Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Caroline Galactéros à Thinkerview, consacré à la situation géopolitique et à la menace de guerre... Caroline Galactéros anime GEOPRAGMA, qui veut être le pôle français de géopolitique réaliste.
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Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Caroline Galactéros à Thinkerview, consacré à la situation géopolitique et à la menace de guerre... Caroline Galactéros anime GEOPRAGMA, qui veut être le pôle français de géopolitique réaliste.
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré aux probables clarifications qui vont intervenir au cours de l'année 2025 dans les relations entre les puissances, et notamment dans le conflit russo-ukrainien.
2025, année de la clarification douloureuse
Pour chacun, dans le cercle de nos amis et connaissances, ces premiers jours de l’année nouvelle sont ceux des vœux, des pensées amènes, des espérances et des bonnes résolutions.
Pour le monde occidental, dont la France est partie (même si notre pays a tant renoncé à lui-même depuis des décennies qu’il n’a rien su faire de ses atouts ni su adopter une position non alignée et médiatrice qui aurait été très utile à la paix en Europe sur le dossier ukrainien), ce devrait être l’occasion de revenir sur les erreurs passées, de tenter enfin autre chose que la surenchère guerrière, d’infléchir une trajectoire qui sinon nous promet un enfermement de plus en plus douloureux et dangereux dans les ornières du passé.
Encore faudrait-il oser identifier les mauvais chemins empruntés, les raisonnements abscons, les postures bravaches si nuisibles aux intérêts des peuples que l’on prétend guider ou représenter ; des peuples in fine toujours victimes, notamment économiquement et socialement dans le cas des Européens, de décisions prises sous l’empire du déni, de la rage, de la haine ou de la prétention.
Et de ce point de vue, 2024 fut un must, une année perdue et sanglante, une année de trop dans la poursuite effrénée, paniquée même, d’illusions de toute puissance et de maintien d’une domination minée par ses propres flagrants excès.
Où que se tourne le regard, il contemple donc des champs de ruines et de cadavres innocents livrés sans réfléchir à la lutte implacable que nous livrons à un monde nouveau, récalcitrant à notre férule. Un monde qui n’a pas plié et n’a pas plus l’intention de plier cette année.
L’Ukraine est le plus proche de ces buchers de nos vanités. Notre « soutien » borné à un régime dévoyé qui n’est que l’instrument de notre indécrottable volonté d’affaiblissement de la Russie, n’a abouti qu’à une situation bien plus dommageable pour ce malheureux pays qu’il y a encore un an ou deux. Si la paix avait été notre préoccupation, nous aurions depuis déjà longtemps recherché les bases d’un accord avec Moscou permettant le retour de la sécurité en Europe. Mais la paix n’est pas notre problème. Nous voulons la guerre jusqu’au dernier Ukrainien, même si nous finissions par y laisser bien plus que des plumes et demain des soldats s’il le fallait. C’est délirant, c’est parfaitement inutile mais c’est ainsi. Une question de « principes » et de « valeurs » parait-il. Le comble du cynisme.
Quand je dis si « nous » recherchions la paix, je pense naturellement à Washington, puisque l’Europe ne comprend rien à ses propres intérêts et se contente de donner dans la surenchère belliqueuse pour complaire à la volonté de l’Administration américaine. Donald Trump, qui sera officiellement président dans quelques jours, pourra-t-il changer la donne, mettre au pas l’État profond, purger les abcès de corruption qui gangrènent l’appareil décisionnel américain et proposer les bases pourtant évidentes depuis très longtemps d’un accord à son homologue russe ? Ce n’est pas du tout certain, tant tout est fait pour le désinformer sur la réalité militaire du conflit et l’enfermer dans des logiques guerrières. Il semble néanmoins avoir compris que sa posture initiale consistant à menacer Moscou de faire pleuvoir les armes et l’argent sur Kiev si le président Poutine n’acceptait pas un gel des combats et une force otano-européenne de surveillance, n’avait strictement aucune chance d’engager la Russie aux moindres pourparlers. Moscou néanmoins, connait par le menu la violence de la scène politique américaine et tempère le rythme de ses gains militaires (mais jusqu’à quand ?) pour donner une chance à un dialogue sérieux, même si les pressions internes sont de plus en plus fortes pour pousser le Kremlin à accélérer le rythme de la SMO au premier semestre 2025.
Il faut souhaiter que les avancées russes actuelles constantes dans le Donbass et les très lourdes pertes ukrainiennes depuis plusieurs mois poussent la nouvelle Maison blanche au réalisme, même si le déni demeure très lourd et la volonté de saboter la nouvelle présidence de Donald Trump profonde. On peut donc craindre, si ce dernier ne part pas sur des bases pragmatiques et raisonnables avec Moscou, que la prophétie autoréalisatrice ressassée à Bruxelles, Paris, Londres et (de moins en moins) Berlin ne finisse par advenir : On verrait alors Moscou sevré de ses dernières illusions, finir par avancer vers la Pologne ou les pays baltes alors que cela n’était clairement pas son intention initiale. On serait même capables de s’en réjouir et de dire « qu’on le savait bien ».
Les USA ont tout intérêt pourtant à trouver une issue en Ukraine et les Russes à leur laisser sauver la face. Washington doit choisir ses combats en fonction de la réalité de ses moyens militaires, de sa relation avec la Chine et de l’état du rapport de force mondial qui n’est plus en sa faveur. Le problème est que même cette évidence ne parvient pas à franchir le front du déni et à atteindre les cerveaux embrumés de nos dirigeants sans expérience ni culture. Ils sont intoxiqués par leur propre propagande délirante depuis trop longtemps et même le pragmatique Trump semble actuellement vouloir s’entourer d’un nombre conséquent de faucons qui risquent de ne pas saisir ce moment historique qui permettrait à l’Amérique d’entamer le sauvetage stratégique mais aussi moral et politique de l’Occident.
Si le théâtre ukrainien va donc malheureusement rester encore un bon moment actif, le Moyen-Orient n’est pas non plus près de s’apaiser tout au contraire. L’affaissement de la Syrie sur elle-même, tombée d’épuisement et victime de ses illusions de réhabilitation internationale, livrée aux pires djihadistes, l’avancée turque qui pourrait finir par heurter les ambitions américano-israéliennes et se retourner contre Erdogan, celle toute relative d’Israël sur les ruines de la Palestine et du Liban qui ne rêve que de pousser Trump à lancer les hostilités avec l’Iran, tout cela augure une année de violence sectaire et souffrances indicibles pour les Palestiniens, les Syriens et les Libanais, mais aussi de probables tentatives de déstabilisation redoublées à l’échelle régionale.
Je pourrais encore évoquer le renforcement de la dynamique des BRICS, la consolidation de la position chinoise au plan diplomatique et stratégique en dépit de ses difficultés économiques conjoncturelles, l’empreinte de plus en plus profonde de la Russie en Afrique sur les ruines notamment de notre politique anachronique, la dureté des affrontements énergétiques, l’Amérique latine et ses incertitudes. Ces sujets ont tous un point commun : ils illustrent, chacun à leur façon, la formidable opposition qui n’est ni « civilisationnelle » ni religieuse, mais bien idéologique et économique, entre d’une part un « vieux monde » longtemps dominant qui ne veut pas reconnaitre sa perte d’influence et de crédit, qui croit encore pouvoir faire la leçon au reste de la planète et régner par le mensonge, la guerre des perceptions, la communication et la propagande, et d’autre part, lui faisant face avec sérénité et détermination, un « jeune monde » dirigé paradoxalement par de vieilles puissances et des hommes d’État chevronnés qui recherchent la légitimité populaire au lieu de s’en défier, prisent la souveraineté, la tradition, l’égalité internationale, le long terme et la cohérence.
C’est bien un combat de titans qui se déploie sous nos yeux, dangereux et passionnant.
Caroline Galactéros (Geopragma, 6 janvier 2025)
Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 8 juin 2024 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Caroline Galactéros pour évoquer avec elle les dangereuses gesticulations guerrières des Européens, et en particulier du président Macron, dans un conflit russo-krainien où leur seul intérêt réel serait de rétablir la paix...
Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017 Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.
Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°208, juin 2024 - juillet 2024) est en kiosque!
A côté du dossier consacré aux nouvelles guerres de sécession, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Jean-Jacques Annaud, Caroline Galactéros, Olivier Zajec, Jean-Loup Bonnamy, Wang Guofeng et Piero San Giorgio...
Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, d'Aristide Leucate, de David L'Epée, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, d'Ego Non, de Slobodan Despot et de Julien Rochedy...
Au sommaire :
Éditorial
Des populismes contre le peuple. Par Alain de BenoistAgenda, actualités
L’entretien
Jean-Jacques Annaud : « J’aime les cultures qui honorent le temps long ». Propos recueillis par Grégory PonsCartouches
L’objet disparu : les affiches de cinéma dessinées. Par Nicolas GauthierUne fin du monde sans importance. Par Xavier Eman
Cinéma : les acteurs, un mal nécessaire ? Par Nicolas Gauthier
Michèle Delagneau et Michel Marmin, leur dictionnaire amoureux de la musique. Par Richard Millet
Curiosa Erotica : quand les curés étaient libertins. Par David L’Épée
Champs de bataille : Finis Hungariae ? (1/2). Par Laurent Schang
Nos figures : Lancelot du like. Par Bruno Lafourcade
Le droit à l’endroit : être ou ne pas naître, droit à la vie et liberté du marché. Par Aristide Leucate
Économie. Par Guillaume Travers
François Sureau, derrière la vitrine. Le regard d’Olivier François
Bestiaire : ces animaux qui ont fait le choix de la démocratie. Par Yves Christen
Sciences. Par Bastien O’Danieli
Le combat des idées
Russie-Ukraine : comment sortir de l’impasse ? L’analyse de Caroline Galactéros Propos recueillis par François BousquetPourquoi le « réalisme », avec Olivier Zajec. Propos recueillis par Laurent Schang
Printemps russe : mon séjour d’observateur international au pays des tsars. Un reportage de Christian Rol
Jean-Loup Bonnamy : vers un choc des décivilisations. Propos recueillis par François Bousquet
L’aplatissement du monde et la civilisation des emojis. Par François Bousquet
Jeux et esprit des peuples : dames, le déclin d’un loisir populaire. Par Guillaume Travers
L’IA ou l’autopsie de la liberté avec Julien Gobin. Propos recueillis par Thomas Hennetier
La rancœur des mâles, ce ressentiment qui monte dans la jeunesse. Par David L’Épée
« Mon papa était nazi » : tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin. Par François Bousquet
Kant et nous : critique de la critique. Par Alain de Benoist
Institut Iliade : transmettre pour former et reconquérir. Un reportage de Xavier Eman
Exploration du système solaire : de la Terre à la Lune et au-delà. Par Christophe Belleval
Pour saluer Pierre Barrucand, un siècle de non-conformisme ! Par Alain de Benoist
Rencontre avec Wang Guofeng : quand un artiste chinois photographie le pouvoir. Propos recueillis par Hervé Juvin
Le royaume de Pascal Vinardel : l’art caché de notre temps. Par Olivier François
Dossier
Séparatisme : les nouvelles guerres de sécessionSéparatisme, partition, sécession : le temps des tribus. Par François Bousquet
La France lessivée, un pays en instance de divorce. Par Daoud Boughezala
Les nouveaux parias : quand la sécession devient une nécessité. Par Xavier Eman
Piero San Giorgio : survivalisme, l’ultime sécession. Propos recueillis par Xavier Eman
Panorama
L’œil de Slobodan Despot
Reconquête : des braies et des hommes. Par Slobodan Despot
La leçon de philo politique : lire Johann Gottfried Herder. Par Ego Non
L’esprit des lieux : destination Marseille. Par Christophe A. Maxime
Un païen dans l’Église : la basilique Notre-Dame de L’Épine. Par Bernard Rio
Anachronique littéraire : Madame Ackermann et Claude Jamet. Par Michel Marmin
Rochedytorial : métapolitique et infrapolitique. Par Julien Rochedy
Éphémérides
Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Caroline Galactéros à Régis le Sommier sur Omerta, dans lequel elle évoque la crispation en France des partisans de la guerre et du soutien inconditionnel à l'Ukraine...
Vous pouvez découvrir ci-dessous un point d'actualité de Caroline Galactéros sur sa chaîne Youtube, Paix et guerre, à propos de la situation en Ukraine et au Moyen-Orient.
Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.