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  • Les cosaques d'Hitler...

    Les éditions Casterman viennent de publier le premier tome d'une série de bande-dessinée intitulée Les cosaques d'Hitler et signée par Valérie Lemaire et Olivier Neuray. Signe des temps et d'un retour à une lecture un peu moins manichéenne de l'histoire, les cosaques, même s'ils ont choisi le "mauvais camp" , ne sont pas présentés comme d'horribles salauds...

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    " En 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale prend fin, deux jeunes officiers de l’armée britannique, très proches l’un de l’autre, sont affectés en Autriche, dans un camp de prisonniers de la Wehrmacht. Mais sur place, surprise, ils découvrent que les prisonniers… sont des Russes. Plus précisément des Cosaques, que les persécutions subies par leur peuple depuis l’instauration de l’U.R.S.S. ont poussés dans les bras d’Hitler. L’un des deux officiers, Nicolas McDonald, après avoir d’abord été choqué par le choix de ces hommes qu’il considère comme des traitres à leur pays, finit par tomber sous le charme ravageur de la petite-fille d’un général cosaque, la belle Macha… Olivier Neuray et Valérie Lemaire s’appuient sur un fait historique peu connu de la Seconde Guerre mondiale – la défection au profit de l’Allemagne nazie d’une partie des troupes cosaques et russes, irréductibles ennemis de Staline et du système soviétique –, pour inaugurer une nouvelle série romanesque sur fond d’Histoire contemporaine. Action, émotion, personnages accrocheurs, un cocktail d’une grande efficacité. "

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  • Une construction européenne kafkaïenne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'André Grjebine, cueilli sur le site du quotidien Le Monde et consacré aux impasses de la construction européenne telle qu'elle a été imaginée par les eurocrates de Bruxelles et d'ailleurs. André Grjebine est directeur de recherches au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po.

     

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    Une construction européenne kafkaïenne

    Comment expliquer qu'après avoir promis la croissance et le bien-être pour tous, l'Union européenne (UE) soit devenue cette union d'Etats dont les gouvernements désemparés s'avèrent incapables de faire face à la crise ? Comment est-on passé de Keynes à Kafka ?

    C'est là que vient à l'esprit une question qu'on ose à peine formuler : aussi habile, aussi nécessaire même qu'il ait pu paraître, la mise entre parenthèses du politique n'est-elle pas le ver dans le fruit qui a pourri la construction européenne ? Elle a soumis la communauté en formation à une loi sociologique qui veut que les structures bureaucratiques n'aient pour fin que leur propre expansion, à la fois en élargissant sans cesse leur sphère d'action et en accaparant toujours plus de pouvoir dans un nombre toujours plus grand de domaines de compétence.

    La règle s'est ainsi imposée selon laquelle devait être considéré comme bon tout ce qui allait dans le sens de l'intégration et du consensus, mauvais tout ce qui allait en sens contraire. L'objectif est devenu d'éliminer à tout prix les conflits, en oubliant que la démocratie se nourrit des conflits. Il est vrai que dans ce système les gouvernements démocratiquement élus sont perçus comme des institutions démagogiques, pour ne pas dire des empêcheurs de tourner en rond. L'indépendance des banques centrales, et singulièrement de la Banque centrale européenne (BCE), est devenue le symbole de ce dessaisissement des Etats. Ce n'était qu'un premier pas. Une étrange constellation s'est constituée, composée d'innombrables institutions communautaires non élues et de gouvernements nationaux. Ces derniers n'ont pas été à proprement parler dépossédés de leur pouvoir, mais ils ne peuvent l'exercer qu'à condition de suivre les normes qui leur sont imposées de l'extérieur. Cet extérieur n'est pas un pouvoir central, ni même un quelconque autocrate, mais une entité aux visages multiples, sans nom et sans contours précis, qui ne tire sa puissance que du mouvement d'expansion qui, une fois impulsé, échappe à tout contrôle. En mettant en oeuvre une politique de relance communautaire, l'UE aurait pu contrecarrer le discrédit de la politique de la demande, qui à l'échelle nationale bute sur la contrainte extérieure. La plus grande partie des échanges des pays européens ont lieu, en effet, entre ces pays. De surcroît, une relance coordonnée de l'ensemble de la zone euro aurait entraîné une dépréciation de l'euro, favorable à sa balance commerciale avec le reste du monde. Au lieu de quoi, sous l'emprise de l'orthodoxie allemande et du libéralisme ambiant, les règles imposées aux Etats membres n'ont fait que renforcer leur impuissance, sans que la Communauté en prenne le relais. Les politiques budgétaires ont été enfermées dans un corset juridique. Dans une démocratie, les citoyens sont invités, au moment des élections, à se prononcer sur les résultats obtenus, notamment en matière économique. Dans l'UE, où seul le Parlement européen est élu, mais avec une audience et des pouvoirs encore relativement limités, c'est moins l'efficacité de la politique économique qui est reconnue ou sanctionnée par les citoyens que sa conformité aux règles de droit qui est jugée par des commissaires, des commissions ou des juges. La question est alors de savoir si les critères de Maastricht et d'autres sont respectés et non si la croissance est excessivement faible et si le chômage augmente. La règle d'or que Mme Merkel a imposée à ses partenaires renforce encore ce juridisme. Le comportement des dirigeants français illustre bien la perversion de la politique à laquelle peuvent conduire le mélange de règles rigides et l'obsession du consensus. En général, les hommes d'Etat définissent une stratégie faite d'avancées et de concessions en fonction des objectifs qu'ils se proposent. Nos dirigeants, mais ils ne sont pas les seuls, ont adopté la démarche inverse : ils sont prêts à sacrifier leurs promesses électorales pour se conformer aux normes qui leur sont imposées. Les concessions ne sont plus pour eux un moyen de parvenir à leurs fins. C'est de faire toutes les concessions nécessaires pour parvenir au consensus qui est devenu leur priorité, quelles qu'en soient les conséquences. Quand, à l'issue du Conseil européen des 7 et 8 février, François Hollande se félicite d'avoir obtenu un compromis, alors qu'il vient d'accepter une réduction du budget communautaire, c'est-à-dire d'avaliser que l'UE s'éloigne encore davantage de la perspective d'une politique de relance, il illustre parfaitement cette inversion des priorités. Dans tout système qui se veut consensuel, la langue de bois est de règle. Elle est un moyen privilégié pour juguler les velléités de contestation qui pourraient déboucher sur des conflits. Parler de croissance quand on met en oeuvre une politique dont on sait qu'elle va conduire à la stagnation est devenu habituel. De même, les références permanentes à la convergence sont censées effacer la divergence des économies européennes que l'on observe pourtant depuis des années. Enfin, quiconque critique le fonctionnement de l'UE est aussitôt accusé d'être un antieuropéen primaire. Dans ce contexte, les élections qui viennent de se dérouler en Italie sont symptomatiques du désarroi ambiant. Dans un système démocratique, et même dans une autocratie, le mécontentement populaire peut être dirigé sur une cible : une majorité que l'on peut espérer remplacer, un dictateur dont on attend qu'il soit renversé. Dans un système oligarchique comme celui qui prévaut au sein de l'UE, le pouvoir est suffisamment dilué pour être hors d'atteinte. Il ne reste pour témoigner de son mécontentement que le rejet et le ricanement. De la même façon, dans l'URSS, les anecdotes contre le régime étaient le principal moyen de contestation, un procédé passif et sans risque pour le pouvoir en place... jusqu'à son enlisement final. C'est ce dont viennent de témoigner les électeurs italiens, las de cet exécutant appliqué des exigences communautaires qu'a été Mario Monti. Beppe Grillo serait-il le triste avenir de l'Union européenne ?

    André Grjebine (Le Monde, 6 mars 2013)
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  • Voyage au pays de l'essentialisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent texte de Pierre Bérard, cueilli sur le site de La Droite strasbourgeoise. Membre fondateur du G.R.E.C.E., ami et disciple de Julien Freund, Pierre Bérard est un collaborateur régulier de la revue Éléments 

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    Le journal Le Monde publiait récemment la tribune d’un professeur d’histoire, Bruno Belliot, titrée « Le Front de Gauche est un mouvement républicain, contrairement au FN ». Faisant le procès de l’UMP et du FN tout en dédouanant les angéliques du PC et du FdG français, cette tribune contenait tout l’argumentaire médiatique habituel sur l’incompatibilité du FN et de la République, colporté tant par certains politiques ignorants que par des journalistes incultes qui mettent leur complaisance au service d’une cause inavouable : la nostalgie du totalitarisme stalinien. Sa participation au camp des vainqueurs de 1945 n’empêche pas, en effet, le PCF de s’être rendu coupable de complicité avec la tyrannie.

    Le sens de l’affaire est limpide, toujours et encore culpabiliser le camp de la « droite » : « C’est pourquoi, il m’est intolérable d’entendre, de lire (comme de voir dessiner), qu’un parallèle peut être fait entre Mélenchon, les communistes, les candidats du Front de Gauche et l’extrême droite du FN. Et que par conséquent, la droite n’aurait pas à rougir de ses alliances avec le FN puisque le PS s’allie avec le Front de Gauche. »

    Ainsi, nous démontrons ci-dessous non seulement l’inanité de cette culpabilisation mais démontons du même coup la notion de « droite républicaine » dont la signification reste à démontrer si l’on veut dire par là qu’il existerait en 2012 une droite qui ne le serait pas.

    La Droite strasbourgeoise

     

    Front de Gauche/FN : Voyage au pays de l’essentialisme

    Alors que tout change, y compris l’extrême gauche passée en 40 ans de la défense héroïque du grand soir prolétarien à celle lacrymale des sans papier, « armée de réserve » du capital qui exerce une pression discrète mais constante à la baisse des petits salaires (sinon on se demande bien pourquoi madame Laurence Parisot aurait, sur ce point, les mêmes idées immigrationnistes que messieurs Krivine et Mélanchon). Certes, on peut toujours s’évertuer à penser que la dirigeante du MEDEF est secrètement passée du coté obscur de la force et qu’elle contraint ses amis à cultiver une forme peu banale de masochisme altruiste. Hypothèse peu probable, reconnaissons-le. Tout change donc : le « socialisme » démocratique acquis, via l’Europe, depuis deux ou trois décennies au social-libéralisme, comme le « gaullisme » qui a renoncé à l’indépendance et au dogme du peuple souverain.

    Tout change, sauf bien sûr l’extrême droite vue par Bruno Belliot, membre du Front de Gauche. Impavide, elle est semblable à elle même, immobile et pétrifiée comme les années trente du XX siècle en ont donné la définition rituelle , guettant dans l’ombre (évidemment) l’heure de sa revanche, ourdissant des complots comme celui de la Cagoule, collaborant avec l’ennemi durant l’occupation, se relevant avec le poujadisme puis l’OAS pour finir par renaitre avec le Front National. Elle est là, figée, telle que la vulgate médiatique en fait le portrait, une vulgate inspirée par l’antifascisme stalinien qui nous ressert toujours le même plat continûment réchauffé depuis 80 ans, comme l’a très bien montré François Furet. Cette paresse a fini par s’inscrire comme un habitus dans nos moeurs et nos tics de langage.

    Pourtant, en ce qui concerne le procès le plus sévère instruit contre l’extrême droite, sa collaboration avec le régime nazi ou ses soit-disant affidés, qu’en est-il ? 

    Pour ce qui est de la résistance et de la collaboration, puisque c’est sur ce sombre épisode que s’enrochent la plupart des mythes fondateurs de l’histoire sainte dont se réclame Bruno Belliot, rappelons quelques faits marquants qui n’appartiennent nullement à une vision révisionniste de l’histoire. C’est le 26 septembre 1939 que le Parti Communiste est interdit par le gouvernement dirigé par un des chefs du Front Populaire, Édouard Daladier. Pour quelle raison ? Parce que en bon disciple stalinien il continue d’approuver le pacte Germano-Soviétique d’août 1939 qui permettra le dépeçage de la Pologne, alliée de la France, entre les deux contractants. Passé dans la clandestinité, Jacques Duclos, un des principaux dirigeants du PCF, diffuse le premier octobre 1939 une lettre ouverte invitant le gouvernement à entamer des négociations de paix avec l’Allemagne hitlérienne qui étant pour l’heure l’alliée de l’URSS ne représente plus le condensé de la menace fasciste. C’est à la même époque que Maurice Thorez, secrétaire général du Parti, déserte face aux armées nazies, pour rejoindre la « patrie des travailleurs » (et du Goulag), ce qui lui vaut une condamnation à mort et la déchéance de la nationalité française.

    Plus tard, la défaite de la France étant consommée, Jacques Duclos entre en contact dès le 18 juin 1940 avec les autorités allemandes d’occupation tout juste installées pour entreprendre une négociation. Dans quel but ? Permettre au Parti d’être à nouveau autorisé sur la base d’une bonne entente entre le peuple français et l’armée d’occupation. Duclos propose même d’orienter la propagande du Parti dans le sens d’une lutte contre le grand capital anglais et contre sa guerre impérialiste. Les allemands ne sont pas preneurs.

    Ce n’est qu’en Juin 1941 que l’extrême gauche communiste entre dans la résistance active suivant en cela ses sponsors. L’Allemagne ayant en effet décidé d’attaquer l’URSS. Dans cette résistance active, les communistes arrivent bien tard pour y retrouver des hommes qui venaient souvent de l’extrême droite. Comment, en effet, qualifier autrement les partisans de la monarchie tels Daniel Cordier (secrétaire de jean Moulin), le célèbre colonel Rémy (premier agent gaulliste en France occupée), De Vawrin (chef des services secrets de la France libre). Ou encore des cagoulards comme Guillain de Benouville (dirigeant du mouvement Combat) et des centaines d’autres affreux tels Honoré d’Estienne d’Orves fusillé un mois après Guy Moquet, célébré par Sarkozy ( à la suite du parti Communiste) et qui ne fut jamais résistant…

    Il suffit de lire les deux livres que l’historien israélien Simon Epstein a consacré à cette période pour abandonner tout schéma manichéen, schéma auquel s’accroche désespérément Bruno Belliot pour nous conter sa fable d’une France coupée en deux avec d’un coté les représentants du Bien et de l’autre ceux du Mal, c’est à dire l’extrême droite éternelle.

    Dans « Les Dreyfusards sous l’Occupation » (2001) puis dans « Un paradoxe français » (2008), il montre, liste de noms à l’appui, que dans leur immense majorité les dreyfusards, anti-racistes, généralement pacifistes de gauche s’engagèrent dans la collaboration, tandis que nombre d’antidreyfusards et antisémites appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler la droite radicale germanophobe s’engagèrent dans la résistance et la France libre. Or ce paradoxe, on le comprend aisément, est peu abordé par l’histoire académique, prudente jusqu’à la couardise, permettant à une doxa politiquement correcte de prospérer sur les non dits de l’histoire savante. ce qui permet qu’aujourd’hui encore fleurissent des absurdités comme cette apologie du Front de Gauche intégrant trotskistes et communistes, dont peu, même dans une « droite » gagnée par la lâcheté, ose remettre en question les énoncés falsifiés. N’en reste pas moins vrai que les quatre cinquième de la chambre du Front Populaire ont accordé à un vieux maréchal, que sa réputation de laïque républicain plaçait au dessus de tout soupçon, les pleins pouvoirs. Il y avaient très peu de députés d’extrême droite, pourtant, dans cette assemblée. 

    Quant à la reconnaissance du Parti Communiste comme parti républicain par le général de Gaulle en 1943-1944, avait-il le choix ? Il lui fallait composer avec une force majeure à l’époque. Son réalisme politique a contribué à mettre en selle un parti qu’il s’est empressé de combattre à partir de 1947 (création du RPF). De même, n’est ce pas un récipiendaire de la francisque qui nomma en 1981 des ministres communistes dans son gouvernement pour mieux étouffer un parti qui devait plus tard ramasser les dividendes putrides de son long flirt avec une URSS désormais honnie? Ce qui montre bien que la reconnaissance de tel parti comme « parti républicain » est avant tout une question de rapport de force. Le statut « républicain » accordé à un parti n’a que très peu de rapport avec les vérités de la science politique et beaucoup à voir avec la « realpolitik » de l’époque. Les définitions de la République sont évasives, comme tout ce qui ressort de la condition humaine. Chacun devrait savoir que depuis 1793, la République a changé de signification. En faire une monade surplombant dans le ciel le monde des Idées est une niaiserie platonicienne. 

    Pierre Bérard (La Droite strasbourgeoise, 3 juillet 2012)

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  • "Raymond Aubrac était un agent communiste"...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien du journaliste Jean-Dominique Merchet avec l'historien Stéphane Courtois, cueilli sur le blog Secret Défense et consacré à Raymond Aubrac. Stéphane Courtois, spécialiste du communisme, nous rappelle que ce personnage qu'on nous présente, à l'occasion de sa mort, comme un grand résistant patriote était avant tout un agent d'influence soviétique. Il rappelle aussi que les conditions de sa libération à la suite de son interpellation par la Gestapo à Caluires avec Jean Moulin sont pour le moins controversées...

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    "Raymond Aubrac était un agent communiste"

    Directeur de recherches au CNRS, l'historien Stéphane Courtois est un spécialiste du communisme. Elève d'Annie Kriegel, il a été le maître d'oeuvre du Livre noir du communisme. Ses derniers livres sont "le Bolchevisme à la française" (Fayard)  et, sous sa direction, "Sortir du communisme, changer d'époque" (PUF). Historien engagé, mais grand connaisseur des archives, il nous décrit la face cachée d'un personnage aujourd'hui encensé.

    Qui était vraiment Raymond Aubrac ?
    Un agent soviétique, mais pas au sens où il aurait travaillé pour les services d'espionnage de l'Union soviétique. Il était plutôt un membre important du réseau communiste international, un sous-marin communiste si l'on veut ; en tout cas, beaucoup plus qu'un agent d'influence. Un homme comme lui avait évidemment un correspondant à Moscou.

    En a-t-on des preuves ?
    Nous n'avons pas de documents, comme par exemple dans le cas de l'ancien ministre radical Pierre Cot. Toutefois, l'ancien dissident tchèque Karel Bartosek avait découvert dans les archives du PC à Prague des documents qui montrent qu'Aubrac y était reçu par Klement Gottwald, le chef historique du PC tchécoslovaque, qui fut aussi un agent du Komintern.

    Mais Aubrac a toujours expliqué qu'il n'avait jamais été membre du PCF ?
    (Rire). C'est exact, formellement, mais tout cela est cousu de fil rouge. Il faisait partie de ce qu'on appelle les "hors-cadres", des gens de haut niveau dont le PCF n'avait pas besoin qu'ils prennent leur carte. Ils leur étaient plus utile à l'extérieur. Aubrac était un ingénieur, sorti de l'Ecole des Ponts et Chaussées, et le PCF ne voulait pas le mettre en avant. Ce qui ne l'empêchait pas de participer à des réunions de cellules comme "observateur". Avant guerre, sa future épouse Lucie était elle-même communiste, proche d'André Marty - qui fut représentant du PCF au Komintern.

    Ses biographes le présentent comme une sorte d'industriel à la tête d'une entreprise d'urbanisme. Qu'en est-il ?
    La société qu'il dirigeait était le Berim - le Bureau d'études et de recherches pour l'industrie moderne. Placé sous la responsabilité de Jean Jérôme, l'und es hommes les plus importants et les plus secrets du PCF - cette société servait aussi de pompe à finances au Parti. C'est, par elle, que passait une partie des financements en provenance de l'Est - sous la forme de contrats plus ou moins bidons. Même chose avec les maires communistes.

    On apprend qu'il était à Saïgon lors de l'arrivée des chars du Nord-Vietnam en 1975. Qu'y faisait-il ?
    Aubrac a joué un rôle très particulier dans l'affaire du Vietnam. Lorsque le dirigeant communiste Hô Chi Minh vint en France en 1946, il fut hébergé par les Aubrac à la demande de Jacques Duclos. Puis il servit de contact entre l'appareil communiste international et Henry Kissinger lui-même. Du sérieux, on le voit.

    Son rôle durant la Résistance a fait l'objet de polémiques. On se souvient d'un procès contre l'historien Gérard Chauvy et d'une table ronde organisée en 1997 par Libération. Qu'en pensez-vous ?
    Pendant longtemps, Aubrac et son épouse Lucie ont raconté qu'il s'était évadé à la suite d'une opération de la Résistance. Or, Arthur Kriegel - qui a participé à cette action commando - assurait qu'Aubrac n'était pas là quand elle eut lieu. Puis Aubrac a reconnu dans la biographie "autorisée" que Pascal Convert lui a récemment consacrée qu'il ne s'était pas évadé, mais qu'il avait été libéré.
    Un autre épisode pose problème. A la Libération, il est commissaire régional de la République à Marseille. Or De Gaulle va le virer sans ménagement et sans explication.  A Marseille, il avait créé des CRS (Compagnies républicaines de sécurité) dont on découvrit plus tard qu'elles étaient entièrement infiltrées par le PCF.
    Quant à la table ronde de Libération, une anecdote est significative : Aubrac s'est mis en colère au moment même où Daniel Cordier lui a demandé d'avouer enfin qu'il était communiste. Jusqu'au bout, il l'aura nié. C'était un gros poisson de l'appareil, très bien camouflé, en particulier derrière l'image de son épouse Lucie.

    Stéphane Courtois, propos recueillis par Jean-Dominique Merchet (Secret défense, 11 avril 2012)

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  • Tour d'horizon... (25)

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    Au sommaire cette semaine :

     - sur Le Monde.fr, Alain Frachon analyse la défaite politique qu'est en train de subir l'Occident en Afghanistan...

    En Afghanistan, une défaite politique ?

     

    alain frachon, occident, afghanistan, défaite

     

    - sur Metamag, Raoul Fougax revient sur Mélenchon, la dernière attraction marxiste du cirque médiatique...

    Retour dans Sovietoïde Park

     

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  • La Russie, vingt ans après...

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    Le numéro de novembre 2011 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré à la Russie, vingt ans après la chute du communisme. On pourra y lire , notamment, des articles de Pierre Lorrain ("Chronique d'un effondrement"),  d' Alain de Benoist ("Conséquences géopolitiques d'une résurrection"), de Pierre-Alexandre Bouclay ("1991 - 2011 : comment la Russie a changé", "Gazprom, l'atout maître") ou de François Bousquet ("Edouard Limonov en rouge et brun", "Soljenitsyne, une lumière dans la nuit"), ainsi que des entretiens avec Stéphane Courtois et Jacques Sapir.

    Hors dossier, on pourra aussi lire un article de Philippe Conrad ("La Normandie, un héritage de onze cents ans") et un papier de Bertrand de Saint-Vincent sur Sempé. Et on retrouvera aussi  les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour ("Hollande, judoka consensuel").

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