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union européenne - Page 10

  • Italie : le coup de tonnerre !...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'arrivée au pouvoir en Italie de la coalition populiste... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « Le principal ennemi du nouveau gouvernement italien ? Les marchés financiers et les technocrates européens ! »

    Avec la constitution, en Italie, d’un nouveau gouvernement reposant sur l’alliance de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles, respectivement représentés par Matteo Salvini et Luigi Di Maio, tous deux nommés vice-Premiers ministres, assistons-nous à un nouvel épisode de ce « moment populiste » dont vous dessiniez les contours dans l’un de vos récents essais ?

    Malgré la tentative de coup d’État légal du président Mattarella qui, s’arrogeant des droits que la Constitution italienne ne lui accorde pas, et avant de se raviser devant le tollé soulevé par son attitude, a tenté le 27 mai de mettre son veto à la constitution de ce nouveau gouvernement pour complaire à la Commission de Bruxelles et aux marchés financiers, les représentants de la Lega et du Mouvement 5 étoiles sont arrivés au pouvoir. Les sondages montrent qu’ils ont l’appui d’une nette majorité du peuple italien, auquel ils affirment vouloir « redonner la parole » tout en rompant dans pratiquement tous les domaines (immigration, austérité, revenu de citoyenneté, système fiscal, etc.) avec la vulgate dominante. Il est évident que l’élection d’une majorité souverainiste et « anti-système » en Italie, pays fondateur du Marché commun et troisième économie de l’actuelle Union européenne, est un véritable coup de tonnerre. C’est, en effet, ce type d’événement que laissait prévoir mon livre Le Moment populiste.

    Cela dit, il suffit d’examiner dans le détail la composition du nouveau gouvernement italien pour constater que ce n’est pas, à proprement parler, un gouvernement populiste. Ce qu’on peut dire, en revanche, c’est qu’il s’en rapproche. Giuseppe Conte, le nouveau président du Conseil, n’a en tout cas pas éludé la question : « Si populisme, a-t-il dit, signifie être capable d’écouter les besoins des personnes, alors nous le revendiquons ! »

    Quelles sont les chances de ce gouvernement « anti-système » de parvenir à mettre en œuvre avec succès sa politique ?

    Les obstacles seront évidemment nombreux, soit qu’ils viennent de l’inexpérience relative des nouveaux gouvernants, soit qu’ils tiennent à l’irréalisme de certaines de leurs propositions, soit encore qu’ils résultent de rivalités ou de divergences de vues entre la Ligue et le mouvement 5 étoiles qui, pour être l’un et l’autre opposés au « système », ne sont néanmoins pas d’accord sur tout et s’adressent aussi à des électorats socialement et géographiquement différents (la Ligue étant surtout implantée dans le nord et 5 étoiles dans le sud).

    Mais le principal danger viendra, bien sûr, des marchés financiers et des technocrates de l’Union européenne qui, comme cela s’est déjà passé en Grèce, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour faire capoter le programme de ce nouveau gouvernement. On se souvient de la petite phrase de l’Allemand Günther Oettinger, commissaire européen au Budget, assurant que « les marchés financiers vont apprendre aux Italiens comment voter ». Et aussi de l’article du Financial Times qualifiant Salvini et Di Maio et, avec eux, leurs 17 millions d’électeurs de « barbares » (Salvini répliquant aussitôt : « Nous préférons être des barbares que des domestiques. »). On voit mal, dans ces conditions, les instances européennes accepter l’annulation de tout ou partie de la dette publique italienne, comme le réclame le nouveau gouvernement…

    Reste, aussi, à dissiper quelques équivoques. Le nouveau gouvernement affirme, ainsi, que la Russie est « à percevoir, non pas comme une menace, mais comme un partenaire ». Mais comment pourra-t-il combattre les sanctions prises contre la Russie alors qu’il a aussi confirmé son « appartenance à l’Alliance atlantique, avec les États-Unis comme allié privilégié ». Le nouveau gouvernement va-t-il, par exemple, refuser les nouvelles bombes atomiques B61-12 que les États-Unis se préparent à déployer en Italie contre la Russie ?

    Cet événement est, en tout cas, une pierre de gros calibre jetée dans le jardin d’Emmanuel Macron. Et à l’échelle de l’Europe ?

    C’est en effet une très mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron, qui a tout misé depuis son élection sur une relance de la construction européenne. Or, l’Union européenne est, aujourd’hui, prise dans une véritable dynamique de désintégration. L’Italie se dote d’un gouvernement à l’exact opposé de toutes les orientations macroniennes au moment même où, en Allemagne, l’ère Merkel est en passe de s’achever, où l’Espagne, qui vient elle aussi de changer de gouvernement, continue à se débattre dans le psychodrame catalan, où le populisme gronde en Autriche, en Slovénie, au Danemark et ailleurs, où la Grande-Bretagne n’en finit pas de négocier les conditions de son Brexit et où le groupe de Visegrád a quasiment fait sécession par hostilité aux diktats européens en matière migratoire.

    Cette érosion des partis institutionnels au profit des mouvements « populistes » est le résultat de trente ans de frontières ouvertes, de délocalisations et de déclin des classes moyennes. Marcel Gauchet écrivait récemment que « le clivage actuel est celui de la France sans avenir contre la France pour laquelle l’avenir n’est pas un problème ». Ce diagnostic peut se transposer aisément à toute l’Europe, au point que l’on peut se demander si les prochaines élections européennes ne révéleront pas une quasi-majorité d’eurosceptiques. Ce serait alors le début de la fin.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 9 juin 2018)

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  • Quand le système européenn ne fonctionne plus...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 7 juin 2018 et consacrée au blocage progressif de l'Union européenne par la faute d'une construction viciée dès l'origine... 

     

                                     

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  • L'Italie, plutôt barbare qu'asservie !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 22 mai 2018 et consacrée à l'arrivée au pouvoir en Italie d'une alliance populiste regroupant le Mouvement 5 Étoiles et la Ligue... 

     

                                        

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  • Nos rêves de France et d'Europe...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un documentaire intitulé Nos rêves de France et d'Europe et consacré à une réflexion sur la nécessité, au-delà de la sinistre réalité de l'Union européenne et de ses dérives, de renouer avec le rêve européen. Écrit et réalisé par Nicolas Tomov, nourri de nombreux témoignages,  ce documentaire est diffusé par TV Libertés.

     

                                   

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  • Immigration massive : l'eurocratie à la manoeuvre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Hans Joachim Froh, cueilli sur EuroLibertés et consacré à la politique en faveur de l'immigration massive mise en place contre l'avis des peuples européens par la technostructure de l'Union européenne...

     

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    La technostructure mondialiste et mortifère à l’œuvre !

    Le 18 décembre de l’année dernière, par la voix de Dimitris Avramopoulos, le Commissaire (non élu) de l’Union européenne en charge des Migrations (à l’instar des cigognes), déclarait : « EU is Too White, Mass Third World Migration Must Be “New Norm” », en d’autres termes : « L’Europe est trop blanche, les migrations de masse, en provenance du Tiers-monde doivent être la norme ! »

    Ainsi, selon Bruxelles, les Européens doivent accepter l’immigration massive du tiers monde comme la « nouvelle norme », les avertissant que ni les murs ni les politiques de légitime résistance ne permettront à une partie de l’UE de rester « homogène et sans migration ». Ainsi donc s’agit-il de détruire l’homogénéité du continent européen.

    « Il est temps de faire face à la vérité. Nous ne pouvons pas et ne pourrons jamais arrêter la migration », précise Dimitris Avramopoulos, dans un article publié le lundi 18 décembre par la revue européenne Politico et intitulé « Les migrants européens sont là pour rester. »

    Afin que les choses sont encore plus claires, l’Eurocrate laisse écrire que « la mobilité humaine définira de plus en plus le XXIe siècle » et que la migration de masse est un sujet et que Bruxelles a engagé l’Europe « à long terme », déclarant : « La migration est étroitement liée à nos politiques économiques, commerciales, éducation et emploi – pour n’en nommer que quelques-uns. »

    Le Commissaire en charge de la politique de migration souligne que Bruxelles ne voit pas l’asile comme un moyen d’offrir un répit temporaire à la guerre, mais comme une autre méthode de transplantation permanente des populations du tiers monde dans les pays de l’UE.

    Le 28 novembre dernier à Bruxelles, le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker déclarait : « Ouvrons des voies légales pour les migrants qui veulent venir », estimant que l’Europe avait un « besoin évident » de migrations de masse en provenance d’Afrique.

    Parlant du sommet UE-Afrique d’avant Noël, lors duquel les dirigeants de l’UE et des pays africains se sont rencontrés pour discuter des migrations, il a aussi déclaré à la radio allemande Deustche Welle que « si nous n’offrons pas de moyens légaux d’émigrer en Europe et d’immigrer à travers l’Europe, alors nous serons perdus » et de rajouter : « Si ceux qui viennent – qui sont, en général, les pauvres et les nécessiteux – ne sont plus en mesure d’entrer dans la maison de l’Europe par la porte d’entrée, ils continueront à entrer par les fenêtres arrière. »

    Affirmant que le continent « aura clairement besoin de l’immigration dans les prochaines décennies », il a aussi précisé, à cette occasion, que les pays de l’UE « doivent fournir aux Africains qui veulent venir, et qui peuvent venir, et dont la situation leur permet, des moyens légaux de se rendre en Europe. »

    Notant que les personnes d’origine non européenne vivant en Europe sont beaucoup plus susceptibles d’être sans emploi ou à bas salaires, la Commission souligne que des « mesures d’intégration » seraient nécessaires pour accueillir les arrivées qu’elles jugent essentielles aux économies du continent.

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    Cette guerre civile continentale qui vient…

    Ainsi donc pour Bruxelles, est-il plus urgent que jamais d’accélérer l’arrivée massive de migrants de tout bord, de toutes origines, de toutes motivations, afin de « déblanchir » les peuples européens de cette Europe « trop blanche » ; jamais racisme contre les peuples européens n’aura été avoué et promu si délibérément, sans risque de poursuite judiciaire,

    Ainsi donc pour Bruxelles, l’immigration de masse est-elle une question vitale de survie pour l’Europe, oubliant par-là même que les pays développés qui refusent l’immigration, sont ceux qui la robotisation la plus avancée de leur économie,

    Ainsi donc pour Bruxelles, qui laisse clairement tomber le masque, les priorités des peuples européens qui veulent survivre et vivre, ne peuvent en aucune manière être prises en considération, car elles ne s’inscrivent pas dans la marche du monde imposée par la pensée unique et éclairée de l’élite mondiale financiarisée et collaborant à l’invasion généralisée de l’Europe par des forces hostiles,

    Ainsi donc pour Bruxelles, il est vital de jouer sur les « peurs » des Européens, de les rabaisser en laissant entendre que le continent ne pourrait résister, parce que l’Homme européen serait devenu historiquement et structurellement faible !

    Ainsi donc ceux qui décident pour nous, en catimini et en urgence, contre la volonté des peuples d’Europe, ne veulent plus de limite et accélèrent à n’importe quel prix le processus de désintégration du continent européen, qu’il mènent vers la guerre civile ! Ils jouent délibérément le consommateur mondialisé contre le citoyen enraciné, la mondialisation/immigration contre la nation, les valeurs.

    Effrayés par la réaction des peuples et les résultats électoraux en Europe centrale (en Hongrie, en Pologne, en Tchéquie, en Slovaquie et plus récemment en Allemagne et en Autrice), « ils » accélèrent et mettent la vitesse double et ceux sont les mêmes qui plus tard, stigmatiseront la guerre civile, après avoir attisé les cendres et tout fait pour qu’elle se répande sur le continent européen et déclameront alors : « Nous n’avons pas voulu ça ! Les responsables sont à trouver du côté des peuples, qui n’ont pas voulu s’adapter au « nouveau monde ! »

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    Ainsi donc, peu à peu semble se mettre en place, à marche forcée, un plan européen centralisé, promu par l’oligarchie financière et ses affidés : MMM (Merkel-Macron-May), visant à détruire les « ethnies européennes » supports des valeurs et de la culture européenne bimillénaire et à les fondre dans un magma anonyme, sans identité aucune, ce qui, en déstructurant les peuples et les personnes, réduira d’autant leurs capacités de créativité, de spiritualité, de résistance et de combat. De manière accélérée se dessine désormais un plan de destruction/restructuration des nations par des moyens assez prévisibles.

    Il importe donc de détruire aussi les « points d’appui » des peuples, l’Histoire, la morale, la religion, la recherche d’une individualité maîtrisée, d’une spiritualité traditionnelle ou renouvelée.

    Nous laisserons le dernier mot à Victor Orban, probablement le seul homme d’état européen d’une stature Gaullienne : à propos des « réfugiés » : « Ce ne sont pas des réfugiés, mais une force d’invasion musulmane »…. « 2018 sera l’année de réaffirmation de la volonté du peuple face à l’immigration. »

    L’immigration est devenue « un problème pour la démocratie » car les gouvernants de nombreux pays « ne font pas ce que les gens attendraient d’eux concernant l’immigration. Le lien entre terrorisme et immigration est évident. »

    Hans Joachim Froh (EuroLibertés, 13 janvier 2018)

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  • Le régionalisme, un recours possible pour les peuples européens ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli dans le n°102 d'Antipresse, lettre d'information de Slobodan Despot, dont la nouvelle formule sera disponible en début d'année 2018. L'auteur s'interroge sur ce que révèle l'affaire de Catalogne quant à l'état de la démocratie européenne

    Auteur d'un essai essentiel, L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015), Eric Werner vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

     

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    La Catalogne comme recours

    L’affaire catalane est plus que simplement anecdotique. Elle dit ce qu’est aujourd’hui l’Europe, à quoi, de plus en plus, elle ressemble. Elle jette également une lumière crue sur les nouvelles lignes de fracture qui traversent aujourd’hui le continent. Car elles sont nouvelles.

    L’ancienne ligne de fracture était celle opposant l’UE dans son ensemble aux différents Etats membres. D’un côté, l’UE s’employant à élargir indéfiniment son champ de compétence, de l’autre l’ensemble des Etats membres résistant tant bien que mal aux pressions de la Commission européenne visant à les déposséder de leur souveraineté. Je dis tant bien que mal, car la Commission européenne ne cessait de pousser ses pions dans tous les domaines, alors que les Etats, de leur côté, ne cessaient de perdre du terrain. Mais ils n’en continuaient pas moins à résister. Jusqu’au moment, il n’y a pas très longtemps, en réalité, où ils ont arrêté de le faire. Car c’est un fait: ils sont aujourd’hui tous acquis à l’idée suivant laquelle la meilleure chose qui pourrait advenir aujourd’hui à l’Europe serait l’érection d’un super-Etat européen. (Les Etats est-européens sont, il est vrai, sur une ligne différente.)

    Le souverainisme subsiste encore, peut-être, mais n’est plus aujourd’hui défendu que par des partis-parias situés sur les marges de l’échiquier politique, partis dont les chances d’accéder un jour au pouvoir sont très exactement égales à zéro. Les partis aujourd’hui au pouvoir sont tous acquis au point de vue fédéraliste: point de vue selon lequel les Etats historiques sont appelés à se transformer en simples courroies de transmission du futur super-Etat européen.

    En sorte que l’ancienne ligne de fracture entre la Commission européenne et les Etats membres de l’UE n’existe tout simplement plus aujourd’hui. Ils tirent d’ailleurs tous à la même corde. Tous sont pour l’ouverture des marchés, les traités Ceta et Fatca, les délocalisations, les droits de l’homme, l’islam, le multiculturalisme, les quotas, les délits imprescriptibles, etc. On est très au-delà ici d’un simple projet fédéraliste. L’objectif est clairement de remodeler de fond en comble l’ancienne société européenne, afin de l’articuler aux exigences de la globalisation: celle-ci étant comprise comme point d’aboutissement de l’économie concurrentielle. C’est la Commission européenne qui fixe ici la route. Du passé faisons table rase. Les Etats suivent avec plus ou moins d’enthousiasme, mais toute espèce de résistance a aujourd’hui disparu. En revanche d’autres lignes de fracture sont récemment apparues. Et l’on retrouve ici la Catalogne.

    Historiquement parlant, l’Union européenne s’est toujours montrée plutôt bien disposée à l’égard du régionalisme. Elle-même n’a pas ménagé ses efforts pour favoriser toutes sortes de développements dans ce domaine. On pense en particulier à la charte européenne sur les langues régionales, mais pas seulement. Il y a aussi les eurorégions, théoriquement crées pour faciliter les relations transfrontalières. On en dénombrerait aujourd’hui 90 [1]. Bien d’autres projets de ce genre ont vu le jour ces dernières décennies, drainant de grandes quantités d'argent (les fameux «fonds communautaires») [2]. L’objectif, en réalité, était de miner l’Etat-nation de l’intérieur afin de le vider progressivement de sa substance et de le transformer ainsi en coquille vide. Il fallait aussi le prendre en tenailles: au-dessus, Bruxelles et son super-Etat en gestation, en-dessous, à l’échelon infraétatique, les régions avides d’autonomie, certaines, même, d’indépendance. La Catalogne, par exemple.

    En choisissant de se rendre à Bruxelles après sa récente destitution par le pouvoir central espagnol, le président catalan pensait peut-être que l’Union européenne le soutiendrait dans son bras-de-fer avec Madrid. Comme on le sait, cet espoir s’est révélé vain. L’Union européenne a fait savoir au président catalan que sa présence à Bruxelles «n’était pas la bienvenue». Les portes du Parlement européen lui sont restées fermées. Les deux cents maires catalans qui ont débarqué quelques jours plus tard à Bruxelles pour lui apporter leur soutien ont été traités avec le même mépris. C’est normal. Le régionalisme a pu, à un moment donné, servir d’instrument à la technostructure européenne dans sa lutte contre les anciens Etats-nations. Mais comme l’affaire catalane le montre justement, cette lutte appartient aujourd’hui au passé.

    La ligne de fracture s’est dès lors déplacée. Elle ne passe plus aujourd’hui entre Bruxelles et les Etats-nations, mais entre Bruxelles et les Etats-nations d’une part et les populations elles-mêmes de l’autre. Celles-ci sont désormais en première ligne. Les gens hésitent, tâtonnent, se battent avec les moyens du bord. Mais se battent. Se battent, en fait, pour leur propre survie. L’Etat-nation fonctionnait autrefois comme bouclier protecteur. Non seulement il ne remplit plus aujourd’hui ce rôle protecteur, mais il est devenu lui-même une menace pour les populations. Le régionalisme apparaît dès lors comme un recours possible. On le voit en Catalogne, mais aussi en Corse, en Bretagne, en Lombardie, en Flandre, ailleurs encore.

    A certains égards, c’est la démocratie qui est en jeu: «La colère, le sentiment de dépossession démocratique qui minent la confiance entre les peuples et leurs gouvernants incitent à imaginer de nouveaux liens démocratiques, plus proches, plus vivants» [3]. Les gouvernants répondent en invoquant l’Etat de droit (qu’eux-mêmes ne respectent guère, pourtant: ils en fournissent des preuves tous les jours). Mais l’Etat de droit est une chose, la démocratie une autre.

    Eric Werner (Antipresse, 12 novembre 2017)

    Notes

    1- Wikipedia, article «Euroregions».

    2- Sur l’ensemble de ce dipositif, cf. Pierre Hillard, Minorités et régionalismes dans l’Europe Fédérale des Régions, François-Xavier de Guibert, 2002, en particulier pp. 233-274.

    3- Natacha Polony, «Du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», Le Figaro, 28-29 octobre 2017, p. 15.

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