Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

technique - Page 6

  • Aujourd'hui, la décroissance ?...

    Vous pouvez lire ci-dessous un texte stimulant cueilli sur le blog A moy que chault ! et consacré à la décroissance...

    decroissance.jpg

    Aujourd'hui, la décroissance

    La croissance et son culte constituent désormais la seule religion occidentale quasi-unanimement partagée. A l'inverse du catholicisme, jamais elle ne s'est si bien portée ni n'a compté autant d'adeptes. De l'extrême-droite à l'extrême-gauche, personne ne remet en cause le dogme sacré sous peine d'être exclu du cercle des « gens sérieux ». Le débat se borne donc aux choix des méthodes pour atteindre ce graal productif puis aux modalités de redistribution et de partage de ses mirifiques bienfaits. Toute pensée véritablement révolutionnaire est donc exclue de facto puisque les oppositions et confrontations se font exclusivement dans le cadre d'une même pensée et d'un même horizon indépassable. Hors la croissance, point de salut !

    Sans celle-ci, il n'y aurait pas de bonheur possible pour les nations. C'est l'accroissement productiviste et l'accumulation des biens qui mèneraient à la grandeur des Etats et à la prospérité des populations. Il n'y a pourtant qu'à voir dans quel état de décrépitude physique et morale se trouvent les européens après à peine trois siècles de ce régime de « croissance » pour s'interroger sur l'infaillibilité de ce présupposé qu'on nous rabâche comme s'il s'agissait d'une vérité révélée. Ou encore de regarder du côté de la Chine qui fait fantasmer et saliver d'envie les économistes de tous poils avec sa croissance à deux chiffres mais qui est en train d'empoisonner son sol et ses eaux, de détruire ses structures ancestrales, de perdre son identité et de vendre son âme au profit d'une pâle imitation occidentaliste !

    Mais le dogme se défend bien, toute personne osant le remettre en cause – ou même simplement l'interroger- étant immédiatement mis au ban de la communauté, interdit de médias et fermement ghettoïsé.

    La décroissance. Aucune pensée politique – à l'exception du fascisme – suscite des réactions aussi virulentes, aussi violentes, des dénonciations et des condamnations aussi radicales, simplistes et définitives, venants de tous les horizons du système... Peu de personnalités sont autant moquées, calomniées, caricaturées et hystériquement dénoncées que celles qui tentent de défendre et de promouvoir cette idée de « décroissance », c'est à dire de changement radical de paradigme sociétal. « Hippies, rétrogrades, obscurantistes, allumés, khmers verts, écolo-fascistes, utopistes, beatniks, doux dingues, réacs... » tous les anathèmes sont bons pour discréditer sans débat cette pensée véritablement iconoclaste qui sape le fondement même du règne de la quantité et du pognon.

    On voudrait faire passer la décroissance pour une volonté de « retour à la bougie et à la traction animale », bref pour un passéisme. C'est au contraire une pensée innovante refusant le formatage du monde par le seul imaginaire capitaliste. La décroissance ce n'est pas refuser la technologie, c'est combattre le primat de la Technique, ce n'est pas refuser les innovations, c'est faire le tri entre elles, ne pas considérer qu'une nouveauté est bonne « par nature » et écarter celles dont les conséquences sont néfastes, ce n'est pas déifier ni sacraliser la nature, c'est avoir conscience de notre interdépendance avec l'environnement et défendre le patrimoine biologico-écologique des générations futures, ce n'est pas refuser le confort, c'est rejeter le superflu, ce n'est pas souhaiter la pauvreté mais la sobriété, ce n'est pas idéaliser « antan », c'est se nourrir de notre plus longue mémoire pour privilégier le temps long et la stabilité sur le zapping et le bougisme...

    A titre d'exemple, l'agriculture biologique est une démarche de type décroissante, puisqu'elle réduit les rendements et la productivité. Il n'en reste pas moins qu'en permettant d'obtenir des fruits et légumes plus sains et goûteux et en assurant la prolongation de la fertilité des sols, elle représente un « progrès ». Pas pour l'industrie agro-alimentaire certes, mais pour l'homme oui. Dans un autre domaine, se passer de télévision – c'est à dire d'une lobotomie quotidienne – est-il un recul ou un progrès ? Poser la question, c'est y répondre.

    On nous rétorquera que la « décroissance » est antinomique de la « puissance » d'un Etat ou d'un peuple. Pour cela il faut déjà raisonner en termes géopolitiques alors que l'on peut penser qu'on est aujourd'hui plutôt au stade de la simple survie. Mais même en admettant cette dialectique, encore faudrait-il s'entendre sur ce qu'est la puissance. La santé, mentale et physique, d'un peuple, sa démographie, ses arts et lettres, sa conscience nationale, son aptitude à produire du sens ne sont-ils pas des éléments fondamentaux de la puissance ? Or ces domaines ont été totalement sacrifiés, saccagés, par la société de la croissance, du primat de la pensée matérialiste et productiviste.

    Par ailleurs, que nous importent que la France, l'Italie ou l'Europe soient « puissantes », s'il n'y a plus de français, d'italiens et d'européens ? Si ces « entités administratives » ne sont plus peuplées que de zombies consuméristes, des clones hyperconnectés et réduits à leurs seules fonctions de production et de consommation, accrocs aux shopping, bourrés de médicaments, des non-êtres interchangeables ne levant la tête de leur Iphone que pour se traîner devant un quelconque écran de télé ou d'ordinateur pour y ingurgiter du porno et des séries américaines ? Nous y sommes déjà presque...

    Alors répétons-le, aucun changement économico-politique majeur ne pourra avoir lieu tant que l'on ne sera pas sorti de cette vénération de la croissance qui représente une aliénation totale du monde à l'imaginaire de la technique et de l'avoir.

    (A moy que chault ! , 15 août 2013)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 5 commentaires Pin it!
  • Contre le totalitarisme technicien...

    Les éditions Le passager clandestin publient cette semaine un essai de Serge Latouche intitulé Jacques Ellul contre le totalitarisme technicienPrincipal penseur français de la décroissance, Serge Latouche est l'auteur, notamment, du Pari de la décroissance (Fayard, 2006) et de Sortir de la société de consommation (Les liens qui libèrent, 2010). Il a aussi récemment publié aux éditions Les Liens qui Libèrent Bon pour la casse - les déraisons de l'obsolescence programmée.

     

    Jacques ellul.jpg

    " Jacques Ellul a, dès l’origine, été perçu par le mouvement de la décroissance comme l’un de ses principaux précurseurs. Sa critique de la démesure technicienne et son analyse du « totalitarisme technicien », comptent parmi les pièces maîtresses du projet, en l’alimentant aussi bien sur le plan théorique que sur celui des propositions concrètes.

    Jacques Ellul a dénoncé en maints endroits et avec la plus grande fermeté la démesure de la société occidentale, la croissance et le développement. Il a montré que la société économique de croissance ne réaliserait pas l’objectif de bonheur proclamé de la modernité, et que les évolutions de la technique étaient incompatibles avec les rythmes de l’homme et l’avenir du monde naturel.

    Cette relecture par Serge Latouche de la pensée de Jacques Ellul, rappelle aussi que la virulence de la critique sociale du maître bordelais s’accompagnait toutefois d’une conception minimale de l’action politique, définie comme dissidence individuelle. Lire Ellul à l’ère de l’anthropocène, c’est aussi rappeler, avec les objecteurs de croissance, que les temps sont désormais aux métamorphoses radicales."

     

    Lien permanent Catégories : Décroissance et résilience, Livres 0 commentaire Pin it!
  • Quoi de neuf ?...

    Nous vous signalons la parution d'un essai de David Edgerton, intitulé Quoi de neuf ? - Du rôle des techniques dans l'histoire globale. Historien, David Edgerton est un spécialiste de l'histoire des sciences et des technologies qui remet en cause l'idée d'un progrès linéaire lié à l'accumulation d'innovations techniques...

     

    Quoi de neuf.jpg

     

    " Cette histoire globale de la technologie moderne prend le contre-pied des narrations usuelles sur les inventions de quelques individus géniaux pour mettre au premier plan l’analyse des usages collectifs. Elle amène à réévaluer profondément la signification des technologies couramment tenues pour avoir transformé la société ? la pilule, l’informatique, la bombe atomique, l’aviation ? et à prendre en compte une grande variété de technologies moins visibles mais non moins importantes, venant de diverses parties du monde.

    Parmi ces exemples méconnus : les pousse-pousse japonais, les tracteurs soviétiques, les usines baleinières nazies, le pétrole synthétique espagnol, etc. C’est que nombre de techniques anciennes recèlent des potentiels de rénovation considérables : voir le train avec le TGV !

    Entrelaçant histoire politique, histoire économique et histoire culturelle, ce livre met en cause l’idée selon laquelle nous vivrions une ère de transformations techniques toujours plus rapides et suggère que les technologies les plus importantes pour le XXIe siècle ne sont guère reconnues pour telles. En sapant la technophilie naïve et infondée (par exemple l’idée d’un prétendu âge de l’information), et sans pour autant donner prise à une technophobie non moins naïve, Edgerton appelle et inaugure une façon radicalement neuve de penser la technique dans l’histoire. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Le système technicien...

    Les éditions du Cherche Midi viennent de rééditer Le système technicien, un des ouvrages majeurs de Jacques Ellul. Philosophe, sociologue et théologien, l'auteur, décédé en 1994, peut être considéré, au travers de ses ouvrages de réflexion sur la technique, comme un des inspirateurs de la pensée écologiste en France. Il est aussi l'auteur d'un essai intitulé Propagandes, qui reste essentiel sur ce sujet.

     

    Système technicien.jpg

    "Cet essai, publié en 1977 dans la collection "Liberté de l'Esprit" de Raymond Aron et introuvable en librairie depuis longtemps, est la clef de voûte de sa trilogie (La Technique, Le Système technicien, Le Bluff technologique). Il est considéré comme son livre le plus abouti. La Technique, pour Ellul, est le facteur déterminant de la société. Plus que le politique et l'économie. Elle n'est ni bonne ni mauvaise, mais ambivalente. Elle s'auto-accroît en suivant sa propre logique. Elle piétine la démocratie. Elle épuise les ressources naturelles. Elle uniformise les civilisations. Elle a des effets imprévisibles. Elle rend l'avenir impensable. Grâce à l'informatique, la Technique a changé de nature : elle forme, à l'intérieur de la société, un "système technicien". L'informatique, en unifiant tous les sous-systèmes (téléphonique, aérien, de production et distribution d'énergie, etc.), lui a permis de devenir un tout organisé, lequel vit à l'intérieur de la société, la modèle, l'utilise, la transforme. Mais ce système, qui s'auto-engendre, est aveugle. Il ne sait pas où il va. Et il ne corrige pas ses propres erreurs. Un livre indispensable pour qui ne veut pas penser en rond."

    Lien permanent Catégories : Livres 1 commentaire Pin it!
  • Les lumières du ciel...

    Après En attendant le roi du monde (L'esprit des péninsules, 2006), Les évangiles du lac (L'esprit des péninsules, 2008) et Petit monarque et catacombes (L'esprit des péninsules, 2009), Olivier Maulin, qui anime le Cercle Cosaque à Paris,  revient pour cette rentrée littéraire avec un nouveau roman. Dans Les Lumières du ciel, publié aux éditions Balland, il nous livre une nouvelle brochette de personnages farfelus et anti-modernes, qui découvrent que s'ils sont dans ce monde, il ne sont pas de ce monde. Réjouissant !

     

    lumières du ciel.jpg

    "Paul-Emile Bramont n’est pas un foudre de guerre. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne voue pas au travail la vénération exigée par l’époque. Prince des ratés, il explore avec élégance et sérénité les bas-fonds de l’ambition, passant d’un hôtel miteux à un boulot minable et d’une combine louche à une tentative lamentable de braquage. Accompagné de son copain Momo, dj de patinoire de son état, et Bérangère, la femme d’un chirurgien plasticien, sa maîtresse du moment, ils partent rejoindre un hameau dénommé Jérusalem, un lieu où la loi du marché n’existe pas. On y boit sous les étoiles, on y lance des grenades pour combattre des chimères et les nuits sont enchantées. Ils y croiseront un curé anarchiste, un clochard amoureux des armes à feu et un militant primitiviste radical, tous en guerre contre le monde moderne et toute forme de production.

    Observateur fidèle de la déliquescence générale, Olivier Maulin nous livre un roman drôle et cruel sur l’état actuel des mœurs et laisse entrevoir qu’un autre monde est possible, un monde auquel il faut d’ores et déjà se préparer. « Car qui sait s’il ne sera pas bientôt plus important de savoir traire une vache que de tracer des lignes de codes » ?"

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Vers une société d'abondance frugale ?...

    Principal penseur français de la décroissance, auteur notamment du Pari de la décroissance (Fayard, 2006) et de Sortir de la société de consommation (Les liens qui libèrent, 2010), Serge Latouche revient sur les controverses et les confusions que suscite cette notion dans un petit ouvrage intitulé Vers une société d'abondance frugale, publié aux éditions Mille et une nuit, dans la collection Les petits libres.

     

    Vers une société d'abondance frugale.jpg


    "Les uns ne jurent que par elle quand les autres s’offensent que le mot soit prononcé. Que recouvre l’idée de décroissance, qui ne semble pas être la même pour les uns et les autres ? Surtout, elle charrie son lot de contresens et de controverses. Nombreux sont les opposants à cette idée, qui utilisent des arguments de plus ou moins mauvaise foi.
    À droite comme à gauche, les critiques fusent : comment éliminer la misère dans nos contrées sans croissance ? Quel sens peut bien avoir la décroissance dans les pays du Sud ? Qui va soutenir un tel projet : les ouvriers, les classes moyennes ? Et si la croissance se résumait à la production de services ? À la valeur marchande ?
    Serge Latouche liste toutes les interrogations, mêlant préoccupations réelles et idées fausses en circulation, pour leur apporter des réponses précises et argumentées qui mettent un terme aux inquiétudes fantasmagoriques qui l’entourent.
    Non, la décroissance n’est pas synonyme de croissance zéro ; non, elle n’est pas technophobe. Ce n’est ni un projet antimoderne destiné à nous renvoyer vivre dans des cavernes, ni un programme visant à restaurer un ordre patriarcal communautaire, ni l’instrument qui ferait de nous des chômeurs.
    S’il fallait le dire autrement, Serge Latouche parlerait de société d’abondance frugale : voilà la transition économique et politique qu’il nous propose."

     

    Lien permanent Catégories : Décroissance et résilience, Livres 1 commentaire Pin it!