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terrorisme - Page 5

  • Confinez-vous avec : ... La petite fille au tambour, de John Le Carré !

    Avec la crise du coronavirus, les maisons d'édition reportent la publication de leurs nouveautés à des jours meilleurs. Cette période sera donc l'occasion de vous signaler, au gré de l'inspiration du moment, des ouvrages, disponibles sur les sites de librairie en ligne (ceux dont l'activité se poursuit...), qui méritent d'être découverts ou "redécouverts".

    On peut trouver publié aux éditions Le livre de poche, un roman de John Le Carré intitulé La petite fille au tambour. On ne présente plus John Le Carré, l'auteur de L'espion qui venait du froid, de La Taupe ou d'Une vérité si délicate, nous plonge avec ce livre dans les noirceurs souterraines du conflit israélo-palestinien...

     

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    " Charlie est une jeune comédienne de vingt ans, gauchiste, un peu paumée mais douée, à la recherche d'une cause. Mais laquelle ? Cet été-là, sa vie prendra son sens sur une plage de Mykonos. Kurtz est un grand combattant de la cause israélienne, officier opérationnel des Services secrets de son pays. Sa mission : lutter contre les attentats antisémites en Europe. Michel est le nom d'emprunt d'un jeune Palestinien qui, avec son frère, lutte pour faire entendre au monde entier les souffrances de son peuple. « Joseph » est le nom que Charlie et ses amis ont donné â cet homme beau et solitaire qui les observe sur la plage de Mykonos et dont l'apparent détachement cache une volonté de fer. Helga est une petite bourgeoisie allemande pour qui les théories ne seront jamais remplacées par l'action sur le terrain. .Avec La Petite Fille au tambour, John Le Carré abandonne son héros favori, Smiley, et tout l'univers du Cirque, pour nous offrir sa première héroïne : Charlie.. Une jeune femme bouleversante de vérité qui, entre Palestiniens et Israéliens, va jouer le rôle de sa vie... et sa vie pour de bon. Un livre fantastiquement riche qui, tout. en étant le plus achevé de ses romans d'espionnage, est aussi un grand roman d'actualité où l'amour et la politique mènent le jeu jusqu'au bout. "

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  • Confinez-vous avec : ... Le Bouclage, de Vladimir Volkoff !

    Avec la crise du coronavirus, les maisons d'édition reportent la publication de leurs nouveautés à des jours meilleurs. Cette période sera donc l'occasion de vous signaler, au gré de l'inspiration du moment, des ouvrages, disponibles sur les sites de librairie en ligne (ceux dont l'activité se poursuit...), qui méritent d'être découverts ou "redécouverts".

    On peut trouver aux éditions Le Livre de Poche, un roman de Vladimir Volkoff intitulé Le Bouclage. Écrivain et traducteur, spécialiste des questions de désinformation, Vladimir Volkoff (1932-2005) est l'auteur d'une œuvre marquante aussi bien dans le domaine de la littérature générale, avec sa tétralogie intitulée Les Humeurs de la mer (1980), que dans celui de la littérature d'espionnage, avec Le Retournement (1979) ou Le Montage (1982), ou dans celui du roman historique, avec sa trilogie du Temps des troubles (1989-1995).

     

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    " Au coeur d'une cité méditerranéenne - dans un pays qui n'est pas nommé, mais qui pourrait être l'Espagne - un de ces quartiers qu'on appelait jadis un « quartier chaud ». En quelques années, le quartier chaud s'est transformé en une véritable cour des miracles. La délinquance est ici chez elle. La drogue se vend au grand jour. Le terrorisme international y trouve refuge. Les voleurs volent, les détrousseurs détroussent, les racketteurs rackettent. La police est impuissante à protéger les habitants, et ceux-ci, apeurés et résignés, ne songent plus à réagir. Une image en somme, à peine grossie, de l'insécurité ordinaire dans nos grandes villes modernes.

    Tout cela n'inquiète guère Julian Dandolo, le jeune et séduisant Administrateur qui vient de prendre ses fonctions. Jusqu'au jour où il est amené; à ses dépens, à apprendre que « le Mal est contagieux ». Il découvre alors ses responsabilités à l'égard de la paix civile.

    Acceptant les conséquences possibles de l'initiative qu'il va prendre, il décide de boucler le centre ville et de passer le quartier au peigne fin.

    Mais il arrive souvent malheur à ceux qui veulent sortir des sentiers battus: L'opinion publique, la presse; le gouvernement seront-ils après coup favorables à des mesures d'exception qu'on leur a soigneusement cachées ? Le succès de l'opération menée par Julian sera-t.-il une victoire à la Pyrrhus ?

    Vladimir Volkoff est un romancier très singulier qui ose parler de ce dont on ne parle pas. Le Bouclage grouillant de personnages aux personnalités fortes, fertile en péripéties; en « montages » et en retournements », est un roman d'aventure et d'action, au rythme dur, tendu, brutal même, qui a la puissance des grands films américains. Mais on peut y trouver aussi une réflexion sur les problèmes de la violence quotidienne. Et plus profondément, une méditation sur la Justice et le jugement Dernier. "

     

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  • La liberté, malgré les urgences !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli sur le site d'Antipresse et consacré au recul progressif de la liberté en Europe, et en particulier en France.

    Penseur important et trop peu connu, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais marquants comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015), De l'extermination (Xénia, 2013), ou Un air de guerre (Xénia, 2017), et de recueils de courtes chroniques comme Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) et Le début de la fin et autres causeries crépusculaires (Xénia, 2012). Il vient de publier dernièrement Légitimité de l'autodéfense (Xénia, 2019).

     

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    La liberté, malgré les urgences !

    Les sociétés européennes se trouvent aujourd’hui confrontées à de tels défis qu’il peut apparaître étrange, pour ne pas dire inactuel, de s’interroger sur ce que devient aujourd’hui la liberté en Europe. Ce n’est à coup sûr pas une priorité. Et pourtant c’est ce qu’on va essayer ici de faire malgré le couvre-feu matériel et mental imposé par la lutte contre le Coronavirus.

    Il est beaucoup aujourd’hui question de «dérive autoritaire» en Europe. C’est évidemment un euphémisme. La vraie question, en fait, qui se pose (au-delà même de celle consistant à se demander si nous sommes encore en démocratie) est celle de l’État de droit. Que subsiste-t-il aujourd’hui encore dans nos pays de l’État de droit?

    Je dis «nos pays», car la question ne se pose pas seulement dans certains d’entre eux à l’exclusion d’autres hypothétiquement mieux favorisés, mais peu ou prou partout. Un pays comme la France est évidemment en première ligne. Il serait fastidieux de dresser la liste de toutes les atteintes à l’État de droit survenues en France au cours de la période récente, en lien ou non avec l’épisode des Gilets jaunes. Ces atteintes sont graves et n’ont pas leur équivalent ailleurs. Mais il ne faut pas se faire d’illusions. On est certainement légitimé à insister sur la singularité française. Mais, d’une part, cette singularité n’est que relative, et d’autre part la France ne fait que précéder les autres pays dans une évolution d’ensemble n’épargnant, en fait, aucun pays. Elle a simplement une longueur d’avance.

    Le problème doit donc être abordé à l’échelle du continent dans son ensemble. On admettra sans peine par exemple que les violences policières constatées ces derniers mois en France n’ont pas leur équivalent en Suisse. Mais divers scandales survenus récemment à Genève, ville frontalière, montrent que la Suisse n’est pas a priori à l’abri de tels débordements (1). D’autres exemples pourraient être cités, notamment un, il y a deux ans, dans le canton de Berne. L’affaire avait débouché dans une interpellation au Grand Conseil bernois. Les violences policières sont encore en Suisse l’exception. Mais il ne faut pas dire qu’elles n’existent pas.

    Par ailleurs, les violences policières n’épuisent pas le problème. Ainsi, toujours en Suisse, le Parlement s’apprête à adopter un projet de loi sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme, projet de loi entérinant le principe selon lequel de telles mesures pourraient être prises en dehors de tout contrôle judiciaire. Il ne faut pas idéaliser la justice, ni bien sûr non plus surestimer son aptitude à protéger les libertés fondamentales (la violence judiciaire n’est pas un vain mot, elle n’a souvent rien à envier à la violence policière proprement dite), mais le contrôle judiciaire n’en est pas moins préférable à pas de contrôle du tout. Un tel contrôle ne garantit assurément pas en lui-même la survie des libertés fondamentales, mais peut en revanche, dans une certaine mesure au moins, la favoriser. Alors qu’avec sa suppression une telle survie devient hautement improbable, pour ne pas dire désespérée.

    Le modèle français

    La Suisse se borne ici à suivre l’exemple français, puisqu’en 2017 déjà le Parlement français avait décidé de transférer dans le droit ordinaire certaines dispositions de l’état d’urgence, au nombre desquelles, justement, l’abolition du contrôle judiciaire sur les actes des autorités en lien avec la lutte contre le «terrorisme». On met ici le mot «terrorisme» entre guillemets, car les autorités françaises ont tendance à user et abuser de cette notion en en donnant une interprétation très extensive. On est très vite aujourd’hui en France traité de «terroriste».

    On pourrait aussi parler des atteintes croissantes à la liberté de parole et de critique, qui font qu’il devient de plus en plus risqué aujourd’hui d’aborder certains sujets jugés sensibles. Il n’y a pas encore à l’heure actuelle en Suisse de loi Avia, mais il est évident qu’un jour ou l’autre il y en aura une, car on voit mal la Suisse ne pas s’aligner sur ce qui se fait ailleurs en ce domaine. Ce ne sera au reste pas très compliqué. Il suffira de compléter l’article 261 bis du Code pénal, par simple adjonction d’un ou deux alinéas, comme cela vient de se faire pour la pénalisation de l’homophobie. Il faut en tenir compte quand on dit que la liberté d’expression est aujourd’hui mieux garantie en Suisse qu’en France. C’est certainement vrai en soi, mais encore une fois, c’est le mouvement d’ensemble qui compte.

    Et ainsi de suite. En France toujours, un décret du 20 février dernier légalise le fichage généralisé des individus, au travers d’une nouvelle application numérique dénommée GendNotes. Les gendarmes sont encouragés désormais à collecter des données à caractère personnel (y compris celles relatives aux opinions philosophiques et politiques). Ils l’ont naturellement toujours fait dans le passé, mais c’est maintenant légalisé. On peut bien, si l’on y tient, parler ici de «dérive autoritaire», mais chacun admettra qu’il s’agit de tout autre chose. On assiste en fait à la mise en place d’un régime de type orwellien inaugurant une nouvelle espèce de totalitarisme. La généralisation à tous les coins de rue de la reconnaissance faciale s’inscrit également dans ce contexte.

    Insistons au passage sur le fait qu’avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), les choses se font en quelque sorte toutes seules. C’est une opportunité qui s’offre à l’État, et celui-ci, tout naturellement, en profite.

    L’humain rapetissé

    On est dès lors amené à se poser cette question: comment se fait-il que personne ne réagisse? En fait, ne se révolte? Car, effectivement, les gens ne révoltent pas. On pourrait dire que la non-révolte est chose normale: plus normale, en tout cas, que la révolte. On ne se révolte qu’exceptionnellement. Les gens ne se rendent pas non plus toujours compte à quels risques ils s’exposent en ne se révoltant pas. Ou quand ils s’en rendent compte, il est déjà trop tard. Ils cèdent également volontiers à la peur. Etc. Tout cela étant admis, on n’en reste pas moins surpris de la passivité et de l’absence de réaction des citoyens. Ils donnent l’impression d’être comme tétanisés. Il y a certes eu l’épisode des Gilets jaunes. Mais leurs revendications étaient d’ordre surtout économique.

    C’est un sujet complexe, on ne va bien sûr pas ici en faire le tour, juste développer une ou deux remarques. On s’inspirera ici du dernier livre d’Emmanuel Todd, Les Luttes de classes en France au XXIe siècle (2), qui aborde le problème sous l’angle anthropologique. Prenant le contre-pied d’une thématique aujourd’hui ressassée, celle de «l’homme augmenté», Todd dit que l’homme contemporain est au contraire extrêmement «diminué». L’individu n’est pas devenu aujourd’hui «plus grand», comme on le prétend parfois, mais au contraire «plus petit». Todd se réfère à certains travaux récents sur la dépression et la fatigue mentale des individus à notre époque. Il insiste également sur le fait que les dernières décennies ont été marquées par un double effondrement religieux et moral, double effondrement qui n’est évidemment pas resté sans effet sur la psyché individuelle. L’ancienne religion s’est effondrée, et avec elle l’ensemble des croyances et points de repère qui contribuaient jusqu’à une date encore récente à «encadrer» l’individu et par là même à le renforcer, à lui donner confiance en lui-même: on pense en particulier au cadre national. L’individu est aujourd’hui très largement abandonné à lui-même. Et donc, tout naturellement, tend à «s’affaisser», à se rapetisser.

    C’est un début de réponse. La fatigue, en elle-même, n’est pas nécessairement incompatible avec la révolte, il y a des gens fatigués qui pourtant se révoltent. Mais ce n’est pas le cas le plus fréquent. Ce que la fatigue nourrit plutôt, c’est le renoncement, la passivité. Mais on pourrait dire autre chose encore. Qu’ils soient ou non fatigués, les gens, en règle générale, se révoltent quand ils ont faim. Encore une fois, il faut citer les Gilets jaunes. Or être privé de liberté, ce n’est pas exactement mourir de faim. La liberté n’est pas un bien matériel, mais immatériel. On croise ici Dostoïevski et sa légende du Grand Inquisiteur. Le Christ dit au Grand inquisiteur: l’homme ne vit pas seulement de pain. Soit, mais la plupart de nos contemporains sont aujourd’hui sincèrement convaincus du contraire: l’homme ne vit que de pain. Pourquoi dès lors le fait d’être privé de liberté les conduiraient-il à se révolter?

    On retrouve ici l’effondrement religieux. Avec raison, Emmanuel Todd, met la fatigue en lien avec l’effondrement religieux. L’effondrement religieux conduit à la fatigue, qui elle-même conduit à la non-révolte. Sauf que ce passage par la fatigue n’est que facultatif. La non-révolte se laisse aussi penser comme un produit direct de l’effondrement religieux.

    Eric Werner (Antipresse n°226, 29 mars 2020)

     

    Notes :
    1. Voir Slobodan Despot: « L’affaire Simon Brandt, un “signal faible” — mais assourdissant! », Antipresse 219 | 09/02/2020.

    2. Seuil, 2020. Cf. en particulier le chapitre V (pp. 127-153).

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  • La guerre est une ruse...

    Les éditions Gallimard viennent de rééditer dans la collection folio un polar d'espionnage de Frédéric Paulin intitulé La guerre est une ruse, qui est le premier tome d'une trilogie consacrée au terrorisme islamique. Ancien professeur d'histoire, Frédéric Paulin est journaliste indépendant.

     

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    " Algérie, 1992. Après l'annulation des élections remportées par le Front islamique du salut, une poignée de généraux, les « janviéristes », ont pris le pouvoir. L'état d'urgence est déclaré, les islamistes pourchassés ont pris les armes. Le pays sombre dans une violence sans précédent...

    Tedj Benlazar, agent de la DGSE, suit de près les agissements du tout-puissant Département du renseignement militaire, le sinistre DRS qui tire toutes sortes de ficelles dans l'ombre. Alors qu'il assiste à l'interrogatoire musclé d'un terroriste, Tedj apprend l'existence de camps de concentration où les islamistes seraient parqués dans des conditions inhumaines. En fouinant plus avant, il met au jour des liens contre-nature entre le DRS et les combattants du GIA. Quel jeu jouent donc les services secrets avec les terroristes ? Les massacres quotidiens sont-ils l'oeuvre des uns ou des autres ? Ou d'une instrumentalisation diabolique des seconds par les premiers ?

    Benlazar acquiert la certitude que les généraux sont prêts à tout pour se maintenir au pouvoir. Et la dernière phase de leur plan va commencer : exporter le chaos par-delà la Méditerranée, pour forcer la France à soutenir leur croisade anti-terroriste. Tedj parviendra-t-il à réunir assez de preuves pour convaincre sa hiérarchie avant que l'horreur ne s'invite à Paris ?

    Avec ce premier tome, Frédéric Paulin plonge le lecteur au cœur de la décennie noire qui ravagea l'Algérie et préfigura une nouvelle ère de terreur inaugurée par les attentats du 11 septembre. "

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  • Quand la Ministre de la justice se prononce pour le retour des djihadistes "français" détenus en Syrie...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de l'Observatoire du journalisme publiée sur son site et consacrée aux déclaration de la Ministre de la justice en faveur du retour dans notre pays des djihadistes "français" détenus en Syrie...

     

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    Retour de djihadistes en France : une annonce de la Ministre de la justice sans controverse médiatique

    La ministre de la justice a évoqué samedi 11 janvier l’éventualité du rapatriement de djihadistes français détenus en Syrie. Cette annonce a tout du ballon d’essai lancé dans les médias, afin de prendre le pouls de l’opinion publique. Les médias français ont encore une fois été peu critiques face à cette annonce qui si elle était suivie d’effets pourrait être lourde de conséquence pour la sécurité des français.

    Cartes postales politiques

    Connaissez-vous les « cartes postales » en politique ? il ne s’agit pas de la carte en carton que l’on envoie avec un timbre de son lieu de vacances. Non, il s’agit dans le cas présent de messages qu’envoient les responsables politiques, parfois pour se rappeler au bon souvenir des électeurs, parfois pour sonder l’opinion publique et prendre des décisions en fonction des réactions à l’annonce faite à cette occasion.

    L’annonce qu’a faite la ministre la justice Nicole Belloubet au journal Libération le 11 janvier a tout de la carte postale. On prend le pouls de l’opinion publique. Si elle n’est pas trop rétive sur le sujet sensible que l’on a annoncé, on transforme l’essai et on concrétise ce qui a été envisagé.

    Libération sert la soupe

    C’est donc à Libération que la ministre de la justice a livré ses commentaires sur plusieurs « dossiers sensibles ». Parmi ces sujets, Nicole Belloubet est interrogée sur la situation des djihadistes français détenus en Syrie. Le journaliste de Libération pose à la ministre une question en entonnoir, en présentant une série d’arguments en faveur du rapatriement en France de combattants de l’État islamique. Après avoir énuméré la situation préoccupante en Irak, l’impossibilité de laisser la Syrie juger des djihadistes français, le refus de l’Irak de les juger et le fait que les kurdes qui les détiennent n’ont pas un État constitué en mesure de les juger, le journaliste demande à la ministre : « le rapatriement n’est-il pas inéluctable ? ».

    C’est ce que l’on appelle vulgairement « servir la soupe ». La ministre n’a même pas à développer des arguments qui viendraient à l’appui de sa réponse. Le journaliste de Libération lui les apporte sur un plateau. La ministre n’a plus qu’à répondre : « on ne peut prendre le risque d’une dispersion dans la nature ». Puis elle cherche à tranquilliser les lecteurs : « Tout combattant qui serait rapatrié serait judiciarisé comme nous l’avons toujours fait ».

    La couverture médiatique de la déclaration de la Ministre : entre neutralité et empathie

    On pourrait penser que cette déclaration provoquerait une tempête de réactions inquiètes ou indignées dans les médias ou une partie d’entre eux. Loin de là, à rebours de l’opinion publique, les médias de grand chemin oscillent dans cette annonce à peine voilée du rapatriement en France de guerriers de l’État islamique entre neutralité et empathie.

    La neutralité se vérifie dans l’absence dans certains articles de tout commentaire et de tout point vue autre sur la question que celui de la ministre. Ainsi Le Point évoque factuellement « Belloubet (qui) songe au rapatriement de djihadistes français en Syrie».

    Plus nombreux sont les médias à non seulement reprendre les propos de la ministre, mais aussi à donner la parole à un collectif qui milite pour…le rapatriement des djihadistes et de leurs proches.

    C’est le cas de L’Express , du Monde , de 20 Minutes, de RT France, du Figaro , etc., dans des articles souvent rédigés à partir d’une dépêche de l’AFP. Plusieurs médias reprennent les propos d’un membre du collectif « Familles unies » qui salue l’inflexion de la ministre sur ce sujet. Le Parisien donne également la parole à un membre de ce collectif et insiste sur la situation des femmes et des enfants qui sont en Irak. L’avocate des familles de proches partis en Irak estime que « les familles attendaient depuis longtemps que le gouvernement retrouve la raison ».

    Des risques évidents passés sous silence

    Peu de médias ont pris le temps d’apporter d’autres arguments que ceux de la ministre de la justice et de l’association prônant le retour des français partis pour l’État islamique. L’Opinion évoque la « désagrégation » de l’État irakien. Mais le journal mentionne également une enquête de terrain réalisée par un chercheur sur les prisons françaises. Il en ressort que « la propagande islamiste » s’y est largement diffusée. L’opposition de l’ancien premier ministre, Manuel Valls, au rapatriement en France de djihadistes est également mentionnée.

    A quelques exceptions près, les différents médias n’ont pris aucun recul vis-à-vis de l’argumentaire développé par Libération. Les seules personnes interrogées à ce sujet sont la ministre de la justice, l’association de djihadistes proches partis en Syrie et l’avocate de cette association.

    Il y a un an, fin janvier 2019, le gouvernement, le Quai d’Orsay cette fois, avait déjà lancé un ballon d’essai en évoquant le rapatriement de 130 djihadistes. Comme nous le relations dans un article paru le 8 février, le retournement de doctrine du gouvernement français à ce sujet, alors qu’il a toujours affirmé que les djihadistes doivent être jugés dans le pays de leurs méfaits, avait été relayé sans recul par de nombreux médias français de grand chemin.

    Les autres options que le rapatriement

    En ce début d’année, l’histoire se répète :

    - la détention en Syrie de djihadistes est présentée comme plus risquée qu’en France,

    - les seules personnes interrogées sont un représentant du gouvernement français et des proches de ceux qui sont partis en Syrie,

    - les seuls arguments présentés militent en faveur du rapatriement des djihadistes et de leurs proches.

    Des questions que l’on ne pose pas

    Pourtant, plusieurs éléments s’opposent à ceux présentés par la ministre et l’association des proches de ressortissants partis rejoindre l’Etat islamique :

    - La possibilité de confier les djihadistes au pays où ils ont commis leurs exactions, la Syrie. C’est ce que préconise Xavier Moreau, un expert en relations internationales, dans Sputnik International le 30 janvier 2019. « Pour protéger la France, il faut laisser Damas juger les djihadistes, car ils ont commis les crimes en Syrie. La question est que la France ne veut pas reconnaitre avoir perdu la guerre contre la Syrie  ». Au prix de la sécurité des Français ?

    - La difficulté à réunir en France des preuves des exactions commises par les djihadistes en Syrie pour les juger et les condamner. Une difficulté que soulève Xavier Moreau dans son interview. Le directeur du centre de réflexion sur la sécurité intérieure, Thibault de Montbrial, souligne dans une récente interview pour Causeur qu’ « une des raisons pour lesquelles les peines (des djihadistes condamnés en France NDLR) était en 2018 en moyenne de sept ans et demi est le fait que la justice est confrontée à un problème de preuves ». Rapatrier des djihadistes et les remettre en liberté peu après, une perspective réjouissante….

    La déchéance de nationalité

    - La possibilité de déchoir les djihadistes de leur nationalité, comme le préconisait C. Castaner en 2016 avant de considérer en 2019 que les djihadistes sont « Français avant d’être djihadistes ».

    Pour creuser cette piste, c’est dans des médias étrangers que nous apprenons que d’autre pays européens ont pris une autre direction que la France :

    Ainsi, en mars 2019, les médias allemands (Deutsche Welle, etc.) évoquent une solution radicale mais populaire : la déchéance de la nationalité pour les ressortissants allemands partis combattre dans les rangs de l’État Islamique. The local Denmark nous apprend en novembre 2019 que le Danemark vient d’adopter une loi permettant la déchéance de la nationalité, une mesure que la justice s’empresse d’appliquer dans le mois qui suit.

    Le site d’information belge 7 sur 7 nous apprend le 19 décembre que la justice belge a déchu de leur nationalité trois veuves de combattants de l’État islamique. La Suisse n’est pas en reste qui vient en ce début d’année de déchoir de sa nationalité une ressortissante partie combattre avec l’Etat islamique, nous apprend 24 heures le 3 janvier 2020.

    Plus de 250 terroristes libérés dans les deux ans à venir

    Dernier élément : en mai 2019, la ministre de la justice annonçait au journal Le Monde la libération de 254 personnes détenues pour terrorisme islamiste dans les trois ans (107 en 2021, 147 en 2020). Il va commencer à y avoir beaucoup de monde à surveiller… Alors que la France a un vivier de radicalisés qui ne cesse de croitre, sans compter ceux, estimés à 3 000 en 2017 dans un rapport parlementaire cité par le site Polémia, qui ne sont pas passés à l’acte mais sont dans « le haut du spectre » et dans une logique de pré terrorisme, on ne peut pas dire que les lanceur d’alerte soient nombreux dans les médias. L’avenir nous dira si cela était justifié…

    Observatoire du journalisme (OJIM, 14 janvier 2019)

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  • Islamisme : l'Etat infiltré ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le Samedi Politique de TV Libertés, diffusé le 12 octobre 2019 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Xavier Raufer, pour évoquer l'attentat islamiste commis au sein de la Préfecture de police de Paris. Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et Le crime mondialisé (Cerf, 2019).

     

                              

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