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système - Page 29

  • L'avertissement aux criminels...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du directeur de B.I. Infos, Louis Dalmas, cueilli sur Enquête&Débat et consacré à la nécessaire révolte des peuples contre les oligarchies criminelles qui les dominent... 

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    L'avertissement aux criminels

    Comment faire entendre la voix des peuples ? Pour pouvoir écouter cette voix, il faut avoir une idée de ce qu’elle peut dénoncer, c’est-à-dire l’état de notre monde occidental actuel. Quel est cet état ? C’est simple. C’est un espace en trompe l’œil dirigé par des criminels qui ont recours au mensonge pour maintenir leur domination.

    Les mots peuvent vous paraître durs. Ils correspondent pourtant à une réalité. Je vais essayer de les justifier en les reprenant un à un..

    Un espace en trompe-l’œil. Nous vivons dans un monde de fausseté. Les prêcheurs de vertu sont de faux innocents, les engagements électoraux sont de fausses promesses, les stars “pipoles” sont de fausses idoles, les soi-disant philosophes sont de faux sages, l’érotisme médiatique est une fausse sexualité, la publicité est une fausse documentation, les nouvelles de journaux sont une fausse connaissance, les copies d’objets de luxe sont de fausses richesses. Tout,cela, on le voit tous les jours. Mais il y a beaucoup plus grave. Dans trois domaines.

    1) Un des deux ressorts les plus importants de l’activité humaine – l’autre étant le sexe – est l’argent. Or l’argent n’existe pratiquement plus sous une forme tangible. Sa représentation concrète – la monnaie – s’est peu à peu déréalisée. L’objet monnaie est devenu d’abord une image, avec les divers billets de la monnaie fiduciaire, puis un simple jeu d’écritures, l’enregistrement sur des machines de la monnaie scripturale, qui assure aujourd’hui 90 % des transactions dans le monde. L’argent n’a plus de présence matérielle : il alimente un formidable monde virtuel, qui est en lui-même une aliénation totale de l’instrument de nos échanges en société. Ce monde virtuel, qui ressemble à celui d’Alice derrière le miroir ou aux univers parallèles de la science-fiction, s’est gonflé en une sorte d’énorme cancer financier ayant perdu tout contact avec la réalité de la production et du travail.

    2) Deuxième domaine en trompe-l’œil : la représentation démocratique. La soi-disant “démocratie“ occidentale, sans cesse brandie comme garantie de civilisation, n’est qu’un leurre. Son exercice est réservé aux individus riches ou aux organisations puissantes, capables de financer des campagnes électorales qui coûtent cher. Les résultats de consultations populaires, comme des référendums, sont remis en question jusqu’à ce que le peuple vote dans le bon sens. Les principales instances de direction européenne ne sont pas élues. L’ONU et les parlements nationaux sont ignorés quand il s’agit de faire la guerre. La démocratie parlementaire n’est qu’un alibi servant à justifier l’existence d’une caste de politiciens professionnels plus soucieux de leurs carrières que des intérêts de la nation.

    3) Troisième domaine en trompe-l’œil : la démagogie faussement morale des “droits de l’homme“, de la “protection des civils“ (qui consiste à les bombarder) et du “devoir d’ingérence“, utilisée pour agresser les Etats manifestant des velléités d’indépendance.  Cette gigantesque fabrication morale, destinée à faire croire aux peuples que leurs gouvernements se battent pour la vertu contre le vice, pour le bien contre le mal, ne sert qu’à dissimuler les véritables buts économiques et pétroliers de la nouvelle colonisation impériale.

    Ce monde en trompe-l’œil est dirigé par des criminels. Un mélange de faux monnayeurs et d’assassins. Les faux monnayeurs – le terme n’est pas de moi, il est du prix Nobel français d’économie Maurice Allais – sont les banques qui ont volé aux établissements nationaux le pouvoir de création de la monnaie, qui ont remplacé les gouvernements à la tête des grands pays industrialisés et qui étranglent les Etats par les intérêts des dettes souveraines qu’ils les ont obligés à contracter.

    Leurs hommes, à l’image de ceux de Goldman Sachs par exemple, ont carrément pris le contrôle de pays entiers comme la Grèce, l’Italie et l’Espagne.

    Les assassins sont les matamores de Washington, Londres ou Paris, et leurs complices, qui déclenchent des guerres et tuent leurs opposants. Cinq guerres en deux décennies – Yougoslavie, Irak, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye ; des dizaines de milliers de victimes civiles ; des Etats rayés de la carte ; des économies détruites ; des régions ravagées. Des meurtres d’individus ciblés, par des drones téléguidés ou des commandos spéciaux, comme les savants iraniens ou Oussama ben Laden. Des chefs d’Etats éliminés, ou en voie de l’être. Milosevic, qu’on a laissé mourir. Castro et Chavez, objets de multiples tentatives d’assassinat. Ceaucescu et Kadhafi, lynchés. Saddam Hussein, exécuté après une parodie de procès. Gbagbo renversé et emprisonné.

    Il n’est pas question de porter un jugement sur ces hommes, encore moins de prendre aveuglément leur défense. Il s’agit simplement de souligner la méthode sanglante désormais utilisée ouvertement, qui remplace un monde de justice par un monde d‘assassins se servant de l’OTAN et de tueurs à gages pour supprimer par la violence toute velléité d’opposition.

    Des criminels qui ont recours au mensonge pour maintenir leur domination. Le pouvoir des banques et le retour politique à la barbarie s’appuient sur une impressionnante machinerie de propagande dont on a peine à imaginer la portée et l’efficacité. Cela va d’un déluge de dénigrement des soi-disant “dictateurs“ dont on veut se débarrasser aux campagnes de justification des guerres impériales, en passant par l’entretien de la terreur d’un effondrement économique nécessitant le sauvetage des banques, tout cela bien entendu fabriqué de toutes pièces à coups de calomnies,  d’affirmations trompeuses et de manipulations des médias.

    Le résultat est qu’un gouffre se creuse tous les jours davantage entre les peuples et leurs gouvernants. C’est sans doute un des phénomènes les plus spectaculaires de notre actualité. J’ai évoqué longuement ce gouffre dans mes deux livres “Le crépuscule des élites“ et “Le bal des aveugles“. La perte de confiance dans les dirigeants de la société se manifeste par un sentiment d’impuissance (le désintérêt pour la politique et les abstentions aux consultations électorales) ou la montée de la colère (les printemps arabes, les révoltes de la faim dans le Tiers monde, les manifestations publiques et la rage des indignés dans de nombreux pays européens, etc.) Des signes avant-coureurs d’un soulèvement encore balbutiant et inorganisé, mais qui s’oriente peu à peu vers une fracassante explosion.

    La voix des peuples commence à se faire entendre. Elle est multiforme : spontanée, provoquée et entretenue par les gens qui ont intérêt à la subversion, infiltrée par les maîtres qui cherchent à la contrôler, mais elle s’exprime de plus en plus. A nous de l’aider à se rendre consciente, c’est-à-dire à formuler ses objectifs. Ces objectifs me paraissent clairs, bien qu’aucun politicien ne les précise avec rigueur : refuser de payer les intérêts des dettes souveraines : annuler ces dettes ou tout au moins les renégocier ; abolir le pouvoir des banques en séparant celles de dépôt de celles de spéculation (comme l’avait fait jadis la loi Glass-Seagall) ; rendre la main aux Etats en leur permettant d’emprunter à leurs banques nationales ; rejeter les mesures d’austérité qui étranglent les peuples et ne font que creuser de nouveaux trous à boucher ; prendre l’argent où ils se trouve (et où il y en  beaucoup) en imposant fortement les grandes fortunes ; sortir de l’entreprise de destruction massive qu’est l’OTAN ; récupérer les sommes colossales dilapidées dans les opérations militaires ; rejeter l’emprise des marchés et du système économique néo-libéral ; se libérer des contraintes de l’hégémonie impérialiste américaine en retrouvant la souveraineté de la nation. Ce ne sont que quelques idées parmi d’autres. Mais elles ont le mérite de se distinguer franchement des rustines appliquées par la droite et la gauche au pneu crevé du capitalisme occidental.

    Nous vivons dans un Occident économiquement pourri, dirigé par des gangsters, avec des peuples dupés par leurs maîtres. Il est grand temps de réagir. On nous demande “comment faire entendre la voix des peuples“ ? Ce n’est pas compliqué. Il faut soutenir ceux qui, comme nous, comme notre journal, comme nos livres, comme nos amis, font écho à cette voix. Avec un message limpide :  il faut cesser de faire payer par les pauvres les méfaits des riches. Le système actuel ne peut pas durer. La croûte des dominants danse sur un volcan. Nous devons leur faire craindre d’être balayés par son éruption.

    Louis DALMAS (Enquête&Débat, 29 novembre 2011)

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  • Tour d'horizon... (19)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Metamag, Jean Bonnevey pose une bonne question à propos des élections en Russie...

    Poutine a-t-il vraiment perdu les élections russes ?

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    - sur Investig'Action, Grégory Mauzé analyse le rôle de vecteur de la pensée unique joué par les médias depuis le début de la crise...

    Les médias et la crise de l'Euro : inépuisable pensée unique

    jean bonnevey,poutine,occident

     

     

     

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  • Happening partout, action nulle part !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Romaric Sangars, cueilli sur Causeur et consacré aux formes parodiques de contestation que le système fait prospérer...

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    Happening partout, action nulle part

    Il existe de nombreuses manières d’agir sur le monde. La violence – que d’aucuns nommèrent l’ « action directe »- mais aussi tout un faisceau de possibilités plus subtiles qui se révèlent parfois d’une efficacité nettement supérieure. L’action sur les esprits et sur les cœurs, par exemple, n’est pertinente que si elle les dilate, les exhauce et les renforce.

    Aujourd’hui domine surtout une forme parodique de l’action liée à la pratique du « happening » : ce qui « arrive », se contente d’ « arriver » sans changer quoi que ce soit lorsque plus rien n’a lieu.

    Prenant le métro ce mois-ci, ce qui n’est guère dans mes habitudes, j’ai cru voir Paris délirer dans les affres d’une perpétuelle « Nuit blanche ». Station Porte de Montreuil, quelque incendiaire, à la grâce d’un cocktail Molotov, parvient à convaincre une bande de caricaturistes ringards qu’ils sont encore dans le camp de l’irrévérence, alors que leurs rôts de bourgeois 68 ne représentent que les mots d’ordre de la vulgate passés au Stabilo Boss.

    Station Châtelet, des catholiques « traditionalistes », qu’on aurait espérés moins perméables aux festivités ambiantes, se prennent au cirque moderne avec œufs et huile de vidange et réussissent l’exploit de faire passer pour subversif l’anti-christianisme « branché », ou suspecté tel1, d’une pièce qu’ils n’ont pas vue. Seule performance notable de leur happening : avoir fait applaudir les CRS venus les virer par un parterre de bobos frustrés de leur heure de transgression.

    Tous des « indignés », en somme. Faits pour perpétuer la farce. Tous vautrés dans le « happening » permanent. Voilà la réflexion que je me faisais, secoué par les zigzags abrupts de la rame que j’avais empruntée. Terminus La Défense. Claquement de portes, sirènes, couloirs. Puis, sur l’immense parterre glacial, nos « Indignés », copyrightés comme tels. Les paumes usées par le jonglage, les voix cassées d’avoir trop entonné les mêmes ritournelles débiles, ils s’autorisent une pause bien méritée pour reprendre leur souffle dans ce long marathon révolutionnaire : ceux qui le désirent, clame une organisatrice, pourront, après s’être tamponné un cœur sur la main, dispenser et recevoir de gros câlins roboratifs.

    Considérons et méditons la scène. Une jeunesse pas suffisamment pauvre pour prendre les armes, pas suffisamment éduquée pour élaborer des doctrines de combat ou des appareils critiques efficients, pas suffisamment mystique pour renoncer au monde qu’elle condamne et y tracer d’autres voies en déambulant vêtue de hardes, pas suffisamment imaginative pour proposer un autre spectacle que celui joué quarante ans plus tôt et à un niveau encore plus faible par les parents, une jeunesse sans aucune des forces de la jeunesse et avec toutes ses tares, s’effondre sur elle-même tout en se câlinant.

    Sous la grande arche blanche, bousculé par des cadres robotiques sans doute enjoints par leurs patrons d’adopter une quelconque « positive attitude » avant leur prochain séminaire de travail, non loin du ridicule pouce géant de César, j’observais simplement comment les rames les plus éloignées se rejoignent. Tous vautrés dans le « happening » permanent, tous configurés au Spectacle qui est la culture et les mœurs produites par la Marchandise. Qu’importe les couleurs ou les chiffres exhibés, les ennemis sont similaires et, à l’instar de la Finance qu’ils prétendent ou non combattre, multiplient de grandes bulles de vide qui explosent.

    Romaric Sangars (Causeur, 28 novembre 2011)

    1. En fait, « branché » depuis deux siècles sur le même canal
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  • Au bord du gouffre...

    Les éditions Krisis viennent de publier Au bord du gouffre - La faillite annoncée du système de l'argent, le nouvel essai d'Alain de Benoist. Le directeur des revues Krisis et Nouvelle Ecole dresse la généalogie de la crise systémique qui secoue le monde globalisé et en analyse les conséquences avec sa clarté habituelle. 

    Le livre est disponible sur le site de la revue Eléments : http://www.revue-elements.com/

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    "Le 11 septembre 2001, à New York, les tours du Centre mondial du commerce (WTC) s’enflamment. Un symbole ! Sept ans plus tard, une crise financière profonde se déclenche aux Etats-Unis, puis s’étend rapidement au reste du monde. Elle trouve son origine immédiate dans une surchauffe de l’endettement privé. Pour sauver les banques et les compagnies d’assurances, les Etats empruntent à leur tour. En 2011, la crise de la dette privée s’est muée en crise de la dette publique. Les marchés financiers attaquent les Etats les plus faibles. La Grèce est la première touchée, suivie par le Portugal et l’Espagne, en attendant l’Italie et la France. Aujourd’hui, tout le monde pilote à vue. Le système financier international vacille sur ses bases, l’euro semble au bord de l’implosion. La dette ne cesse d’augmenter, doublée de déficits d’une ampleur encore jamais vue. Les estimations contradictoires des experts s’ajoutent à l’impuissance des politiques. Est-ce la fin annoncée du système de l’argent ?
    Ce livre retrace les étapes de la crise financière mondiale actuelle, et s’efforce d’en identifier les causes. Mais il va bien au-delà. Il fait le point sur la situation économique qui prévaut de nos jours et sur les problèmes sociaux qui l’accompagnent. La crise actuelle n’est pas une simple crise conjoncturelle, mais une critique structurelle, systémique. Elle est la conséquence de la logique du capital, qui ne connaît qu’un mot d’ordre : toujours plus ! Toujours plus de profits, plus de marchandises, plus d’échanges, fût-ce au prix de mesures d’austérité qui frappent les plus faibles. Un tel système ne peut durer éternellement. Voici pourquoi."

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  • "Charlie Hebdo : un mirador du système..."

    Vous pouvez visionner ci-dessous un entretien avec Laurent Ozon à propos de l'attentat contre Charlie Hebdo. Viril et percutant !...

     

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  • Les professeurs contre l'école ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la crise de l'école et à la responsabilité que portent dans celle-ci les professeurs...

     

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    Les professeurs contre l'école

    L’évolution du système éducatif dans notre pays est arrivée à un point tel qu’il est presque impossible de sauver quoi que ce soit de ce désastre, d’autant plus que le débat n’a pas vraiment eu lieu, que la caste des pédagogues a pris le pouvoir au sein du système, et que les décisions sont arrêtées ailleurs que dans les instances souveraines de la Nation. A qui s’étonnerait que les partis gouvernementaux soient, depuis des lustres, incapables de produire un programme éducatif digne de ce nom, et se contentent de modifier à petites doses mesurées la forme et le contenu de l’enseignement, il faudrait souligner à quel point un tel projet existe, mais dans les logiciels des instances libérales internationales, comme l’OCDE, qui ne visent pas moins qu’à promouvoir l’intégration à la logique économiste, et à déraciner définitivement les consciences pour les formater à l’idéologie mondialiste. Cette utopie totalitaire se pare bien entendu des séductions les mieux pourvues en bonnes intentions, et ce n’est pas le moindre des paradoxes que les militants libertaires aient donné les gages politiques et éthiques nécessaires à l’arraisonnement libéral d’une institution qui a toujours été destinée à sauvegarder la beauté, la gratuité et l’humain dans un monde soumis aux pressions les plus destructrices.

    D’innombrables analyses ont vu le jour pour tenter de dénoncer cette entreprise mortelle pour notre avenir en tant que peuple libre, et la polémique a fait rage, bien vainement, à vrai dire. Car cela fait longtemps que, dans notre pays, et même en Europe, aucun débat n’est plus possible, comme l’a montré le référendum confisqué de 2005 sur la constitution européenne, et singulièrement dans le domaine éducatif, où se conjuguent les réflexes militants, voire fanatiques, et des stratégies arrivistes, propres à des individus qui ont vu dans le pédagogisme une bonne occasion de faire avancer leurs carrière. C’est là, à vrai dire, un mal français, traditionnel dans notre Histoire, où la bureaucratie la plus imperméable au doute s’est souvent targuée de faire le bien en considérant les administrés comme un peuple colonisé. Même le pouvoir n’y peut mais. Ainsi De Robien a-t-il essuyé, il y a quelques années, l’humiliation de voir les bureaux du ministère, et tout l’appareil, prendre le contre-pied de ses velléités de retrouver un peu de bon sens dans l’apprentissage de la lecture.

    Toutefois, on ne s’est pas posé des questions fondamentales sur le succès maintenant quasi définitif de cette entreprise de démolition. Comment le corps social, les parents, les décideurs politiques, les acteurs culturels, les intellectuels, et, plus singulièrement, les enseignants eux-mêmes, ont-ils pu accepter un état des choses qui, pour le moins, est consternant, et dont tout le monde, sauf certains cyniques, s’accorde à dire qu’il est parvenu à une ruine catastrophique ? Il est certain que nous nous heurtons à un non dit, parce que, d’une certaine manière, existent des connivences de fond, voire une complicité plus ou moins explicite. Pourquoi en effet les professeurs, pourtant si véhéments quand il s’agit de leurs retraites, n’ont-ils pas réagi face au désastre annoncé ? Pourquoi les syndicats, loin de s’opposer à une évolution dont tout être sachant penser pouvait prévoir les conséquences, ont-ils au contraire nourri le dynamisme par une rhétorique égalitariste ? Pourquoi la souffrance des enseignants, subie de façon si douloureuse, et les cris d’angoisse souvent proférées dans les salles de profs, n’ont-ils abouti à rien, et, au contraire, se sont transformés en soumission plus ou moins consentie ?

    C’est là un mystère à vrai dire. Mais à y regarder de près, on peut y trouver une explication, ou plutôt différentes raisons qui prennent racine dans l’histoire du corps enseignant.

    D’un point de vue sociologique, l’instituteur et le professeur appartiennent aux classes moyennes. Leur situation économique et sociale s’est améliorée durant les trente glorieuses, en fonction des nécessités de massification de l’enseignement, et du besoin qu’on avait d’enseignants mieux formés et motivés. Il faut ajouter à ce constat que ces enseignants, pour beaucoup d’entre eux, sont issus de familles liées au milieu, qu’ils vivent souvent en couple, et que leur pouvoir d’achat et leurs habitus ont contribué à créer une niche culturelle spécifique, que la garantie de l’emploi, grâce au statut de fonctionnaire, a solidifiée, sinon pétrifiée. Certes, la massification de l’Ecole a comporté des effets pervers. Le métier s’est dégradé, l’autorité du corps s’est dépréciée aux yeux des parents et des élèves, la valeur de la culture transmise a été dévalorisée, et, conséquemment, les revenus ont tendu à baisser en proportion d’un respect déclinant. A terme, le métier se transformant en « coaching » éducatif et en mission éducative, il est prévisible que les « avantages » matériels ou symboliques vont fondre rapidement, phénomène qui devient de plus en plus manifeste. Toutefois, l’effet « niche » a joué, et a encore préservé un minimum de confort chez ceux qui n’ont pas la malchance d’être contractuels. Il est fort à parier que le corps professoral réagira quand les « privilèges », pas seulement pécuniaires, comme les vacances, le temps hebdomadaire de travail etc., seront vraiment mis en cause, bien qu’une telle fatalité soit annoncée depuis longtemps. Mais combien restera-t-il d’enseignants titulaires ? et quel sera leur degré de combattivité ?

    Il est néanmoins assuré que les « grands récits » s’étant estompés à l’orée des années 80, avec le substrat idéologique qui pouvait faire de maints enseignants des contestataires, et la société de consommation, avec ses lâchetés, sa veulerie, sa laideur, sa vulgarité, ayant colonisé l’ensemble de la société, les petits bourgeois que sont les profs ne pouvaient échapper à cet anéantissement des réflexes immunitaires, et à la corruption universelle. Dans les salles des profs, on parle davantage du e-commerce que des Indiens du Chiapas, n’en déplaise à José Bové.

    Un autre facteur, et non des moindre, a accéléré la dislocation d’un projet éducatif, qui prend ses sources dans la Grèce antique : c’est la dépolitisation des enseignants. Nous sommes loin de la contre-culture des années soixante, et de la prédominance du parti communiste dans l’intelligentsia. Contrairement à ce que peuvent penser des gens de droite, la gauche n’est pas si populaire dans les écoles. En tout cas ne s’agit-il pas de cette gauche qui agissait contre l’argent, mais de celle qui se nourrit de la bienpensance conformiste actuelle, qui va des droit de l’homme au mariage des homosexuels, en passant par les sans papiers et l’anti-racisme. Autrement dit, le prolétariat, les pauvres autochtones ont disparu des imaginations et des paroles, au profit d’un vague sentimentalisme qu’on arbore par acquis de conscience. Mais le virus gaucher est toujours présent. Non certes dans sa traduction positive, marxiste ou communiste, mais dans la détestation de tout ce quoi, de près ou de loin, ressemble à des racines indigènes. Il est resté, chez des semi-intellectuels pourvus de quelques diplômes, ce réflexe encouragé par des médias dont on suit quotidiennement la logorrhée, sans esprit critique, de l’universalisme abstrait, de la fascination de l’ « Autre », de la survalorisation de légendes blanches ou noires, de ce mélodrame historique colporté par les idéologues du système, qui permet de justifier des pratiques que tout être sains condamnerait au nom du bon sens. Les élèves sont vus comme des victimes, la culture – dédaignée comme source d’injustice et d’inégalité, ou tout simplement parce qu’on n’en a pas le goût– est rejetée, dans la mesure même où on ne lit plus depuis belle lurette, et qu’on partage la sous-culture américanisée avec ses propres élèves. Ajoutons à cela que les humanités, quand elles n’ont pas été trahies par ceux qui devraient les défendre (il faut savoir que la moitié des certifiés n’ont pas passé le concours externe), passent après des disciplines plus « valorisantes » et « intégratrices », et des pratiques « maternelles », « protectrices », indulgentes pour les faiblesses humaines, sa paresse, sa propension au plaisir, et qu’il est devenu presque honteux de se prévaloir des grands textes, des auteurs, du patrimoine culturel de notre pays, au risque d’être déconsidéré par ce terme rédhibitoire d’ « élitiste ».

    Au point donc que les principaux ennemis des professeurs, qui n’ont jamais pris la peine de s’informer, de lire les rapports, d’écouter les Cassandre, sont les professeurs eux-mêmes.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 11 octobre 2011)
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