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  • Madame Bobovary...

    Nous reproduisons ci-dessous la dernière Chronique d'une fin du monde sans importance, de Xavier Eman, publiée dans le numéro 149 de la revue Éléments, actuellement en kiosque...

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    Madame Bobovary

    Ravie, le visage épanoui et la moue excitée, Eliane sortit de la librairie en serrant amoureusement contre son sein, tel le bébé qu'elle n'avait jamais voulu, le précieux sac contenant la dizaine de livres qu'elle venait d'acheter. Elle avait en effet acquis l'intégralité de la « sélection rentrée littéraire » de son magazine préféré, « Maxi Actuel », la revue de la nouvelle féminité décomplexée. Elle pressait maintenant le pas, presque fiévreuse, impatiente de se jeter à corps et âme perdus dans ces passionnantes auto-fictions torturées et dépressives, débordantes de sexe, de drogue et de visions du monde délicieusement désabusées. Elle même était d'ailleurs fortement désabusée. Il est vrai que la vie ne lui avait pas fait de cadeaux. Après une scolarité brillante et ennuyeuse à Stanislas puis des études à Sciences Po, elle avait été, durant quelques mois, vaguement attachée de presse pour un groupe pharmaceutique avant d'épouser sans passion mais avec faste un prothésiste dentaire spécialisé dans la réfection buccale des stars du show-biz et de la télévision. Ainsi, elle avait été impitoyablement condamnée à une vie de dîner mondains, de promenades en Sologne et de vacances à Saint-Barthélémy ou Verbier, une vie doucereuse et routinière qui ne lui correspondait absolument pas. Son mari ne lui avait jamais proposé d'aller dans une boîte à partouzes et ne prenait même pas la peine de la tromper. Elle en souffrait beaucoup. Car elle était faite pour la douleur, les angoisses, les névroses et les expériences violentes que l'existence lui avait cruellement épargné. Fort heureusement, il lui restait la littérature contemporaine, chaque nouvel ouvrage étant pour elle une délicieuse injection de misère morale, d'échec familial, de haine conjugale, de perversion et de déréliction toxicologique... Elle sniffait dans ces lignes la cocaïne qui n'avait jamais inondé ses narines, discernait dans l'encre des caractères le sang ayant jailli des veines de ces auteurs génialement, et perpétuellement, suicidaires, se troublait en transformant le blanc des pages en coulées de foutre répandues par ces amants à la fois érotomanes et complexés sur leurs innombrables maîtresses qu'elle imaginait invariablement sous les traits de jeunes femmes étiques et blafardes, tenant en permanence une cigarette blonde entre leurs doigts aux ongles rongés... Grâce à cette littérature, elle pouvait se vautrer dans la boue tant aimée et tant espérée sans même quitter ses draps de soie. C'est pourquoi elle était si enthousiaste en s'échappant de chez son dealer, regagnant hâtivement l'appartement de l'avenue Wagram sans même apercevoir les clins d'oeil des vitrines Hermès ou Dior qui, d'ordinaire, transformaient chacune de ses sorties en pic bénéficiaire pour l'industrie du luxe.

    Marchant de plus en plus vite, elle imaginait déjà le subterfuge qu'elle utiliserait pour échapper au dîner prévu ce soir avec des collègues de son mari, des imbéciles parvenus et grossiers qui n'avaient jamais vibré aux envolées cosmétiques de Florian Zeller, aux affres incestueux de Christine Angot, pas plus qu'aux sodomies alternatives et révolutionnaires de Virgnie Despentes ou aux questionnements egotiques de Yann Moix... Un nouvel accès de forte migraine suffirait d'ailleurs certainement à assurer sa tranquillité pour la soirée. Eliane se mit même à ricaner en imaginant son gros mari venir s'enquérir de sa santé et lui porter une tisane apaisante avant de l'embrasser sur le front et de rejoindre ses invités. L'idée de ce baiser éteignit rapidement son ricanement qui céda la place à un léger frisson de dégoût, mais la vision du brushing Zellerien sur la couverture dépassant du sac l'apaisa immédiatement.

    La nuit était maintenant presque totalement tombée et Eliane ressemblait à toutes ces autres ombres trottinantes et déjà un peu effacées, impatientes de rejoindre famille et foyer. Pourtant Eliane savait qu'elle n'était pas comme elles, pas le moins du monde même, car ce n'était pas le confort et la sécurité bourgeoise qu'elle s'empressait de retrouver mais au contraire les désordres et tumultes intellectuello-germanopratins qui s'élèvent tellement au dessus de toutes ces petites vies laborieuses et vaines, à jamais mornes et bornées. Elle rayonnait maintenant de morgue et de mépris en frôlant ces misérables fourmis qui ignoraient tout des amours sado-cannibalesques du couple DSK/Iacub et préféraient le visionnage de divertissements télévisés à la description des prurits gynécologiques de publicitaires trentenaires à lunettes carrées. Ces gens qui encombraient la rue n'étaient rien pour elles, ce monde n'était pas définitivement pas le sien. Elle courrait presque maintenant pour retrouver ses douloureux amants et c'est presque dans un état de transe qu'elle traversa la rue sans prendre garde au bus qui surgissait au même moment et qui, malgré le hurlement d'un coup de frein, la percuta de plein fouet.

    Le corps inerte d'Eliane gisait maintenant au milieu de la chaussée, bientôt entouré de badauds horrifiés. A ses cotés, quelques livres ensanglantés et le visage souriant de Florian Zeller.

    Xavier Eman (Éléments n°149, octobre - décembre 2013)

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  • Quand les socialistes défendaient le peuple...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Nicolas Gauthier et publié sur Boulevard Voltaire. Alain de Benoist y évoque la trahison par la gauche des idéaux du socialisme...

     

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    Quand les socialistes défendaient le peuple

    Vous venez de publier Édouard Berth ou le socialisme héroïque (Pardès). Pourquoi s’intéresser à un homme aussi peu connu ?

    Il est en fait bien connu de tous les historiens des idées, qui le considèrent en général comme le plus fidèle disciple de Georges Sorel, auteur des Réflexions sur la violence et des Illusions du progrès. Édouard Berth (1875-1939) a été l’un des principaux théoriciens du syndicalisme révolutionnaire, c’est-à-dire de cette branche du mouvement ouvrier qui, estimant que la classe ouvrière ne pouvait compter que sur elle-même pour instaurer la « société des producteurs », n’avait qu’hostilité pour les partis politiques et donnait la priorité à « l’action directe » (soit l’action sur les lieux de travail) développée par les syndicats. Ce sont les représentants les plus actifs de cette tendance révolutionnaire, Victor Griffuelhes et Émile Pouget, qui parvinrent, en octobre 1906, à faire adopter par la CGT la célèbre Charte d’Amiens que l’on considère aujourd’hui comme l’acte fondateur du syndicalisme français. Berth eut, par ailleurs, un itinéraire extrêmement original puisque, sans jamais abandonner ses convictions, il participa, à la veille de la Première Guerre mondiale, à l’aventure du Cercle Proudhon, où se rencontrèrent maurrassiens et syndicalistes révolutionnaires, puis s’enthousiasma vers 1920 pour la révolution russe, au point de collaborer régulièrement à la revue Clarté, fondée par Henri Barbusse. Revenu de son léninisme, il collabora jusqu’à sa mort à La Révolution prolétarienne de Pierre Monatte.

    Ce qui frappe, c’est aussi le contraste entre socialisme d’antan, tout entier voué à la défense de la classe ouvrière, et Parti socialiste actuel. Ce PS est-il encore socialiste ?

    En janvier 1905, le « règlement » de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) – Parti socialiste de l’époque – se présentait comme un « parti de classe qui a pour but de socialiser les moyens de production et d’échange, c’est-à-dire de transformer la société capitaliste en société collectiviste, et pour moyen l’organisation économique et politique du prolétariat ». Allez donc demander aujourd’hui aux travailleurs de PSA, de Florange ou d’ArcelorMittal ce qu’ils pensent du « socialisme » de Hollande !

    Qu’un dirigeant du PS, en l’occurrence Dominique Strauss-Kahn, ait pu être appelé à la direction du Fonds monétaire international (FMI) pour y mettre en œuvre la même politique que pratique aujourd’hui Christine Lagarde était déjà tout un symbole. Et maintenant ? Ni le mariage homosexuel, ni la légalisation du cannabis, ni la lutte pour la parité (sauf dans le mariage !), ni l’immigration incontrôlée, ni l’abolition des frontières, ni même la défense des « droits de l’homme » (dont Marx avait fait une critique impitoyable) ne sont évidemment des mesures « socialistes ». Ce sont des mesures libérales, censées répondre aux caprices et aux désirs individuels. Devenu un parti social-libéral – de plus en plus libéral et de moins en moins social –, le PS ne conçoit plus la société que comme une addition d’individus. C’est pour cela que le gouvernement actuel, privilégiant le sociétal au détriment du social, a choisi de faire diversion en cachant les cinq millions de chômeurs derrière le mariage pour tous.

    Le bilan social-défaitiste de François Hollande est évident dans tous les domaines. De l’abandon de toute réforme fiscale d’envergure à l’absence de politique industrielle, de la révision du Code du travail dans le sens exigé par le MEDEF au chantage à l’emploi pour faire baisser les salaires – tandis que ceux des grands patrons ne seront finalement pas « encadrés » –, sans oublier la loi sur la « sécurisation de l’emploi » (sic), qui a signé l’arrêt de mort du contrat à durée indéterminée (CDI), chaque jour qui passe administre la preuve de la totale soumission de François Hollande aux exigences de la finance.

    Rallié depuis au moins trente ans au système de l’argent, le PS est devenu un parti de fonctionnaires, de technocrates et de bobos ayant oublié le socialisme depuis belle lurette et ne s’intéressant qu’au « pourtoussisme », aux interventions « humanitaires » et à la défense des « victimes » sur le mode émotionnel et lacrymal. Ce n’est donc pas sur ses dirigeants qu’il faut compter pour expliquer que la crise actuelle est d’abord une crise du mode de production capitaliste, c’est-à-dire une crise généralisée de la logique de valorisation du capital, et moins encore pour tenter d’y remédier.

    Comment expliquer cette évolution ? Passer d’un Édouard Berth à un DSK…

    Ce qu’on appelle la « gauche » est né en France, à l’époque de l’affaire Dreyfus, de la fusion de deux courants totalement différents : une aspiration à la justice sociale portée par le mouvement ouvrier et une philosophie du progrès héritée des Lumières, que Sorel a justement définie comme fondamentalement bourgeoise. Le problème est que l’idéologie du progrès n’a que méfiance pour ce que Pasolini appelait la « force révolutionnaire du passé ». Or, le socialisme originel, s’il s’opposait bien entendu aux hiérarchies d’Ancien Régime, n’entendait nullement abolir les solidarités organiques traditionnelles ni s’attaquer aux fondements communautaires du lien social. Il contestait en revanche hautement l’idée libérale selon laquelle le marché, la logique de l’intérêt et le droit procédural suffiraient à faire tenir ensemble une société.

    Dès les années 1980, la gauche, sous couvert de se « moderniser », a commencé à s’adapter aux modèles libéraux. Elle a, de ce fait, abandonné les idéaux du socialisme. Il lui reste la métaphysique du progrès, qu’elle partage avec la droite libérale. Dans ces conditions, le libéralisme sociétal de la gauche rejoint tout naturellement le libéralisme économique de la droite. Être de gauche, désormais, c’est adhérer à la logique de « l’antiracisme » et de la « lutte-contre-toutes-les-discriminations » pour masquer le fait que l’on a cessé d’être anticapitaliste.

    Édouard Berth se faisait une idée « sublime » de la classe ouvrière, appelée selon lui à détruire le capitalisme bourgeois en reprenant à son compte les valeurs héroïques de l’Antiquité. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la gauche actuelle n’a pas le même rapport au peuple…

    Le peuple et la gauche n’ont jamais été des notions équivalentes, comme on l’a vu lors des journées de juin 1848 et de la Commune de 1871, lorsque la gauche bourgeoise faisait tirer sur le peuple. Lisez le livre de Bertrand Rothé récemment paru aux Éditions du Seuil, De l’abandon au mépris, sous-titré Comment le PS a tourné le dos à la classe ouvrière. Le mot de mépris n’est pas exagéré. L’auteur explique très bien comment les élites du PS ont abandonné les ouvriers au nom de la modernité, et parfois aussi de la « préférence étrangère ». Éric Zemmour résume parfaitement la situation quand il écrit que « la gauche se croit aujourd’hui antilibérale alors que son obsession progressiste en fait la meilleure servante du marché », tandis que la droite s’imagine « défendre les valeurs traditionnelles alors que le marché, qu’elle admire, détruit ce qu’elle est censée défendre ». Le grand clivage actuel n’est plus celui qui oppose la droite et la gauche, mais celui qui oppose des classes populaires encore « territorialisées » à une nouvelle classe globalisée, engendrée elle-même par un néocapitalisme financiarisé et de plus en plus déterritorialisé. Cette nouvelle classe s’est formée sous l’effet d’une intensification des mobilités dans un climat marqué par la déréglementation des marchés et des innovations technologiques rétrécissant l’espace et le temps. Face à elle, la frustration des classes populaires, et celle des classes moyennes menacées de déclassement, pourrait bien devenir le moteur d’une nouvelle lutte des classes.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 9 juin 2013)

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  • Les snipers de la semaine... (59)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Causeur, Théophane Le Mé, ,né flingue les thuriféraires de Stéphane Hessel, pape de l'indignation...

    Stéphane Hessel, un saint laïc ?

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    - sur Marianne, Eric Conan sort son calibre et cartonne Marcela Iacub, prêtresse bobo de la pseudo-transgression...

    Marcela Iacub, Kerviel du sexe ?

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