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vichy - Page 3

  • Un monstre à la française ?...

    Les éditions Jean-Claude Lattès viennent de publier Un monstre à la française, un roman d'Eric Brunet consacré à Joseph Darnand, héros de la première guerre mondiale et chef de la Milice sous le régime de Vichy. Eric Brunet est journaliste et chroniqueur sur RMC et BFM.

     

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    " 14 juillet 1918, sur les hauteurs du Mont-sans-nom. Un jeune homme de vingt et un ans réussit l’impensable : forcer en plein jour les lignes allemandes et capturer vingt-trois prisonniers qui révéleront les plans de l’ultime offensive ennemie. La France fait plier l’Allemagne. Joseph Darnand est acclamé. On le nomme « artisan de la victoire », distinction suprême qu’il partagera seul avec Clemenceau et Foch.
    Quelques années plus tard, tout recommence. 1940, Forbach. Le lieutenant Darnand manifeste de nouveau sa bravoure en menant à bien une mission de renseignements hautement périlleuse. Il devient Officier de la Légion d’honneur et reçoit le titre de « Premier soldat de France ». Mais la guerre s’enlise. Pétain, son modèle absolu, finit par abdiquer et se prononce pour la collaboration.
    La spirale est enclenchée. Fascisme, antisémitisme, antibolchevisme, crimes et ignominies en tout genre : Darnand devient en 1943 le Secrétaire général de la Milice. Il négociera avec Himmler, enverra ses hommes dans la Waffen-SS, usera de la torture et ira jusqu’à prêter allégeance au Führer. C’est la naissance d’un monstre, mais un monstre à la française, trouble, insaisissable – moyen.

    Fruit d’un important travail de documentation et d’une enquête de terrain, voici un livre qui mêle avec brio sources historiques et ressorts romanesques. "

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    Joseph Darnand en couverture de Match en avril 1940, et dans le box des accusés avant sa condamnation à mort en octobre 1945

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  • Pétain sans manichéisme...

    Les éditions Perrin viennent de publier une biographie de Bénédicte Vergez-Chaignon consacré à Philippe Pétain. Historienne et ancienne collaboratrice de Daniel Cordier, Bénédicte Vergez-Chaignon est l'auteur, notamment, d'un essai intitulé Les vichysto-résistants (Perrin, 2008).

     

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    " Ce que l'on sait du maréchal Pétain (1856-1951) se résume souvent à Vichy, sa rivalité avec de Gaulle, Verdun, sa condamnation à mort, sa réputation d'homme à femmes. Voici en revanche une biographie très complète, nourrie d'éléments nouveaux, qui met en perspective la trajectoire lente mais extraordinaire d'une personnalité d'apparence mystérieuse. Pétain l'orphelin fut d'abord un jeune homme sportif, épris d'études et d'enseignement. Août 14 changea sa destinée : en quatre ans, le colonel à la veille de la retraite devient le chef des armées françaises, tout en menant une vie amoureuse active. Dès lors commence un lien particulier avec les Français, qui durera jusqu'à l'été 1944, et parfois après. A la fois politique, militaire, intellectuel et physique et psychologique, le portrait évolutif auquel aboutit l'auteur est bien différent des images d'Epinal en noir et blanc. "

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  • Les dreyfusards sous l'Occupation...

    Les éditions Albin Michel viennent de rééditer un essai de Simon Epstein intitulé Les dreyfusards sous l'Occupation. Docteur en sciences politiques et professeur à l'université hébraïque de Jérusalem, Simon Epstein s'est fait connaître en publiant Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance (Albin Michel, 2008), un essai qui est venu bousculé quelques vérités établies sur cette période complexe...

     

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    " Quel sera l'avenir des dreyfusards, ceux qui avaient vingt ans en 1898 lorsque Zola publia son J'accuse ? Quel fut le passé des collaborateurs, ceux qui se sont illustrés dans la France occupée des années 1940-1944 ?
    Ces deux questions se confondent, constate Simon Epstein après avoir méticuleusement reconstitué plusieurs dizaines d'itinéraires d'intellectuels et d'hommes politiques français qui prirent part, dans leur jeunesse, au combat pour Dreyfus et vécurent jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Certains d'entre eux seront résistants, d'autres resteront neutres, mais beaucoup rallieront l'une ou l'autre des grandes tendances de la collaboration - du pétainisme attentiste et modéré aux formes les plus extrêmes du collaborationnisme raciste et pro-nazi.
    Phénomène paradoxal à première vue, mais au fond assez logique, le déport massif des dreyfusards vers la collaboration n'a pas retenu, jusqu'à ce jour, l'attention des historiens. Simon Epstein passe ici en revue les diverses causes possibles de son occultation. Avec ce livre, il faudra rouvrir bien des dossiers : Péguy, le maurrassisme, le pacifisme, les ambiguïtés de la gauche, les origines complexes et souvent inattendues de la collaboration. "

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  • Quand la mémoire klarsfeldienne piétine l'histoire...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'historien Alain Michel, cueilli sur son blog Vichy et la Shoah et consacré à l'emprise qu'exerce Serge Klarsfeld sur la question de l'application en France de la Solution finale.

    Alain Michel enseigne l'histoire en Israël et est, notamment, l'auteur de L'étoile et la francisque - Les institutions juives sous Vichy (Le cerf, 1990) et de Vichy et la Shoah, en quête sur le paradoxe français (CLD, 2012)

     

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    Quand la mémoire klarsfeldienne piétine l'histoire

    La France, depuis 40 ans vit non seulement au rythme du « politiquement correct », mais surtout, en ce qui concerne l’application de la Solution Finale en France, à l’heure du mémoriellement correct. Une lecture univoque, imposée et obligatoire des événements est devenue le discours obligatoire dans le monde politique et même, hélas, dans une majorité du monde universitaire. La consécration de cette lecture, sa « panthéonisation », a été réalisée par le discours de Jacques Chirac en été 1995, qui citait presque intégralement les mots que les gardiens du Temple lui avaient soufflés, au premier rang d’entre eux Serge Klarsfeld. A partir de ce moment là, la seule interprétation des événements était celle imposée par celui-ci, sans possibilité de critiques ou de remises en cause. Entendons nous bien, il ne s’agit pas de remettre en cause l’événement lui-même, l’arrestation par la police parisienne les 16 et 17 juillet 1942 de près de 13000 hommes, femmes et enfants, tous Juifs apatrides et qui presque tous seront déportés et assassinés à Auschwitz. Mais l’interprétation de Serge Klarsfeld de cet événement est, selon nombre d’historiens dont moi-même, en grande partie erronée, particulièrement quant au rôle joué par le gouvernement de Vichy dans cette tragédie. Mais Serge Klarsfeld a un compte personnel à régler avec le régime de Vichy, et tout doit être fait et dit, depuis la confiscation du libre droit d’expression de l’historien à la déformation des faits et en passant par l’intimidation, afin que le narratif imposé par Klarsfeld ne soit pas remis en cause.

    Confiscation du libre droit d’expression de l’historien : toute tentative de proposer une autre lecture est aussitôt dénoncée comme négationniste et alimentant la cause du Front national, ou alors est carrément passée sous silence. Dès 1989, Léon Poliakov écrivait dans « L’envers du destin » (p. 36), à propos de la rafle que « Pour ma part, j’ai toujours pensé, contrairement à l’opinion commune, que Laval, qui n’était nullement antisémite, ne mérite pas sa mauvaise réputation ». L’approche surprenante du grand historien de l’antisémitisme, lui-même Juif résistant, a-t-elle été objet d’analyse ou de discussion dans les médias français si friand habituellement de débats et de remise en cause, ou même dans le monde universitaire ?

    Déformation des faits : comment peut-on mêler la résistance intérieure ou la France libre au sauvetage des Juifs, alors qu’aucune initiative de sauvetage n’a été prise par ces organismes ? Il y a eu des résistants qui ont sauvé individuellement des Juifs, mais la Résistance en tant qu’institution est restée totalement indifférente à leur sort. Quant au chef de la France libre, il n’a pas eu un mot, dans ses nombreux discours, pour dénoncer les arrestations et les déportations des Juifs ! Et que penser des déformations du film « La rafle » où tout est fait pour que l’ensemble des Français de l’époque ait l’air d’ignorer les événements, jusqu’à placer le camp de Beaune-La-Rolande au milieu d’une véritable forêt vierge, alors qu’il était en pleine ville ! Mais il est vrai que le conseiller historique de ce film au large succès populaire s’appelle … Serge Klarsfeld.

    Intimidation : Il n’y a qu’à lire le texte publié cette année par Klarsfeld dans le journal Le Monde quelques jours avant la commémoration de la rafle à laquelle devait participer le Président François Hollande pour comprendre à quel point on ne peut que constater tristement, 17 ans après, que François Mitterrand avait au moins raison sur un point, lorsqu’il dénonçait un véritable « Lobby de la mémoire ».

    Alors oui, disons-le, François Fillon a raison lorsqu’il déclare que : « C'est aux historiens de parler de ces sujets, pas aux responsables politiques. »* Ni d’ailleurs aux professionnels de la mémoire lorsqu’ils outrepassent leur rôle.

    Alain Michel (Vichy et la Shoah, 23 octobre 2012)

     

    * Note de Métapo infos

    Pour ces simples propos, le très prudent et très raisonnable François Fillon a eu droit à une admonestation de la police de la pensée, sous la plume de... Serge et Arno Klarsfeld !

    Les trous de mémoires de François Fillon (Le Monde, 23 octobre 2012)

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  • Un héritage de Vichy ?...

    « L’auteure a osé un pari et elle l’a gagné. » (Emmanuel Le Roy Ladurie)

    Les éditions Armand Colin publient cette semaine une étude historique de Cécile Desprairies intitulée L'héritage de Vichy - Ces 100 mesures toujours en vigueur. L'ouvrage, préfacé par Emmanuel Leroy-Ladurie, montre que le régime de Vichy, dans l'histoire politique de la France, est loin de s'être inscrit en rupture complète avec la République...

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    "Accouchement sous X, fête du Travail, cantine d’entreprise, sport au baccalauréat, création des comités d’établissement devenus comités d’entreprise, médecine du travail, certificat prénuptial, salaire minimum, Ordre des médecins… autant de mesures qui nous viennent de Vichy et de l’Occupation allemande. Si à la Libération, avec le rétablissement de la légalité républicaine, la plupart des mesures du régime de Vichy furent abolies, certaines ont été maintenues et, avec elles, des habitudes nées de la guerre.
    Comment l’expliquer ? Vichy n’aurait donc été qu’une parenthèse au sein de notre histoire républicaine ? Ou n’aurait-on gardé de ce régime autoritaire et répressif que ce qui relevait de la gestion du quotidien ? L’affaire est des plus complexes et chacun se fera son opinion.
    Ce livre exerce en quelque sorte un droit d’inventaire et, pour chacune de ces mesures ou dispositions qui sont restées, revient sur les raisons, parfois antérieures à Vichy, de leur conception et leur devenir aujourd’hui. Un défi passionnant, enrichi d’illustrations inédites."

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  • Rafle du Vel d'hiv : les sept erreurs de François Hollande...

    L'historien franco-israëlien Alain Michel, auteur de Vichy et la Shoah, enquête sur le paradoxe français (CLD, 2012), dans un article publié sur le site Herodote.net et que nous reproduisons ci-dessous, a relevé sept erreurs importantes dans le discours que François Hollande a prononcé à l'occasion de la cérémonie de commémoration de la «rafle du Vel d'hiv»... Ou quand un historien prouve que l'histoire, c'est plus compliqué que le catéchisme...

     

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    Rafle du Vel d'hiv : les sept erreurs de François Hollande

    1 - François Hollande : Une directive claire avait été donnée par l'administration de Vichy : «Les enfants ne doivent pas partir dans les mêmes convois que les parents».

    AM : La manière dont le président présente les faits (la séparation des enfants de leurs parents dans les camps du Loiret avant la déportation) est doublement erronée.

    Tout d’abord il ne s’agit pas d’une directive du gouvernement collaborationniste de Vichy. L’organisation de la déportation se déroule dans un dialogue et une coopération entre l’administration policière de la «zone occupée» et les autorités allemandes, plus précisément les représentants d’Eichmann à Paris. Il n’y a aucune intervention de Vichy sur cette question.

    De plus la décision de déporter les enfants vient des Allemands et la séparation des parents et des enfants découle de leur besoin de faire partir les convois alors qu’ils n’ont pas encore l’autorisation de Berlin d’envoyer les enfants. Pour résumer, la police de la «zone occupée» applique des directives allemandes.

    2 - François Hollande : Je tiens à rappeler les mots que le Grand rabbin de France Jacob Kaplan adressa au maréchal Pétain en octobre 1940, après la promulgation de l'odieux statut des Juifs : « Victimes, écrivait-il, de mesures qui nous atteignent dans notre dignité d'hommes et dans notre honneur de Français, nous exprimons notre foi profonde en l'esprit de justice de la France éternelle… »

    AM : Précisons que Jacob Kaplan n’était pas Grand rabbin de France en 1942, il ne le deviendra qu’en 1954.

    Mais surtout, sa déclaration d’attachement patriotique n’a rien à voir avec la rafle de 1942. D’une part du fait que la Solution finale n’existe pas encore en 1940 et ce qui préoccupe alors Jacob Kaplan est l’antisémitisme français ; d’autre part, parce que, sous la pression du gouvernement de Vichy, aucun adulte français (ou d’origine algérienne) n’a été arrêté lors de la rafle de juillet 1942, alors que Jacob Kaplan, dans sa déclaration d’amour à la France, s’exprime au nom des Juifs français et d’eux seuls.

    3 - François Hollande : La vérité, c'est que la police française, sur la base des listes qu'elle avait elle-même établies, s'est chargée d'arrêter les milliers d'innocents pris au piège le 16 juillet 1942. C'est que la gendarmerie française les a escortés jusqu'aux camps d'internement. La vérité, c'est que pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé pour l'ensemble de l'opération.
    La vérité, c'est que ce crime fut commis en France, par la France.

    AM : Il y a une confusion dans le fait que la police française de la «zone occupée» a établi des listes en octobre 1940 sur demande allemande et non de sa propre initiative comme la phrase semble le suggérer.

    Effectivement, les soldats allemands ne seront jamais mobilisés en France pour arrêter des Juifs. La Gestapo sait bien avant la rafle qu’elle peut compter sur la police de la zone nord, qui lui obéit du fait de l’application de la convention de la Haye et de la convention d’armistice. Plus de 8.000 Juifs ont déjà été arrêtés en 1941 dans la région parisienne et les Allemands se sont toujours servis de la police française pour ces rafles.

    Pour résumer, le président de la République aurait pu dire : «La vérité, c’est que ce crime fut commis en France par les nazis avec la complicité de la police et de l’administration française».

    4- François Hollande : L'honneur fut sauvé par les Justes, et au-delà par tous ceux qui surent s'élever contre la barbarie, par ces héros anonymes qui, ici, cachèrent un voisin ; qui, là, en aidèrent un autre ; qui risquèrent leurs vies pour que soient épargnées celles des innocents. Par tous ces Français qui ont permis que survivent les trois quarts des Juifs de France.

    AM : Cette affirmation est incomplète dans la mesure où ce ne sont pas seulement les Justes et les héros anonymes qui ont sauvé les trois quarts des Juifs de France, mais aussi l’action et les choix politiques du gouvernement de Vichy qui, en tentant de protéger les Juifs français (et en abandonnant à leur sort les Juifs d’origine étrangère), a considérablement ralenti la machine de destruction allemande (voir les historiens Léon Poliakov et Raul Hilberg).

    5- François Hollande : L'honneur de la France était incarné par le général de Gaulle qui s'était dressé le 18 juin 1940 pour continuer le combat.

    AM : Il ne convient pas, dans une cérémonie consacrée à la persécution des Juifs, de citer le général de Gaulle qui n’a rien dit et rien fait pendant la Seconde Guerre mondiale pour encourager les Français à sauver les Juifs. Il eut mieux valu citer des hommes d'Église comme le cardinal Saliège.

    6 - François Hollande : L'honneur de la France était défendu par la Résistance, cette armée des ombres qui ne se résigna pas à la honte et à la défaite.

    AM : De même, la Résistance en tant qu’organisme n’a rien fait et rien dit pour sauver les Juifs ou encourager à les sauver, à l’exception de Témoignage chrétien et des mouvements de résistance juifs (communistes et communautaires). Certes des résistants, en tant qu’individus, ont sauvé des Juifs, mais jamais sur instruction de leurs mouvements.

    7- François Hollande : L'enjeu est de lutter sans relâche contre toutes les formes de falsification de l'Histoire. Non seulement contre l'outrage du négationnisme, mais aussi contre la tentation du relativisme.

    AM : Le président de la République met sur le même plan le «négationnisme», qui consiste à nier l’évidence (la réalité de la Shoah) et se présente comme une anti-histoire, et les approches d’historiens qui remettent en cause certaines interprétations idéologiques, en relativisant ce qui s’est passé en France par rapport à ce qui s’est passé ailleurs en Europe. Cette confusion entre «négationnisme» et «relativisme» est sans doute excessive et, qui sait? pourrait contrarier la recherche historique.

    Alain Michel (Herodote.net, 22 juillet 2012)
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