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terrorisme - Page 21

  • Drone Papers : les dérives d’un pouvoir divin donné à des gens sans scrupules...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du blogueur H16, cueilli sur Atlantico et consacré aux révélations des Drone papers sur les assassinats ciblés pratiqués massivement par les Etats-Unis sous couvert de la lutte contre le terrorisme...

    On a depuis appris que le programme d'analyse des méta-données destiné à déterminer automatiquement les cibles à éliminer avait été appelé Skynet par la NSA, en référence à l'intelligence artificielle, qui, dans le film Terminator, entreprend l'éradication de la race humaine. Humour...

     

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    Drone Papers : les dérives d’un pouvoir divin donné à des gens sans scrupules

    Gros temps pour l’État américain : après avoir subi le contrecoup des révélations d’Edward Snowden qui montraient explicitement l’ampleur de l’espionnage que le Pentagone avait mis en place tant sur ses ennemis que sur ses alliés et, pire encore, sur son propre peuple, voilà qu’un nouveau lanceur d’alerte démontre, documents détaillés à l’appui, l’énorme farce tragique que constitue l’usage des drones et leur taux alarmant de dommages collatéraux.

    L’affaire, qui prend progressivement les proportions d’un scandale d’État, a été révélée la semaine dernière dans The Intercept, l’organe de presse fondé par les journalistes à l’origine des papiers présentant les éléments fuités par Edward Snowden. Cette fois-ci, The Intercept dispose d’une quantité impressionnante de documents en provenance directe d’une source au sein de l’armée américaine et qui a souhaité conserver son anonymat (ce qu’on peut comprendre, compte-tenu de la façon dont les lanceurs d’alerte sont traités dans ce cas).

    Ces documents, disponibles en ligne, montrent en détail les opérations menées par les forces armées américaines sur des territoires où elles ne sont pas officiellement engagées, sans le moindre mandat international. Pire encore, ces documents démontrent assez clairement deux choses.

    D’une part, la politique américaine actuelle consiste à mener des opérations d’assassinats en contradiction à la fois avec les bases mêmes du principe démocratique d’un contrôle de l’armée par le peuple et des idéaux normalement pacifiques des démocraties dont se réclament officiellement les États-Unis, et en violation avec les droits de l’Homme qui impliquent un jugement avant toute condamnation. Jadis, les États-Unis étaient un État de droit. Les révélations de ces « drone papers » démontrent que toute l’administration Obama, prix Nobel de la Paix en tête, participe à établir la liste des personnes à assassiner, et à prendre la décision de le faire (ou plutôt de le faire faire par les équipes militaires en charge des drones).

    Bien sûr, on savait déjà, de façon non officielle toutefois, que cela se passait ainsi. Il se chuchotait depuis plusieurs années que oui, le président Obama, tout nobélisé soit-il, disposait d’une véritable « kill list » et ordonnait directement que soient menés des assassinats. La preuve en est maintenant faite. Mais avec 178 frappes entre 2011 et 2015 validées directement par le Prix Nobel de la paix lui-même, je serais curieux de connaître l’opinion du Comité Nobel à ce sujet…

    D’autre part, comme si ces éléments ne suffisaient pas déjà à jeter comme un grand froid, ces documents permettent de mieux mesurer la précision de l’outil « drone » dans la panoplie présidentielle américaine. Et le constat est franchement amer puisqu’on apprend que l’usage massif de drones dans les différentes missions confiées entraîne un taux de dommages collatéraux de 90%. Autrement dit, comme l’explique Edward Snowden dans un tweet du 15 octobre, près de 90% des personnes tuées par les frappes aériennes n’étaient pas les personnes ciblées.

    C’est gênant parce que si, déjà, à la base, faire assassiner un individu sans autre forme de procès n’est pas du tout dans les prérogatives d’un chef d’État d’une nation démocratique, fut-il américain, tout indique qu’une partie des cibles abattues l’a été sans même recevoir l’imprimatur du chef suprême, ce qui laisse entrevoir des dérives monstrueuses.

    Ce n’est même pas le pompon.

    On apprend en outre que cet écart catastrophique entre les cibles choisies et les « autres » provient d’une collecte déficiente d’informations. La tragédie qui se joue actuellement prend alors toute son ampleur lorsqu’on comprend que cette déficience d’informations est issue d’une utilisation quasi-exclusive de moyens électroniques pour rassembler les données sur les cibles, ces moyens mêmes qui furent dévoilés par Snowden il y a deux ans. Or, dans le cas qui nous occupe, c’est-à-dire l’assassinat d’individus à distance ce qui revient à s’assurer des informations sur la cible puis à utiliser les moyens appropriés pour éviter les dommages collatéraux, la collecte de données électroniques par surveillance massive des réseaux et par l’imagerie aérienne ou satellitaire ne suffit pas. Aussi pointues et invasives soient les techniques mises en place par la NSA et l’armée américaine, elles ne peuvent remplacer l’infiltration sur le terrain, par exemple.

    Autrement dit, l’État américain espionne tout le monde tant et plus, détermine des cibles de façon unilatérale, les fait buter par une armée qui, au passage, choisit elle aussi ses propres cibles (ou, pire, dérape très largement), et on se rend compte que l’espionnage initial est très majoritairement fait d’une façon qui ne permet pas d’assurer la qualité des cibles et des moyens mis en œuvre. Pire, cette « tyrannie de la distance » donne un faux sentiment de détachement et de puissance divine (« godlike power ») aux opérateurs et à toute la chaîne de commande.

    Et le plus consternant est qu’en choisissant systématiquement l’assassinat des cibles désignées plutôt que leur arrestation, l’État américain, son armée et la NSA se sont coupés de toute source d’information réellement fiable, puisqu’issue du terrain qu’ils ont désertés par commodité.

    C’est proprement effarant.

    Il y a deux ans, on apprenait via Snowden l’ampleur de l’espionnage américain et le monde découvrait que l’armée et le gouvernement des États-Unis avaient outrepassé tous leurs mandats démocratiques pour satisfaire le besoin d’information et de flicage de sa propre population et du reste du monde pour une coterie prête à tout.

    Il y a quelques mois, on apprenait de même qu’une fuite massive de données en provenance directe du gouvernement américain, via un hacking d’ampleur inégalée, exposait directement des millions d’employés fédéraux (mots de passe, empreintes digitales, détails de carrière, dossiers médicaux, judiciaires et même mœurs ou habitudes se retrouvaient sur internet, en libre accès).

    Les « Drone Papers » nous démontrent à présent que le gouvernement américain mène des opérations secrètes d’assassinats, là encore en dehors de tout cadre légal et démocratique, qu’il abat des individus sans procès, avec des informations lacunaires, collectées à la hâte, et réalise d’énormes bavures dans la foulée.

    Devant ces éléments, comprenez-vous pourquoi les libéraux insisteront toujours pour un État minimal ? Comprenez-vous que plus vous donnez de pouvoir à l’État, plus les individus qui sont à sa tête en abuseront, tout nobélisés soient-ils ? Comprenez-vous que lorsque vous remettez vos vies, vos données essentielles, vos informations critiques dans les mains de l’État, vous n’aurez jamais la garantie de leur bonne gestion, et même plutôt le contraire ? Plus proche de la France, voyez-vous, par l’exemple, ce que peut donner la Loi Renseignement dans les mains des fripouilles qui nous gouvernent ? Comprenez-vous que toute augmentation de l’emprise de l’État sur vos vies pour un peu de chimérique sécurité aboutira, de façon inéluctable, à marquer, un jour, une cible sur votre tête ?

    H16 (Atlantico, 20 octobre 2015)

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  • Histoire du terrorisme...

    Les éditions Fayard viennent de publier une nouvelle édition de leur Histoire du terrorisme, dirigée par Gérard Chaliand et Arnaud Blin. Homme de terrain, spécialiste des luttes de libération nationale et des mouvements de guérilla, Gérard Chaliand s'est aussi intéressé à la stratégie, en général, et on lui doit, outre de nombreux essais, une remarquable Anthologie mondiale de la stratégie, régulièrement rééditée dans la collection Bouquins. Il a raconté son parcours dans La pointe du couteau (Robert Laffont, 2011). Arnaud Blin est chercheur associé à l’Institut Français d’Analyse Stratégique.

     

     

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    " Nous vivons à l'heure du terrorisme, et nous ignorons son histoire. Pris par la violence des images, la surenchère des menaces, la confusion de l’information « en continu », nous laissons finalement peu de place à la réflexion et à l'analyse. Il est pourtant urgent de chercher à comprendre le phénomène terroriste.
    Avec le concours de spécialistes internationaux, Gérard Chaliand et Arnaud Blin retracent dans cet ouvrage l'histoire du terrorisme, depuis l'Antiquité jusqu'à ses formes les plus récentes, et nous font comprendre combien la perception du terrorisme a évolué. L'islamisme radical est ainsi replacé dans son contexte historique. Seule cette profondeur de vue peut nous permettre de cerner les enjeux actuels de ce phénomène, dont les effets sont loin d'être épuisés.
    Les auteurs ont aussi réuni pour ce livre les discours, manifestes et autres textes théoriques des acteurs principaux du terrorisme, de Bakounine à Ben Laden – la plupart inédits en français. Ce que vous avez entre les mains, lecteurs, c’est la  première grande encyclopédie du terrorisme. "

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  • Les iconoclastes de Palmyre sont des barbares mais pas des idiots !...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la guerre menée par l'Etat islamique au Proche-Orient...

     

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    « Les iconoclastes de Palmyre sont assurément des barbares, pas des idiots »

    Dans le jeu éminemment complexe de Daech au Proche comme au Moyen-Orient, jusqu’où ces islamistes de combat peuvent-ils aller ? Mais pour commencer, cet « État islamiste » est-il vraiment un État ?

    Alors qu’Al-Qaïda était entièrement déterritorialisé, Daech s’est aujourd’hui implanté sur un territoire grand comme la Grande-Bretagne, qui s’étend de Ramadi en Irak jusqu’à l’est de la Syrie. Ce territoire, doté d’une capitale de fait, Raqqa, est divisé en sept provinces dotées d’une administration locale, de services publics, d’une police et de tribunaux. Si l’on définit un État comme un « organe doté d’un pouvoir souverain s’exerçant sur un territoire et une population » (Frédéric Rouvillois), force est de constater qu’un an après la proclamation du califat, Daech est bel et bien en passe d’en devenir un. Il en est même d’ailleurs à battre monnaie.

    L’État islamique représente cependant un phénomène jusqu’ici inédit. Bénéficiant du savoir stratégique de certains anciens chefs militaires irakiens de l’époque de Saddam Hussein, il a su jusqu’à présent recourir à la fois au terrorisme et aux méthodes de guerre conventionnelles. Il a attiré des dizaines de milliers de volontaires étrangers et s’est emparé des zones énergétiques du désert syrien. Fait également nouveau : au lieu de dissimuler ses crimes de guerre, il leur assure la plus grande publicité, tant pour séduire ses sympathisants que pour jeter l’effroi chez ses ennemis. Tout cela est parfaitement mis en scène et très bien calculé. Les iconoclastes de Palmyre sont assurément des barbares, pas des idiots.

    La criminelle intervention occidentale en Libye a livré ce pays aux milices islamistes et déstabilisé tous les pays voisins de la zone sahélo-saharienne. La Tunisie est une poudrière. L’Algérie, que la chute des cours du pétrole a privée des moyens d’acheter la paix sociale, est à l’image de son président : à l’agonie. Malgré la popularité du roi, le Maroc est en voie de déstabilisation. L’Égypte résiste, mais elle est aussi travaillée de l’intérieur ; financièrement, elle dépend en outre des monarchies du Golfe. Au Proche-Orient, nous assistons à un enterrement de première classe des accords Sykes-Picot de 1916, qui avaient divisé la région en États-nations aux frontières aberrantes. Ces États-nations sont en train de céder la place à un espace mésopotamien où les nouvelles frontières délimiteront des entités sunnites, chiites et kurdes. L’Irak a déjà disparu, la Syrie s’est désagrégée. Plus loin encore, l’influence de l’État islamique se manifeste au Pakistan comme dans le Caucase et sur la Volga. L’islamisme radical de type néo-wahhabite a donc pour l’instant le vent en poupe.

    Les puissances occidentales combattent l’État islamique avec des bombardements aériens dont chacun sait que l’efficacité est toute relative. N’y a-t-il pas moyen d’agir autrement ?

    Il faudrait sans doute aller au sol, mais personne ne s’y résout. Devrait-on le faire ? En règle générale, on l’a bien vu jusqu’ici, les interventions extérieures ne font qu’ajouter du chaos au chaos. La complexité de la situation et les divisions endémiques parmi les forces en présence compliquent encore les choses. La France veut s’attaquer à l’État islamique, mais sans favoriser Bachar el-Assad, qu’elle devrait pourtant considérer comme son allié objectif. Elle colle aux intérêts saoudiens et qataris, pour de pures raisons de clientélisme financier. Elle s’aligne totalement sur les positions américaines, en faisant même de la surenchère (comme dans le dossier syrien ou sur le projet de traité avec l’Iran). L’Arabie saoudite ne s’occupe que de sa guerre contre les rebelles houthis du Yémen, qui sont soutenus par l’Iran. Les États-Unis se demandent maintenant s’il ne faudrait pas soutenir le front Al-Nosra, c’est-à-dire Al-Qaïda, contre Daech. La Jordanie est un protectorat américano-israélien. Et Israël souhaite avant tout la chute d’el-Assad dans l’espoir d’affaiblir le Hezbollah.

    La Russie a proposé la constitution d’une coalition au sol comprenant des forces irakiennes, syriennes et irakiennes, ce que l’Arabie saoudite a immédiatement refusé – d’où la récente décision du Kremlin d’appuyer plus directement el-Assad pour l’organisation d’une zone de défense dans le réduit alaouite du littoral, avec les villes de Tarse et de Lattaquié (les six premiers avions de combat MiG-31 ont déjà atterri à Damas).

    Dans cette région du monde, les deux principales puissances, l’Iran et la Turquie, ont comme point commun de n’être pas arabes, même si la première est chiite et l’autre sunnite. Que peut-on en attendre ?

    L’Iran, qui est un interlocuteur incontournable dans cette affaire, d’autant plus qu’il n’a aucune volonté de conquête, est jusqu’à présent resté dans une certaine réserve. Il ne changera de position que si Daech franchit une ligne rouge, par exemple la prise de Damas ou, pis encore, la destruction des sanctuaires de l’imam Ali ibn Abi Talib et de son fils Hussein dans les villes de Nadjaf et Kerbala. La Turquie, quoique membre de l’OTAN, veut avant tout empêcher la formation d’un État kurde, et combat donc en priorité les Kurdes, qui sont pourtant ceux qui luttent contre Daech avec le plus d’efficacité en Syrie. Dans le même temps, elle ferme les yeux sur le passage, par son territoire, de djidahistes venus du monde entier pour rejoindre l’État islamique.

    Tout donne donc à penser que nous sommes engagés dans un conflit de très longue haleine, ce qui ne déplaît pas à tout le monde. Comme l’a rappelé récemment Richard Labévière, « la lutte contre le terrorisme génère des millions d’emplois dans les industries d’armement, de communication, etc. Le terrorisme est nécessaire à l’évolution du système capitaliste, qui se reconfigure en permanence en gérant la crise […] Daech n’est donc pas éradiqué, mais entretenu. ». Face à un monde arabo-musulman en état de décomposition, l’Europe a perdu la main parce qu’elle n’a plus de politique proche et moyen-orientale cohérente. La notion-clé est celle de gestion sans résolution.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 9 septembre 2015)

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  • Bandes : dérive criminelle et terrorisme...

    Les éditions Micro application viennent de publier une étude de Julien Dufour et Abdelfettah Kabsi intitulée Bandes - Dérive criminelle et terrorisme. Julien Dufour est commissaire et Abdelfettah Kabsi est officier de police, et tous les deux sont des praticiens de la lutte contre les bandes.

     

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    " Tirs de kalachnikovs, assassinats au « barbecue », « jambisations », la multiplication des règlements de compte sanglants dans les cités sensibles illustre les enjeux financiers des trafics de stupéfiants et de l’économie souterraine. Cette violence exacerbée et banalisée est un terreau fertile au développement de bandes violentes territorialisées. De la guerre des boutons à la guerre des gangs, un ascenseur criminel va mener certains jeunes récidivistes au cœur d’un « néo-banditisme » des cités. La menace est endogène, et stratégique. Elle se double aujourd’hui d’une dérive fanatique, prétexte à l’émergence d’un « néo-terrorisme ».

    Qu’est-ce qu’une bande de rue ? Comment fonctionne-t-elle ? Pourquoi une telle violence, conduisant au rétablissement de la peine de mort, à titre privé ? D’où viennent ces nouvelles formes de banditisme et de terrorisme, au cœur de nos sociétés ? Comment faire face ? La démarche est pédagogique : elle vise à donner des clés de lecture de la délinquance des cités aux professionnels comme aux néophytes. Elle propose une première classification des bandes de rue, et un regard policier sur le « réel criminel ». Nommer, diagnostiquer, déceler, agir ex-ante, telle est la trame d’un ouvrage qui entend aussi rendre hommage aux acteurs – policiers, magistrats, enseignants, monde associatif – qui œuvrent chaque jour sur ces territoires de la République. "

     

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  • Lutte contre le terrorisme islamique : une guerre de civilisation ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré aux déclarations claironnantes et incohérentes de Manuel Valls sur la guerre de civilisation...

     

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    « Choc des “civilisations” ? Entre grande farce et immense malentendu… »

    À propos de la lutte contre le terrorisme islamiste, Manuel Valls évoquait récemment un « choc de civilisations ». Que voulait-il dire par là ? Le Premier ministre serait-il devenu un disciple de Samuel Huntington ?

    Le 28 juin, sur France Inter, Manuel Valls a en effet déclaré que la lutte contre le terrorisme islamiste correspond à une « guerre de civilisation ». Civilisation au singulier ou au pluriel ? Il y a en fait trois hypothèses. La première est qu’aux yeux du Premier ministre, l’État islamique représente une « civilisation ». Écartons-la d’emblée, tant elle est absurde. Deuxième hypothèse : Valls s’aligne en effet sur Huntington. Dans son livre paru en 1996, où il prenait acte de l’effondrement du système soviétique, celui-ci soutenait que les guerres à venir ne seraient plus idéologiques comme à l’époque de la guerre froide, mais religieuses comme au temps des croisades. Ce serait des guerres entre grandes « aires culturelles ».

    Comme vous le savez, les critiques contre cette thèse n’ont pas cessé de s’accumuler. En ramenant les conflits actuels à des enjeux culturels et religieux, elle fait bon marché de leurs dimensions économiques et politiques. En traitant les civilisations comme des « blocs », elle oblitère les divergences d’intérêt entre les Européens et les Américains, tout comme elle dissimule l’opposition entre chiites et sunnites, qui seule permet de comprendre ce qui se passe actuellement au Proche-Orient. Elle nourrit en fait une vision binaire que les néoconservateurs américains se sont empressés de reprendre à leur compte, et que George Bush n’a pas hésité à alléguer pour faire la guerre en Irak. Mais en ce cas, comment Manuel Valls peut-il prétendre en même temps qu’il ne prône « nullement une guerre entre l’islam et l’Occident » ? Et comment peut-il dire qu’il veut en finir avec le djihadisme alors que son gouvernement vend des armes à l’Arabie saoudite et au Qatar, qui le subventionnent dans le monde entier ? Incohérence ?

    Reste la troisième hypothèse. C’est celle que l’entourage du Premier ministre s’est efforcé d’accréditer : « Ce n’est pas une guerre de civilisations au pluriel. C’est une guerre entre la civilisation humaine et la barbarie », a ainsi déclaré Bernard Cazeneuve. La « civilisation » renverrait à des « valeurs universelles partagées par tout le monde ». Le problème, c’est qu’il n’y a pas de « civilisation humaine », et que les valeurs « universellement partagées » sont tout aussi mythiques. On tombe alors de Charybde en Scylla.

    Pourquoi cela ?

    Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la « civilisation » est un terme qui appartient au vocabulaire des temps modernes : on n’en trouve aucune trace dans l’Antiquité ni au Moyen Âge. Et c’est un terme fortement ethnocentré. C’est ce que constatait Jacques Bainville quand il écrivait : « Le mot de civilisation, dont nos ancêtres se passaient fort bien, peut-être parce qu’ils avaient la chose, s’est répandu au XIXe siècle sous l’influence d’idées nouvelles. La conception du progrès indéfini, apparue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, concourut à convaincre l’espèce humaine qu’elle était entrée dans une ère nouvelle, celle de la civilisation absolue […] La civilisation, c’était donc le degré de développement et de perfectionnement auquel les nations européennes étaient parvenues au XIXe siècle […] La civilisation, c’était en somme l’Europe elle-même, c’était un brevet que se décernait le monde européen. » C’est au nom de cette civilisation-là que l’Occident, au cours de son histoire, n’a cessé de vouloir convertir le reste du monde à ses valeurs propres, en les posant à tort comme « universelles », ce qui revenait à considérer que toutes les autres cultures du monde n’étaient qu’inculture, arriération ou barbarie.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 16 août 2015)

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  • Immigration sauvage : quand les gouvernements européens mettent en scène leur inutilité...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 25 août 2015 et consacrée à la crise des "migrants", qui n'a eu de cesse de s'aggraver tout au long de l'été...

     


    Migrants : "Nos gouvernements mettent en scène... par rtl-fr

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